2: La tempête

C’était une nuit sombre, le vent soufflait et la foudre s'abattait dans un grand fracas.

Au Sugarcube Corner, une petite pouliche tremblante cherchait furtivement le chemin de la chambre de sa mère à travers la maison.

Elle glapit soudain d’effroi quand elle entendit une voix familière l’appeler. “Et où est-ce que tu vas au juste?”

Pumpkin Cake rit nerveusement. “Euh… nulle part, Tatie Pinkie.”

Pinkie Pie dit d’un ton réprimant, “Tu n’essayerais pas de te faufiler dans la chambre de tes parents, n’est-ce pas?” Pumpkin laissa échapper un petit soupir. Pinkie se frappa le visage.

“Ils ne t’avaient pas dit qu’ils ne voulaient plus être réveillés à cause de ta peur des orages?”

“Si, je sais! Mais… mais… j’ai peur.”

Pinkie se leva et commença à marcher. “Ta mère t’a dit qu’elle ne voulait plus que tu dormes dans leur lit.”

Pumpkin luttait difficilement contre ses pensées. Elle ne voulait pas retourner dans sa chambre. Elle était trop effrayée pour dormir seule. Bien sûr, elle partageait une chambre avec son frère, mais il était tellement ennuyeux. Il était toujours en train de la taquiner et la faisait pratiquement le prier de pouvoir dormir dans son lit pour qu’elle n’ait plus si peur. Ce fut pourquoi elle avait cessé de le réveiller et commencé à aller dans la chambre de ses parents lorsqu’il y avait un orage.

Elle cessa brutalement de lutter quand elle remarqua qu’ils allaient monter les escaliers, ce qui ne pouvait que signifier qu’ils n’iraient pas dans sa chambre.

Pinkie ouvrit la porte de sa propre chambre, en saisissant une couverture de laquelle elle les entoura alors qu’elle s’asseyait dans un rocking-chair. “Ta mère a dit qu’elle ne voulait pas que tu dormes dans sa chambre, mais elle n’a rien dit sur le fait de dormir dans MA chambre, si?”

Pumpkin commença immédiatement à pleurer, en l’enlaçant étroitement. “M-merci, Tatie Pinkie! Je t’aime!”

“Chut, chut, chut”, dit Pinkie, tout en caressant le dos de la pouliche. “C’est bon, Pumpkin.”

Lorsque la pouliche s’installa, il y eut un énorme grondement de tonnerre, et une fois de plus, elle commença à paniquer, tremblant alors qu’elle s’agrippait fermement à sa tante préférée.

“Pumpkin, pourquoi es-tu si effrayée par les éclairs? Ils sont très amusants!”

“A-a-amusant?” interrogea la pouliche incrédule.

“Oui! Tout dépend de la façon dont on pense à certaines choses.” Elle tira Pumpkin en arrière, celle-ci luttant une seconde contre sa poigne de fer, et la tourna vers la fenêtre. “Quand j’étais aussi jeune que toi, je craignais tout un tas de choses. J’avais peur de l’obscurité, et de la nuit.”

Pumpkin regarda Pinkie, le choc se lisant sur son visage. “Tu avais peur de quelque chose aussi? Je ne pensais pas que tu avais peur de quoi que ce soit.”

“Ma Grammy Pie est la seule qui m’a appris à faire face à mes peurs. Il faut juste trouver le côté amusant de nos craintes. Si on peut faire ça elles perdent tout leur pouvoir. Maintenant qu’est-ce qui t’effraies à propos des orages?”

Pumpkin baissa les yeux, frissonnant un petit peu encore une fois. “Je ne sais pas… J’entends tout le temps pleins de bruits bizarres à cause de la pluie qui frappe la maison, et puis la foudre fait un petit peu de lumière qui illumine la salle pendant une seconde, et je crois voir des monstres. Et d’un coup, BOUM!” Elle se mit à trembler plus fort, des larmes coulant de ses yeux. “A chaque fois que j’entends ça je ne peux pas m’en empêcher. Ça me fait tellement peur. C’est comme si quelque chose attaquait la maison.”

“C’est tout?” questionna Pinkie. “Laisse moi te dire ce que je pense. Essaye de changer ta façon de voir ces vieilles peurs stupides pour les transformer en quelque chose de drôle. Pour moi la pluie est comme une magnifique musique. Imagine toi jouer d’un instrument créé à partir de la pluie.”

Pumpkin rit malgré elle. Elle pensait à un violon qui, à chaque fois que l’on frottait les cordes, produisait de la pluie au lieu d’une série de sons.

“C’est pareil pour le tonnerre, imagine être près de la plus grande partie de bowling du monde entier.”

