Quand Midsheid ouvrit les yeux, sa chambre, illuminée par les doux rayons du soleil, lui envoyèrent un sentiment de bien-être malgré son esprit embrumé par le sommeil. Cette atmosphère apaisante contrastait totalement avec la nuit agité et sombre qu’il avait passé, ponctué de cauchemar et de visions diverses.
Ses yeux se posèrent presque instinctivement sur l’armure de garde mage qu’il avait reçu après son affrontement contre LineApple il y a deux jours, posée sur un support de métal et de mousse près de son armure de garde normal. Il avait toujours l’impression que cette dernière l’appelait afin qu’il la porte. Et c’est ce qu’il faisait à chaque fois avant de sortir de ses appartement et de rejoindre son mentor devant la chambre de la princesse.
Depuis deux jours qu’il la côtoyait de près, il avait pu voir à qu’elle point cette dernière semblait être attirée par lui. Rien que sa réaction en le voyant dans l’armure ensorcelée en disait long. Twilight était restée bouche-bée devant Midsheid tenant son arme principale par magie sur son épaule et au garde à vous. Il lui avait fallu une petite claque amical de son assistant afin de la sortir de son état de « légume ». LineApple, qui avait malgré lui fait les mêmes gestes que son cadet, n’avait pu s’empêcher de glousser devant la tête surprise de sa maitresse.
La journée qui avait ensuite suivie c’était déroulée correctement et sans accro visible. Midsheid avait pu, grâce à une autorisation de la princesse, envoyer une lettre à la dernière garnison partit au front, la sienne. Il avait attendu la réponse avec impatience. Ce fut d’ailleurs le Ding-Ding des notifications de son nouveau bracelet digital qui l’avait tiré du sommeil ce matin.
Il ne fut pas long à être levé. Juste le temps de renfiler son armure et de sortir de sa chambre et il pourrait aller voir le message tant attendu depuis deux jour.
Tout en mettant son casque et son plastron, le pégase prit quelques secondes à se délecter de la sensation agréable que procurait l’armure l’emplissant de magie. Il finit de poser le reste par lévitation afin de jeter un œil à son bracelet. Sur une des cases en haut à gauche de l’écran brillait un icône verdâtre avec écrit en petit à coté : 1 courrier non-lu. Il en était sûr cette fois-ci, au moins il ne s’était pas levé en hâte pour rien.
Un autre petit coup d’œil lui permit de voir l’heure indiquée digitalement. Il était indiqué 6 h 37. Cette vue le fit grogner avant d’enfiler les lourdes protections de pattes. La princesse n’avait pas vraiment donné d’horaire précis à ses deux gardes avant de la rejoindre, pour le moment. En effet, cette dernière passait, depuis deux jours, un temps fou dans sa bibliothèque afin d’assouvir sa soif de connaissance sur ses nouvelles capacités. Midsheid ne savait pas vraiment ce que LineApple avait voulu dire par là quand le pégase gris lui avait posé la question concernant les nouvelles capacités de sa maitresse. Mais il n’avait pu avoir aucun autre indice pour la simple et bonne raison que son ainée n’en savait apparemment pas plus que lui.
Quand il eut finit d’enfiler ses chausses sabots, Midsheid ouvrit lentement la porte et sortit de sa pièce de vie nocturne. Les couloirs étaient vides, comme il s’y attendait. Pendant qu’il marchait, seul le bruit de ses sabots contre le sol en carrelage luisant donnait un écho assez glauque dans les recoins des couloirs et indiquait qu’il n’y avait personne de réveillé pour le moment.
Soudain, un bruit autre que le cliquetis de ses sabots retint son attention. Le jeune pégase se stoppa net et tendit l’oreille afin de mieux entendre cette insolite intrusion sonore. Au loin, une sorte de murmure attira son attention, semblant venir de la salle du trône. Il tourna magiquement la bandoulière qui lui serrait le poitrail afin d’avoir son fusil à porté de tir. Son M9 vint se placer sur sa gauche, armé lui aussi. Ce n’était pas son Beretta habituel, Midsheid avait échangé sa forme réservé au poney terrestre pour celle des licornes, beaucoup plus légère et maniable.
