Prologue

Un autre rendez-vous inutile, ça faisait combien de temps déjà ?

Celestia jeta un rapide regard vers la grande fenêtre à la droite de son trône, et essaya de mesurer le temps grâce à la position du soleil dans le ciel.

Quatre heures de l'après-midi.

Un petit sourire à peine remarquable apparut sur le visage de Celestia. Elle regarda le noble qui lui faisait perdre son temps depuis 30 minutes en se plaignant de sa 'crise financière'.

"… J'ai fait suffisamment de sacrifices. Le majordome de mon majordome a dû renvoyer le majordome de son majordome. Et encore une chose-"

"Oh regardez l'heure, il semblerait que votre temps soit écoulé. J'ai bien peur que nous devons arrêter cette discussion en cet instant, Golden Watch."

Golden Watch lâcha un 'pff' d'irritation et s'inclina avant de partir, ne remarquant pas la grimace que Celestia lui avait envoyé.

Une fois qu'il fût sorti de la salle du trône, deux gardes positionnés près des portes les fermèrent, marquant officiellement la fin du temps accordé aux nobles par la princesse.

Celestia soupira et leva ses sabots pour masser ses tempes douloureuses. C'était énervant de voir autant de nobles se plaindre des plus mondains des 'Problèmes'. C'était un peu écœurant, pour être honnête. Canterlot était la capitale de tout Equestria, un symbole de l'amitié, et pourtant, partout où elle regardait, Celestia ne voyait que l’orgueil, l'égoïsme, et les mensonges. C'était grâce à Fancy Pants et à la famille Sparkle que Celestia n'avait pas entièrement perdu espoir en ses poneys. Fancy Pants était un poney extraordinaire, un exemple de ce qu'un noble pouvait faire de bon. Et la famille Sparkle, ou du moins, Twilight Sparkle, avait prouvé que les nobles pouvait avoir un cœur pur. Après tout, Twilight Sparkle est une noble.

"Twilight…" murmura Celestia. Oh, comment elle souhaitait revoir son ancien apprenti et observer la petite pouliche curieuse, ne serait-ce qu'une fois de plus. Elle voulait la câliner comme elles avaient toujours eu l'habitude de le faire. Elle voulait même avoir à la disputer quand elle faisait des bêtises, comme teindre sa crinière en vert.

"Mais c'est une adulte maintenant," devait se répéter Celestia encore et encore, et elle se le répétait autant de fois qu'elle voulait de nouveau se retrouver avec Twilight en tant que mentor et apprenti, et peut-être, en tant que mère et fille.

Celestia soupira à nouveau, et ajouta plus de tristesse cette fois. Ses gardes, après des années passées à servir la princesse, sentaient cette tristesse. Elle était aussi subtile et discrète qu'une feuille tombant sur la surface de l'eau. Mais chaque feuille laissait derrière elle des ondulations. Et celles-ci n'échappaient pas à leurs sens aiguisés.

"Madame," dit le garde sur sa droite avec une voix faible, comme si parler plus fort lui causerait du mal, "Voulez-vous que du thé soit amené dans vos quartiers ?"

"Ce serait fort agréable, oui," Celestia acquiesça et regarda le garde sortir de la salle presque vide par une petite porte derrière le trône. Elle passa un regard dans la pièce spacieuse et observa ses occupants, qui n'étaient que des gardes. Elle voulait en prendre un et devenir sa mère, car ils étaient juste trop mignons en se tenant immobile. Heureusement, Celestia résista à cette pulsion et se leva de son trône.

Elle se permit de regarder la pièce pendant encore quelques instants avant de s'avancer vers ses quartiers privés. Peut-être qu'elle avait juste besoin d'un bon thé.

Hors du champ de vision des gardes, Celestia laissa tomber son masque royal s'effacer alors qu'un grand froncement de sourcils marqua son visage serein. Ce fut à ce moment qu'elle entendit un rire.

"Allez princesse, on y va, on y va, on y va…"

Celestia se tourna juste à temps pour voir une pouliche violette et transparente passer juste à côté d'elle. La pouliche s'arrêta et regarda derrière elle.

"Alors, tu viens princesse ?" demanda-t-elle impatiemment.

"Oui Twilight, mais détends toi un peu, je ne suis plus très jeune, tu sais," dit la princesse. Mais ce n'était pas Celestia.

