« A quoi tu penses ? » La voix de Big Macintosh était perceptiblement au-dessus de son ton normal quand il commença à parler à Caramel à travers le son de caquètements qui remplissait déjà ses oreilles avec un chaos incroyable.
L’étalon amena doucement son sabot sur sa poitrine en sentant quelque chose le piquer à l’endroit où son sabot se finissait et où sa jambe commençait. La poule en face de lui semblait inhabituellement pénible tandis qu’il essayait d’attraper ses précieux œufs en-dessous d’elle, parce qu’elle caquetait constamment et essayait de le mordre, de toute évidence pas habituée au grand étalon qui envahissait son espace personnel. Il aurait préféré Apple Bloom à cet instant.
« T’as une idée de où on pourrait aller ? » demanda-t-il en frottant son sabot, commençant à se demander si Caramel avait autant de mal à l’entendre que lui à cet instant. Il tourna sa tête pour voir Caramel à travers la petite porte, voyant le petit étalon caresser lentement son sabot de haut en bas du papier dans ses sabots.
« J’sais pas… », marmonna Caramel, haussant les épaules en reposant lentement le crayon coloré contre le papier, levant les yeux avec un lent soupir. « Je suis venu parce que je voulais te voir, je n’ai pas pensé à ce que je voulais faire… Désolé. »
Big Macintosh pouvait dire, simplement en voyant le dos de Caramel, que ses oreilles rougissaient en signe de gêne. Il commença à rire, se dirigeant vers la prochaine poule avec un rapide mouvement de sabots. « Ne t’inquiète pas, c’est bien de te voir. » L’étalon se mordit la langue en se mettant à attraper les œufs de sous la nouvelle poule, celle-ci étant heureusement bien plus ouverte à l’idée de voir ses œufs être pris. « Alors, tu veux qu’on aille boire un coup ? Ou tu veux qu’on aille manger pour changer ? »
Caramel haussa à nouveau les épaules, pliant lentement ses pattes contre sa poitrine, câlinant fermement le livre de coloriage. « Je commence à avoir faim, mais je n’ai pas ramené beaucoup de pièces. Tu veux qu’on s’arrête au Sugarcube Corner ? On m’a dit que c’était pas cher. »
« Pour être honnête, j’suis pas un grand fan de douceurs » répliqua Big Macintosh, regardant le seau en métal rempli d’œufs avant de se tourner vers l’entrée. « En plus, l’une des propriétaires me regarde toujours bizarrement quand j’viens… J’sais pas pourquoi… » Il s’arrêta brièvement, mettant un sabot sur son menton en essayant d’y réfléchir. « Elle m’a demandé où était mon petit chou à la crème fouettée la dernière fois que j’y suis allé… »
« Petit… chou ? » demanda Caramel, l’incrédulité dans sa voix en courbant un peu son dos pour s’étirer. « On dirait un bonbon. » L’étalon gloussa, gémissant en se mettant sur ses sabots, utilisant sa queue couleur chocolat pour enlever la neige de son arrière-train. « Okay, pas le Sugarcube Corner… pourquoi pas le Hay and Chips ? Je pourrais acheter une salade ou quelque chose là-bas. »
Big Macintosh sourit en trottant hors du poulailler, heureux de pourvoir enfin redéployer sa grande carcasse. « Tu sais que je paierais ta part si tu me le demandais. J’ai rien de mieux pour dépenser mon argent, Applejack se charge de la plupart des courses. »
« N-Non », dit rapidement Caramel, fronçant les yeux. « Je n’aime pas avoir une dette envers quelqu’un, et en plus, je suis l’idiot qui n’a amené aucune pièce… » L’étalon s’interrompit, la tête soudain tourné droit devant. « Je… pense que c’est ta sœur. »
« Hmm ? » Big Macintosh tourna sa tête pour suivre le regard de Caramel. Et en effet, il pouvait voir sa sœur trotter vers eux, à une cinquantaine de mètres environ. Elle leva son sabot pour leur faire signe, prenant de la vitesse quand elle remarqua qu’elle avait été repérée. Il leva les yeux au ciel, ignorait le fait que Caramel le regardait d’un air interrogateur en faisant cela.