Tout en avançant, prenant soin de ne pas faire claquer trop fort ses sabots, le jeune garde entendit les murmures s’intensifier jusqu’à devenir presque aussi fort qu’un conciliabule entre deux personnes. Quand il atteint finalement la porte en bois et or sculptés de la salle royale, il les poussa légèrement mais oh combien prudemment afin d’avoir un petit aperçu de ce qui faisait ce bruit. Son souffle se coupa en même temps que son cœur arrêta de battre. Certes il avait déjà vu la salle du trône auparavant, juste une petite seconde le temps de raccompagner la princesse vers sa chambre, mais ce n’était pas tant la magnificence de la salle qui le secoua. C’était ce qu’il y avait là, au milieu des six trônes des éléments d’Harmonie.
Sur un fauteuil ou une marque de beauté bien visible représentait trois diamants, une jument licorne, blanche et à la crinière pourpre coiffée en rouleau à en juger par les relents translucides émanant d’elle, était assise et semblait discuter avec quelqu’un que la position actuelle de Midsheid empêchait de voir. Ce dernier dut ouvrir encore un peu la porte afin de découvrir une pégase cyan à la crinière prismatique, translucide elle aussi, virevolter autour d’une jument rose à crinière rose, une autre orange à crinière blonde portant un chapeau et une pégase jaune à crinière rose, tombant sur ses yeux.
Pourtant, ce ne fut pas ce qui choqua le plus le garde. Normalement son rôle aurait été de les chasser pour viole à un espace royal et outrage aux lieux d’habitation d’une licorne souveraine. Mais il les connaissait, il les connaissait même que trop bien. Sa mère lui comptait souvent la légende des juments porteuses des éléments de l’Harmonie, contant leurs exploits et leurs vies, ainsi que leur place au sein d’Equestria. Mais Midsheid, malgré que sa mère ait essayé de lui dire qu’elles avaient existé, et que lui-même ait toujours considéré les six juments comme ses héroïnes d’enfance, n’en avait pas cru un mot… jusqu’à la découverte de la salle du trône hier.
Les juments parlaient d’une voix forte, mais les décibels ne dépassaient pas celui d’un murmure forcé, empêchant le jeune pégase de comprendre leur conversation. Un œil à son armure et une idée lui traversa l’esprit. Et s’il était intolérant à la magie ? Ça pourrait lui donner des hallucinations ? Une crampe se faisant sentir dans son sabots le tira de ses pensée et le ramena un instant à la réalité. La douleur lui faisait comprendre que ce qu’il voyait n’était pas source d’une quelconque magie illusoire ou autre.
Après quelques minutes de discussion encore enflammé entre les juments, elles se levèrent promptement et presque synchro avant de se diriger vers la porte qui cachait Midsheid. Ce dernier révulsa une idée de fuite violente et attendit, encore… encore un peu… mais finalement se stoppa dans un mouvement pour partir. Une des juments qui s’approchait lui rappela vivement quelqu’un.
La princesse Twilight Sparkle, translucide elle aussi, portant son diadème étoilé, discutait vivement avec une des juments. Il ne l’avait pas vu, cachée par un des sièges. Cette brusque vision lui rappela soudain son rang et ce qu’il devait faire. Tout ce qui lui passait dans la tête était, à ce moment, pourquoi sa maitresse était-elle aussi petite ? Pourquoi était-elle apparemment intelligible et surtout pourquoi conversait-elle avec ses juments censées être des personnages légendaires ? La raison prit le dessus sur l’instinct et le pégase ouvrit magiquement en grand la porte –tout en baissant ses armes- avant de prononcer d’une voix se voulant forte, mais qui mourut presque dans sa gorge tant ses nerfs étaient tendus.
« Maitresse !? »
La forme transparente de la princesse ne tourna pas un regard vers lui et gloussa à une blague faite par la jument rose. En fait, aucune des juments ne sembla lui prêter attention. L’une d’elle, la première, celle orange et jaune avec un stetson sur la tête, fonça même vers lui sans apparemment le voir. Quand Midsheid vit du plus près qu’une altercation physique le pouvait, ses yeux vert pomme, il ferma les yeux, s’attendant à se l’emplafonner dans le museau. Il attendit encore quelques secondes, avant de rouvrir les yeux, hébété. Les juments avaient disparues. A la place un gémissement se fit entendre du fond de la salle.
