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Allegrezza

Une fiction traduite par Littera Inkwell.

Concerto Sedici

La lumière de la Lune se glissait à travers les rideaux et illuminait l’intérieur de la pièce. De sinistres bosses sur les murs et le sol projetaient d’inquiétantes ombres ondulantes qui semblaient rôder dans la pièce. Octavia n’aimait pas la nuit, sa vision nocturne n’avait jamais été extraordinaire. Malheureusement, la chambre de Vinyl était remplie de toutes sortes de débris, présentant des silhouettes de poneys irrégulières à son imagination.

Le problème étant, bien sûr, qu’Octavia ne pouvait pas dormir. Une heure plus tôt, cela avait été bienvenu durant les activités nocturnes. Mais maintenant, cela laissait son esprit retourner les mêmes doutes obsédants, les muant en angoisses et inquiétudes obsédantes. Elle regarda sa… partenaire. Elle supposait que c’était le terme adéquat, n’est-ce pas ? C’était un label rare qu’elle avait été incapable de coller à bien des poneys. Pourtant la ponette idiote et insupportable – mais pratiquement sainte – qui reposait à côté d’elle était sa partenaire. Octavia en était certaine.

Elle bougea à nouveau, trouvant une position assise plus confortable que celle allongée maladroitement dans l’étreinte de Vinyl. Ça avait été parfaitement agréable au début, mais à cause des accès d’humeur intermittents d’Octavia, celle-ci avait vite attrapé la manie de réajuster sa position. Elle regarda par la fenêtre, les rideaux qui avaient été tirés à la hâte avant que la leçon ne commence étaient toujours entrouverts, battant légèrement sous la brise.

De tout le ciel visible, la Lune avait pris la part du lion. Elle flottait dans la noirceur éthérée, brillant légèrement au milieu de sa confédération d’étoiles scintillantes. Octavia resta assise un long moment – ou qui lui parut long – à observer le mouvement imperceptible du corps céleste dans le ciel. Octavia contempla les étoiles pendant une demi-heure, conjecturant sur les formes et les intentions derrière tout ça. Peut-être Luna elle-même avait-elle caché les réponses à toutes les questions de ses sujets, pour peu qu’Octavia le fouille minutieusement.

« Eh, Octy… t’arrives pas à dormir ? »

Octavia se tourna en retenant à peine un sifflement surpris. Vinyl faillit bondir du lit tant le mouvement était brusque, prise alors qu’elle était en train de se frotter ses yeux troubles avec un sabot.

« Oh, pardon. Je ne voulais pas te réveiller. »

Vinyl rit, toujours groggy au sortir du sommeil. Les rayons de la Lune vinrent sur ses yeux selon un angle qui renvoyait leur image dans toute leur beauté écarlate vers Octavia.

« Ça ne t’embêtait pas de me garder éveillée un petit moment plus tôt. Pourquoi tu dors pas ? J’croyais que t’étais du genre à te coucher tôt. »

Octavia envoya un sabot joueur dans le ventre de Vinyl, lui tirant un petit ‘ouf’. Elle joua avec ses sabots un petit moment, avant que l’impatience caractéristique de Vinyl ne prenne le dessus sur ses manières moins caractéristiques. Octavia vit une paire d’yeux inquiets se glisser dans son champ de vision comme Vinyl basculait pour s’asseoir à côté d’elle.

« Octy. Est-ce que ça va ? »

Octavia se tourna lentement vers Vinyl, inconsciente que son trouble soit si évident de l’extérieur. Elle ne tremblait pas, et ses yeux ne reflétaient pas la pâleur de son angoisse. Cependant, en dépit de sa façade digne d’un maître du poker, Vinyl pouvait identifier les signes. Le tic subtil de son oreille gauche, la pause imperceptible avant chaque phrase, la façon dont ses yeux pouvaient se détourner l’espace d’une seconde avant de se remettre en position.

Vinyl avait – à l’instar des nuées d’oiseaux qui prévoyaient les désastres – aperçu les signes, et pris les mesures nécessaires. Octavia sentit l’incertitude dans l’étreinte, et le retourna sans hésitation. Elle broya pratiquement les côtes de Vinyl à force de la serrer, refusant de la relâcher pour la plus courte période de temps.

« Je suis… Je veux te poser une question, Vinyl. J’ai… besoin de ta réponse. »

L’étreinte se desserra, très légèrement, et Vinyl redoubla d’efforts. Elle se pencha pour murmurer sa réponse à l’oreille d’Octavia.

