En un pleur, ce qui fait d'un monde une tragédie

Je ne m'en souviens que trop bien, malheureusement.

Seule dans mon exil, m'étreint douloureusement

Le souvenir de cette haine, de ce dépit.

Et quelques années plus tard qui donc me trahit ?

Je ne veux pas en parler. Pas maintenant.

Cela me ferait succomber. J'en ai le pressentiment.

La lune rousse en profiterait, empreinte de ressentiments.

Je sens dans mon cou quelque chose couler. Serait-ce mon sang ?

Les larmes... depuis quand ne les avais-je plus senties s'écouler ?

Ce charme que j'avais oublié, comment puis-je de nouveau m'y adonner ?

Seraient-ce tes mots qui m'auraient ramenée à la vie ?

Mes maux à moi, eux, ne m'ont jamais laissé de répit.

Je me sens si vivante ! Je peux de nouveau rêver,

Me réjouir, penser, frémir. Comment y es-tu arrivé ?

Tu ne m'as parlé que d'un mauvais souvenir partagé

Un fait qui nous fit vieillir... Nos marques de beauté !

Tu m'as rappelé pourquoi je suis vraiment faite,

Et même si cela nous ramène à cette nuit de tempête,

Je me souviens que la mélancolie me rendait toujours sereine.

Cependant, si ton arbre est le saule pleureur, le mien est le chêne.

L'arbre sous lequel la justice est faite,

Même s'il n'y en a pas ici, j'ai leurs cimes verdoyantes en tête.

Ce soir tu m'as rappelée à mes devoirs,

Tout en me faisant réfléchir sur mes déboires.

Ma langue se délit. Au grand combien j'aimerais te revoir.

Tu as beau avoir commis un délit, tu demeures celui qui redonne espoir.

Il ne suffirait pas de toute une vie pour parler de la tienne

Mais je suis bien heureuse d'en être la gardienne.

Cependant, demeure cette part d'ombre en moi

Je sais que toi plus que quiconque me comprendra.

Je ne peux oublier ton infamie. Ce fut toi qui me trahit

Le premier en tout cas, c'est à cause de toi que bascula ma vie.

Cependant, je ne peux m'empêcher de t'écouter

Lorsque tu es en train d'écrire ou en train de chanter

Car sans toi, ma vie n'aurait jamais pu changer

Sans toi, j'aurais dû me taire à jamais

Je sais maintenant comment agir, même si cela me fait souffrir.

J’enfermerai ma haine envers toi dans cette ombre dont je suis la martyre

Tes sentiments envers moi sont tous nouveaux pour moi.

Alors ne me demande pas de me blottir dans tes bras.

Je t'aime. Ces mots sont bien réels.

Tout comme ces larmes en train de couler

Mais ma retenue est due à mon cœur brisé.

Trop de fois mes sentiments furent trompés.

Est-ce vraiment moi que tu aimes ? Ou bien une jument gardienne de l'Eden ?

Je sais que tu ne peux pas répondre à ces questions. Interdits sont nos hymens.

Tu fais partie de la nuit et de mon ciel, mais cependant tu vénères le Soleil.

Tu rêves d'une lune de miel. Mais reste cet autre rayon à nul autre pareil.

Vers qui te dirigeras-tu ? Je m'apprête à repartir en guerre.

Pour que mes sujets ne connaissent plus la misère.

La haine qu'elle me porte, je la retournerai contre elle !

Et quand Tia sera morte, je pourrai de nouveau déployer mes ailes !

Si cette poulinière nous a sauvé la vie, regarde où cela nous a menés !

Je suis exilée sur une terre damnée, et toi tu es condamné à te cacher

De mes ténèbres, et des tiens, et du monde entier !

Alors que de nous trois, tu fus le plus supplicié.

Je ne dis pas par là que tu es celui qui as plus souffert

Après tous, nous trois, avons connu et connaîtront l'enfer.

Mais tu en as appelé au Destin, qui te sauva et te recueillit en son sein

Et même si tu es fort, tu seras à cause de cela l'un des acteurs de la Fin.

Comme moi, comme... elle, comme ce pays

Seuls, traîtres et ennemis

Nous resterons en vie

Jusqu’à ce que survienne l'ultime catharsis