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Pony War Chronicles

Une fiction écrite par ironponymaiden.

Chapitre I : Dans l'Ombre d'un Monde en Paix

Le clapotis de l’eau. Le bruit des sabots sur la pierre. La faible lueur phosphorescente provenant de la corne de la jument qui le précédait. Hormis cela, rien. Le silence et l’obscurité régnaient en maître dans les souterrains. Il n’y avait personne. L’étalon en était surpris, d’ailleurs. Après que le moyen pour entrer et sortir qu’avaient utilisé les Night-Ops pour prendre les défenses de la capitale à revers eu été connu, on aurait pu penser que les égouts auraient été mieux gardés. Mais apparemment, il restait trop peu de soldats en ville pour surveiller chaque centimètre carré souterrains. Et puis, après tout, la rébellion avait été vaincue.

Le sous-sol de Canterlot n’était totalement pas sans surveillance, loin de là. Mais face à la réduction soudaine des effectifs, il avait fallu étudier minutieusement le moindre plan du sous-Canterlot pour affecter des gardes aux endroits-clés. Les passages vers l’extérieur, les chemins secrets menant aux endroits perdus du château. Ils estimaient que personne ne serait assez fou pour entrer dans le donjon de Canterlot, là où se trouvait une des plus grandes concentrations de gardes, de soldats et surtout, où aimaient passer leur temps les tortionnaires Licornes du Soleil. Bref, ce n’était pas l’endroit le plus indiqué pour une opération terroriste quelconque.

Et c’est pourtant là que se trouvait l’ancien capitaine Big Macintosh, l’étalon musculeux de la famille Apple et ex-soldat de l’armée républicaine, et Fleur-de-Lys, bourgeoise de Canterlot, aussi connue chez les Partisans sous le nom de code "Whisper", l’informateur qui leur avait permis de passer aussi proche de la victoire.

La licorne menait la marche, faisant flotter un des plans du réseau souterrain devant elle et se servant du halo lumineux magique pour éclairer sa route. L’étalon, lui, la suivait, surveillant les alentours avec deux de ses sens en plus de son instinct, son pistolet à portée de sabot de façon à être dégainé rapidement. Mais si on pouvait éviter le conflit armé, c’était beaucoup mieux.

-C’est ici, dit la licorne en montrant une ouverture dans le mur.

Derrière se trouvait un passage sombre, délaissant la pierre des égouts pour passer à de la terre et des racines, ainsi que quelques toiles de bêtes à huit pattes.

-C’te ville est un vrai gruyère, commenta le capitaine.

-Les licornes qui l’ont construite étaient assez paranoïaques. Toute la ville est truffée de passages secrets menant à divers endroits. Certains donnent même sur la falaise, et les fuyards devaient se munir de matériel d’escalade pour s’échapper d’une éventuelle conquête de la ville.

-Et l’intérêt d’en mettre dans l’donjon ?

-Un itinéraire de fuite de plus, répondit Fleur-de-Lys. Ou alors, cela permettait, en cas de prise du château et que ses occupants étaient enfermés dans les cachots, aux partisans de venir les libérer.

-C’qui nous arrange.

-Vu que c’est exactement ce que nous allons faire.

Big Macintosh jeta un coup d’œil au trou noir.

-Et y’en a qui s’en sont servi ?

-Non. Les premiers à utiliser ces tunnels, c’étaient ceux qui se sont infiltrés pour prendre les défenses à revers il y a une semaine.

-Donc ça a servi à rien.

-En quelque sorte.

-Les licornes sont barges. Sans offense.

-Bah, dit-elle, après tout, je suis une renégate qui risque sa vie pour aider un camp qui a tué son grand amour. Alors oui, je suis "barge".

Un air attristé passa sur le visage de Fleur-de-Lys, qu’elle réprima immédiatement, et elle pénétra dans le tunnel. Big Macintosh la regarda passer, sa corne brillante portant un plan devant elle, et lui emboîta le pas quand elle fut passée. Ils marchèrent ainsi pendant quelques minutes, à travers les couloirs sombres du passage secret menant aux geôles du donjon.

L’ancien soldat suivait la lumière diffuse de la corne de la jument, essayant de ne pas poser son regard sur la croupe de son alliée, plus par respect que par pudeur. Une pensée fugace pour Cherilee lui traversa l’esprit. Aux dernières nouvelles, l’enseignante était partie à Manehattan lors de l’exode des survivants de Ponyville, et ils avaient rompu le contact lorsqu’Applejack avait décidé de faire de la ferme un centre de soin et un refuge.

Qu’avait-elle fait lors du soulèvement de Manehattan ?

Ça faisait tellement longtemps depuis cette fameuse journée de Hearth and Hooves Day. La guerre n’avait pas fait de bien aux couples à travers le pays. Son regard se posa sur la nuque de la licorne en face de lui. Une vague de respect pour la force de cette jument l’envahi.

Elle avait passé les deux jours après sa découverte à prendre soin de lui et lutter contre la fièvre qu’il avait contractée à se promener blessé dans les égouts. Mais ses soins couplés à sa magie, ainsi que la robustesse naturelle du fermier lui avait permis d’être en état de se lever après seulement deux journées.

Le troisième jour, sa bienfaitrice s’était absentée, et Big Macintosh avait décidé de mener l’enquête. Bien que la licorne se fût occupée de lui à priori sans le dénoncer, il se devait de rester méfiant. Il était en plein milieu de Canterlot, en pleine chasse aux survivants, Luna avait apparemment rendu les armes, et il était désarmé dans la maison d’une licorne inconnue qui s’était présentée sous le nom de l’informateur de Stalker, et rien de plus.

La maison était belle, spacieuse, appartenant à la haute bourgeoisie, voire à la noblesse de la ville. Des riches, et cela se voyait dans la décoration, assez chargée. L’étalon avait été placé dans une chambre d’ami, et s’était déplacé dans l’habitation sans rencontrer personne. Pas de serviteurs. Pas de majordome. La maîtresse de maison souhaitait rester seule.

Donc, pas de risque qu’une femme de ménage ne le dénonce.

En fouillant, il avait fini par trouver la chambre de son hôte. La première chose qu’il avait notée, ce fut le lit à deux places, dont les deux côtés étaient froissés. Ils dormaient à deux ici.

Amant en perspective.

Big Macintosh avait continué à fouiller, notant le plus de détails possible. L’étalon parlait peu, et son air blasé donnait souvent l’impression qu’il ne se souciait pas du monde, ce qui était en parti vrai. Mais lorsqu’il fallait faire travailler ses méninges, il surprenait pas mal de monde.

On ne sortait pas avec une institutrice pendant des années sans avoir des séquelles.

Il était tombé sur une armoire fermée à clé. En forçant un peu, il avait brisé le verrou. Après tout, si c’était une alliée, il pourrait s’excuser, sinon...

On n’avait pas à s’excuser à un ennemi.

L’armoire était remplie de divers objets. La première chose qui sauta aux yeux de Big Macintosh, ce fut la casquette de Licorne du Soleil qui était posée devant ses yeux, à côté d’un insigne symbolisant une corne sur fond de soleil stylisé.

Très gros ennuis en perspective.

Mais il y avait d’autres choses : des documents, des plans, des notes, des images de divers poneys à l’air important, cerclés et avec leurs noms notés, un carnet avec un code à l’intérieur, et la clé du code sur une feuille de papier à l’intérieur.

Etrange. Une licorne du Soleil surveillant ses propres congénères ?

Elle s'était présentée sous le nom de "Whisper".

Si la licorne était bien ce qu’elle prétendait être, alors elle pouvait se faire passer pour un membre des Licornes pour accéder à des informations classées. Voire, c’était peut-être une fanatique repentie.

Puis il vit au sol une pile de magazines en papier glacé, bien rangé. Il en prit un, et regarda la couverture, montrant une superbe licorne blanche longiligne, posant avec divers habits. Il prit un autre magazine, montrant la même licorne.

Des magazines de mode qui dataient de vingt ans plus tôt. Et tous possédaient cette fameuse licorne, ressemblant à celle qui l’hébergeait avec vingt ans de moins.

-J’étais belle à l’époque, n’est-ce pas ?

Big Macintosh avait levé les yeux sans montrer de surprise. Il était resté assez longtemps plongé dans cette armoire, et il fallait se douter qu’il allait fouiner. Aucun des deux n’était surpris du comportement de l’autre.

-'l’êtes toujours, miss.

-Flatteur.

Big Macintosh avait tourné sa tête vers les magazines répandus à terre. Une ancienne top-model qui aidait les rebelles. Il avait pris l’insigne des Licornes, et l’avait jeté à la jument qui l’avait attrapé au vol.

-'M’expliquez ça ? avait demandé l’étalon.

-Je l’ai récupéré. On ne me pose pas de question avec, c’est plutôt pratique

-Z’êtes donc bien Whisper.

-Contente que vous en soyez convaincu.

Big Macintosh avait acquiescé, puis avait planté son regard dans celui de la licorne.

-Qu’est-c’que vous aviez à gagner dans c’t’histoire ? Pourquoi vous continuez à m’aider alors qu’on a perdu la guerre ?

-Jetez un œil sur le Canterlot Match qui se trouve sur l’autre pile.

Big Macintosh avait tourné sa tête vers la seconde pile de magazine, et avait pris le premier, arborant le logo du célèbre magazine people de la capitale. Puis au gros titre.

La coqueluche épouse le supermodel. Il avait regardé la photo.

Et n’avait pu empêcher ses yeux de s’ouvrir bien ronds.

-Vous êtes...

-Oui.