Il ne reprit ses esprits qu’après avoir analysé ce qui venait de se passer. Il venait de voir des poneys ayant vécus il y deux siècles. Ses dernières, si elles ne l’avaient pas vues, l’avaient ignoré de la façon la plus magistrale possible et enfin, il avait vu sa maitresse heureuse. D’autant qu’il se souvienne, que ce soit aux grandes réunions à toit ouvert dans le royaume ou il l’avait aperçu quelques fois, ou maintenant, Midsheid n’avait jamais vu ce visage de Twilight. Oui des fois elle parait heureuse et rit, ou glousse, ou sourit même quelques fois. Mais son visage reflète toujours une part d’ombre qui la suit comme un alter-ego.
Une voix le tira de sa torpeur alors qu’il essayait de séparer le vrai de l’illusion. Une voix enraillée par ce qui semblait être des pleurs ou des gémissements déchirant. Il ne comprit pas vraiment ce que cette voix avait dit, mais il se dirigea vers sa source, ses armes maintenant rangées à leurs places respectives. Après tout, qu’est-ce qu’un poney pleurant pourrait bien lui causer comme soucis.
Quand il arriva enfin là où les gémissements ce faisaient déjà moins importants, il vit une Alicorne, assise de dos, tenant devant elle par magie un Cristal allongé irradiant d’une lumière étrange. Elle regardait intensément ce Cristal et ne tourna pas la tête vers le garde mage qui la scrutait d’un œil plus inquiet qu’étonné. Elle reprit d’une voix toutefois plus assuré qu’au départ.
« Il est tôt Midsheid, tu avais encore deux bonne heures de sommeil… »
« Maitresse, que vous arrive-t-il » Le coupa le plus gentiment possible Midsheid, maintenant réellement inquiet de l’état de sa supérieure royale.
L’Alicorne mauve ne répondit rien sur le coup et passa son sabot sur son museau en reniflant avant de renvoyer magiquement le prisme s’accrocher à plusieurs mètres au-dessus de leurs têtes. Elle se retourna ensuite vers son garde qui put enfin voir entièrement sa tristesse. Sur ses joues, son pelage avait gardé un sillage de larmes maintenant sèches. Ses yeux violets, rougis par les pleurs ne reflétaient rien que de la tristesse et… de la surprise. Surement plus stupéfaite de la présence du pégase à une heure aussi matinale, que de sa question. Elle ne répondit toujours rien, paraissant chercher ses mots.
Midsheid fit cependant un geste de tête cordial avant de lever un sabot à hauteur de joue pour faire comprendre à sa maitresse d’arrêter de réfléchir.
« Non votre maj… Twilight, vous n’avez pas à m’expliquer quoi que ce soit ce ne sont pas mes affaires » Dit-il en la fixant, le regard cherchant une explication dans ses yeux, en souriant.
La princesse le regarda avant de hocher la tête en guise d’accord. Pourtant, cette dernière ne comprenait apparemment toujours pas pourquoi son garde rapproché était levé et habillé, même prêt à la protéger au vu de son armement, indispensable mais pas obligatoire à une heure pareille. Midsheid comprit son regard et lui répondit avant qu’elle ne pose sa question.
« J’ai reçu une notification de courrier » Dit-il en pointant son bracelet digital, « je suis venu le chercher à l’accueil postal du palais. Ça doit être une des secrétaires qui m’a prévenue… » Il laissa sa phrase en suspens, se rappelant qu’il voulait lui poser une question, « Au fait votre ma… Twilight, puis-je vous poser une question ? » Un signe de tête l’invita à poursuivre, « Euh… je ne veux pas insinuer que je n’aime pas ça, au contraire pour le moment je passe les meilleurs moments de ma vie mais… » Il chercha rapidement ses mots avant de la regarder, perplexe, son visage montrant sa soif de réponse, « Pourquoi moi ? » La princesse pencha la tête sur le côté, n’ayant apparemment pas comprit la question. Il la reformula alors, « Pourquoi m'avoir choisis moi pour aider LineApple dans ce poste important ? Je veux dire… même si j’ai suivis une formation de soldat, je n’ai aucune compétence en tant que garde royal et encore moins garde rapproché… je ne comprends pas ? »
Twilight s’empourpra au niveau des joues en ouvrant grand les yeux, cherchant une réponse qui pourrait lui convenir sans pour autant lui dire mot pour mot ce qui l’avait poussée à faire ça.