Et à cet instant, une alicorne blanche trotta dans le champ de vision de Celestia. Elle était, elle aussi, transparente. La petite pouliche câlina la princesse et trotta à ses côtés jusqu'à ce qu'ils disparaissent.

Celestia secoua la tête et massa ses yeux. Elle les rouvrit pour voir le hall vide.

'Du thé, j'ai vraiment besoin de thé…' pensa-t-elle.

Celestia continua à avancer et entra dans la partie privée du château, où les princesses, tout comme quelques ambassadeurs, résidaient.

Celestia atteint enfin ses quartiers et ouvrit doucement les portes de la grande salle. Là, sur la table basse près de la cheminée, il y avait une tasse et une cruche de thé fumant. Même si son envie de thé avait depuis longtemps disparu, Celestia prit la tasse et la cruche avec sa magie et versa un peu du liquide marron clair.

Quand les premiers gorgées de thé atteignirent ses papilles, Celestia craqua et commença à sangloter, son masque serein et paisible complètement détruit.

Oh, elle voulait avoir son propre enfant, elle avait envie d'être requise comme une mère et non comme un chef, elle voulait que le mot 'maman' lui soit dirigé.

C'était durant ces moments que Celestia se laissait aller.

--

"Ah, j'ai bien dormi." Adam bâilla et roula de l'autre côté de son lit. "Mais j'ai encore sommeil," dit-il en étant encore mal réveillé.

On était dimanche, il était seul chez lui, et il venait de dormir pendant neuf bonnes heures.

Un petit son ennuyant retentit et interrompit la rêverie d'Adam. Il leva la tête de son confortable oreiller et regarda son téléphone.

Il venait de recevoir un mail.

Ses plans pour rester dans son lit ruinés car il était désormais bien éveillé, Adam décida de se tourner vers son ordinateur portable, bien placés sur le bureau à côté de son lit, et il lit son mail.

"Encore une pub d'Ubisoft ? Je commence à en avoir marre…" grommela-t-il colérique. Mais contre toutes ses attentes, ce n'était pas une publicité, ni une notification à propos de toutes ces filles sur Facebook. A la place, c'était un message privée.

"C'est quoi ce machin ? C'est qui ce [email protected]?"

Un mail bien étrange. Il s'agissait d'une invitation pour la bêta privée d'un nouveau jeu en ligne.

'Les chroniques des poneys' ou quelque chose comme ça.

"Hum, intéressant. Pourquoi pas."

Adam cliqua le lien sous le message qui le dirigea vers un site.

Après le processus d'inscription et l'entrée de la clé accompagnant le message, Adam appuya sur le bouton de téléchargement et installa le jeu.

A sa grande surprise, le jeu ne prit que quelques minutes à se télécharger, temps qu'il passa en lisant les informations sur le jeu. Il était original. Au lieu de choisir une race et une classe séparément, les différentes races disponibles disposaient de leur propres compétences.

C'était peu courant, et un peu suspicieux. Adam connaissait très bien les jeux en ligne et le bêta test. Son ordinateur était peut-être vieux mais il fonctionnait encore bien. Le fait que cet inconnu lui ai donné une clé bêta fit qu'Adam devint prudent.

Une fois le téléchargement fini et l'installation terminé, Adam lança quelques tests sur son anti-virus pour s'assurer qu'il n'en avait pas téléchargé. Les tests terminèrent tous avec un résultat négatif et Adam soupira de soulagement.

Il ferma toutes les fenêtres ouvertes sur son ordinateur et double cliqua sur l'icône du jeu. L'écran devint noir pendant quelques secondes avant qu'une cinématique se lance pour exposer l'univers. Adam n'y prêta pas plus d'attention vu qu'il était relativement fatigué, et il passa directement à la création du personnage.

Fidèle au nom du jeu, les personnages étaient tous des poneys, et il n'y avait pas une grande diversité.

Le choix était limité entre un pégase, une licorne et un simple poney.

Le jeu détaillait chaque race et leurs capacités uniques. Selon le jeu; les licornes étaient simplement des mages, les pégases plural se basaient sur la discrétion, et les simples poneys étaient des guerriers.

"Ah, le choix classique entre mage, voleur, et a guerrier," se dit Adam. C'était un choix assez simple. "Va pour un mage…"

Adam cliqua sur le symbole de licorne et fut dirigé vers le système de personnalisation de l'avatar. Il était légèrement plus complet que ce à quoi il s'attendait.

