Chapitre 4

Retourner à Canterlot fut une partie de plaisir par rapport à ce qui suivit mon arrivée. À peine entré à l'intérieur, je distinguai une drôle de forme orange sur le côté droit de mon champ de vision. Il me fallut près de cinq secondes, ce qui faisait quatre secondes de trop, pour comprendre que c'était un sabot sur le point d'entrer en collision avec moi.

Le coup fut brutal et douloureux. Le pire est que la même masse orange qui, de mon point de vue, était dénuée d'une forme propre, me cloua au sol et me frappa au museau à plusieurs reprises. Cependant, contrairement à la créature hostile qui était perchée au dessus de moi, j'avais une corne.

Un éclair de magie plus tard, et je me relevai et tentai de reprendre mes esprits. Je pus distinguer nettement l'entité qui m'avait attaqué. Il s'agissait d'un poney, une jument pour être précis. Elle avait une crinière blonde et un pelage orange. Sa Cutie Mark représentait trois pomme. Je vit aussi un chapeau qui gisait près de la jument. Je n'eus pas le temps de m'attarder sur le chapeau car la terrestre se relevait à son tour et me chargeait.

Il était surprenant qu'elle ait réussi à se relever si vite, il y avait de quoi empêcher Formicus de jurer pendant au moins une semaine ! Mais le fait qu'elle m'attaque de nouveau me prouva que ce n'était pas une illusion. Je me préparais à attaquer de nouveau mais une voix fit cesser le combat.

"Applejack ! Arrête !"

La voix était celle de la princesse Sparkle. Par chance, la dénommée Applejack obéit mais pris soin de m'écraser la queue, m'empêchant toute fuite.

"C't'un changelin Twilight !"

Je manquai de me facehoofer. Je pense que la princesse était plus qu'au courant que j'étais un changelin à ce moment là. Avant qu'elle ne put répondre, j'expliquai la situation :

"En effet je suis un changelin. On m'a envoyé en tant que diplomate à Canterlot il y a moins de quelques heures !"

Applejack m'observa pendant un court moment qui me parut durer une éternité, puis leva son sabot de ma queue et s'excusa. J'étais surpris qu'elle ne m'ait pas demandé de preuves ou quelque-chose dans ce genre. La princesse Sparkle m'expliqua qu'elle était "l'Élément de l'Honnêteté". Il faudra que je me renseigne la-dessus. Par chance, Canterlot possédait une collection d'ouvrage assez vaste, bien que ce n'était rien comparé à la bibliothèque de la royauté changeline. Malheureusement, je n'eus pas le temps de consulter lesdits ouvrages car la princesse de l'amitié me demanda ainsi qu'à la jument orange de la suivre.

Sur notre chemin, Mutandis nous rejoignit à son tour. Nous arrivâmes dans une salle ou quatre juments nous attendaient.

La première jument portait une robe des plus étranges à mon sens. Il ne s'agissait pas d'une robe toute simple et monochrome comme en porte souvent les juments changelins, mais une robe composée de deux couleurs : blanc et violet. En fait, la robe en elle-même était simplement blanche, mais on lui avait ajouté des rubans violet. La jument était blanche avec le crin... Violet... Je crus commencer à comprendre comment fonctionnait l'utilisation des vêtements chez les poneys et me promis d'écrire une lettre à mon grand-père à ce sujet.

La seconde jument était cyan avec une crinière au couleurs de l'arc-en-ciel et une Cutie Mark représentant un nuage et un éclair, lui aussi aux couleurs de l'arc-en-ciel.

La troisième jument semblait vouloir se cacher de je-ne-sais-quoi. Elle était jaune et avait une crinière rose, et son flanc ornait trois papillons. Intérieurement, je priais pour que ce détail passe inaperçu au yeux de Mutandis.

Et la dernière apparut brusquement derrière moi sans crier gare, prouvant que les lois de la physique connues était erronées. Elle était tout simplement rose avec trois ballons pour Cutie Mark.

La princesse Sparkle prit soin de nous présenter les quatre jument. Soit, dans l'ordre, Rarity, Rainbow Dash, Fluttershy et Pinkie Pie.

Je me présentai donc :

"Bonjour, je suis Evolioz et voici Mutandis" dis-je en pointant mon sabot vers mon frère. Celui-ci dit simplement "Salut !"

La jument blanche, c'est-à-dire Rarity, l'examina quelques secondes avant de dire :

"Sans vouloir paraître vexante, comment avez-vous fait pour vous salir autant ?"

Je regardai mon propre corps. J'étais couvert de poussière, qui provenait sûrement de la maison abandonnée où Tiamat et moi avions discuté. Cependant, je lui répondis par un vague haussement d'épaules.

