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Melting Snow

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 4: Pitié

Caramel put entendre un couinement involontaire sortir de lui, suivit par son corps qui fit un bond en sentant une aiguille acérée s’insérer dans sa patte avant. Il referma ses yeux, incapable de retenir le gémissement dans son ton de voix alors qu’un sabot se mettait à lui tapoter la tête, ébouriffant sa crinière brune. Pendant qu’une partie de lui voulait enlever le sabot de Sage hors de sa tête, une voix lui disant que ce geste de réconfort était au moins le bienvenu à cet instant. Il gémit une fois de plus, résistant à l’envie de trembler.

« Allez Cara, ce n’est pas si mal », répliqua Sage, levant les yeux au ciel, enlevant son sabot de la tête de son frère. Il enleva la seringue de la patte de son frère, regardant le poney terrestre mettre très vite son sabot là où elle venait de s’extirper, le posant dessus comme un bouclier en frottant la petite blessure.

« T-Tais-toi… », bégaya Caramel. « T-Tu sais que je d-déteste ça… » Il baissa la tête, les sabots tremblants. « J’en ai e-encore besoin de combien de saloperies comme ça ? » Sa voix s’affaiblissait à chaque mot en tournant les yeux vers Sage, mordant sur sa lèvre.

« Tu as la bouche sale quand tu es en colère. » La licorne se retourna, marchant vers la table avec un petit livre. « C’était… quoi ? Le troisième ? » marmonna-t-il à haute voix. « C’était celle pour la grippe… je pense qu’on aura besoin de te donner celle pour… » Caramel ne fit que fixer les yeux vers le sol blanc carrelé de la salle du médecin, laissant la voix de Sage devenir un bruit de fond en continuant à se frotter le bras. Depuis combien de temps était-il assis là ?

« Au moins, tu n’es pas en retard pour tes injections… », marmonna Sage, se retournant vers son frère. « Et tu n’as pas été cloitré un mois chez nous cette fois. » La licorne bâilla, étirant ses pattes en marchant vers son frère, qui était assis sur un petit tabouret. « Qu’est-ce que tu en dis ? Tu veux sortir dîner ce soir pour célébrer ta guérison ? Tu te sens assez fort pour ça ? » Sage tira les trois questions l’une après l’autre, espérant que son frère y répondre en une seule fois.

« Si on le fait à chaque fois que je me sens mieux, on serait obèses », répondit Caramel, les yeux un peu plus froncés. « En plus, je sais pas ce que je serais capable de garder… ma fièvre a cessé seulement hier… » Il murmura ses mots, frottant maintenant ses sabots ensemble, sentant la chaleur brûler sa fourrure.

Sage leva soudain un sourcil. « Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-il, l’air un peu inquiet. « On dirait que tu es dans un autre monde. »

« Quoi ? » Caramel releva sa tête, regard tout autour, confus pendant un bref instant. Son visage reprit la même expression triste qu’avant. « O-Oh… juste… » Il ne savait pas vraiment comment finir sa phrase, alors il laissa sa phrase en suspens.

La licorne cligna des yeux, inclinant sa tête. C’est seulement lorsque que sa bouche s’ouvrait pour parler qu’un sourire se dessina sur son visage. « Oh, ton nouveau copain te manque, c’est ça ? Héhé, ça se voit sur ton visage. »

Le visage de Caramel se remplit d’un mélange de gêne et d’irritation. « N-Ne dis pas que c’est mon copain », grommela-t-il, les joues rouges. « J-Je le connais à peine. »

« Bien », dit Sage, son sourire se faisant plus malicieux. « Ton amour te manque, c’est ça ? » Ses mots étaient faits pour supplier Caramel de retourner ce commentaire avec de la colère. Cependant, quand Caramel ouvrit sa bouche pour riposter, Sage rit en levant son sabot, tapotant la tête de Caramel en tirant la langue, un œil ouvert tandis que l’autre lui faisait un clin d’œil. « J’ai pigé ; tu n’as pas eu d’ami depuis des siècles, n’est-ce pas ? »

