« T’es sûre que tu veux pas que je laisse la lumière du couloir allumée ce soir ? » demanda Big Macintosh, levant son sourcil en levant lentement les couvertures au-dessus du corps d’Apple Bloom, la bordant sous sa couverture rouge préférée.
En se penchant pour la border de l’autre côté, il pouvait entendre le sol boisé grincer sous ses sabots nus. Il commença à brosser la crinière rouge de sa sœur, utilisant son autre sabot pour dénouer doucement le ruban rose de ses cheveux. « Tu sais que je dors comme une bûche, alors je ne peux pas l’éteindre quand je vais dans ma chambre. »
« Je suis sûre », répliqua Apple Bloom en gloussant, levant les yeux au ciel. « J’suis plus un bébé, même si j’ai pas encore ma marque de beauté. »
Elle se tourna rapidement, la joue poussant contre son visage en se mettant sur le côté. « En plus, j’ai juste besoin de cette lumière quand je fais des cauchemars. »
L’étalon rouge rit silencieusement.
« Compris », répliqua-t-il, se penchant pour déposer un doux baiser sur le front de sa sœur. « Bonne nuit, mon sucre d’orge », dit-il, caressant une dernière fois la crinière d’Apple Bloom.
« Bonne nuit, Mac », répliqua Apple Bloom en bâillant. Elle referma lentement ses yeux orange en laissant ses muscles se détendre, enfonçant son visage dans le doux oreiller.
Big Macintosh sourit tendrement en s’éloignant de sa sœur. Il se mit à marcher vers la porte en bâillant lui aussi. Quand il l’atteignit, il se retourna, refermant doucement la porte derrière lui. Quand il l’entendit cliquer, il se laissa expirer, son sourire disparaissant derrière son expression impassible.
« Pas de lumière du couloir ce soir ? » Une voix venue du bas des escaliers fit tourner la tête de Big Mac en direction de ce son. Il commença à secouer sa tête d’avant en arrière en voyant la crinière blonde d’Applejack ressortir du noir en trottant en haut des escaliers.
« C’est nouveau, peut-être même que je pourrais maintenant dormir dans l’noir. Tu sais, si je ferme ma porte, Winona vient et gratte dessus jusqu’à ce que je me lève, et Granny va encore me gronder si ça arrive. » Applejack se mit à rire. « Ce cabot est le plus gros bébé que j’ai jamais vu. »
Big Macintosh haussa les épaules, le visage un peu triste.
« J’imagine qu’elle grandit », marmonna-t-il. Il plaça un sabot sur sa jambe droite, regardant vers le sol en bois sous lui.
« Toutes les p’tites filles le font », ricana Applejack. « Apple Bloom essaie juste d’être courageuse et grande comme sa grande sœur et tout. » La jument orange montra un sourire à son frère, hochant la tête comme si elle avait accompli quelque chose d’important.
L’étalon rouge leva les yeux au ciel. « Si je m’souviens bien, la même grande sœur avait des cauchemars toutes les nuits pendant un mois à propos de monstres dans son lit quand elle avait l’âge d’Apple Bloom. »
Il dit cela avec un peu plus d’émotion que d’habitude, regardant sa sœur du coin de l’œil. Même dans le noir, Big Macintosh parvenait à voir la soudaine pointe de rouge sur le visage de sa sœur. Il sourit brièvement avant de lui tourner le dos.
« J’suis crevé, je pense que j’vais aller m’coucher », marmonna-t-il, pensant à haute voix en mettant en action ses sabots.
« A-Attends ! » bégaya Applejack, trottant derrière son frère. « Je suis monté ici pour te demander quelque chose. Pourquoi t’es rentré si tard aujourd’hui ? AB a dit que tu t’es arrêté pour parler à un poney, mais que c’était quelqu’un qu’elle avait jamais vu. »
« Tu dois vraiment tout savoir de moi ? » rit l’étalon, à moitié sérieux en ouvrant sa bouche pour répliquer. « T’es vraiment trop curieuse... », ajouta-t-il avec un sourire.
« C’est juste… » Big Macintosh stoppa brièvement ses pas, prenant un moment pour trouver la bonne façon de le dire. « J’ai vu un ami, il avait besoin de mon aide pour quelque chose, alors je lui ai donné un coup de sabot. » Il hocha la tête, décidant que c’était assez proche de la vérité.