Ses yeux s’était levés vers la jument, qui s’était assise et avait arboré un air légèrement attristé. Big Macintosh avait posé le journal à terre.

-Désolé.

-Il n’y a pas de mal. Vous aviez raison d’être méfiant. Après tout, Stalker avait tout fait pour cacher qui j’étais.

-J'avais pas tilté.

La licorne avait souri gentiment.

-Ne soyez pas désolé, capitaine. Même moi, j’en ai eu marre du monde du show-business après notre mariage.

Elle s’était levée, et avait pris quelques magazines, dont elle avait lu rapidement le titre avant de les jeter à terre.

-Ils ne nous donnaient pas un an avant de nous séparer. Imaginez, la top-model Fleur-de-Lys avec la coqueluche de Canterlot, Fancy Pants. Pour eux, c’était la jeune crétine qui se mariait pour l’argent, et le riche qui ajoutait une jolie pouliche à ses trophées.

Elle avait souri, et avait secoué la tête.

-Ils ont commencé à se poser des questions au bout de cinq ans. Je m’étais retirée du mannequinat et nous vivions heureux.

Son sourire c’était évanoui à ce moment.

-Puis il y a eu la guerre, la guérilla des rebelles, les débuts des Licornes du Soleil avec Sparkle et Heartless, la chasse aux sorcières organisées par Celestia, la Guerre des Souris...

Son regard s’était perdu dans les souvenirs.

-Fancy ne voulait pas rester les pattes croisées. La plupart de la bourgeoisie s’était rangée du côté de l'Empire, plus pour des raisons de commodité que par conviction, mais mon mari ne parvenait pas à supporter ce que notre Princesse était devenue. Et il ne pouvait pas non plus rester sans rien faire, ce n’était pas dans sa nature. Il avait commencé à évoquer ses idées contre Celestia un peu trop fort lors de nos assemblées avec les autres poneys de la noblesse de Canterlot.

Elle s’était interrompue, et avait levé les yeux vers Big Macintosh.

-Oh ! Je suis désolée, je vous parle de tout ça mais...

-Pas d'problème. Continuez.

Fleur-de-Lys avait noté l’air concentré de l’étalon. Il ne perdait rien de cette discussion. Son sourire en coin était réapparu.

-Bien. Luna et les autres commandants rebelles avaient entendu parler de lui, notamment par Lady Rarity. Une personne charmante, par ailleurs, et une grande amie de Fancy. Elle leur demandait de l’aider, car il risquait gros en continuant ainsi. Ils ont donc envoyé leur expert de l'époque en la matière.

-Shadow Stalker.

-Oui. Il est entré en contact avec Fancy, pour lui demander de rejoindre la guérilla. Mais mon mari lui a répondu qu’il ne pouvait combattre qu’avec ses mots, et qu’en dehors de Canterlot, il serait inutile.

-Mais il écrivait les textes de Blueblood, non ?

-Oui, avait acquiescé la licorne. Lors de leur entrevue, Fancy et Stalker ont eu une idée. Pour le moment, lutter contre les idées de Celestia comportait trop de risques, et la guérilla était souvent prise au dépourvu. Alors ils ont décidé d’un plan très simple : Fancy Pants devait atteindre des hautes responsabilités chez les impériaux, et devenir un agent double.

Elle avait semblé se remémorer de bons souvenirs.

-L’idée avait beaucoup plu à Fancy. Il avait toujours été très bon dans les relations sociales, et a rapidement inversé les idées sur lui. D’un contestataire trop bruyant, il est devenu un des partisans les plus fervents de Celestia, et son aptitude aux discours lui avait valu de concevoir ceux de la Bouche de la Princesse, Blueblood. Mais dans le même temps, il récupérait, au fil des discussions ou pour des raisons qui semblaient toujours bonnes, des informations capitales sur les installations impériales, et a permis aux rebelles de rester insaisissables et meurtriers.

Son sourire s’était perdu.

-Mais son autre activité, sa couverture, le faisait énormément souffrir. Par ses mots, c’était par centaines que les nouvelles recrues affluaient dans les rangs de l’armée solaire, des purges étaient organisées par des fanatiques pour expulser les hérétiques de leurs villes… Il pensait faire plus de mal en maintenant sa couverture que de bien en aidant Luna. D’autant plus que les Partisans utilisaient souvent ses informations pour détruire les installations de l'Empire, et de nombreux poneys perdaient la vie.

Elle avait soupiré.

-Un jour, il a commis une erreur. Un de ses messages a été lu par les Licornes avant réception par les rebelles. Celui qui donnait l’endroit où se trouvaient les Partisans à l’époque.

Elle avait fait une pause, son regard perdu dans le vague.

-L’armée a envoyé ses pégases pour bombarder l’endroit. Ça a été un désastre, et les blessés ont décidé de se réfugier au seul endroit sûr auquel ils avaient pensé pour se remettre.

-Sweet Apple Acre.

-Exactement. Fancy était grillé, mais comme le grand public ignorait sa double face, les Licornes planchaient sur un moyen de le capturer sans attirer l’attention. Pendant ce temps, Heartless marchait vers le refuge.

Big Mac resta silencieux, évitant de se remémorer cet épisode de sa vie.

-Mais Heartless a été vaincue, et cet évènement a chamboulé les plans des Licornes à l’encontre de Fancy. D’autant plus que dès qu’elle fut rendue publique, l’attaque provoqua un émoi dans la population qui se mit à se détourner de la lumière de Celestia.

Elle avait pris une grande inspiration.

-Il fallait frapper un grand coup. Faire un coup d’éclat, pour montrer que les lunaires n’hésiteraient pas à lutter contre l’Empire et ses méthodes imponettes. Un assassinat en plein Canterlot fut organisé, pour tuer l’un des moteurs du règne de Celestia : La Bouche de la Princesse, Blueblood.

Elle avait secoué la tête, tentant de cacher à l’étalon que ses yeux commençaient à briller à cause des larmes.

-Mais Fancy était perdu. Les rebelles souhaitaient l’évacuer en profitant du chaos provoqué par l’assassinat du Prince. Mais il envoya un message, quelques mots tout simples. "Eliminez-moi".

Une larme était tombée à terre.

-Il pensait qu’il avait trop de sang sur les sabots, qu’il était inutile à la République désormais, et il voulait en finir. Personne ne peut imaginer l’état dans lequel il était à cette époque. Je me sentais si inutile.

Ses jambes avaient tremblé. Big Macintosh n’avait pas osé bouger, ne sachant pas quoi faire pour la réconforter, et se sentant aussi mal qu’elle. Elle avait relevé la tête, les yeux pleins de larmes, tentant de se les essuyer avec ses sabots.

-Il a passé toute la nuit la veille de l’assassinat à s’excuser auprès de moi de me laisser seule. Je ne l’ai jamais aimé aussi fort que cette nuit-là, et le jour d’après, alors qu’il affrontait la mort, presque avec un sourire aux lèvres.

Elle avait reniflé.

-Et puis il y a eu le discours…

Et l’assassinat. Big Macintosh était dans le camp principal rebelle, à l’époque, et il avait vu Stalker partir pour Canterlot. Il était arrivé avec trois jours de retards sur le plan prévu, mais la nouvelle avait déjà fait le tour du pays : un attentat sur la personne du Prince avait été tenté, mais "heureusement", avait échoué. Par contre, un haut dignitaire solaire avait perdu la vie. Fancy Pants.

Big Macintosh avait pris son inspiration. Il n’allait sûrement pas arranger l’état de la ponette, mais tant qu’on était dans les confidences, il devait poser ses questions.

-Comment est née Whisper ?

La licorne avait souri faiblement. Elle s’était levée et avait commencé à se déplacer vers Big Macintosh, ramassant les magazines à terre et rangeant l’armoire.

-Vous savez, avait-elle reprit, j’ai haï Stalker longtemps après ce drame. Il avait lancé Fancy dans cette entreprise, l’avait forcé à faire des choses qui ne correspondaient pas à sa morale, pour finir par le tuer quand il n’en avait plus besoin. Il m’avait privé de mon amour, et j’avais vu mon mari s’enfoncer de plus en plus loin dans les ténèbres pour permettre à cet assassin de perpétrer ses forfaits.

Elle avait fini de mettre en place les piles, et avait tourné son regard vers les documents qui remplissaient l’armoire.

-C’est ce que je pensais à l’époque. Je cherchais un coupable, et je croyais que c’était Stalker.

Elle avait secoué la tête.

-Puis j’ai vu cette jument bleue, une licorne. Elle avait le regard fou, et semblait avoir perdu tout contact avec la réalité. Des gardes l’ont rattrapé, et l’ont emmené, je ne sais pas où. Loin des regards, sûrement. Cette jument, je l’avais vue le matin même. Un attentat visant Celestia avait été tenté, mais avait raté. Et cette licorne faisait partie des gardes du corps Licorne du Soleil de la Princesse.

Elle caressa du sabot l’insigne des monstres créés pour servir la Princesse de l’Empire.

-Et j’ai compris. J’ai compris que ce n’était pas Stalker le fautif. Fancy luttait contre le régime, il l’avait toujours fait. Il combattait l’Empire et les horreurs qui s’y perpétraient. Le Massacre de Ponyville, la Boucherie de Sweet Apple Acre, les Licornes du Soleil. Je ne sais pas pourquoi Celestia est ainsi, mais le pays est devenu un enfer. Un enfer dont Fancy tentait d’éteindre les flammes. Mais il a finit par se brûler.

Elle s’était retournée pour regarder Big Macintosh dans les yeux.