Caramel leva son sabot pour enlever celui de Sage de sa tête. « Tu es méchant aujourd’hui… », grommela-t-il. « Mais tu dois avoir raison… Je ne sais pas vraiment comment… me comporter avec d’autres poneys… » Le terrestre leva soudain sa tête, regardant dans les yeux de Sage. « T-Tu penses qu’il s’inquiète pour moi ? De ne pas m’avoir vu pendant une semaine ? J-Je veux dire, je lui ai promis d’aller le voir plus souvent ! »

Sage haussa les épaules, amenant un sabot sur son menton, en pleine réflexion. « Je ne peux pas répondre... je n’ai jamais rencontré cet étalon. Tu lui as dit pour… ? » Sage s’arrêta, regardant dans les yeux bleus de Caramel. « Ton… euh… état ? »

Caramel secoua sa tête, gardant le visage pointé en bas. « Il m’a vu prendre quelques pilules… rien de plus. » L’étalon se tortilla dans son siège. « J-j’ai pas trouvé ça important durant ce temps-là. Il ne m’a rien demandé… il doit penser que j’ai des allergies ou un truc du genre… »

« Ben… c’est un peu vrai », murmura Sage, ajoutant cela et recevant uniquement un regard noir de l’autre. Sage regarda son frère tourner la roue de hamster dans sa tête pendant quelques instants avant de secouer sa tête. « Écoute, tu viens juste d’aller mieux, tu es toujours fatigué, alors restons chez nous ce soir. Tu peux rentrer à la maison et après que j’ai fini, j’irais chercher une de ses salades aux marguerites que tu aimes pour le dîner. »

L’expression de Caramel ne changea pas tandis qu’il acquiesçait. « Ça a l’air bien… », bredouilla-t-il, assez distant par rapport à la situation. Il mordit l’intérieur de sa joue, regardant impatiemment tout autour.

« A-Alors… on a presque fini ? » demanda-t-il.

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« Allez, fais pas la tête jusqu’à ce qu’on rentre », gloussa Big Mac, entendant ses sabots craquer sous la neige dans un silence inhabituel au vu de la situation dans laquelle il se trouvait. Il baissa les yeux vers le sol à côté de lui, tout en continuant à marcher en avant sur le chemin devant lui. Il laissa un sourire plein d’empathie glisser sur son visage n regardant la crinière rouge de sa sœur, incapable de voir son visage. « Même les Chercheuses de Talents tombent malades parfois, tu pourras essayer à nouveau quand tes petites amies se sentiront mieux. »

« C’est pas juste… », soupira Apple Bloom, boudant. « On attendait depuis des semaines pour essayer d’avoir nos marques de beauté en course de traîneaux… et ma luge venait juste d’arriver… » Elle s’arrêta un moment, grommelant. « Stupide grippe, et Scootaloo qui nous a rendues malade… » La petite pouliche leva ses yeux injectés de sang vers son frère. « Tu penses qu’on aurait pu avoir une marque de beauté pour ça ? Même une seule d’entre nous ? »

Le vieil étalon haussa les épaules. « C’est quand même amusant de faire de la luge », répliqua-t-il, hochant la tête. « J’en faisais avec AJ quand j’avais ton âge. » Il sourit d’un air nostalgique, se souvenant de la sensation de légèreté qu’il ressentait dans son ventre à chaque fois qu’il glissait le long d’une grande colline. Il rit, se fichant de la drôle de façon avec laquelle sa sœur posait les yeux sur lui.

L’étalon rouge baissa le regard vers ses sabots, les regardant faire des marques dans la neige en continuant en avant sur le chemin familier. Son sourire disparut rapidement quand il reprit son visage impassible. Les arbres autour de lui avaient l’air de s’épaissir, comme toujours.

« Big Mac… », bredouilla Apple Bloom, forçant son frère à s’arrêter net. Quelque chose dans le ton de sa voix était différent de celui qu’elle avait il y a juste quelques minutes. Ce n’était pas exactement de la pure terreur, juste une pointe d’inquiétude.