« Ami… ? » demanda Applejack, curieuse. « Tu veux dire… l’étalon d’il y a quelques semaines ? »
« Ouaip », dit Big Macintosh.
« Pourquoi c’était si important pour que tu envoies Apple Bloom à la maison pour l’aider ? » demanda la jument orange. Son ton n’était pas accusateur, comme l’espérait Big Macintosh, simplement curieux. Ses yeux semblaient tenter de percer son frère, avec un besoin avide de réponses.
« T’es vraiment trop curieuse sur mes affaires », répliqua l’étalon, fermant ses yeux en mettant son sabot sur la poignée de porte.
« On parle des mêmes choses que toi et tes amies, quand on se reverra, comment vont les autres… » Il tourna la poignée, entrant dans sa chambre.
« Bonne nuit, Applejack », dit-il, tendant le sabot pour tapoter la tête de sa sœur, une pointe de taquinerie dans sa voix en refermant la porte.
L’étalon ne prit même pas la peine de cacher le petit sourire sur son visage en entendant un rapide soupir irrité de l’autre côté de la porte, suivi par des sabots trottant de l’autre côté du couloir. Big Macintosh soupira à son tour, son sourire disparaissant à nouveau.
Le poney terrestre rouge se retourna vers sa chambre, trottant vers son lit. Il fixa le lit pendant quelques instants, les yeux tournés vers son oreiller où gisait une petite poupée poney en guenilles. Il tendit le sabot pour l’attraper, la levant en face de lui. Il glissa doucement dans le lit et se tortilla sous les couvertures, utilisant maintenant ses deux sabots pour tenir la vieille poupée en face de ses yeux.
Le clair de Luna venant de la fenêtre jetait une faible lumière sur son lit, lui donnant assez de luminosité pour voir en jouant avec la poupée durant quelques instants. En remettant la poupée au niveau de ses pattes, son esprit repensa à Caramel. Il pensa à la maladie de Caramel, ce qu’elle voulait dire. Il pensa à combien Caramel devait être inquiet à l’idée qu’il ne soit rien d’autre qu’une autre corvée pour l’étalon rouge.
L’étalon rouge bougea sous les couvertures pour s’allonger sur son dos, les yeux vers le plafond. Il utilisa un sabot pour amener Smarty Pants sur le côté, mettant la poupée entre sa patte et ses côtes. Son esprit pensa enfin à Caramel devant grimper sur son dos.
En y pensant, Big Macintosh pouvait sentir la fourrure se lever sur sa crinière. Il se tourna sur le côté, cachant ses joues rouges contre son oreiller blanc. Il savait qu’il ne pouvait pas en parler à Applejack… à propos de sa journée hors de la maison. C’était personnel pour une des parties impliquées, mais ça semblait aussi embarrassant en y repensant. Big Mac fronça les yeux dans son oreiller, se demandant pourquoi son cœur battait si vite en se remémorant ce souvenir.
C’était la première nuit depuis longtemps où l’étalon eut du mal à s’endormir.
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« Tu peux vraiment être un idiot quand tu veux, tu le sais ? »
Caramel sentit soudain sa gorge se resserrer en entendant ces mots, son crayon bleu s’enfonçant profondément dans le papier sur ses genoux. Ses dents commençaient à grincer sur le thermomètre logé dans sa bouche. Il ne parvenait pas à regarder sur le côté, sachant que les yeux de Sage le poignarderaient avec des lames de déception.
Le poney terrestre ocre se tortilla, mal à l’aise, sous les couvertures couvrant la partie inférieure de son corps. En essayant d’avaler la boule dans sa gorge, il se demanda brièvement s’il était capable de demander pardon sans que sa voix ne bégaye des bêtises. Au lieu de ça, il choisit de regarder les murs blancs de sa chambre, commençant à réaliser à quel point elle semblait froide, assortie au climat extérieur.
Caramel baissa le regard vers le thermomètre dans sa bouche, le voyant se mettre à briller d’une lueur jaune avant qu’il en sorte de sa bouche, avec plus de force que ne le faisait habituellement son frère. Il osa regarder sur le côté, voyant Sage utiliser sa magie pour lever ses lunettes, grimaçant devant le petit appareil lui disant à quel point son frère était malade.
