Trixie se réveilla lentement, sentant une tranquillité inhabituelle en elle qu’elle n’avait pas ressentie depuis très, très longtemps. Son corps entier la chatouillait plaisamment, ses muscles étaient complètement détendus, et elle trouva un sourire sur son visage. Elle s’étira un peu et ouvrit ses yeux.
Son humeur changea presque immédiatement. Il y avait moins de lumière que la dernière fois, mais elle pouvait toujours voir le même plafond jaune. Elle se rappela rapidement où elle était et pourquoi. Cette pégase, elle avait… piégé Trixie. Piégé en acceptant de la nourriture et de l’aide, réalisa Trixie. Elle ne savait pas exactement ce que la pégase avait fait de mal. Mais l’indignité de la situation la mettait en colère.
Trixie se regarda et émit un cri de surprise. Son corps avait plus de bandages qu'autre chose, ses jambes étaient entièrement recouvertes de pansements ainsi que ses flancs de chaque côté. Ses muscles étaient détendus grâce à du linge mouillé placé autour de ses épaules et hanches. Elle les enleva et le regretta immédiatement, criant alors que ses bandages frottaient contre les plaies, lui faisant prendre conscience de chaque coupure en-dessous. Elle se roula lentement jusqu’au bord du lit. Elle glissa et remit ses sabots au sol. Elle grimaça, mais parvint à rester debout.
« Haha ! La Grande et Puissante Trixie est de retour ! » Elle frappa le sol du sabot pour accentuer son cri. Son visage s’agita alors que la douleur la traversait. « Ouch… », elle baissa prudemment sa jambe. Regardant autour d’elle, elle trouva une fenêtre et réalisa qu’il était tard, presque l’heure du coucher. La porte de la chambre était de l’autre côté du lit. Si elle avait de la chance, elle ne reverrait plus jamais cette douce pégase.
« Quoi ? » Elle se surprit d’avoir pensé ça. La pégase avait été condescendante, pas douce. Elle avait aussi vu Trixie dans toute sa déchéance – ce qui était déjà mieux que la plupart des poneys à leur top, se rassura-t-elle. Elle devait sortir d’ici ajouta son esprit. La porte menait à un couloir en L où elle naviguerait dans une faible lumière.
Elle était à peu près à la moitié des escaliers lorsqu’elle entendit quelqu’un fredonner. Elle s’arrêta net au son. Si la pégase pensait à nouveau utiliser sa magie sur Trixie, elle verrait autre chose arriver. Les yeux de Trixie scannèrent la pièce, essayant de trouver la source du bruit, ainsi que la meilleure façon de s’échapper.
« Oh, tu es réveillée ! » La pégase entra par la porte où Trixie ne regardait pas, un petit plateau sur son dos. Les yeux de Trixie s’écarquillèrent avant qu’elle ne se reprenne. Qui était-elle, terrifiée par ce poney ? Cette anonyme ? Elle reprit ses esprits rapidement.
« Ahem, oui. C’est bien de voir que quelqu’un sait comment donner à la Grande et Puissante Trixie le respect qu’elle mérite », dit-elle en levant un sabot bandé. « Mais elle n’a plus besoin de tes services. »
« Oh. Voudrais-tu rester pour dîner ? » demanda le poney. Trixie essaya de répondre, mais son estomac passa la ligne en premier. Elle se retrouva à rougir, embarrassée par cet étalage de faiblesse.
« Trixie est une invitée gracieuse, et accepte ton offre. »
« Je t’ai fait une salade. »
« C’est… adéquat pour une ‘maison’ aussi rustique que celle-là. »
« Tu voudrais manger dans ton lit ? » demanda la pégase. Trixie la regarda simplement. C’était quoi son problème ? Oublie ça, pensa Trixie, quel était son problème à elle ? C’était le genre de traitement qu’elle méritait. Mais elle n’avait rien fait pour prouver sa supériorité envers ce poney, et rien pour gagner sa dévotion. Pourquoi ce poney allait aussi loin ?