« Tout ce dont tu as besoin, Octy, j’en ai besoin. »

« Où… où allons-nous avec tout ça, Vinyl ? »

Le cerveau de Vinyl gela, à peine capable de faire ressortir la contre-question du gazouillis de poulain vaseux que fut sa réponse.

« Je comprends pas de quoi tu parles. »

Octavia défit l’étreinte et brandit furieusement un sabot vers elle-même puis Vinyl.

« Où allons-nous avec tout ça ? Nous… où allons-nous, Vinyl ? »

Vinyl fit une expérience rare, cette nuit-là. Pour chaque argument il y avait un contre-argument, peu importe combien la réplique était simple. Pour chaque blague, un rire et un compliment. Pour la première dans l’étendue de sa mémoire franchement modeste, Vinyl avait rencontré une phrase à laquelle elle n’avait pas de réponse immédiate. Une qui requérait bien plus de réflexion qu’elle pouvait générer en un si petit laps de temps.

« Je… Je ne sais pas, Octy. »

Le souffle d’Octavia se coinça dans sa gorge, essayant de condamner l’accès à ses poumons. Elle lança un regard accusateur à Vinyl, la bouche bée d’un choc superflu.

« Mais… je croyais que tu avais vécu ça. Tu as dit que tu as été avec d’innombrables ponettes et poneys dans tes jeunes années. »

Vinyl émit un petit rire, plus par nécessité que par hilarité. Un rire court, brusque, presque tragique.

« Ouais, et demande-toi combien de temps ça durait. Bien sûr, c'était marrant, mais je me suis jamais souvenue de leurs noms après coup… Je l’ai jamais su pour la moitié d’ailleurs. Avec eux… c’était pas pareil. Pas comme ça. Pas comme ce que je vis avec toi. »

Malgré elle, Octavia sourit. Ses inquiétudes étaient toujours là, mais pour un moment elles furent mises de côté dans son esprit.

« Écoute Octy. Je vais jouer cartes sur table, j’improvise. La plupart des poneys dont je me rapproche trouvent une autre ponette la semaine d’après, et font comme ça toute leur vie. J’ai pas de plan, et c’est la moitié du plaisir avec toi. Je dois vivre au jour le jour, être heureuse de les vivre, et plus heureuse encore de les vivre avec toi. C’est comme… explorer, sauf qu’on peut le faire ensemble, et faire face aux obstacles… ensemble. »

Octavia porta le bout de son sabot au coin de son œil, et chassa habilement une larme avant que la moindre attention ne lui soit accordée. Elle se pencha, et fit une bise à Vinyl sur les lèvres. Même dans la pâle lumière de la Lune, le pelage de Vinyl rougissait à vue d’œil.

« Eh bien, je suppose qu’il nous faudra trouver la réponse ensemble, dans ce cas. J’aurais dû me douter que te demander conseil ne pourrait porter ses fruits. »

« J’sais pas. J’ai des pommes dans le frigo. Un peu tard pour manger, quand même, Octy. »

Octavia gloussa et s’installa finalement museau contre museau avec Vinyl. Elle rapprocha son corps, l’enserrant mollement avec une patte libre. Une posture qu’elle pouvait maintenir confortablement, heureusement.

« Bonne nuit, Vinyl. »

« ‘Nuit, Octy, n’oublie pas ton sommeil de beauté. Ça peut servir. »

Octavia réprima son cri, et ouvrit les yeux pour rencontrer le sourire jovial de Vinyl dans la lumière de la Lune chancelante. Elle ferma les yeux et enfonça la tête plus profond dans l’oreiller pour y trouver plus de confort. Son propre petit sourire se dessina sur ses lèvres, un avertissement prématuré pour la Vinyl sur ses gardes.

« Dixit le poney pour qui la beauté prévaut autant que l’intelligence. »

« Tu sais, Octy, c’est plus sympa si je fais comme si c’était un compliment. »

« Tant que ça peut t’aider à t’endormir, Vinyl. »

* * * * * *

Octavia entoura le ventre de Vinyl de ses pattes, dans une vaine tentative de la faire passer de force l’encadrure de la porte. Elle planta ses sabots dans le sol pour faire point de levier, mais perdit finalement prise sur Vinyl, et les deux s’écrasèrent au sol en une pile de deux ponettes. Octavia se remit lentement sur ses sabots, et revêtit son expression de déception la plus sincère.

