Debout sur une colline, Shadow Stalker scrutait le ciel rouge. Il était dans cette position depuis plus d'une heure, et si elle ne savait qu'il attendait le retour de l'équipe de pégase lunaire nouvellement formée, Windvision aurait commencé à s'inquiéter. La patience de l'étalon arrivait encore à l'impressionner, malgré les années passées. Elle avait fini par s'y faire, à force de l'accompagner, de rester couchée à un endroit pendant des heures à observer une cible pour l'aider, mais là où lui restait sans bouger un muscle, l’œil vissé sur sa lunette, elle avait toujours besoin de remuer quelque chose, de s'étirer au bout d'un moment, voire de se lever et marcher un peu. Et de lui jeter des regards du coin de l’œil.
Elle n'avait jamais bien compris pourquoi, mais elle aimait le voir dans ces moments de concentration, souvent juste avant d'ouvrir le feu. Étrangement, l'immobilité du soldat avait quelque chose de... d'attirant. A moins que ce soit le brin de paille, qu'il mâchait doucement, signe que rien ne venait troubler son esprit. Ou le fait de le voir dans cet uniforme sombre qui soulignait le rouge carmin de sa robe. Ou juste les souvenirs qu'elle avait de leur première rencontre.
Dix ans qu'il l'avait sauvé, elle, alors ponette en pleine adolescence, d'un raid des rebelles contre son village. La bourgade avait été réquisitionnée pour que des officiers de l'Empire dorment dans de vrais lits, étant donné qu'un campement d'impériaux s'était établit juste à côté. Les partisans lunaires, alors au début de la Guerre des Souris, avaient décidé de sauter sur l'occasion et tuer les gradés rassemblés. Malheureusement, l'opération d'assassinat tourna au combat, et malgré l'envie des deux camps d'éviter les dégâts collatéraux, rien ne put empêcher les habitants de paniquer. Ce fut un bazar monstre, les deux camps tentant d'aligner l'autre sans pour autant toucher les civils qui fuyaient, on-ne-savait-où.
La jeune ponette s'était retrouvée au milieu de tout ça, seule, cherchant ses parents, sa sœur, tentant désespérément de ne pas se prendre une balle perdue. Puis elle s'était retrouvée en face d'un canon. En la voyant débouler si soudainement, le soldat avait paniqué et s'apprêtait à tirer. Mais avant que la jeunette ne comprenne ce qui se passe, il y eut une détonation, et Windvision avait vu un trou sanglant apparaître au milieu du front de l'impérial. Il s'était alors effondré, révélant un poney rouge sombre qui se tenait derrière, un pistolet au sabot.
Une première vision assez horrible, quand elle y repensait. Paralysée par la terreur que lui inspiraient l'étalon et le cadavre à ses sabots, l'adolescente n'avait pas bougé, alors le soldat l'avait prise par la patte, et balancée derrière un tas de caisses de déménagement qui traînaient non loin. Puis il avait disparu.
Elle était restée là deux heures, à trembler, pleurer, chuchotant le nom de ses parents, priant elle ne savait quel dieu de les protéger. Deux heures à entendre les bruits des combats, les claquements des fusils, les hurlements des blessés, les râles des mourants. Deux heures les yeux fermés, à tenter de se boucher les oreilles.
Puis ça c'était calmé. Il n'y eut plus de bruits. Juste quelques ordres donnés ici et là, et quelques coups de feu isolés. Mais elle était restée immobile, silencieuse, terrifiée.
Soudain, elle avait entendu quelqu'un s'approcher. Elle s'était recroquevillée, espérant que l'davintrus ne la trouverait pas. Perdu, l'autre était revenu :
-Sors de là. C'est fini.
Définitivement, les souvenirs des premières paroles échangées n'avaient pas non plus été à son avantage.
Windvision avait ouvert les yeux, pour découvrir à nouveau le tueur qu'elle avait croisé plus tôt. Celui-ci avait sortit un brin de paille d'un étui qu'il portait, et se mit à le mastiquer en vérifiant qu'elle n'était pas blessée. Puis il avait hoché de la tête, et était parti.
Dans les minutes qui suivirent, elle avait marché dans les rues de son petit village, qui avait totalement changé de visage. Des impacts de balles ornaient tous les murs, des traces de sang formaient des étoiles macabres, et sur le sol se trouvaient un nombre impressionnant de corps.
Les cadavres. C'était la première fois que Windvision en voyait. Son estomac s'était comprimé, et elle avait vomi.
Sa vue avait toujours été ce qu'elle avait de plus cher. Elle possédait un don, une vue qui rivalisait avec celle des faucons et des aigles, qui lui permettait de saisir avec fore de détail quelque chose, une scène, qui se trouvait parfois à plus d'un kilomètre d'elle. Même si un trop plein d'informations avait tendance à lui faire tourner la tête, elle était fière de son talent, et de sa Marque, un œil du faucon mythique d'un pays lointain, Horus.
Mais ce jour-là, elle aurait préféré être aveugle.
Chancelante, elle s'était traînée jusqu'à chez elle. Mais il n'y avait plus personne. Pas de cadavres, non, juste plus personne.
Elle avait cherché pendant des heures, fouillant toute la ville, se forçant à regarder les corps en redoutant d'y voir les visages des membres de sa famille. Pendant ce temps-là, les lunaires restant traînaient les cadavres pour les ranger autre part qu'au milieu de la rue. Ils les identifiaient, arrachaient les plaques quelque soit leur camp, faisaient de petites prières et s'éloignaient. Plus tard, Windvision apprendrait qu'ils se débrouillaient pour que les familles des impériaux tombés reçoivent les médailles.
Au bout d'un temps trop long, elle n'avait toujours pas retrouvé ses parents, ni sa sœur. Elle était allée jusqu'à se risquer à demander aux vainqueurs. Ceux-ci, la mine sombre, lui avaient avoué ne pas savoir. Puis ils commencèrent les préparatifs de départ pour s'en aller avant une réplique de l'Empire.
Elle s'était allongée au milieu de la route, pleurant toutes les larmes de son corps. Sa famille avait disparue. Ils étaient morts, ou l'avaient abandonnée, ou cru morte. Elle était seule, dans un village dévasté. Elle avait pleuré pendant près d'une demi-heure après le départ des « souris » lunaires, lorsqu'elle s'aperçut d'une présence près d'elle.
C'était ce maudit poney rouge. Elle s'aperçut qu'il l'avait regardé en restant là, brin de paille à la bouche, pendant qu'elle pleurnichait sur son sort. Le premier détail qui l'avait frappé, à le voir autrement que dans la fureur du combat, était son jeune âge. Il devait à peine être plus vieux qu'elle, peut-être la vingtaine ou plus. Le deuxième détail fut ses yeux. Ils l'analysaient plus qu'ils ne la regardaient, et pendant un court moment, elle avait craint qu'il ne l'abatte, vu que sa Marque semblait le désigner comme un tireur de naissance. Mais il se focalisait surtout sur sa croupe, et le dessin qui y était inscrit. Il l'avait désigné, en demandant :
-C'est quoi, ton talent ?
Windvision avait hésité un instant, et avait répondu :
-C'est... Voir...
-Voir ?
-Je vois tout. Très loin. Avec beaucoup de détails...