« 38,5 degrés… », marmonna Sage, les yeux froncés. « Bon… j’imagine que c’est mieux que la dernière fois… » Il hésita, la voix luttant pour trouver du positif dans cette situation. « Mais tu es plus malin d'habitude pour ce genre de choses, surtout après la semaine dernière ! » lâcha Sage, la voix remplie d’inquiétude et de colère rentrée.
« J-Je… », Caramel sentit sa voix le trahir, les larmes se formant derrière ses yeux, et qu’il cligna rapidement. Il n’était pas habitué à l’humeur de Sage, il ne faisait rien d’autre que prouver le fait qu’il était un idiot. « J-Je suis d-désolé… »
Une excuse était la meilleure chose que pouvait faire Caramel à cet instant en se mettant au lit, tenant maintenant le petit livre contre sa poitrine. Il avait l’impression d’être un enfant en train de se faire gronder par ses parents pour avoir fait quelque chose qu’il n’aurait pas dû faire.
Sage poussa un long soupir frustré. « Je me réveille pour voir que tu craches tes poumons, et une fièvre assez chaude pour cuire des œufs, tu ferais mieux d’être désolé… Et ne me fais pas ces yeux de chiens battus. Si tu y avais pensé avant, alors peut-être que tu aurais pu le voir aujourd’hui. Pourquoi tu irais dehors quand tu peux à peine marcher ? »
« Big Mac a dit la même chose… », marmonna doucement Caramel dans son oreiller, où il avait reposé sa tête.
La licorne le regarda d’un air confus avant de presser un sabot contre sa tête. Cela prit un moment, mais un sourire se fit voir sur son visage en commençant à secouer sa tête. « Je pense que ton ami à un peu plus de bon sens que toi. » Un ricanement agacé sortit de ses lèvres alors que son sourire se dissipa plus vite qu’il n’était apparu.
Caramel baissa les yeux, les yeux aussi froncés. « Ce n’était pas censé durer aussi longtemps », admit-il, enfonçant son visage dans le réconfort de son oreiller. « Je voulais juste lui dire que j’étais désolé. »
Sage resta silencieux pendant quelques instants avant de tendre le sabot, brossant la crinière de Caramel. « Tu as un super ami s’il voulait aller au café quand tu avais l’air de vouloir y aller », blagua-t-il, à moitié sérieux. Il se pencha en avant pour câliner du museau son frère, puis renifla, recula, le museau froncé en signe de dégoût.
« Tu ne t’es pas lavé depuis des jours, Mel… ça commence à sentir. »
Le poney terrestre pouvait sentir une rougeur apparaître sur ses joues alors qu’il jetait un œil vers la fenêtre, fixant le soleil de midi haut dans le ciel. Il retira lentement le livre de sa poitrine, se sentant à nouveau assez en sécurité pour se remettre à griffonner. « Il n’a pas parlé de ça… », grommela-t-il.
Sage ricana rapidement, regardant le livre de Caramel. « Tu as déjà fini celui-là ? » demanda-t-il, essayant de voir la page que son frère cachait. « Je dois partir très tôt, je t’en trouverais un nouveau en allant au travail », dit-il, riant alors que son frère cachait la page en l’amenant plus près de son corps.
« Oh… ouais… », murmura Caramel. « C’est mardi… tu travailles de nuit ce soir. » Il secoua sa tête de gauche à droite pour se reprendre. « Désolé, j’ai les jours qui se mélangent quand je suis malade. »
Sage acquiesça. « Tu parles… et oui, je travaille très tard. Je ne reviendrai pas avant minuit… Tu pourras te faire quelque chose à manger ? Je pourrais te préparer quelque chose avant d’y aller… »
« Non, on a encore des fruits, je mangerais ça. Je n’ai pas très faim de toute f- »
La phrase de Caramel était prématurément coupée lorsque son oreille se dressait, entendant un son venant de la porte pas très loin de sa chambre. Son esprit se posa très rapidement un grand nombre de questions sur qui pouvait bien toquer à la porte. Il leva les yeux vers sa porte ouverte, regardant dans le living-room. La même confusion de Sage était claire en tournant les yeux dans la même direction.
