Chapitre 5: Radio Wall of Sound

Radio wall of sound 
      Comin' up from my tower
      Radio wall of sound
      Wos power
      Radio wall of sound
      Comin' up from my tower
      Radio wall of sound
      24 hours of power

Radio Wall of Sound- Slade

Durant les semaines suivantes, les coups bas devinrent de plus en plus fréquents : boules puantes dans le studio, coussin péteur sur les sièges, blagues au bout du téléphone…. Le pire avait été quand toutes deux avaient eu l’idée de trafiquer les micros de l’autre. Vinyl s’était retrouvé avec une voix suraiguë tandis qu’Octavia parlait avec une voix grave digne de Fluttermâle. Mais comme c’était le 1er avril, tout le monde crut que c’était une blague de Pinkie, ou de Discord. La tension ne faiblissait pas et les journalistes comptaient les points. Leur guerre avait attiré l’œil des médias, qui se faisaient les choux gras de cette « bataille des ondes », et Pony Rock ainsi que Radio Poneyville devinrent les grands succès du moment. Le jour tant attendu des audiences finit par approcher grands pas. C’était même aujourd’hui.

Au studio de Radio Poneyville

« Octavia, tu es en retard pour les audiences ! » l’avertit Mixtape alors que la jument venait de faire son entrée dans le studio, essoufflée.

« Désolée… », dit-elle en haletant, luttant pour reprendre son souffle. « Je finissais… une interview pour…. La Gazette du Poulain », répondit Octavia, qui, en plus d’être à bout de souffle, avait l’air moins enjoué que d’habitude, ce que remarqua tout de suite son ami.

« Il y a quelque chose qui ne va pas ? » demanda l’étalon.

Octavia hésita un moment, mais se contenta simplement de répondre : « Non. Tout va bien », avec un ton de voix peu convaincant.

Mixtape ne voulut pas en demander plus, sentant que ce n’était pas le bon moment pour ça, et lui tendit simplement la feuille des audiences, qui n’aiderait sans doute pas Octavia à aller mieux. La jument écarquilla les yeux et regarda Mixtape, comme incrédule.

« Ex-aequo ?! Mais…mais…pourtant, il y a p-plus de gens qui nous écoutent », bégaya Octavia, stupéfaite.

« Oui, mais Pony Rock aussi. Avec la guerre qu’on se mène, les auditeurs arrivent en masse, de tout Equestria. On gagne de l’audience mais la station de Vinyl en gagne encore plus », expliqua Mixtape. « Mais c’est bien, pas vrai ? » tenta-t-il pour désamorcer la situation.

Octavia ne partageait pas sa joie, en tout cas, c’est ce que disait son expression. « Oui, ça l’est mais maintenant qu’on est nez-à-nez, la guerre va s’intensifier entre nous et... », elle s’arrêta quelques secondes. « Être ex-aequo ne veut rien dire pour Vinyl, elle essaiera d’aller encore plus haut, c’est une battante. »

« Tu as peur de quoi exactement ? D’être deuxième. On va pas s’arrêter là, n’est-ce pas ? » demanda l’étalon, qui pouvait voir un peu de peur dans la voix de son amie, qui restait tête baissée.

« Je….je….. Des fois, j’aimerais arrêter mais…. je ne peux pas », elle leva les yeux. « J’aime mon boulot, les gens comptent sur moi mais…..tu sais, au fond de moi, j’ai encore un peu l’espoir de revoir la bonne vieille Vinyl, celle que j’ai connue, celle qui a été mon amie. Mais chaque jour qui passe, ça s’éloigne un peu plus pour moi, pour nous. J’ai peur que tout ça finisse par détruire l’espoir qui me reste », répliqua la jument. Un silence inconfortable régna dans la pièce avant qu’Octavia ne poursuive.

« Je vais aller lui parler. »

« A qui ? »

« A Vinyl », répondit Octavia.