« Trixie est plus que capable de manger en bas, merci beaucoup. Trixie refuse aussi de manger sur rien de moins qu’un plateau d’argent. »
La pégase, de toutes les choses qu'elle aurait pu faire, gloussa ! Elle gloussa ! Elle retourna vers la porte, prenant le plateau avec elle. Trixie remarqua qu’elle n’avait pas entendu le son d’un plateau d’argent sorti d’une étagère. Elle soupira et descendit les escaliers, trop affamée pour discuter.
La cuisine était aussi rustique que le reste de la maison, une nappe jaune placée sur la table plus adaptée pour une famille qu’un seul poney. Dans une pensée passagère, Trixie imagina que la pégase devait souvent avoir des invités. À un endroit se trouvait le bol qu'elle avait vu sur le plateau du poney. La pégase était à un comptoir en bois au fond de la cuisine, préparant une seconde salade tout en fredonnant.
« Eh bien ? » demanda Trixie. La pégase se tourna vers elle.
« Oh, tu peux commencer à manger sans moi. »
« Commencer- mais- je » Trixie s’arrêta d’elle-même, réalisant qu’elle bégayait. Ce poney était exaspérant.
« La Grande et Puissante Trixie demande, à cet instant précis, que tu- » Sa corne commença à briller de magie, mais d’un coup, Trixie se retrouva à tomber sur le côté, la nausée venant en elle.
« Ughh… » Le monde tournait autour d’elle. Elle entendit un couinement.
« Oh, qu’est-ce qui s’est passé ? Tout va bien ? » Elle entendait le poney courir vers elle, mais ne pouvait la voir.
« R-recule ! » Elle essaya à nouveau un sort. Grosse erreur. La nausée la submergea et elle se sentit s’évanouir et tomber. Mais quelque chose l’arrêta avant de toucher le sol, quelque chose de doux qui la relevait. L’autre poney l’avait attrapée.
« Hurgh ! » Trixie ne pouvait se retenir et commença à vomir en plein milieu de la cuisine. Elle vida le contenu de son estomac en plusieurs fois. Sa gorge brûlait et ses yeux pleuraient. Elle grogna faiblement et quelqu’un la remit en position assisse.
« Doucement, doucement… » dit une voix apaisante. Trixie essaya de regarder autour d’elle. Elle entendit la pégase marcher et une seconde après, quelque chose de frais pressé contre son visage. Elle se sentait sans défense, et se laissa nettoyer.
« Qu’est… qu’est devenue la Grande et P-Puissante… »
« Shh, ssh. Tu es seulement fatiguée. Tu as besoin de beaucoup d’énergie pour guérir. Voilà, tout va bien… » Le champ de vision de Trixie commençait à s'éclaircir. Un visage jaune apparut avec les yeux grands ouverts. Des yeux qui lui disaient de se détendre, que tout irait bien. La garde de Trixie était abaissée, et elle se détendit sous ce regard. La pégase commença à la guider ailleurs. Trixie était plus que prête à quitter le lieu de l’incarnation de sa faiblesse physique.
Trixie se retrouva guidée dans la pièce principale. Elle remarqua quelques choses qui n’étaient pas là la dernière fois. Un pilier avec une étrange petite piste autour, des trous dans les murs, et des cages à oiseaux pendues au plafond.
« Quel genre d’endroit est-ce… oh. » Trixie faillit buter contre le canapé en se faisant guider. Elle se sentait toujours nauséeuse, et était heureuse d’avoir son poids retiré de ses sabots. Elle s’allongea prudemment sur le canapé.
« Je reviens tout de suite », dit doucement la pégase. Trixie le comprit à peine et ne fit qu’hocher la tête. Elle regarda ses sabots bandés, se sentant pire que morte. Elle ne sentit même pas les secondes passer et d’un coup, la pégase était à nouveau avec elle. Avec un bol de salade entre ses sabots.
« Tu, euh, tu te sentiras mieux après avoir mangé », entendit-elle. Trixie acquiesça et pencha sa tête. Elle prit une feuille de laitue et la mâchonna lentement, prenant son temps. Avaler était un peu douloureux, mais elle y parvint. La feuille disparut et elle en prit une autre, avec quelques carottes cette fois.