-Alors j’ai décidé d’honorer la mémoire de mon mari. D’accomplir ce qu’il n’avait pu achever, et aider les Partisans à renverser la Princesse Folle. Il y avait encore quelques informations qui pouvaient être utiles, et j’en récoltais d’autres, pour montrer que j’étais valable comme informatrice, et j’ai donné rendez-vous à Stalker pour me mettre à son service. Parmi les informations que je lui avais transmises, il y avait des choses ultraconfidentielles, comme l’emplacement d’armes expérimentales, et il a de suite été convaincu de mon utilité.

Un souffle amusé s’était échappé de ses naseaux.

-En réalité, il a tenté de me dissuader, au début. Mais je ne voulais pas m’écarter, et il n’a pas insisté.

-J’imagine bien, avait dit l’étalon.

-J’ai pris le surnom de Whisper, et j’ai continué.

Elle avait baissé la tête, peinée.

-Dommage que tout cela n’ait servi à rien. Mais ce... psychopathe de Nicholaus a désobéi aux ordres qui lui avaient été donné, et je n’ai rien vu venir.

-On n’peut pas tout prévoir.

Un silence s’était installé entre les deux poneys, Fleur-de-Lys continuant de jouer du bout du sabot avec l’insigne des Licornes. Big Macintosh l’avait noté, et avait demandé :

-Vous êtes une Licorne du Soleil ?

-Hein ? Oh, non. C’est un insigne que j’ai récupéré auprès d’un général, qui était ravi de me l’offrir. Ça me sert pour éviter les questions lorsque je croise des inconnus.

-J’comprends pas un truc. Fancy Pants était une tête de l'Empire. Mais vous ? Comment vous faites ?

La licorne avait doucement tourné la tête vers son lit.

-Une ancienne top-modèle toujours agréable à regarder, veuve éplorée ayant injustement perdu son mari à cause des hérétiques, et ne demandant qu’à être consolée par un brave haut fonctionnaire imbu de sa personne...

Big Macintosh ferma les yeux.

-Vous n’imaginez pas ce que les gens peuvent révéler sur l'oreiller. Quelques questions bien placées au moment où ils sont le plus vulnérable, et j’ai ce que je veux.

Un sourire peiné était apparu sur son visage.

-Se prostituer pour aider quelqu’un qui a tué son mari. Je me demande ce que penserait Fancy devant ça.

-Il s’rait fier.

Big Macintosh regarda Fleur-de-Lys dans les yeux.

-Z'êtes courageuse. Plus que n'importe l'quel d'entre nous. Fancy s'rait fier que vous continuez son combat.

La licorne avait souri.

-Merci.

-Personne a jamais fait l'lien ?

-"Je me suis tapé la veuve de Pants, en profitant du fait qu’elle était sans défense, et je lui ai confié des secrets d’états parce que je la pensais potiche. –Oh ! Vous aussi ? Moi, je lui ai offert des insignes de Licornes du Soleil !".

Fleur-de-Lys avait secoué la tête.

-Ils ont encore assez de jugeote pour ne pas se vanter d’avoir profité de ma "condition". Je suis l’amante de la moitié de la haute de Canterlot, mais chacun croit qu’il est unique.

Un coup d’œil au dehors leur montra que le soleil avait commencé à descendre.

-Il se fait tard. Je suis désolée de vous avoir raconté tout cela. Mais hormis Stalker, qui connait déjà toute l’histoire, je n’ai jamais eu l’occasion de me confier...

L’étalon acquiesça, mais un détail au-dehors le fit douter.

-L'soleil descend ?

-Il fallait bien reprendre le cycle pour permettre aux poneys de dormir. La nuit tombe, mais ce sont des nuits d’encre. Pas d’étoiles, pas de Lune. C’en est... effrayant. Comme si la nuit allait nous dévorer.

-Des nouvelles de Luna ?

-Depuis sa capitulation, rien. Je sais que Nicholaus et Rainbow Dash étaient à sa poursuite, mais ils n’ont pas encore mis le sabot dessus.

Big Macintosh s’était mis à penser.

-Et maintenant ?

-J’ai bien une idée en tête, avait dit la licorne. Depuis des années, tout un groupe de soldats de Luna est enfermé dans le donjon de Canterlot, et aucune tentative pour les libérer n’a réellement été tentée, faute d’occasion. Mais avec la reconstruction et les troupes décimées, nous pourrions tenter quelque chose.

-A deux ?

-Je n’ai personne d’autre sous le sabot.

-De qui s’agit-il ?

-Le lieutenant Rainfall et son unité, qui ont été capturé par Nicholaus il y a quelques temps. Et j’ai appris que Stalker avait été capturé aussi.

Big Macintosh avait tiqué.

-Il n’y a pas d’autres prisonniers de la Bataille ?

Fleur-de-Lys avait secoué la tête tristement.

-Non. Après l’affrontement, ça a été une véritable purge. Hormis Stalker, qui a été identifié par une taupe, personne n’a été jugé suffisamment important pour être laissé en vie.

-Et ma sœur ? Et Rarity ?

-Je ne sais pas.

Le cœur de Big Macintosh se serra. Il espérait qu’Applejack se soit enfuie avec Luna, mais il y avait peu d’espoir. Et Rarity ? Pourquoi n’avait-on pas jugé ces deux ponettes suffisamment importantes pour les faire prisonnières ?

Twilight avait-elle ordonné leur exécution pour éviter d’avoir des ennemies trop puissantes ?

Il chassa ces pensées.

-Donc on avait une taupe.

-Oh oui...

A présent, le quatrième jour, ils étaient dans le noir du passage vers le donjon, pour aller libérer les prisonniers. A deux, c’était une entreprise risquée, mais Fleur-de-Lys avait tout préparé. Big Macintosh la suivait en repensant à toutes les révélations qu’elle lui avait faites. Elle avait sacrifié son corps pour la cause de Luna, et l’étalon avait vu peu de personnes capables d’en faire autant, surtout après avoir vu son amour assassiné pour cette même cause. Fleur-de-Lys était forte. Très forte.

Alors que le trou terreux commençait à laisser place à la pierre et qu’une lumière diffuse apparaissait au fond, signe de leur arrivé à l’endroit le plus dangereux d’Equestria pour les deux poneys, Big Macintosh repensait à l’identité du traître dans leurs rangs. Et il avait encore du mal à y croire.

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Le palais avait été reconstruit assez rapidement, en fin de compte. En tout cas, il n’y avait plus aucune trace de combat alors que Crimson Brush déambulait dans les couloirs. Les poneys voulaient oublier un mauvais souvenir, et s’évertuaient à en cacher les traces.

Mais le sang restera toujours sous la peinture des murs. On pouvait se voiler la face, mais la guerre faisait désormais partie du patrimoine poney. Beaucoup ne le supporterait pas. Crimson, lui adorait cette perspective. Tant qu’il y aurait de la guerre, il aurait une vie qui lui plaisait.

Mais il n’y avait plus de guerre. Plus de bataille. Rien qu’une chasse aux sorcières menée par les Licornes et un jeu de cache-cache entre Nicholaus et Luna. Et le Général Brush, lui, était coincé à Canterlot.

Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour que Luna et ses rebelles reprennent leurs activités. Ou alors, provoquer les Royaumes Zèbres. N’importe quoi qui ne lui donne pas l’impression d’être... inutile.

Parce qu'élaguer l’Etat-Major de ses éléments lourdauds et inactif, ça avait été trop facile. Avec l’appui de Sparkle, en trois jours c’était plié. Mais à quoi bon avoir une chaîne de commandement fonctionnelle si de toute façon il n’y avait plus rien à craindre ?

Dire qu’il y avait quelques années, il avait failli déclencher une guerre avec les Royaumes des rayés en assassinant leur délégation. Mais on avait étouffé l’affaire. Il n’était même pas sûr que le Haut-Roi zèbre soit au courant de pourquoi il n’avait jamais eu de nouvelles de ses diplomates.

Et pourtant. Tellement de rebelles se trouvaient dans les Royaumes. Tous ceux qui avaient fui la guerre, et maintenant, les anciens républicains qui avaient abandonné la lutte. Il y avait une véritable armée là-bas. Peut-être qu’en insistant un peu, il pourrait donner l’idée d’une frappe préventive.

Mais Celestia n’approuverait pas. Elle n’approuverait jamais le déclenchement d’une nouvelle guerre. Et Crimson ne ferait rien contre l’avis de Celestia. L’Empire l’avait sauvé, il obérait à l’Empire.

Par contre, si par hasard une autre nation venait à affronter les poneys, il monterait aux créneaux. Rien à attendre des Changelins, la reine Chrysalis ne daignait même plus poser les yeux sur ce pays en proie à la haine. Les Dragons n’avaient jamais été assez unis pour attaquer un pays. Les Griffons, peut-être. Encore faudrait-il qu’ils se fédèrent un peu. Autant les différents Royaumes Zèbres se rejoignaient sous la bannière du Haut-Roi, autant les Clans Griffons restaient constamment en froid.

Quant aux autres races, ils étaient restés muets pendant des années, voire des siècles pour certains, alors ce n’était pas maintenant qu’ils allaient se réveiller.

L’écho des sabots de Crimson résonnait dans le couloir vide. Les servants étaient désormais assez peu nombreux dans le palais. Notamment à cause des Licornes paranoïaques qui voyaient des assassins partout. Surtout depuis la tentative d’il y avait quelques années, perpétré par un majordome. La Licorne en charge de la protection de la Princesse avait rien foutu, et seule la magie de Celestia l’avait protégé.

D’ailleurs, on n’a jamais revu cette Licorne. Sparkle avait dû se faire plaisir.

Enfin bref, ce couloir était calme.

