"Ne regarde pas, ne regarde pas, ne regarde pas, ne regarde pas…"
Adam regarda derrière lui. Le garde le suivait de près.
"Ne regarde pas, ne regarde pas, ne regarde pas, ne regarde pas !”
Adam redoubla d'efforts, réussissant par quelque manière que ce soit à ne pas se faire attraper.
Adam avait espéré que le coup de poing aurait étourdi le garde pendant au moins quelques minutes. Malheureusement, ce ne fut pas le cas, puisqu'il fut seulement choqué. L'humain devenu poulain courraient dans les rues remplies par d'autres poneys. Le fait qu'il n'était pas dans son corps et probablement pas dans son monde le fit être encore plus rapide.
"Hors de mon chemin !"
Il hurla en évitant de justesse une autre patrouille de gardes. Sa panique atteint son paroxysme alors qu'une grande dose d'adrénaline était diffusée dans son sang. Son cœur battait la chamade et Adam avait l'impression que le temps ralentissait, le rendant parfaitement conscient de son nouvel environnement. Partout où il regardait, il ne voyait que des poneys. Des poneys marchandant prés d'étals, des poneys discutant entre-eux dans des restaurants, et même des poneys construisant des immeubles.
Partout, ce n'était que des poneys.
"Tous après lui !" entendit-il quelqu'un hurler dans son dos.
Et contre son propre jugement, Adam regarda de nouveau derrière lui...
...Pour voir une escouade entière de garde le poursuivre.
"Oh merde… Depêche-toi, bordel !"
Et le jeu du chat et de la souris recommença.
Adam sentit lentement ses muscles lui faire mal et savait qu'il ne pourrait pas compter éternellement sur l'adrénaline. Il avait besoin d'un plan. Il avait besoin d'un miracle. Il avait besoin…
D'une planche.
Juste en face de lui, Adam vit une planche de bois au sol, près d'un chantier de construction. Il ne s'arrêta pas pour prendre la planche, mais préféra tendre son cou et l'attrapa avec sa bouche, tout en continuant à courir. Il était sur le point de lancer la deuxième partie de son plan infâme en s'accroupissant dans une ruelle adjacente.
Il prit une grande inspiration et sentit sa gorge se dessécher à cause de l'apport constant de poussière dans sa gorge, mais il ne pouvait se laisser distraire maintenant. Adam attendit patiemment qu'il puisse entendre les gardes. Et d'un mouvement de cou…
Il éclata la planche sur le visage des gardes.
Adam n'osa pas ouvrir les yeux. ou la bouche. Il n'osa pas bouger tous son corps d'ailleurs. Il était fermement bloqué sur place.
Il lui fallut entendre les grognements des plusieurs gardes pour qu'il ouvre un œil.
Devant lui, à l'entrée de la ruelle, il y avait une demi-douzaine de gardes assommés. Adam sortit de la ruelle et examina son travail. Une marque rouge bien visible était entre les yeux des gardes, seule partie qui n'était pas protégé par leurs casques.
"Oh… ça a l'air méchant…" commenta Adam, ne se sentant qu'un peu coupable pour ce qu'il venait de faire.
Malheureusement, Adam pouvait sentir que d'autres gardes arrivaient et grogna intérieurement en anticipant la course qu'il allait faire.
"Pensez à prendre quelques aspirines contre le mal de tête," dit-il rapidement avant de se mettre à courir.
Pendant sa course folle, Adam sentit quelque chose de chaud remplir sa bouche. Il écarta légèrement les lèvres et un jet fumant de sang éclaboussa les pavés sur lesquels il marchait.
"Putain de parfait. Saleté de planche, m'a coupé les lèvres," déclara Adam en recrachant des échardes de bois avec douleur, jurant entre deux crachats...
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'Faites que ça s'arrête...' supplia silencieusement Celestia. Seulement deux heures s'étaient écoulés depuis qu'elle avait commencé sa journée mais Celestia s'était déjà ennuyée. Les nobles n'arrêtaient jamais de se plaindre. Ils ne s'arrêteront. Jamais.