Quand Applejack arriva à leur hauteur, elle semblait avoir un énorme sourire gravé sur son visage. « S’lut frérot ! » gloussa-t-elle dans son épais accent sudiste. « Et s’lut, Caramel, j’suppose. »
« Tu sais déjà que c’est lui, tu l’as déjà rencontré avan- » marmonna Big Macintosh avant de sentir un sabot le frapper sur le côté, ce qui lui fit lancer un regard noir vers sa sœur, frottant vite l’endroit avec son propre sabot.
« Euh… ouais », répliqua Caramel, regardant la petite dispute entre frère et sœur, des traces d’intérêt et d’inquiétude se lisant sur son visage. « Et tu es Applejack, la grande sœur… pas vrai ? »
« Ouaip », dit Applejack, regardant son frère en parlant, voulant de toute évidence taquiner l’étalon. « J’image que mon frère dingue de boulot a décidé de se tuer à la tâche au lieu de partir avec toi. » La jument orange secoua sa tête. « Honte sur toi, Mac, c’est même pas ta corvée. Est-ce que vous allez aller chasser les juments ou quelque chose ? »
« J-Juments ? » murmura doucement Caramel, la voix était maintenant un bruit de fond devant leur conversation. « E-Est-ce que c’est…. ce qu’il fait d’habitude ? »
Big Mac se tourna vers Caramel, secouant sa tête de gauche à droite pour lui rassurer que ce n’était pas le cas. Un mélange d’irritation et de gêne était visible sur son visage en ignorant le commentaire sur ‘la chasse aux juments’.
L’étalon se tourna vers sa sœur, ouvrant sa bouche avant qu’elle puisse le faire. « J’étais au milieu du poulailler quand il est arrivé. » Pendant que Big Macintosh s’expliquait, il détourna la tête de Caramel et de sa sœur. « J’ai fini vite, pas besoin de me faire la leçon. » Son visage avait une expression peu lisible quand il replaça le seau d’œufs au sol, sachant qu’il resterait planté là pendant un moment.
« Qu’est-ce que tu fais dehors ? »
« J’étais parti chercher Apple Bloom à l’école », contra Applejack, son ton si rapide, comme si elle espérait qu’il lui pose cette question. « Mais je t’ai vu toi et ton ami ici, alors j’ai pensé que je pouvais aussi v’nir dire bonjour. Après tout, t’as manqué le dîner la semaine dernière pour être avec lui, je voulais voir pourquoi il était si spécial », sourit-elle, même si sa voix indiquait qu’elle mourrait d’envie de poser des questions sur la vraie raison pour laquelle son frère avait manqué le dîner. « Vous passez beaucoup de temps ensemble en ce moment. »
« Tu vois tes amies au moins quatre fois par semaine », rétorqua Big Macintosh pour se défendre.
Applejack ignora le commentaire de son frère en se tournant pour voir Caramel, examinant l’étalon. « Alors, t’es Caramel. Mon frère a l’air bien plus heureux quand t’es dans l’coin, il n’avait pas l’habitude de sourire avant de devenir ami avec toi. » Elle sourit, les joues un peu rouges. « Et j’peux voir pourquoi, t’es tellement mignon que n’importe qui pourrait tomber sous ton charme. J’parie que tu dois être un vrai amant à juments. »
A ces mots, Big Macintosh met un sabot entre sa sœur et Caramel. « Assez, AJ », dit-il. « Tu le mets mal à l’aise. » Sa voix était grave et profonde, ne montrant aucune émotion. « Tu ne dois pas y aller ? Apple Bloom va s’inquiéter si t’es en retard. »
Les instincts de Caramel prirent le dessus quand il fit un pas vers Big Macintosh, reposant un sabot du côté de l’étalon, le visage presque reposé contre ses muscles.
« P-Pas… pas de juments… je ne suis pas vraiment… », bredouilla-t-il, laissant ses mots en suspension. Un sentiment de gêne commença très vite à envahir son visage en réalisant que c’est Big Mac qui avait été celui à arrêter les questions de sa sœur.
« Apple Bloom peut bien attendre encore trois minutes. » Applejack frappa son sabot contre la neige, semblant frustré devant la réaction de son frère. « Vous allez où tous les deux ? »
« On va manger un morceau », répondit calmement Big Macintosh, rétractant son sabot pour enlever l’emprise de Caramel sur sa fourrure, abaissant ainsi sa jambe qui séparait les deux.