Elle n'était pas arrivée à faire une meilleure description de son don, dans cette situation. L'autre avait hoché la tête :
-Tu arrives à lire sur le mur, là-bas ?
Windvision avait tourné sa tête vers le lieu indiqué. À une centaine de mètres se trouvait une boutique avec des inscriptions sur la vitrine.
-Non, avait-il fait en suivant son regard. Plus au fond.
Windvision s'était concentrée, et peu de temps après elle voyait ce qu'il désignait. Au-delà du village, à plus d'un kilomètre, se trouvait une ferme. D'ici, elle paraissait minuscule. Soudain, la lumière s'était faite dans son esprit. L'autre la testait. Pourquoi, elle n'en savait rien, mais au moins ça lui donnait autre chose à penser, un défi à relever :
-« Que demain soit fait du même grain que le jour de la félicité »
L'autre avait empoigné son fusil, mit l'œil à la lunette et regardé en direction de la ferme. Puis il avait baissé son arme, satisfait.
-J'ai cru comprendre que tu savais pas où aller...
Windvision avait fait « non » de la tête. Elle était trop jeune, ses parents avaient disparus, et tout le monde au village était plus préoccupé par ses propres problèmes que par les incidents de logement de la ponette. L'inconnu avait continué :
-J'aurais besoin d'un talent comme ça. Ça t'intéresserais de devenir mon assistante ?
La bouche de la jument s'était entrouverte devant le culot de la proposition. Les lunaires venaient dans son village, mettaient le bordel, tuaient des gens, lui avait assassiné froidement un soldat devant ses yeux, et maintenant qu'elle n'avait plus personne, il lui proposait de devenir une traîtresse ? Ou pire, une bonniche au service d'un traître ? Ou... ça voulait dire quoi, exactement, « assistante » ? Elle posa la question :
-Des fois j'ai besoin d'un observateur, répondit l'autre, et je pense que tes yeux seraient plus efficaces que des jumelles ou une lunette. Faudra juste me suivre, être discrète, et me dire ce que tu vois.
-Je devrais tuer des gens ?
-Ça, c'est mon boulot.
-Mais je les verrai mourir.
-Oui.
La pouliche avait hésité. Elle avait le sentiment d'avoir vu suffisamment de cadavres aujourd'hui pour le restant de ses jours. Mais d'un autre côté, avec cette rébellion qui prenait forme, ce n'était pas dit qu'elle n'allait pas en revoir un jour au l'autre. Voire s'engager dans l'armée impériale. Et peut-être être tuée par ce même étalon. Ce qui serait d'une triste ironie.
-Je devrais taper les rapports et faire le café ?
L'autre avait eut un sourire en coin, et avait haussé les épaules :
-On est pas vraiment une armée formelle. Je fais mes rapports directement à la Princesse.
La mâchoire de Windvision tomba une nouvelle fois. Il parlait directement à une alicorne ? A l'ancienne princesse Luna ?
-Et pour l'autre truc, reprit-il, tu sais faire un bon café ?
-Je... Je me débrouille.
-Tant mieux, celui de Flesh est dégueulasse. Et je parle même pas du mien.
La ponette n'avait pas pu s'empêcher de pouffer. Il semblait si... normal, si on passait outre qu'il venait sûrement de tuer tout un lot de poneys. Elle qui avait toujours vu les rebelles comme des espèces d'enragé qui passaient leur temps à tuer des solaires et détruire leurs installations.
Un mouvement avait attiré son attention. Les lunaires étaient partis depuis un moment, et seul restait cet étalon. Les villageois s'étaient alors enhardis, et se regroupaient avec un air mauvais. Sans pour autant tomber dans le fanatisme tant prisé par les Licornes du Soleil, ce village n'avait vu aucun intérêt dans le combat des rebelles, et pour eux, l'Empire n'était rien d'autre qu'une nouvelle version du royaume d'Equestria. Voir leur paix gâchée par des fous de la gâchette les avait passablement énervés.
Windvision avait alors regardé l'étalon dans les yeux :
-Votre rébellion... Ça en valait la peine ? De tuer, de mourir juste pour quelques changements politiques ?
Il avait baissé le regard, et elle avait pu le voir revivre des souvenirs douloureux.
-J'étais à Ponyville, quand ça a commencé. J'ai vu ce qui s'est passé.
Puis il l'avait fixé dans les yeux.
-Oui. Ça en valait la peine. Ça en vaut encore la peine. Ça en vaudra toujours la peine.
Quelques minutes plus tard, il sortaient du village, côte à côte, sous les quolibets de la foule. Subir les insultes de ses anciens amis avait blessé Windvision, mais le regard de l'étalon l'avait convaincu.
-Comment s'appelle mon nouveau patron ? avait-elle demandé.
-Stalker. Shadow Stalker.
-Ah ouais, tout de suite...
-Il y a toute une histoire derrière. Et toi ?
-Windvision. Et il n'y a pas d'histoire derrière.
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Elle devait être honnête : elle n'avait jamais eu à regretter cette décision. L'étalon s'était montré un patron exigeant, qui l'avait entraîné sans lui faire de concession afin de lui inculquer les bases de l'infiltration et de la discrétion, se servant parfois d'elle et de son air si peu militaire pour faire du repérage parfois directement au contact des cibles, et elle l'avait vu tuer d'innombrables poneys qui n'avaient parfois jamais vu un cadavre de leur vie, mais qui étaient impliqués d'une manière ou d'une autre dans les plans de l'Empire.
Mais d'un autre côté, le temps qu'elle avait passé à côtoyer les rebelles lui avait montré une autre facette du monde dans lequel elle vivait. Aucun d'entre eux ne se plaisait dans cette situation. La plupart n'avait qu'une envie, c'était de rentrer chez eux et de vivre paisiblement avec leur famille. Mais ils se battaient tout de même, sans relâche, car ils pensaient l'Empire mauvais, et refusaient de vivre sous la tyrannie d'une folle qui se prenait pour une déesse. Une vie de famille paisible leur semblait impossible dans ces conditions.
Et puis, il y avait les survivants de Ponyville. Des gens qui n'avaient plus de famille, plus de chez-eux, plus rien. On leur avait tout arraché, et tout ce qui leur restait était la Princesse de la Nuit. Beaucoup réclamaient vengeance, et estimaient avoir suffisamment peu à perdre pour prendre tous les risques. Ils voulaient abattre l'Empire quel qu'en soit le prix, quelle que soit la méthode. C'était la raison pour laquelle presque tous avaient rejoint les Night Ops. Et la raison de la mauvaise réputation du groupe.
Shadow était presque le plus « sain » d'entre eux. Il se focalisait sur ses objectifs, sans laisser ses sentiments prendre le dessus sur son pragmatisme. Windvision avait d'abord été surprise de voir à quel point le jeune étalon était proche de la chef des rebelles, avant de comprendre qu'il avait fait partie des premiers « militaires naturels », et que son talent pour les assassinats et la planification de ceux-ci en avait fait le spécialiste de la guérilla du groupe dissident.
A force d'enchaîner les missions à ses côtés, elle avait fini par accepter sa façon de voir les choses. Elle avait même voulu apprendre à se servir d'une arme, et s'était faite à l'idée de tuer. Le duo s'était renforcé après Sweet Apple Acre, alors que Derpy avait rangé ses armes, le propulsant en temps que premier tireur d'élite de l'armée, et surtout, principal assassin au service de l'alicorne de la nuit.