« Euh… et bien… euh, je ne saurais répondre correctement à cette question. Je dirais que j’ai senti en toi un grand potentiel qu’il fallait exploiter et… » Apparemment ce qu’elle voulait lui dire ne sortait pas car son visage tourna couleur pivoine et ses yeux montrèrent de la frustration à l’état pur. Midsheid feignit de ne rien avoir vu et hocha la tête.
« Cela me suffit comme réponse maitresse. Je n’ai pas besoin d’autre chose pour vous croire » Dit-il dans un sourire. La princesse sembla se soulager et redevint à peu de chose près de sa couleur habituelle.
Le pégase inclina la tête et fit quelques pas en arrière avant d’ajouter, « Puis-je prendre congé de vous pour quelques temps maitresse Twilight ? » Oh lalalala la phrase qui veut rien dire, il faut vraiment que j’arrive à me faire de l’appeler par son prénom…
Twilight gloussa et inclina la tête, un peu plus longtemps que d’habitude avant d’inviter Midsheid du sabot à quitter la pièce. Elle le stoppa néanmoins avant qu’il ne franchisse l’embrasure des portes.
« Au faite Midsheid, pas un mot à qui que ce soit concernant… euh, ce que tu as vu. Les souvenirs ne sont pas faits pour être divulgués à tout le monde. J’ai confiance en toi… » Dit-elle en faisant presque mourir les dernière syllabes dans sa gorge. Le garde n’y prêta cependant pas attention et inclina la tête dans la direction de Twilight avant de quitter la salle du trône.
C’était donc ça ! Pensa-t-il, Je me disais bien que j’avais déjà vu ce procédé quelques part ! Midsheid s’était souvenu de ça à la seconde ou la princesse avait prononcé le mot « souvenirs ». Des prismes de souvenirs, voilà pourquoi j’ai vu des gens morts, je suis pas fou ! Cette pensée le soulagea vivement et il réprima un gloussement tout en avançant vers les premières salles du château. Il avait suivis, non sans discrimination de la part des élèves de sa classe de vol en huitième année, des cours sur la magie. Étant pégase, il était censé n’en avoir rien à faire. Mais qu’est-ce qu’il voulait, Midsheid avait toujours été… fasciné par ça. Au moins ça lui avait permis de comprendre quelque chose quatre ans plus tard.
Tout en se rappelant ses années d’apprentissage, Midsheid grimaça. Il venait de tomber sur un souvenir qu’il aurait adoré supprimer de sa mémoire à jamais. Il venait de se rappeler ses trois dernières années avant qu’il n’entre à l’armée. Ses camarades, que la guerre avait dévergondé très jeune, le martyrisait à propos de son pelage, d’une coloration bien plus terne que le gris habituel que l’on peut trouver sur la robe des pégases. Il s’était fait appelé durant trois ans « l’trempé » pour la simple et bonne raison que son pelage avait la couleur d’un pégase gris passé dans un nuage de pluie. D’autre l’avait insulté encore en faisant tourner des rumeurs sur lui comme quoi ça ne serait pas de la pluie mais de l’urine, faisant croire à tout le monde qu’il ne savait pas se retenir et encore beaucoup de conneries du genre.
Une fois, en revenant de l’enterrement de ses parents, à qui la guerre n’avait pas fait de cadeau, le jeune pégase âgé de dix-sept ans avait essuyé des insultes comme « He bien l’trempé ? Tes parents t'ont jamais appris à ne pas te pisser dessus ? A bah non suis-je bête, ils sont en train d’bouffer des pissenlits par la racine Hahahaha ! » La discussion lui revenait d’ailleurs petit à petit en tête alors qu’il arrivait presque à destination.
« Ta gueule merdeux » Avait-il répliqué à l’encontre du pégase blanc et de sa bande qui le cherchait depuis deux ans déjà, le considérant comme leur souffre-douleur.
« Oh mais c’est qu’l’trempé sait se défendre ? Ses parents ne lui ont pas appris à ne pas parler comme ça ? » Avait dit l’autre en recevant des rires le soutenant de la part de ses potes.
