//Process in loading... [Loading launched] {int main activation #include <life.activity> open;void;process <<data.vital skills>>;improve awakening.exe ;receive_light_energy if(process[complete];vital skills<point010010110110){insert_open.eyes} endif; return_0 #open.eyes[complete]
J'ouvris les yeux petit à petit. Apparemment, un filet de lumière était venu titiller mes paupières. Mon premier regard se porta sur mes pattes, toujours enchaînées. Aussitôt, toutes les douleurs de la veille me revinrent d'un coup, ce sentiment insupportable de perforation dans le dos sans que vous ne puissiez changer de position un seul instant. Peut-être valait-il mieux que je referme les yeux, que je me remette en mode veille...
J'entendis alors quelques gémissements venant d'à côté. Mon instinct sauvage prit alors le dessus sur le programme. Mon poil se hérissa, mes oreilles se dressèrent et je relevais la tête. J'aperçus alors, non sans une certaine appréhension, une licorne inconnue... puis à ses côtés un pégase... amis ou ennemis... malveillants ou perdus... le programme ne pouvait pas le deviner.
Puis soudain, j'aperçus cette veste, ce chapeau, cette crinière... la voilà... enfin là... je ne l'espérais plus mais elle m'avait retrouvé... Oh zut, elle est à deux doigts de fondre en larmes, euh, vite... une petite phrase pour détendre l'atmosphère, lui montrer que je vais bien, que je ne l'ai pas oubliée...
« Tu es en retard, Daring... »
Sur le coup, c'était perturbant. Je n'avais plus articulé un son depuis trois jours, excepté les cris de douleurs lorsque les sbires d'Ahuizotl avaient essayé de m'arracher les ailes...
Alors elle se précipita vers moi et me sera de toutes ses forces. Moi qui pensait que c'était une dure à cuire ! Est-ce-que je pleurais comme une fillette moi ? J'avais l'air de quoi ? D'autant plus qu'elle me broyait les os avec son câlin !
« Aïe... ça t'ennuierais de me détacher d'abord ? »
Daring Do renifla un grand coup et se mit à donner des coups de sabots dans les poteaux pour défaire mes chaînes.
De mon côté, je regardais la mystérieuse licorne au pelage vert d'eau. Nos regards se croisèrent sans bruit jusqu'à ce que je puisse bouger les pattes. Je ne sais pas ce que cette fille attendait de moi, mais lorsque je fixe quelqu'un, je ne détourne jamais le regard.
Elle s'écria soudainement :
« La Plume d'Aurore... est un PONEY ?!!
- Hein hein. » répondis-je simplement en hochant la tête et sans la quitter des yeux.
Une phrase typique de ma nature farouche, je réponds toujours avec le moins de mots possibles aux inconnus.
Son amie la pégase grise s'approcha de moi et contempla son reflet dans mes ailes :
« Apparemment, il n'y en a pas qu'une seule, de plume d'aurore... »
Vive comme un éclair, toujours aussi sauvage (ou embarquée par des menottes assez lourdes, au choix), je lui bondis dessus et la plaqua à terre.
« Qui êtes-vous ? hurlais-je. Des chasseurs de prime venus pour me tuer sans faire de tâches, ou des braconniers qui veulent revendre mes ailes au marché noir ?
- Calme toi, Wild, intervint Daring Do. Ce sont des amies, des nouvelles compagnes d'aventure. »
Je lâchai la pégase en train de faire une crise d'asthme et me tourna vers Daring, sans lâcher mon regard fielleux :
« Tu... tu m'as remplacée ?
- Mais pas du tout, Wild, elles sont là pour te sauver !
- Moi j'ai pas signé pour un équidnapping à la base... fit remarquer la licorne.
- J'arrive pas à y croire, ajouta son amie pégase. Depuis le début, on recherchait une jument équidnappée !
- L'équidnappée s'appelle Wild Leaf, répondis-je sèchement. Et elle aurait très bien pu botter les fesses d'Ahuizotl sans vous !
- Enchantée, dit la licorne comme si elle n'avait pas entendu la deuxième partie de ma réplique. Moi c'est Lyra et elle c'est Derpy. Auriez-vous l'obligeance, madame Leaf, de nous expliquer ce qui vous est arrivé ?
- Ahuizotl m'est arrivé. Je suppose qu'il voulait tendre un piège à Daring en me capturant...
- Si c'était ça, on l'aurait déjà croisé, commenta Daring. Je crois que c'est plutôt ton... petit truc en plus qui a compromis ses plans.
- Mon... petit truc en plus... »
Daring Do pointa mon aile droite et je me mis à la fixer. Pour moi, ce n'était pas qu'une aile. C'était l'envie, c'était l'espoir, c'était ma vie toute entière. Sans ces plumes de métal dorées, je n'étais rien... et sans moi, elle n'étaient rien non plus. C'est difficile de faire comprendre à quelqu'un qu'une chose apparemment anodine peut vous tenir en vie... mais oui, je peux vous l'avouer : je ne serais pas ici sans cette pro... - argh, je déteste ce mot - cette prothèse...
Pendant ce temps la licorne verte scruta minutieusement la surface de mon aile gauche. Aucun poney avant elle ne s'était autant approché de ma prot... de mon aile sans recevoir un violent coup de sabot. Mais argh, je vous préviens que si elle la touche...
