Fuite

La toute récente batpony déambulait dans des immenses couloirs depuis un bon moment maintenant. Elle ne se serait pas vue prendre la voie des airs, car elle ne connaissait pas encore ses nouveaux membres, préférant ainsi chercher la sortie par ses propres moyens. Néanmoins, elle commençait à se demander s'il y avait vraiment en moyen de quitter ces lieux. Elle devait sûrement se trouver dans le château royal des princesses. Elle avait une connaissance limitée des alicornes, mais connaissait tout de même la réputation de la capitale et du célèbre château de Canterlot.

Elle était sans aucun doute dans l'une des tours, la seule façon possible pour sortir était de trouver un escalier qui la mènerait au rez-de-chaussée.

Punk se mit à imaginer son avenir à partir de maintenant. Elle se rappelait encore des derniers souvenirs qu'elle avait violemment récupérés tout à l'heure. Elle se rappelait du froid, de la peur, et de la solitude, mais à l'heure actuelle, la solitude était peut-être la chose qu'elle souhaitait plus que tout.

Après avoir marché durant cinq bonnes minutes, elle remarqua enfin qu'elle n'avait pas encore trouvé le moindre passage dans ce couloir. Cinq minutes qu'elle marchait tout droit sans jamais croiser d'issue… Elle se retourna pour trouver une autre voie, mais le couloir semblait s’étirer à l'infini.

Un rire vicieux se fit entendre dans la longue allée avant qu'une forme ne descendit pour atterrir lourdement au sol en face de Punk. Elle fit aussitôt un pas en arrière en fronçant les sourcils. C’était un autre de ces batponies équipés de la même armure que les autres. Il se contentait de dévisager la jument en lui décochant un large sourire avant de dire : « On te dit que tu es devenu une batpony, et toi, tout ce que tu trouves à demander, c’est où se trouve ta stupide veste ? » Il repartit dans un rire hystérique avant de faire un pas vers la jument qui la dévisageait toujours durement. « Oh à ce propos… » Il lui envoya son sabot en pleine face, la faisant trébucher sur le flanc. « Ça, c’est pour avoir frappé maman. »

Punk voulut se redresser aussitôt, mais le sabot de l’étalon vint lui coller le crâne contre le sol.

« On s’est déjà vus il y a quelques jours… enfin, à ce moment-là tu n’étais encore qu’un légume incapable de réfléchir et ne souhaitant que montrer les crocs… je me demande si ce n’est pas encore le cas…

— Fout… le camp… enfoiré ! » Articula-t-elle difficilement, la mâchoire coincée.

« Hmm non, pas tout de suite, d’abord, tu vas m’écouter pendant que je te présente la situation. Bref, pour faire court, tu es devenue une batpony, ta-da, quel jour glorieux, que celui où tu t’es métamorphosée toi, la vulgaire pute de campagne en une magnifique créature fascinante et mystérieuse.

— Fils de pute ! » Grogna-t-elle entre ses dents.

Le batpony se mit à sourire de plus belle avant de relever son sabot pour qu’elle puisse en faire de même avec sa tête juste avant de la plaquer à nouveau au sol plus violemment.

« Excuse-moi, je n’ai pas entendu. Bon, où en étais-je ? Ah oui ! En tant que batpony, te voilà maintenant habitée d’un instinct persistant et puissant qui vit en toi. Oh, ne vas pas penser que c’est un coup de Luna, bien sûr elle nous a maudits, mais cette créature au fond de toi n’est rien d’autre que tes instincts les plus animaux et primaires, et rien qu’à te voir, je vois que ce monstre était déjà en toi avant même ta transformation. »

Il retira alors son sabot qui bloquait la jument et lui tourna distraitement le dos avant de s’éloigner. Punk quant à elle, se redressa aussitôt et se mit en position, prête à sauter à n’importe quel moment.

« Luna… c’est une histoire compliquée. Je ne suis même pas d’accord avec ses raisons, mais quoi qu’il en soit, nous connaissons les risques.

— Je vais t’démolir ! » Cria Punk en sautant sur l’étalon.

« C’est bien ça le problème… » Rétorqua-t-il d’un ton froid et incroyablement calme étant donné la menace.

Le batpony ne mit pas une seconde avant de se tourner face à son assaillante et pointa simplement un sabot vers elle. L’impact fut brusquement étouffé par son bras enfoncé dans son cou qui la maintenait à distance pendant qu’elle faisait claquer ses dents à quelques centimètres de lui.

