Chatiment et punitions

Luna se rappelait,  ces quelques baisers lui avaient ouvert les yeux. Elle se sentait sale, mauvaise. Encore plus qu’après le règne qu’elle avait mené avant son bannissement. L’alicorne releva la tête, le poney avait cessé ses caresses, il la regardait, ses yeux verts semblaient l’inviter à voir quelque chose. Il se mit à glisser sur son corps, se rapprochant du visage de l’alicorne. Luna ne quittait pas ses yeux, semblant voir quelque chose, elle se sentit comme aspirée… Elle ressentit un vertige, comme si elle était en train de tomber, puis le froid. Le froid d’une pièce aux murs gris, deux torches sur les côtés du mur pour éclairer la pièce. Aucun décor, cette pièce était vide et elle se trouvait en son centre, une porte en bois en face d’elle. Elle voulut se déplacer, mais ses pattes ne répondirent pas. Elle voulut tourner la tête, regarder ce qui la retenait, mais sa tête ne bougea pas. Elle était attachée, ses pattes arrières étaient écartées, la chevelure de sa queue semblait elle aussi attachée et levée. La porte s’ouvrit, laissant entrer un garde à l’armure grise, polie. Aucun écusson dessus pour représenter à quelle princesse il appartenait, c'était un terrestre à la robe noire et à la crinière bleue. Quand au deuxième, c'était une licorne à la robe grise, sa crinière était plus colorée, rouge. Luna ressentit un frisson la parcourir en voyant ce poney, le seul qui n’avait aucun accoutrement, lui permettant de voir sa marque, un scalpel. Luna ouvrit la bouche, désirant parler, leur demander de lui expliquer, la détacher, mais aucun son ne sortit, hormis un gazouillis. La licorne se rapprocha d’elle, un sourire de démence au visage, apportant devant son museau un plateau en acier. L’alicorne ouvrir les yeux, des gouttes de sueur se mirent à perler le long de son front. Elle voulut utiliser la magie pour se sortie de ce piège, mais rien ne se passa.

La licorne fit un signe de tête au garde et celui-ci se rapprocha de la jument. La licorne quant a lui, déposa le plateau au sol, devant elle. Quand elle retourna son regard sur le terrestre noir, elle ressentit de la pitié dans son regard, mais son regard s'arrêta sur son plastron. Son reflet n'était par le sien. C'était celui du poney blanc uni. Le garde plaça son sabot gauche contre son visage, pendant que, de son autre sabot, il retira une pince d’acier qui se trouvait dans sa bouche, celle-ci servait à endormir la langue et la déposa sur une petite table à côté d’elle. Luna vit un scalpel flotter dans une aura rouge, ses yeux grand ouvert, la jument commençait à sentir des perles de sueur lui couler le long du visage. Le terrestre se rapprocha, tenant fermement la tête de la jument, pendant que l'instrument se rapprochait de sa bouche. Même si sa langue était endormie, Luna sentit la lame d’acier glisser sur sa langue. Quelque chose se mit à couler, remplissant sa bouche, avant de couler le long de sa mâchoire et tomber au sol. L’alicorne sentit sa respiration accélérer, ses muscle se contracter, elle voulait se sauver avant que la licorne donne le dernier coups de scalpel. L'instrument sortit de sa bouche, suivi de quelque chose de rose. L’alicorne enfermée dans le corps du poney blanc se mit à vouloir hurler, mais rien ne sortit, donnant des coups, malgré ses entraves, elle voulait fuir. La licorne déposa dans le plateau le morceau de langue, avant de se déplacer, passant derrière l’alicorne. Le terrestre se mis à la caresser, passant son sabot le long de son encolure. “Calme-toi, c’est bientôt fini.” Le terrestre à l’armure releva la tête, un regard méprisant lancé à son collègue qui semblait prendre plus de plaisir à le faire souffrir que de dégoût pour ce qu’il était sur le point de faire.

