Chapitre 2: La volonté de la princesse

La princesse Célestia du Soleil, Souveraine d’Equestria et Dame Protectrice du Jour, se prélassait dans les bains royaux de son palais à Canterlot. L’alicorne au pelage blanc immaculé comme la neige observa de ses yeux d’améthyste le plafond de marbre noir veiné de jaune. Se perdant dans son imagination, oubliant ses devoirs juste pour cette heure-ci.

Après avoir passé la journée à régler les petits problèmes de ses sujets, comme : Deux nobles se disputant l’héritage de leur riche ancêtre, mort il y a plus d’un siècle. Des paysans et des marchands se querellant au sujet des prix de la récolte. Des ambassadeurs et des diplomates la harcelant en permanence sur les préoccupations « urgentes » de leurs pays vis-à-vis d’Equestria. Celestia avait prit pour habitude de s’accorder au moins une heure de repos dans la journée. Que ce soit un bain, une sieste, une séance de lecture ou une promenade aux jardins.

Non-loin d’elle, couchée sur un banc de marbre blanc, la princesse Luna de la Lune, Souveraine d’Equestria et Dame Protectrice de la Nuit, dormait, rompue de fatigue. L’eau chaude et parfumée du bain lui plaquait sa robe bleue obscure contre sa peau et soulignait ses courbes et ses muscles. Par contre, la moitié de l’oreille droite était manquante, suivie d’une une longue balafre qui traçait du cou jusqu’au torse de l’alicorne une ligne rose et irrégulière sur sa robe. De vielles blessures…

Les deux sœurs inspiraient à tout le monde, et à raison, tout ce qu’on pouvait s’attendre d’un monarque idéal. Belles comme des déesses, justes et nobles dans leurs décisions, conciliantes et sages par l’esprit. Le peuple d’Equestria avait de la chance d’avoir de telles princesses. Mais face aux problèmes, l’alicorne blanche semblait plus être quelqu’un qui tendrait la main à son adversaire, alors que sa cadette enverrait plutôt une torgnole sur la figure d’un politicien sans scrupule. C’est pour-ça que Célestia préférait s’occuper d’elle-même de la politique et de la diplomatie, laissant sa sœur aux affaires militaires et de la sécurité du royaume. Non que cela déplaisait à cette dernière.

-Tia ? appela la princesse de la nuit en utilisant le surnom de sa sœur.

- Oui Lulu ? répondit-elle le regard toujours fixé au plafond.

- Je me demandais si tu as bien fait de confier l’âme de cristal à Twilight Sparkle pour qu’elle l’utilise à Poneyville. C’est la dernière que nous avons et une mauvaise manipulation est dangereuse. Autant pour elle que pour les habitants.

Célestia aspira une bonne bouffée de vapeur chaude avant de répondre avec son calme légendaire.

-Twilight est la meilleure élève que j’ai connue. Elle a un niveau incroyable sur la maitrise de la magie, une grande soif de connaissance et futée et intelligente avec ça… Crois-moi Luna, j’ai confié cette artefact à mon élève pour qu’un jour elle apprenne à la manipuler seule et avec aisance. Et si elle a le moindre doute ou le moindre problème elle me contactera.

-J’espère bien. Car cette gemme nous a été précieuse contre les griffons, dit l’alicorne de la nuit en frottant de son sabot son oreille mutilée.

-Khäln est évidemment belliqueux, mais il a toujours agit avec honneur, même durant la guerre. Il a accepté de signer le traité voilà seize ans. Et depuis, il s’efforce de maintenir la paix entre nos deux nations et il n’a aucune raison rompre la paix tant que nous respectons notre part du serment.

Luna fixa son regard de saphir sur sa sœur et rétorquant.

-Au départ il n’avait aucune raison de nous faire la guerre…

Soudain, une lettre apparut devant le museau de Célestia dans une fumée verte qui disparut comme elle était venue. Luna ricana.

-Eh bien on dirait que ta meilleure élève rencontre finalement quelques soucis avec la gemme.

La sœur ainée rompit le sceau et déroula le message pour le lire… Elle fronça les sourcils en reniflant et regarda sa cadette avec sérieux.

-Je crains quelle ne soit allée un peu trop loin que je ne l’ai crue capable déjà maintenant.

La princesse de la nuit se leva de son banc l’air inquiète, alors que l’ainée sortait, impassible, de son bain, mais dont le cœur battait fort dans sa poitrine.

Dévêtu de son équipement, le chevalier était emmené à l’hôpital de Poneyville pour y être soigné. A présent, il dormait dans un profond sommeil, silencieux. Son torse enroulé d’un bandage se soulevait et se rabaissait lentement.

Dans la chambre, Twilight, Rainbow Dash et le médecin en charge, un poney de la race des licornes au pelage brun et à la crinière noir portant une robe à capuchon rouge des prêtres-guérisseurs et une paire de lunette, discutait à voix basse non-loin du bipède alité.

-Alors ? Comment va-t-il ? s’enquit la licorne violette.

-Nous avons ôté le carreau planté dans son torse. C’était tout proche du cœur, un peu plus haut et il serait mort sur le coup. A présent, nous avons stoppé l’hémorragie, afin qu’il ne se vide pas comme une bouteille percée et donné des herbes contre la douleur à forte dose pour le plonger dans un sommeil serein. Il s’en remettra d’ici un jour ou deux. Il faudra juste faire attention à ce qu’il fera, tant que la plaie ne sera pas entièrement refermée.

-Et son visage ? C’est normal que…

La pégase l’interrompit.