« Écoute, tu dois faire des achats avec moi, que tu le veuilles ou non. »

Vinyl tenta de se cacher en se repliant dans une position fœtale convolutée, grognant contre les pavés incrustés de vieux chewing-gums.

« J’aime pas acheter des vêtements. Allez, on sort de ta répétition, on pourrait pas rentrer à la maison ? »

Octavia planta ses sabots plus profondément, métaphoriquement cette fois-ci. Sa déception devint une moue triste, et elle s’assura d’humidifier ses yeux de larmes d’attente. Vinyl toisa le déluge imminent et volontaire, et laissa s’échapper un soupir de résignation. Elle se remit debout, remarqua à quelle vitesse les larmes s’étaient évaporées, et un sourire se dessina sur le visage d’Octavia.

« Nous y voilà ! Il te faut une nouvelle robe pour le Gala, Vinyl. Et je ne prendrai pas non pour réponse. »

Vinyl gloussa tout en se plaçant juste à côté Octavia.

« T’es une manipulatrice, Octavia. Ce mouvement était juste sale. »

« Une jument ne fait que son devoir, Vinyl. De plus, tu as usé de la même ficelle plusieurs fois avec moi. Tu es une adepte accomplie de la manœuvre des yeux de chiot. »

Vinyl passa une patte autour d’Octavia alors qu’elles descendaient la rue, puis la pressa légèrement avant de la relâcher.

« J’imagine que ça fait de toi mon élève dévouée, Octy. Et puis, j’ai déjà une ten- »

« Si tu t’imagines apparaître au Grand Gala Équestre dans cette tenue de papier d’aluminium, alors ne dis plus un mot. Même les premiers épisodes de Doctor Whoof auraient eu honte de montrer ce genre de choses. »

Vinyl fit la moue à son tour ; elle baissa la tête de quelques degrés, retira ses lunettes, et s’assura qu’Octavia ait une vue panoramique de ses yeux rubis humides et scintillants. Octavia remarqua la tentative de contrebalancer son opinion, et se détourna, méprisante.

« Ça ne marche pas si je viens de le faire pour toi. »

Elle se retourna, les mêmes yeux la fixaient toujours. Vinyl était plus que déterminée une fois que son esprit s’était imposé une tâche. Octavia comparait occasionnellement cette mentalité à celle d’un poney des cavernes qui frotterait deux bâtons pour faire du feu. Vinyl avait cessé d’aimer cette vision des choses quand elle avait compris qu’Octavia sous-entendait qu’elle était une tête de mule.

« Écoute, Vinyl. Il faut qu’on y aille, si tu veux bien… »

La moue stoïque de Vinyl gravit d’autres échelons, Octavia n’était pas sûre que telle quantité de larmes puisse être endiguée plus longtemps.

« D’accord. Si tu viens avec moi, je te revaudrai ça plus tard. »

Vinyl décida de jouer prudemment, en conservant la sécurité de ses yeux emplis de larmes.

« Comment tu vas faire ça ? »

« Eh bien, je t’accorderai quelques… faveurs. Plus tard. »

Pour des raisons qui ne peuvent être détaillées ici même – dû à la quantité de poulains et pouliches lisant cette fiction – Octavia et Vinyl échangèrent un sourire complice et entendu. Vinyl sécha ses larmes d’alligator, et adopta une allure guillerette comme elles trottaient vers le centre commercial de Canterlot qui les attendait droit devant.

« T’as vu Octy ? C’est pour ça que t’es toujours mon élève. »

* * * * * *

Après moult recherches, délibérations, et casse-croûtes express dans des cafés, Octavia et Vinyl tombèrent sur le magasin qu’elles avaient l’intention de visiter. Elles arrivèrent chargées de sacs contenant des trucs qu’elles n’avaient pas l’intention d’acheter, mais apparemment les campagnes de pub de divers grands magasins avaient décidé qu’elles devraient.

La boutique en elle-même était une vaste et flamboyante affaire, généreusement décorée de choses qui avait l’air très cher et, comme Vinyl le remarqua, facile à caser dans une sacoche. Elle était aussi extravagamment nommée ‘Un Magasin Qui Est Vraiment Sympa’, titre que le français très rudimentaire de Vinyl avait du mal à comprendre.