Le garde à la robe noire se rapprocha, collant le visage du poney blanc contre son plastron, baissant la tête pour avoir le museau assez près de son oreille. “Tu aurais dû garder ça pour toi, tu n’es qu’un esclave. Un esclave ne doit jamais dire à son maître qu’il l’aime. Désolé.” Le garde mit son sabot sous son plastron, sortant un morceau de cuir roulé et le plaça dans la bouche du poney. “Mords dedans, ça t’aidera. Sois fort mon frère.” Le garde resserra son autre sabot autour de la tête du poney. Luna ressentit la lame passer le long de son bas ventre, incisant d’un coup net les parties génitales. Luna voulut se cabrer, les liens qui lui retenaient la patte gauche s'arrachèrent. Plaçant son sabot sur le dos du garde, elle lui assena plusieurs coups. Le garde se tendit sous les coups qu’il recevait, toujours penché sur le poney blanc. “Vas y, défoule toi sur moi, le seul que tu peux détester. N’en veux par à notre reine, elle n’avait pas le choix, les nobles l’on obligée à te punir de la sorte. Moi ton frère j’ai rien pu faire. Courage, c’est bientôt fini. Tu retourneras près de celle que tu aimes, mais tu devras garder le silence. Pardonne moi, de ne pas avoir été capable de te défendre, pardonne moi de ne pas avoir pris ta place.” Luna se mit à pleurer, elle avait maintenant toutes les réponses, et ses souvenirs étaient revenus. Elle se rappelait de cette nuit, où son esclave à la robe blanche lui avait fait part de ses sentiments. Il pensait être seul avec sa reine, mais des nobles étaient dans la pièce d'à-côté et ils avaient tout entendu. La forçant à le punir, sous le risque de voir cette affaire être ébruitée, les nobles profitaient de sa jeunesse de son immaturité. Luna n’avait pas d’autre choix, obéissant à leur demande, elle qui avait répondu favorablement à son petit protégé à la robe blanche.

Luna ferma les yeux, serrant le cuir qu’elle avait dans sa bouche, le sang continuait à couler. Le sang et ses larmes se mélangeaient, coulant le long de sa mâchoire, s’étalant contre le poitrail de son frère. L’alicorne relâcha le morceau de cuir au moment où elle sentit les deux coups de scalpel. Fermant les yeux, elle désirait que ce cauchemar se finisse, mais pour ce poney, le cauchemar avait continué pendant des longues heures, souffrant de ses plaies, de la perte de sa langue, de ses parties génitales. Le cauchemar n’avait jamais cessé pour lui. Luna ressentit un doux baiser sur ses lèvres, ouvrant les yeux, elle était de nouveau dans cette pièce, fortement illuminée. Couchée sur son ventre, l’alicorne nuit tremblait, sous le choc de ce souvenir, partagé, vécu et si réel. Elle porta son sabot à ses lèvres, tirant la langue. Vérifiant qu’elle l’avait encore, la sensation était encore présente, tournant la tête, elle écarta sa patte repliée contre son corps, c’était une femelle, et pourtant, la sensation, la lame du scalpel parcourant la chair, coupant les liaisons nerveuses. Luna se redressa, cherchant le terrestre blanc, il avait disparu, la laissant seule dans ce rêve, ce souvenir qui lui appartenait.

L’alicorne se leva, quittant le coussin, se dirigeant vers un balcon entre les deux grandes tapisseries. Arrivée auprès de la rambarde, elle se mit à regarder le paysage, un paysage qui avait disparu de sa mémoire. À une centaine de mètres se trouvait une grande muraille de pierre, derrière celle-ci se trouvait une foret impénétrable, Everfree. Elle baissa la tête, regardant les rues étroites entre les maisons, observant la ronde des gardes. Luna ferma les yeux, repensant à ce qui avait provoqué la séparation et cette guerre qui n’a duré qu’une journée, avant quelle soit bannie par sa propre sœur. Elle se rappela sa jalousie, son envie de voir les poneys regarder ses nuits, mais quel était cet évènement qui l’avait poussée à devenir la jument noire, celle qui désirait faire de ce pays une nuit éternelle.