« Qui ça peut bien être ? » bredouilla Caramel. « D’habitude, on n’a pas de visiteurs… pas vrai ? »
« Peut-être que c’est juste un vendeur », dit Sage, étirant ses pattes. « Les idiots, c’est le milieu de l’hiver, qu’est-ce qu’ils viennent faire aux portes ? Je vais le faire partir, va te reposer. »
« O-Okay », répondit Caramel, reposant lentement son livre. « Je… tiens le fort ? » demanda-t-il.
« Fais ça, Cara », s’ébroua Sage vers son frère en commençant à trotter hors de la pièce, secouant sa tête avec un sourire idiot gravé sur son visage.
La licorne pouvait entendre le sol craquer et gémir sous ses sabots, tout en entendant un autre coup à la porte. Il dut résister à l’envie de hurler au type derrière la porte d’être patient, cependant, il l’avait déjà atteinte avant que cette pensée ne lui traverse l’esprit.
Il prit un bref instant pour inspirer profondément, retirant le sourire de son visage en tournant la poignée, poussant la porte vers son corps juste quand un troisième coup la frappa. Ce type dehors était vraiment quelqu’un de pénible…
Sage ouvrit la porte, sentant une brise extérieure frapper son visage. Il prit le temps de cligner quelques fois des yeux, brièvement confus en se demandant pourquoi il se tenait en face d’un grand mur rouge. C’est seulement quand le mur bougea en arrière que la licorne comprit que ça ne pouvait pas être un mur, mais un poney.
La licorne inclina sa tête en avant. Debout devant lui se trouvait un étalon assez grand… plus grand qu’il n’avait jamais vu. Il fut brièvement incapable de trouver ses mots, toujours éberlué par la grande taille de l’étalon. Il fronça les yeux, se demandant pourquoi un étalon comme ça était à la porte.
« Car… Non… Z’êtes.. ? » L’étalon parla avec un peu de confusion, son épais accent du Sud sortant Sage de sa torpeur.
« O-Oui ? » demanda Sage, reculant un peu, ne sachant pas s’il devait faire attention à l’autre ou pas. Il regarda autour de l’étalon, se demandant s’il était vraiment là pour vendre quelque chose. Cependant, en l’inspectant de plus près, pas un seul objet n’était sur l’étalon, à part son écharpe rouge et noire.
Sage aurait pu jurer qu’il avait déjà vu cette écharpe avant.
« Z’êtes Sage, c’est ça ? » s’enquit l’étalon rouge. Son visage ne montrait aucune émotion… pour être honnête, il semblait étrange, mêmes ses yeux semblaient vides.
« Oui… », Sage acquiesça lentement. « Est-ce que… je… vous connais ? » La tête de la licorne pensa très vite à un grand nombre de poneys qu’il avait rencontré dans le passé. Il était sûr de ne jamais avoir rencontré quelqu’un comme ça, parce que ses yeux vides et sa stature l’auréaient sans doute marqué.
« Non », répliqua l’étalon, secouant sa tête. Il regarda, toujours impassible, pendant dix secondes incroyablement longues avant de reprendre la parole. « Je suis Big Macintosh… votre frère est un ami à moi. »
« Big… Macintosh ? » demanda Sage, levant à nouveau les yeux de haut en bas. Bon, le ‘Big’ était sans doute correct… cependant, Sage n’aurait jamais deviné que l’autre était si… dépourvu d’émotions. Vu la façon dont Caramel parlait d’un étalon plus vieux et doux, Sage aurait pensé que Big Macintosh put être un peu plus ouvert vis-à-vis de ses sentiments. « O-Oui… Caramel a parlé de vous. »
« Il est là ? »
Sage fit une brève pause avant de répondre. « Il l’est », répliqua la licorne, commençant à bouger sur le côté. « Est-ce que vous… voudriez entrer pour le voir ? » Il réalisa rapidement que l’autre ne voulait rien d’autre que voir son ami. Il semblait sans danger, pas particulièrement dangereux.
« Oui, s’il vous plaît », acquiesça Big Macintosh, acceptant l’invitation et entrant à l’intérieur.
« Sa… chambre est par là », dit Sage, pointant du sabot vers une porte au mur du salon. Il regarda Big Macintosh acquiescer, marchant en avant après avoir jeté un rapide coup d’œil autour de la pièce. Le sol semblait craquer très fort maintenant que le grand étalon marchait dessus.