« Quoi ?! Sérieusement ? Et après ? On arrête tout ? La guerre est finie et que le meilleur gagne ? Octavia…. », Mixtape savait que ce qu’il avait à dire serait cruel mais il n’avait pas le choix. « On a des annonceurs qui veulent que l’audience grimpe encore. Il y a aussi les taxes à payer, le matériel, les droits de diffusion,…. »

« Okay, okay, j’ai compris, je suis sabots liés à l’audience et à la radio », le coupa Octavia, qui baissa à nouveau les yeux. L’expression de son ami s’adoucit et il soupira profondément.

« Ecoute…ce que je viens de te dire, c’est ce que dirait Mixtape ton patron, mais tu veux entendre Mixtape ton ami ? » lui demanda-t-il en relevant son menton avec son sabot.

« Vas-y », lui dit Octavia, un peu d’espoir revenu dans sa voix.

« Si tu veux mettre un terme à tout ça, alors fais-le. Je ne t’en empêcherai pas. Si je peux aider une amie, alors je le ferai. On trouvera une solution plus tard.» Octavia ouvrit ses yeux vers Mixtape, qui lui offrait un sourire chaleureux. Octavia ne répondit pas et le prit dans ses sabots pour l’étreindre.

« Merci », dit-elle simplement. « J’irai la voir demain, le temps que cette histoire d’audience se calme. En attendant, on a une émission à préparer. »

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« Ex-aequo ? » demanda Vinyl.

« Ouaip », répondit Plug. « On monte, c’est bon pour nous. »

Vinyl ne parla pas pendant un moment, l’air pensif. « Mouais….mais premier ex-aequo, ça ne me suffit pas. Faut partager, et la médaille d’or, elle ne se partage pas. Il faut un gagnant et un perdant. »

« Si on continue comme ça, on finira premier. C’est juste une question de temps. On va pouvoir se calmer niveau blagues et coups bas », expliqua Plug, qui commençait à en avoir assez de ces farces, surtout après celle de la boule puante dont l’odeur lui avait collé aux sabots pendant une semaine. Sa petite amie s’en souvenait encore.

« Tut tut tut, la guerre n’est pas finie et elle ne s’arrêtera que quand on sera au top. J’ai un tour de prévu pour ce soir », sourit Vinyl d’un air narquois. « T’as un tournevis ? »

Plug semblait confus, mais répondit malgré tout. « Oui, je dois avoir ça dans un coin. Pourquoi ? »

« Tu auras la réponse ce soir, mais Octavia va avoir une surprise….renversante », ricana Vinyl, en imaginant la surprise de sa concurrente sous les coups de 20 heures.

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Le soir même

Quelques minutes avant l’émission, Vinyl s’installa au micro, presque incapable de contenir son impatience en attendant que sa blague se mette à exécution. Plug le remarqua et ne put s’empêcher de le lui dire.

« T’as l’air de bonne humeur, Vinyl ? Y’a quelque chose que je dois savoir ? » demanda-t-il innocemment, en déposant le journal qu’il tenait entre ses sabots sur la table de la régie.

« Peut-être, je te conseille d’écouter Radio Poneyville. Va y avoir du spectacle », répondit la jument en levant ses lunettes pour lui faire un clin d’œil.

Dans l’autre studio, Octavia se préparait elle aussi à entamer son émission. La tête un peu ailleurs en imaginant sa conversation du lendemain avec Vinyl, pleine d’espoir pour que les choses prennent un nouveau tour. Elle s’avança vers son siège, s’assit…et tomba à la renverse. Quelqu’un avait dévissé la base pour que celui qui s’assoit dessus emporte la chaise avec lui. Dans sa chute, elle cogna contre le mur du fond, à cause de l’exiguïté du studio, faisant tomber une des enceintes au plafond en plein sur sa tête. Octavia tenta de se relever après le choc, mais ses sabots ne répondaient plus. Elle s’évanouit sur le sol. Attiré par le bruit, Mixtape tourna les yeux vers le studio, bondit de son siège et se dirigea aussitôt vers la jument, complètement paniqué et horrifié.

« Octavia, Octavia ! S’il te plaît, parle-moi ! Octavia ! » supplia l’étalon, les larmes aux yeux. Elle ne répondit pas et il la mit sur son dos pour l’amener à l’hôpital de Poneyville. Elle saignait de la tête et avait perdu connaissance.

