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Diary of a Baker

Une fiction traduite par System.

Chapitre 5 - La plus terrible histoire jamais racontée

Je me réveillai le lendemain matin avec la sensation d’un poids étrange posé contre mon genou. Quelque chose de plat… et chaud… et métallique… un plateau ?

J’ouvris les yeux. C’était un plateau. Un plateau que garnissaient une tasse de café, un verre de jus d’orange et une bonne vieille pile de crêpes au beurre encore chaudes. Je relevai la tête, et mes yeux rencontrèrent immédiatement le visage de ma jeune employée, radieuse.

« P… petit-déjeuner au lit ? marmonnai-je, encore un peu endormi. Cup Cake, vous n’auriez pas dû ! »

Cup Cake sourit. « Rien n’est trop beau pour mon employeur préféré », gazouilla-t-elle en ébouriffant ma crinière. Je ne l’ai jamais admis à haute voix, mais j’adorais quand elle faisait ça. « Et maintenant, mangez, Carrot, une grosse journée nous attend. »

C’est ce que je fis. À ma grande surprise, tout était préparé exactement comme je l’appréciais. Mais comment pouvait-elle bien savoir que j’aimais mon café noir et mon jus d’orange très pulpeux ?

Je ne pourrais pas vous dire comment, mais je peux vous affirmer qu’elle passa le restant du mois à se démener pour me faciliter la vie au mieux. Elle accomplissait vraiment sa part de travail : elle faisait l’inventaire de tous les ingrédients et se précipitait à l’épicerie dès que nous manquions de quelque chose, préparait un muffin frais à Derpy les matins où elle venait, nettoyait chaque tache qui croisait son chemin… Oh, et elle avait raison à propos du nom, au passage. Le lendemain du jour où nous le changeâmes en “Sugarcube Corner”, notre chiffre augmenta considérablement. Parfois, j’avais l’impression qu’elle dirigeait toute l’affaire elle-même. En fait, c’est ce que je lui dis un soir, alors qu’elle rentrait avec un sac de farine.

« Tu sais, tu fais du sacré boulot depuis que tu es ici, lui lançai-je.

— Eh bien, merci, répondit-elle gentiment, déposant le sac dans la réserve.

— Et devine quoi ? continuai-je. Je parie que tu pourrais tenir une pâtisserie à toi toute seule si tu essayais. »

Quand je dis cela, Cup Cake parut immédiatement se dégonfler, comme un ballon crevé. Les coins de sa bouche commencèrent à s’affaisser vers le bas, et sa tête suivit peu après. Même sa crinière sembla s’aplatir.

« Quel est le problème ? » lui demandai-je. Est-ce que j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?

« Je l’ai fait, dit-elle d’un air abattu.

— Tu l’as fait ? Fait quoi ?

— J’ai essayé de tenir une pâtisserie seule, expliqua-t-elle. Quand je vivais à Baltimare, je dirigeais un commerce nommé Cupcake’s Emporium. Les poneys venaient des quatre coins de la ville juste pour goûter mes beignets, mes croissants, et, pour des raisons évidentes, mes cupcakes.

— Et que s’est-il passé ? demandai-je.

— Eh bien, ces deux licornes sans scrupules, les frères Flim et Flam, ont monté une pâtisserie juste à côté de la mienne. C’étaient des génies de la cuisine, qui s’étaient spécialisés dans les sucreries à la pomme. Je déteste l’admettre, mais leurs beignets au cidre étaient incroyables, Carrot Cake ! Et ils les vendaient seulement deux pièces la douzaine !

« Ils ont proposé de s’affilier avec moi, mais j’avais bien trop de fierté pour me laisser acheter ainsi. En plus, ils avaient insisté sur le fait qu’ils amasseraient soixante-quinze pour cent des profits. Non, si je devais subsister sur le marché, je devais le faire seule. Je n’allais pas céder devant ces deux vils serpents.

« Je ne savais pas comment ils parvenaient à brader leurs produits à de tels prix, mais j’ai dû répondre en faisant de même pour concurrencer. Par conséquent, mes profits ont commencé à piquer du nez, et j’ai dû réduire les coûts quelque part. C’est ainsi que je me suis résolue à utiliser des ingrédients moins chers, de moins bonne qualité, et mes pâtisseries en ont souffert.

« Et je peux te dire que mes clients l’ont remarqué. Un jour, une jument a croqué dans un de mes cookies à l’avoine et l’a immédiatement recraché pour se précipiter hors de ma boutique, sans même payer. Chaque jour, mes ventes diminuaient un peu plus. »

Des larmes se formèrent dans ses yeux, et sa lèvre inférieure commença à trembler. « J’ai dû abandonner, Carrot Cake. Je n’avais pas le choix. J’ai remballé toutes mes affaires, déménagé, et fermé le Cupcake’s Emporium pour de bon. »

Ses yeux commencèrent à gonfler et à s’irriter alors que les larmes coulaient le long de ses joues. « Je ne pouvais pas les battre, sanglota-t-elle. J’ai essayé de leur faire face et ils m’ont chassée de la ville. Je… Je… Je… »

Soudain, elle se dressa et frappa le comptoir du sabot. Le bruit qui en résulta s’entendit à des kilomètres, j’en étais certain. Entre temps, tout son visage s’était couvert de larmes et son nez avait commencé à couler. « J’AI PERDU ! » cria-t-elle.

J’étais choqué. Il y avait quelque chose d’attristant, et un peu effrayant, à voir une jument si forte s’effondrer et pleurer de la sorte. Mais que pouvais-je bien faire pour l’aider ?

Elle posa sa tête sur le comptoir et planta son visage entre ses sabots, honteuse de me voir assister à un tel spectacle. « J’ai *sniff* perdu, Carrot Cake, gémit-elle. Je m’étais promise que je *sanglot* ne les laisserais pas gagner, mais c’est ce que j’ai fait. J’ai perdu… »

Je ne crois pas m’être déjà senti aussi impuissant qu’à ce moment-là. J’étais face à la jument qui, à elle seule, avait changé ma vie, la jument que je croyais parfaite à tous les égards… réduite à une loque gémissante et sanglotante. Elle était là, la tête sur le comptoir, à murmurer : « J’ai perdu » encore et encore. Que faire ?

« Cup Cake, intervins-je en plaçant une patte autour de son épaule, ça va aller. Tu... »

« Ça ne va PAS ! protesta-t-elle. Je ne suis rien d’autre qu’une commerçante ratée. Une… *sniff*... une perdante. »

« Non, tu ne l’es pas, affirmai-je. Laisse-moi te dire que tu es l’une des juments les plus incroyables que j’aie jamais rencontrées. En à peine quelques mois, tu as propulsé mon commerce, mais encore plus important, tu as bouleversé mon existence. Tu m’as donné une raison de vouloir être un étalon plus fort, plus assertif, et tu m’as montré tout ce dont j’étais réellement capable. Sans toi, le Sugarcube Corner serait toujours le minable Sugar Shack. Je ne pourrais pas être plus heureux de t’avoir dans ma vie. »

Cup Cake leva le regard, laissant apparaître son visage trempé. « V… vraiment ? »

« Vraiment, dis-je en lui offrant un câlin. Viens. »

Elle se précipita vers moi et s’effondra dans mon étreinte. Je la serrai le plus fort que je pus d’un sabot alors que je caressais doucement sa crinière de l’autre. « Ça va aller, lui murmurai-je, laissant couler ses larmes le long de mon dos. « Tout ira bien… chhh… chhh… »

Pendant des heures, nous restâmes là, à nous serrer l’un l’autre dans la pâtisserie.

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