« Ah je vois, un composé amorphe d'auroferrite... marmonna-t-elle en se tenant le menton. Assez biocompatible pour interagir avec le vivant, réfléchissant, résistant à l'abrasion, presque impossible à corroder et taillé à la perfection pour limiter, grâce à sa grande élasticité, les frottements aériens et rester suspendue dans les airs comme un vrai pégase... un travail d'orfèvre.
- Un travail de Dragolithique, dis-je en planquant mes ailes sur mon dos. De leur chef Cassiopée si tu veux tout savoir.
- Je connais. Et une idée de comment cette articulation forgée d'auroferrite de nickel pourrait contrecarrer les plans d'Ahuizotl ?
- Si je savais, il y a longtemps que je l'aurais dit à Daring ! Et s'il-te-plaît, appelle-les simplement ailes si tu veux que je suive. »
Lyra se mit alors à regarder Daring Do, puis moi, puis encore elle. Daring venait de découvrir un conduit barricadé par une plaque d'acier : notre sortie de secours.
Afin de l'aider à débarrasser la sortie, je me mis à tirer de toutes mes forces pour enlever ces stupides menottes de mes jambes, ne prêtant que très peu d'attention à la licorne qui se mit à hocher bêtement la tête de haut en bas. Oh, que c'était énervant ! Si elle avait un truc à dire, qu'elle le dise !
« Vous avez l'air de bien vous connaître, dit-elle finalement avec un sourire bêta. Madame Do, vous nous aviez caché que vous aviez une fille... »
Derpy ouvrit grand les yeux. Daring aborda la même expression et se mit à bafouiller :
« Quoi ?! Mais... non... elle...
- Vous avez clairement la même structure de museau et la même tenue sur vos pattes arrières. Aussi, Wild possède des tâches de rousseurs qui ont disparu chez vous, Daring. J'ai aussi pris en compte l'agencement de la mâchoire, la mesure des sabots et vos manières de replier vos ailes. Ajoutons à cela, Wild, que Daring Do vous regarde avec un œil affectif, se comportant comme, non pas une amie, mais plutôt une mère. Excusez-moi, mais je n'émets pas d'hypothèse si je ne suis pas convaincue de ce que j'avance... Daring, Wild Leaf est votre fille. »
C'est à ce moment que mon appréciation sur les deux inconnus changea du tout au tout. Je me tournais alors vers l'aventurière qui se cognait la tête contre une colonne en applaudissant :
« Eh bien, tu n'as pas choisis les plus nuls pour me remplacer, bravo !
- Arrête, je ne t'ai pas remplacé !
- Que tout le monde se taise ! cria Derpy. Attendez, il n'y a que moi qui suis choquée d'apprendre que DARING DO A UNE FILLE ?!
- Je ne suis choquée qu'intérieurement, dit Lyra en me fixant à nouveau.
- Mais vous avez l'air d'avoir le même âge ! reprit Derpy. C'est quoi l'histoire, un espèce de wobbly wobbley timey wimey ?
Sans quitter les yeux de Lyra, je lançais en souriant :
« Tome 25, page 39... »
Derpy ferma les yeux, essayant d'associer mentalement la page à une histoire :
« Ouais, c'est quand Caballeron menace Daring Do de tuer son oncle Gallant True si elle ne boit pas dans la fontaine de la mort, qui s'est révélé être la fontaine de... Jouvence... ooooooooh...
- Tiens donc ! dit Lyra en levant les yeux au ciel. Je suppose que Daring Do ne voulait pas se vanter d'avoir obtenu une espèce de... vie éternelle !!
- C'est tellement la classe ! conclut Derpy.
- Ça va, c'était qu'une gorgée... dit Daring. Et la fontaine s'est écroulée aussitôt !
- Je suis née un peu avant ça, ajoutais-je. J'ai vieilli, et pas elle, tout s'explique, même si c'est très vexant...
- Désolée... marmonna Daring.
- Est-ce-que je peux vous demander quand vous êtes né ? demanda Derpy. Vous n'êtes dans aucun des livres !
- Mes amis m'appellent la fille du tome 13.
- Celui où Daring rencontre Caballeron... qui n'est à l'époque qu'un simple archéologue, sympathique et séducteur... »
Elle se tourna vers Lyra qui fronça aussitôt les sourcils. Derpy fit de même, mais je me doutais bien qu'elle n'avait pas compris ce que Lyra venait de déduire.
La licorne s'écria vers Daring avec une expression de dégoût :
« Vous... et Caballeron ?
- Wow wow wow ! lança Derpy. Si Rainbow Dash apprend ça !
- Il ne s'est rien passé entre Caballeron et moi ! s'écria mam... euh, Daring.
- À peine une petite fille... compléta Lyra. Excusez-moi, mais si Caballeron a bien les yeux vert chartreuse comme vous me l'avez raconté sur notre trajet, Wild a objectivement les mêmes !
- N'importe quoi, c'est complètement faux ! démentit Daring.
- Bien joué Lyra ! dis-je simplement en parvenant à retirer un de mes fers à la patte.
- Wild !
- Vous avez eu un enfant avec notre ennemi juré ! s'écria Derpy
- C'était avant qu'il ne devienne un génie du crime ! Et puis, comment ça notre ennemi juré ?