Elle avait commencé à cerner sa psychologie. Beaucoup voyaient en lui un tueur insensible, surtout depuis qu'il avait tué Fancy Pants, et avoir une Marque directement en lien avec un talent mortel ne l'avait pas aidé. Mais elle avait vu comment il était à son retour, sa nervosité qui augmentait lorsque ce sujet ou celui de Ponyville étaient abordés.
Et puis, il y avait son cas à elle. Dans les premiers temps, durant lesquels elle refusait encore de tuer d'autres poneys, il ne l'y avait jamais obligé. Il ne l'avait jamais poussé à accepter ce qu'ils faisaient, et avait même hésité à l'intégrer parmi les Night Ops. Lorsque les combats éclataient, il ne l'envoyait jamais en première ligne, jamais seule et l'accompagnait tant qu'il le pouvait. Comme s'il voulait la préserver.
Quoi qu'il en soit, ils formaient désormais une équipe parfaitement rodée, qui se comprenait parfois d'un simple signe et qui veillait chacun sur l'autre. Et la qualité du café s'était nettement améliorée.
-Dis-donc, Wind', t'arrêtes de mater le chef ?
Un grand poney s'était affalé sur ses épaules, l'enserrant dans ses pattes. Windvision n'avait ni besoin de sa voix, ni de son visage pour savoir de qui il s'agissait. Son attitude juste suffisait.
-M'emmerde pas, Flesh...
-Gênée ?
-Par ta présence, ouais. Lâche-moi.
-En quel honneur ?
-J'ai ta virilité sous mon sabot.
Le dénommé Flesh baissa les yeux, et constata que ce n'était pas une menace en l'air. Il s'écarta en soupirant :
-Okay, princesse, comme tu veux...
Flesh était un grand pégase marron, à la crinière blanche rasée de près. Son sourire goguenard avait tendance à irriter Windvision, surtout qu'elle connaissait les pensées qui se cachaient derrière. L'étalon tourna son regard vers leur leader, un peu plus loin.
-Il attend toujours Soarin ?
-Ouaip, dit la ponette en se retournant. Ça fait longtemps qu'il est comme ça.
-Quel poseur... Ça se comprend que tu le mates comme ça.
-Flesh, j'ai toujours pas renoncé à viser l'entre-jambe.
-Tu sais qu'un massage de toi à cet endroit me ferait le plus grand plaisir.
Ce furent les derniers mots qu'il prononça avant de se retrouver plié en deux, par terre, ouvrant grand la bouche sans pouvoir respirer.
-Les... massages... des jumelles... de Ponyville... étaient plus... sympas...
-Je suis pas bien entraînée pour les massages.
-‘Spèce... de... frigide...
-T'en veux un autre ?
-Non... merci.
Pendant que l'étalon se relevait péniblement, les pattes arrière tremblantes, Windvision songea à ce personnage. Il avait suivi Luna dès le début, après le massacre de Ponyville, mais pas par conviction, ou par envie de rébellion, ou autre considération morale ou patriotique. La seule chose qu'il y avait chez Luna qui intéressait Flesh avait actuellement le museau en l'air.
Il était présent au moment du Massacre, la jument n'avait jamais bien compris pourquoi. Il n'était pas le genre de poney à aimer vivre dans un village paisible loin de tout. Contrairement à beaucoup d'autres, le carnage ne l'avait jamais traumatisé, et il était le seul à en parler, comme s'il s'agissait d'un événement comme un autre. Cependant, au milieu des meurtres et des tirs, il avait repéré un jeune poney carmin qui l'avait impressionné par sa dextérité avec une arme, et, survivant comme il le pouvait au milieu du combat, il l'avait suivi, et avec lui ce qui allait devenir les prémices de la Rébellion Lunaire.
L'admiration de Flesh pour Shadow était un mystère. Le pégase était cinglé, c'était à peu près sûr, et nul doute qu'un poney né pour tuer comme le terrestre avait sur lui une certaine forme d'attirance. Pas sexuelle, vu les efforts qu'il déployait à harceler tout ce qui ressemblait à une jument se situant dans son champ de vision, mais plus respectueuse. Partout où Shadow allait, s'il lui fallait un porteur de flingue, Flesh y était aussi. Il obéissait à ses ordres presque sans discuter, avait même réussi à comprendre le concept de discrétion pour pouvoir rejoindre les Night Ops, du moment que ça lui permettait de voir l'assassin en action. Et ça s'arrêtait là. Il n'avait aucune considération pour Luna ou son projet de République, qu'il n'a jamais caché trouver absurde, répondait sans vergogne à ses supérieurs, et aimait particulièrement se foutre de la gueule de ses frères d'armes. Les Night Ops avaient un statut différent à ses yeux, étant donné qu'il s'agissait, pour lui, d'un « ramassis d'assassins, de lâches qui plantent des couteaux dans le dos, et qui font de jolis feux d'artifices ». Donc qu'il adorait voir à l’œuvre.
Grande gueule, dragueur, tête brûlée, difficilement discret, précis comme une taupe, c'était impressionnant à quel point il était l'opposé de Shadow. Son arme de prédilection était une mitrailleuse à gros calibre, une de celles utilisées normalement par les licornes lourdes, qu'il arrivait à manier en se servant de ses ailes comme balancier, et en supportant le recul avec une abnégation qui forçait le respect mais qui ne l'aidait pas à viser droit. Refusant d'avoir un équipier pour charger son engin, il portait constamment de grandes bandes de munitions autour du corps, ce qui l'empêchait de voler, chose qu'il détestait, au contraire de tout autre pégase.
Sa présence dans un groupe misant sur la discrétion et les frappes chirurgicales pouvait paraître discutable, mais le nombre de fois où une de ses diversions avait sauvé les autres d'un carnage lui avait amplement fait mériter sa place. Ainsi qu'une considération relative de ses camarades.
Windvision porta son regard au garrot de l'étalon. Il s'y était tatoué le symbole des Night Ops , un réticule dont l'un des bords du cercle s'élargissait pour former un croissant de lune. C'était son « signe » à lui. Et la ressemblance avec la Marque de leur leader ne devait pas l'avoir dissuadé.
Un autre détail qui dérangeait la ponette, était que Flesh n'était même pas son vrai nom. Il s'était choisi ce pseudonyme lorsqu'il avait rencontré Shadow, souhaitant cacher sa véritable identité. En avait-il honte, ou est-ce que sa révélation lui aurait valut une balle dans la tête sans sommation ? Même l'étalon rouge n'en savait rien.
Pendant qu'elle était perdue dans ses pensée, le pégase avait fini par se relever, et nota son regard insistant :
-C'est moi que tu mates maintenant ? Friponne.
-T’aimes ça, en plus. T'en veux un autre ?
-Avec un lit et des accessoires, ça serait top.
Windvision sortit son couteau à cran d'arrêt.
-J'ai l'accessoire. Tu veux apporter le lit ?
Flesh partit dans un rire sonore.
-Wind', ma choupette, je sais que tu m'adores.
-J'adorerais te découper la verge. Et m'en faire un collier. Et de me faire un manteau de ta Marque. Et je suis sûre que tes ailes m'iraient à ravir.
-Tu es déjà un ange.
-Okay. Me manque le collier et le manteau.
L'autre regarda derrière elle.