Sage suivit Big Macintosh qui marchait vers la chambre, restant deux pas derrière le bien plus grand poney.
« Big Mac ? » La voix de Caramel se fit entendre au moment où Sage trotta derrière l’autre. Il pouvait voir les yeux de Caramel s’illuminer à la simple vue, forçant son corps à se lever.
« Hé Cara. » Sage regarda Big Macintosh qui parlait, choqué de voir un sourire sur son visage. « J’pensais que j’pouvais passer dans l’coin. »
Sage bondit soudainement, regardant le soleil de Celestia à travers la fenêtre. « Euh… si je veux avoir la chose dont tu as besoin, je dois aller travailler maintenant », dit-il rapidement, ajustant ses lunettes.
« Ça va », répondit Big Mac, se tournant vers Sage avec son expression à nouveau vide d’émotions. « Je resterai pas longtemps, je voulais juste voir s’il allait bien. Je veux pas vous déranger longtemps. »
« I-Il est bien ! » piailla Caramel. « Big Mac est bien, je te le promets ! » Vu le ton de voix de son frère, Caramel devait vraiment sonner comme un petit enfant demandant la permission pour que son ami vienne le voir.
Sage cligna un moment des yeux, puis hocha la tête.
« B-Bien. »
Big Macintosh ne semblait pas poser de problème à ce moment, il n’y avait aucune raison de dire non.
« J’imagine que vous avez mon âge, alors pas besoin de ma permission pour que les amis restent un moment… » Il avait l’air d’essayer de se convaincre lui-même.
Big Macintosh le remercia avec un petit sourire avant de marcher vers le lit, s’asseyant à côté avec tant de force que comme s’il était debout. La licorne le regarda une dernière fois, vit le sourire de Caramel qui commençait à discuter avec Big Macintosh. Sage laissa un petit soupir passer ses lèvres en se retournant, trottant hors de la pièce.
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« Alors… ton frère te laisse souvent seul toute la journée ? »
Caramel hésita un peu, une petite bûche serrée dans son sabot. Il prit une grande inspiration à travers son écharpe, sentant le fil chatouiller son museau en penchant sa tête de haut en bas. Les vents de l’hiver lui glissaient sur le corps, cependant, il était reconnaissant de son propre mur portable qui bloquait la plupart des dégâts sur le côté.
« D’habitude », répondit l’étalon, plaçant la petite bûche sur son dos. « Il a le genre de travail qu’on ne peut pas vraiment éviter. Ce n’est pas comme s’il travaillait à mi-temps ou quelque chose. »
« Alors, tu dois prendre soin de toi quand t’es malade ? » demanda Big Macintosh, prenant une autre bûche sous la bâche qui cachait le bois de chauffage sec.
L’étalon ocre haussa les épaules. Se tortillant de manière inconfortable dans la neige, son visage était toujours réchauffé par la maladie. « Il doit encore prendre soin de moi… Il me laissa avec de la nourriture dans ma chambre et un seau pour vomir, et quand il peut, il vient à la maison pendant le déjeuner et s’assure que je peux manger quelque chose. Mais il ne fera sûrement pas ça ce soir, il ne te laisserait pas venir me voir si j’étais à moitié aussi malade que je le suis d’habitude. »
Ses mots étaient légèrement étouffés derrière l’écharpe verte et blanche qui cachait une bonne partie de son visage. Il baisa les yeux, frappant un petit monceau de neige qui se trouva être sous son sabot.
« En parlant de ça… tu penses qu’on peut rentrer maint’nant ? Je veux pas être responsable si ça empire pour quelque chose que j’aurais pu faire seul en deux voyages », demanda Big Macintosh, l’air renfrogné en levant les yeux pour voir les flocons toujours en train du tomber du ciel noir.
Caramel regarda le bois de chauffage sur son dos et celui de Big Macintosh. Ensemble, ils avaient quatre grandes bûches et cinq petites. Cela suffirait s’il utilisait seulement quelques bûches en même temps.