Elle était à peu près à la moitié de la salade avant de comprendre qu'elle était observée. La pégase était assise là, la regardant manger. Trixie grogna en voyant cela.
« Trixie ne signe pas d’autographe pendant qu’elle mange, si c’est ce que tu te demandes. »
« Oh, désolée. Je ne te rends pas, euh, nerveuse, n’est-ce pas ? »
« Q-quoi ! Ne sois pas bête. Trixie n’est jamais nerveuse. Tu es simplement une nuisance. C’est très malvenu. »
« Oh, tu veux dire que je te dérange ? »
Trixie soupira. « Oui, à peu près. Va… manger ton dîner ailleurs ou quelque chose, veux-tu ? »
« Oh, d’accord. Je vais revenir. » La pégase disparut. Trixie manqua de gémir en l’entendant aller dans la cuisine et revenir un instant plus tard. Elle s’assit au sol, juste à côté de Trixie, et commença à manger sa propre salade.
« Tu ne peux pas laisser Trixie seule deux minutes ? » demanda Trixie. La pégase leva les yeux, l’air inquiète.
« Mais tu es toujours malade. »
« Trixie n’est pas… » Trixie détourna les yeux. « Et pourquoi ça t’importe ? Tu es une fan de Trixie ? Trixie ne va pas se réveiller attachée dans un lit, n’est-ce pas ? »
« Oh non, je ne ferais jamais quelque chose comme ça. On dirait juste que tu as besoin d’aide. »
« Quoi ? » Trixie cligna des yeux. « Mais pourquoi tu m’aides ? »
C’était au tour de la pégase de ne montrer aucun signe de compréhension. « Parce que tu en as besoin. »
« Ugh », soupira Trixie. « Bien, si tu refuses de le dire à Trixie, alors vas-y. »
« Euh, je… » La pégase s’arrêta d’elle-même et se tortilla.
« Quoi ? »
« Si, euh, tu veux bien me le dire, qu’est-ce qui t’est arrivé ? Tu es si… mince. »
Trixie se regarda les côtes et fronça les yeux. Elle savait où la pégase voulait aller. Elle avait perdu beaucoup de poids, en termes de graisse et de muscles. Elle ne réalisa que maintenant que ses côtes étaient visibles, et que ses jambes étaient chétives. C’était normal qu’elle ne puisse pas rester debout longtemps, vu à quel point elle était devenue légère.
« Ça, ça fait un mois que tu as quitté Poneyville. Est-ce que, euh, tu t’es perdue durant tout ce temps ? »
« Poneyville ! » Les yeux de Trixie s’écarquillèrent. « Nous sommes à Poneyville ?! » Elle se remit sur ses sabots, les yeux traînant tout autour. La pégase était à ses côtés avant qu’elle le sache.
« Shh, oh ma pauvre, s’il te plaît, tout va bien. Nous ne sommes pas dans la ville. »
« O-on n’y est pas ? » Trixie sentit qu’on la poussait, mais c’est tout ce dont elle avait besoin pour se rasseoir. Un fort vent aurait pu la faire bouger à cet instant.
« Je vis au bord de Poneyville. Euh, est-ce tu vas bien ? »
« Toi ! Tu es de Poneyville alors ! Tu as vu… ça, cette idiote qui a humilié Trixie ! Pas étonnant que tu ne la respectes pas ! »
« Oh, euh, je, mais je te respecte, je respecte tout le monde », dit la pégase.
« Ne mens pas à Trixie ! » répliqua Trixie. « Comment, comment quelqu’un pourrait-il me respecter – la respecter, après, après une humiliation pareille… » Elle tourna la tête, réalisant que ses yeux se remplissaient de larmes. Elle sentit la pégase poser une patte autour d’elle.
« Allons, allons… »
« Et arrête de traiter Trixie comme une petite pouliche ! » Trixie essaya de repousser la pégase. Quand elle la regarda, elle la trouva contrariée pour la première fois.
