Babs prit une grande inspiration et ferma ses yeux. Son sabot voyagea vers l’épée imaginaire attachée sur le côté et ses yeux se rouvrirent tandis qu’elle se retournait sur sa marque. « Si ton intention est de te battre, alors peut-être devrais-tu songer à t’entraîner à pratiquer la sournoiserie. Montre-toi, couard qui te cache dans les ténèbres ! »
Diamond Tiara ajusta sa tiare avant de s’avancer sur scène, approchant Babs du fond. « Et nous qui pensions que vos compétences seraient au moins égales à celles de notre père. »
« P-Princesse ! » Babs se remit en place rapidement et abaissa un genou au sol, inclinant sa tête si bas que son visage faillit rentrer en contact avec le sol. « Mille pardons ! Si j’avais su que c’était vous- »
« Relève la tête, bon chevalier Francisco. Dis-moi, comment fais-tu pour me suivre dans tous mes mouvements ? »
« … En tant que chevalier, il est de mon devoir d’être en tout temps sur le qui-vive. Cependant, la présence de votre Majesté était en effet bien cachée, à tel point que je n’ai pu vous identifier avant de vous confronter en face-à-face. »
Diamond Tiara rit. « En fait, nous souhaitons te parler en privé, mais il semble que la Garde Royale est assez absente dans ce coin… »
« Quand j’ai remarqué qu’une présence inconnue suivait mon ombre, j’ai pensé la confondre dans cet endroit où je peux me battre sans blesser les autres. »
« Alors, tu nous as amenée ici pour croiser le fer ? » Babs acquiesça. « Tu penses toujours vouloir te battre avec ton épée ? »
« M-Milady, je ne pourrais- »
« Calmez-vous. Nous plaisantons, Francisco. Nous avons déjà mis cela au clair. Nous voulons simplement te parler. Rien de plus. »
« … Vos désirs sont des ordres, milady. En tant que chevalier, je suis là pour vous offrir mes services. »
Diamond secoua sa tête. « Non. Nous ne voulons pas parler à notre chevalier, mais à notre ami d’enfance. »
Babs regarda autour d’elle pendant un moment avec une pointe de circonspection sur son visage, avant de se tourner à nouveau vers Diamond Tiara. « J’espère que votre Majesté n’a pas l’intention de me parler de ce Prince qui vous a tapé dans l’œil. »
Diamond Tiara rougit et se tourna pour marcher vers une fenêtre imaginaire, regardant le plafond au-dessus d’elle comme si une magnifique nuit étoilée se trouvait au-dessus de sa tête. « Il est vrai que mon cœur ne désire que sa douce étreinte. Ses doux mots remplissent nos oreilles, et il nous tient si gentiment qu’il fait partir toute douleur endurée durant cette guerre. Mon bon Francisco, nous- »
« Milady, même s’il est un gentil étalon, plus que beaucoup d’autres, il n’en reste pas moins notre ennemi. »
« Même si c’est vrai, nous ne pouvons renier nos sentiments. Oui, nous l’aimons. »
Babs secoua sa tête. « L’amour n’est pas un jeu, votre Majesté. Marchez à pas de velours sur cette route, et assurez-vous que vos sentiments ne sont pas usurpés. »
« Alors laisse-nous le crier du haut de cette fenêtre : j’aime Sir Montague de la Terre ! »
« Et moi aussi », dit une voix derrière Babs. Babs et Diamond se retournèrent soudainement pour voir Apple Bloom marcher vers elle. « Et moi donc, Prince Montague de la Terre, jure mon amour pour la Princesse Cappolet d’Unicornia ! »
« Coupez ! » cria Trixie, marchant sur la scène où les trois pouliches semblaient dégoûtées devant les lignes qu’elles venaient juste de prononcer. « Eh bien, tu as fait beaucoup de progrès sur ta partie, Babs. »