-Allons Twilight, il ne faut pas être expert en zoologie ou en créatures inconnues comme Fluttershy pour savoir qu’il s’agit de cicatrices reçues au combat. Comme mon père et les Wonderbolts, il est sûrement soldat, avec l’armure et tout ça, et il aura connu des tas et des tas de batailles.

Elle observa plus attentivement le visage du blessé. C’est vrai qu’il avait morflé un max.

-Comme vient d’expliquer votre amie, Damoiselle Sparkle, les marques sur son visage et sur son corps sont anciennes et certaines récentes, mais il sa vie n’est pas en danger, faites-moi confiance. Quand à son œil manquant, il désigna l’affreux trou noir où autrefois se trouvait l’œil gauche, on pourrait lui greffer un faux-œil, s’il le souhaite.

La jeune mage expira de soulagement. Car elle ne voudrait surtout pas rajouter un décès sur la lettre pour la princesse Célestia au sujet de l’échec de son teste sur l’âme de Cristal… Être traitée d’incapable serait déjà dur, mais être accusée de meurtre ? Certain qu’elle pourrait dire adieu à sa formation.

-Merci mon pour votre aide, père Sirek. dit la licorne violette. Vous n’aviez pas trop eu de mal à le soigner ?

-Heureusement que j’ai étudié le corps d’un minotaure pendant ma formation, la dissection était fascinante. Et notre ami ici présent a « un peu près » la même anatomie, répondit-il avec une once de fierté.

La remarque sur la dissection donna une légère nausée aux deux ponettes.

Pendant que Sirek rangeait ses affaires dans sa sacoche pour partir, Spike entra dans la chambre, essoufflé, avec un parchemin scellé.

-Twilight ! Une lettre de la princesse !

L’anxiété de la licorne revint. Elle tenta de rester calme, mais depuis qu’elle en avait informé son mentor au sujet de l’incident de cet après-midi, elle craignait que la réponse de la princesse Célestia soit des réprimandes, une mauvaise note ou une expulsion. Elle pria ses grands dieux que ce ne soit pas le cas…

La jeune licorne défit le sceau et comme une feuille, elle trembla de peur. Mais Rainbow lui posa un sabot sur l’épaule.

-Twili… Quelque soit la réponse de la princesse, je prendrai l’entière responsabilité. Ce n’est pas à toi de payer la faute. C’est vrai quoi, c’est à cause de ma blague si un guerrier venant d’un autre monde a atterri ici et le joyau est cassé.

Twilight sourit sincèrement devant la loyauté dont faisait preuve cette pégase à la crinière d’arc-en-ciel. Depuis qu’elle était arrivée à Poneyville pour superviser le Festival du Soleil qui s’y tenait au village, elle avait fait la rencontre de Dashie et de cing autres amies aussi différentes que les une que les autres, et c’était cette diversité de caractère et d’esprit qu’elles étaient devenues inséparables et que son professeur l’autorisait à rester au village pour continuer ses études et rester avec ses nouvelles amies. Twilight ne doutait pas un instant sur la sincérité de son amie volante.

Reprenant courage, elle déroula le parchemin… Et ses yeux s’arrondirent d’étonnement. Remarquant la mine de la licorne Rainbow Dash demanda.

-Alors ? Qu’est-ce qu’elle a écrit ?

-Elle veut que je… L’étudie.

-Quoi? La princesse veut que tu étudies quoi?

-Lui ! dit la licorne en pointant son sabot en direction de l’inconnu borgne aux cicatrices. Spike ! Redescend de là, exigea-t-elle en voyant son assistant draconique debout sur le lit du géant, apparemment moins effrayé que la première fois.

Mais il ne sembla pas l’écouter, car, poussé par la curiosité, il toucha du bout des griffes le visage nouvel arrivant.

-Il est mou, il n’a presque pas de poil et de crinière. Il récita ces remarques comme un chercheur analysant une nouvelle variété d’insecte. Et il est moche.

L’œil du gris du chevalier s’ouvrit.

Comme un éclair que personne ne vit arriver, les deux mains du blessé agrippèrent le cou du dragonnet en hurlant comme un damné. Spike tenta de se dégager en pleurant, griffant désespérément les poignées de son agresseur sans succès. Ce dernier articula péniblement mais avec une voix forte, empreinte de folie.

-Prince !... Adrian !... Ne nous abandonnez pas !...

-LÂCHE-LE ! cria Twilight au bord de l’hystérie.

Mais Rainbow Dash, plus prompte à agir, se saisit d’une chaise en bois et le fracassa sur la tête du bipède. Ce qui se révéla plus efficace que les herbes médicinales du médecin.

Se libérant de l’emprise du patient assommé, le dragonnet se réfugia dans les pattes de Twilight qui l’étreignit comme une mère voulant réconforter son enfant apeuré. Le petit dragon pleura, le visage enfoui dans la poitrine de la licorne et cette dernière ne put s’empêcher de faire de même, en lui caressant la tête avec des « C’est fini » en continu.

La pégase cyan tenait toujours un pied de la chaise brisée entre ses sabots en haletant, prête à recommencer à frapper. Elle regarda ses deux amis terrifiés en pensant à ce que venait de déclarer Twilight.

"Si la princesse veut que tu étudies ça, elle doit vraiment t'en vouloir." pensait-elle.

Ayant assisté à la scène, Sirek soupira d’agacement. « Pas besoin de réparer mon patient s’il faut l’abîmer cinq minute après. » voulut-t-il dire. Mais il répondit plutôt.

-J’ai compris. Triple dose cette fois-ci.