« Je, tu avais l’air si triste… » répliqua la pégase en reculant. « Désolée. »
« Ugh. Ecoute, Trixie… arrête de regarder Trixie comme ça. Trixie est juste… est-ce que tu pleures ? »
« Uh uh », la pégase secoua sa tête et couina, en s’essuyant les yeux. C’était la chose la plus pathétique que Trixie ait jamais vue, mais elle trouvait que beaucoup de poneys étaient pathétiques.
« Écoute, Trixie est… oh, c’est bon. Elle t’est… très reconnaissante de ton aide. »
« Hein ? » la pégase leva les yeux, à moitié cachés par sa longue crinière.
« Trixie… ne s’est pas perdue. Elle n'a jamais eu besoin de s'abaisser à des pratiques barbares que demandent les bois. Elle a pu ne pas bien manger pendant un mois. Elle a mangé son dernier repas il y a, oh, à peu près une semaine. »
« Une semaine… » marmonna la pégase.
« Aussi Grande et Puissante qu’elle soit, Trixie n’était pas préparée à combattre une forêt entière. Elle… n’aurait pas tenu beaucoup plus longtemps », admettant finalement ce qui était arrivé. Trixie commençait à trembler en s’asseyant.
« Toutes ces nuits froides… chaque tentative de trouver une sortie qui échouait… la faim… » Elle ne réalisa pas qu’elle pleurait jusqu’à ce qu’un sabot essuie ses larmes. Ce n’était pas le sien. Elle leva les yeux vers la pégase qui lui souriait, même si ses yeux étaient plein d’inquiétude et tristes. Trixie était ébahie de voir que la pégase pouvait tant dire sans parler. Elle voulait que Trixie soit en sécurité.
« A-arrête. Ne t’apitoie pas sur Trixie. »
« Je, je ne le faisais pas », dit la pégase. « Je, euh, pense juste que tu as besoin d’un peu de… eh bien, de gentillesse. »
« G-gentillesse ? » Trixie y croyait presque, mais secoua sa tête. « Bah, un autre mot pour pitié. » Elle renifla et mit un sabot sur son visage. Elle grimaça, ayant oublié les bandages sur ses pattes.
« Mais… »
« Trixie a fini de dîner », Trixie repoussa le bol. « Et veut un bain. »
« Oh, eh bien, euh… d’accord. » La pégase se retourna. Trixie glissa hors du canapé, la suivant à distance. Elle ne pouvait pas croire au peu de contrôle qu’elle avait sur ses émotions. Les semaines lui avaient pesé dessus, elle ne pouvait se le nier. La faim l’avait rendue stupide, elle en était certaine. Quand les baies l’avaient rendue malade et les feuilles étaient trop amères, elle avait pris des mesures drastiques. Elle croyait qu’elle avait volé quelque chose de comestible chez cette sorcière-poney. Cela l’avait en fait rendue encore plus malade. Si la pégase n’était pas venue… non. Plus de ça se dit-elle.
La pégase grimpa les escaliers et passa par une autre porte dans le couloir. La salle de bain était simple, petite, mais avait une belle baignoire. Il y avait un miroir au-dessus de l’évier, où Trixie se hâta immédiatement pour se voir avec un sourire. Elle y arriva, et
« Waah ! » Elle recula du miroir, terrifiée, faisant bondir la pégase.
« Oh, il y a encore une araignée ? Je leur ai dit de ne pas… »
« Quoi, qu’est-ce qui est arrivé ? Ce n’est pas la façon dont la Grande et Puissante… » Trixie s’arrêta, approchant lentement le miroir. Son visage était émacié, ses yeux rouges, et sa crinière… par Celestia, sa crinière ! La grande partie d’entre elle avait été déchirée ou coupée, ce qu’elle savait, en ayant été coincée dans des ronces où elle avait dû se forcer pour se libérer. Elle s’était promis que ça ne serait pas grave, mais c’était déchiqueté, et inégal, et ce qui restait de ses cheveux était si poussiéreux et sale qu’ils avaient l’air marron au lieu d’argentés. Il y avait assez de branches pour qu’on oiseau y fasse son nid. Elle regarda derrière elle, et découvrit horrifiée que sa queue n’était plus la même.