« Ouah, tu n’utilises pas encore tes ailes, mais tu penses déjà à utiliser tes dents… qu’est-ce que tu étais avant, un animal ? » Il la repoussa de toutes ses forces, la voyant se faire éjecter d’au moins cinq mètres avant d’atterrir lourdement sur le sol. « Est-ce qu’on peut encore discuter avant d’en arriver là s’il te plaît ? » demanda-t-il en reprenant son sourire exécrable.

La jument se releva et se remit en position d’attaque. Un grondement dont même elle ignorait l’existence fit irruption dans sa gorge.

« De mieux en mieux… » Annonça-t-il en secouant la tête avant de reprendre rapidement pour éviter un second assaut. « Moi c’est Funk. Je suis le premier batpony que Luna a créé. Ensuite il a eu Grunge et House et enfin le soldat. Ce n’est pas important, mais ce que je veux te dire, c’est que TOUS, nous avons réussi à refréner ses pulsions à l’intérieur de nous. TOUS, nous avons accepté notre nouvelle condition de garde de la nuit et nous avons fait fi du passé. Et aucun d’entre nous n’a jamais désobéi à Luna, jamais.

— Il ne faut jamais dire jamais ! » Rétorqua Punk qui plia un peu plus ses jambes pour se préparer à sauter. Funk se mit à rire bruyamment.

« C’est ça que je trouve incroyable chez toi, tu parles sans rien savoir et pourtant, tu sembles mettre le sabot sur quelque chose.

— Qu’est-ce que t’en sais ? C’est la première fois que je te parle. » Elle attendait encore qu’il se rapproche.

« Oh détrompe toi, je t’ai écoutée quand tu étais dans la salle de bain. Il le fallait bien si je voulais savoir si Luna allait réussir ou pas.

— Réussir quoi ? » Interrogea-t-elle aussitôt, voulant distraire le plus possible l’étalon pour qui baisse sa garde.

« À prouver que tu peux te dominer, et malheureusement, tu viens d’échouer.

— La belle affaire ! »

Il se mit à glousser en baissant les yeux.

« Ouais, ça serait génial si on pouvait juste ignorer tout ça... » Il se mit à soupirer.

Punk n'attendit pas un instant de plus pour se propulser sur son adversaire. Toute sa rage était dans ses mouvements, elle pouvait quasi sentir le temps s'arrêter quand elle parcourut le peu de distance qui la séparait de l'étalon. Il s'était rapproché, permettant ainsi à la jument de l'atteindre d'un bond, il avait baissé ses yeux, baissant sa garde par la même occasion.

Desserrant ses mâchoires, elle ouvrit la gueule en grand en visant la gorge de l'étalon. Mais au dernier moment, l'étalon s'abaissa simplement pour esquiver l'attaque. Se rattrapant rapidement sur ses pattes, la jument se retourna pour porter une seconde attaque, mais elle ne fut pas assez rapide pour bloquer les deux sabots qui foncèrent sur elle. L'un passa derrière sa nuque tendit que l'autre percuta sa gueule pour agripper sa mâchoire inférieure. Elle referma la bouche pour mordre le membre de l'étalon qui ne broncha même pas quand ses canines transpercèrent sa peau, il se mit même à sourire avant de tirer violemment en arrière.

Punk perdit l'équilibre et se retrouva attirée en avant, incapable de se remettre sur ses sabots. Elle tenta de frapper l'étalon qui souriait en empoignant encore plus fort sa mâchoire. Il la tira ensuite en arrière en voyant le corps de la jument se faire emporter sans aucune résistance avant de la projeter dans l'autre direction. Son jeu dura une bonne minute ou la jument gardait la gueule fermée sur le sabot de l'étalon, mais c'était avant tout pour éviter qu'il ne lui arrache la mâchoire inférieure.

L'étalon leva son sabot au dessus de lui avant de le rabattre violemment au sol, suivi de la batpony qui eut le souffle coupé. Elle le lâcha enfin, clouée au sol.

Funk se mit à tourner lentement autour d'elle en la regardant la bouche grande ouverte, comme incapable de reprendre sa respiration.

« Oh, tu n'as pas encore remarqué ? Tu n'as plus besoin de respirer, en fait, l'air ne te sert plus que pour parler. Malheureusement, tu ne vas pas avoir le temps de t'habituer à ce nouvel état. »

Il se plaça juste au-dessus de la jument en la cernant de ses sabots. Son regard croisa le sien, il n'avait plus aucun sourire, il ne semblait pas non plus en colère, il gardait un ton le plus neutre possible. Ses lèvres se mirent à bouger comme s'il voulait parler, mais aucun son n'en sortit.