« Vous le pensez ? » demanda Babs, passant un sabot dans sa crinière en affichant un sourire suffisant vers sa professeure. « Ouais, c’est pas si dur que ça, vous savez ? »
« Bonne attitude ! » dit Trixie en souriant. « Continue comme ça ! Cet optimisme t’amènera à de grandes choses un jour ! » ‘Je n’ai aucune idée de la façon dont elle a surmonté ce problème. J’imagine que je dois être une meilleure professeure que je ne le pense’
« On peut avoir du bain de bouche après ce genre de scènes ? » demanda Diamond, toujours en train de faire semblant de vomir avec Apple Bloom. « Même si juste jouer, parler d’aimer ce flanc tout nu est- »
« Tu devras t’y habituer », dit Trixie. « Tu l’embrasseras très vite, alors qu’est-ce que quelques mots ? »
« A ce propos », dit Applejack, approchant Trixie par derrière, « T’es sûre que cette scène de baiser est absolument nécessaire ? »
« Oh, ma chère Applejack », dit Trixie, secouant sa tête en approchant la fermière. « Tu ne connais vraiment rien des arts du théâtre, pas vrai ? »
« Ben, non, mais- »
« Eh bien, Trixie connaît », dit Trixie. « Trixie a eu un diplôme de l’école de Celestia où elle a été spécialisée en Arts Magiques, et aussi en Arts du Théâtre. Trixie sait comment marche le monde du théâtre, alors fais confiance à Trixie quand elle dit que la scène du baiser est la plus vitale de toutes. »
« Mais- »
« Après tout, tu n’aimerais pas que Trixie, une showmare qui n’a jamais travaillé une journée dans un verger de pommes de toute sa vie, vienne soudain questionner les méthodes avec lesquelles tu récolte les pommes, n’est-ce pas ? »
« J’imagine que non, mais je vois pas pourquoi elles peuvent tout simplement pas le simuler ? »
« Parce que ça ne sera pas assez convaincant », dit Trixie. « C’est déjà assez dur de s’appuyer sur des armes en bois et d’avoir une distance entre les pouliches quand elles se battent. La Grande et Puissante Trixie essaie d’enseigner du vrai théâtre ici ! »
« Alors pourquoi ne pas faire un baiser sur le front, ou sur la joue ? »
« Parce que ça n’a pas le bon niveau d’impact. Surtout pas quand leur dernier baiser à la fin est suivi par un pacte de suicide qu’ils concluent tous les deux. Ce baiser ne peut pas être autrement que sur les lèvres. »
« Je préfèrerais avoir ma marque de beauté dans ça », marmonna Apple Bloom.
« Si tu veux tellement une marque de beauté, alors travaille sur ta prononciation des mots comme ils doivent être prononcés ! » dit Trixie en se tournant vers Apple Bloom. « Tu continues à mal prononcer les mots, et ça fait s’effondrer ta performance ! » Trixie entendit Diamond Tiara rire et se tourna pour lui faire face. « Et toi, tu as le problème opposé. Tu fais un bon travail sur la prononciation de ton texte, mais le ton de ta voix est tout simplement…. trop désinvolte. Et moderne. Au moins, Apple Bloom donne à sa voix le son d’un Prince. »
« Très bien, bon, il est déjà midi passé », dit Applejack en regardant l’horloge au mur du fond. « Et si on prenait une pause pour aller manger une pizza ? »
« Pizza ?! » s’exclamèrent à l’unisson Apple Bloom et Babs.
« Il y aura un temps pour la pizza plus tard ! Après que nous aurons fini de nous entraîner ! » déclara Trixie, se tournant pour faire face à Applejack, lançant un regard noir à la fermière. Avec un soupir, Trixie dit : « Bon. Une dernière scène, puis la pizza. » Les pouliches crièrent de joie, et les deux juments sortirent de la scène pour voir les élèves jouer leur dernière scène de la journée.
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