« Qu’est-ce qu’il y a, mon p’tit sucre d’orge ? » demanda l’étalon, levant un sourcil en posant le regard sur sa petite sœur.

« Y’a quelqu’un qui est là. » L’inquiétude d’Apple Bloom contenait maintenant une lueur de curiosité. Big Mac suivit son regard, tournant lentement sa tête vers le chemin. Ses yeux s’écarquillèrent en jetant un rapide coup d’œil vers une queue brune se balançant lentement dans la brise glacée avant qu’elle n’aille se cacher entre les pattes de son propriétaire, couvrant la plupart de son arrière-train. La fourrure ocre de l’étalon ressortait du blanc tout autour de lui sur le chemin. Quelque chose dans son corps se déclencha en voyant l’étalon, c’était juste bref… mais sa poitrine se serra pendant un bref instant.

« Apple Bloom ? » Big Mac questionna rapidement sa sœur.

« O-Oui ? » répondit rapidement la jeune pouliche, tournant instantanément sa tête quand son frère attira son attention.

« Tu peux rentrer seule à la maison ? »

« P-Pourquoi ? » dit rapidement Apple Bloom. « Y-Y-a quelque chose qui va pas ? »

Big Mac secoua sa tête, regardant Caramel marcher. « C’est un ami », murmura-t-il, commençant à se perdre dans ses pensées. « Vas en avant, dis à Applejack que je reviens très vite à la maison. » Il regarda Apple Bloom acquiescer, courant très vite en avant en frappant la neige sur son chemin, voulant très vite passer devant l’étranger pour ne pas être questionné.

La tête de Caramel se leva quand Apple Bloom passa à toute vitesse devant lui. Il inclina sa tête, songeur, regardant de gauche à droite avant de le faire enfin derrière lui. Il était à peu près une vingtaine de mètres en avant, mais Big Mac pouvait voir ses yeux briller en le voyant. Il commença à marcher en avant, tout comme Big Macintosh.

En théorie, les deux auraient dû se rencontrer à mi-chemin, mais pour une drôle de raison, Caramel semblait marcher assez lentement, alors c’était plus aux trois-quarts du chemin. En s’approchant l’un de l’autre, l’étalon rouge remarqua que le visage de Caramel était clairement épuisé ; sa respiration était lourde, comme s’il venait juste de finir une course sur une longue distance.

« B-Big Mac », souffla Caramel, en regardant l’autre. Ses yeux avaient un mélange de joie, inquiétude, et même tristesse. Big Mac commençait à se sentir un peu gêné, seulement capable de garder une expression impassible. « J-Je… euh… suis heureux de te voir ? » Ça sonnait comme une question, comme si l’autre ne savait pas quoi dire.

« Qu’est-ce qui t’es arrivé ? » demanda Big Macintosh, scrutant de haut en bas du corps de l’étalon. Les jambes de Caramel tremblaient, et sa respiration laissait échapper des nuages de fumée. Il baissa les yeux au sol, montrant à Big Mac sa crinière brune ébouriffée.

L’autre étalon ne dit rien pendant un long moment. « Je suis désolé… », marmonna-t-il, comme un enfant qui avait fait quelque chose de mal. « Je… je sais que j’ai dit que je viendrais te voir la semaine dernière… mais je… » Il s’interrompit, se mordant la lèvre. Il semblait contrarié, mais pas au point de pleurer, mais quand même contrarié.

« Non… pas ça, je veux dire… » Big Macintosh comprit que ses mots parlaient pour lui en s’échappant de sa bouche. Il baissa les yeux, les détournant de l’étalon, essayant de trouver les bons mots à prononcer.

« O-Oh… », dit Caramel, en regardant son propre corps. « Je… j’ai l’air mal, n’est-ce pas… ? » Il hésita. « Je voulais venir… t-t'e-expliquer pourquoi je ne suis pas… » Il s’interrompit à nouveau, secouant sa tête, comme s’il était en colère contre lui-même. « D-Désolé, je dois avoir l’air d’un vrai idiot pour le coup. »

Big Macintosh secoua sa tête. Il lui offrit un sourire chaleureux. « J’suis heureux que tu l’aies fait… je commençais à m’inquiéter… » Le rouge qui se mélangeait à sa fourrure le fit soudain se sentir idiot en amenant un sabot sur sa propre joue pour caresser doucement son pelage.