« Ne sors pas aujourd’hui ! » dit Applejack, la voix sonnante comme si elle venait d’avoir une étincelle de génie. « Tu sais qu’on est proches de l’Hearth’s Warming Eve ? Le restaurant va être plein, vous allez jamais trouver une table. »
« Qu’est-ce que tu crois qu’on va faire ? »
Le ton de l’étalon rouge semblait vouloir faire rire sa sœur plutôt que de répondre sérieusement à la question, parce que ses yeux étaient mi- levés, et son ton à moitié intéressé.
« Pourquoi vous allez pas tous les deux à l’intérieur un moment, et quand je rentrerais, je préparerais l’dîner en avance et on pourra tous discuter. J’suis sûre qu’Apple Bloom et Granny voudront rencontrer ton nouvel ami », sourit Applejack, tournant sa tête vers Caramel. « Ça vous va ? »
Caramel cligna des yeux, lançant un regard interrogateur vers la jument. « Rester pour dîner ? » demanda-t-il à haute voix, sentant la pression porté par le regard d’Applejack. Honnêtement, il ne se rappelait pas de la dernière fois où il s’était assis à une table pour converser avec des poneys. « Sage… ne rentrera pas ce soir… je pense… »
« Arrête de le harceler », lâcha Big Macintosh avant de tourner les yeux vers Caramel, clignant quelques fois des yeux avant que sa voix ne s’adoucisse. « J’imagine que c’est à Cara de voir. Mais elle va t’embêter toute la soirée. »
Caramel plongea ses yeux dans ceux d’Applejack pour la première fois, enfin capable de parler pour que l’autre l’entende. « C-ça m’a l’air bien… », admit-il. Une partie de lui voulait en effet rencontrer la famille de Big Macintosh, après tout, c’était une nouvelle facette de son ami. « Je veux dire… c’est mieux de vous rencontrer le plus tôt possible… »
Applejack laissa un sourire s’étaler sur son visage, hochant avec joie sa tête en manquant de bondir de haut en bas.
« Très bien, j’vais aller chercher Bloom et vous pouvez aller voir Granny. » La jument orange se retourna, prête à courir dans la neige pour aller chercher sa sœur à temps. « J’reviens très vite ! »
Les deux étalons regardèrent Applejack galoper à toute vitesse vers la direction de Poneyville, ne disant rien de plus avant de disparaître derrière la colline, frappant la neige sur son chemin.
« Elle ne t’a pas forcé à venir… pas vrai ? » demanda Big Macintosh, se tournant pour regarder Caramel avec une pointe d’inquiétude sur son visage.
« Je… », dit Caramel, les yeux baissés vers ses sabots comme s’il réfléchissait sérieusement à la question. « Je ne sais pas. »
L’étalon rouge lui sourit, laissant un gloussement sortir de ses poumons en plaçant un sabot sur la tête de Caramel, froissant la crinière de l’autre. Il pouvait voir une petite rougeur se former au-dessus de sa fourrure. L’étalon répondit en froissant aussi la fourrure de l’autre avant de repousser sa tête.
« Allez, mon sucre d’orge, si on allait voir Granny Smith ? »
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Caramel se tortilla, mal à l’aise, tandis que la vieille chaise de la vieille jument verte continuait à grincer, son corps se balançant d’avant en arrière avec chaque petit bruit que faisait la chaise. La façon dont elle le scrutait de haut en bas avec un regard impassible qui copiait celui de son petit-fils poussa l’étalon ocre à frotter son sabot en bougeant dans le vieux canapé. Ses yeux semblaient assez différents de la plupart des vieux poneys qu’il avait rencontré dans sa vie, parce qu’ils étaient toujours remplis d’un feu juvénile, malgré son corps fragile.
« Alors, Caramel… »
« O-Oui m’dame ? » dit Caramel, un peu plus fort qu’il ne le voulait. Son ton le fit très vite rougir, les yeux baissés en se mordant la lèvre. Il regarda en direction de la cuisine, voyant Big Macintosh remplir en silence trois verres avec trois breuvages différents.
« Pas besoin d’être nerveux, fiston », rit Granny Smith de son ton vieux et rauque, et Caramel reposa ses yeux sur la jument. Elle avait l’air presque amusé par la réaction de l’autre.