- Eh, calmez-vous, interrompit la licorne. Résumons la situation : Daring Do a une fille sauvage surnommée la Plume d'Aurore qui, selon les Dragolithiques a le pouvoir - et vu que ce n'est qu'une jument sans histoire, je me demande bien comment - d'arrêter le grand méchant qui veut détruire Atrexatruc. La question que je me poserais maintenant n'est pas comment Caballeron a couché avec Daring ou si elle a d'autres filles cachées...
- Hé !
- ...mais comment SORTIR D'ICI?! »
C'est sûrement la voix perçante de la licorne qui remit en route mon programme. Les informations de la zone qui m'entourait se mirent à défiler a une vitesse informatique dans mon cortex analytique.
« Load/.../research:[escape] configuration;exit(exit_type) !alert[restrain_type]! vital_skills_diminution_risk #include [freedom.exe] on !alert[restrain_type]! and use: {activation} steel.slash on /indefined.obstacle/
- … Pardon ?! » s'écria Lyra au bout d'un moment
Elle s'approcha de moi, mais Daring la retint.
« Ne la perturbez pas, elle est en mode analyse...
- Un peu comme toi, Lyra, plaisanta Derpy.
- Son esprit a l'air absent... reprit la licorne. Daring Do, est-ce-que votre fille est... un robot ?
- C'est tellement la classe ! glissa Derpy.
- Euh... c'est une longue histoire... expliqua Daring. Ses... ailes... ses ailes sont dotés d'un programme informatique qui... euh... contrôle son esprit...
- Elle est contrôlée par robotique ? Vous voulez dire certaines connections de son cerveau sont mises en activité par l'auroferrite de nickel ?
- Tu sais, moi, les détails...
- Ça doit être horrible, comment pouvez-vous laissez faire ça ?
- Ça nous a souvent sorti de situations compliquées... »
Un bruit de métal alerta les poneys. Je venais de taillader la porte de sortie en acier d'un coup d'aile, ainsi que la menotte à mon sabot gauche également.
« Wild Leaf, tu es sûre que ça va ? me demanda Lyra.
- Launch:[request_mode] zzzzzttt Votre correspondant est indisponible pour le moment, veuillez adresser votre requête au centre de contrôle de Wire_Leaf.exe
- Wire_Leaf.exe ? C'est qui ça ?
- Le nom de son programme, idiote ! » dit Daring en s'engouffrant dans le tunnel.
Lyra et Derpy se regardèrent, elles suivirent l'exploratrice, légèrement inquiètes d'avoir une pégase aux ailes métalliques et au regard fixe marcher d'un pas robotique accéléré derrière eux. Mais malgré le stoïcisme dont je faisais preuve, j'étais profondément soulagée de voir à nouveau le visage de ma... hum, de Daring. Un poney aussi inapprivoisé que moi n'avait pas le droit d'être plus sentimentale que ça.
***
Après une petite course au trot, puis le temps de s'assurer que personne ne nous poursuivait encore, nous nous retrouvâmes au milieu d'un sombre tunnel. Malgré l'obscurité, je me doutais bien que les yeux de Lyra ne cessaient de me fixer. La dénommée Derpy, elle, semblait toute excitée de marcher au côté de la célèbre Daring Do. Et il faut dire que cette dernière ne partageait pas les mêmes regards avec la pégase blonde qu'avec moi : dans un cas c'était de franches inquiétudes liées à une mère qui avait perdu sa fille, dans l'autre des regards noirs et paniqués lorsque Derpy passait en tête du groupe et risquait ainsi de déclencher une multitude de pièges avec je ne sais quel talent naturel.
Le tunnel déboucha sur une salle carrée avec deux autres sorties, une vieille cellule sablonneuse et croulante dans laquelle Daring Do se mit à avancer en marche arrière pour nous faire face.
« Si je me souviens bien de mes dernières expéditions, le couloir de droite est un passage direct pour la chambre de l'écrin d'Ameraude, située à l'arrière du temple.
- Je confirme, ajoutais-je. Et celui de gauche aussi puisqu'il me semble avoir été entraînée jusqu'à la chambre par là hier. Il y avait des pièges, mais ils n'étaient pas activés.
- Très bien, continua Daring en continuant sa marche à reculons vers la gauche. Deux couloirs, deux moyens d'y parvenir, deux équipes de deux poneys, je prends à gauche.
- Si tu ne m'en veux pas, je vais prendre à droite, j'ai peur de croiser de mauvais souvenirs dans l'autre...
- Hé ! s'écria Lyra. Ne me dites pas qu'on se sépare encore ! Je peux au moins avoir une justification tangible cette fois ?
- Nous devons agir le plus rapidement possible, expliqua Daring. Or, il est possible qu'un problème nous bloque dans une des voies. L'autre groupe pourra combattre Ahuizotl le temps que le premier trouve un passage ou rebrousse chemin. C'est assez tangible ?
- Dans ce cas, lança Derpy, moi je suis Daring Do ! Si quelqu'un à la meilleure chance de vaincre Ahuizotl, c'est bien la sauveuse de la prophétie !
- Soit... se résigna Lyra en se tournant vers moi. Wild Leaf j'aimerais aller avec toi, pour t'étud... euh, veiller sur toi, je ne sais pas si ton programme conserve l'âge, mais tu as l'air encore jeune.
- T'es sûre que ce n'est pas plutôt moi qui devrais veiller sur toi ?
- Tu penses que je suis pas taillée pour l'aventure ?
- Le dernier arrivé à la chambre et une licorne mollassonne ! m'écriais-je en partant à toute vitesse dans la galerie de droite.