Crimson arriva devant une grande porte, gardée par deux licornes blanches en armure dorée. Les gardes royaux restaient fidèles à eux-mêmes, avec leur armure archaïque et leurs lances désormais inutiles. Mais c’était trompeur. Lors de la parade, ils avaient des costumes et des armes ridicules, mais en dessous, c’était des tueurs-nés. Mettez-leur un vrai fusil dans les pattes et un gilet pare-balle, et vous avez des élites de gros calibres. Bien différents des clampins de l'époque du Coup d'Etat Changelin.

Les cornes des gardes brillèrent, et les portes s’ouvrirent, montrant la salle du trône. Celestia était là, avec à ses côtés Twilight Sparkle au visage toujours à moitié brûlé. Il semblait à Brush que son œil avait repris des couleurs. En face d’elles se trouvait une licorne, en costume en cuir noir, l’uniforme de base des Cornues du Soleil. L’alicorne et son élève levèrent les yeux vers le général, tandis que la licorne penchait légèrement la tête pour lui jeter un coup d’œil en coin.

-Ah ! Brush, je suis heureuse de vous voir, dit la Princesse.

-Je vous salue, Princesse. Miss Sparkle, dit-il en inclinant la tête vers les deux représentantes du pouvoir.

-Général, vous n’auriez pas vu le Prince Blueblood en arrivant ? demanda la licorne violette. Nous souhaiterions avoir son avis sur la marche à suivre face à la grève des ouvriers du pont Aurum.

-Vous connaissez mon point de vue, fit l’étalon.

-Taper sur les ouvriers qui ont déjà réparé la moitié de la capitale n’est pas une bonne idée, général, commenta la licorne qui ne s’était toujours pas retournée.

Brush observa cette jument, qui ne lui disait absolument rien. Mais si elle était nouvelle, elle allait apprendre à le respecter, Licorne du Soleil ou non.

-Ah, nous ne vous avons toujours pas présenté, il me semble, fit Twilight en affichant un sourire.

Elle désigna successivement les deux poneys en disant :

-Général Brush, je vous présente la Licorne du Soleil Polished Drill. Drill, le général Crimson Brush, responsable de la défense de Canterlot et membre de l’Etat-major de l’Empire Solaire.

-Nous nous sommes déjà croisé, fit la licorne.

-Réellement ? Je ne m’en souviens pas, fit l’étalon.

-Oh, si, il y a une semaine. J'ai manqué de vous exploser avec une roquette.

-Brush, les coupa Twilight, Polished Drill est notre agent infiltré chez les rebelles lunaires.

L’étalon considéra la licorne. Puis un flash de souvenir lui revint. Un flash, c’était le mot. Suivi d’une explosion. Et la licorne avec un lance-missile qui riait aux éclats. Même dans le chaos de la bataille, on pouvait difficilement être passé à côté de cette cinglée. Et elle était là, devant lui, dans un uniforme de la plus haute autorité de l’Empire. Crimson serra la mâchoire.

-C’est donc vous l’informateur le moins efficace d’Equestria ?

Drill perdit son sourire.

-Au cas où vous auriez raté un épisode, j’étais dans le corps d’armée où les fuites sont le moins facile à organiser.

-Qui est ?

-Voyons, même vous, vous avez dû entendre parler des Night-Ops de Luna.

-Oh, vous voulez parler de cette unité qui a détruit toutes nos communications, réduit à néant nos systèmes de détection et permit à Luna et son armée d’avancer et de passer à deux crins de faire tomber Canterlot ?

Crimson fit quelques pas en avant, en toisant la licorne.

-Vous en faisiez partie, dit-il en penchant la tête d’un air interrogateur, et vous n’avez rien fait pour empêcher cela ?

-Ce...

-Vous étiez au meilleur endroit, au meilleur moment, et à aucun moment l’idée de saboter ces sabotages ne vous est venue ?

-Vous...

-Et jamais, vous n’avez eu ne serait-ce que la moindre occasion de nous prévenir pour organiser la défense ?

-Général ! tonna la Princesse.

Brush se tourna vers l’alicorne et Twilight à ses côtés, qui le regardaient d’un air sévère. Drill, à côté, restait très droite, mais Brush voyait bien qu’elle contenait une colère sourde.

-Serait-ce de la suspicion qui transparaît dans vos propos ? continua la Princesse.

-Tout ce que je veux dire, Princesse, c’est que ces derniers mois, nous avons beaucoup perdu, qu’il y a une semaine, nous sommes passé au bord du désastre, et que pendant la Bataille, je la voyais massacrer nos soldats avec un plaisir non dissimulé.

Il se tourna vers la licorne.

-Et à présent que le vent a tourné, la voici, de nouveau prête à nous servir. Avouez que c’est suspect.

-Je n’ai jamais cessé de servir l’Empire, dit l’intéressée.

-J’attends toujours vos rapports sur les activités ennemies, espion, dit le général sur un ton sec.

Crimson se tourna vers les deux présidentes, qui l’observaient d’un air accusateur.

-Vous vouliez me parler de quelque chose, Princesse ?

-Où en êtes-vous dans votre poursuite de ma sœur ? demanda l’alicorne.

-Nicholaus semble avoir retrouvé une piste. Malheureusement, le général Dash a dû être rapatriée. Un petit problème à Sid’Neigh, qui sera rapidement maté avec l’aide des pégases.

-Le Sonic Rainnuke sera utilisé ? demanda la Princesse d’un air inquiet.

-Normalement, ce sera inutile. Il s’agit plus d’intimidation que d’une lutte armée.

Il baissa les yeux et son ton.

-Après tout, la guerre est terminée.

-Bien, fit la Princesse. Il y a autre chose ?

-Rien de bien palpitant. Nos patrouilles ont signalé des mouvements chez les Changelins, mais ils ne semblent pas représenter une menace pour le moment. Par contre, le port du Haras est toujours rempli de poneys voulant aller dans les Royaumes Zèbres. Les vaisseaux à hydrogènes sont toujours complets. Certains tentent même la traversée avec un bateau conventionnel.

-Pourquoi donc continuent-ils à fuir le pays, si la guerre est terminée ? demanda l’alicorne.

-Peur des représailles, sans doute. De nombreux d’entre eux soutenaient la Déchue, voire même faisaient partie de son armée.

La Princesse soupira, et se tourna vers sa protégée.

-Si nous voulons garder quelques habitants dans l’enceinte de l’Empire, peut-être devrions-nous assouplir nos réactions face à ces poneys.

Twilight haussa les épaules.

-Pour ceux qui ne faisaient que soutenir Luna à voix basse, la rédemption peut encore être possible. Par contre, ceux qui ont ouvertement combattu l’Empire doivent être chât...

Les portes s’ouvrirent, pour laisser passer une licorne altière dont le long manteau de cuir tombait à ras du sol. Arrivée devant l’assemblé, la jument salua, et tira un parchemin d’une de ses poches.

-Nous afons du nouveau, fit Wunder Blut avec son accent particulier. Une des caches pozible de Luna.

-Il me semble, fit Drill, que je vous avais indiqué toutes celles que je connaissais.

Pour toute réponse, Blut lui donna le parchemin, que Drill ouvrit avec sa magie. Elle lut les quelques mots, et fit voler le parchemin vers Twilight, qui l’attrapa magiquement.

-Je ne la connaissais pas, celle-là.

-D’après ze que che zais, fit la tortionnaire, elle n’est connue que de deux perzonnes. Le prisonnier, et une de zes aziztantes.

-Windvision ?

-Non, pas elle. Une autre. Il ne m’a pas dit de qui il s’agizait. Chuste qu’ils n’étaient que deux à la connaitre.

Drill réfléchit quelques instants, puis la lumière se fit.

-Ah !

Elle fronça les sourcils.

-Mais s’il s’agit de la personne à laquelle je pense, ça m’étonnerais que le reste des rebelles en ait connaissance.

-Il ne faut négliger aucune piste, dit Twilight en rangeant le parchemin dans son uniforme. Blut, retournez en bas, et continuez de travailler le prisonnier. Finalement, on finit par en tirer quelque chose.

-Crimson Brush, dit la Princesse, nous allons réunir l’Etat-Major cette après-midi. Je voudrais que l’on se penche sur la question des exilés des Royaumes Zèbres. Il faudra reprendre contact avec le Haut-Roi dans les jours à venir.

-Et Drill, termina Twilight, je voudrais vous voir dans ma bibliothèque quand j’aurais fini ici.

Drill ouvrit ses yeux de surprise, puis se reprit. Un mauvais quart d’heure en perspective.

Néanmoins, les trois poneys s’inclinèrent devant les deux représentantes du pouvoir, et sortirent de la salle. Twilight se tourna vers la Princesse.

-Que faisons-nous pour les ouvriers du pont ?

-Je pense, répondit Celestia, que je vais aller leur parler personnellement. Je voudrais voir un peu le peuple. Par contre, si tu en as le temps, essayes de trouver Blueblood. Je le trouve... absent, en ce moment.

-Bien, Princesse.

-Twilight ?

-Oui, Princesse ?

-Il faut mettre un terme aux relents de cette guerre.

---

Le plafond était quelconque. Fait de terre, reste d’un trou fait par la magie, qui s’était détérioré avec les siècles, au-dessus duquel se trouvait des centaines de mètres de roc, de terre et autres joyeusetés solides. Et pourtant, au fil des années, ce plafond avait su se révéler passionnant. Le lieutenant en connaissait les moindres détails. Avoir la couchette du haut aidait.

Un bruit de clé, un grincement de porte et des sabots frappant le sol, accompagnés d’un raclement caractéristique d’un prisonnier qu’on traînait. Rainfall se redressa sur sa couchette, et regarda au-delà des barreaux de sa cellule. Bientôt, deux gardes, au blanc immaculé et à l’armure dorée et étincelantes apparurent, traînant sous leurs ailes un terrestre qui semblait avoir perdu connaissance.

