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Changing life

Une fiction écrite par Ponycroc.

Qui est-t’il ?

Près d’une chandelle dansante sur une table, un changelin allongé au sol ouvrit légèrement un œil. Il se releva péniblement et s’assit pour inspecter la cave qu’il avait pénétrée il y a encore quelques instants de ça. Une cave somme toute classique. Aucune autre issue en dehors de l’escalier menant au rez-de-chaussée. Un établi coincé entre des étagères remplies de divers jouets en bois.

À son premier pas, une vive douleur se fit sentir dans toute son épaule droite. Poussant un cri plaintif, il posa son sabot valide sur la plaie. Il enjamba ensuite maladroitement le corps sans vie du poney qui l’avait attaqué.

Les derniers évènements avaient mis les capacités de survie du changelin à rude épreuve. Seule sa chance lui avait évité de se faire piéger, ou pire…

Poursuivi par les gardes royaux, le changelin avait cherché un endroit où se cacher et était tombé sur une maison dont la porte était ouverte. Se précipitant à l’intérieur, il avait plongé dans la cave pour plus de sûreté.

Malheureusement, son répit ne fut que de courte durée. À l’intérieur de cette cave, un poney bleu ne semblait pas prêt à cohabiter. Le changelin n’avait pas peur, seuls les gardes de cette ville savaient se battre. Mais au moment où il voulut attaquer, une secousse lui fit perdre l’équilibre, laissant l’occasion au poney de se jeter sur lui, plus par peur que pour réellement combattre.

Le changelin n’avait pas eu trop de mal à se défaire de son opposant, celui-ci semblait vieux. Néanmoins, il regrettait l’issue fatale de leur confrontation. Il n’avait aucun remord pour ce poney, mais les ordres de la matriarche étaient bien clairs ; uniquement, capturez les poneys. Cet ordre était justifié par la raison que la reine pouvait ainsi se nourrir d’un maximum de poneys.

Quelque chose d’étrange s’était produit juste après ça. Le changelin siffla quand une douleur au crâne se fit sentir. La douleur était telle qu’il se laissa tomber au sol en se recroquevillant. Un son aigu lui brisait les tympans. Il hurlait en se serrant le crâne, au plus profond de lui, il sentait quelque chose se détacher, se briser. Une chose vitale semblait partir, le laissant seul, hurlant à l’agonie, perdant la tête à cause de la douleur.

Il ne savait pas combien de temps il s’était évanoui, il ne comprenait pas ce qu’il lui était arrivé. Mais dans toutes ces incompréhensions, quelque chose semblait différent, les odeurs étaient plus fortes. Les sons étaient plus perceptibles, allant même jusqu’à devenir insupportables. Il pouvait entendre les bruits de pas qui provenaient de dehors alors qu’il n’y avait aucune fenêtre permettant aux sons de pénétrer. Sa vue était devenue plus sensible, l’obligeant à détourner le regard de la chandelle, qui semblait briller plus que jamais.

Le changelin ne s’attarda pas sur ces détails, son épaule blessée lui faisait trop mal. Il boita jusqu’aux étagères et commença à remuer les figurines de bois, à la recherche de quelque chose lui permettant de stopper l’écoulement. Il finit par trouver un morceau d’étoffe qu’il utilisa pour éponger le sang qu’il avait au visage. Ensuite, il le noua autour de son épaule comme une compresse.

Il ne pouvait pas rester là. Il n’entendait plus la matriarche l’appeler, mais il n’allait tout de même pas attendre dans cette cave.

Avant de partir, il examina minutieusement le corps du poney. Un poney bleu, ressemblant sans doute à beaucoup d’autres de sa race, les yeux de la même couleur, une crinière blanche et enfin, une marque d’un train en bois sur le flanc. Le changelin ne comprenait pas la stupide idée de ces poneys à vouloir se différencier les uns des autres. Un groupe était fait avant tout pour être uni, pour ne faire plus qu’un. Vouloir à ce point se différencier était la meilleure façon de provoquer l’anarchie. Quand il eut fini de contempler le corps sous toutes ses coutures, il se concentra et revêtit magiquement, dans un torrent de flammes vertes, l’apparence de celui-ci. Le changelin, qui avait déjà fait ce genre d’opération de nombreuses fois, eut une impression nouvelle, comme si, après toutes ces années d’entrainement, cela ne lui coûtait plus aucun effort.