- C'est pas une cyborg aux pulsions sauvages qui va me battre à la course ! » lança Lyra à ma poursuite.
Et pendant qu'on s'éloignait, on entendait Daring Do gémir qu'elle ne voulait pas rester avec l'autre, puis un grand cri de satisfaction de fan absolue. Bref, rien qui ne valait le coup d'être archivé dans ma base de données...
***
Après plusieurs minutes de course, mes pattes se mirent à résonner sur une espèce de ponton en bois. Je m'adossais contre la paroi tapissée de bois également pour attendre la licorne qui rampait presque sur le sol, pleine de sueurs et haletant.
« C'est pas juste ! articula-t-elle. Tes... tes pattes sont aussi contrôlées par l'électronique !
- {System_error} Mauvaise_perdante_détectée
- J'espère que tu maîtrises un minimum ce truc...
- Je n'ai pas à maîtriser Wire_Leaf, répondis-je en reprenant mon avancée. Je lui ai cédé toute ma partie vitale, on est en osmose, on se coordonne l'une et l'autre, aucun n'a vraiment le dessus entre mon programme et mon instinct.
- Tiens revoilà la vraie Wild... remarqua Lyra en me suivant au petit trot. Mais franchement, c'est pas un peu dur à vivre, cette aide informatique ?
- Sans elle je meure.
- Oh, que de tact... j'ai l'impression que la version Wire.exe était un peu plus joviale et accueillante...
- Chut ! Tu entends ça ? »
Un frisson parcouru le dos de Lyra, prenant son courage à deux sabots, elle accéléra pour atteindre le bout du couloir de bois d'où venait le son.
Il me semble que je connaissais trop bien ce son, et s'il était vraiment ce que je pensais qu'il était, alors nous étions vraiment mal. Et il se trouve qu'il le fut : au détour du couloir, j'ai calé comme une vieille carriole en offrant ce cauchemar à mes yeux.
Une coulée, non une rivière, ou plutôt un torrent aquatique se déversait juste devant mes yeux. L'eau provenait d'une grosse ouverture en hauteur et passait dans une large rigole creusée entre notre ponton et la suite du chemin vers la chambre d'Ameraude.
Lyra émit un petit rire et contempla avec moi le colossal obstacle :
« Cette pyramide est pleine de surprise, il doit y avoir un réservoir quelque part... mais ça reste de l'eau, Wild, si tu voulais me faire paniquer, c'est raté. »
De l'eau... hydroxyde d'hydrogène... H²0... solvant universel... distillée... pure... pH = 7... Est-il seulement possible de craindre ce liquide inoffensif ? Oui, il l'est. Je ne craignais pas l'alcool, je ne craignais pas l'essence, je ne craignais pas l'acide. Mais cette violente poussée hydraulique agitait trop de souvenirs douloureux. Pourquoi avais-je choisi cette voie-là ?! Pourquoi fallait-il que ce soit de l'eau et non de la lave en fusion ?!
J'étais figée à l'extérieure, mais bouillante à l'intérieure. J'avais chaud, j'étouffais presque, mais je restais tétanisée.
Lyra poussa un autre rire, sûrement en voyant mes yeux révulsés, et me poussa un peu vers le canal. Aussitôt, mes muscles se raidirent, mon pouls se mit à battre à la vitesse du son et mon instinct de survie fit le reste : je reculais rapidement en battant des pattes et en prenant de grandes inspirations tremblotantes.
Le regard que me portait la licorne changea alors rapidement. Elle aborda un air beaucoup plus inquiet et s'approcha de moi :
« Oh... je suis désolée... ça va ? »
Je mettais alors toute l'énergie des moitiés biologiques et mécaniques de mon corps pour essayer d'esquisser un sourire afin qu'elle ne se mette pas à poser d'autres questions :
« Oui oui, pas de problème... »
Mais ça ne l'a pas empêché de poser d'autres questions, et même LA question :
« Aquaphobie ?
- Non... répondis-je un peu honteuse. J'ai... j'ai peur de l'eau. »
Je vis Lyra lever les yeux au ciel avant de me murmurer à l'oreille.
« Tu peux voler par dessus tu sais.
- Nonjenepeuxpas, articulais-je d'un trait en fermant les yeux.
- Je peux essayer de te porter si tu veux, l'eau n'est pas très profonde...
- Jen'arriveraisjamaisàtraverserlamoindregoutte.
- Très bien, dit Lyra en commençant à analyser la zone avec ses yeux de lynx. On va bien trouver un autre moyen... »
Je pensais avoir échappé aux autres questions, mais pendant que son regard se baladait tout autour, la licorne poursuivit :
« Wild Leaf, j'ai cru comprendre que tu n'étais pas le genre de fille à étaler ta vie devant un psy mais peut-être que ça réglerait les choses si tu me disais... comment c'est arrivé... il y a du avoir un traumatisme ou quelque chose du genre. Moi je me souviens que dans ma jeunesse j'ai faillit m'étouffer avec un bonbon, depuis je suis strictement incapable d'en croquer un. Et si tu savais avec quel poney je vis tu comprendrais l'angoisse ! »
Lyra se mit à rire toute seule. En d'autres circonstances je l'aurais peut-être accompagnée mais là... trop humide...
« Hum hum, reprit-elle. Tu n'as qu'à me donner accès aux bases de données de ton programme si tu penses que...