Celestia sentit une grande envie de partir à chaque fois qu'un noble ouvrait la bouche. Leurs pitoyables raisons n'étaient que le cadet de ses soucis. Chaque déclaration égoïste rendait la proposition de Luna, ramener la peine de mort, de plus en plus tentante.
A l'intérieur, Celestia hurlait pour que cette tourmente s'arrête. A l'extérieur par contre, elle restait stoïque et royale. La princesse parfaite…
Celestia fut sorti de ses pensées quand elle vit une servante s'approcher d'un des gardes et lui chuchoter quelque chose. En l'espace de quelques secondes, le garde exprima de la confusion, de la stupéfaction, de l'amusement et enfin du sérieux.
Il acquiesça et suivit la servante dans l'entrée principale.
Celestia reporta son attention sur le noble. Il parlait les yeux fermés et la tête haute, sa perruque éclatait de propreté et son visage le faisait ressembler à un cochon, vu les grandes couches de graisse qu'il portait. Il ignorait complètement que la princesse ne lui payait même pas attention. C'était une autre des choses qui énervait Celestia. Les nobles ne semblaient jamais se rendre compte de ce qu'il se passait sous leur nez, à moins que ça concerne leur compte en banque, évidemment.
"-et voilà mon honnête opinion, ne pensez-vous pas, princesse ?"
Oh oh… les paroles du noble n'avait pas atteint les oreilles de Celestia, et elle se retrouvait bloquée. D'un côté, elle pouvait être en accord avec le noble, accordant potentiellement la permission à quelques chose d'immoral et d'injuste. D'un autre côté, elle pouvait être en désaccord et éviter le potentiel drame, mais cela lui coûterait sa crédibilité.
"Eh bien," commença-t-elle. "Pour moi-"
"Princesse !" hurla un garde courant depuis son poste. Il s'inclina quand il atteignit le trône. "Je vous prie de m'excuser pour cette interruption, mais nous avons un cas… particulier pour lequel vous êtes requise."
"Et quel est, puissiez-vous le dire, ce cas si important pour que vous ayez besoin d'interrompre un rendez-vous de la plus haute importance ?" demanda le noble, embêté que le temps précieux qu'il disposait avec la princesse soit anéantie.
"Je vous demande de m'excuser, monsieur, mais cette information ne peut être entendue que par la princesse," répondit le garde.
Souriant à l'intérieur, Celestia se leva de son trône et s'approcha du garde. Sans dire un mot, le garde s'inclina avant de se relever pour s’avancer vers la sortie, la princesse le suivant.
Celestia tourna le cou et s'adressa au noble avec un sourire forcé. "Je vous prie de m'excuser pour cette interruption. Je vous propose donc de m'écrire votre offre pour que je puisse y réfléchir plus tard."
Avant qu'il ne puisse répondre, Celestia et le garde étaient déjà partis.
"Alors, quel est le problème ? Je ne quitte ce type de séance que pour les urgences." dit la princesse, quelque peu soulagé de la monotonie. Les deux étaient à mi-chemin vers la salle d'interrogatoire quand le garde décida de parler.
"Princesse, voyez-vous… Nous… Nous avons trouvé un poulain…"
Celestia, raisonnant logiquement comme elle l'avait toujours fait, découvrit que ses sourcils pouvaient atteindre des hauteurs qu'elle pensait inatteignable.
"Un poulain ?" Sa voix ne comportait aucun émotion. "Vous m'interrompez pour me dire que vous avez trouvés… Un poulain ?"
Le garde commença à transpirer. Il pouvait sentir le regard de Celestia dans son dos. De nouveau, il resta silencieux jusqu'à ce qu'il puisse voir les portes de la salle d'interrogatoire.
"Je sais que cela vous semblera étrange, mais ce poulain nous a posé beaucoup de problèmes. Il a assommé six gardes et a semé le chaos dans toute la ville. Nous avons réussi à le capturer, mais il refuse de coopérer."