« Je pense que c’est assez », répondit le terrestre, commençant à se retourner en faisant signe vers la maison, lui indiquant qu’ils pouvaient y aller. « Et pas question que je te laisse faire mes corvées. Quel genre d’invité doit faire le sale boulot dans la maison de quelqu’un d’autre ? »
Big Macintosh gloussa, se reprenant très vite pour marcher à côté de l’autre étalon, leurs sabots craquant la neige en suivant le chemin qui les ramènerait à la maison. La neige qui tombait sans cesse avait déjà fait un bon travail pour couvrir leurs traces.
En arrivant à la porte de la maison, Big Macintosh tendit le sabot pour tourner la poignée, se décalant pour que Caramel puisse entrer le premier, ses lèvres formant un sourire dirigé vers l’autre.
Caramel sourit aussi, satisfait de pouvoir cacher ses joues rouges derrière son écharpe et sa maladie en entrant, secouant la neige hors de ses sabots avant de pouvoir mouiller le plancher.
« Mets le bois à côté de la cheminée ! » lui dit Caramel en trottant en avant.
Big Macintosh s’avança, copiant les mouvements de l’autre pour enlever la neige de ses sabots avant de laisser la porte se refermer derrière lui. Il suivit de près Caramel, entrant dans le salon. L’étalon fit une courte pause, prenant un moment pour regarder autour de la pièce. C’était joli, presque comme celle à sa maison. Il y avait un canapé directement en face de la cheminée, un tapis blanc moelleux sur le sol qui prenait une grande partie de la place disponible dans le salon.
« Tu peux le mettre là », dit Caramel, pointant du sabot vers une petite pile qu’il avait déjà faite avec ses propres bûches.
Big Macintosh acquiesça, trottant en avant et complétant le travail de l’autre alors que Caramel s’installait devant le feu. Il mit deux grandes bûches en bas, mettant deux plus petits tout au dessus.
L’étalon poussa un soupir de frustration en baissant sa tête. « On n’a pas vraiment un truc pour… », marmonna-t-il.
« Hé, Mac ? Je pense que j’ai laissé un journal dans ma chambre, j’ai fini de le lire, tu peux aller le chercher pour que je démarre le feu ? Peut-être qu’on pourra se réchauffer un peu. »
« Ouaip », répliqua l’étalon rouge, hochant la tête en se retournant pour trotter vers la chambre de Caramel, ses sabots abandonnant le doux tapis.
Pendant que l’étalon marchait vers la chambre de Caramel, il jeta un coup d’œil rapide aux murs. Il se remit à trotter en trouvant un journal plié sur la table de nuit à côté du lit défait de Caramel. Il allait prendre le journal avant de sentir son sabot se poser sur quelque chose. Il baissa les yeux, enlevant son grand sabot pour révéler un livre à l’air étrangement familier au sol. Il plissa les yeux, pensant qu’il avait dû tomber du lit et que Caramel l’avait oublié quand il en avait bondi tout à l’heure.
Il utilisa un sabot pour lever doucement le livre, qui était maintenant grand ouvert au sol. En amenant son visage plus près, il réalisa pourquoi il avait l’air familier. Il se rappelait d’Applejack, Apple Bloom, et même lui, ayant un livre similaire à celui dans son sabot. L’image semblait montrer un garde royal dans son armure brillante. Le visage de Big Macintosh se remplit de confusion en voyant les lignes noires imprimées sous de couleurs déjà griffonnées sur le livre de coloriage.
L’étalon leva un sourcil, réalisant que l’image était à moitié terminée, comme s’il avait été forcé de s’arrêter en plein milieu du coloriage. Le coloriage n’avait pas du tout l’air soigné, il y avait des couleurs qui manquaient sur le pelage gris de l’étalon, l’armure dorée même pas finie. Il regarda l’image de l’étalon pendant quelques instants, le sourire du garde de cartoon étincelant vers lui. Il ne regarda même pas le reste des pages. Il referma simplement le livre et prit le journal, reprenant sa marche en sortant hors de la pièce.
« Tu l’as trouvé ? » demanda Caramel, et avant d’avoir fini de prononcer sa phrase, un journal était jeté dans ses sabots. Il hocha la tête pour remercier le grand étalon en commençant à déchirer les pages et en les mettant dans la cheminée, les plaçant dans différentes sections du futur feu. Big Macintosh regarda Caramel pendant quelques instants, posant son arrière-train sur le tapis. Il regarda l’autre étalon déchirer lentement le journal avant d’attraper une boîte d’allumettes à côté du feu.