« Tu veux voir comment le trempé se défend p’tit con ! » Avait répliqué Midsheid en sortant un couteau à cran d’arrêt de dessous son aile gauche de son sabot droit. Il en avait eu tellement marre de ses problèmes avec ses camarades de vol qu’il s’était procuré une arme blanche illégalement en la volant dans une marché à toit ouvert à Cloudsdale. Le regard du pégase qui le cherchait à cette époque était passé du mépris à la haine pur où l’on pouvait voir de la peur dans les yeux. Midsheid était robuste à ce moment et savait aussi se défendre grâce à des bagarres ayant eu lieu quelques temps auparavant. Le groupe avait reculé et le pégase blanc avait fait deux pas en arrière devant la lame brillante que Midsheid tenait fermement dans son sabot à hauteur de poitrail. Faire d’un poney votre souffre-douleur peut le changer en mauvais.
« Arrête Mid fais pas l’con avec cette lame ! »
« Tiens c’est la première fois que tu m’appelles par mon nom ? Ne serait-ce pas ça qui t’en fait dire tant ? » Il avait fait un mouvement en avant pour se rapprocher du groupe dont les yeux avaient reflété à ce moment une peur mortelle. De grosses gouttes de sueur leur perlant sur le visage. Les yeux de Midsheid quand à eux montraient une haine viscérale envers le groupe et surtout le meneur au pelage neigeux.
« Fais pas l’con ! » Avait répété l’autre, terrorisé mais en même temps la voix chargée de haine. Ses camarades l’avaient supplié de se calmer mais rien n’y faisait, la peur lui disait de répéter la même phrase en boucle, avalant lourdement. « Fais pas l’con avec cette lame l’trempé j’te préviens ! »
Ce fut à ce moment, à ce mot de trop que Midsheid avait senti sa colère atteindre un pic inimaginable. Son esprit ne rêvait à ce moment de ne voir que le sang souiller le pelage pur de ce pégase. Seules les sensations de lui ouvrir le ventre le soulagerait dans l’immédiat. Alors que Midsheid s’arrêta dans le dernier couloir du palais menant vers l’accueil, il se remémora l’affrontement, sentant ses muscles se crisper par l’adrénaline revenant.
Il s’était alors jeté sur le pégase en hurlant « Je fais le con si je veux !! ». Le groupe de pégase derrière s’était mis à hurler et c’était envolé à tir d’aile. Le pégase blanc n’eut pas autant de chance qu’eux et esquiva de justesse un coup de lame visant son cœur. Il se la prit pourtant dans l’épaule gauche, hurlant de douleur avant d’asséner un coup de sabot dans le visage de Midsheid. Ce dernier, trop emplit d’adrénaline et d’envie de meurtre s’était retiré sans broncher, un regard des plus défiguré par la haine, le sabot tenant le couteau peint de sang qui n’était pas le sien. L’épaule du pégase était violemment amochée et saignait abondamment. Ce dernier voulu s’envoler mais fut plaqué par le pégase gris qui lui enfonça le couteau dans le muscle dorsal, arrachant un hurlement à glacer le sang à son adversaire. Un coup d’aile envoya Midsheid plus loin, laissant le pégase blanc essayer de se relever. Le coup avait manqué le cœur mais perforé muscle de soutien d’aile et poumons gauche. Le pégase s’affaissa de douleur en pleurant, toussant violemment du sang par la bouche et le nez. Pendant ce temps Midsheid s’était relevé et s’avançait vers le pégase à terre, un sourire en coin tout en jouant avec le couteau. Sa joue était enflée par le coup du pégase et sa lèvre saignait mais il s’en fichait. Il se délectait de la vue sanglante qu’offrait son adversaire blessé. Ce dernier tenta de s’envoler, en vain, et ne réussit qu’à envoyer plus de sang aux alentours, aspergeant Midsheid. Ce dernier rit d’un rire terrifiant et s’approcha encore un peu, laissant des marques de fer ensanglanté derrière lui. La vision fit hurler de peur et de sang le pégase blanc.
