Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

My little Arcadia : Piracy is magi [...]

Une fiction écrite par AuBe.

Chapitre 13

Chapitre 13

.

Une série de chocs successifs secoua le capitaine comme un petit pois dans une lessiveuse, et l’information finit par parvenir jusqu’à son cerveau. Harlock pensa « grnf ? » avant de se cogner violemment la tête contre une cloison. Il pensa alors « aïeuh ! », puis se rendit compte que non, ça ne lui faisait pas mal. En fait, il avait déjà horriblement mal partout, du coup il n’arrivait pas vraiment à se concentrer sur une nouvelle blessure éventuelle. La douleur était tellement insoutenable qu’il se demanda même fugitivement comment il faisait pour rester conscient.
En parallèle, il entendait un cri aigu continu (« Aaaaaahh ! ») qui, après vérification, ne venait pas de lui, ainsi que des craquements et des crépitements qui indiquaient un début d’incendie électrique quelque part.

— Aaaah ! Arrête-toi, arrête-toi, arrête-toi ! hurlait une voix féminine.

Cette situation ne dura pas assez longtemps pour être soumise à analyse, ou bien ses capacités cognitives étaient trop ralenties pour qu’il réfléchisse correctement, ce qui devait bien refléter la réalité également.

Harlock tenta un mouvement tandis qu’un choc plus brutal le projetait en avant. Il se retrouva à peu près debout et agrippé au dossier d’un fauteuil de pilote sans trop comprendre comment, ni pourquoi, et posa un regard flou sur Rainbow Dash. La pégase le remarqua à peine : elle bataillait avec les commandes de vol pour maintenir une trajectoire rectiligne, sans succès d’ailleurs.

La navette racla plusieurs fois le sol, esquissa une série de bonds désordonnés sur la rocaille, mais sa vitesse était toujours trop élevée pour stopper.

— Inversion… souffla Harlock.

Joignant le geste à la parole, il tendit le bras pour atteindre la manette des gaz. Lorsqu’il inversa la poussée des réacteurs, la navette se plaqua dans les graviers et, déséquilibrée, bascula aussitôt sur le côté.

La force d’inertie envoya le capitaine valdinguer dans le cockpit.

———————

— J’ai une formation de cinq appareils ennemis sur le radar, à deux minutes, annonça Kei. Deuxième détection de deux chasseurs sur l’avant, une minute. Ils cerclent.

— Le gamin doit être quelque part dessous, déduisit Bob. Le timing va être serré !

L’Octodian fit plonger son propre appareil. Il ne tarda pas à repérer un long sillon parsemé de végétation calcinée et de débris métalliques, au bout duquel une ambulance était en train de terminer une jolie glissade en crabe dans les cailloux. Il ne tarda pas non plus à être repéré.

— Il y a deux vilains moustiques qui approchent, les filles ! cria-t-il vers l’arrière. Vous êtes prêtes ?

À moitié. Applejack lui répondit d’un sourire resplendissant tout en posant fièrement les sabots sur les commandes de la tourelle de défense rapprochée tribord, mais Fluttershy ne se manifesta que par un couinement étranglé. Le barman pinça les lèvres. Le sabord gauche était son point faible, bien reçu. À lui de s’arranger pour n’exposer que le flanc droit de son appareil aux chasseurs ennemis.

———————

Le temps ralentit, puis se figea lorsque la navette se renversa. Rainbow Dash eut la sensation étrange, fugitive et interminable, d’être suspendue en dehors de toute réalité tandis qu’elle percevait avec une acuité surnaturelle le moindre détail de son environnement, puis tout se mêla en un fracas confus qui se fondit soudainement dans le noir.

L’instant d’après, tout était fini.

———————

— On se pose ! Empêchez-les de venir trop près de nous !

Applejack passa la langue entre ses lèvres, plissa les yeux et se concentra sur sa visée. Non seulement elle allait les empêcher d’approcher, mais elle escomptait bien en toucher un ! Après tout, ce « système de défense anti-aérienne rapprochée » que le barman lui avait confié n’était rien de plus qu’une version « technologique » d’un chamboule-tout de fête foraine, non ? Si l’on exceptait le fait que ces chasseurs illumidas étaient beaucoup plus mobiles et rapides que des cibles en bois attachées à un tourniquet, bien sûr. Et qu’elle-même n’était pas en train de lancer des balles en mousse.