Celestia réfléchit sur les paroles du garde pendant un moment. C'était inhabituel de retrouver un poulain seul dans Canterlot. Mais assommer six des meilleurs gardes de tout Equestria et semer le 'chaos' ? Cela lui semblait de plus en plus surréel. Mais la chose qui rendit la princesse confuse fut que les gardes avaient pensé que lui en parler était une bonne idée ? Il pouvait bien se débrouiller avec un poulain, non ?
A ce moment, la porte de la salle d'interrogatoire s'ouvrit et un garde nauséeux en sortit.
"Reviens ici espèce de con ! Je vais te couper la queue et te l'enfoncer dans le cul, puis je te ferais gicler les yeux des orbites pour te les enfoncer dans la gorge !" cria une voix enfantine avant que le garde verdâtre ne puisse refermer la porte.
"Vous voyez ce que je voulais dire ?" demanda la garde qui avait accompagné Celestia, bien que ses yeux étaient fixés sur l'autre garde. Il donnait l'impression qu'il allait vomir.
"Je n'ai jamais, dans toute ma carrière, entendu autant de mots grossiers. Oh… Je me sens mal." Le garde serra son estomac et s'adossa contre le mur.
"C'est un cas inhabituel, en effet." dit finalement Celestia. Elle détourna son attention du garde pour le porte sur la porte de la salle. Elle prit une grande inspiration et entra dans la pièce, suivi de près par le garde encore en état.
En entrant dans la salle faiblement éclairer, Celestia vit la cause de ce 'chaos'. C'était bien un poulain. Et plutôt jeune, atteignant à peine les huit ou neuf ans.
Le poulain, de son côté, ne remarqua pas Celestia, ou il décida de l'ignorer. De toute manière, son attention était uniquement concentré sur les chaînes entourant ses sabots. Il les frappait à répétition contre la table, bien que les chaînes s'enfonçaient dans ses sabots et lui brûlaient la peau.
"Ahem…"
Le poulain leva la tête et fixa Celestia. Il arborait un mélange de peur infinie et d'envie de meurtre. Il retourna rapidement sur les chaînes et essaya avec plus de force de se libérer, allant même jusqu'à verser son sang sur le métal.
"S'il-te-plaît, arrête ça, tu vas te blesser si tu continues," supplia Celestia. Il lui était difficile de un jeune poulain si énervé et effrayé. Elle ne connaissait pas toute l'histoire, mais enchaîner un poulain si jeune n'était pas bien. Elle s'avança vers lui pour essayer de le calmer, seulement pour le faire crier.
"Recule ! Ne t'approche pas plus ou je te démembrerais !"
Le garde avec Celestia s'avança et fixa le poulain.
"Fais attention à ce que tu dis, nabot. Tu ne parleras pas de cette manière à la princesse, compris !"
"Va te faire foutre, fils de pute !" hurla le poulain, levant son sabot vers le garde. "J'ai pas de main, mais si j'en avais, il y a un de mes doigts que tu verrais bien !" cria-t-il, sa voix devenant râpeuse et froissé. A ce moment, Celestia vit le sang séché aux coins de sa bouche.
"Je vais m'en occuper," dit Celestia au garde. "Laissez-nous seuls."
Le garde était sur le point de protester mais y réfléchit à deux fois, voyant la manière avec laquelle Celestia le regardait. Il s'inclina et quitta la pièce, en lançant un dernier regard bouillonnant au poulain.
Une fois la porte fermée, Celestia laissa un léger soupir s'enfuir de sa bouche. Elle pouvait entendre que le poulain avait recommencé à essayer de se libérer, et il grinçait des dents chaque fois que les chaînes s'enfonçait dans sa peau.
"S'il-te-plaît, arrête," supplia de nouveau Celestia, même si c'était plus pour sa propre santé mentale que pour le poulain. Il s'arrêta donc et regarda Celestia droit dans les yeux. Elle pouvait voir la peur que le poulain ressentait, et il était effrayé, ce qui lui fit mal au cœur. Elle ne voulait pas que ses sujets soit apeuré en sa présence, et c'est pour cela qu'elle s'était promis d'être la meilleure des princesses. Même s'il lui fallait faire plein de réunions avec des nobles.