Punk dans une attaque désespérée tenta de se relever en visant la gorge vulnérable de son assaillant, mais ce n'est pas cette fois-ci qu'il allait se faire avoir. Il plaça son sabot dans la trajectoire de l'attaque de la jument et se retrouva encore avec le sabot en bouche.

« Un vrai animal... » Jugea-t-il en secouant la tête pendant qu'elle lui broyait le sabot entre ses dents. « Je le vois dans tes yeux… tu ne fais même pas l'effort de le retenir... » Mais la jument utilisa brusquement l'un de ses sabots pour dégager la patte de l'étalon qu'elle libéra de ses crocs. Même le sabot un sang, Funk sentit que quelque chose lui manquait, posant son regard sur sa patte amochée, il remarqua très vite son erreur.

Punk serra les mâchoires pour actionner le mécanisme du renfort de sabot de Funk qu'elle avait gardé en bouche et fit sortir la lame. Elle l'agrippa aussitôt de la patte et le planta dans la gorge de l'étalon qui se mit aussitôt à reculer.

« Salope ! » Jura-t-il en portant ses sabots à sa gorge pour en extraire l'objet. Mais la jument s'était déjà redressée pour se remettre à l'attaque. Elle ne lui fonça pas la gueule ouverte en visant la gorge et se contenta de poser ses sabots sur les épaules de l'étalon qui venait tout juste de retirer la lame. Elle se mit à lui sourire en rejetant la tête en arrière avant de venir la fracasser avec une extrême violence contre le crâne du batpony.

Entraîné par le coup, il s'écrasa au sol complètement immobile. La jument ne put retenir un sourire triomphant en reprenant son souffle, juste avant de se rappeler ce que l'étalon venait de lui dire. Elle retint alors sa respiration, comptant les secondes puis les minutes, une sensation étrange se fit sentir dans tout son corps.

Que lui était-il arrivé ? Elle se posa sur ses hanches justes avant que ses membres ne puissent plus la maintenir debout. Se mettant à glousser, elle se mit à se pencher en avant comme si elle allait vomir, mais rien ne vint. Elle gardait cette boule au fond de l'estomac alors qu'elle n'arrivait toujours pas à ressentir un manque d'oxygène. Son rire se fit de plus en plus bruyant jusqu'à ce qu'une larme se mit à couler le long de son visage.

Posant ses sabots sur son visage, elle les pressa de plus en plus fort contre son crâne quand sa voix se brisa dans sa gorge, et que le rire se confondit avec les pleurs.

« Prendre conscience de ce qu'on est n'est pas toujours facile… en fait, c'est peut-être le plus dur. Certains vont jusqu'à l'ignorer jusqu'au bout. » Elle releva lentement la tête, croisant le regard de l'étalon au visage maculé de sang. Il ne souriait pas, il n'était pas en colère, et gardait juste un air neutre. « Beaucoup ont déjà pensé m'affronter... » Déclara-t-il en se relevant doucement en se frottant le front et en regardant le sang sur son sabot. « Ça m'apprendra à ne pas porter de casque. »

Il s'approcha silencieusement de la jument qui gardait la tête baissée, mais qui l'observait du coin de l’œil.

« Tu n’es pas une simple jument toi… » Dit-il sur le même ton neutre avant de s’assoir juste à côté d’elle. « Ça se voit quand tu te bats… Dit-moi… » Ajouta-t-il en tournant son regard vers elle, la curiosité apparaissant dans sa voix. « Quel genre de monstre étais-tu avant de devenir une batpony ? »

Elle releva brusquement la tête vers lui pour le voir sourire de toutes ses dents.

« J’aimerais tant rencontrer une personne qui avait ce monstre en elle avant la transformation. Ce monstre qui a été rendu plus fort maintenant et qui t’empêche de reprendre le dessus. » Il se redressa, suivi aussitôt de la jument qui ne voulait pas baisser sa garde, même les yeux pleins de larmes. « Ils cherchent toujours à combattre ce monstre, ou d’autres décident encore de l’ignorer et de le refouler au plus profond d’eux-mêmes, mais toi… toi tu es comme moi, ce monstre est une partie de toi, le combattre reviendrait à te battre contre toi-même.

— Tu ne sais rien de moi… » Avait-elle dit sur un ton empreint de lassitude.

« Je me fiche de te connaitre vu ta mort imminente. » Répondit-il froidement. « Mais tu sembles penser en savoir bien plus sur toi ? Alors réponds à ma question, pourquoi as-tu gardé le nom de Punk ?