Le sourire de Caramel s’épaissit. « C-C’est bien… j’avais peur que tu sois en colère… » Il rit, soulagé. Son sourire se dissipa vite, levant les yeux vers ceux de Big Mac qui fit quelques pas en arrière.

L’étalon rouge secoua sa tête. « Bien sûr que non… » Il espérait que ses joues rouges avaient changé de couleur à cet instant. « É-Écoute, v-vu qu’on est là tous les deux… si on allait prendre un café ou un thé maintenant ? » Il bredouilla sa suggestion.

Le visage fatigué de Caramel montra son approbation. « O-Okay… », dit-il. « E-En plus… je pense que j’ai besoin de te dire quelque chose… quand on sera dans un endroit plus chaud… il fait vraiment froid ici… »

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« Caramel ? » demanda Big Macintosh, ralentissant ses pas en réalisant que le craquement de la neige était devenu bien calme en seulement quelques secondes. Il tourna la tête pour regarder derrière lui, ses grands yeux verts fixés sur le poney qui venait de reculer de quelques mètres derrière lui. « Est-ce… est-ce que ça va, part’naire ? Tu veux… t’appuyer sur moi ou quelque chose du genre ? »

La respiration de Caramel était lourde quand il secoua lentement sa tête. Ses jambes tremblaient encore plus qu’avant quand il jeta un coup d’œil en avant. Les deux n’étaient même pas à mi-chemin du café à ce moment, mais l’étalon ocre avait l’air de pouvoir s’évanouir à tout instant. « Je… ; », commença-t-il, la voix tremblante en luttant pour reprendre son souffle. « J-Je suis désolé, M-Mac… Je d-dois me reposer pendant une minute. »

Le grand étalon rouge tourna sa tête vers le chemin devant eux. En scannant les alentours, il vit ses yeux s’illuminer en voyant un banc en bois à quelques dizaines de mètres d’eux. Il était à côté d’un grand arbre qui était isolé sur le chemin vers la ville, recouvert d’une pellicule de neige. Il se tourna à nouveau vers Caramel, hochant la tête pour lui faire signe de le suivre.

Les pas de l’autre étaient lents en essayant de rattraper Big Macintosh, finissant enfin par marcher à ses côtés dans un rythme qui pouvait être uniquement comparé à celui d’une tortue. Big Macintosh posa ses yeux sur l’autre en marchant en avant, ses yeux d’émeraude montrant de l’inquiétude. Il ne voulait pas encore poser des questions, sachant que cela ne ferait qu’alourdir le poids sur les épaules de Caramel à cet instant.

Quand les deux arrivèrent enfin au banc, la façon dont s’assit Caramel était tout sauf habituelle de sa part. Il allongea son corps, comme s’il tombait, sans même se déranger à enlever la neige qui se retrouvait maintenant sous sa croupe. En se penchant sur son corps, il commença à vomir l’air de ses poumons.

Big Macintosh détourna les yeux de Caramel, incapable de le regarder pour le moment. Au lieu de ça, il tourna son attention sur l’autre moitié du banc, pressant son grand sabot contre la neige en se mettant à l’œuvre pour enlever la neige de son futur siège, révélant le siège en bois en dessous. Il frissonna en s’asseyant dessus, le bois glacé envoyant un frisson dans tout son corps.

La respiration de Caramel était toujours lourde, cependant, il ne semblait pas trembler autant qu’il y a quelques instants. Big Macintosh posa le regard vers lui, regardant seulement le cou de Caramel. Il remarqua que l’étalon n’avait pas ses habituels sacs de selle verts sur lui, tout comme le premier jour où ils s’étaient rencontrés. Il avait simplement son écharpe verte et blanche attachée autour de son cou, rien d’autre. C’était presque comme s’il n’était pas préparé à passer autant de temps dehors.