"Tu es blessé." observa Celestia, essayant de comprendre à quel point le poulain souffrait. Sa crinière était ébouriffée et sa fourrure négligée. Il y avait aussi des signes de blessure dans la cavité buccale, et ses sabots étaient bien évidemment meurtri.
"Eh bien, en voilà une maligne," ricana le poulain. "Et je pensais que mes sabots étaient gros, mais ils ne font pas le poids contre ta tête."
Ignorant l'insulte, Celestia s'approcha à nouveau du poulain -à son grand désarroi- et s'assit près de lui.
"Je peux t'aider à être mieux, je te promets de ne pas te faire de mal, mais tu dois me faire confiance."
"Et pourquoi ça ? Vous n'avez pas le sens de l'hospitalité !"
Celestia grinça des dents. "Je ne connais pas encore toute l'histoire, mais je suis désolé si l'un de mes gardes t'as blessé. Quand à moi, c'est vrai, tu n'as pas de raison de me faire confiance, mais si tu le fais, je t'aiderai."
“Non, j-juste laissez moi tranquille e-espèce de folle ! Je peux me débrouiller seul.”
“Une ville comme Canterlot n'est pas des plus accueillantes pour un poulain comme toi. Laisse-moi t'aider, laisse-moi te mettre à l'abri. Tu es blessé et effrayé, et en tant que princesse de ce continent, il est de mon devoir d'aider ceux qui ne peuvent se débrouiller.”
“Tu es sourde ! J'ai dit que j'avais pas besoin d'aide. Juste laisse. Moi. Partir !” Le poulain s'énerva de nouveau et réessaya de se libérer. Du sang commençait à couvrir les chaînes.
Celestia ne pouvait plus le supporter. Elle le bloqua physiquement, utilisant ses propres sabots pour gentiment mais fermement le garder en place.
“Arrête !” commanda-t-elle “Écoute-moi petit, tu perds la raison. On t'a trouvé perdu dans la ville sans parents ou adulte responsable avec toi. Tu a blessé sept gardes en fonction, ce qui est un crime grave et pour lequel tu pourrais te faire bannir si tu était plus âgé. La meilleure chose que tu puisse faire pour le moment, c'est de rester ici au château pendant que je résous les petits problèmes que tu as causés. Si ne serait-ce qu'un des poneys te cherche, il préviendra les garder, qui viendront ensuite me voir."
“J'ai vu beaucoup de choses depuis que je suis ici, des choses horribles. Mais voir un poney aussi jeune que toi se blesser d'une telle manière, c'en est trop pour moi. Vas-tu te calmer et me laissez t'aider maintenant ? Je t'en supplie, je ne peux pas supporte de voir une si jeune âme souffrante.”
Le poulain ne dit rien pendant un moment. Plutôt, il décida de fixer Celestia droit dans les yeux, essayant de trouver le signe d'une ruse ou d'une mauvaise intention. Ne trouvant rien, le poulain baissa la tête.
"Je suis fatigué…" dit-il lentement. "S'il-te-plaît… Aide-moi…"
Celestia vit quelques larmes perler le long de ses joues et sentit son cœur palpitant. Elle ferma les yeux et concentra un peu de sa magie dans sa corne.
"Attention, ça va peut-être te faire mal…"
Celestia s'approcha du poulain et toucha sa corne avec la sienne. Le poulain ne bougea pas, ne faisant que renifler. Les plaies sur son corps se refermèrent et les chaînes qui l'emprisonnaient lâchèrent leur prise.
Dans le courant de l'action, Celestia enveloppa le poulain avec ses ailes dans l'espoir de l'apaiser. Une fois son sort terminé, elle garda le poulain dans sa cage de plumes, tapotant dans son dos avec un sabot.
"Quel est ton nom, petit ?"
"Adam… *sniff* Mon nom est Adam…"
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