Il décida de prendre une jeune licorne. Robe couleur café, crinière noire, et les yeux verts, quelque peu similaire à sa vraie apparence.

Une fois la création, il était temps d'essayer le jeu en lui même. Adam appuya sur le bouton pour le lancer et l'écran devint noire. Mais cette fois…

Sa vision suivit l'écran dans les ténèbres.

Adam grogna en retrouvant ses sens. Il eut une sensation étrange parcourant tous son corps, et il se sentit soudainement très fatigué. Il ouvrit lentement ses yeux, sa vision encore trouble.

"Oh mon gars, qu'est-ce qui s'est~… putain, qu'est-ce qu'elle a ma voix !"

De nouveau, Adam était éveillé et alerte, mais il était aussi un peu paniqué cette fois.

Cette voix n'était pas la sienne. Il était sûr d'être le seul à parler, mais ce n'était pas sa voix. La sienne était plus grave et masculine, celle qu'on a juste après la puberté. Maintenant, sa voix était aigu et enfantine, ce qui terrifia Adam et le rendit confus.

Adam essaya de se lever, mais il sentit son centre de gravité la remettre par terre. Adam grogna de nouveau et essaya de se mettre à genoux cette fois. Ses mains semblait être fermées dans un poing mais d'une manière plus… naturelle. Il voulut s'essuyer les yeux pour clarifier sa vision, mais il recula de surprise quand sa main toucha son visage.

Il sentit de la fourrure.

Doucement, sa vision s'éclaircit et Adam se risqua à regarder ses mains.

Mais elles n'étaient plus là !

"Qu-qu'est-ce qui se passe ?!" sanglota Adam. A la place de ses mains, il vit deux sabots couleur café. Il leva lentement le sabot de gauche et l'examina de plus près. Il commença à toucher son visage avec le sabot. Son sabot apparemment.

Sa face entière était sans dessus dessous !

"C'est quoi ce bordel !" cria Adam. Son visage n'était plus le sien, et Adam le sentit légèrement plus long, couvert de fourrure. Une petite mèche de cheveux noires tombaient dans la champ de vision d'Adam et il la fixait intensément. Au moins quelque chose de son vrai corps était encore là.

Une sensation de démangeaison fit qu'Adam reprit conscience de la réalité. Il tomba sur ses fesses et tourna le cou pour voir derrière lui…

Et il vit une queue.

A partir de ce moment, Adam fit de l'hyperventilation et se mit en boule, fermant ses yeux de panique. Il avait des sabots, une queue, et le corps d'un poney. Ce n'était même pas étrange, c'était de la folie.

Adam était trop occupé par sa crise de panique et il ne remarqua pas le pégase garde qui s'était posé derrière lui et le regardait avec inquiétude.

"Umm, excusez moi *tousse* monsieur, où sont vos parents ?"

La voix grave du garde sortit Adam de son état de détresse mental.

'Oh dieu merci, je vais pouvoir lui demander de l'aide, ouais, je vais juste lui demander… de…' Adam ouvrit les yeux, s'attendant à voir un homme. Mais il vit un poney ailé revêtant une armure dorée. Sa bouche bougea bien qu'aucun son ne se fit entendre. Doucement, Adam se leva et se recula avec prudence du pégase.

Le garde, sentant que le jeune poulain allait probablement être effrayé, fit rapidement quelques pas en arrière. Il enleva son casque en espérant que cela calmerait le poulain et lui sourit chaudement.

"Je ne vais pas te blesser petit. Dis moi juste ton nom et je t'aiderai à retrouver tes parents," dit-il prudemment, essayant de calmer la situation. Des années d’entraînement lui avait appris à lire le langage corporel et il sentait que le poulain était tendu.

Le garde fit un pas en avant.

Le poulain ne bougea pas.

Se sentant un peu plus confiant, le garde refit quelques pas, et se retrouva à quelques centimètres d'Adam.

Adam, de son côté, était pétrifié. Le voilà, dans un corps qui lui était étranger, regardant à une créature faisant partie de la mythologie. Était-ce de la peur ?

Il était sûr que c'était de la peur.

Alors, étant l'humain/le poney rationnel et sensible qu'il avait toujours été, Adam fit la seule chose qui lui paraissait raisonnable.

Il enfonça son sabot dans le visage du garde et s'enfuit comme une petite pute…