« J’allais te d’mander d’où tu viens, j’peux voir que tu n’es pas né à Poneyville. »
« V-Voir ? Comment ? »
Granny Smith hocha la tête. « Ta voix est un peu différente d’celle des poneys du coin. La plupart des gens l’auraient pas r’marqué à moins qu’il fasse très attention. »
Caramel sourit doucement en riant nerveusement. « O-Ouais, j’imagine que les gens d’Hoofington disent les mots de manière un peu plus différentes… mais après un an ou deux, tout commence à se ressembler… »
« Ça fait depuis ce temps-là que tu vis à Poneyville ? » lui demanda Big Macintosh, un plateau de verres en équilibre sur son dos, les tasses fumantes dégageant un arôme d’herbe et de feuilles.
L’étalon ocre leva les yeux vers Big Macintosh, qui avait une fois de plus revêtu une expression impassible. Il hocha la tête en prenant la tasse de thé du plateau, laissant une petite gorgée traverser ses lèvres avant de l’abaisser de son museau.
Caramel regarda et sentit Big Macintosh s’asseoir à un bon mètre de lui, se penchant en avant pour tendre à Granny une tasse de thé avant de se remettre debout, prenant une tasse de café entre ses sabots sur la petite table en face de lui. « Je me demandais quand tu as déménagé ici. »
Granny Smith reprit la parole. « Oh, mon sucre d’orge, je me demandais si Applejack ne t’avais pas causé de problèmes en te demandant de dîner ici… Je n’aimerais pas t’empêcher de dîner avec ta propre famille. » Elle semblait regarder Big Macintosh en disant cela, l’étalon ayant les yeux baissés dans sa tasse de café.
« N-Non… », répondit Caramel, regardant entre Big Mac et sa grand-mère en parlant. « Sage, mon frère, travaille souvent tard. C’est bien de pouvoir manger avec des poneys pour changer. »
« Juste ton frère ? » demanda Granny Smith, inclinant sa tête. « T’as pas d’autre famille qui vit avec toi ? »
L’étalon ocre prit un moment pour retenir sa respiration devant cette question, prenant une rapide gorgée de thé avant de répondre.
« J-je vis avec Sage depuis quelques années maintenant…. personne d’autre ne vit avec nous. » Sa voix faisait de son mieux pour rester stable en parlant. « On ne vit plus chez nos parents depuis longtemps… peut-être sept ans ? »
« Oh, quel jeune âge pour vivre seul », dit doucement Granny Smith. « Tu as quel âge, mon sucre d’orge ? »
« V-Vingt-quatre ans.. », murmura l’étalon ocre, la voix se faisant plus faible. « E-Et Sage est un génie… il étudiait déjà en médecine quand nous sommes partis. »
« J-Je… », Big Macintosh semblait avoir envie de parler, sentant la gêne de Caramel. Cependant, juste au moment où il allait sortir les mots, il put entendre les aboiements de Winona derrière la porte. Il tourna sa tête en direction du son, regardant la porte s’ouvrir et entrer une jument orange.
« Doucement, Winona, je suis parti depuis seulement une heure, baisse d’un ton ! » Applejack gloussa vigoureusement, sans une pointe d’agacement. « T’es juste un chien galeux, tu l’sais ? »
L’étalon baissa les yeux, voyant Apple Bloom entrer, se tenant près de sa sœur en voyant Caramel, une pointe de curiosité dans ses yeux devant le nouvel étalon dans sa maison. Elle inclina sa tête, son ruban se balançant en faisant cela.
« Eh bien les filles, vous m’avez manqué ! » dit Granny Smith, détournant son attention des deux étalons en manquant de bondir hors de son rocking chair pour trotter, du mieux qu’elle le pouvait, vers ses deux petites-filles.
« C’est bon de t’voir, Granny ! » dit la jument orange d’une voix trop forte pour quelqu’un à l’intérieur d’une maison. « Apple Bloom, va chercher de la salade du frigo, ça sera assez pour nourrir cinq poneys. »
Big Macintosh détourna le regard de la petite réunion de famille en se concentrant sur Caramel, qui baissait les yeux, jouant avec ses sabots. Ses oreilles étaient baissés, les lèvres lui donnant un air renfrogné alors qu’il semblait perdu dans sa propre tête, la maison maintenant pleine de vie était à peine du bruit de fond devant la situation dans laquelle il se trouvait.