-Je vais devoir te laisser, chérie. Soarin vient d'arriver.
Windvision se retourna. Un pégase s'était effectivement posé à côté de Shadow, et avait commencé à discuter avec lui. Après quelques mots, elle put sentir la tension monter chez le terrestre. Quoi que soit en train de lui dire Soarin, ça ne lui plaisait pas. Flesh, lui, s'en alla vers le camp, sûrement rassembler ses affaires. Il sentait quand les choses commençaient à bouger. Windvision s'approcha des deux commandants.
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-Je risquerais pas la vie de mes soldats.
-Je croyais que t'avais dit qu'il n'y avait pas de défense anti-aérienne !
-Ça les empêchera pas de nous tirer dessus !
-Je te demande juste de détruire leurs communications, répliqua Stalker. Vous entrez, vous cassez, vous repartez, on se charge du reste.
-Et pourquoi vous y allez pas directement, avec votre belle infiltration ? Je comprend pas pourquoi vous auriez besoin de nous.
-Parce que si l'alerte est donnée et que des renforts se ramènent avant qu'on ait fini, ça nous fera prendre des mois de retard. Bordel, on s'était mis d'accord avant de partir, non ?
-On s'était mis d'accord que mon groupe vous assisterait à condition qu'on s'en sorte vivant. C'est la première fois en près de quatre ans qu'on a une force aérienne digne de ce nom, j'ai pas envie que ça parte en fumée à cause d'une bande de psychopathes suicidaires
Stalker gratta le sol, énervé.
-C'est tout ? Des « psychopathes » ? T'as pas mieux ?
-Tu fais ce que tu veux, Stalker, vu qu'apparemment la Princesse t'as dans la poche, mais hors de question que je sacrifie les miens pour ça.
Arrivé à la fin de son brin de paille, le terrestre le cracha, et tâtonna pour en chercher un nouveau. On en était là. Soarin faisait parti de ces personnes qui acceptaient mal l'existence d'un groupe aussi peu honorable que les Night Ops, et il était persuadé que c'était par manipulation que Stalker parvenait à convaincre Luna que ce qu'il faisait était nécessaire. Encore quelques minutes et il allait le comparer à Sparkle, et ses soldats aux Licornes du Soleil.
Pour une première opération conjointe entre les deux principales formations spéciales des lunaires, ça partait foutrement mal. Jusque là, tout s'était bien passé. Les deux précédentes missions s'étaient déroulées sans accros, malgré quelques confrontations entre les membres des différents groupes, et la relation entre Stalker et Soarin était restée professionnelle.
Mais là, c'était différent. L'ennemi était sur les dents à cause des rumeurs et avait renforcé son dispositif défensif, déjà colossal. D'après les informations du réseau du terrestre, il s'agissait d'un dépôt d'armes expérimentales très dangereuses, ainsi qu'une zone de transit importante qui menait aux points chauds de la région. De nombreux officiers s'y trouvaient, et un nettoyage en règle pouvait paralyser l''Empire sur ce flanc pendant un bon moment.
Ce qui servait à merveille le plan que Stalker mettait en œuvre depuis des mois. Jamais la fin de la guerre n'avait été aussi palpable, et tout pouvait être ruiné parce que Soarin refusait de prendre un risque. Merde ! Ils étaient les meilleurs pégases de la république, oui ou non ? Le traumatisme de la Bataille pour le Ciel ne pouvait pas rester indéfiniment !
Et pourtant, tout était si bien parti. Soarin, unique Wonderbolt à ne pas s'être rangé du côté de l'Empire, avait réussi à convaincre les pégases les plus agiles, les plus rapides et les plus mortels qui servaient sous la bannière de Luna à reformer un groupe de vol en bonne et due forme, pour palier à la récente formation des Faucons de Rainbow Dash, l'élite impériale en matière de pégase volant, qui semaient la ruine sur tout le front, se déplaçant trop rapidement pour être contrés et devant laquelle on disait que même les D.C.P. étaient impuissantes.
Ce groupe, il les avait appelé les Experts, que certains se plaisaient à moquer en épelant ExpAirs. Et l'une des premières opérations auxquelles ils furent affectés était d'assister les Night Ops lors d'une incursion en territoire ennemi, pour ainsi répandre la rumeur selon laquelle les lunaires se dotaient d'une force aérienne. Les commandos étaient très fort à ce petit jeu.
Cependant, dans le cas présent, il y avait trop de risques. Les Night Ops ne pouvaient rien tenter avant que les trois immenses tours de communication aient été détruites, car l'arrivée de renfort ruinerait définitivement leur chance de s'en sortir vivant. En temps normal, ils auraient mené d'autres missions aux alentours, pour semer le trouble et pouvoir attaquer le camp par surprise, mais la présence des pégases leur permettait d'agir plus rapidement. Malheureusement, cela voulait dire que Soarin et son groupe devraient partir seul, en avant, et abattre les pylônes avant tout appel de détresse, ce qui les mettrait immanquablement en position de faiblesse. En réalité, remplir l'objectif serait simple, mais il était presque impossible de s'en sortir sans pertes. Chose que le pégase refusait.
La suite des opérations prévoyait un groupe de diversion à l'entrée, mené par Flesh et comportant les gros calibres qui devraient anéantir les blindés, et un groupe infiltré qui tueraient tous les gradés avant qu'ils ne puissent s'enfuir, puis piégeraient les dépôts d'arme. Si possible, sans que l'extérieur ne soit prévenu de ce qui se passait. Donc, sans ces trois foutus pylônes.
-Alors lopette, on flippe ?
Les trois poneys et Stalker, surpris de constater la présence de Windvision à ses côtés sans qu'il ne l'ait entendu arriver, se tournèrent vers la voix trop connue du pégase brun :
-Flesh, soupira l'étalon rouge, ce n'est pas...
-Qui est-ce que tu traites de lopette ?
Soarin avança vers Flesh, les muscles tendus, et plaqua son front contre celui de son homologue.
-Toi, répondit l'autre avec un sourire narquois. Qui d'autre ? Stalker pisse pas sur ses poils quand on lui demande d'aller aux charbons, lui.
-Ça te va bien de dire ça, pour un type qui ose même pas quitter le sol.
-Au moins je le quitte pas pour aller pleurer ma mère dans un nuage.
-Tu vas le regretter.
-Ouh, j'ai peur !
Puis Flesh attrapa l'étalon bleu par le col, et approcha son museau de son oreille :
-Prouve moi que j'ai tort, Suckerbolt.
Soarin se dégagea d'un coup, et d'un coup d'aile s'éleva à quelques mètres dans les airs. Il fixait le pégase qui l'avait insulté avec des yeux brûlant de colère, mais se contenta de se détourner.
-Pour chacun de mes pégases qui meurt, je te péterais une jambe, connard.
-Je t'attend, mon frère !
-Va chier ! lança Soarin avant de disparaître.
Satisfait, Flesh se tourna vers l'étalon rouge, qui roula des yeux.
-Shade, mon vieux, t'as encore beaucoup à apprendre sur la psychologie pégase. Faut pas y aller avec des pincettes, y'a qu'en tapant sur leurs couilles que ça marche.
Il fit un clin d'œil à Windvision.
-Demande à la miss.
Haussant un sourcil, Stalker regarda la jument qui rosit légèrement, puis il soupira :
-Au moins c'est réglé. Prépare les gars, on attaque dans un quart d'heure.