Arrivé en face de la cellule du lieutenant, l’un d’entre eux lâcha le prisonnier, qui tomba à moitié à terre, et sorti sa clé pour ouvrir la geôle en face. Rainfall pu voir le visage de celui qui avait été l’un des premiers Partisans, une ombre mortelle et l'élément le plus discutable de la rébellion, maintenant une carcasse tuméfiée, meurtrie, dont les yeux mi-clos devaient avoir perdu contact avec la réalité.

Voilà ce qu’était devenu Shadow Stalker. Une coquille avec à peine assez de vie à l’intérieur pour respirer.

La porte s’ouvrit enfin, et les deux gardes jetèrent l’infortuné commandant dans sa geôle, puis fermèrent la porte. L’un des gardes lança une gourde à travers les barreaux, et ils partirent sans un mot. Les bruits de pas s’éloignèrent, il y eu un grincement de porte, un cliquetis de verrou, puis ce fut à nouveau le silence.

Une minute passa, Rainfall observait le terrestre de l’autre côté du couloir, qui ne bougeait pas un muscle, affalé par terre. Seule sa poitrine qui se gonflait légèrement attestait de sa survie. Rainfall ne l’avait jamais encore vu dans un état aussi lamentable.

Soudain, le poney bougea une patte avant. Elle se posa au-delà du reste du corps, et les muscles se bandèrent pour traîner la carcasse vers le fond de la cellule. Il souleva sa deuxième patte, mais fut pris d’un tremblement, et la ramena vers son corps. Il continua de ramper avec une patte uniquement, jusqu’à atteindre le fond du cachot. Là, il se mit sur le dos, et poussa avec ses pattes arrières pour se redresser. Adossé contre un mur, c’était la position qui était la moins douloureuse quand on sortait d’un interrogatoire. Il glissa, tomba sur le côté et se rattrapa avec sa patte qu’il avait laissé de côté lorsqu’il s’était traîné. Il étouffa un gémissement de douleur, et se redressa péniblement, puis termina de pousser sur ses pattes pour se mettre en position. Là, il baissa la tête, et se perdit dans son esprit.

Rainfall avait vu suffisamment de poneys sortant des griffes des Licornes pour savoir qu’il serait imperméable à la réalité pendant quelques temps. Vu, et subit. Il y était passé il y avait quelques années, après s’être fait capturé à la suite d’une attaque éclair menée par l'Empire. Ironie du sort, tous ceux qui se trouvaient dans ce couloir, lui, ses soldats et Stalker, ont tous été capturés par la même licorne.

Le regard du lieutenant se posa sur la gourde. Elle était restée là où le garde l’avait jetée, désormais hors de portée du commandant. Rainfall pesta intérieurement. Le poney avait dû être trop secoué pour penser à boire, et désormais, il n’allait pas pouvoir le faire avant de reprendre ses esprits.

La gourde. Un des pires instruments de torture des Licornes, pour la simple et bonne raison que c’est la lueur d’espoir qu’elles donnent aux prisonniers avant de les refaire passer à la moulinette, ou autres instruments, d’ailleurs. Après une séance de travail, les Licornes avaient l’habitude de soigner les blessures les plus graves, pour maintenir le sujet en vie. Refermer les plaies mortelles, replacer grossièrement les articulations, faire une légère ressoudure des os, histoire que le prisonnier soit encore dans un état potable. Par contre, elles n’allaient pas dépenser toute leur énergie pour soigner de vulgaires jouets. Alors il y avait la gourde. De l'eau magiquement traitée, qui permettait une cicatrisation et une guérison globale plus rapide. Généralement, les prisonniers sortant d’une séance se jetaient sur le liquide acide pour se soulager. Sauf quand ils n’étaient pas en état de réfléchir.

Rainfall sentit quelqu’un s’assoir à côté de lui.

-Il a pas l’air en forme.

-Il n’a pas touché à sa gourde.

-Ah. Merde.

Rainfall jeta un coup d’œil à la licorne bleutée qui se trouvait à côté de lui. Il regardait le commandant d’un air peiné.

-Si seulement je pouvais la lui rapprocher…

Le regard du lieutenant se posa sur la base de la corne de son compagnon d’infortune, où se trouvait une bague. Une simple bague, enchantée pour bloquer l’afflux de magie par la corne et donc de couper tous les pouvoirs des licornes. Et impossible à enlever sans magie, histoire de bien marteler l'ironie.

-Il est comme ça depuis quand ? demanda Electro Dawn.

-Il vient d’arriver, t’as pas entendu ?

-Je dormais.

-T’as bien de la chance.

Rainfall avait du mal à dormir depuis quelques jours. Depuis qu’il avait appris que la guerre était terminée, que Luna avait abandonné, et qu’il avait vu Stalker être jeté dans sa cellule après sa première séance de torture. Si le commandant pouvait peut-être encore avoir des informations utiles, les troufions, eux, ne servaient plus à rien.

Ils étaient déjà oubliés ici depuis des années, et les solaires n’allaient pas continuer à nourrir des prisonniers inutiles. Le poteau était pour bientôt, Rainfall le sentait. Il s’écarta des barreaux, et se dirigea vers le fond de la cellule, où se trouvaient encore quelques bouts de pains et un fond de gamelle d’eau. Il lapa une unique fois dans la maigre réserve de liquide, et grignota un bout de croûton, puis se dirigea vers sa couchette.

Il avait à peine grimpé un barreau qu’il entendit le grincement de la porte du couloir.

-...les geôles du fond. Suivez-moi.

Les bruits de pas se rapprochèrent. Un garde se passa, suivit d’une licorne élancée et d’un poney rouge musculeux. Et déjà vu.

-Lieutenant ? demanda Rainfall.

Big Macintosh se tourna vers la geôle, et s’arrêta.

-Oh, le fermier ! T’avances, ouais ? l’invectiva le garde

La Licorne s’interposa.

-Laissez, soldat. Dites-moi, la sécurité me parait faible, ici. Un seul garde, c’est peu.

-De toute façon, madame, personne ne vient ici hormis les Licornes du Soleil et les gardes qui amènent les prisonniers. Et rien ne peut sortir.

-Nous verrons cela, répondit la Licorne.

Et sur ces paroles, elle lança un éclair en plein milieu de la figure du garde, qui s’effondra, inconscient. La jument utilisa sa magie pour prendre le trousseau de clé, et le jeter au poney rouge, qui ouvrit prestement ses menottes. Puis elle se tourna vers les prisonniers, et dit :

-Tout le monde va bien ?

-Autant que peut l’être un poney ayant passé quatre ans en taule. Et vous êtes ? demanda le lieutenant.

-Fleur-de-Lys, se présenta la jument. Ou Whisper.

-Je dois choisir ?

Big Macintosh se releva, et jeta le trousseau à la licorne qui l’attrapa par la magie.

-Rainfall s’est fait capturé avant qu’vous n’apparaissiez. Lieutenant, c’est le successeur de Fancy Pants.

-Ah ! Eh bien, salut, répondit Rainfall.

Fleur-de-Lys fit pénétrer la clé dans le cadenas, et ouvrit la porte aux anciens soldats lunaires.

-Content de vous revoir, lieutenant, fit Rainfall.

-J’suis passé capitaine entre-temps, lieutenant.

-Et je n’ai même pas été invité à l’apéro ?

-J’crois que l’message a été intercepté à l’entrée de Canterlot.

Rainfall sourit, ce qu’il n’avait pas eu l’occasion de faire depuis longtemps. Fleur-de-Lys continua d’ouvrir les cellules, libérant une vingtaine de poneys. Big Macintosh se baissa sur le corps inanimé du garde, et lui prit son fusil, puis tira son pistolet et le lança à Rainfall. Le lieutenant soupesa l’arme dans son sabot, et l’aligna avec son œil.

-Hum… J’sais pas si je saurais encore me servir de cet engin, dit-il.

-De toute façon, répondit Fleur-de-Lys, nous ne devrions pas en avoir besoin.

Rainfall se tourna vers ses soldats. Maintenant qu’ils étaient tous dehors, il se rendait compte.

-Si peu… On était une cinquantaine en arrivant…

-Soyez heureux qu’on soit encore aussi nombreux, lieutenant, dit Electro Dawn. On aurait pu tout aussi bien être tous morts.

La licorne se tourna vers leur libératrice.

-Au fait, vous avez un truc contre...

Il tapota sa corne. Celle de Fleur-de-Lys brilla, et l’anneau antimagie s’ouvrit et tomba à terre, puis elle passa à d’autres licornes parmi les prisonniers. Electro vit une pierre par terre, et tenta de la soulever. Le morceau de roc partit comme une balle vers le plafond, et y éclata.

-Mouais… Va falloir pratiquer tout ça…

-Nous n’avons pas de temps à perdre, la relève arrive dans moins d’un quart d’heure, fit la licorne blanche. Où est Stalker ?

Rainfall désigna la cellule, et Fleur-de-Lys se retourna.

-Oh m...

Elle ouvrit la porte, et pénétra rapidement dans la cellule. A la lumière de sa corne, elle examina le poney. Elle se mis le sabot sur la bouche.

-Par les Déesses...

Le corps de Stalker était constellé de cicatrices, des plus petites marquant toute la surface de ses pattes à l’énorme crevasse qui lui barrait la poitrine, ainsi que les diverses traces sur son visage, creusant des sillons dans sa pilosité faciale qui commençait à croître chaotiquement. Il semblait avoir pris vingt ans, et avait même quelques crins qui avaient blanchis. Mais le pire était son regard, complètement éteint, qui ne semblait pas s’apercevoir de ce qui se passait devant lui en ce moment. La licorne passa un sabot sur son visage.