Une fois cela fait, il monta une à une les marches pour enfin sortir de cette maison. Monter l’escalier demanda plus de force au changelin qu’il ne l’avait prévu, la blessure était plus grave qu’il ne le pensait. Il reprit son souffle, fouillant la garde-robe à la recherche d’un vêtement pour cacher ses bandages. Il s’examina dans un miroir, la chemise qu’il avait mise semblait le serrer un peu. Imiter des cicatrices pour les besoins de ressemblance avec sa cible était facile, mais il était beaucoup moins aisé de camoufler des cicatrices depuis le corps du changelin à son déguisement. Il se dirigea d’un pas fatigué jusqu’à la porte d’entrée avec un veston sur le dos.

Il descendit le palier en risquant de trébucher. La ville avait l’air d’avoir retrouvé son calme, plus aucun changelin n’était présent dans le ciel, l’invasion avait échoué, comme il le craignait. Peut-être était-ce la cause de sa crise tout à l’heure, jamais auparavant il ne s’était autant éloigné de sa reine, de plus, il ne l’entendait plus. Chaque pas dans sa vie était guidé par la seule volonté de la matriarche, obéir était le seul chemin qu’il n’avait jamais suivi, et maintenant, un vide profond s’était installé à la place. Sa seule chance de survie était de retrouver sa mère. Il marcha lentement, la peur au ventre de se faire démasquer à chaque seconde, les regards des passants semblaient suspicieux, comme s’ils savaient déjà son secret.

Les poneys avaient étrangement l’air heureux, si la matriarche avait échoué, le véritable mariage avait eu lieu, le moment était propice pour décamper d’ici. Il avait bien des ailes pour s’en aller, mais l’apparence qu’il avait revêtue n’en avait pas. La règle numéro une quand on se camouflait, était de s’identifier parfaitement au sujet. La taille, les dimensions, la couleur du moindre crin, les ailes ou la corne quitte même à s’en priver. Si un seul de ces détails n’était pas identique, c’était une faille qui permettait de se faire démasquer. La règle numéro deux était tout aussi importante, il ne fallait inventer des apparences qu’en dernier recours. En cette période de crise, les poneys veulent s’en remettre à des visages familiers, ou du moins, déjà croisés. Un parfait inconnu partait déjà comme un suspect potentiel.

Le changelin recommençait déjà à s’essouffler et sa marche devenait de plus en plus lourde, il lui fallait revêtir une nouvelle apparence ailée, mais pour cela, il devait être hors de vue de la foule. Son regard fit la ronde sur chaque poney qu’il croisait, il ne lui en fallait qu’un avec des ailes, même si, il le savait très bien, la capitale des poneys était avant tout le lieu d’étude des licornes, trouver un pégase dans ce nid de cornus relevait du miracle. Il finit tout de même par trouver une pégase blanche au crin noir et bordeaux, les yeux du même rouge avec une plume sur le flan. Une fois le déguisement bien en tête, il repéra une ruelle sombre qui finissait sur un cul-de-sac, l’endroit parfait pour récupérer des ailes.

Dans la ruelle, il se cacha derrière deux grandes bennes, puis se concentra pour faire appel au pouvoir des changelins, mais au dernier moment, un éclair de douleur le parcourut et il se recroquevilla en toussant. Sa vision devint floue, il tituba en portant un sabot à sa bouche, un liquide rouge, son sang, fut la dernière chose qu’il vit avant de sombrer dans les ténèbres en articulant un « aidez-moi ».



Sugar Free posa un sabot sur la gorge de la créature, le pouls était stable, la température aussi. Les plaies avait été recousues et désinfectées. La créature était évanouie depuis quatre heures maintenant. Sugar Free avait toujours du mal à comprendre ce qu’elle venait de faire.