« Alors c’est qui le trempé maintenant hein ? Haha ! Regarde-toi t’es plus mouillé que moi »
Son rire se fit plus intense à mesure qu’il s’était avancé vers l’autre. Ce dernier s’était mis à le supplier, surmontant la douleur pour lui crier, « Pitié ! Mid j’t’en supplie me tue pas fais… Argh, fais… fais pas ça par pi-pitié ! »
A moins d’un sabot de lui, Midsheid joua avec le couteau au-dessus de lui, « tiens, tu veux de la pitié maintenant hein ? Mais ça ne fait même pas deux minutes qu’on joue… » Il s’approcha de son oreille avant de crier, « Moi ça fait deux ans que tu me martyrise ! Connard ! » Avait-il dit en lui donnant un coup de couteau dans l’os de l’aile droite, lui tranchant sans doute un tendon par la même occasion.
Son adversaire hurlant le supplia toujours avant d’être en proie à une crise de larme incontrôlable, mélangeant son liquide lacrymal avec son liquide vital qui commençait à former une mare en dessous de lui. S’il n’avait pas de soin rapidement il perdrait trop de sang et ne survivrait pas. Mais Midsheid ne voulait pas qu’on le soigne. « Je vais te montrer extérieurement ce que tu m’as fait subir intérieurement pendant deux ans ! » Avait-il dit en brandissant le couteau bien haut avant de l’abattre sur le pégase blanc et rouge. Par un mouvement caractéristique de l’énergie du désespoir, le pégase avait bougé de quelques centimètres, évitant ainsi un coup de couteau dans la gorge. Il se le prit pourtant dans l’autre épaule, le faisant geindre de douleur de plus belle. Midsheid le taillada un peu dans cette zone avant de relever le couteau près à frapper au bon endroit cette fois. « T’inquiète c’est presque fini Hahahaha ! » Et il avait relevé une dernière fois le couteau avant de le diriger violemment vers son camarade volant.
Un coup bien placé lui avait fait lâcher le couteau et un autre dans les côtes l’envoya valdinguer quelques mètres plus loin. Il se releva rapidement sans avoir mal et prêt à en découdre. Il ne vit pas la masse orange le plaquer au sol sans aucune possibilité d’échappatoire, le tenant en prise de sabot par la gorge. Son état psychopathique lui disait de se battre pour lui faire mordre la poussière, mais ses yeux se posèrent sur un poney avec une blouse blanche ne cachant pourtant pas une marque de beauté en forme d’outil médicinal. A en juger par sa barbiche et son visage terrifié mais aussi déterminé, Midsheid comprit qu’il s’agissait du médecin scolaire de son établissement d’apprentissage. Ce dernier s’était mis en position défensive devant le pégase gémissant de douleur.
Derrière lui, à en juger par la dimension des sabots et la force qui le maintenant, il fut aisé de savoir que c’était un adulte qui l’avait maitrisé. Au loin, le groupe de pégases de tout à l’heure arriva en courant, terrifié avant de se jeter à côté de leur ami, hurlant son nom dans l’espoir qu’il leur réponde. Midsheid ne s’en souvenait d’ailleurs pas. Ils étaient horrifiés par son état. Ses deux épaules étaient en lambeau, la droite un peu plus que l’autre. Son dos recouvert dans les moindres recoins de sang venant de son muscle et de son poumon perforé ainsi que l’aile droite ouverte sur la longueur de l’Humérus.
Midsheid avait dû se calmer avant d’être relevé de force par un mâle portant un uniforme bleu à galons et un gilet en Quevloor dessous le rendant plus imposant. Son badge de force de l’ordre brillait par le soleil se réfractant sur le nuage blanc pur en dessous d’eux. Le sang des sabots de Midsheid avait souillé violemment le sol, donnant un côté massacre à la scène qui plaisait beaucoup au pégase gris.
Midsheid ne se souvenait plus ensuite de ce qui s’était passé après. Comme si sa mémoire n’avait pas voulu s’en rappeler. Un petit coup sur le museau le sortit d’un coup de ses souvenirs, le ramenant à la réalité. Il était resté debout dans le couloir sans bouger pendant Celestia seule sait combien de temps. En face de lui une jument verte à la crinière marron attira son attention par une autre pression sur son museau. Il secoua la tête et regarda sévèrement la jument qui, étrangement, lui sourit. Elle rosit quand Midsheid radoucit son regard avant de lui demander ce qu’elle voulait.
« Vous avez reçu du courrier ce matin, enfin si Midsheid est bien votre nom » Dit-elle en souriant.