L’étalon tendit son sabot, sans réfléchir en prenant un des sabots de Caramel, sentant l’étalon ocre bondir, ses yeux bleus le regardant avec confusion en sortant de sa propre rêverie.
L’étalon sourit, secouant doucement le sabot avec le sien. Il était étrangement doux pour un sabot, presque aussi doux que celui que devait avoir un poney de la haute société de Canterlot. Le sabot n’était pas du tout dur et sale comme le sien, mais il était confortable en étant reposé contre lui.
« La famille est là », dit-il, amenant le sabot plus près de sa poitrine en commençant à se lever du canapé, amenant Caramel avec lui, « Allez Cara, allons dire bonjour, j’suis sûr qu’Apple Bloom aimerait te rencontrer. »
Caramel acquiesça, mettant un sourire sur son propre visage, semblant oublier l’inconfort de la situation qui le torturait il y a quelques instants.
« O-Okay », dit l’étalon ocre ; la voix devant plus forte en rétractant avec réticence son sabot de celui de son ami, « M-merci… Mac. »
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Big Macintosh soupira en sentant l’eau couler sur ses sabots, le liquide étant assez froid pour envoyer des frissons le long de son dos. Grimaçant, il vérifia plutôt deux fois qu’une que le robinet était bien chaud avant de secouer sa tête, puis agrippa un morceau de savon à côté de l’évier et commença à se frotter les sabots avec. L’étalon tourna la tête pour jeter un œil vers la porte entrouverte, redressant ses oreilles du mieux qu’il le pouvait pour essayer d’entendre les voix venant du bas des escaliers. Après avoir passé ses sabots au-dessus de l’évier, et après avoir éteint le robinet et prit une petite serviette pas loin, il parvint à entendre des bruits étouffés, mais ne parvenait pas à distinguer un seul mot.
L’étalon fronça les yeux, repliant soigneusement la serviette en carré avant de pousser du sabot la porte en bois, le sol grinçant en commençant à sortir de la salle de bains. Il secoua une dernière fois ses sabots pour enlever l’eau avant de faire le premier pas sur les marches.
« I-Il y a à peu près un mois et demi », dit doucement Caramel, forçant Big Macintosh à s’arrêter net, levant un sourcil avant de lentement continuer.
« Et comment vous vous êtes rencontrés ? Il ne me l’a jamais dit », demanda Applejack, la voix prenant celle d’un élève posant des questions à son professeur en vue d’un test. A cet instant, si quelqu’un le lui demandait, il aurait répliqué qu’il ne serait pas choqué s’il trouvait sa sœur était en train de prendre des notes de la conversation.
Big Macintosh rit en pensant à un tel scénario, trottant rapidement en bas des marches puis en tournant dans un coin vers la salle à manger pour voir Apple Bloom, Applejack, et Granny Smith dans leurs chaises habituelles. La seule différence était que son siège habituel avait été mis au bout de son côté, Caramel étant assis à quelques mètres de lui.
« Je, euh… », Caramel hésita, hochant la tête vers Big Macintosh avec un sourire sur son visage quand il entra dans la pièce. « On peut dire qu’on s’est rencontrés parce que nous sommes allés au même hôpital en même temps. Je suis presque sûr de l’avoir percuté en quittant l’hôpital. »
« Je vois. C’est bizarre que vous vous êtes parlés ; mon frère est pas trop causant », ricana Applejack, prenant une gorgée de sa boisson en parlant.
« On a été un peu forcés », dit Big Mac en se glissant par derrière dans sa chaise en bois, regardant Caramel. « Il a commencé à pleuvoir, et j’étais juste à côté d’un grand arbre sous lequel il se cachait. »
« L’hôpital, hein ? » demanda Granny Smith, quelques secondes en retard par rapport à la conversation. « Tu y étais pour quoi ? »
« Euh… c’était… », Caramel hésita, les yeux baissés vers son assiette de nourriture en jouant avec les feuilles vertes, utilisant sa fourchette pour les remuer et les mélanger ensemble. Il leva les yeux vers Big Macintosh pendant une demi-seconde avant de reposer ses yeux sur la table. « J-Juste un rhume, je pense… rien de sérieux. »
« Les poneys ne vont pas à l’hôpital pour un rhume », dit la jument verte, la confusion dans sa voix. « Tu es sûr que ça n’est rien de sérieux, mon sucre d’orge ? »
« Son frère travaille à l’hôpital ; c’est juste plus facile pour lui », dit Big Macintosh sans être capable de penser à ses mots. Il mit rapidement de la salade dans sa bouche, regardant Caramel simplement hocher la tête en signe d’approbation avec sa déclaration.