Luna se retourna, sortie de ses pensées par un être frappant à la grande porte en bois. Hésitant quelques instants, elle parla d’une voix simple. “Entrez”. La porte s’ouvrit, laissant apparaître un poney terrestre couvert d’une armure de fer poli, sans écusson. Sa robe noire semble souillée, son plastron était recouvert de sang, un sang qui ne lui appartenait pas. Redressant la tête, il observa l’alicorne avant d’avancer un peu. Il tirait un brancard de fortune, fait de deux morceaux de bois et d’un bout de tissu marron. Un poney était allongé dessus, sa robe blanche, salie par son sang. L’alicorne se rapprocha du garde, lui indiquant de poser le terrestre blanc sur le coussin. Le garde lui répondit d’un signe de tête avançant jusqu’au centre de la pièce. Luna ferma la porte et se retourna, s'approchant du garde. Le terrestre à la crinière bleue releva les oreilles en voyant sa reine l’aider de sa magie pour soulever le poney blanc et le déposer sur le coussin en douceur. Se retournant vers le garde, Luna le regarda. “Es-tu son frère ? Ou as-tu voulu simplement aider l’un de tes semblable ?” Le garde posa son sabot sur l’encolure du poney blanc, un léger sourire apparut.µ

“C’est mon petit frère, je suis un mercenaire, payé et à votre solde. J’ai quitté mon village car je désirais être à votre service, vous qui offrez de si belles nuits. Mon petit frère voulait lui aussi être à votre service, mais trop jeune pour avoir la possibilité de rentrer dans cette armée privée. Il a dû rester au village.” Le garde continuait de caresser l’encolure du poney, endormi par ce qu’il avait enduré. Le garde releva la tête, observant l’alicorne qui regardait le poney blanc, une larme lui coulant le long de la joue. “Ne soyez par triste. Être auprès de vous a toujours été le plus grand souhait de mon frère.”

Luna détourna sont regard, regardant le mercenaire. “Pourquoi a-t-il fini en esclave ?” Luna regardait le poney à la robe noire, sont regard se faisait insistant, elle voulait comprendre, elle désirait savoir comment un poney pouvait finir esclave.

Le terrestre noir se releva sur ses quatre sabots, retirant son plastron et son armure de corps, dévoilant un flanc vierge. “Et bien, par où commencer.” L'étalon posa son sabot sur sa crinière, regardant son frère. Fermant les yeux un instant, comme pour se rappeler, il les rouvrit, baissant la tête. “Et bien, j’ai réussi à rentrer dans votre petite armée, et quand je suis revenu au village. Mon village avais été… détruit. Il semblerait que ce soit les Griffons. Je ne sais pas ce qui est arrivé à nos parents, mais quelques semaine plus tard, des marchands sont venus dans la citadelle, vendant des esclaves. Il y avait mon frère, j’ai tout essayé pour l'accuser, mais ce mécréant savait y faire, mon frère est comme moi, un flanc vierge, et je ne pouvais pas justifier qui il était. J’ai voulu l'acheter, mais ma solde ne le permettait pas…” L'étalon releva la tête, souriant à l’alicorne. “Puis vous êtes apparue, vos gardes autour de vous, vous vous êtes dirigée vers le groupe d'esclaves, et vous vous êtes arrêtée devant mon frère, vous les avez tous achetés. Leur donnant leur liberté. Mais aucun n’a accepté, et ils vous ont suivie. Pour mon frère c’était sa chance d’être auprès de vous. Mais mon jeune frère a toujours désiré vous servir, et il est tombé amoureux de vous.” Le mercenaire baissa la tête, sa patte toujours sur l’encolure du poney blanc. “Je vais quitter les rangs, j’ai dû participer à quelque chose qui restera ancré dans ma mémoire, et je ne pourrai plus revoir mon frère, sans me rappeler que je n’ai pas réussi à lui venir en aide. J'espère qui ne souffrira plus. Je ne connais pas... Quelle que soit la réponse que vous lui avez donnée, je pense qu’il est heureux que vous le gardiez auprès de vous.” L'étalon noir continuait de sourire, s'inclinant devant l’alicorne, il offrit un baiser sur le front de son frère. Reculant de quelques pas, il inclina de nouveau la tête, avant de se retourner et passer la porte.