« Caramel ? »
« Hmm ? » répliqua Caramel, jouant avec une allumette dans ses sabots pendant un moment avant de la frotter contre le côté de la boite sans réussir à l’allumer.
« Pourquoi tu… », Big Mac hésita, ne sachant pas comment demander cela. « Pourquoi tu as un livre de coloriage dans ta chambre ? »
Caramel frappa le côté de la boîte quand les mots sortirent de la bouche de Big Macintosh. L’allumette s’enflamma, l’étalon ocre ne bougeant pas pour la jeter dans le feu qui s’alluma très vite. Ses joues commencèrent à se réchauffer, sans pouvoir le mettre sur le compte du temps ou même de sa maladie.
« U-Un quoi ? » L’étalon essayait de faire croire qu’il ne savait pas de quoi il parlait ; cependant, sa voix et son corps trahissaient son mensonge.
« J’l’ai trouvé au sol, il était grand ouvert, il a dû tomber de ton lit. »
Caramel avait l’air de se mordre la lèvre, tenant toujours l’allumette noire dans son sabot. Il baissa les yeux, la rougeur s’étalant maintenant jusqu’à ses oreilles.
« Désolé si je t’ai embarrassé », dit très vite Big Mac, se penchant en avant en voyant l’inquiétude sur le visage de son ami. « J’étais juste curieux, tu n’as pas à me le dire. »
L’étalon ocre secoua sa tête. « N-Non, c’est bon… tu m’as pris en flagrant délit, rit-il. « C’est r-rien de mal, mais o-ouais, c’est gênant… »
Big Macintosh acquiesça, montrant qu’il avait compris.
Caramel soupira, jetant l’allumette brûlée vers le feu. « C’est surtout quelque chose de… thérapeutique. »
Il prit une autre allumette, allumant une flamme dès le premier coup, se penchant en avant pour la placer contre la boule de papier. En attrapant les flammes, les yeux bleus du poney les regardaient se propager à un autre morceau de papier, puis au bois.
« Tu sais… quelque chose pour que mon esprit oublie… des choses. » Il fronça les yeux en regardant les flammes.
« J’avais l’habitude d’avoir des crises de panique quand j’ai découvert mon immunodéficience. Je ne supportais pas les piqûres, ou les hôpitaux, ou même les médicaments… c’était un peu trop à supporter pour moi d’un coup, surtout après toutes les piqûres le premier jour… »
Le poney terrestre prit une grande inspiration, frottant son sabot de haut en bas de sa cuisse. « J’en ai eu quelques-unes hier aussi… je pensais que j’allais pleurer », admit-il, souriant comme si cela était drôle.
« C’est logique », dit Big Macintosh. « Je déteste aller à l’hôpital, même pour enlever des bandages comme il y a pas longtemps. Je peux pas imaginer y aller aussi souvent. »
Caramel utilisa son sabot pour enlever sa crinière brune de ses yeux. « Ouais… je déteste être dans un endroit comme ça… Je préfère quand c’est Sage qui m’examine ici. C’est horrible quand je dois aller au travail avec lui ; ça me prend souvent la moitié de la journée avant qu’il puisse me voir. Je dois juste rester assis là et regarder les poneys malades ou avec les os cassés… des fois, ils pleurent, je ne sais pas vraiment pourquoi. »
L’étalon rouge acquiesça, détournant le regard de Caramel pour le poser vers les grandes flammes.
« Et le livre de coloriage ? »
Caramel lécha ses lèvres maintenant sèches. « C’est juste quelque chose que je peux faire sans trop réfléchir… Je préfère avoir ceux pour les petits, il n’y a pas trop de détails à remplir, et je peux me concentrer sur une chose à la fois. »
L’étalon s’éloigna des flammes, se mettant sur sa poitrine, utilisant ses sabots sous son menton comme un oreiller.
