En se réveillant à l’hôpital, Octavia vit que le jour venait à peine de se lever. La lumière du soleil agressait ses paupières et l’empêchait de voir où elle se trouvait exactement. Elle amena un sabot sur sa tête et grimaça, constatant qu’elle avait reçu un sacré coup, et qu’elle avait des bandages plus hauts. Elle se rappela de la nuit d’avant. Tout lui revint en tête : la chaise, la chute, le coup… Sa vision s’éclaircit, et elle put enfin voir le reste de la pièce et deviner qu’elle se trouvait dans une chambre de l’hôpital de Poneyville. Sur une chaise près du lit se tenait Mixtape. Il était resté là toute la nuit, trop inquiet pour son amie, mais le sommeil l’avait finalement rattrapé. Quelques minutes après son réveil, Nurse Redheart entra dans la chambre de la musicienne.
« Bonjour, Octavia. Je vois que vous vous êtes réveillée. Comment vous vous sentez ? » demanda l’infirmière.
« J’ai encore un peu mal à la tête, mais ça va », répondit la jument, la gorge sèche et la voix faible. Elle but un verre d’eau avant de poursuivre. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »
« Votre ami nous a dit que vous aviez pris une enceinte sur la tête après être tombée dans votre studio. Il vous a amené ici dès que possible », murmura-t-elle en voyant l’étalon toujours endormi. « Vous avez eu de la chance de vous en sortir sans trop de dégâts. »
« Je pourrai sortir quand ? J’ai une émission à faire ce soir », dit Octavia, plus inquiète pour son émission que pour elle-même.
« Nous allons encore vous garder en observation jusqu’à demain, le temps de vérifier que tout va bien », expliqua Nurse Redheart. « Ne prenez pas de risques inutiles. Reposez-vous et vous serez vite sur vos sabots », poursuivit-elle. Elle s’éloigna du lit et glissa avant de refermer la porte, « Je repasserai dans la journée. D’ici là, restez au chaud. »
Le bruit de la porte fermée réveilla Mixtape, qui ouvrit les yeux avec difficulté avant de se tourner vers son amie. « Octavia ? » marmonna-t-il, visiblement fatiguée.
La jument lui sourit chaleureusement et celui-ci s’avança, avant de la prendre entre ses sabots, lui donnant un gros câlin. « J’ai eu si peur pour toi », sanglota-t-il alors que les larmes commençaient à couler sur ses joues. « J’ai cru que… que… » Il ne put finir sa phrase.
« Shhh… shhh », le rassura Octavia en passant un sabot dans son dos. « Je suis là, tout va bien. Merci de t’être occupé de moi. » Ils restèrent ainsi pendant quelques instants, heureux de se retrouver après cette nuit d’inquiétude.
« Tu peux me dire pourquoi ma chaise m’a lâchée ? » demanda Octavia, la curiosité reprenant le dessus, en le relâchant. L’étalon sembla hésiter avant d’avouer la vérité.
« J’ai vu Plug hier soir en repassant au studio. Il m’a dit que c’est Vinyl qui a voulu faire une de ses ‘blagues’ », expliqua Mixtape. Le nom de Vinyl fit bondir Octavia, mais curieusement, elle ne ressentit pas de la colère contre elle, juste de la déception et une certaine tristesse. « Elle aurait pu te tuer », poursuivit Mix.
« Je la connais trop bien, elle ne m’aurait jamais fait ça délibérément », précisa Octavia. « Elle peut être une vraie pouliche parfois, mais elle n’est pas méchante. Je sais qu’elle ne pensait pas à mal. Mais… » Octavia se rappela de sa promesse d’hier. Aller lui parler, remettre les choses à plat, se donner une nouvelle chance. Ce qui s’était passé la faisait hésiter.
« Mais ? » répéta l’étalon, en attendant une réponse. « Tu devrais aller porter plainte contre elle. »
« Non », finit par dire Octavia. « Personne n’a été tué. Je veux encore lui donner cette chance. Peu importe ce qu’elle a fait. Elle a dû comprendre qu’elle est allée trop loin. »
« Et si tu n'étais pas là pour me dire ça ? Tu serais encore prête à lui pardonner ? » l’interrogea Mixtape, plein d’inquiétude dans sa voix.
« Je veux retrouver la Vinyl que j’ai connue. Elle est encore là, mais il faut que l’une d’entre nous fasse le premier pas. Fais-moi confiance », dit Octavia. L’étalon la regarda longuement, puis soupira.
« Bon. Mais tu ne peux pas dire que je ne t’aurais pas prévenue », concéda Mixtape avant de l’étreindre à nouveau. Il parla quelques instants plus tard. « Je vais devoir y aller. Je dois passer au studio remplir la paperasse. Promets-moi de ne pas faire de bêtise d’ici demain. »
« Promis. Mais passe le mot : le concert de demain soir n’est pas annulé. Je jouerai comme d’habitude », lui rétorqua Octavia, l’esprit déjà tourné vers le lendemain.
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Vinyl resta cloîtrée chez elle toute la journée, se vautrant dans sa misère et ses remords. Et ça ne s’était pas arrangé en arrivant à la station de radio. Seule. Plug n’avait toujours pas digéré ce qu’elle avait fait. En tant que licorne, elle pouvait toutefois assurer l’émission comme d’habitude, sa magie lui permettant de passer les disques depuis la cabine d’enregistrement.
À 20 heures tapantes, l’émission démarra, alors que Radio Poneyville gardait le silence. Vinyl ne pouvait cacher la tristesse dans sa voix, malgré les habituelles formules de lancement qui faisaient la joie des auditeurs. Mais elle devait être forte, coûte que coûte. Pas pour elle, mais pour quelqu’un derrière le poste.
Dans sa chambre d’hôpital, une auditrice très spéciale était aussi en pleine écoute : Octavia. Quitte à passer la nuit là, autant en profiter pour se divertir, pensa-t-elle. Inconsciemment, elle avait tourné le bouton sur Pony Rock. Au bout de quelques minutes, la voix derrière le poste sembla l’interpeller.
« À présent, j’aimerais dédier cette chanson à quelqu’un de très spécial pour moi », commença-t-elle. « Elle se reconnaîtra et je veux qu’elle sache que… je pense beaucoup à elle. Voici Wish You Were Here, de Pony Floyd. » Les premières notes de guitare traversèrent les ondes, et parvinrent jusqu’à l’hôpital de Poneyville. Les oreilles d’Octavia se dressèrent, et un frisson la parcourut en entendant les paroles, qui prenaient ce soir-là une résonance particulière.
How I wish, how I wish you were here.
We're just two lost souls Swimming in a fish bowl,
Cette fois, c’était au tour d’Octavia de pleurer. Elle avait enfin une preuve que Vinyl était encore cette jument qui avait été son amie il y a des années de ça. Celle qui comptait pour elle, prenait soin d’elle et avait juré de rester son amie, quoi qu’il arrive.
Year after year, Running over the same old ground.
What have we found The same old fears.
Wish you were here.
Vinyl termina son émission dans le même état de tristesse qu’au début, espérant toutefois que sa dédicace avait été entendue. Peut-être ont-ils la radio à l’hôpital, pensa-t-elle.
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