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Soarin observait les déplacements des sentinelles. Son estomac se serra. Elles étaient nombreuses, trop à son goût. Si sa fierté n'était pas entrée en ligne de compte, il aurait envoyé paître Flesh et ses insultes à la con.
Mais, en même temps, il sentait ses poils se hérisser d'excitation. Ça serait très dangereux. Il faudrait aller vite, éviter les balles, sentir la mort le frôler. Comme au début, quand les combats aériens avaient encore lieu. Ce sentiment de défi, de regarder le danger en face et de lui faire un sourire, ça faisait longtemps qu'il ne l'avait plus ressentit. Ses instincts de Wonderbolt revenaient à mesure que l'aiguille de sa montre tournait. Il leva les yeux vers ses troupes. Ils étaient dans le même état. Il était temps que les pégases lunaires cessent de se planquer comme des lâches, qu'ils vivent comme des vrais poneys ailés.
Il repensa à un dicton qui avait cours chez les impériaux : « Si vous voyez voler un pégase, c'est un solaire. Si vous ne voyez rien, c'est un lunaire ». Les sentinelles ne levaient même pas les yeux. La vingtaine d'Experts, explosifs prêts à l'emploi, pouvaient presque voler tranquillement à découvert au-dessus d'eux sans se faire repérer. Mais par précaution, ils avaient déplacé un nuage pour les camoufler. Les trois pylônes étaient en vue, il ne leur faudrait que quelques secondes pour les atteindre. Les secondes plus importantes de leur vie.
L'aiguille tourna, tourna, tourna encore. Puis elle passa à l'heure pile.
Il fit un signal, et plongea en piqué sur les pylônes, rapidement suivit par ses compagnons. Leur vol était silencieux, une chute contrôlée de plus d'une centaine de mètres. Il se séparèrent, chaque groupe s'occupant d'un objectif. Soarin fixa un garde qui se trouvait sur un espèce de nid-de-pie en haut d'une des tours, et eut un sourire se satisfaction.
Au moment où il le dépassa, il lui donna un coup de sabot qui, avec la vitesse acquise, lui éclata la mâchoire contre la rambarde. Mort ou seulement assommé, le poney s'écroula au sol. Aucune alarme, aucun cri ne résonnait dans le camp. Personne ne les avait encore vu. Ils finirent par atteindre la base du pylône, et chacun fixa rapidement sa charge d'explosif, en jetant des coups d’œil pour vérifier que personne ne regardait dans cette direction.
Un coup de feu éclata, suivit d'un cri qu'il reconnu comme étant celui de Snake Fleet, un de ses soldats.
Immédiatement, tous les pégases redécollèrent, tandis que l'alarme se mettait à sonner dans le camp. Encore quelques secondes, et le message passerait à l'extérieur. Soarin appuya sur le détonateur. Neuf explosions retentirent en même temps, et les tours s'affaissèrent dans un son de métal tordu. Ils étaient coupés du monde désormais.
Les impériaux continuaient d'ouvrir le feu sur les saboteurs qui s'envolaient vers le ciel rouge. À cette distance, ils n'avaient aucun mal à esquiver les balles, mais déjà, les pégases en faction se mettaient à leur poursuite.
Soarin ricana. La principale caractéristique des Experts était d'être des chasseurs de pégases. Qu'ils viennent donc !
Une nouvelle explosion eut lieu à l'entrée du camp. Flesh commençait son show.
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-Venez, bande de suces-moelle !
Un des soldats qui se trouvait à côté de Flesh lui lança un regard interloqué :
-« Suce-moelle » ?
-J'ai lu ça dans un bouquin ! répondit le pégase un grand sourire aux lèvres.
-Tu sais lire ? demanda l'autre sur un ton réellement surpris.
Il avançait avec la moitié des Night Ops, ouvrant un feu roulant sur les solaires pris au dépourvu, à peine remis de l'explosion de leurs tours de communication. Les miradors n'étaient plus que des ruines fumantes, victimes de la précision de la porteuse de lance-roquette du groupe, Polished Drill. La licorne aux missiles magiguidés posait des yeux avides sur les soldats ennemis, un sourire dérangeant aux lèvres, cherchant une cible qui pourrait être dévorée par ses bébés explosifs. Cependant, les premières ripostes commençaient à fuser autour d'eux, et ils se jetèrent à couvert, derrière des murets en pierre ou des sacs de sable. Malheureusement, au-delà de ces protections, il n'y avait qu'un champ libre de tout obstacle jusqu'aux entrepôt. Pour eux, la route s'arrêtait là. Le reste dépendrait de la quantité de bruit qu'ils allaient faire.
Flesh tirait sans discontinuer. Il sentait son arme sauter dans ses pattes, le tremblement gagner tout son corps, et il se stabilisait avec ses ailes pour ajuster au mieux ses tirs. Le corps des ennemis éclatait en des myriades de gouttes de sang, le sol sautait comme si des pétards jonchaient le sol, les couverts se constellaient de trous d'impact. L'excitation le gagnait de seconde en seconde. Autours du pégase, les autres poneys ajustaient leur visée avant de tirer, quand lui s'occupait généralement des tirs de suppression sans faire plus que pointer son canon dans la direction générale de ses adversaires, les forçant à se mettre à couvert suffisamment longtemps pour que ses camarades les cueillent à la moindre prise de risque.
Soudain, un char ennemi se montra dans l'espace entre les hangars, entouré de plusieurs dizaines de soldats ennemis, plus frais et beaucoup moins pris au dépourvus que les autres. Flesh hurla derrière lui :
-Drill !
-Je l'ai ! répondit la licorne en appuyant sur la détente.
Le missile partit d'abord en vrille, avant de se stabiliser pour frapper le tank en plein dans la tourelle. Cependant, il n'y eut aucune explosion. Un moment de silence s'installa, alors que les impériaux regardaient le blindé avec un air de surprise mêlé d'inquiétude. Avec un sourire, la licorne porta un sabot à son oreille, lançant sur une voix chantante :
-Ça vieeeeent !
Puis le char disparut dans une boule de flamme et de métal fondu, explosant de l'intérieur. Drill sauta sur place en rigolant comme une possédée, avant d'être tirée à couvert par un coéquipier soucieux de sa survie. Et elle hurlait :
-ET YES ! YES ! BOOM ! AHAHAHAH !
Flesh éclata de rire à son tour.
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Octavia finit par ouvrir ce maudit grillage, et dégagea le trou qu'elle venait de faire à la pince. Ils perdaient un temps précieux, les mailles de l'obstacle s'étant révélés plus resserrées qu'ils ne l'avaient estimé, et l'attaque avait déjà commencé de l'autre côté du camp. La douzaine de poneys passa dans le trou, se couvrant les uns les autres tout en vérifiant qu'aucun ennemi ne passait dans le coin. Cependant, il s'avéra très vite que le talent de Flesh pour faire du bruit avait vidé la place de toute présence militaire. Restait à trouver le dépôt d'armes expérimentales, le piéger et le détruire. Ils s'avancèrent vers l'un des hangars, firent sauter la serrure et Stalker pénétra à l'intérieur. Il jeta un rapide coup d’œil aux alentours, aidé de sa lampe torche, et grinça des dents. Rien d'extraordinaire ici, que du conventionnel. Le camp était grand, les dépôts nombreux, et trouver ce qu'ils cherchaient leur prendrait un temps précieux.