« Mais les poneys me regardent toujours comme si… quelque chose n’allait pas chez moi. Ils pensent que je suis bête. Mais à chaque fois que je deviens un peu nerveux, ça me permet de m’évader l’esprit pendant un moment… des fois plus longtemps si je colorie lentement. » Caramel ferma les yeux, respirant lourdement. « Je ne suis plus nerveux… mais j’ai l’impression d’être un stupide poulain. »
« Ça n’a pas d’sens… », marmonna Big Macintosh, assez fort pour que Caramel l’entende. « Tout le monde à au moins une ou deux choses pour se réconforter, des trucs enfantins ou pas. » Il secoua sa tête de gauche à droite, déçu. « Je vois pas pourquoi ils te jugent parce que tu es ouvert à ça. »
Caramel tourna les yeux vers Big Macintosh. « Je ne vois pas tout le monde avoir un truc comme ça… Sage est comme un roc parfois… mais et toi ? »
« Je… » L’étalon s’arrêta. Il regarda sur le côté, hors de Caramel. Il sentit une rougeur venir sur ses joues. Une fois de plus, il était heureux d’avoir un pelage rouge au lieu de blanc. « R-Rien… »
« Tu as dit tout le monde », dit Caramel, se relevant. « Allez, je ne me moquerai pas, tu ne t’es pas moqué de moi ! » Sa voix n’était pas fouineuse, simplement curieuse. Pour Big Mac, cela lui rappelait sa sœur.
Big Mac se mordit l’intérieur de sa lèvre. « C-C’est juste… une poupée… », marmonna-t-il.
« Une poupée ? »
« O-Ouais… Une poupée, une mignonne avec des yeux en bouton et des grandes oreilles et de la fourrure tricotée… » L’étalon rassembla son courage pour regarder le feu, Caramel le regardant du coin de l’œil.
« Hmmm…. Je n’aurais jamais pensé que tu as quelque chose comme ça », dit Caramel avec un petit rire. « C’est… un peu… je ne sais pas, mignon ? »
Big Mac rougit encore plus en entendant cela. Il ne pouvait pas dire pourquoi, à part que cela l’embarrassait de savoir que Caramel le trouvait ‘mignon’.
« É-Écoute, c’est juste bien de dormir avec quelque chose de temps en temps… », dit Big Mac, devenant troublé par la situation. « E-Et en plus, tout- »
« J’ai compris », le coupa Caramel. « Tout le monde a quelque chose qui le réconforte. Je ne me moquais pas de toi. »
Big Macintosh hocha la tête, se reprenant et laissant son visage redevenir impassible.
« Il se fait un peu tard… », marmonna Big Macintosh, essayant de changer le sujet. « Tu penses que je devrais y aller quand ? Je veux bien rester aussi longtemps que tu l’veux. »
Caramel regarda l’étalon. « Si ça ne te dérange pas… tu peux rester un peu plus longtemps ? J’aime te parler… ce n’est pas aussi tranquille d’habitude. Et en plus, Sage ne rentrera pas avant minuit, on a le temps. » Il rit.
« E-Est-ce que tu peux t’asseoir à côté de moi ? » demanda l’étalon, se tournant pour cacher sa soudaine gêne devant ce qu’il demandait.
« Le feu est plus chaud ici que là-bas. »
« Très bien », répliqua Big Macintosh, rapprochant son corps en se mettant sur sa poitrine pour s’allonger, une bonne dizaine de centimètres entre les deux assis en face du feu de cheminée.
« T’as raison… c’est plus chaud », bredouilla Big Macintosh, laissant ses muscles se détendre.
« J’aime m’allonger là ; ce n’est pas très confortable sur le canapé… », marmonna l’étalon, en regardant l’autre.
Il cligna quelques fois des yeux avant de prendre une grande inspiration, se demandant ce qu’il avait à perdre en prenant sa chance, bougeant son corps jusqu’à ce qu’il soit légèrement pressé contre celui de l’autre. Il était presque comme un mur de briques au soleil, très chaud et solide.
Big Macintosh bondit, tournant sa tête pour baisser les yeux vers Caramel, qui cachait son visage dans sa crinière. Il pouvait sentir sa gorge se serrer en ayant les joues rouges. « O-Ouais… c’est plus confortable ici… »
Caramel cacha son sourire dans ses sabots en augmentant un tout petit la pression qu’il mettait contre Big Mac, juste assez pour que sa joue soit pressée contre la cuisse de l’autre. Il était tellement heureux que l’autre étalon ne le repousse pas.
« De quoi tu veux parler ? «
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