Prologue

La nuit tombait sur Canterlot, une nuit incertaine et claire dans laquelle les étoiles peinaient à briller. Une ambiance étrange avait régné pendant toute la journée sur le château. Une atmosphère nerveuse d’attente et de tension, comme si quelque chose d’important était sur le point de se produire sans que personne ne sache exactement quoi.

La Princesse Célestia regagnait sa chambre. Cette journée l’avait épuisée. Même dans le couloir désert qui menait à sa suite, elle pouvait sentir cette tension dans l’air, comme si le château entier frémissait au rythme du balancier de quelque énorme horloge. Elle avait hâte de laisser cette étrange journée derrière elle.

Soudain, elle se figea et tendit l’oreille. Il y avait réellement un bruit qui rythmait le silence de la soirée. Du couloir derrière elle provenait un son léger, à la limite de l’audible. Cela ressemblait au doux et délicat tic-tac d’une montre, et ça se rapprochait. Célestia n’avait entendu ce bruit qu’une fois dans sa vie, mais elle le reconnut immédiatement. Elle savait d’où il venait et ce qu’il signifiait. Un grand frisson parcouru son échine tandis que le bruit se rapprochait encore. Il s’arrêta à quelques pas derrière elle, accompagné d’une respiration lente et rauque. Célestia sentit ce souffle faire frémir les longs crins de sa crinière. Elle s’efforça de ne pas trembler. Elle avait répété des centaines de fois ce qu’elle devrait dire quand cet instant viendrait.

-    Ils ne sont pas ici, Gardien. Ils ne m’appartiennent plus.

Le son de sa propre voix, froide et assurée, la fit frissonner une nouvelle fois. Elle sentit à nouveau le souffle dans sa nuque. Une voix basse et rocailleuse, plus faible mais parfaitement audible, lui répondit.

-   Je le sais. Mais le moment est venu. Un moment que vous avez vous-même choisi. Et les choses se dérouleront comme il a été dit, malgré vos ruses.

-   Vous ne pouvez pas défaire ce qui a été fait. Ils sont tels qu’ils sont et ne peuvent plus changer. J’y renonce de mon plein gré, n’est-ce pas suffisant ?

-   Ce n’est pas ce que nous avions convenu, répondit la voix dans son dos.

-   Vous ne pouvez rien y faire.

La voix dans son dos pris une longue inspiration, puis souffla doucement.

-   C’est ce que nous verrons…

À ces mots, la voix s’éteignit, le tic-tac diminua jusqu’à disparaître et Célestia se retrouva seule sur le seuil de sa chambre. Elle s’affala au sol, tremblante et en sueur. Puis, lentement, elle se releva, l’esprit clair. Elle savait exactement ce qu’elle avait à faire.