Les traits d’énergie se succédaient à grands renforts de « zat-zat-zat » tandis que la terrestre pressait avec application sur la commande de tir tout en s’efforçant de diriger le canon dans la bonne direction. Celestia ! C’était plus compliqué que ça en avait l’air !

— Veux-tu bien cesser de bouger ! siffla-t-elle alors que son tir s’obstinait à aboutir quelques mètres derrière un appareil ennemi.

Elle remarqua à peine que leur vaisseau s’immobilisait.

———————

Le barman ne perdit pas une seule seconde et bondit à l’extérieur avant même que les plots d’atterrissage aient fini de se stabiliser dans un « pfffff » hydraulique.

— Bob ! Attendez-moi !

L’Octodian se plaqua derrière un rocher. Il restait une vingtaine de mètres à découvert pour atteindre l’épave de l’ambulance, aussi profita-t-il de cet abri relatif pour permettre à Kei de le rejoindre.

— Ce ne serait pas plus sage de rester surveiller nos amies à quatre pattes ? lui reprocha-t-il.

Kei haussa les épaules.

— Oh, elles se débrouillent très bien, lâcha-t-elle. … Enfin, surtout une.

— … mais ça ne retiendra pas les Illumidas éternellement, coupa le barman.

Il agrippa le bras de la jeune femme.

— Allez, on se dépêche !

———————

Rainbow Dash se redressa brutalement.

— Je suis réveillée ! cria-t-elle par réflexe.

Elle avait dû perdre brièvement connaissance, et elle se morigéna d’être ainsi prise en défaut, mais seul le silence lui répondit.
Ce qui n’était pas beaucoup mieux, à bien y réfléchir.

— Hého ? hasarda-t-elle.

Ça sentait le brûlé. Il faisait sombre. Et la navette était sans dessus-dessous.
En tâtonnant, la pégase finit par piétiner quelque chose de mou, qui grogna. Dash fit un bond paniqué de côté.

— Oh, capitaine, je suis désolée, je…

Ou peut-être pouvait-elle épargner sa salive, en fait.

— Euh… ça va ?

Bon, vu l’état d’Harlock, elle pouvait facilement répondre toute seule à cette question (c’était « non »), mais Rainbow sentait confusément qu’elle devait continuer à parler. C’était tout ce dont elle disposait pour empêcher l’humain de glisser vers le néant.

— On va… euh… sortir, bredouilla-t-elle. Et j’essaierai de vous trouver de l’eau. Pour nettoyer vos blessures. Et peut-être que vous avez soif, aussi.

Le son de sa voix la rassurait, en quelque sorte. D’autant qu’elle n’avait toujours aucune idée de la façon dont il fallait s’y prendre pour sortir de cette maudite navette.

———————

— Nom de Xch’rhch, la porte est bloquée !

— Il doit y avoir une trappe de secours sur l’arrière.

Kei se faufila avec souplesse entre deux morceaux de tôle tordus. Elle n’osait même pas imaginer dans quel état se trouvaient les passagers de cette malheureuse ambulance. Harlock…

— Je la vois ! lança-t-elle.

Bob était trop large d’épaules pour la suivre.

— Bien joué, miss ! l’encouragea-t-il. Mais grouillez-vous ! Dans moins d’une minute, on se récupère tout l’escadron T’rhek sur le poil !

———————

C’était horrible. Pire encore qu’Everfree, songeait Fluttershy avec un effroi croissant. Au moins, la forêt était composée d’arbres, et ses monstres n’étaient que des animaux ! Ici, rien n’était naturel ! Tout était métallique, froid, désincarné, hostile. Fluttershy détestait cela.

— Yi-eah ! Prenez ça !