Le soldat sourit en retour et hocha la tête, la regardant lui tendre une lettre qu’elle venait de sortir de son sac de selle. Il y avait marqué confidentiel dessus mais aussi son nom. Midsheid prit la lettre en sabot avant de la regarder plus en détail, ne prêtant plus attention à la jument devant lui. Cette dernière sembla hésiter, puis sauta sur l’occasion et de lui embrasser le casque et de partir en lui jetant un regard aguicheur. Quand elle eut disparu de son champ de vision, le pégase secoua la tête, perdu. Oh déesse ! En voilà une autre avec des vues sur moi maintenant ?! Non que cette idée lui déplaise, le pégase commençait à s’y perdre dans ces histoires de jument. Il ne la connaissait pas personnellement mais cette dernière lui avait montré ostentatoirement son affection avant de quitter le couloir. Il secoua de nouveau la tête et repartit dans le sens inverse en tenant magiquement la lettre devant lui toujours fermée. Il voulait attendre d’être dans ses appartements avant de la lire afin de s’assurer que personne ne pourrait la lire avec lui.
Il ne croisa personne dans le couloir qui menait de l’accueil à la salle du trône. Mais de la salle du trône à sa chambre, il croisa LineApple avec une serviette autour de son cou. Il était entièrement nu et dénoué de quelconques protections. Midsheid ne l’avait jamais vu ainsi et s’attarda à le regarder un instant, impressionné par les muscles noueux qui se profilaient sous son pelage blanc. Un hématome au-dessus de sa marque de beauté, signature de Midsheid, fit glousser ce dernier quand il la vit. LineApple se dirigea vers lui, le regardant un instant, incrédule et surpris.
« Déjà l’vé p’tit gars ? »
« Ouaip ! » Répondit Midsheid en imitant un peu son accent, tout sourire.
LineApple fronça un peu les sourcils et pointa du sabot la lettre, « Qu’est-ce c’est qu’ça ? Depuis quand t’as accès au confidentiel toi ? »
« C’est une lettre du front pour moi » Dit le pégase sans se départir de son sourire, « Je l’attends depuis deux jours déjà »
« Ah ? Fais voir ça ? » Demanda son ainé en s’approchant. Son cadet le retint d’un sabot.
« Tatata, pas touche c’est à moi » Lui dit-il en rigolant, tenant magiquement la lettre hors de portée du pégase blanc. Ce dernier ne se débina pas et commença à courir après la lettre, essayant de pousser le sabot de Midsheid qui essayait de le maintenir sans réussir pour autant. LineApple était deux voire trois fois plus fort que lui et pouvait, s’il le voulait, le mettre à terre en quelques secondes.
Midsheid dû même à un moment user de sa magie pour le maintenir, LineApple, dans l’incapacité de prendre la lettre. Une dizaine de minute passa et LineApple lâcha prise avant de grogner, un rictus au coin des lèvres, « C’est bon p’tit gars t’a gagné, aller zou vas lire t’a lettre j’vais m’préparer, rejoins moi dans une demi-heure devant la chambre de Twilight » Midsheid regarda soudain son bracelet. Il était 8 h 34. Il n’en revenait pas. J’ai réfléchi combien de temps devant l’accueil !? Il ne le saura sans doute jamais.
Il prit la route de sa chambre en veillant à ce que son mentor ne le feinte pas cette fois-ci comme il se doutait qu’il serait capable de le faire. Une fois rassuré, il ouvrit la porte et entra dans sa chambre. Il posa ses hanches sur le lit après avoir refermé la porte derrière lui et ouvrit la lettre. A l’intérieur, une odeur de poudre de balle se dégagea et lui chatouilla les naseaux. Il n’en avait pas senti depuis son entrainement de tir, il y a quelques mois. La lettre lévita jusqu’à devant ses yeux et se déplia en trois parties. Une écriture noire se devinant facilement être écrite par une corne se démarqua du blanc cassé/beige du papier.
| [Au soldat Midsheid de la garnison 7 du dernier envoie de Cloudsdale]|
N.B. : Soldat, ce document a été catégorisé comme confidentiel car pouvant potentiellement contenir des informations sur nos troupes et sur nos méthodes ainsi que nos système de ralliement et d’envoi. Vous serez prié, après lecture approfondie et prise en connaissance du papier ci-joint, de le détruire par les flammes selon la procédure FLA-85.3 de la catégorie prise en compte documentaires de votre code de conduite militaire. Seront présents dans ce document la réponse d’un de vos camarade de camps.