- J'avais douze ans. » coupais-je résolue.
Le genre de monologue que je m'apprêtais à faire n'était pas du tout dans les habitudes d'une petite sauvageonne qui avait grandi au milieu des cragadiles et des ursa major. Mais il était temps de partager cette histoire avec un peu plus de monde, une histoire bien trop personnelle et bien trop chargée en émotions pour être laissée aux archives de Wire Leaf.
« Daring Do était déjà une grande exploratrice. Elle parcourait le monde en quête d'aventures, je ne la voyais presque jamais... parce qu'elle pensait que ses missions étaient trop dangereuses pour moi, je n'étais qu'une enfant, j'avais à peine appris à voler... oui, avec de vraies ailes... elles étaient d'un vert lumineux, splendides... j'étais la plus chanceuse des petites pouliches pégases, des plus normales, des plus vivantes... »
Je poussais un soupir. Allez, il fallait aller jusqu'au bout maintenant.
« Lors d'une de ces explorations, elle m'avait confié à une amie laborantine appelée Radiant Hope. Elle travaillait dans un centre de recherche dans les Foal Mountains, un laboratoire de la plus haute technologie tout près des chutes de l'Henniagara. Les sciences m'ont toujours intéressées, même si je n'ai jamais rien retenu. Pendant une semaine, j'ai du vivre les meilleurs jours de ma vie. Et puis... il y a eu... cette... explosion...
- Oh put... lâcha Lyra en posant aussitôt un sabot sur sa bouche. Qu'est-ce que c'était... une attaque ?
- Oh non, un accident. Rien qu'un stupide accident dont on ne se souvient même plus la cause. Le genre d'accident inattendu mais qui vous plaque à terre pour le restant de vos jours...
- Tu... y a laissé tes ailes ? dit Lyra indignée. C'est horrible.
- J'ai eu de la chance... d'autres sont morts sur le coup. J'ai pu apercevoir Radiant Hope en train de pleurer devant un collège sans réponse. Mes ailes calcinées n'étaient rien à côté du chaos que j'ai pu apercevoir avant d'être projetée... dans le fleuve.
- Voilà donc l'eau...
- Des centaines de fois, je pensais y rester. J'avais appris à nager, je n'avais pas peur de l'eau, mais sans ailes c'était différent. Le fleuve avait pris la couleur de mon sang, c'était aussi horrible que douloureux. Les chutes étaient déchaînées ce jour-là, du moins elles en avait l'air de mon point de vue. Je me suis sentie impuissante, j'ai commencé à paniquer, à perdre espoir. Je pensais à Daring Do, je me sentais coupable de ne jamais avoir pu lui prouver ma valeur, elle ne saurait jamais quelle aventurière je serais devenue. Je me suis évanouie et je suis tombée au fond de l'eau. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie... »
Je me stoppai un instant, les yeux dans le vague. Lyra ne fit aucun commentaire, mais j'eus l'impression qu'elle mourrait d'envie de raconter une histoire avec une rivière déchaînée et une descente en rafting sur une pierre géante.
« C'est un serpent de mer qui m'a repêché, très sympa, avec un super brushing et une super moustache, repris-je avec un rire triste. Il m'a transporté à l'hôpital le plus proche où Daring Do m'a rejoint à la vitesse de la lumière. Il paraît qu'elle était tellement stressée qu'elle a frappé trois médecins et a détruit la fenêtre de ma chambre. Mais je n'en ai aucun souvenir, j'étais entre la vie et la mort, mon cœur ne battait même plus. Daring Do a fait appel aux plus grands médecins d'Equestria, elle a même reprit contact avec Caballeron, pour qu'il finance des recherches avec l'argent qu'il avait amassé... de façon plus que discutable... Tous les grands spécialistes que mes parents avaient fait se succéder dans ma chambre (ou du moins ceux qui avaient confiance en Caballeron) avaient le même discours : c'est fini, ces organes ont été trop abîmés par l'explosion, je ne pense pas qu'elle rouvrira un jour les yeux et bla et bla et bla !
- J'ai l'impression que tu n'accordes pas beaucoup d'estime à ces savants.
- Je leur en veux de ne pas avoir mit fin au désespoir de mam... de Daring... J'en veux à tous les poneys pour ça...
- Parce que ce n'est pas un poney qui t'a sauvé... non c'est une Dragolithique... c'est Cassiopée...
- Oui. J'ai été amené dans le village des Dragolithiques, au centre d'une cérémonie étrange mais efficace. Officiellement, Cassiopée implorait le Grand Serpent aux Plumes d'Aurore pour qu'il m'offre à nouveau le souffle de la vie. Daring Do l'a vu d'une façon bien plus chirurgicale : mon cœur, mon cerveau et d'autres organes ont été remplacé par le génie électronique des Dragolithiques... je donnerais tout pour voir ce sourire confiant lorsqu'elle m'a implanté ces ailes devant mam... devant Daring les larmes aux yeux.
Tout s'est activé, et enfin j'ai ouvert les yeux comme si je naissais pour la seconde fois... je devais avoir une tête d'enterrement, ça doit être pour ça qu'on m'a proposé de me laver un peu le visage... En me voyant dans la bassine d'eau, j'ai décollé de peur. Comme quoi, tout fonctionnait, j'étais vivante, je volais et même mieux : Cassiopée n'avait pas prévu que le programme se mettrait à contrôler mes ailes, ni que mes ailes auraient une influence sur le programme. Un matériau très bizarre que cette auroferrite...