Il fallait accélérer la cadence. Il fit signe à Octavia d'approcher, puis lui transmit ses ordres. Lui resterait dans le coin avec deux Night Ops pour trouver leur objectif et empêcher que des impériaux aventureux ne tentent de s'en servir, et elle partirait avec le reste du commando abattre les officiers présents dans le camp. Sans leur chaîne de commandement, les fidèles de Celestia étaient suffisamment désorganisés pour qu'une petite force comme leur groupe puisse les nettoyer efficacement. Ils n'étaient pas à leur coup d'essai.
Octavia s'éloigna alors qu'il enfonçait la porte d'un nouveau dépôt, ne contenant encore une fois que des équipements sans aucune importance. La jument pris la tête de son groupe, se fiant aux plans qu'elle avait en tête pour se diriger vers le quartier des gradés. Même si la plupart devaient être partis au charbon, les plus importants devaient être restés derrière pour coordonner la riposte et tenter d'appeler de l'aide.
Enfin, elle arriva à un groupe de bâtiments préfabriqués, et la présence de sentinelles lui arracha un sourire. Ils étaient pile au bon endroit. La jument fit quelques signes rapides et ses soldats se dispersèrent, restant dans l'ombre des bâtiments, hors de vue des gardiens. Octavia restait un peu en arrière pour observer comment les choses se déroulaient, et hocha la tête d'un air satisfait quand les sentinelles se mirent à tomber sous les balles silencieuses des tueurs. Elle avança avec le reste du groupe, et ils se mirent en quête du bâtiment de transmission.
Autrement dit, celui avec des antennes sur le toit. Parfois, les phases de recherche n'étaient pas très compliquées. Elle prit la moitié des Night Ops qui l'accompagnaient et se dirigea vers la bâtisse, envoyant les autres vérifier les alentours. Ils encerclèrent le bâtiment, et l'ancienne musicienne se posta sous une fenêtre. Elle leva prudemment la tête, et jeta un coup d’œil à l'intérieur.
Des poneys âgés, des uniformes rehaussés d'or, des médailles à s'en faire une armure, parfois même une véritable armure dorée, aucun doute, les gros bonnets étaient présents. Et ils paniquaient ferme. Les informations que leur donnait le pauvre radio ne semblaient pas leur plaire, et on sentait un énorme doute planer dans leur regard. Les rumeurs et les on-dit de la piétaille qu'eux-mêmes avaient, en tant que gradés, joliment dénigrés prenaient vie, et nul doute qu'un d'entre eux finirait par parler des « fantômes » qui sévissaient dans la région. On pouvait cracher sur les Licornes du Soleil autant qu'on voulait, elles avaient raison sur un point : la peur était la meilleure des armes.
Enfin, une des meilleures. Octavia baissa son fusil, et tira de sa veste une de ses grenades flashbang. Avec sa bouche, elle tira la goupille, cassa un carreau de la fenêtre d'un geste sec et précis, et lança le projectile à l'intérieur.
Un flash. Un bang. Les ingénieurs qui avaient inventé ce truc n'avaient pas été inspirés pour le nom, mais c'était efficace. Immédiatement, les commandos sortirent de leur couvert et ouvrirent le feu, fauchant la zone comme à la saison de la moisson, dans un silence troublant, uniquement brisé par les quelques cris de souffrance et de surprise mêlées que poussaient les victimes de ce carnage, et les ricochets des balles sur le bois et le métal. Après quelques rafales, la jument grise ordonna de cesser le feu, et le déluge de métal et de fumée s'estompa. A l'intérieur de la pièce, il n'y avait plus un impérial debout. Octavia prit appui sur le bord de la fenêtre et sauta à l'intérieur, se réceptionnant d'un mouvement fluide et gracieux qui ne dépareillait pas avec son ancienne vie. Les autres soldats suivirent son exemple, dans une version plus pataude et brute, et ils se mirent à tirer consciencieusement une balle dans le crâne de chaque corps, mort ou mourant.
Octavia parcourait la salle du regard, puis baissa les yeux sur son arme. Même étouffée par le silencieux, elle avait pu entendre la mélodie de son arme qui tirait. Les formes des cadavres au sol avaient à ses yeux la même grâce que les notes sur le papier à musique.
A chaque mission, elle avait l'impression de vivre une symphonie. Elle laissa échapper un soufflement amusé. Finalement, même elle n'avait pu s'empêcher de devenir cinglée.
Elle quitta le bâtiment, et fut rejoint par les autres qui lui révélèrent qu'il n'y avait plus personne dans le coin. Tout le monde était parti affronter Flesh. Il était temps d'aller les rejoindre.
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Nouveau hangar, nouvelles découvertes, et cette fois, Stalker se dit qu'il pourrait tirer parti de sa malchance. Il n'avait toujours pas trouvé ces fameuses « armes expérimentales », et commençait à craindre que les Impériaux ne les avaient déjà emportées au front. En contrepartie, il venait de tomber sur quelque chose d'intéressant : un stock de bombes que transportaient les pégases bombardiers solaires. Les messages dans sa radio devenaient de plus en plus pressés, alors que le groupe de Flesh se faisait arroser de tous les côtés. En comptant Soul Keeper qui venait de mordre la poussière, sept commandos avaient passé l'arme à gauche. Ils avaient sous-estimé les forces en présence, notamment au niveau des blindés.
La bonne nouvelle était qu'Octavia avait terminé de son côté, et rejoignait le groupe de diversion pour prendre l'ennemi à revers. Les pégases de Soarin avaient eu le courage nécessaire pour rester dans le secteur et s'en prendre aux tireurs postés sur les miradors et sur les toits des baraquements. L'étalon rouge lança un appel radio, et donna l'ordre à ses coéquipiers de sortir les bombes du hangar. Rapidement, ils posèrent les explosifs sur des palettes et les mirent au-dehors, le temps que les poneys ailés arrivent.
Voyant le manège des Night Ops, Soarin haussa un sourcil :
-Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda-t-il en montrant les engins.
-Votre prochaine affectation, déclara Stalker.
-Les bombes c'est pas notre truc.
-Va falloir apprendre, et vite. Fonce !
Soarin souffla par les naseaux, puis lança quelques ordres à ses soldats, qui s'emparèrent des bombes et s'envolèrent avec peine. L'ancien Wonderbolt en récupéra une à son tour, puis se retourna vers Stalker, au sourire au coin des lèvres :
-Qu'est-ce que les Nopes feraient sans nous ?
-Ils parleraient moins.
Le pégase fit une grimace, puis s'envola d'un coup d'aile, suivit par les autres poneys ailés. Le commando, lui, se tourna vers les autres Night Ops :
-On laisse tomber la recherche. Shine, passe devant, on fonce !
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Flesh entendit Drill pousser des jurons, et la vit jeter rageusement son lance-roquette à terre. Elle était à sec, comme pas mal de ses compagnons d'ailleurs. Les solaires se révélaient beaucoup plus nombreux qu'il ne l'avait imaginé, et surtout beaucoup plus tenace. Sans compter ces trois blindés. Enfin, quatre, si on comptait celui qui avait sa tourelle hors d'état, mais qui était toujours capable de les écraser au moment-même où ils s'apercevraient qu'ils n'avaient plus d'arme antichar.