Big Mac poussa un soupir, sentant le temps passer à la fois très vite et très lentement, et avant qu’il le sache, cinq minutes avaient déjà passé. Le silence qui les accompagnait avec la lente respiration de l’autre ne donnait pas la même impression qu’avant. C’était lourd, étrange, et les mots cherchaient désespérément à être prononcés. L’étalon secoua sa tête, et se retrouva pour la première fois depuis longtemps, à devenir impatient au vu de la situation. Cet agacement n’était pas dirigé contre Caramel, ou lui-même, il était simplement là.

L’étalon rouge redressa soudainement ses oreilles, remarquant à quel point l’autre était devenu calme. Sa respiration avait ralenti vers une vitesse plus raisonnable. Il commença à lever sa tête pour lui parler. « Tu t’sens mieux… »

Les mots de Big Macintosh furent coupés quand sa bouche eue un goût de cheveux, un poids inattendu tombant de son côté, ce qui le fit bondir. « C-Caramel, nom d’une pomme, qu’est-ce q-que tu… ? » Le poney terrestre rouge bégaya ses mots, son visage chaud malgré la brise froide. C’était aussi la première fois depuis un moment qu’il se retrouva troublé.

Cependant, l’étalon ocre ne répondit pas à ses mots. Les yeux de Big Macintosh s’écarquillèrent de surprise quand il vit à travers la crinière en pagaille de son ami que ses yeux étaient fermés, son torse se levant et s’affaissant d’une lente et douce façon. L’étalon ferma ses yeux un moment, laissant son visage reprendre une expression impassible.

« Tu étais vraiment aussi fatigué ? » demanda-t-il à haute voix, sachant très bien qu’il ne recevrait aucune réponse. Le poney terrestre laissa un léger soupir sortir de son corps, plaçant un sabot du côté de Caramel en regardant tout autour pour s’assurer que personne ne les observait. Il reposa son regard sur Caramel, dont le corps était fermement placé contre lui. Il laissa son sabot glisser vers l’écharpe du poney jaunâtre, la resserrant doucement à son propre goût.

« Tu es un peu chaud… », se murmura l’étalon, pressant un sabot contre le cou de Caramel.

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Le corps de Caramel poussa un gémissement quand il commença à comprendre qu’il n’était plus dans le monde des rêves. Son corps ne se sentait plus aussi léger qu’une plume, et tout autour de lui, même l’air, semblait lourd. Il força ses yeux à se refermer, ne voulant pas encore faire face au monde. Son corps avait l’impression de traverser des accès de froid et de chaleur en même temps, c’était une sensation assez déplaisante.

Son corps était penché sur quelque chose, quelque chose de dur, doux, et chaud. C’était plutôt plaisant comparé à la moitié haute de son corps. Cela lui prit un autre instant de silence pour réaliser que quelque chose le caressait, du haut de la tête jusqu’à sa joue, puis répétait encore et encore le procédé. Mais les mouvements étaient doux et rapides.

« Sage… », marmonna Caramel, la gorge sèche, provoquant la sortie de mots sonnant d’une voix rauque. « Qu’est-ce que tu fais ? » Il frotta son visage sur la chose contre laquelle il était penché. C’était dur, rêche, mais aussi étrangement réconfortant.

« Tu as l’air froid », une voix grave répondit à sa question.

Caramel ouvrit d’un coup ses yeux en entendant cette voix inattendue. La première chose qu’il remarqua à travers sa vision floue était un gros tas de rouge et de blanc. En secouant sa tête, levant ce sabot bien lourd pour se frotter les yeux, sa vision commença à s’éclaircir en levant les yeux, voyant le visage impassible de Big Mac le regarder de haut.

« Quo… » C’est la seule chose que Caramel fut capable de dire en essayant de remettre les pièces du puzzle ensemble pour répondre à ces questions : pourquoi n’était-il pas chez lui, en train de dormir dans son lit ou même sur le canapé. Son visage se remettait à se réchauffer. Son corps était penché contre l’étalon rouge, l’autre agissant comme une couverture pour le protéger des vents secs.

