Chapitre 5 : Captive

Deux silhouettes se découpaient dans l'ombre de la salle sombre. L'une, ayant la forme d'un poney, était couchée sur le sol, accoudée à un escalier en bois. L'autre silhouette, draconique, était assise, et elle caressait doucement les crins du poney endormi. La salle possédait deux fenêtres, assez fines, mais en journée, elle pouvait éclairer la salle entière. Le sol était en bois et les murs en pierre grise, froide et sale. Il y avait un lit blanc, ainsi qu'une machine à coudre et quatre mannequins. Un grand miroir occupait un pur entier, et un tapis violet avait été posé sous la seule chaise présente dans la pièce, à côté d'un petit bureau. La salle était petite, mais pas minuscule. Il y avait même une table avec deux tabourets au centre de la pièce.

Le poney était Rarity, la mariée disparue, et bien évidemment, le dragon était Spike. La jument blanche était toujours en robe de mariée, même si elle était quelque peu déchirée. Sa coiffure était défaite et son maquillage avait coulé sur ses joues rougies par les larmes. Spike, lui, semblait avoir beaucoup pleuré, mais aussi avoir fait beaucoup d'exercice, car il semblait exténué. Enlever une mariée n'était évidemment pas de tout repos, surtout pour l'évasion. Spike avait dû accrocher ses griffes au balcon, ce qui faisait que personne ne pouvait les voir. Il n'avait eu qu'à se laisser glisser jusqu'au sol et de courir. 

Rarity entrouvrit les yeux, et observa la pièce quelques secondes. Puis, elle sentit les griffes de Spike toucher sa crinière décoiffée. Se rendant compte de ce qu'il se passait, la licorne hurla, se leva et courut jusqu'à la porte, bien évidemment verrouillée. Spike soupira et alluma la lumière, pour ensuite se rassoir sur le sol.

- Spike ! hurla Rarity, en proie à une colère immense. Où suis-je ? Où m'as tu amenée ? OÙ ?!

- Calme toi, soupira le dragon. Nous sommes dans une petite maison abandonné, mais je ne peux pas t'en dire plus.

Rarity, voyant que tirer sur la porte ne servait à rien, se laissa tomber sur le sol, et éclata en longs sanglots déchirants. Voulant avant tout le bonheur de sa bien aimée, Spike s'approcha d'elle pour la consoler, mais elle lui hurla de ne pas la toucher. Ne souhaitant pas énerver Rarity plus qu'elle ne l'était déjà, le dragon recula et s'assit sur le tabouret en face de la table en bois.

- Quand j'ai sauté par la fenêtre, expliqua Spike, tu t'es évanouie. Je t'ai portée jusqu'à chez Apple Jack, où j'ai pris un chariot en douce, pour y mettre des mannequins de ta boutique, des étoffes, ta machine à coudre, des fils et des aiguilles que j'ai posés sur le bureau, et toi, je t'ai portée sur mon dos. Sympa comme voyage, non ?

Le dragon ne reçut aucune réponse de la licorne. Découragé, Spike s’apprêtait à monter les escaliers, mais Rarity lui murmura un simple "attends". Évidemment, Spike s'arrêta net, observant son amie blanche, qui se releva péniblement, des larmes remplissant ses beaux yeux bleus.

- Pourquoi as tu fait tout cela pour moi ? demanda d'une voix douce et tremblante la jument. Pourquoi amener mes mannequins, mes tissus et du matériel ? Intervenir en plein milieu de mon mariage ?

- Pourquoi ? la voix de Spike était encore plus tremblante que celle de Rarity. Tu me demande POURQUOI ?!

La licorne blanche sursauta, et se recroquevilla contre le mur, tandis que Spike semblait avoir doublé de volume. Ses yeux n'étaient plus que deux fentes noires et brillantes.

- Parce que je veux ton bonheur ! hurla le dragon. Voilà pourquoi ! J'ai tout sacrifié pour toi ! Parce que je t'aime, tu m'entends, je t'aime Rarity !

- Et tu crois vraiment que gâcher mon mariage était une bonne idée ?

La couturière avait prononcé ces quelques mots avec une extrême lenteur, comme si cette phrase était un poignard qu'elle comptait enfoncer dans le cœur de Spike. Le dragon monta les marches des escaliers, entra dans une autre pièce, et claqua la porte si fort qu'elle aurait pu se décrocher. Rarity resta quelques secondes au sol, puis se leva en direction du miroir. Elle s'observa un instant, puis ricana légèrement.

- Je suis pitoyable, chuchota celle ci. Pitoyable. Et enfermée. Et celui qui détient la clef de ma prison n'est plus Spikey Chou... C'est un inconnu. Juste un inconnu.