Octavia toisa le titre, avant de pousser la porte grande ouverte et de laisser Vinyl entrer dans la pièce. Immédiatement en pénétrant dans la boutique, elles furent accueillies par une ponette aux allures d’aristocrate, sa silhouette bleu marine enveloppée d’assortiments pompeux et exubérants. Octavia pensa qu’elle avait pris sur elle-même pour être le mannequin qui porterait ses propres designs. Ou pour être exact, il semblait qu’elle voulait faire de la publicité pour tous à la fois.

« Bonjour à vous, mesdames ! Je suis Toile Chatoyante, et ceci est ma Boutique Magnifique ! »

Octavia s’écarta quand la vendeuse impérieuse s’approcha, avant de tendre prudemment un sabot pour serrer celui de Toile. Elle poussa un léger soupir, remarquant l’excitation contenue dans la poigne de l’autre.

« Bonjour… à vous aussi. Moi-même et mon amie sommes à la recherche de robes pour le Gala, je me demandais si vous aviez des designs qui conviendraient ? »

Tout d’un coup les yeux de Toile s’illuminèrent, un canevas et un stylo sortirent d’une pièce dans une aura magique bleu nuit. Le stylo dansa dans les airs, esquissant des lignes aussi gracieuses que le poney pour lequel elles étaient désignées. Avatar multitâches, Toile procédait à coudre la même robe par magie tout en la dessinant, jusqu’à ce qu’Octavia la coupe avec une interrogation confuse.

« Mlle Toile… qu’est-ce que vous faîtes ? »

L’essaim d’objets et de tissus se figea dans les airs, la magie bleu éthérée les maintenant en place. Toile se détourna du cœur de sa ferveur artistique en rougissant, navrée.

« Oh, je suis tellement désolée d’avoir pris les devants. Toutes mes robes sont faites au sabot et sur mesure, j’ai un don pour deviner les dimensions d’un seul coup d’œil, et ce qui convient le mieux à une jument. Par exemple, ce nœud papillon rose que vous portez montre que vous voulez attirer l’attention sur vos yeux, alors j’ai conçu votre robe pour faire de même. »

Octavia joua distraitement avec son nœud papillon, pas sûre de savoir comment répondre à l’idée d’un processus de pensée dont elle n’était même pas consciente. Elle pensait juste que son nœud papillon était… joli. Vinyl ricanait tout bas derrière elle comme Toile se remettait au travail.

Un mannequin avait été placé au centre, diverses pièces de tissu et de vêtements se formaient dans les airs au-dessus avant de plonger sur la forme de bois comme des oiseaux sur la mer. Et ainsi, une robe des plus élégantes commença à prendre forme. Une longue toge grandit, noir de jais à volants rose vif, revêtant la croupe. Les pattes avant du mannequin furent enveloppées de chaussettes jusqu’aux genoux, d’un gris ardoise terne surmonté d’une touche subtile de rose. Sur l’oreille gauche une rose de tissu magnifiquement découpée était coincée, et un collier orné d’une morganite en son centre fut placé autour du cou.

Toile recula, paire de ciseaux, fil et aiguille toujours près d’elle. Ils partaient pincer en certains endroits, prolonger en d’autres, peaufinant et perfectionnant l’œuvre. Octavia s’avança comme Toile l’y invitait, lui permettant d’admirer son travail dans son ensemble. Délicatement, Octavia caressa sa robe d’un sabot, parcourant le design des yeux. C’était vraiment époustouflant de contempler une œuvre si personnelle créée si rapidement.

« N’hésite pas à l’essayer, je ne m’attends pas à ce que tu l’achètes sans l’avoir portée auparavant. »

Octavia détourna ses yeux de l’habit, et acquiesça. D’un coup la robe fut retirée du mannequin, et la bouffée de magie bleu nuit souleva Octavia à plusieurs centimètres au-dessus du sol, afin d’apposer la robe sur elle. C’était plus ou moins une expérience déconcertante il faut dire, mais elle tint ses promesses, et Octavia fut délicatement reposée au sol entièrement habillée.

Elle pensa nécessaire de parader dans sa tenue, et remarqua combien la façon dont les chaussettes de soie caressaient ses pattes était presque trop appréciable, et combien la tenue tout entière ondulait parfaitement avec ses mouvements. L’habit pesait à peine aussi lourd qu’une plume pour elle. Elle se tourna vers Vinyl, qui lui avait donné plus qu’un seul coup d’œil appréciateur durant la parade, et se tenait alors la bouche légèrement béate en un sourire ébahi.