-Stalker, vous m’entendez ?

Rainfall ramassa la gourde à terre, et la tendis à la licorne.

-Faites-lui boire ça. Il sort d’un interrogatoire, il risque de ne pas répondre avant un bon moment.

-Mais comment est-il arrivé dans cet état en seulement une semaine ?

-De ce que je sais, dit Electro Dawn, il est passé dans les sabots de Blut. Et elle pourrait bien être pire que Sparkle.

La licorne leva la tête vers Rainfall, qui le fixait avec un regard interrogatif.

-J’ai fait une séance avec elle. Et mon copain est sûrement mort à l’heure qu’il est, ajouta-t-il d’un air sombre.

Fleur-de-Lys attrapa la gourde par magie, et mit le goulot entre les lèvres du terrestre, puis commença à verser. Le liquide coula sur le menton du poney, et goutta à terre.

-Stalker, je vous en prie, ce n’est pas le moment de flancher...

---

Je n’ai pas réussi.

Luna, Wind’, les autres… Je n’ai pas réussi.

Je n’ai pas tenu...

Elle m’a brisé.

Le premier jour, j’ai tenu. J’ai hurlé, mais j’ai tenu. J’ai cru que j’y arriverais.

Le deuxième, je m’étais habitué à son traitement. J’ai tenu sans broncher.

Le troisième, elle a augmenté la dose, mais je n’ai pas lâché.

Le quatrième, elle m’a montré que tout ça n’était que l’échauffement.

Je suis désolé. J’ai échoué.

J’ai trahi.

Elle m’a fait trahir.

Wunder Blut m’a fait trahir.

Je vais la tuer.

La tuer.

Je vais la tuer. La tuer. Je vais...

Stalker ouvrit grand les yeux, et toussa, cracha le liquide dont l’acidité lui brûlait le palais. Il s’effondra au sol, cherchant sa respiration entre deux quintes de toux. Sa vision était brouillée, et sa patte avant droite lui faisait mal quand il appuyait dessus. Il reprit son calme, et commença à se redresser. Sa vue commença à se focaliser sur la réalité, tandis que son ouïe lui transmettait ce que disait la forme blanche devant lui :

-…mandant…ez bien ?

Stalker cligna des yeux plusieurs fois, et il finit par reconnaître une forme de poney cornu devant lui.

Cornu ?

Le commandant se jeta sur la forme, et l’attrapa par le cou, puis la plaqua sur le mur, appuya sur sa gorge le plus fort qu’il le pouvait. La jument lui attrapa la patte, tentant de se dégager, mais le commandant tenait bon, tremblant de rage. Puis il sentit une patte sur son épaule. Il tenta de décocher une ruade, mais le poney massif esquiva et lui prit la tête dans ses pattes, pour la coller juste devant ses yeux.

-STALKER ! hurla Big Macintosh.

Le commandant fut surprit de voir l’ancien fermier dans le donjon de Canterlot, puis se tourna vers sa patte, qui tenait toujours la licorne. Il vit le visage suppliant de Fleur-de-Lys, cherchant désespérément de l’air, incapable d’utiliser sa magie, s’agrippant inutilement à son sabot. Réalisant le geste qu’il était en train de commettre, Stalker retira prestement son sabot de la gorge de la jument, et s’écarta. Il vit la vingtaine de poneys qui se trouvaient de l’autre côté des barreaux, les anciens prisonniers qui partageaient cette prison avec lui.

La réalité commença à reprendre ses droits sur son esprit, et il se calma.

-Je… Désolé, fit-il d’une voix mal assurée.

Fleur-de-Lys se massait la gorge, soutenue par Big Macintosh. Rainfall regarda les deux poneys, puis le commandant.

-En même temps, commenta-t-il, lui mettre une licorne sous le museau après une séance de torture, ça manquait légèrement de tact.

Torture. Trahison. Wunder Blut.

Stalker sortit de la cellule, et commença à se diriger vers la sortie de la prison.

-Stalker ! fit Fleur-de-Lys d’une voix raillée.

La jument sortit de la geôle et se dirigea vers le commandant.

-Où allez-vous ? Nous allons vous faire sortir, il faut...

-Non.

La jument prit un air surprit.

-Mais que..

-Non.

Les poneys regardaient l’ancien sniper avec stupeur. Rainfall prit la parole :

-Qu'est-ce que vous avez en tête ?

Stalker regarda le sol, perdu dans son esprit. Puis il releva la tête.

-Fleur, où se trouve l’armurerie du donjon ?

La jument resta un moment interdite, puis souffla. Elle fit léviter son plan du donjon vers le commandant, qui le prit.

-C’est là-dessus. J’arriverais à retrouver notre chemin. Mais la question reste : qu’allez-vous faire ?

Le commandant consulta rapidement le plan, puis fit un nœud dans sa crinière pour y glisser le papier roulé. Puis il resta un moment silencieux, et soupira :

- Je sais pas. Rester. Et vous ?

La jument se tourna vers les autres poneys.

-Fuir Canterlot, et allez vers les Royaumes Zèbres. Là-bas, nous pourrons songer à la suite.

-Vous savez où est Luna ?

-Non.

Fleur-de-Lys laissa passer un court instant, puis ajouta :

-Je préfère considérer qu’elle est hors-jeu.

-Il faudrait qu’on se dépêche avant que l’alerte ne soit donnée, dit Rainfall.

-Allons-y, fit Big Macintosh.

Les poneys trottèrent dans le couloir, jusqu’à une intersection. Big Macintosh pris la route de gauche, suivit par les anciens prisonniers. Stalker, lui, se dirigea vers la droite.

-Bonne chance, Stalker, lui lança Fleur-de-Lys.

Le commandant hocha la tête, et reprit sa route.

Tuer Wunder Blut.

Pour la suite, on avisera. Mais d’abord, je vais buter cette salope.

---

Twilight observait Drill depuis quelques minutes, sans prononcer un mot. L’ancien membre des Night-Ops était assis par terre, l’air plus relâché que dans la salle du trône. Elle soutenait son regard sans faillir. Twilight eu un petit sourire amusé.

-C’est curieux, la plupart des gens que je fais venir ici sont paniqués.

-A quoi bon ? dit l’autre licorne en haussant les épaules. Quoi que t’ai décidé, j’y couperai pas, alors pourquoi paniquer ?

Twilight s’assis devant la ponette, sans la lâcher du regard. Elle retrouvait le franc-parler de la Licorne. Polished Drill avait toujours été un électron libre, mais sa puissance méritait de servir les fidèles de Celestia. Il fallait juste lui laisser suffisamment le champ libre pour qu’elle obéisse sans broncher. Comme par exemple, lui donner carte blanche sur son infiltration, à condition qu’elle envoie des informations importantes régulièrement.

-Je dois dire que t’as meilleure mine que quand on s’est revue, Twilight.

-Merci, répondit l’Héroïne. Le baume que m'a offert la Princesse est très efficace. Mais ce n’est pas pour parler cosmétique que je t’ai fait venir ici. Tu as une idée ?

-Brush t’as convaincue ?

-Disons plutôt que je suis d’accord avec lui. Depuis le soulèvement de Manehattan et ton sabotage de la stupide révolution organisée par Pipsqueak, tu es devenue... discrète. Nous n’avons plus de nouvelle de toi. Et pourtant, tu savais ce qui se tramait. Tu pouvais nous prévenir. Ne viens pas me dire que tu n’as pas eu d’occasion de nous informer.

Twilight tapota du sabot sur le sol.

-Et lorsque nos équipes t’ont retrouvé sous les décombres, bizarrement, tu as reprit ton rôle de Licorne du Soleil, dévoilé ton matricule, et accepté de rentrer dans les rangs. Qu’as-tu à dire à cela ?

Polished Drill sourit, et haussa les épaules.

-Je vais pas te baratiner, Twilight. J’ai pris mon sabot de façon phénoménale chez les rebelles. Les Night-Ops, c’était du pur bonheur. S’infiltrer, tuer, assassiner, détruire et tout faire exploser... Vous manquez d'imagination de votre côté de la barrière. C’était les meilleures années de cette guerre.

Elle avança la tête vers Twilight.

-Pour Manehattan, c’était une de mes premières opérations sous les ordres de Stalker. Approvisionner les rebelles. J’ai juste fait mon boulot à ce moment, prévenir les Cornues pour qu’elles démontent ce travail. Mais après, quand on a commencé à démonter tout votre joli système pièce par pièce... J’vais pas mentir : oui, mon allégeance à basculé. Et si on n’avait pas perdu, et que je m’étais pas coincée comme une conne dans ce tunnel, j’aurais sûrement continué. C’était tellement plus fun. Pas de prise de tête. Les boulots étaient propres, les mecs sympas comme tout, loin de ces foutues Licornes qui me traitaient comme une sous-merde parce que je priais pas Celestia tous les quarts d’heure. J’étais libre. Vraiment libre.

Elle se remit en position, et haussa les épaules.

-Et là, tu vois, après tout ça, j'ai aucun regret. Tu peux t'amuser comme tu veux.

Twilight pencha la tête sur le côté, puis éclata de rire. Drill se mit à pouffer elle aussi.

-Ah, Polished... Elles sont rares, les personnes à avouer une trahison de ce calibre devant moi, ici, et avec le sourire. J'aurais énormément de regret à t'exécuter maintenant.

Twilight reprit son sérieux.