« Je, euh, ne voulais rien faire pendant que tu dormais », lui dit la pégase. « J’ai quelques ciseaux… »
« Non, non, recule ! » Trixie fit quelques pas en arrière. « Trixie n’aura pas sa crinière ou ses cheveux ruinés ! »
« Mais c’est déjà… »
« Pourquoi ? Pourquoi Trixie ? » cria Trixie, hystérique. « Pourquoi tout s’est mal passé ? D’abord ma roulotte, puis le chapeau et la c-cape, et ça ne suffisait pas ? Quelle divinité cruelle irait si loin pour la détruire ? Elle est une showmare ! Bien sûr que ces histoires ont été inventées ! Pourquoi ont-ils… pourquoi cela est arrivé… qu’ai-je fait pour mériter ça ? »
La pégase essaya de s’approcha, même si elle avait peur, les yeux écarquillés. Trixie se mit dans un coin.
« Trixie peut réparer ça ! Elle est grande, et puissante, e-et intelligente et belle. Je peux réparer ça », dit-elle avec encore plus de force qu'avant, sa corne brillant d'une lumière bleue flottante. La nausée la reprit à nouveau, mais elle essaya quand même d’accumuler la magie. Elle avait l’impression que sa tête allait exploser, craquant comme un œuf. Elle cria, mais continua à forcer.
« Trixie, non ! S’il te plaît, non ! » La voix semblait venir de loin. C’était assez pour briser sa concentration et la magie pétilla. Elle tituba, le monde tournant autour d’elle, et elle retrouva encore l’autre poney pour la rattraper et la tenir.
« Oh non, s’il te plaît, le lavabo... »
« Trixie va b-bien… » dit Trixie, en se forçant à avaler. Elle sentit quelque chose sur son dos. Cela lui prit une minute pour comprendre ce qui arrivait.
« Est-ce que tu… caresses Trixie ? » demanda-t-elle en essayant de lever sa tête. Elle n’eut qu’un couinement en réponse, et le mouvement s’arrêta.
« Tu t’apitoies sur Trixie… » Sa voix vacilla. « Mais elle ne te blâme pas. Va chercher les ciseaux. »
Un moment plus tard, Trixie s’assit devant le miroir, les yeux mi-clos pendant que la pégase coupait presque toute sa crinière. Trixie se retrouva à sangloter. Elle n’avait pas pleuré autant depuis des années, et cela la submergeait. Elle jeta un œil vers le miroir, mais ne pouvait s’y regarder.
Presque tous les cheveux de Trixie étaient partis maintenant, même si la pégase put laisser quelques mèches. Sa crinière était un peu frisée, la faisant avoir l’air plus jeune qu’elle ne l’était. À part qu’elle était sale, la coupe semblait être un travail de professionnel. Sa queue n’était plus qu’une touffe argentée et sale.
« Trixie suppose que tu aurais pu faire pire… ummm… » Trixie cligna des yeux. Elle réalisa qu’elle n’avait pas demandé une seule fois le nom de la pégase, et qu’on ne lui avait pas proposé.
« Oh, je suis… Fluttershy… » La pégase sourit faiblement en imaginant ce que Trixie cherchait à savoir.
« Fluttershy. Trixie ne se rappelle pas de toi depuis sa performance. »
« Oh… mais j’étais là… »
« Tu connais ces poneys ? Ceux dont Trixie s’est moquée ? »
« Elles, euh… » Fluttershy recula. « Elles sont… » Elle marmonna trop faiblement pour Trixie.
« Redis-ça ? »
« Elles sont mes… »
« Plus fort ! »
« Elles sont mes plus proches amies… » admit Fluttershy. Trixie grimaça.