Bonne lecture…
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Du soldat Truesteal de la septième garnison au soldat Midsheid de la garde rapprochée de la princesse Twilight Sparkle :
Hey… salut mon vieux… je sais que, dans la lettre à laquelle je réponds, tu demandes bien comment MOI je vais, et je te remercierai jamais assez de penser à moi malgré la distance. Je ne suis plus en rogne contre toi et je me maudis de l’avoir été. Et pour répondre à ta question, je vais moyennement bien. Les premiers jours on nous a présenté les équipes déjà sur place et on nous a repassé des versions améliorées de nos fusils ainsi que nos perce-tête*. Et le lendemain on est partit au front avec juste de quoi tenir sur des gilets balistiques portés au-dessus de nos gilets en Quevloor. J’te raconte pas la chaleur là-dessous.
Au moment où je t’écris nous ne sommes pas loin de Dodje Junction dans un petit camp près d’une ferme détruite. On a abattu quelques divisions de griffons et j’ai ôté la vie pour la première fois… et je dois avouer que ce n’est pas cool. J’en ai vu certain pleurer de douleur en se prenant des balles dans le bide… Mec je te promets ce n’est pas jouissif comme on pouvait le penser… j’en ai vomi tout hier soir… Sans compter la balle que je me suis pris dans le sabot. La douleur est indescriptible…
Je dois finir ma lettre maintenant alors je te dis juste que… mon pote, t’as de la chance de pas être venu. Je t’en veux plus pour ton absence crois moi. Tu me manque réellement mais je survivrai pour te revoir.
Ton meilleur, Truesteal.
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Le silence régnant dans la pièce fut interrompu par une larme tombant sur le papier de la lettre dans un petits Pop…
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xD oui j'aurais quelques petits eclaircissement a faire durant les prochains chapitre xD
Et pour les fautes je vais voir ce que je peux faire ^^
Merci beaucoup, content que tu suive la fiction ^^
Après, je me pose quand même quelques questions concernant son coté obscur :
Premièrement, est-ce normal qu'il ai basculé à ce point ? Je veux dire, depuis ma plus tendre enfance, on s'est toujours moqué de moi (et de beaucoup de mes amis, pour les mêmes raisons), simplement parce que je m'élevai, intellectuellement parlant, (en toute modesterie bien sûr) au-dessus de ceux que j'appellerai "la plèbe", qui sont malheureusement majoritaire et qui profitent donc de l'effet de masse pour tenter de s'élever en rabaissant les autres, mais de là à utiliser mon couteau pour taillader les gens... Je rappelle tout de même qu'il vit dans un monde de petits poneys multicolores : notre monde, lui, est beaucoup plus cruel, et tend donc plus les gens à la violence (violence, qui a été un remède anti-crétins très efficace dans mon cas, lorsqu'ils dépassaient les limites. Mais ça ne dépassait jamais la raclée monumentale, rien de bien méchant) Alors je conçois bien que son cas soit pire, et que la mort des parents n'y est pas pour rien, mais quand même...
Cela nous mène à la deuxième grande question : comment se fait-il qu'il ai été accepté dans la garde royale, et surtout, qu'il s'en soit tiré ainsi ? Je m'explique : je ne suis peut-être pas un professionnel de la psychologie, mais je ne pense pas que le Midsheid que l'on connaît ait le profil d'un ancien sociopathe hématophile et martyrisé par ses camarades.
J'espère que les prochains chapitres éclaireront ma lanterne !
J'ai aussi put lire quelques coquilles, mais j'étais alors dans l'impossibilité de les relever, et je n'ai pas le temps de relire une deuxième fois (déjà que ce commentaire m'aura pris pas loin d'une demi-heure !). Il me semble à un moment que, lors du petit moment de charcutage, il y a écrit "tendu" au lieu de "tendons". Après, tu me diras, c'est peut-être moi qui devient psychorigide, j'ai tendance ces derniers temps à trouver des erreurs partout, même dans les "grands" textes.
EDIT : Bah tiens, en parlant de faute, en voilà une qui tombe à pic : le nom donnÉ au Beretta.