-Tu as quand même clairsemé nos rangs, avec tes petits effets pyrotechniques. Nous manquons de Licornes.

-Heureusement que la guerre est terminée, alors.

Twilight eu un air sombre.

-Ne t’y trompe pas, Drill. La guerre est terminée, mais ses ombres rôdent, et il nous faut les combattre pour ne pas qu’elles nous sautent à la gorge.

Elle sortit le papier que lui avait donné Wunder Blut dans la salle du trône, et le lui donna.

-Luna est toujours là, au-dehors, et je ne pense pas qu’elle ait abandonné la lutte comme elle l’a laissé supposer. On a trouvé trop de traces indiquant qu’elle a encore de nombreux partisans, et qu’ils s’entraînent. Il faut mettre un terme à cette menace.

Drill observa les rayons remplis de livre de la bibliothèque de la Licorne Suprême.

-Donc la numéro deux de l’Empire décide d’envoyer un assassin tuer la sœur de sa souveraine sans la mettre au courant, c’est ça ? Assassin qui est une ancienne de l’armée ennemie, et donc plus à même d’approcher la Princesse de la Nuit.

-L’assassin en question est une Licorne sur laquelle plane encore de nombreux doutes, et qui doit prouver sa loyauté envers sa Princesse, la corrigea l’Héroïne. De plus, cette Licorne a, j’ai entendu dire, reçu un entrainement complet d’assassin, plus que n’importe quelle autre membre de notre ordre.

-Tu me fais assez confiance pour ça ?

-Je t’avouerais que non.

La corne de Twilight brilla intensément, et avant que Drill ne puisse réagir, elle lui frappa le crâne avec son appendice lumineux. Une douleur déchirante explosa dans la tête de Drill, comme si on lui arrachait son cerveau, et elle s’affala à terre en hurlant, une bave mousseuse lui sortant rapidement de la bouche tandis qu’elle se tenait désespérément la tête dans une tentative inutile de calmer la douleur.

La torture dura moins d’une minute, mais chaque seconde aurait pu durer un siècle. Enfin, l’effet se dissipa, et Drill tenta de reprendre son souffle, haletante à terre, les yeux fous.

-Heureusement, j'ai de quoi tenir mes chiens en laisse, fit Twilight.

Une boule translucide flotta à côté de sa tête, montrant le visage de la ponette violette, et une mise en abîme infinie du point de vue de Drill.

-Tout ce que tu vois, je le vois. Tout ce que tu entends, je l’entends. Tout ce que tu ressens, je le sais. Tu es un missile, un projectile, et tu n’as pas intérêt à dévier de la route que mon canon a tracé pour toi.

Drill se releva avec peine, une sale migraine continuant de lanciner son cerveau.

-Alors voici ta mission : va à Las Pegasus, où se trouve une des caches indiquées par Stalker, et si Luna s’y trouve, tue-la. Si elle ne s’y trouve pas, mène l’enquête, et lorsque tu l’auras trouvé, tue-la. Je te laisse carte blanche sur les moyens, mais cette fois, je veux un résultat. Et s’il te prend l’envie de désobéir une fois de plus...

La corne de la licorne brilla, et la douleur explosa de nouveau dans la tête de Drill. Elle hurla, et retomba à terre. L’effet se dissipa immédiatement, mais l’infortunée n’arriva pas à se relever. Twilight lui tourna le dos, et se dirigea vers les portes, qui s’ouvrirent sou l’effet de la magie. Deux gardes entrèrent, et prirent Drill qu’ils portèrent jusqu’au dehors.

Drill aimait être libre, d’ailleurs sa Marque représentait un oiseau hors de sa cage. Mais la cage venait de se refermer.

---

Stalker laissa retomber le corps à terre, la tête tournée dans le mauvais sens. Il s’engagea dans le couloir, et commença à compter les portes. Arrivé devant la cinquième, il frappa et entra. A l’intérieur, il y avait tout un tas d’armes diverses entassées sur des étagères, confisquées aux prisonniers qui étaient passés par le Donjon. Au fond se trouvait un poney en uniforme, avachi sur un coussin, en train de jouer au solitaire. Il releva la tête vers Stalker, et fronça les sourcils.

-Oui ?

-Où sont rangés les pistolets ?

Le gardien pencha la tête, puis montra une étagère. Le local mal éclairé l’empêchait de distinguer les détails du poney qui se trouvait devant lui, mais il lui semblait qu’il n’avait pas d’uniforme. Peut-être une Licorne du Soleil, il n’arrivait pas à voir.

Stalker atteignit l’étagère, et prit un des pistolets qui traînaient, et le silencieux qui se trouvait à côté, puis un des chargeurs et attrapa une balle dans les boites de munitions correspondantes, sous les yeux inquisiteurs du gardien.

-Nouveau ? Je t’ai jamais vu ici.

-Non, fit le terrestre en mettant la balle dans le chargeur.

-Où est ton uniforme ? T’es de quelle unité ? dit le pégase en mettant le sabot sur son arme.

-Mon uniforme est là, dit Stalker en montrant un point derrière le gardien.

Celui-ci se retourna, pour voir un des uniformes rebelles, déchiré et ensanglanté. Il entendit les clics caractéristiques d’une arme qu’on rechargeait, et ferma les yeux.

Il y eut un plop, et le sang mêlé à la cervelle éclaboussa l’uniforme.

Stalker se déplaça parmi les étagères, récupérant des sangles et un holster pour y mettre son arme. Dans un coin reculé, il trouva le local à fusil de précision. Il parcouru les rayons du regard, et trouva un fusil en pièce détaché, dont les formes lui étaient familières. Il prit les pièces, et sans même y penser les enclencha ensemble, avec une dextérité forgée par l’habitude. Bientôt, il eut son arme favorite entre les sabots, son fusil à lunette personnel. Il accrocha la sangle, et se la passa autour du cou.

A présent qu’il était armé, il lui fallait un uniforme. Il fouilla quelques instants, jusqu’à trouver le local pour les équipements impériaux. Il récupéra un des vêtements qui étaient accrochés, et l’ajusta de façon à cacher sa marque et ses cicatrices. Il trouva également des seringues, et en prit une.

La vue du liquide lui fit remonter la bile de l’estomac. C’était une création terrible. Mais nécessaire. Depuis tout à l’heure, il souffrait de tout son corps et boitait, mais il ne devait pas perdre de temps avec ça. Il se planta l’aiguille dans la patte, et injecta le Booster. Immédiatement, la douleur disparue.

Le terrestre ressortit de l’armurerie, vérifiant que le couloir était désert. Le corps du garde était toujours là où il l’avait laissé. Autant ne pas y toucher. Ça ferait une diversion si quelqu'un le trouvait. Fleur-de-Lys en aurait besoin.

Stalker, lui se débrouillerait. Pour le moment, il avait une autre idée en tête. Une obsession, même. Il sortit le plan de la poche de l’uniforme où il l’avait placé, et mémorisa son itinéraire. L’étage au-dessus. Le poney traversa le couloir, toujours sans rencontrer personne. Le personnel avait été mis à mal ces derniers temps, et le donjon était déserté. Il atteignit un escalier, et commença à monter, prudemment, son pistolet au sabot. Arrivé à l’étage au-dessus, il pénétra dans le couloir, et resta immobile un court instant.

L’étage des salles de tortures. Une sourde rage lui monta dans les entrailles. Au loin, il vit deux gardes devant une porte close, la seule. Il ne devait pas y avoir grand-monde soumis aux séances de questionnement en ce moment. Stalker marcha d’un pas assuré vers les gardes, qui le regardèrent mais ne bronchèrent pas.

Arrivé à quelques mètres, il sortit son arme et tira deux coups. Les deux gardes s’effondrèrent sans un bruit.

Stalker s’arrêta devant la porte. Il vérifia qu’il n’y avait plus personne dans le couloir, et entra.

La salle était plongée dans l’obscurité. Stalker entendit un gémissement venant de plus loin dans la pièce, et alluma la lumière.

Il resta interdit plusieurs secondes.

Sur le chevalet se trouvait Rarity. Son pelage blanc était couvert de sang, sa corne avait été brisée, ses yeux étaient bandés, et au-dessous d’elle se trouvait une immense flaque rouge. Certaines plaies étaient encore ouvertes, et des gouttes de liquide pourpre continuaient d’alimenter la flaque, qui se déversait par un système d’évacuation. La respiration de la licorne était irrégulière, et elle gémissait, tournant la tête comme pour éviter la lumière. Stalker s’approcha doucement, et il perçut des fragments de phrases chuchotées par la ponette incapable d’émettre un son plus fort.

-...ssez-moi... rrêtez... Tuez-moi...

Stalker s’arrêta d’avancer. La jument continuait :

-Tuez-moi... Pitié, arrêtez ça...

-Miss Rarity ?

La ponette se figea. Puis elle se mit à sangloter.

-Pitié... Pitié, non...

Le sniper s’approcha pour se placer à côté de la ponette. Avait-elle ressentit son souffle ou l’avait-elle entendu, elle tourna la tête vers lui :

-Arrêtez ça... Pitié, laissez-moi mourir...

-Pitoyable, n’est-ze pas ?

Stalker se crispa en entendant la voix venant de la porte. Il tourna la tête vers Wunder Blut, au milieu des deux cadavres des gardes. Elle baissa les yeux vers eux, et secoua la tête.

-Ah, Shadow stalker, moi qui penzais pouvoir vous arracher quelques autres informazions zet après-midi, fous me dézevez… Comment vous êtes-vous échappé ?

A l’évocation du nom du sniper, Rarity tourna sa tête, et dit de sa faible voix :

-Stalker ?