Les blessés s'accumulaient, et malgré les seringues de Booster, un certain nombre était au sol et hors-jeu. Or, leur médecin gisait à deux pas du pégase, un trou sanglant au milieu du front. Il faudrait qu'il en parle à Stalker. Un docteur pour toute une troupe de soldats au comportement à risque ne suffisait pas. Mais d'un autre côté, les praticiens possédant les capacités recherchées par les opérations spéciales étaient très rares.
Arrivé au bout de sa bande de munition, il se remit à couvert et rechargea rapidement sa mitrailleuse. Non loin de lui, il vit la licorne folle se lever pour lancer un pain de C4 grâce à sa magie, mais aussitôt, une rafale de gros calibre fusa autour d'elle, et elle bascula en arrière en hurlant.
Cependant, elle se remit très vite à insulter les diverses mères de l'Empire, se tenant le côté du visage, là où se trouvait autrefois son oreille, désormais remplacée par un flot de sang ininterrompu. Ses yeux brillait maintenant d'une colère immense, un éclat que le pégase avait déjà vu auparavant et qui lui arracha un sourire. Il se prépara à se relever pour la couvrir lorsqu'elle exploserait :
-Es. Pèce. D'enFOIRE !
Elle se releva d'un coup, levant son bazooka par magie, et Flesh suivit son mouvement, ouvrant le feu pour forcer l'ennemi à se remettre à couvert. Dans le tube de l'arme antichar, une boule de couleur verte se forma, gagnant en intensité à mesure que le flot d'insulte de la licorne augmentait, et enfin, le missile magique fusa, traversant le no pony's land en ligne droite sous les hurlements de terreur des solaires, pour finalement s'écraser sur le char qui avait tiré à la mitrailleuse sur la jument. L'explosion aveugla tous les poneys en présence, et Flesh se remit prestement à couvert pour retrouver la vue. Il vit alors Drill tomber au sol, vidée après son coup d'éclat et désormais inconsciente. Rampant, le pégase se dirigea vers elle, puis la tira sur quelques mètres afin de l'écarter de sa dernière position connue, et éviter que les tirs de représailles ne l'atteignent.
Une fois la licorne en relative sécurité, il jeta un coup d’œil à la situation. C'était mauvais. Les solaires étaient probablement à cinq contre un, normalement difficile à gérer mais pas impossible, sauf que pour le coup, il y avait toujours les blindés, qui se mettaient en retrait pour éviter d'éventuels autres tirs de ce calibre. Mais d'ici à ce qu'ils aient un officier qui avait un peu de jugeote et s'aperçoive qu'ils n'avaient qu'une licorne capable de cet exploit, et qui venait de perdre conscience, ils allaient en baver.
C'est alors qu'il les vit, tous, arrivant au même moment telle une cavalerie terrestre des temps anciens. Sur les toits bordant le champs de bataille, les tireurs embusqués se faisaient trancher la gorge par des poneys en tenue sombre, dont un des membres avait cette crinière noire flottante au vent qui respirait une classe que seule Octavia possédait parmi eux. Et, dans le même temps, il vit fondre les silhouettes noires venues du ciel.
Puis il entendit les sifflements caractéristiques de bombes en train de chuter, un son que les solaires n'avaient pas l'habitude de craindre. Une dizaine d'explosion s'ensuivirent, un tonnerre assourdissant qui s'accompagna d'une montée soudaine de la température, alors que le sol tremblait comme sous l'effet des pas d'un géant. La dernière fois que Flesh avait été affecté aux tranchées remontait bien à deux ans, mais les sensations étaient les mêmes. Et il ne put s'empêcher de faire ce qu'il avait toujours fait dans ces moments-là.
Il se leva, sauta par-dessus le muret de sac de sable qui lui avait servit de couvert, et tira en hurlant sur l'ennemi paniqué, riant comme un démon. Les blindés ennemis avaient été mis hors d'état de nuire, les soldats d'Octavia massacraient les impériaux depuis les toits sans que les victimes ne comprennent ce qui se passait, les pégases de Soarin fondaient sur les planqués comme des faucons sur leurs proies. Et puis, il y avait ceux dont le crâne éclataient sans raison apparente, quand bien même ils étaient hors d'atteinte, signe que le tireur d'élite carmin n'était pas loin.
Au milieu d'un déluge de flammes, de sang et d'acier, les forces de l'Empire hurlaient leur terreur d'être les victimes des Night Ops.
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-Z'êtes en retard.
Stalker atteignit Flesh, qui le gratifia d'un coup à l'épaule. Le commandant ne répondit rien, se contentant de faire un vague geste du sabot, avant de sortir son pistolet et de tirer dans le crâne d'un ennemi apparemment pas tout à fait mort. Partout sur le champ de bataille, les Night Ops et les Experts patrouillaient et achevaient les blessés, suivant la grande règle des commandos de ne laisser personne en vie derrière eux. La seule exception à cette règle était quand il y avait un besoin d'instaurer la terreur d'une manière ou d'une autre, en laissant un témoin du massacre. Les pégases rechignaient, obéissant à contrecœur à cette pratique. Cependant, après tout ce temps passé en compagnie des poneys assassins, ils commençaient à s'habituer.
Mâchouillant un de ses brins de paille, l'étalon rouge porta son regard vers l'entrée du camp, là où les partisans de Luna rassemblaient leurs blessés et leurs morts. Les cadavres seraient dépouillés, leur équipement dissimulé en attendant une mission de récupération, et les corps brûlés ou enterrés loin des regards. Rien ne devait trahir qui ils étaient, seuls devaient rester les résultats, comme ce carnage au milieu duquel il se trouvait, et auquel ils ne toucheraient pas.
Les Night Ops vivaient dans le mépris de leurs pairs, et mouraient dans l'indifférence du monde entier. Mais chacun avait accepté cette idée depuis longtemps. Il était loin le temps où ils avaient besoin du réconfort auprès d'un feu de camp. Ceux qui tenaient encore à leur santé mentale et à leur famille avaient quitté la formation depuis longtemps, et ne restaient que ceux à qui il ne restait rien, ceux qui étaient prêts à tout donner au combat. On disait souvent que les Night Ops ne survivraient pas à la fin de la guerre. C'était sûrement vrai. Lorsque la paix serait acquise, le monde n'aurait plus besoin d'eux, ni envie de se souvenir de ce qu'ils auront fait. Et eux se retrouveraient sans but.
De son côté, Soarin organisait déjà le rapatriement de ses morts. Après avoir trouvé ce qu'ils cherchaient, les deux groupes retourneraient auprès des forces de Luna, avant de retourner en mission pour les Night Ops. Les Experts, eux, avaient fait leur preuve, il ne restait plus qu'à leur trouver le bon combat. Et ce temps approchait.
Ils passèrent une heure à piéger tous les entrepôts du camp, et avaient même réparé quelques fonctions de la radio, afin de surveiller les arrivées de renforts. Cependant, alors que les préparatifs de départ étaient presque terminés, Stalker reçut un appel d'Octavia :
-Commandant, il faut que vous veniez voir ça.
L'étalon, alors accompagné de Windvision et Flesh, répondit rapidement à l'appel, et retrouva la jument devant un bâtiment étrangement grand. Et, accompagnant Octavia, il vit Polished Drill, l'air pâle et sur le point de vomir :
-Ça va pas ? demanda-t-il.