“Du bowling?”interrogea Pumpkin, confuse.

“Oui. Imagine juste le plus grand bowling du monde. Le poney qui joue est le meilleur du monde, et il fait toujours des strike. Il est tellement confiant qu’il demande à d’autres poneys de faire clignoter une lumière afin qu’il jette la boule à l'aveugle, et de faire tomber de la pluie afin de rendre la piste glissante. Il lance la boule… elle se dirige à gauche, puis à droite, sur le point d’aller dans la gouttière.”

Un éclair illumina la pièce, et Pinkie devina qu’il n’était pas loin. “Et puis…” Au moment pile où l’éclair ré-éclaira la pièce, elle cria “Strike!”

Encore une fois, même si Pumpkin avait encore peur, ça la fit rire autant que ça lui fit peur.

“Tu vois, Pumpkin? Si tu peux trouver quelque chose qui te fait rire et t’esclaffer dans tout ce que tu crains, tu lui enlèves presque toute sa puissance. C’est là que ça devient marrant. C’est ce que ma grand-mère m’a appris.”

Pumpkin ferma les yeux, s’appuyant contre Pinkie. C’était vrai. Elle n’avait plus aussi peur qu’avant tandis qu’elles continuaient de se balancer. Son coeur ne martelait plus aussi fort dans sa poitrine. La ridicule image d’une pluie jouant en chœur sur une piste de bowling géante était assez drôle.

Elle entendit soudain Pinkie dire, “Voilà la foudre. Tu sais ce qui vient après!”

Pumpkin fut secouée d’un frisson, l’anticipation montant en elle. Mais quand la foudre s’écrasa à proximité, elle cria: “Un autre strike!” Elle fut surprise par le peu de frayeur que ce son inspira en elle cette fois.

“Voilà. Tu l’as maintenant.”

Pumpkin commença à somnoler, le son de la pluie la détendant maintenant.

“Allez, Pumpkin. C’est l’heure de retourner se coucher.”

“Oh, je suis obligée? Je ne peux pas juste dormir avec toi?”

“Non, Pumpkin.” dit-elle gentiment. “Comme je te l’ai dit avant, ta mère ne t’a pas dit que tu n’avais pas le droit de dormir avec moi, mais si elle le découvre elle pourrait bien le dire. Donc nous devons garder les nuits où tu dormiras avec moi pour des moments où tu ne pourras pas te relaxer, d’accord?”

Pumpkin soupira. “D’accord, Tatie Pinkie. J’espère juste ne pas devoir compter sur ce vieux Pound stupide!” Elle frappa des sabots, soufflant. “A chaque fois que je lui demande de dormir avec lui, il me fait toujours passer un moment difficile!”

Pinkie sourit. “Est-ce que je peux te dire un secret?”

La mauvaise humeur de Pumpkin s’envola alors qu’elle levait les yeux avec intérêt. Elle adorait les secrets… à condition qu’elle ne les révèlent pas par accident. “Bien sûr!” dit-elle dans un murmure excité.

“Ton frère a tout aussi peur des orages que toi.”

“Non c’est faux. Il dort pendant la plupart du temps. Quand je le réveille, il se moque de moi et me traite de bébé.”

Pinkie rit. “Oh, Pumpkin. Tu ne comprends juste pas encore les garçons. Ils ont beaucoup de fierté et ont du mal à montrer leurs sentiments. Ton frère est un plus gros dormeur que toi, c’est pour ça que des fois il peut dormir même quand il y a une tempête, mais ce n’est pas toujours le cas. Pendant une nuit où tu es allée dormir avec tes parents, il est venu dormir avec moi.”

“C’est vrai?”

“Oui.”

“Pourquoi il n’est pas juste venu dormir avec nos parents aussi?”

“A cause de sa fierté, idiote. Tu dois écouter. Il se moque de toi parce que tu as peur des tempêtes, alors comment pourrait-il simplement se lever et dire qu’il avait peur de la tempête aussi? Et tu sais ce qu’il m’a dit alors?”

“Non… Qu’est-ce qu’il a dit?”

“Il m’a dit ‘Je déteste être tout seul pendant les orages, alors je suis quand même un peu content quand Pumpkin veut dormir avec moi. Si elle n’était pas partie dormir avec nos parents j’aurais voulu la protéger. Je n’aime pas la voir bouleversée, je fais semblant de ne pas avoir peur pour qu’elle se sente en sécurité.’ “

Pumpkin pencha la tête, regardant Pinkie d’un air perplexe. “Il n’a pas dit ça!”