« O-Oui, les médicaments dont j’ai besoin sont à l’hôpital, mais Sage peut les avoir pour bien moins cher à n’importe quel pharmacie », l’étalon ocre parla avec une voix légèrement tremblante. Il semblait vouloir éviter le sujet de son état.
« Vraiment ? L’hôpital ? » demanda Applejack en prenant une bouchée de sa propre nourriture. « J’imagine que les docteurs qui travaillent là doivent bosser plus souvent de nuit, quelqu’un doit bien être là à trois heures du matin ! » La jument rit en parlant. « Alors, si ton frère est docteur, qu’est-ce que tu fais ? »
Son ton semblait impatient d’entendre des réponses.
« Eh bien… j’ai eu ma marque de beauté en sculpture sur métal », dit Caramel, continuant à éviter tout contact visuel avec les deux juments près de lui.
« C’est bien, et où tu travailles, Caramel ? » lui demanda Granny Smith, ses yeux ambre regardant droit vers Caramel depuis le bout de la table, avec une soif de réponses. « Allez mon sucre d’orge, j’aimerais savoir ! »
« Je suis…. au chômage pour le moment », Caramel se mordit la lèvre dès qu’il prononça ses mots. « Sage est un peu plus payé que d’autres poneys, et je fais de mon mieux pour ne pas le forcer à dépenser trop d’argent. On vit sans doute avec un peu moins d’argent qu’une famille moyenne. »
« Je vois, ça doit être difficile d’avoir du boulot ? » dit Granny Smith, avec un ton inquiet. « Et ta famille ? J’ai entendu dire que des poneys vivent toujours avec eux à ton âge où ils cherchent une maison ou quelque chose. Pourquoi tu vis avec ton frère ? »
Caramel se tut devant la question, il se mordit la lèvre et enfonça sa fourchette plus loin dans sa salade, le sabot presque en train de trembler. Il ouvrit sa bouche pendant environ cinq secondes avant de réaliser qu’elle était trop sèche pour parler. Il garda sa tête baissée, les oreilles baissées tandis que sa mâchoire essayait de bouger.
« Vous avez fini de le harceler ? » dit Big Macintosh, surpris par la puissance de sa voix quand il parla à sa sœur et grand-mère. Ce n’était pas vraiment un cri, cependant, il vint comme un choc pour tout le monde à la table. Quand il vit Caramel le regarder, il pouvait voir distinctement la confusion sur son visage, comme s’il venait de le sortir d’une autre rêverie ;
« Mon sucre d’orge, tu as à peine mangé ce soir, tu es sûr que ça va ? » La voix de Granny Smith était la première à se faire entendre. Quand Big Macintosh tourna ses yeux vers elle, il ne pouvait pas dire si elle essayait de changer de sujet ou était simplement distraite par quelque chose d’aussi insignifiant que le dîner.
Big Mac tendit son sabot vers celui de Caramel, donnant l’impression de secouer doucement l’étalon en prenant son sabot dans le sien. Il mit quelques secondes avant de regarder les yeux de Caramel, l’assurant que tout allait bien se passer avant de relâcher son sabot. Il regarda Caramel lui offrir un sourire en signe de remerciement avant d’à nouveau se tourner vers les deux juments à côté de lui.
« D-Désolé, Mme Apple. J’imagine que je n’avais pas aussi faim que je le pensais…. et est-ce que ça vous dérange si je vous réponds juste que la plupart des membres de ma famille ne sont pas en bons termes avec moi ? » demanda l’étalon ocre, la voix donnant l’impression qu’il était prêt à supplier.
Le silence qui remplit la table était très vite dissipé par sa sœur, qui prit la parole en réalisant à quel point la situation était gênante.