Mais ils ont pu également constater que, depuis ce jour, je ne toucherai plus aucune goutte d'eau... Et mon flair devine à l'avance ta question : oui, je me lave, mais avec des feuilles parfumées... »
Je me tournais vers la licorne qui avait un peu reculé par dégoût. Au vu de ces nouvelles informations, elle se rapprocha et conclut avec deux yeux ronds.
« Voilà donc la genèse des ailes extraordinaires de Wild Leaf, et de son aquaphobie...
- Ça... et aussi que mes circuits rouillent dans l'eau... »
Nous croisâmes nos regards et le rire vint se glisser. Un rire bref et faible, certes, mais une petite pause apaisante au milieu de mon angoisse (angoisse qui, entre vous et moi, n'avait rien à voir avec la rouille).
Puis je vis la corne de Lyra se mettre à briller, et dans un immense bruit de chaînes rouillées, une sorte de lustre entouré d'un aura orange se décrocha du plafond. Lyra s'amusa à le balancer au bout des trois pauvres chaînes qui le soutenaient encore et me fit comprendre que c'était notre passeur de torrents. Avoir quelque chose sous mes sabots serait en effet un bon début...
Je fixai alors le torrent aquatique puis les chaînes du lustre pour évaluer leur solidité. Malheureusement, cette fonction n'était pas intégrée au programme et je dus faire confiance à Lyra qui était déjà en train de l'escalader maladroitement, en agitant ses pattes arrières. Parler m'avait un peu détendu quand même, il fallait bien qu'on traverse. D'un petit coup d'ailes, je grimpai résolue sur la chose métallique et l'aidais à se hisser.
C'est à ce moment que j'entendis un cri horriblement strident. Et dans le coin du couloir en bois, je vis apparaître des ombres de gallinacés, si tant est que les basilics soient des gallinacées et non des reptiles... Je tirais d'un coup sec Lyra, ce qui la fit tomber dans le lustre et, accessoirement, décrocha la partie sur laquelle j'avais posé mes pattes, qui tombait dans l'eau avec fracas.
La force que j'avais mis fit aussitôt basculer le lustre qui glissa tranquillement vers le torrent. À l'oreille, les basilics venaient sûrement de débouler. Je n'aurais de toute façon pas pu croiser leurs regards tellement j'étais occupée à crier, les yeux fermés et la respiration saccadée, accrochée de toutes mes forces au bord du lustre qui tanguait vers l'autre rive.
Lyra se dressa alors, debout sur deux sabots avec une étrange facilité. Du coin de l’œil, je la vit tendre sa patte au maximum pour attraper une pierre descellée afin de stopper le pendule. Je la vis aussi la rater, et nous repartions vers les basilics.
La licorne se tourna alors immédiatement de l'autre côté et tira des rayons en rafale sur les créatures qui sautaient vers nous, tout en prenant soin de contourner leur regard. Quand à moi, je du à nouveau faire appel à mon instinct pour donner des coups de sabots au bon moment à ceux qui voulaient me mordre, les yeux fermés. Nous parvînmes finalement à mettre en déroute l'attaque surprise, du moins jusqu'au dernier basilic qui - selon Lyra parce que je ne regardais plus - avait bondit sur la tête d'un de ses camarades avant d'atterrir au milieu du lustre.
Avec tout mon courage, je lâchais un sabot avant pour essayer de le chasser, toujours les yeux clos, et un cri de Lyra me fit comprendre qu'il était en train de s'en prendre à elle. La licorne riposta d'un coup de sabot, le basilic se cogna contre une chaîne avant de tomber. Avant d'entendre un plouf indiquant qu'on pouvait l'oublier, je sentis une vive douleur à ma queue. Avec un demi-oeil, je constatais que la bête était accrochée à cette dernière et tentait de remonter.
Je m'agitais alors dans tout les sens. Il resta agrippé pendant au mois cinq oscillations du lustre. Je n'avais plus de voix à force de crier. C'est alors que je senti Lyra m'attraper la tête avec ses sabots.
« Respire, Wild Leaf. Calme-toi, je t'en prie. »
Et alors que je commençais à ouvrir les yeux et à prendre de grandes inspirations, nous revînmes côté basilics. Les monstres décidèrent de se lancer tous au même moment, faisant chuter celui qui était accroché à ma queue, mais ajoutant un poids considérable au lustre. Je vis alors une des chaînes se briser d'un coup sec.
Le balancier se mit à pencher plus au gauche que son centre de gravité, les basilics également, et Lyra avec eux. Je senti mon pouls s'accélérer et ma rage sauvage reprendre le dessus au moment où la seconde chaîne lâchait. Alors, les yeux grands ouverts, j'attrapais la patte de Lyra, je déployais mes ailes et je m'élevais rapidement au dessus de la cascade impétueuse.
Battements lents et réguliers, Lyra agrippée à mes bras, je volais vers l'autre rive sans une seule fois regarder en bas, toute proche de la délivrance.
Puis brusquement, la troisième chaîne céda et le lustre entra violemment au contact de l'eau. Le bruit torrentiel et les cris paniqués des basilics n'étaient rien à côté de la gerbe d'eau qui s'éleva à cause de l'éclaboussement. Celle-ci m'atteint de plein fouet. Complètement paniquée, je lâchai la licorne et me mis à battre des pattes. Mes ailes se recroquevillèrent, mon cœur battait à tout rompre, la chaleur et le froid se mirent à mordre mon corps en même temps.
