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Poneyville FM

Une fiction écrite par inglobwetrust.

Chapitre 7: Holding Back the Years

I've wasted all my tears,
     Wasted all those years.
     Nothing had the chance to be good,
     Nothing ever could,

Simply Red- Holding Back the Years

Le soleil du matin réveilla Octavia, cette fois avec les paupières moins lourdes et une bonne nuit de sommeil derrière elle. Elle put quitter l’hôpital en fin de matinée, avec déjà quelques idées en tête.

Et la première était de passer chez Vinyl. Pour enfin avoir cette discussion qu’elle voulait tant. Elle savait où elle habitait. Après tout, Poneyville était une petite ville, et elle s’y dirigea avant même de rentrer chez elle. Arrivé devant la petite maison, elle frappa à la porte.

Vinyl était déjà debout, quelque chose de rare pour elle à cette heure, son insomnie ayant pris le pas sur l’envie de se blottir sous les draps. Elle avait beaucoup pensé, réfléchi et retourné dans tous les sens sa situation. Ses blagues avaient été trop loin, et elle ne savait pas comment se faire pardonner. L’envie de redevenir amie avec Octavia avait toujours été là, au plus profond d’elle, mais elle ne l’avait réalisé que trop tard. Le coup à la porte l’interrompit dans ses pensées. Elle se faufila discrètement et regarda par le judas de la porte de bois.

Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? paniqua Vinyl. Elle n’était pas prête pour lui faire face. Pas aussi rapidement. Et que pouvait-elle lui dire ? Demander simplement pardon ne suffirait pas. Il fallait quelque chose de plus. Alors, elle n’ouvrit pas et tenta de se faire aussi discrète que possible.

Octavia continua à toquer du sabot à la porte, mais n’insista pas plus. Elle doit être encore au lit, devina-t-elle. Elle aurait pu toutefois jurer avoir entendue quelqu’un sangloter derrière la porte.

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C’était samedi, et toutes deux étaient censés assurer le show le soir-même. Vinyl au bar de Berry Punch et Octavia au Théâtre de la ville. Comme si de rien n’était, Octavia assura son concert avec son violoncelle.

Ses sabots faisaient glisser avec grâce l’archet sur les cordes. Totalement possédée par sa musique, Octavia mit toute son énergie, malgré la fatigue, à jouer avec l’ardeur qui lui avait fait gagner sa marque de beauté il y a bien longtemps. Le Théâtre était toujours aussi rempli que d’habitude, de fans de longue date et ceux venus grâce à son émission. Tout le monde voyait toutefois que la violoncelliste était un peu plus triste que d’habitude, autant sur son visage que dans ses morceaux, tous empreints d’une mélancolie palpable.

Le spectacle terminé, Octavia se dirigea vers sa loge. Assisse sur son siège, qui ne céda pas cette fois, elle se regarda longuement dans le miroir, les pensées toujours dirigées vers son ex-amie. Un coup à la porte se fit entendre et la sortit de sa rêverie.

« Entrez », dit machinalement Octavia, s’attendant à voir entrer un fan dans sa loge.

La porte s’ouvrit doucement et la jument ne lâcha pas le miroir des yeux. Un poney blanc à la crinière bleu électrique se tenait dans la porte, un bouquet de roses entre ses dents, son expression invisible derrière ses lunettes. Octavia était stupéfaite, et resta bouche bée, sans un mot, alors que Vinyl s’avança jusqu’à elle.

« C-c’était magnifique, Octy….euh, Octavia », bégaya la DJ, visiblement émue dans le ton de sa voix. Elle déposa le bouquet sur la table de la loge. Ceci fait, elle s’approcha d’Octavia, qui avait passé sa surprise pour faire à nouveau fonctionner sa bouche.

« Mais….on est samedi, tu ne fais pas la DJ au bar de Berry ? » demanda-t-elle, attendant des explications.

« Pas ce soir, non. Je voulais venir te voir, il….il le fallait. Je….je….. », Octavia voyait quelques larmes couler le long des joues de la jument, et elle dût même enlever ses lunettes pour éclaircir son champ de vision. « Je….suis venu m’excuser pour ce que j’ai fait. C-C’était stupide, je suis vraiment une imbécile. J-je suis d-désolée», bafouilla-t-elle, les mots devenant de plus en plus difficiles à sortir sous le coup de l’émotion.

Octavia était surprise de la voir s’excuser ainsi. Jamais la Vinyl qu’elle n’avait connue ne se serait abaissée à s’excuser, même quand elle avait tort, par fierté. Son cœur se réchauffait mais voir son…..amie pleurer lui faisait aussi mal. Amie, répéta-t-elle dans sa tête. Un terme qu’elle n’avait plus utilisé depuis longtemps pour désigner celle qui avait basculé dans l’autre camp depuis des années. Pensant qu’elle avait fini, Octavia tenta de parler.