“Pinkie Promesse.” dit-elle, joignant le geste à la parole. “Vous êtes tous les deux frères et sœurs, et vous avez besoin l’un de l’autre. Tu as peur, et il a peur, alors quand vous êtes ensembles vous vous sentez assez forts pour résister à la tempête… littéralement.” Elle laissa échapper un rire. “Mais il est trop fier pour partir de la chambre et dire qu’il a peur. Et ainsi, il est bouleversé quand tu l’es aussi, donc il met sa peur de côté afin que tu te sentes en sécurité avec lui. Il fait vraiment attention à toi. Il est juste bon pour le cacher.”

Elle se leva, déposant Pumpkin au sol. “Maintenant vas-y. C’est l’heure de retourner se coucher.” Elle embrassa Pumpkin sur le front. “Bonne nuit.”

Pumpkin lui fit un câlin. “Bonne nuit, Tatie Pinkie.”

Pumpkin quitta la chambre, méditant sur ce qu’elle venait d’entendre. Pinkie ne saurait lui mentir, surtout si elle avait fait la Pinkie Promesse. Elle savait que Pinkie prenait ça très au sérieux. Elle n’arrivait juste pas à voir son stupide frère de cette façon.

Comme elle approchait de leur chambre, elle entendit la voix arrogante de son frère. “Salut, bébé. Tu es encore partie te cacher?”

Pumpkin fronça les sourcils, se sentant agacée.

Elle entendit de nouveau sa voix, qui ne sonnait plus aussi brave. “Pumpkin?” Et puis quelques secondes plus tard, encore “Pumpkin?” Il y eut un éclair, et la voix de Pound sortit comme un cri étranglé quand il prononça son nom une fois de plus, comme le tonnerre s’écrasait presque juste à côté de la maison.

Un rapide frissonnement de terreur commença à sortir de son cœur, mais quand elle chuchota automatiquement “Un autre strike”, sa peur disparut rapidement, un sourire se formant sur son visage. Entendre sa frayeur et son alarme après toutes les fois où il s’était moqué d’elle lui procura une intense satisfaction.

Son sourire disparut quand elle entendit Pound pleurer de terreur, et les larmes lui vinrent aux yeux quand elle repensa à ce que Pinkie lui avait dit. Il avait toujours eu aussi peur qu’elle, mais il l’avait caché pour elle. Maintenant la situation était renversée. Il avait peur et était seul, et elle voulait être là pour lui maintenant. Après tout, c’était son frère.

Elle ouvrit la porte entièrement. “Pound! Tu es réveillé?”

Elle l’entendit refouler ses larmes. “Où étais-tu partie?”

Pumpkin pouvait clairement entendre le soulagement dans sa voix. Elle ne se sentit pas l’envie de se moquer de lui. Elle décida de lui laisser intacte sa fierté de garçon tandis qu’elle prenait une voix effrayée. “Maman m’a mise dehors. J’ai trop peur de dormir toute seule. Est-ce que je peux rester avec toi, s’il-te-plaît?”

Il poussa un soupir exagéré. “Bon, d’accord. Je pense. Si il le faut.”

Elle souleva les couvertures du lit de son frère. “Si tu me tiens bien serrée je n’aurais pas peur.”

Sa réponse d’habitude arrogante ne fit pas aussi bon effet quand il dit “Ce sont des choses que je dois faire pour ma sœur.” Il plaça ses sabots autour d’elle.

Elle mit aussi ses sabots autour de lui, le serrant de toutes ses forces, afin qu’il n’ait pas peur non plus. Elle pouvait le sentir s’agiter dans ses sabots. Il avait probablement tremblé comme ça toutes les autres fois mais elle ne l’avait jamais remarqué auparavant parce qu’elle-même tremblait comme ça.

“Merci, Pound. Tu es un frère génial. Je t’aime.”

Il hésita avant de répondre. “Je t’aime aussi. M-maintenant dormons.”

Elle lui sourit chaleureusement, quoique invisible. Il avait rapidement récupéré son attitude prétentieuse. Mais maintenant, elle savait pourquoi il avait agi comme ça, donc ça n’avait plus aucune importance pour elle.

Il l’avait protégée quand elle avait peur, et maintenant c’était à son tour de le protéger. Elle n’aimait pas le voir bouleversé aussi, peu importe combien il l’agaçait.

La pouliche à moitié endormie garda une prise sur son frère, et sa corne commença à briller d’une lumière bleue à son insu, une petite bulle bleue les entourant, assourdissant les sons de la tempête.

Pound se sentait perplexe face au calme soudain, et ouvrit les yeux pour découvrir la barrière autour d’eux. Il sourit à sa sœur, lui étant reconnaissant d’être avec lui ce soir. Il ferma à nouveau les yeux, et se blottit encore plus près d’elle, et sourit tandis que tous les deux plongeaient dans un sommeil profond.