Elle se baladait tranquillement dans les rues de Canterlot depuis que l’invasion avait été enraillée, et elle aperçut ce qui au départ n’était qu’un poney tout à fait banal, à quelques pas de sa maison. Celui-ci la dévisageait, comme s’il voyait un pégase pour la première fois. Sugar lui avait jeté un regard noir, mais il n’y prêta aucune attention. Une fois dépassée, elle jeta un coup d’œil en arrière pour voir le poney tituber jusque dans une allée sombre. Sugar Free avait toujours été quelqu’un de curieux et elle se maudit très vite d’avoir encore une fois mis ses naseaux là où il ne le fallait pas. Car quand le poney se pensait enfin seul, il s’effaça pour faire apparaître un changelin beaucoup plus grand que ses congénères. Sugar Free voulut fuir et prévenir la garde, mais avant qu'elle ne tourne les talons, une supplique l’en empêcha. Légers, silencieux, à peine audibles, ces quelques mots eurent pourtant la force de la stopper dans sa fuite. Il était inconscient, elle ne risquait rien. Elle s’approcha lentement, un bâton au sabot qu’elle venait juste de ramasser.

Elle tâtonna le corps, aucune réaction. Elle se fit plus violente et risqua même un grand coup sur la tête, toujours rien. Elle repéra une tache de sang qui commençait à apparaître sur la chemise qu’il portait. Elle la dégagea et put voir un bandage sommaire au niveau de l’épaule, qui saignait abondamment. Il avait été blessé, par qui ? se demanda-t-elle. Elle ne pouvait pas le laisser là, et prévenir la garde signerait l’arrêt de mort de cette créature qui lui avait demandé de l’aide. Elle se devait de l’aider. Elle jeta un coup d’œil dans la rue, pour voir s’il y avait du monde, et porta le corps sur son dos le plus rapidement possible pour ne pas être vue. Heureusement qu’elle habitait juste à côté.

Le changelin gémit, Sugar lui passa un linge humide sur le front, il semblait si tranquille, comme s’il n’avait jamais été à l’origine de ce qui a bien failli causer la perte de Canterlot. Sugar ne trouvait pas de raison au fait que celui-ci était bien plus grand que les autres changelins, il en allait de même pour sa corne et ses ailes, il paraissait même bien plus fort et robuste qu’eux. De plus, malgré un entretien qui laissait grandement à désirer, il se distinguait par une crinière bleue. Sugar en était sûre, il ne devait pas être comme les autres.

Le changelin ouvrit brusquement les yeux et lui attrapa le sabot avec une vitesse surprenante. Sugar voulut se libérer, mais il exerçait une forte pression sur son sabot qui l’empêchait tout mouvement. Elle s’empara d’une des seringues qui était sur son plan de travail et la planta dans le bras du changelin, qui desserra aussitôt son emprise.

Sugar fut étonnée de voir que le changelin était toujours éveillé, dans les vapes, mais éveillé. Il avait déjà reçu de la morphine quand il était inconscient et qu’elle le recousait, mais avec le tranquillisant qu’elle venait de lui administrer, il aurait dû être KO pendant les trois prochaines heures. Le changelin tenta malgré tout de se redresser pour attaquer la ponette. Il oscilla en s’asseyant sur le lit et voulut fondre sur sa victime, mais au lieu de ça, il s’écroula lourdement sur le sol.

Elle le rattrapa juste avant la rencontre avec le parquet. Le changelin sur le dos, elle concentra toutes ses forces pour ne pas céder sous le poids. Il fit claquer faiblement ses dents près du visage de la ponette qui ne semblait n’en avoir rien à faire, il réussit tout de même à lui attraper l’oreille qu’il mâchouilla en guise d’attaque, Sugar l’ignora tout bonnement. Elle lâcha sans réserve le changelin sur le lit. Celui-ci voulut se redresser à nouveau, mais il n’en avait plus la force, il reposa sur le ventre, dévisageant son geôlier qui lui passait un linge humide sur la nuque. Il articula silencieusement, mais d’une voix grave : « Où suis-je ? » Sugar fut surprise de la question, comme si elle ne se posait tout simplement pas, mais elle répondit quand même : « Vous êtes chez moi, je vous ai trouvé dans la rue, j’ai soigné vos blessures… je m’appelle Sugar Free… »

Sugar ne savait pas trop quoi dire. Après tout, leurs deux races étaient en guerre et les derniers évènements n’avaient rien fait pour arranger l’entente. Le peu qu’elle lui dit dut lui suffire, car il quitta la ponette des yeux et fit une rapide observation de la chambre. Une petite pièce cosy, quelques meubles en bois autour d’une table, en plus du lit sur lequel il reposait placé dans l’encoignure de la chambre, des rideaux fermés et des bougies placées de façon éparse dans la pièce comme seule source de lumière.