« J’ai dit que tu avais l’air d’avoir froid », redit Big Macintosh. « Je savais pas vraiment quoi faire… J’ai pas d’couverture ou un truc comme ça, alors j’ai juste… » Il s’interrompit, regardant la neige sous le banc. « D-Désolé… », marmonna-t-il. « Y’avait rien d’autre à faire. » Il semblait gêné.

Caramel cligna des yeux, comprenant exactement où il était. Les souvenirs commençaient à revenir dans son esprit, le forçant à mettre un sabot contre son front. « J-Je me suis endormi ? » demanda-t-il, incrédule, la voix toujours rauque.

« Ouaip », répondit Big Mac. « Pendant une vingtaine de minutes. » L’étalon retira son sabot du visage de Caramel et se mit à jouer avec. « T-Tu frissonnais… c’est pas malin de s’endormir là, surtout en hiver. » La voix de l’étalon était plus douce que d’habitude, il marmonnait au lieu de sa voix habituellement assurée.

L’étalon ocre acquiesça, le visage toujours rouge en se relevant. « J-Je suis désolé… », fut la première chose qui sortit de sa bouche. « C-C’était surement très inconfortable pour toi… » Il avait toujours l’impression d’être choqué et incrédule devant la situation, son corps refusant d’agir peu importe à quel point son esprit le lui hurlait.

Le poney terrestre frissonna, son dos soudain froid alors que les vents lui donnaient quelques coups de fouet. Il pouvait entendre Big Macintosh ajuster son corps pour qu’il regarde en avant. En regardant derrière lui, il put voir brièvement, à travers son regard impassible, que l’étalon avait toujours les yeux un peu…. gênés.

« Personne n’est venu », dit rapidement Big Mac, parvenant quand même à garder une voix calme.

« O-Oh… », bredouilla Caramel, tournant son corps en avant, évitant ainsi de regarder Big Mac. Il se mit à frotter son sabot contre sa cuisse. « M-Mais quand même, j’ai dû te mettre mal à l’aise… Tu aurais pu me r-remettre sur le banc, ou me réveiller. »

Big Macintosh ne lui répondit pas. Il s’assit là, ne faisant pas de bruit, à part ceux sortant de son nez et de sa bouche. Caramel n’osa même pas le regarder, mais son visage ne montrait aucune émotion. L’étalon ocre baissa les yeux, retenant sa respiration.

« Qu’est-ce… qui ne va pas chez toi ? » demanda soudain l’étalon rouge. Il dut sentir à quel point le son de ces mots avaient fait bondir le corps de Caramel, parce qu’il reformula très vite sa phrase. « Je veux dire, pourquoi tu as l’air si… différent aujourd’hui ? Tu as l’air à moitié mort, et tu prends toujours des pilules… en plus, tu as disparu pendant une semaine. » Le ton de sa voix était étrange, il semblait presque inquiet.

Caramel se mordit la lèvre. « Je… je… euh… » Il hésita brièvement, regardant la neige plus bas, pas loin de son corps. Il cligna quelques fois des yeux, l’estomac noué. Il pouvait sentir le regard acéré de Big Macintosh le percer tandis qu’il luttait pour s’exprimer. « B-Ben. » Il ferma ses yeux, ouvrant sa bouche pour enfin en finir. « C-C’est un mot vraiment très long », dit-il. « C’est un mot vraiment très long que je ne peux pas vraiment me rappeler comment dire… je veux dire, pourquoi s’en rappeler si je ne peux rien n’y faire. » Il baissa sa tête, la respiration saccadée en parlant. « Je pense que c’est… de l’immunodéficience ou quelque chose comme ça. »

« Immuno… quoi ? s’enquit Big Macintosh, le sourcil levé.