« P-Pas besoin de t’excuser, c’est moi qui a fait la fouineuse », dit Applejack, le ton beaucoup plus calme qu’avant, les joues légèrement rouges. « Mince, on parle de toi et tu ne sais rien d’moi. Vas-y, demande moi quelque chose ! »
Big Macintosh pouvait sentir un sabot tapoter doucement sa jambe. Il tourna les yeux à gauche, les yeux baissés vers Apple Bloom. Maintenant qu’il y pensait, la pouliche d’habitude si prompt à parler avait été assez calme durant le dîner, écoutant au lieu de parler, pour changer.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-il, la voix plus douce que d’habitude afin de ne pas attirer l’attention sur eux deux.
« Pourquoi… », Apple Bloom semblait confuse en regardant Caramel puis Big Macintosh. « Pourquoi vous continuez à vous regarder comme ça ? » demanda-t-elle. « Tu te sens bien ? »
« Hmm ? » demanda Macintosh, le sourcil levé. « De quoi tu parles, mon sucre d’orge ? »
« Ben… tu… tu as la même tête qu’il y a un moment », dit doucement Apple Bloom, forçant Big Macintosh à baisser la tête pour l’entendre. « Comme… le jour de la St-Galopin. A part sans les yeux roses et les noms bizarres… ça m’inquiète un peu. »
« Ah… » Big Macintosh sentit une rougeur apparaître sur ses joues quand sa sœur lui expliqua son ressenti. « N-Ne sois pas bête, Apple Bloom », murmura-t-il doucement, espérant que ni Applejack ni Granny Smith ne l’entendre. « M-Mange ton dîner », lui supplia-t-il presque.
« Je peux sortir de table ? »
Big Macintosh cligna des yeux en entendant Caramel prononcer cette phrase. Il se leva, regardant une fois de plus du côté opposé de la table.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Granny Smith. « Tu es sûr que tu te sens bien ? »
« O-Oui », rétorqua rapidement Caramel. « J’ai juste besoin d’un peu d’air, je reviens très vite. »
Alors que Caramel se leva de sa chaise, marchant vers celle de Big Macintosh pour se diriger vers la porte, l’étalon rouge se retrouva à suivre l’étalon ocre. Il jeta un œil rapide et s’excusa de la même manière que son ami l’avait fait avant de suivre les pas de son ami en direction de la porte.
Le ciel était un mélange d’orange et de rouge, un soleil couchant à l’horizon quand Big Mac mit les sabots dehors. Il pouvait voir que Caramel n’était pas allé très loin, parce qu’il était simplement assis à côté de la porte, en train de jouer avec son sac de selle.
« J’espérais que tu me suives », rit Caramel, ses yeux bleus brillant de joie en voyant l’autre.
Big Macintosh sourit aussi, hochant la tête pour toute réponse. Il ne dit rien quand Caramel sortit une petite bouteille orange de son sac, utilisant son sabot pour enlever le bouchon. L’étalon mit ensuite une pilule dans sa bouche, la mettant dans sa bouche et l’avalant le long de sa gorge d’un seul coup.
« C’est plus facile de faire ça ici », dit l’étalon ocre après avoir avalé sa pilule, répondant à la question qu’allait lui poser Big Macintosh. « Ils posent déjà assez de questions », il s’arrêta pour mettre son sabot derrière sa nuque. « J’ai vraiment peur quand je suis au centre de l’attention… désolé si j’agis bizarrement. »
« C’est pas ta faute et c’est pas juste de leur part de te demander tout ça d’un coup », dit l’étalon en s’excusant. « J’aurais été plus heureux si on était partis manger un morceau, juste nous deux. »
Caramel baissa les yeux en secouant sa tête, souriant avec aucune émotion dans ses yeux. « C’est bon, c’est juste un peu bizarre d’avoir autant de poneys qui s’intéressent à moi… Beaucoup de choses ont changés depuis que je t’ai rencontré. Et c’était bien de les rencontrer… mais c’est un peu bizarre pour moi de s’asseoir à une table et de parler de ce qui m’est arrivé aujourd’hui. »
« J’imagine que tu fais pas ça souvent avec Sage », dit doucement Big Macintosh, s’approchant de Caramel avant qu’il décide de s’asseoir, son corps à seulement quelques centimètres de celui de son ami.