— Ça ne te regarde pas ! » Elle finit à peine sa phrase que le batpony s’était avancé à quelques centimètres de son visage.

« De toute façon, tu vas mourir alors tu n’as plus rien à perdre, si ? » Il avait gardé son sourire narquois ce qui énerva au plus haut point Punk qui lui lança son sabot en pleine face. L’étalon se contenta de se baisser pour esquiver et tira même le sabot vers lui pour rapprocher encore la jument de son visage. « Une tueuse, une putain, une trafiquante, une droguée ? Dis-moi ce que tu cherches autant à cacher. »

La jument se débattit, mais n’arrivait à rien, même ses coups de sabot dans le plastron de son armure semblaient inefficaces.

« Pourquoi tu pleures ? »

La phrase stoppa net Punk. Elle jeta alors un regard noir à l’étalon qui souriait.

« J’ai tué mon père.

— Oh comme c’est mignon… » Il la plaqua contre le mur le plus proche. « Excuse-moi, mais ton petit jeu d’intimidation ne marche pas avec moi. Parle-moi de choses qui comptent vraiment pour toi. S’il te plaît. » Il afficha une mine boudeuse sur ses lèvres.

« À l’époque, j’aurais déjà défoncé un fils de pute dans ton genre !

— Enfin ! Elle me parle de qui elle était ! Allez, ne t’arrête pas, continue. »

Toujours plaquée au mur, la jument avait le sabot du batpony pressé contre la gorge, heureusement qu’elle n’avait plus besoin d’air, même si c’était plus facile pour parler. Elle articula difficilement : « J’ai choisi de vivre chaque jour à fond sans jamais me soucier des problèmes. J’avais un groupe d’étalons avec moi et chacun d’eux aurait tout fait pour moi. J’imagine que c’est un concept qui te dépasse, sale pourriture ! »

Le batpony semblait réfléchir, les yeux dans le vague. Punk tentait toujours de se soustraire à son emprise, mais il était inflexible.

« Détrompe-toi… » chuchota-t-il juste avant de planter son regard dans le sien. « On va s’arrêter là, d’accord ? »

Punk le savait bien, la question était rhétorique, et comprenait parfaitement ce qu’il entendait par « s’arrêter ». Elle se mit à le frapper de nouveau, mais toujours sans succès. Grognant de plus en plus fort, elle tentait par tout les moyens de se libérer. Elle planta ses yeux dans ceux de l’étalon, son regard était froid, glacial, il n’y avait plus aucune émotion qui en émanait. Punk voyait sa fin arriver quand le batpony la souleva encore contre le mur ne put retenir un sursaut, mais toujours elle gardait le contact visuel avec lui.

Il enfouit un sabot sous le plastron de son armure pour en sortir un petit collier, une simple chaîne d'argent ou pendait une petite pierre sculptée en forme de croisant de lunes.

« Adieu Punk, ne m'en veut pas s'il te plaît, je suis un monstre, mais c'est uniquement à cause de Luna. »

Elle voyait sa fin arriver dans le regard de l'étalon, mais n'arrivait toujours pas à se libérer. Se mettant à gémir entre deux coups de sabot, elle vit tout à coup le batpony s'immobiliser. « Luna ? » Interrogea-t-il en lâchant aussitôt la jument.

Elle retomba lourdement sur le sol, mais fut très vite soutenue par le poney qui vint l'aider à se relever. Ne comprenant pas la situation, elle lui jeta un regard noir en portant un sabot à sa gorge. Il semblait véritablement inquiet.

« Où est-elle passée ? » Il redressa la jument et se mit à regarder le long couloir sans fin des deux côtés. « Maman, qu'est-ce que tu as fait ? »

Punk ne comprenait rien et se contentait de dévisager le batpony. Il s'était arrêté à deux sabots de la tuer et semblait tout à coup faire comme s'il était en face d'une autre personne. Elle n'avait pourtant rien fait pour qu'il en arrive à ça, alors que lui était-il arrivé ?

« Je ne sais pas... » Avait-elle annoncé d'une voix fluette, craignant de se faire démasquer dans le délire de l'étalon.

Il se contenta de remettre le collier dans son armure avant de jeter un regard suspect à l'alicorne qu'il avait en face de lui.

« Tu ne penses pas qu'elle s'est enfuie ?

— S-si… cours la retrouver ! » Ordonna-t-elle en se détournant de lui, mais il vint aussitôt placer un sabot devant elle.