« Vinyl….Je…. »

La jument blanche leva son sabot et poursuivit. « Laisse-moi finir, Octavia, et après tu me pourras me mettre dehors si tu veux. Je sais que rien ne pourra excuser ce que j’ai fait, mais…..je veux me racheter, vraiment ». Ses yeux s’illuminèrent un peu et un sourire plein d’espoir, mais hésitant, apparut sur son visage. « Je veux passer la soirée avec toi, comme au bon vieux temps. Ça ne suffira pas pour me faire pardonner, mais…..j’aimerais qu’on puisse redevenir ce que nous étions avant. Des amies. Même pour une nuit. Si tu ne veux pas, je ne ferai pas de scène, je respecterai ton choix », finit-elle la gorge serrée par l’émotion.

Pétrifiée sur place, et agréablement surprise de voir qu’il y avait encore quelque chose à sauver chez elle, Octavia finit par se lever de son siège et fit quelque chose d’inattendu, qu’elle-même ne comprit pas tout de suite.

Elle étreignit Vinyl et la serra dans ses sabots.

« Je ne sais pas si je peux te pardonner entièrement, mais je veux aussi qu’on soit à nouveau amies. Alors, je vais te donner une chance de te racheter, pour que tu me montres que tu vaux mieux que ça », dit-elle en la relâchant après quelques secondes de silence.

« Merci Octavia, tu ne vas pas le regretter. Promis », poursuivit Vinyl, avant de s’éloigner d’elle, se dirigeant vers la porte. « Je t’attends à la sortie. »

« D’accord », souffla la violoncelliste. Ce que Vinyl avait préparé, elle n’en avait aucune idée. Mais elle la connaissait trop bien pour savoir que ça n’allait pas être de tout repos. Comme nos jeunes années à Canterlot, sourit-elle mentalement.

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Quelques instants plus tard, Octavia sortit de la loge, et Vinyl l’attendait bien devant. Le violoncelle sur son dos, elle commença à suivre la DJ, qui la regardait curieusement derrière ses lunettes.

« Quoi ? » demanda la jument grise.

« Laisse-moi me charger de ça », répliqua la ponette en illuminant sa corne pour décharger Octavia du poids de son instrument. « Je veux que tu profites de la soirée. Laisse-moi m’occuper de tout. Mais on ferait mieux de le déposer chez l’une de nous deux pour le reste de la nuit », sourit-elle.

« Je suis à l’autre bout de la ville. J’imagine que je peux le déposer chez toi, vu que tu habites plus près ? » suggéra Octavia.

« Ouaip », répondit Vinyl, la magie portant toujours l’objet fragile. « Si vous voulez bien me suivre, Madame », dit-elle d’une voix digne des nobles de Canterlot.

Octavia gloussa et la suivit. « Avec plaisir, Madame…. » Cela lui faisait toujours bizarre d’employer ce nom envers Vinyl. Elle n’avait rien d’une dame distinguée, mais c’est aussi ce qui lui avait plu en la rencontrant. Elle n’était pas comme les habitants de Canterlot, et elle pouvait parler librement avec elle, être tout simplement…elle, sans jouer un rôle quelconque.

Le chemin jusqu’à chez Vinyl se fit en silence, et sitôt l’objet déposé, elles se mirent en route vers leur première destination.

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« Au Pâturage ? » demanda Octavia, ébahie. « Comment tu as fait ? Il faut réserver des mois, ou des siècles à l’avance pour avoir une table. »

« Disons qu’un peu de pub sur mon antenne a convaincu le patron de me rendre un petit service », sourit la jument. « On y va ? »

Vinyl n’avait pas fait les choses à moitié. Elles avaient la plus belle table du restaurant, proche du piano qui assurait l’ambiance musicale. Leur arrivée attira quelques regards curieux et des murmures se firent entendre. Mais ni l’une ni l’autre n’y prêtèrent attention. Vinyl choisit le meilleur vin et au moment de commander le plat principal, elle parla pour elle et Octavia.

« Nous prendrons deux salades composées accompagnées d’haricots verts », dit la jument.

« Tu t’en souvenu de mon plat préféré à ce que je vois », répliqua instantanément Octavia.

« Tu pensais que j’oublierais ? Chaque fois que j’en mange, je pense à toi…. » Réalisant l’absurdité de sa phrase, elle se reprit. « Euh, je pense à toi parce que…..on en mangeait souvent quand on était en coloc, hé hé », finit-elle, les joues un peu rouges. Octavia ne répondit pas et se contenta de rire, constatant qu’elle n’était pas la seule à se souvenir de cette anecdote.