L’étalon ocre poussa un rire nerveux. « La version simple, c’est que… je tombe souvent malade. » Il secoua sa tête, prenant un air triste. « La version longue, c’est que… eh bien, tu sais que tout le monde a un système immunitaire qui combat les infections ? » demanda-t-il, sans attendre une réponse. « Eh bien, si tu deviens paresseux et que tu ne bouges pas beaucoup ou que tu le forces, il devient vraiment faible… » Il commença à avoir la voix plus douce. « M-Mais de temps en temps, quelques poneys naissent soit avec un système immunitaire très faible, soit avec pas de système immunitaire du tout. Ceux qui naissent sans meurent souvent en quelques années… d’autres encore moins. »

Big Macintosh acquiesça, les yeux écarquillés alors que son regard impassible commençait à se dissiper. Il semblait assez intéressé sur le sujet, hochant tous les quelques mots.

Caramel lui sourit d’une façon qui ne pouvait qu’être décrite comme forcée. « Sage me dit souvent que j’ai de la chance d’être né avec juste un système faible. Il me dit aussi que j’ai de la chance d’avoir survécu aussi longtemps, vu qu’on ne pensait jamais à ce que je tombe malade aussi souvent jusqu’à ce que je vienne vivre avec lui. » Il hésita brièvement. « Je ne peux pas trop me fatiguer. Pas de course, plus de travaux difficiles, je ne peux même plus aller aussi souvent dehors. Si je le fais, tu as vu ce qui est arrivé avant, j’ai failli cracher un poumon en ayant respiré autant. »

« Pourquoi tu as commencé à respirer comme ça ? » demanda Big Macintosh.

« J’ai essayé de courir… je voulais juste te dire que j’étais désolé de ne pas être dans le coin et puis m’en aller. Puis tu m’as demandé pour le café et… » Il mit un sabot sur son front, frissonnant. « J’aurais dû dire non… », marmonna-t-il en direction de lui-même.

Alors qu’un soupir s’échappait de ses lèvres, le poney terrestre tourna les yeux vers Big Macintosh, se forçant à le regarder dans les yeux. Même avec un regard vide en train de disparaître, il ne pouvait pas dire quelles émotions traversaient l’étalon, à part de la curiosité. Il avala lourdement, sentant la salive couler le long de sa gorge sèche. « T-Tu sais, pendant un moment, j’étais vraiment content à l’idée de déménager chez Sage et avoir ma marque de beauté. Vu que j’étais tout le temps malade, je n’ai même pas eu la mienne avant d’avoir au moins le double de l’âge de la petite pouliche qui m’est passé devant moi. Les gens me regardaient toujours comme si quelque chose n’allait pas chez moi quand je sortais en public… mais un jour, c’est venu comme ça. J’étais enfin capable de faire quelque chose seul, sans l’aide de quelqu’un. Je pouvais commencer à faire des chariots pour la garde royal, ou même des armures ou armes pour aider à défendre le palais… Je me suis demandé pendant un moment si cela aurait fait une différence quand les changelins ont attaqués. »

« Pourquoi pas ? »

Caramel fronça à nouveau les yeux. « Trop de… fumée. Ça me rendait toujours malade à chaque fois que j’allais travailler. Je me suis évanoui quelques fois et ça a suffi pour qu’ils me virent. En plus, Sage ne voulait plus me laisser y aller quand il a découvert la vérité... » Il laissa un gémissement s’échapper de ses lèvres en se courbant. « Je dois juste rester allongé au lit et laisser chaque maladie non-mortelle me frapper l’une après l’autre. Si j’ai de la chance, j’ai droit à quelques jours où je suis assez fort pour marcher dans le coin. Mais la plupart du temps, j’avale une poignée de gélules par jour. » Il rit sans émotion avant de se mordre l’intérieur de la joue.

« Pourquoi… pourquoi tu ne m’as rien dit ? » demanda Big Macintosh, hésitant sur le choix de ses mots.