Chez Pony Rock, Vinyl se réjouissait en entendant un bruit sourd, signe que sa blague avait marché. « On dirait que Radio Poneyville a un peu de mal à se mettre sur ses sabots ce soir ! » rit la jument blanche dans le micro régie.

« Qu’est-ce que tu as fait ? » demanda Plug, plus inquiet que Vinyl sur ce qu’il venait d’entendre.

« Oh, j’ai juste un peu trafiqué la chaise d’Octy. Ça va, hein, c’est pas comme si je l’avais envoyée à l’hôpital, hein…. », ricana Vinyl, sans se douter du drame qui se passait dans le studio d’à côté.

« J’irai quand même jeter un œil tout à l’heure », dit Plug avant de reprendre le cours de l’émission.

« Il est 20 heures. Amis du soir et de la guitare, bonsoir… »

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A peu près deux heures après le début de l’émission, Plug s’éclipsa le temps d’une chanson et alla voir du côté de Radio Poneyville, où Mixtape était revenu pour prendre quelques affaires. Le son sortant des enceintes de la régie délivrait un silence oppressant tandis qu’il expliquait le déroulement de la soirée à son concurrent, mais toutefois ami. Entre techniciens, on se comprend.

Plug revint quelques minutes plus tard en régie, blême, et Vinyl ne put se retenir de lâcher une blague. « Hé Plug, t’as vu un fantôme ou quoi ? »

Plug bondit et entra immédiatement en studio, l’expression hésitant entre la peur et la colère. « Vinyl, je crois que t’as fait une sacré connerie ce soir », dit-il calmement, visiblement très inquiet.

La jument semblait perplexe. « Euh….tu peux m’expliquer ? » demanda-t-elle en relevant ses lunettes.

« Octavia…..elle…elle est à l’hôpital. »

« Quoi ?! » s’écria Vinyl, stupéfaite, les yeux écarquillés derrière ses lunettes.

« Mixtape m’a tout raconté. Elle est tombé de son siège et….elle a fait une grosse chute. Y’a une enceinte qui lui est tombée dessus et….elle a reçu un gros coup sur la tête », expliqua Plug.

Vinyl était bouche bée, mais elle se força à parler. « Mais…..mais…..ça va aller, non ? C’était juste une blague, rien de bien méchant. »

Plug ne pouvait plus se contenir et laissa sa colère éclater, frappant des sabots sur la table où se trouvait la DJ. « Non mais tu t’es entendue ? Une blague ?! C’est comme ça que tu le vois ? Tu sais comment elle a failli se terminer, ta blague ? » rugit-il.

« J’ai jamais voulu que ça se finisse comme ça ! » rétorqua Vinyl avec le même ton de voix.

« Mais t’as tout fait pour ! Je….j’en ai marre de tes blagues de pouliche ! », aboya Plug en commençant à se diriger vers la sortie du studio. « T’es seule sur ce coup, Vinyl. Seule. C’est tout ce que tu mérites. Je reviendrai le jour où tu auras un peu plus de jugeote sous ta crinière », finit-il en claquant la porte avec fracas.

Sous le choc, la jument fit de son mieux pour ne rien laisser transparaître durant la fin de son émission. Seule sa voix brisée semblait penser que quelque chose allait mal. Sitôt le show fini, elle passa en régie, avant de lancer le dernier disque de la soirée. Ironiquement, c’était une chanson intitulée Enjoy The Silence. Les notes de clavier démarraient et les yeux de Vinyl scannèrent la pièce.

Vows are spoken, to be broken

Elle tomba sur le journal du jour, que lisait Plug il y a quelques heures. En une se trouvait une photo d’Octavia, qui accordait une interview au quotidien. Vinyl y plongea aussitôt le museau.

All i ever wanted, all i ever needed, is here in my hooves

Une phrase fit s’arrêter net la jument. A la question posé par le journaliste sur sa relation avec Vinyl, Octavia avait répondu : « Il fût un temps où nous étions les meilleures amies du monde. J’aimerais que ça redevienne comme avant parfois. Mais je ne sais pas où ça nous mènerait désormais. »

Words are very unnecessary, They can only do harm

Le papier se retrouva vite illisible, trempé par les pleurs de Vinyl.