Pendant le repas, elles se demandèrent des nouvelles, se remémorèrent les années à Canterlot, sans haine ni volonté de refaire le passé. La conversation était la plus plaisante qu’elles avaient eue depuis leur arrivée à Poneyville, et Octavia avait l’impression d’avoir fait un voyage dans le passé en compagnie de son amie. Vers la fin du repas, Vinyl lui demanda de s’excuser quelques instants. Mais au lieu d’aller vers les toilettes, la jument blanche se dirigea vers le piano, où le pianiste lui laissa volontiers sa place après qu’elle lui ait murmuré quelque chose à l’oreille. Sous les yeux écarquillés d’Octavia, les sabots de Vinyl commencèrent à toucher les notes. Elle reconnut immédiatement le morceau : la Nocturne Opus 9 Numéro 2 de Frederic Horseshoepin. Son morceau favori, qu’elle jouait toujours à ses concerts.

Vinyl n’était pas qu’une DJ et savait jouer du piano. Le temps passé dans les clubs de jazz dans sa jeunesse à Jumanhattan n’avait pas été vain. Mais la musique électro l’avait très vite attiré à son adolescence et, même si elle touchait encore de temps en temps l’instrument, elle l’avait délaissé pour les platines de DJ. En l’entendant jouer, Octavia se rappela des fois où elle se retrouvait aussi auditrice de Vinyl. Elle lui jouait cette chanson quand elle était triste et quand il fallait lui remonter le moral. La même sensation de chaleur lui revenait. Un bonheur simple qui ne tenait qu’à quelques notes de piano.

De son côté, Vinyl jouait avec passion sur l’instrument, complètement emportée par la musique, en se rappelant pour qui elle jouait. Elle termina sous les applaudissements des convives, et ses yeux se tournèrent immédiatement vers Octavia, qui souriait chaleureusement. De retour à sa table, cette dernière la complimenta.

« Vinyl, c’était magnifique. Tu joues toujours aussi bien au piano. »

« Hé que veux-tu. Le talent, ça ne reste jamais bien loin », se vanta la DJ. « Puisqu’on en était aux souvenirs, c’était normal que je te la joue », dit-elle en s’essuyant le front avec sa serviette après cet effort intense.

Octavia gloussa et poursuivit le repas en compagnie de celle qui n’était plus sa concurrente ce soir, mais son….amie. Tout semblait aller un peu trop vite pour elle, mais de toute évidence, il lui en fallait peu pour faire raviver ce lien qui les unissait. Pourquoi est-ce qu’on a pas fait ça plus tôt…, se demanda Octavia avec une pointe de regret.

Après que Vinyl ait payé et que les deux aient quitté le restaurant, Octavia s’apprêta à rentrer chez elle. « Merci pour cette soirée, Vinyl. C’était vraiment magnifique. Je repasserai prendre mon violoncelle demain », dit-elle en commençant à s’éloigner. Vinyl se chargea très vite de la rattraper et arriva à sa hauteur.

« Attends, qui a dit qu’elle était finie ? Hé, tu ne pensais pas que Vinyl la DJ allait te faire seulement passer la soirée au restaurant ? » l’interrogea la jument blanche. « Non, non, non, on a encore un endroit où aller. Tu me fais confiance ? »

Octavia n’hésita pas avant de répondre, plus rapidement qu’elle ne le pensait. « Oui, je…je te fais confiance. On va où alors ? » demanda-t-elle, sans idée de la suite.

« Au bar de Berry. Mais pas pour m’écouter. On y va pour danser ! » s’exclama-t-elle avant de marcher vers le bar, suivie par Octavia.

L’idée de danser avec Vinyl lui rappela immédiatement un autre souvenir lointain. Elles avaient l’habitude d’aller en boîte de nuit pour s’amuser jusqu’au bout de la nuit, inséparable sur la piste de danse. Souvent, Octavia venait même voir Vinyl jouer devant le public déchaîné. L’inverse était plus rare, tant au niveau du public que de la présence de Vinyl aux concerts d’Octavia. Mais ce soir, le thème semblait de toute évidence tourné vers le passé, et aucune des deux n’avait à s’en plaindre. Le son de plus en plus fort des enceintes de chez Berry leur indiquèrent qu’elles s’approchaient du bar. Comme au bon vieux temps.

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Note de l'auteur

Des gros clichés romantiques, vous étiez prévenus. Et prochain chapitre: let's dance!

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theeliot06
theeliot06 : #9080
J'aime bien les références ^^ discrètes mais présentes !
Il y a 3 ans · Répondre

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