Fluttershy voulu dire quelque-chose, mais elle fut interrompue par un changelin extrêmement énervé. Pas la peine de vous le faire deviner, Formicus était de retour.

"Ah ! Enfin je vous trouve !" hurla-t-il à la princesse Sparkle en lui envoyant un coup de canne sur la tête. "Deux heures que je cherche Evolioz et Mutandis ! Vous auriez dû me prévenir qu'ils étaient ici !"

Il donna un autre coup de canne, que la princesse tenta de bloquer avec sa magie. Mauvaise idée. Il aurait continué de hurler si je ne l'avais pas interrompu :

"Formicus, tu vas bien ?"

Il s'arrêta, comprenant le message que je cachais par cette banale question, et se contenta de hocher la tête. Il ne s'excusa même pas auprès de la princesse et nous fit signe de le suivre. Pour une première impression, il avait très probablement marqué les esprits des Éléments d'Harmonie.

Une fois arrivés à notre chambre, j'avançai vers les tonneaux qui avaient été embarqués sur le dirigeable et ouvris son couvercle, qui révéla une matière verte. Je fit briller ma corne. Aussitôt, je sentis un flot d'émotions me traverser. Principalement de la joie et de la peur. J'aurais préféré autre choses, mais bon, on fait avec ce qu'on peut.

Mutandis et Formicus firent de même et, peu après, ce dernier avala deux pilules bleues. Ces pilules étaient des médicament pour son cœur. Étant donné qu'il faisait partie des plus ancien changelin, il souffrait d'insuffisance cardiaque. Ce genre de choses étaient généralement mortelles pour un changelin, mais il affirmait qu'il en faudrait bien plus pour en finir avec lui.

Formicus quitta la chambre. Il préférait vivre de nuit. Mutandis et moi parlions de nos premières impressions sur Canterlot. Mutandis semblait se plaire ici. Je lui dis que Tiamat était venu avec nous, mais me gardai de lui parler des statues. Mutandis connaissait Tiamat lui aussi, bien qu'ils ne se soient rencontrés que deux fois. Une fois, lorsqu'il me racontait l'une de ces légendes que seul lui se rappelait, et l'autre, hé bien, c'était le jour où moi-même avait rencontré Tiamat pour la première fois.

C'était en hiver, bien que je ne me rappelle plus de la date exacte. J'avais à peine 8 ans, et j'avais au cou une écharpe verte. A cette époque, la Ruche avait beaucoup d'ennemis. L'un de ces ennemis avait justement envoyé un assassin chargé de tuer l'intégralité de la famille royale. Seul moi, Mutandis et mon grand-père y avions survécus.

Je jouais à l'extérieur pendant que Formicus surveillait de près Mutandis, qui n'avait que deux ans. L'assassin s'était dirigé vers moi alors que je m'étais écarté de Formicus. Il avait couru vers moi, dague au sabot, mais s'était interrompu dans sa course. Je m’étais retourné pour fuir, mais avait fait face à un immense serpent. L'assassin avait tenté de fuir, mais Tiamat l'avait transformé en une vulgaire statue avant qu'il n'ai put briser le contact visuel entre eux deux. De loin, Formicus et Mutandis avaient assisté à toute la scène. Bizarrement, mon frère se souvenait encore de ce jour.

Mais revenons à nos moutons. Je dévoilai mon achat à la boutique de farces et attrapes à Mutandis : il s'agissait de poil à gratter. Je lui demandai s'il se souvenait de la "blague" qu'on avait toujours voulu faire à notre grand-père. Il hocha la tête.

"Bon, voilà l'idée, on fait la même mais à Celestia."

Il hocha de nouveau la tête, tout en souriant. Je savais qu'un diplomate était supposé éviter ce genre de blague, mais ça ne tuerait personne. L'idée était la suivante : il fallait mettre le poil à gratter sur le trône avant que la Cour du Jour ne commence et faire en sorte que Celestia ne le remarque pas, puis trouver une cachette où nous pourrions assister à la scène. Avec un sort que je maîtrisais relativement bien, j'augmenterais la "puissance" du poil à gratter. Par manque de chance, j'avais oublié que Formicus avait laissé la porte entrouverte et je n'avais remarqué que trop tard que la princesse Luna nous écoutait. Je lâchai un mot que je n'aurais probablement jamais prononcé à la Ruche :

"Merde..."

La princesse avait tout entendu, j'en étais certain. Mais ce qu'elle dit avait eut raison de ma compréhension des poneys :

"Si vous prévoyez de jouer un tour à ma sœur, dites-moi où et quand, que je vois comment les changelins font leur blagues" dit-elle en nous lançant un clin d'œil.

Soit la princesse était folle, soit je ne comprenais vraiment rien aux poneys. Ou alors c’était un peu des deux...