Octavia exécuta une petite pirouette pour Vinyl, en concluant par un regard curieux. Vinyl prit un moment pour recouvrer sa faculté de parler afin de transmettre ses pensées à Octavia. Heureusement, sa faculté de bienséance sociale était aussi fonctionnelle.

« C’est… tu es… belle, Octy. Vraiment magnifique. »

Octavia rougit, une teinte que le rose de la robe accentua.

« Bien, je crois que nous allons prendre celle-là. Et maintenant, Vinyl, c’est ton tour. »

Octavia procéda à retirer sa robe, une tâche qu’elle dut mener toute seule puisque la fashionista dans la pièce était occupée ailleurs. Vinyl se tint droite, une aura bleue déroba ses lunettes et les déplaça pour les poser au-dessus de sa corne. Toile arrêta de bouger un moment, jaugeant minutieusement sa tâche.

« Intriguant que tu choisisses de cacher des yeux aussi frappants. Ils sont vraiment ton meilleur atout. Hmm, il devrait y avoir une partie sur la tête, pour attirer l’œil du badaud, et le reste du corps devrait se marier à la crinière pour les encadrer. Oui ! Je l’ai ! »

Les yeux de Toile alors ternes brillèrent d’inspiration, l’essaim de tissus et d’outils fut propulsé dans les airs, et se rassemblèrent autour du mannequin pour travailler. Comme avant, une robe se forma, bien que cette fois l’habit fût plus sombre. Le torse était vêtu de noir profond et d’une bande rouge à la hanche, tandis que la croupe fut recouverte d’une pièce qui se prolongeait jusqu’au sabot, d’un bleu nuit garni de séries de notes de musique roses.

Un habit aux allures d’écharpe fut déployé ; du cyan chatoyant, orné d’une note de musique noire au centre. Enfin, une rose rouge rubis fut créée, un ornement minutieusement découpé comme celui d’Octavia qui avait été placé sur l’oreille du mannequin. Toile paracheva son design, les dernières parties se mettaient en place et elle poussait de profonds soupirs d’efforts.

Octavia avait retiré sa propre tenue à temps pour voir Vinyl complètement habillée. Celle-ci était quelque peu moins coopérative, et gigotait pendant que Toile lui enfilait sa tenue. Pas que cela semblât affecter les capacités magiques étonnamment développées de la fashionista. Vinyl fut reposée sur le sol, où elle se mit à chanceler dans sa nouvelle tenue.

Elle se tourna vers Octavia, qui émit un cri de surprise. Elle qui avait toujours trouvé les yeux de Vinyl séduisants, voilà qu’ils étaient réellement hypnotisants. La robe semblait presque n’être qu’un miroir sublimant pour eux, attirant toute l’attention sur ces yeux qui attendaient le verdict.

« Oh mon… eh bien, c’est possible de te faire paraître cultivée. C’est vraiment… à couper le souffle. »

Octavia aperçut Toile sourire dans un coin, pendant que Vinyl lui faisait la petite pirouette coutumière. Octavia remarqua aussi – à l’issue d’un processus de pensée qu’elle ne défendait pas comme des plus éloquents – que la tenue accentuait aussi les courbes de Vinyl d’une façon des plus flatteuses.

« Eh bien, je suppose que ça veut dire que vous avez rendu deux clientes heureuses, Toile. Une paire de sourires ne serait-elle pas le meilleur paiement en échange de votre art ? »

Toile gloussa, un rire tintant et fluide comme une cuillère à café qu’on remue dans une tasse.

« En effet, mais le propriétaire n’accepte pas les sourires comme paiement. Je peux vous offrir la réduction ‘couple’ si vous voulez. »

Octavia toussa, le sang afflua vers son visage et Vinyl frotta nerveusement un sabot contre le sol.

« Hé hé, vous avez remarqué, c’est ça ? »

Toile sourit, déjà en train de rédiger un reçu avec une plume et un parchemin.

« Comme je l’ai dit, mon talent est de jauger un poney, ou des poneys. Vous aviez l’air… ça me semblait logique de créer des robes pour vous deux. C’est rare qu’un couple comme vous passe cette porte et brille de la même façon que vous. Bien, pour en revenir au paiement. »

Vinyl gloussa, et fouilla dans sa sacoche pour de l’argent, tandis qu’Octavia faisait de même en rougissant. Elles s’entre-regardèrent en payant, les visages brûlants, bien qu’elles fussent toutes les deux conscientes que l’autre riait intérieurement.

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