Le poney visait Blut avec son arme, mais il voyait très bien les reflets bleutés du bouclier de la Licorne. Il ne pouvait rien faire. Il tourna la tête vers Rarity.

-Terrible, n’est-ze pas ? dit la tortionnaire. Zparkle n’est pas tendre avec les traîtres, particulièrement avec zes amies qui l’ont dézu...

Rarity continuait de lutter.

-Stalker...

Le poney mit le sabot sur le bandeau qui couvrait les yeux de la fashionista, et lui enleva délicatement. Le spectacle était pénible à voir. Les yeux de la belle étaient voilés, le gauche était même injecté de sang, barré par diverses cicatrices. Elle regardait vers le terrestre, les yeux pleins de larmes.

-Je...

Elle ne continua pas sa phrase, cherchant sa respiration. Le commandant se tourna vers Wunder Blut :

-C’est Sparkle qui a fait ça ?

-Pas directement, non. Mais elle a donné des ordres explizites.

-Elle n’est même pas capable de faire ses saloperies toute seule ?

-Miz Zparkle est très occupée.

Wunder Blut affichait toujours son air supérieur, comme si cette discussion était tout à fait normale. Stalker était même sûr qu’elle n’avait pas appelé de renfort lorsqu’elle avait vu les cadavres.

-Pourquoi ? demanda le terrestre. Pourquoi on lui fait ça ?

-Je vais être honnête afec vous : pour rien. Juzte une punizion, pour ne pas avoir zuivi la voie de la Lumière et être reztée dans l’Ombre. Une zouffrance qui ne ze terminera que lorsque Zparkle l’aura décidé.

Elle eut un sourire suffisant.

-Ze qui ne zemble pas encore lui avoir traversé l’ezprit.

Stalker regarda Rarity. Souffrir pour rien ? C’était ça, l’avenir de celle qui avait été incapable de faire le moindre mal à qui que ce soit pendant treize ans de guerre ?

La licorne le regarda dans les yeux, et souffla une phrase inaudible. Stalker baissa les yeux.

-Et zi vous chetiez votre chouet, Shadow ? continua Wunder Blut. Fous ne poufez rien contre moi, et nous zavons tous les deux que za ne peut ze finir que d’une fazon : vous zur ma table, et moi vous arrachant enkore et toujours des informazions. Ch’ai hâte de zavoir zi vous avez préparé quelque chose avec les exilés des Royaumes Zèbres.

-Vous avez raison. Je ne peux rien contre vous.

Stalker posa son sabot sur le front de Rarity, et la regarda dans les yeux, que la Lady ferma.

Tuez-moi.

L’étalon pressa la détente, et la balle traversa la tête de l’Héroïne de la Générosité, lui éclatant le crâne et la tuant sur le coup. Wunder Blut hurla :

-Non ! Fous ne poufez pas…

La corne de la Licorne du Soleil brilla, chargeant un projectile magique, mais ce faisant, elle coupa son bouclier. Stalker pointa son arme vers sa tortionnaire, ouvrit le feu. La balle atteignit Blut en plein milieu du front, mais Stalker tira un autre coup. Puis un autre. Puis encore un autre. Il vida le chargeur dans le crâne de celle qui lui avait fait trahir tout ce en quoi il croyait, avant que le corps ne s’effondre, quasiment privé de son chef. Stalker resta un moment la patte tendue, l’arme dans son sabot avec la culasse vers l’arrière. D’un geste, il fit tomber le chargeur, et mit une nouvelle fournée de munition dans l’engin de mort.

Il se tourna vers le corps de Rarity, immobile et sans vie. Il lui ferma les yeux et la bouche, lui donnant l’air de dormir, et la détacha du chevalet. Il la posa à terre, et lui donna une position plus austère. Puis il chercha dans les placards, et en tira un bidon d’essence, servant à brûler des parties du corps des sujets. Il en aspergea toute la salle, et le corps de l’Héroïne, puis sortit. Il alluma un briquet qu’il avait trouvé dans sa fouille.

-Adieu, Rarity.

Il lança le briquet, et la salle prit feu. Il ferma la porte, enjamba les cadavres qui étaient devant la porte, et remonta.

Sparkle a donné l’ordre de la torturer sans raison.

Il est temps que quelqu'un arrête cette cinglée.

---

-Twilight, est-ce que ça va ? demanda Celestia.

-Je...

Prise d’une impulsion, Twilight fit briller sa corne. Un claquement retentit, et elle se retrouva en face de la geôle de Rarity. Devant se trouvait trois cadavres, dont celui de Wunder Blut, d’après les insignes. Et une fumée se dégageait de la porte close, ainsi qu’une chaleur étouffante. La licorne posa la patte sur la poignée, mais pensa au choc que provoquerait l’appel d’air.

De toute façon, elle n’avait pas besoin d’ouvrir pour savoir ce qu’il s’était passé.

Les Eléments d’Harmonie avaient perdu l’un des leurs.

Twilight s’assit devant la porte et pleura.

---

Dans son baraquement, Rainbow Dash hurlait sa peine dans son coussin. Lorsqu’elle ne pleurait pas, elle envoyait des objets voler à travers sa chambre, puis se recouvrait la bouche pour atténuer ses cris.

Qui ? Comment ? Pourquoi ? Qui avait bien pu faire un truc pareil ? Elle voulait voir Rarity, se convaincre qu’elle était toujours en vie. Mais elle ne savait pas où elle était passée depuis la Bataille. Etait-elle avec Luna ? Etait-ce un des renégats qui l’avait tué ?

Elle se remit le coussin sur la tête et hurla.

---

Applejack s’appuya sur un mur. Elle avait ressenti un vide immense dans sa poitrine. Des larmes coulaient sur ses joues, sans qu’elle sache pourquoi. Ou plutôt si. Il lui manquait quelque chose. Quelque chose qu’elle avait perdu à jamais. Elle avait encore perdu un membre de sa famille.

Swift Quill s’approcha d’elle, mais Applejack s’écarta, et sortit de son champ de vision. Le poney haussa les épaules, pointa son revolver sur la tempe du soldat attaché à ses sabot, et tira.

---

Fluttershy pleurait, encore et encore, au fond de la forêt qui lui servait de refuge. Quelques petits animaux s’approchèrent, hésitants, mais l’envie de consoler cette créature qu’ils comprenaient fut plus forte. Malheureusement, rien ne pouvait atténuer la peine qui assaillait la pégase. Elle avait perdu Pinkie. Désormais, elle avait perdu quelqu’un d’autre. L’image de Rarity s’imposait dans son esprit.

Ce monde ne cesserait-il jamais de la tourmenter ?

Il fallait qu’elle trouve quelqu’un. Twilight. Elle savait toujours quoi faire. Elle habitait à Canterlot en ce moment. Elle devait la retrouver. Mais avant, elle devait pleurer toute les larmes de son corps.

---

Pinkie redressa Mister Eggskull à table. Elle souriait, aidait ses nouveaux amis à préparer la superbe fête qu’elle avait prévue. John Knife l’attendait plus loin. La banderole était prête à être déployée.

Elle souriait, préparait la fête. Et les larmes coulaient sans s’arrêter sur ses joues, suivant les sillons creusés par treize ans de peine.

---

Rainfall sortit par la bouche d’égout, et la lumière lui agressa ses yeux habitués à l’obscurité des geôles. Néanmoins, il réussit à se hisser hors du trou, et rejoignit Big Macintosh qui l’attendait plus loin. Les autres anciens prisonniers sortirent, et Fleur-de-Lys passa la dernière, et utilisa sa magie pour refermer la bouche.

-Et maintenant ? demanda Rainfall. C’est quoi le plan ?

-Je vous héberge quelques jours, répondit Fleur-de-Lys. Mon manoir est déserté, personne ne se posera de question. Il faut que vous soyez en forme pour passer les contrôles à la sortie.

Rainfall regarda autour de lui.

-J’aurais cru la ville plus mal en point après la bataille.

-Les travaux ont été rapide, dit Big Macintosh. Ils voulaient effacer les traces au plus vite.

-L’Empire est bâti comme ça, continua Fleur-de-Lys. Toujours sembler fort, même si cette force est illusoire et bâtie sur des cadavres.

-Sauf votre respect, on fera de la philosophie plus tard, mademoiselle, dit Electro Dawn. J’ai l’estomac dans les ergots.

-Alors suivez-moi, fit la licorne blanche, un léger sourire aux lèvres.

Ça allait faire de l’animation à la maison.

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ironponymaiden
ironponymaiden : #40186
fredericdu237527 : Spoilers, mec. Mets des accolades.
Modifié · Il y a 2 ans · Répondre
fredericdu2375
fredericdu2375 : #40185
big mac et sa survie fleur de lys et son histoire drill alors c'était elle la traitre stalker et les évadée la vengeance de stalker la mort de rarity bon ok d'accord ca mort est juste bien horrible mais bon je n'est jamais été fan mais pas de chance sur les 3 que j'aime bien 2 sont dans l'empire twillight qui pleure sur la mort de rarity qu'ele conne ok elle voulait lui ouvrir les yeux ben ca a tres bien marché
Modifié · Il y a 2 ans · Répondre
fredericdu2375
fredericdu2375 : #40182
rarity est morte pas grave je l'aimais pas lol
Il y a 2 ans · Répondre
Gab
Gab : #27048
"Tout ce que tu vois, je le vois. Tout ce que tu entends, je l’entends. Tout ce que tu ressens, je le sais. Tu es un missile, un projectile, et tu n’as pas intérêt à dévier de la route que mon canon a tracé pour toi." Une sacré réplique digne d'un régime totalitaire. Vivement la suite !
Il y a 2 ans · Répondre

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