Applejack en revanche semblait s’amuser, constata la pégase avec tristesse. De son côté, elle ne parvenait pas à comprendre ce monde et sa technologie, si rapide et si… disharmonieuse. Pourquoi personne ne prenait-il le temps de ralentir, d’écouter ce que cette planète avait à dire, et de vivre en parfaite osmose avec la nature ?

Elle sursauta. Par son hublot, elle apercevait soudain d’autres appareils ennemis.

— Applejack…souffla-t-elle. Je crois qu’il y en a d’autres qui arrivent…

— Qu’ils y viennent ! s’exclama la terrestre. J’ai de quoi les recevoir !

La ponette orange était enthousiaste, mais Fluttershy restait soucieuse : les ennemis arrivaient de son côté, pas de celui d’Applejack. Que se passeraient-ils s’ils les bombardaient ? S’ils les touchaient ?

Fluttershy se crispa tandis qu’elle considérait l’arme qui lui faisait face. Bob, le barman avec ses bras trop nombreux et sa grosse voix grave, lui en avait expliqué le fonctionnement. La pégase avait bien retenu la leçon.

Elle visa, posa le sabot sur le bouton de mise à feu.

Et ferma les yeux.

———————

Dash se recroquevilla sur elle-même lorsqu’un panneau s’ouvrit dans un « clong » assourdissant. L’humain qui se découpa soudain dans la lumière était de la bonne couleur (c’est-à-dire pas verte), et ses traits plus fins que ceux d’Harlock laissaient supposer qu’il s’agissait d’une femelle.

— Qui êtes-vous ? N’approchez pas ! lança-t-elle vaillamment.

— Tu dois être Rainbow Dash, c’est ça ? lui répondit-on avec un sourire rassurant. Harlock est avec toi ?

La nouvelle venue ne laissa pas à Dash le temps de réagir.

— Il faut vite sortir d’ici ! enchaîna-t-elle aussitôt tout en pénétrant dans l’habitacle de la navette. … Oh, seigneur. Harlock, pourquoi faut-il que tu te mettes toujours dans des états pas possibles ?

La pégase haussa un sourcil. Le ton était davantage agacé qu’effrayé, et sous-entendait que ce n’était pas la première fois qu’Harlock était aussi gravement blessé. Voire qu’il en avait fait une habitude. Dash se demanda comment il pouvait supporter cela.

— Miss ? Vous avez besoin d’aide ?

Rainbow Dash écarquilla les yeux face à la créature qui se dressait à présent devant le panneau ouvert. « Un poulpe ! » pensa-t-elle avant de s’apercevoir qu’il s’agissait d’un… un quoi, au fait ?

— Moi, non. Mais Harlock va avoir besoin de soins rapides… La voie est dégagée ?

— Plus pour très longtemps, mais ça devrait le faire.

L’humaine avait attrapé Harlock sous les épaules et le traîna jusqu’à l’extérieur, où la « chose » le souleva sans effort. Dash déglutit. Elle devait prendre une décision : ami ou ennemi ? Ce truc n’était certes pas vert comme les soldats de l’hôpital, mais il ressemblait tout de même davantage à un monstre du Tartare qu’à un humain.

Il darda soudain son regard sur elle.

— N’oublie pas le p’tit poney, dit-il à l’humaine. Ses copines pourraient nous en vouloir.

La pégase arc-en-ciel dressa les oreilles.

— Mes amies sont là ?

— Une orange et une jaune, acquiesça le monstre du Tartare. Allez, sors de là. Faut qu’on bouge d’ici.

Applejack et Fluttershy !

Rainbow Dash bondit hors de la navette.

———————

La tôle déchiquetée qui lui bloquait l’accès à l’issue de secours de l’ambulance n’avait pas retardé Bob très longtemps. L’Octodian avait arraché les morceaux de métal avec hargne avant de récupérer Harlock, Kei et le poney, lequel avait l’air en meilleure forme que dans son caisson de stase (on ne pouvait pas en dire autant d’Harlock).
Avec précaution, Bob cala le gamin entre deux bras et mit deux mains en visière sur son front. L’escadron T’rhek approchait à contre-jour. Et il était beaucoup trop près.