« Non maman ! Reste avec moi, je ne voudrais pas que tu tombes sur elle par mégarde.

— Je me débrouillerai seule. » Répondit-elle sans jamais croiser son regard. L'étalon fit alors la distance qui la séparait d'elle pour venir se planter face à elle. Dans cette situation elle ne pouvait plus fuir son regard et était obligée de l'affronter.

« C'est pour elle que je dis ça maman. »

Il se mit alors à avancer dans le long couloir. Le manque d'issue ne semblait pas l'inquiéter, et c'est en jetant un coup d’œil en arrière qu'il intima l'ordre à sa ''maman'' de le suivre.

Punk ne put que lui obéir. Si elle prenait l'air de s'éloigner en tant soi peu, l'étalon aurait aussitôt des doutes. Le combattre se serait avéré totalement inutile. Même si elle ressentait que sa force s'était décuplée, elle n'en restait pas moins faible face à cette créature qui semblait manier les mêmes pouvoirs depuis bien plus longtemps qu'elle. Elle ne devait pas se faire prendre, quitte à rentrer dans le jeu de ce batpony complètement à l'ouest.

Marchant à ses côtés, l'étalon ne pouvait s'empêcher de lui adresser des petits coups d’œil. Était-il en train d'attendre quelque chose de l'alicorne se demanda Punk.

« Dis-moi maman, pourquoi penses-tu qu'elle a gardé le nom que tu lui as donné ? » Il affichait de nouveau ce sourire si impertinent, même quand il se croyait face à sa soi-disant mère. Forcée de répondre, elle tenta de paraître le plus naturelle possible.

« Peut-être qu'elle veut garder une part de son passé pour elle.

— Jusqu'à son nom ? Arrête ça maman, tu vois bien qu'elle nous cache qui elle est vraiment... »

Elle ne tenta pas d'apporter une quelconque explication, s'imaginant déjà le batpony l'insulter de monstre ou d'animal. Il se renfrogna quelque peu en baissant les oreilles face à l'alicorne qui restait silencieuse. « Je l'ai vu pleurer, maman… »

Punk dressa aussitôt les oreilles en poussant un bref sursaut. Funk ne sembla pas le remarquer et continua.

« Je n'ai jamais vu un monstre pleurer... » Continua-t-il avant de s'arrêter.

Punk continuait de marcher, le regard las. Elle n'en pouvait plus, elle ne savait plus où elle en était. Si seulement elle savait où elle se trouvait actuellement, mais même cela lui semblait flou. Elle avait échappé à la mort pour se retrouver face à son bourreau. Elle n'avait plus rien à faire, plus de lieux à visiter, le monde en avait fini avec elle et ne désirait plus que la voir partir.

« Punk ! » Avait appelé Funk d'une voix à moitié brisée. Il attendit de la voir s'arrête et se retourner avant de poursuivre en soupirant : « Tu pourras courir autant que tu le voudras, tu ne pourras pas m'échapper.

— Ça avait l'air de marcher il y a encore trente secondes... » lâcha-t-elle en haussant les épaules, mais gardant la tête basse, comme fatiguée de tout ceci.

« Je savais déjà que c'était toi au moment ou tu as posé les yeux sur moi. Luna ne me regarde jamais comme ça. Comment tu as fait ça au juste ?

— J'en sais rien, je pensais même que c'était toi qui étais devenu complètement fou. »

Il se mit à glousser en parcourant lentement la distance qui le séparait d'elle.

« Tu n'es pas obligée de te laisser faire, tu sais… ça n'a pas l'air d'être ton genre.

— Je suis juste fatiguée. » Elle baissa la tête sans plus ressentir aucune peur, mais une lente lassitude.

« Tant que tu ne pleures pas, je veux bien même me montrer reconnaissant pour ça. » Il s'était arrêté à moins d'un mètre d'elle.

Punk releva lentement la tête quand elle sentit un sabot sur son épaule. Elle ne fut qu'à moitié surprise de voir l'étalon se rapprocher brusquement d'elle pour l'embrasser. Elle était totalement brisée, et ne rechigna pas à laisser faire l'étalon. Des paroles restaient pourtant sur ses lèvres : « je déteste regarder les juments pleurer, ça me crève... » murmura-t-elle contre la bouche de l'étalon.

Il se contenta de passer un sabot derrière la nuque de la jument qui se raidit aussitôt, mais se détendit peu à peu quand elle sentit ses lèvres se presser un peu plus contre les siennes.

« Crever ? Tu l'es déjà... » Il lui sourit avant de l'embrasser à nouveau.