Lyra atterrit dans le cours d'eau. Je l'entendis frapper quelques basilics avant de lever les yeux vers moi. Alors, avec une générosité infinie, pour me sauver de l'horreur aquatique, moi la pauvre idiote qui l'avais lâché pour quelques gouttes, elle se précipita en avant et se jeta sur moi au moment où je tombais dans l'eau.
Ses bras se serrèrent autour de ma taille et nous atterrîmes sur l'autre rive en culbute trempée. Il me fallu un petit temps pour retrouver mes esprits, ouvrir les yeux et constater que les basilics, plus légers que nous, étaient emportés par le courant.
Puis, d'un bond, je m'extirpais des pattes de Lyra et courut loin du bord. Je me postai face contre un mur, près d'une sorte de torchère. Lyra, voyant mes frissons et mes sueurs froides, eut la générosité une fois de plus, de ne pas me perturber.
Elle venait de me sauver de ma plus grande peur, pourtant quelque chose de si stupide et anodin pour elle. A part une angoisse inimaginable, je ne risquais rien à tomber dans l'eau et elle... a préférer me l'épargner...
J'avais tellement honte, honte de l'avoir abandonnée au milieu des basilics et honte de pleurnicher dans un coin sur mon triste sort.
Alors je me retournais face à elle, les larmes aux yeux, la pire des eaux finalement, et articulais :
« Je suis désolée...
- Reste près de la torche, me répondit-elle. Tu vas vite sécher.
- Tu n'étais pas obligée de... oh, je me sens tellement nulle !
- Tu as tout de même réussi à voler un peu. J'ai compris que c'était quelque chose de difficile pour toi, et même si je trouve qu'un bon bain, ça rafraîchit les idées, je n'ai pas le droit de te laisser tomber, partenaire...
- Je doute sincèrement être la partenaire idéale. Qui voudrait d'une fille à moitié-robot qui ne peux pas voir de l'eau même en peinture...
- Moi je voudrais... et puis tu sais que, lorsqu'on volait, j'ai eu un petit peu le vertige... »
Nous nous regardâmes intensément pendant un instant. Elle conclut en s'engouffrant dans le couloir qui nous mènerait à la chambre d'Ameraude :
« Personne n'est parfait... »
***
Près d'une heure plus tard, nous n'avions pas quitté le couloir, et toujours aucune trace d'écrin magique en Ameraude. Le couloir s'enfonçait dans les abîmes de la pyramide et à chaque pas était plus sombre. Lyra éclairait la zone avec sa corne et marchait prudemment aux côtés de Wire. Je dis Wire car j'avais laissé le programme prendre possession de mes pattes, j'étais vraiment épuisée après ce bain.
Je fus heureuse, et en même temps méfiante car mon flair sentait venir un piège, de rencontrer sur notre chemin un mystérieux portique métallique qui détonnait du couloir monotone. Il ne s'agissait que de deux bornes étranges placées devant une porte ronde métallique. Lyra passa la patte devant Wire pour l'empêcher de passer :
« On dirait un espèce de détecteur. Je passe en premier si tu le veux bien, tu risques de déclencher quelque chose avec tes ailes... »
Elle poussa alors un soupir en voyant que mes pattes continuaient à marcher sur place. Je m'excusai avec un sourire et donnai un coup dans ma broche pour arrêter la marche automatique.
Elle s'avança alors et passa le portique. Une petite lumière rouge s'alluma au sommet de la porte et celle-ci s'ouvrit. De l'autre côté se trouvait une espèce de capsule en verre. Par un jeu très perfectionné de mécanismes électroniques, la capsule s'approcha et le verre se retrouva sous ses pattes. Ignorant son interdiction, je grimpai à mon tour dans la capsule. Celle-ci se déplaça de nouveau vers sa position initiale, derrière la porte métallique qui se referma. Puis deux symboles de clé verte se mirent à clignoter, l'un du côté de la porte pour rebrousser chemin, l'autre à l'autre bout de la capsule, pour accéder à un gouffre géant.
Oui, la capsule était un sas vers un gouffre géant. Empli de lumière, il nous fallut un temps d'adaptation pour apprécier le contraste avec le couloir obscur, enfin surtout à Lyra qui n'avait pas de nocturn//vision.mode...
A travers le plancher transparent, on voyait une énorme turbine pleine de câbles et de pompes très actives. Au-dessus, car nous étions à peu près au milieu du conduit, on apercevait la même grosse machine menaçante. Chacune étaient dotés de deux pointes, pointant vers le haut pour l'une et vers le bas pour l'autre.
« Require explaination... émit Wire. [System_report]: Événement magnétique inconnu détecté
- Magnétique ? Des aimants donc... devina Lyra. Ce truc est une espèce de grosse fabrique à champ magnétique, un champ assez puisant pour faire imploser mes cellules à mon avis, il ne manquerait plus que des éclairs et on aurait un réacteur mortel devant nous ! »
Soudain, un énorme flash bleu traversa la zone de l'aimant haut à l'aimant bas. La licorne poussa alors un cri de colère et se retourna pour faire demi-tour.