Caramel regarda vers Big Macintosh, ses grands yeux verts. « Parce que… tu n’es pas condescendant ou quelque chose comme ça. Je ne veux pas que tu commences à t’apitoyer sur moi, ou t’inquiéter si je respire bizarrement. Tu me traites comme un ami… Je ne veux pas que tu penses que je suis un fardeau ou quelque chose du genre. »

« Mais… ce n’est pas ce qu’est un bon ami », répliqua Big Macintosh, la voix semblant éberlué, ce qui poussa Caramel à le regarder d’un air confus. « Les amis ne s’ignorent pas quand ils ont des ennuis, ou font du mal ou quelque chose comme ça. On ne s’apitoie pas sur eux, on essaie de les aider. » Sa voix commençait à sembler agacée alors qu’il secouait sa tête de façon désapprobatrice.

« Mais… mais je… », Caramel s’interrompit.

« Écoute, je suis ton ami, et juste parce que je te demande si tu vas bien, ou m’inquiète si tu as froid, ou te demande de me dire ce qui ne va pas ne veut pas dire que je m’apitoie sur toi, ça veut dire que je me soucie assez pour m’inquiéter ! » dit Big Macintosh comme si tout ça était évident. « Tu peux être vraiment bête parfois, Cara. Ne commence pas à penser que tu es un fardeau, d’accord ? »

Caramel était silencieux en sentant sa tête acquiescer pour lui. Il ne protesta pas plus, parce qu’aucun son ne sortit de sa bouche.

Big Macintosh lui sourit. « Okay, maintenant, je te ramène à la maison », dit-il. L’étalon rouge se leva du banc, se remettant sur ses sabots en s’étirant. « Allez, grimpe », dit-il, en faisant signe vers son dos.

« A-Attends, quoi ? » demanda Caramel, la voix plus aigüe qu’il ne l’espérait quand elle se fit entendre. « P-P-Pourquoi ? »

L’étalon rouge s’arrêta, les yeux tournés vers le ciel. « D’une… tu peux à peine marcher, et si tu peux, on ne sera pas chez toi avant le coucher de soleil. Et de deux, tu es l’idiot qui a marché jusque-là quand il aurait dû rester à la maison pour se reposer, alors tu as une leçon à recevoir. »

« M-mais… » commença Caramel, recevant uniquement un regard qui le força à détourner les yeux de Big Macintosh. « J-Je suis sûr que je peux marcher… je n’ai pas besoin d’être porté comme… » En disant cela, il essaya de se lever du banc. Cependant, au moment où ses sabots frappèrent la neige, ses jambes se mirent soudain à trembler. Son corps commença à s’effondrer en avant, il agrippa involontairement le cou de Big Macintosh pour se rattraper.

« J’te l’ai dit », expliqua Big Macintosh. « Tu es à nouveau malade, tu dois te reposer chez toi, et vite. » Il sourit et fit un petit saut, forçant Caramel, plus petit et plus léger, à soudain rebondir sur son dos. « Maintenant, ne te plains pas, si Apple Bloom et Applejack ont pu survivre à cette punition, alors toi aussi. »

Caramel poussa un grognement pour protester. « Mais j’ai ton âge… », gémit-il. « E-Et tu dois traverser toute la ville pour me ramener à la maison. » Il sentit son cœur s’accélérer, suppliant presque l’autre de le laisser descendre. Il enfonça sa tête dans la crinière de l’autre, pensant à quel point Big Macintosh était chaud, combien il se ficherait de ça si ça n’était pas dans cette situation.

« Dommage », dit Big Macintosh, en commençant à bouger ses sabots. « Si tu avais fait une chose intelligente et attendu demain, peut-être que tu aurais pu marcher toi-même, et peut-être que tu ne serais pas malade. » Il commença à accélérer la cadence, en trottant. « Oh, et n’enfonce pas ton visage dans moi, tu dois m’guider. »

« J-Je ne t’aime plus beaucoup… », gémit Caramel. « Tu le sais, hein ? »

« Ouaip », répliqua Big Macintosh.

« Ça te gêne pas trop qu’on te voit comme ça ? »

Big Macintosh s’arrêta de marcher un moment. Il amena son sabot sur son menton et le frotta pendant cinq secondes avant de le laisser retomber au sol.

« Non. »

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