« Qu’est-ce que je fais ici ? »

Sugar pensait déjà avoir répondu à cette question, mais elle se répéta, pensant que son interlocuteur n’avait tout simplement pas compris. « Je vous ai trouvé dehors, vous êtes chez moi…

— Non ! » l’interrompit-il agacé. « Pourquoi m’avez-vous amené ici ? » Sugar réfléchit pendant plusieurs minutes devant un changelin qui résistait à la fatigue.

« Vous étiez blessé. » dit-elle comme une évidence.

« Et alors ? Je suis un changelin… votre ennemi… vous auriez pu me laisser mourir, ou appeler la garde.

— Je ne sais pas… je vous ai entendu appeler à l’aide, et… vous semblez être différent des autres changelins…

— C’est faux ! Je suis changelin, je suis un, je suis tous, obéir à la matriarche est mon devoir, comme chacun de mes frères. La différence est l’ennemi de l’unité !

— Pourtant vous l’êtes ! »

Le changelin la dévisagea, il n’y avait que de l’incompréhension dans son regard. Elle sortit un miroir d’un tiroir et lui présenta. Le changelin écarquilla les yeux. Il tâtonna son visage du sabot, tirant sur ce qui semblait être une mèche de crin, ouvrant la gueule pour admirer une dentition beaucoup plus large et pointue, même ses yeux étaient différents, les deux orbes bleus avaient fait place à une pupille fendue entourée d’un iris vert, comme ceux de la matriarche. Il risqua un regard sur son corps et put constater qu’il était devenu plus grand, plus robuste. Il se contemplait, ne comprenant pas ce qu’il lui était arrivé. Il voulut se relever, mais Sugar le stoppa avant.

« NON ! Vous allez vous faire mal.

— Que m’avez-vous fait ? » demanda-t-il, partagé entre l’incompréhension et la colère.

« Rien, je vous le promets, je vous ai trouvé comme ça. Vous ne vous êtes jamais rendu compte d’être si différent ?

— Parce que je ne l’étais pas ! éructa-t-il.

— D’accord, calmez-vous ! Et vous ne savez pas quand est-ce que c’est arrivé ? »

Le changelin ferma les yeux, essayant de retracer les derniers évènements dans sa tête.

« Dans la cave… une onde de choc… après, j’ai eu un mal de crâne horrible, comme si j’avais perdu quelque chose. Je me suis évanoui… je ne sais pas pendant combien de temps. Quand je me suis réveillé, j’avais une sensation étrange, nouvelle, je n’entendais plus la matriarche, la place qu’elle gardait à l’intérieur de moi était vide, une part importante de ma vie venait de s’effacer. Qu’est-il arrivé à la matriarche ?

— Elle a été battue. » Une boule serra la gorge du changelin. « Elle a été repoussée loin de Canterlot. » Cette dernière information le rassura.

« Je dois la rejoindre. » Il voulut se relever une nouvelle fois.

« Mais vous allez vous calmer ! » Elle le coucha sur son lit et posa ses deux sabots sur son dos pour qu’il ne bouge plus. « Vous n’êtes pas en mesure de vous déplacer. Et puis, vous ne savez même pas où elle est.

— Je l’entendrai, laissez-moi partir ! »

Sugar fut surprise de voir le changelin réussir à se redresser, mais elle n’allait pas le laisser partir. Elle sauta sur son dos. Il se cabra en hurlant, donnant de faibles coups derrière lui pour la faire lâcher, mais elle se cramponnait de toutes ses forces. Leur lutte dura plusieurs minutes avant que le changelin finisse par tomber sur le lit de fatigue. Sugar restait sur son dos, à l’abri de ses coups, elle s’approcha de son oreille et lui dit tout bas : « Vous êtes trop faible pour le moment, vous avez une très large blessure à l’épaule, c’est déjà un miracle que vous puissiez encore marcher. Restez ici, je vous cacherai le temps qu’il faudra, vous ne risquerez rien avec moi. »

Le changelin qui reprenait son souffle acquiesça de la tête. Où pouvait-il bien aller s’il n’était même pas capable de se défaire d’une femelle ? Il demanda entre deux souffles : « Mais pourquoi faites-vous tout ça ? » La ponette lui répondit sans même avoir à réfléchir.

« Je vous l’ai dit, vous avez l’air différent. » Le changelin ferma les yeux et se laissa sombrer dans un sommeil trouble.


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