Elle rencontra alors le regard d'une pégase hyper motivée qui lui bloqua l'accès au bouton de sortie :
« J'ai vu une sortie et une machinerie en haut, déclarais-je. J'ai vécu dans un labo de physique je te rappelle, je peux la trafiquer.
- Il faudrait passer en plein milieu du champ magnétique, des éclairs et tout le bazar.
- Hein hein... »
Elle se mit à me regarder avec une expression à la fois confuse et inquiète :
« Non.
- Si.
- Sûrement pas.
- Oh que si.
- Tu veux rentrer là dedans ? C'est pas possible, c'est vraiment toi qui parle ou ton programme t'a mise en mode Autodestruction ?!
- Wire est en veille. Je gères la situation.
- Faudra me passer dessus ! »
D'un bond aérien, je me retrouvais derrière elle, tout près du second bouton.
« Je suis la fille de Daring Do, j'ai survécu à une explosion d'usine !
- Cette enceinte est bien pire qu'un courant d'eau, Wild !
- RIEN n'est pire que l'eau. CECI... est un nouveau défi !
- Arrête-toi immédia...
- Attention à tes cellules ! »
Avant même qu'elle ne termine sa phrase, j'appuyai sur le bouton clé avec un sourire. Le porte s'ouvrit, créant une dépression qui m'aspirai en dehors. L'appel désespéré de la licorne était couvert par mon cri d'aventure. Je ne m'en faisais pas pour elle, et je ne m'en faisais pas pour moi. Certes, elle m'avait vu dans mon angoisse la plus totale, mais je devais lui prouver que j'étais autre chose, qu'elle ne connaissait pas encore toutes les facettes de la sauvage Wild Leaf.
Comme le fait que je n'avais rien à craindre du magnétisme...
J'en avais fait l'expérience de nombreuses fois, je n'étais pas très douée dans ce domaine mais je savais que mes ailes pouvaient marcher comme un aimant. Attractif ou répulsif, aucune idée de comment ça marchait, mais ça marchait à chaque fois. Bref je nageais dans une espèce de soupe invisible. Ce serait très compliqué à expliquer comme sensation : imaginez vous avec une combinaison métallique, attirée par un aimant géant, mais repoussée par une multitude de plus petits.
Bref, mes ailes se mirent à scintiller de lueurs étranges comme cette curieuse fois où Daring avait bricolé un aimant de fortune pour une aventure et que j'ai joué toute la journée à contrer son champ magnétique.
Là, nous étions dans le même cas. On aurait dit que les flux magnétiques étaient repoussés (ou captés, je n'en ai aucune idée !) par mes ailes et orientés différemment pour que je puisse me déplacer librement.
Lorsqu'un de ces éclairs bleus frappa mon aile, je vis l'électricité glisser jusqu'à la pointe et repartir aussi rapidement dès que je touchais avec une de mes plumes un morceau de métal qui flottait, sans aucun autre effet sur mon organisme qu'un petit picotement.
Lyra était bouche bée. Je compris alors que ce que j'étais en train de faire n'était pas donné à tout le monde, ce qui ne m'avait pas paru évident jusqu'à maintenant.
Un peu déstabilisée, j'arrêtais de faire la pitre dans la mélasse magnétique et je volais jusqu'à une autre capsule plus haut. Il me suffisait d'ouvrir le sas et de tirer un énorme levier pour voir une gros capuchon métallique glisser devant l'aimant du haut, puis de même avec celui du bas. Les petits aimants et machines à éclairs s'arrêtèrent également. Les bidules en métal qui flottaient au milieu de la zone retombèrent avec fracas.
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je revins à la hauteur de Lyra, pas peu fière. Elle me fixa en appuyant nonchalamment sur le bouton de déverrouillage.
« Un petit vol sans danger, madame la déductrice ? »
Elle me tendit ses pattes. Rapidement, je les attrapai et décollai vers le sommet. Je m'attendais à ce qu'elle retrouve son vertige, mais au lieu de ça, elle se mit à rire pendant tout le vol. Et elle riait encore lorsque je la jetais maladroitement sur le sol de notre sortie de secours.
« Oups, désolée, pas l'habitude d'avoir des passagers...
- Comment ai-je fait pour ne pas le voir avant ! continua-t-elle de s'esclaffer sans aucune considération pour le bleu sur son front. C'est ça ! C'était évident ! La rune d'Atrexaltruc, l'écrin d'Ameraude, le retour des basilics et les ambitions d'Ahuizotl, je comprends enfin leur lien avec la Plume d'Aurore !
- Qu'est-ce-que tu as compris ? Je dois vraiment vaincre Ahuizotl ?
- La sauveuse, la divinatrice, la chevaucheuse du vent, tout ça c'était du flan à côté de ton rôle à toi ! Tu m'a montré ce que tu savais faire, je sais maintenant pourquoi le gros méchant te crains. Plus qu'une seule étape à accomplir...
- Qui est ?
- On doit rejoindre l'écrin au plus vite !
- À votre ordre, madame la licorne ! s'écria-t-elle en frottant son sabot sur le sol. Insert authorization on [turbo_mode//process] ?
- Authorization approved ! » répondit-elle en partant devant, comme si une entité mécanique avait également prit possession de son corps exalté.
J'étais peut-être la pégase la plus étrange et paradoxale qu'elle avait connue, mais je crois qu'au final, c'est plutôt moi qui en avait encore beaucoup à découvrir sur cette incroyable licorne...
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