-C'est... répondit difficilement la licorne. C'est ce truc, là. C'est...
Elle prit une grande inspiration, tentant de maîtriser sa nausée, avant de continuer :
-Ça pue la magie là-dedans. Du lourd. Du sale. Melody est partie vomir quand elle est passée devant.
-Je sens rien, déclara Flesh.
-t'as d'la chance, l'emplumé.
-C'est quoi ce bâtiment ? demanda le commandant.
-A première vue, répondit Octavia, une salle d'archive, mais...
Elle ouvrit la porte, pour dévoiler l'intérieur. Les murs n'étaient qu'une façade, et l'intérieur n'était pas aménagé comme un bureau, mais comme un entrepôt supplémentaire, camouflé.
-En même temps, déclara la terrestre, on aurait pu s'y attendre, pour des armes «expérimentales».
Stalker fit un pas en avant, afin d'entrer dans le bâtiment, mais fut interrompu par Drill qui vomit contre le mur.
-Ah... Ah... Bordel... Jamais ressentit ça.
Windvision s'approcha de la jument, et lui prit le sabot pour l'éloigner. Inquiet par la réaction de la licorne, Shadow avança prudemment. Une fois à l'intérieur, il alluma la lumière, pour découvrir tout un tas d'étagères et de caisses remplies d'armes et d'engins étranges,
Et, au milieu de la pièce, trônait un énorme conteneur sombre. A son approche, Stalker ressentait une légère vibration, et il se tourna pour voir que ses camarades étaient en proie au même malaise.
-Je parie sur ce truc, lança Flesh.
-Ça me semblait assez évident, répondit Octavia.
Le pégase s'approcha de la porte du conteneur, et posa la patte sur le levier d'ouverture.
-Vous voudrez peut-être voir ça...
Il actionna le levier, et la porte pivota, pour s'ouvrir sur une espèce de caisse en verre, au milieu de laquelle se trouvait un long objet noir, dont la surface semblait onduler sous l'effet de la magie qui était apparente. Un panneau de contrôle se trouvait sur le dessus de la caisse. Le bourdonnement s'accentua, devenant clairement audible. Flesh leva une patte.
-Je vote pour oublier les explosifs avec ce machin.
-Mais c'est quoi ? demanda l'ancienne musicienne. Une bombe ?
-C'est... C'est saturé de magie.
Le trois poneys se retournèrent, pour voir Drill, adossée au mur, le visage plus pâle que jamais, qui pointait le sabot sur l'engin. Mais, étrangement, elle souriait, ou du moins s'efforçait par-dessus sa nausée.
-Magie destructrice. Normalement, on sent pas ses effets nocifs, mais vu la dose, ça rendrait malade n'importe quelle licorne. Ce truc, le Rainnuke, c'est de la blague à côté.
-T'es sérieuse ? demanda le pégase.
-Sûre. Si ça pète...
Elle souffla d'un air amusé, avant de déglutir difficilement :
-Ça sera très joli. Mais y'aura plus de ville en dessous. Maintenant, excusez moi, mais...
Elle sortit du bâtiment, et s'éloigna au trot. Les trois autres observèrent l'engin d'un air pensif, et Stalker sortit un nouveau brin. Il parcourut la salle du regard. Tous les autres prototypes avaient l'air ingénieux, mais ressemblaient fort aux armes conventionnelles. Fusils, explosifs, armes lourdes... Tout en un ou quelques exemplaires. Et pas une n'avait été utilisée contre eux ? Ils auraient fait des sujets de test idéals. D'ailleurs, c'était étonnant, quand on y pensait, d'entreposer ce genre d'engins dans un camp militaire, bien gardé certes, mais exposé, plutôt que laisser ça dans les labos de Canterlot ou une autre ville.
A moins, bien sûr, qu'ils aient déjà été testés. Et désapprouvés.
-C'est une poubelle, déclara-t-il.
-Hein ?
-C'est une poubelle. Ils gardent leurs prototypes ratés dont ils savent pas quoi foutre ici. Ça fait longtemps qu'elles sont plus expérimentales, ces armes.
Il renifla d'un air mauvais.
-J'ai un informateur qui va morfler.
-Je pourrais participer ? demanda le pégase.
-On verra.
-Je ne comprend pas, continua Octavia. Si c'est un « placard oublié », pourquoi ils ont mis cette bombe ici ? C'est un de leurs plus grand atout contre nous !
-Et ils l'utiliseraient contre quoi, exactement ?
-Pardon ?
-On a pas de capitale. On a à peine quelques villes sous notre contrôle, et la plupart ont tout juste de quoi les garder. On a quelques bases ici et là, mais Luna reste jamais en place, et l'Etat-major est souvent dispersé. Y'a bien le front, mais déjà qu'ils utilisent pas le Rainnuke parce que ça sert à rien, cet engin encore moins.
-Alors pourquoi ils l'ont fait ?
-Les ingés de l'Empire, répondit Flesh. Ils ont un truc à compenser, je suis sûr.
-Nous ne pouvons quand même pas leur laisser, déclara la jument.
-Là, je suis d'accord, acquiesça le pégase.
-Ah ?
-Imaginez, dit le pégase avec un sourire mauvais, l'état de Canterlot après avoir largué ce machin. Même Celestia y résisterait pas.
-Mais... Ça ferait des milliers de victimes !
-Et ça serait la fin de la guerre.
-Des innocents, Flesh ! s'indigna Octavia. Luna approuverait jamais !
-Elle approuvait déjà pas les gaz, elle est revenue dessus. Elle en a marre de cette guerre. On lui offre un moyen d'en finir sur un plateau.
-Mais ça n'implique pas de civil ! Tu imagines la réaction des gens si nous gagnions en utilisant cette bombe ?
-On s'en fout. Luna a de toute façon pas envie de rester sur le trône. Depuis quand t'as une conscience, toi ?
-Et depuis quand tu es un crétin pareil ? Tu te rends compte de ce que tu dis ? Détruire une ville entière !
-Je...
-La ferme, vous deux.
Les deux poneys s'interrompirent, tournant leur regard vers Shadow. Celui-ci continuait de contempler l'engin, mâchant doucement, plongé dans ses pensées.
-Octavia à raison, on peut pas utiliser ça.
Flesh leva les pattes, abandonnant la lutte.
-Si tu le dis.
-Par contre, on peut pas la laisser là. Trop dangereux.
-On peut la démanteler ? demanda la jument.
-Je pense pas. Y'a la « marque » dessus.
-De quoi ? fit Flesh. C'est un engin du fameux et mystérieux « T » ?
-Lui-même.
-Oh ! Je comprend l'aspect compensation, alors.
-On fait quoi, alors, commandant ?
-On l'emmène, on la planque, et on l'oublie. On en parle à personne et on évite les fuites.
-Luna sera mise au courant ? demanda la jument.
-Je sais pas. Je pense pas. J'aviserais.
-Et Soarin ? demanda Flesh. Tu penses qu'il la fermera ?
-Il sera pas au courant. Dites-lui de partir sans nous, on va devoir faire un détour.
-Et... Où exactement on va planquer cette bombe ?
Stalker se retourna, plantant son regard dans celui de Flesh.
-Là où personne n'ira jamais la chercher.
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