— Merde, jura-t-il.

Les injures humaines étaient simples et efficaces.
Il réfléchit rapidement. S’ils couraient jusqu’à son vaisseau maintenant, ils risquaient de se retrouver sous le feu ennemi en terrain découvert. S’ils attendaient, ils risquaient de se retrouver sous le feu ennemi, mal défendus par une DCA armée par des débutantes.

C’est alors qu’un jet T’rhek explosa.

———————

Ne pense à rien, ne pense à rien, ne pense à rien !

Fluttershy visa un deuxième appareil.

———————

Bob ne prit pas le temps de s’étonner. Il cria « suivez-moi ! » et s’élança vers son vaisseau alors qu’un deuxième jet se transformait en boule de feu et que la formation T’rhek s’égaillait. Une poignée de secondes plus tard, il posait Harlock sur une couchette, s’installait au poste de pilotage et poussait la manette des gaz à fond.

— Vous connaissez une base de repli dans le coin ? interrogea Kei avec un froncement de sourcils suspicieux.

— Je connais des tas de bases de repli, miss, répondit-il. Et figurez-vous que je n’ai pas du tout l’intention de rester dans le coin.

Le barman programma un warp.

———————

L’esprit d’Harlock évoluait dans un univers nuageux. Périodiquement, il percevait des bribes de phrases sans vraiment trop les comprendre, et le brouillard qui l’entourait ne se levait jamais assez pour qu’il puisse définir avec précision où il se trouvait. Il lui semblait toutefois avoir entendu Bob.

— Huh ? fit-il.

Sa question resta sans réponse. Il ne s’en formalisa pas (il voulait bien admettre qu’il n’avait pas forcément été très clair), mais c’était tout de même un peu frustrant.
Il s’efforça en conséquence de coordonner les mouvements de ses bras pour explorer son environnement immédiat. Au toucher, il identifia une couverture de survie en aluminium et un drap un peu moite, ainsi qu’un matelas de piètre facture, informations qui lui donnèrent à penser qu’il était allongé dans un lit et non pas à même le sol. Il se dit ensuite que, du coup, il pouvait peut-être en profiter pour se lever et obtenir davantage de renseignements sur la situation actuelle, et il donna une impulsion du bassin pour se retourner.

Une fois à plat ventre sur le plancher et alors que ses jambes ne l’avaient de toute évidence pas suivi, il conclut qu’il aurait probablement mieux fait de s’abstenir.

Quelqu’un cria.

Il saisit les mots « bordel de dieu », « pas possible » et « irresponsable ».

Il songea qu’effectivement, c’était une bonne description le concernant et tenta de sourire. Au lieu de cela, il fut pris d’une quinte de toux, puis de spasmes. Enfin, pour faire bonne mesure, il éructa une bouillie sanglante dégoûtante.

Il s’obstinait à rester éveillé (il avait connu bien pire, zut), lorsqu’il sentit qu’on le remettait sur le dos et qu’on lui essuyait délicatement le visage. À travers le brouillard, il aperçut des formes bien trop colorées pour être naturelles, à moins que Bob ait soudain décidé de changer sa garde-robe, ce dont il doutait.

Il se souvint « poneys ».

Il cilla. Comment ça, cela signifiait-il qu’il venait d’être sauvé par des poneys ?

Il hésita un instant, reconnut que poneys ou non, il avait malgré tout été sauvé, c’était l’essentiel, et estima que, poneys ou non, sa réputation n’aurait pas trop à en souffrir. Et puis il s’était toujours fiché de sa réputation, pas vrai ? Ses pensées s’égarèrent dans l’étude de la validité de cette assertion, jusqu’à ce qu’il se demande, complètement perdu, pourquoi il en était venu à réfléchir à cette problématique. Où était-il, d’ailleurs ?

À ce moment, sa conscience décida de se mettre en pause.

C’était, à tout bien prendre, la meilleure option qu’il puisse choisir.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Chapitre précédent Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

Aucun commentaire n'a été publié. Sois le premier à donner ton avis !

Nouveau message privé