Caramel secoua sa tête de gauche à droite. « Non. Mais c’était fort et bavard… et assez bien quand tout le monde s’est calmé. »
L’étalon sourit. « C’est bon de l’entendre, mon sucre d’orge. »
L’étalon ocre regarda Big Mac quand il prononça ses mots. « Toi et les autres, vous m’avez appelé comme ça toute la journée… Je comprends que ta grand-mère le fasse, mais… c’est bizarre venant de toi et de ta sœur. »
« Bizarre ? » Big Macintosh fronça les yeux avant de secouer sa tête, se rappelant qu’il y avait des gens qui n’étaient pas accoutumés aux us de sa famille. « C’est juste la façon dont ma famille appelle les gens qui comptent pour eux. Meilleurs amis, amants, famille. Ce genre de truc. »
Caramel semblait rougir ; cependant, c’était difficile de le dire clairement à cause du soleil couchant devant eux. « J-Je compte pour toi ? » demanda-t-il à haute voix.
« Bien sûr que oui ! » La voix de Mac semblait choquée. « Tu penses que je passerais du temps avec toi si je te détestais ? »
« B-Ben… j’espérais que tu ne me détestes pas », murmura Caramel, la tête basse avec un sourire qui atteignit enfin ses yeux. « M-Mais… je suis vraiment heureux que tu me le dises. »
Le sourire de Big Macintosh se dissipa lentement tandis qu’il laissa échapper un soupir. « Je suis vraiment désolé de t’avoir entraîné dans ça, Cara. La seule bonne chose qui en sortira, c’est qu’AJ va peut-être arrêter de me harceler sur toi. »
« C’était… bien », rit Caramel, poussant légèrement son corps contre celui de Big Macintosh, laissant l’étalon soutenir son poids. « J’aimerais vraiment que l’on puisse faire quelque chose ensemble. »
Big Macintosh leva ses yeux vers le soleil couchant, tout en hochant la tête. Il semblait vouloir se taire pendant quelques instants avant qu’une petite lumière ne s’allume au fond de son esprit. Avant qu’il le sache, sa bouche parlait à haute voix. « Eh bien…. l’Hearth’s Warming Eve va arriver… on peut toujours faire quelque chose pour ça. D’habitude, Poneyville a un petit festival. »
« J’en ai entendu parler, je n’y suis pas allé l’an dernier », dit Caramel en levant ses yeux vers le poney rouge. « Mais… tu ne voudrais pas plutôt y aller avec ta famille ? En plus, je vais sûrement tomber malade… mon corps n’est pas très bon pour s’amuser. »
« Apple Bloom y va avec Applejack, c’est un truc entre sœurs pour elle. Et même si tu tombes malade, on aura juste à penser à quelque chose d’autre à faire pour ne pas trop te fatiguer ! » L’étalon parla avec une excitation galopante dans sa voix, une qu’il ne remarqua pas.
L’étalon ocre sourit devant les mots enthousiastes de l’autre. « Ça….a l’air amusant », admit-il, frottant sa joue contre l’épaule de Big Macintosh pendant un bref instant, laissant la chaleur se diffuser dans sa fourrure.
« Ouaip », répliqua Big Macintosh.
Caramel poussa un petit gémissement en forçant son cœur à se retirer de la chaleur de Big Macintosh. En étirant son dos, il lâcha un bâillement.
« Et si on finissait ce dîner pour que je te lâche enfin la crinière ? »
« Ça m’a l’air d’être une bonne idée », admit Big Macintosh, levant le sabot pour caresser la crinière de Caramel. « Et ne t’inquiète pas, même si tu tombes malade, je m’assurerai qu’on soit ensemble. »
Caramel sourit d’une oreille à l’autre pendant que Big Macintosh ébouriffait sa crinière.
« A-Alors… c’est un rencard, n’est-ce pas ? » bégaya Caramel avec les joues rouges.
« R-Rencard ? » Big Macintosh rétracta son sabot en prononçant ce mot, parce qu’il avait l’air un peu étrange sur sa langue. Il regarda le visage de Caramel, réalisant qu’il attendait une autre réaction que celle qu’il venait de lui donner. « B-Ben… »
Les lèvres de l’étalon reformèrent un sourire, sa fourrure rouge cachant plutôt bien sa rougeur en hochant la tête de haut en bas. Il y eût un sentiment de légèreté dans son estomac, un sentiment auquel il n’était pas habitué. Il sembla lancer ces mots avant même qu’il ait une chance d’y penser.
« Ouaip, c-c’est un r-rencard. »
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