30 - Relics

Nous partons.

Vous... partez ?

Oui... désolé, Tia, mais on ne peut pas te suivre.

Mais... mais la construction marche à merveille ! Les gens sont heureux de travailler, notre future capitale est presque finie... que vous arrive-t-il soudainement ?

On ne peut pas s'engager sur ce chemin, Tia. On en a discuté, nous deux, et on se demande au final si... Liberty n'avait pas raison à ton sujet.

C'est peut-être un peu trop tard pour changer d'avis, non ? Vous vous souvenez de ce qu'il a fait ?

Ça, c'est ta version des faits. Et elle me semble... vague. Ce n'est pas quelque chose qu'il aurait fait, non. Plus moi et Charity on y pense, plus on se demande si c'est vraiment la vérité. Et quand bien même ce serait le cas, tu es en train de faire exactement ce que Discord avait fait.

Explique-toi.

Tu ne comprends pas, Tia ?! C'est pourtant extrêmement clair, ces gens vous considèrent comme des déesses, toi et Luna ! Ce que tu as fait c'est juste prendre la place du trône, c'est contraire à tout ce en quoi nous avons cru. Et en faisant ça, tu as aussi abandonné des tas de gens, dont nos propres amis !

Vous ne m'en avez absolument pas empêchée quand c'était le bon moment.

Car nous avions cru en toi. Aujourd'hui par contre... c'est différent. Nous avons été idiots, Célestia. Nous t'avons suivie aveuglément, rejetant notre propre compagnon... et aujourd'hui, nous allons faire la seule chose que nous pouvons encore faire.

Alors dans ce cas, partez ! Partez et disparaissez de ma vue ! Je m'en occuperai seule.

... Eh bien soit. Dans ce cas, adieu.

Elle baissa la tête, son corps tremblant. Liberty, Charity, Faith, Arlequin... ils étaient tous partis. Elle les avait... tous... abandonnés. Et ils ne reviendraient jamais...

Elle s'écroula, se mettant à pleurer toutes les larmes de son corps. Ses sanglots et lamentations retentissant dans le vide, elle craqua enfin après mille longues années. Tout ce qu'elle avait fait, toutes les horreurs qu'elle avait causées... elle vit le visage de ses amis dans son esprit et eut l'impression que son cœur se brisait en deux. La douleur et la culpabilité retombaient enfin sur elles. Si seulement... si seulement elle pouvait avoir l'occasion de les revoir, de leur demander pardon pour ce qu'elle avait fait... si elle pouvait encore tout arrêter et nettoyer le sang qu'elle avait sur ses sabots...

Mais c'était trop tard. Beaucoup trop tard. Elle continua de pleurer pendant de longues minutes, son visage déformé par la tristesse. Elle se dégoûtait. Elle aurait pu tout aussi bien mourir maintenant... que cela n'aurait plus aucune importance pour elle. Juste... que tout s'arrête, qu'elle soit enfin libre de ce calvaire...

Elle ferma les yeux, continuant de sangloter et de renifler. Elle s'interrompit lorsqu'elle sentit un vent froid passer... elle se leva, rouvrant les yeux et regardant autour d'elle. Puis elle regarda le ciel, aucun nuage.

Par contre, ça n'empêcha pas un flocon de neige de tomber sur son museau.