« Mais… tu as aidé Trixie. »
« Tout le monde a le droit à de la gentillesse », lui dit doucement Fluttershy. « Est-ce que tu veux toujours ton bain ? »
Trixie hocha la tête. Elle ne pouvait penser à rien d’autre. Ce poney avait admis qu’elle n’avait aucune raison de l’aider, en fait, elle avait même des raisons de détester Trixie, mais elle lui offrait timidement de plus en plus de choses. Alors, elle regarda juste Fluttershy tourner le robinet et faire couler l’eau. La pégase tritura un peu le thermostat avant de se tourner vers Trixie. Elle semblait vouloir dire quelque chose, mais hésita.
« Quoi ? »
« Je, euh, est-ce que tu veux de l’aide avec tes bandages ? »
« Oh. » Trixie se regarda. Elle avait presque l’air d’être momifiée. Sans sa magie, elle pouvait imaginer la difficulté de se les enlever elle-même.
« Pourquoi pas ? Tu as déjà enroulé Trixie une fois avant. »
« Oh, mais comme tu es réveillée cette fois… »
« Tu veux dire… tu es inquiète de la dignité de Trixie ? » demanda Trixie en ricanant. « Oh, c’est incroyable. Hah ! Tu- ow. » Même un petit rire forcé rappelait sa condition à Trixie et la douleur. Elle se frotta prudemment les côtes un moment.
« Oh, oui. A-heh... » Elle leva les yeux pour trouver Fluttershy qui la regardait la tête penchée et des yeux très, très tristes. Trixie ne pouvait la regarder dans les yeux et, pour sa plus grande honte, devait regarder ailleurs.
« Fais-le juste », dit-elle à Fluttershy en tendant un sabot tout en s’asseyant. Fluttershy hocha la tête et se pencha, se mettant au travail. Trixie la regarda enlever ses bandages, révélant un pelage tâché de sang séché. Fluttershy mit de côté les pansements et s’abaissa pour enlever les tampons autour de la taille de Trixie. Trixie essaya de ne pas grimacer – c’était douloureux où ça ne la chatouillait pas. Elle s’était fait mal de nombreuses fois en traversant des terrains inconnus. Puis Fluttershy pencha un peu plus la tête, se collant presque entre les jambes de Trixie.
« Qu’est-ce que tu fais ? » couina Trixie. Fluttershy leva les yeux. C’est là que Trixie remarqua qu’elle était aussi bandée à cet endroit.
« Peu importe… » Trixie regarda ailleurs en essayant de cacher ses joues rouges. Fluttershy était une experte et Trixie se retrouva vite sans bandage. Juste à temps pour que la pégase se tourne et coupe les robinets.
« Je vais nettoyer », lui dit Fluttershy.
« Oui, pourquoi tu ne… je veux dire, vas-y. » Comprenant que la pégase allait nettoyer ses bandages dans la cuisine, Trixie se détendit. Elle décida d’entrer dans la baignoire lorsque Fluttershy partit. L’eau chaude la pétrifiait au départ, mais elle commença à se relaxer en entrant.
« C’est… si luxueux. Pour un taudis en tout cas. » Elle était si embrouillée par sa récente épreuve qu’elle aimait bénéficier de ce logement de mauvaise qualité. Elle retrouverait vite la santé. À part… Trixie se regarda. Elle était mince, et se sentait encore plus faible. Ses plaies prendraient des jours ou même des semaines à guérir, et sa crinière, sa si charmante crinière ! Même quand elle avait été proche de la mort, même lorsque les choses avaient empiré, Trixie avait eu foi en elle. La roue tournerait, elle en était sûre. Mais… voilà. Elle était faible, presque sans défenses, malade et blessée. C’était son grand comeback. Trixie s’enfonça dans l’eau.
Elle sentit ses sens s’éteindre et se força à rester éveillée. Et cet autre poney, cette Fluttershy ? Trixie ne la comprenait pas. Peut-être que Trixie se retrouverait avec une énorme facture quand elle voudrait partir, quelque chose du genre. À part… vu les choses, ce poney voulait vraiment que Trixie aille mieux. Peut-être qu’elle se souciait vraiment d’elle… non, c’était impossible. Elle ne pouvait pas avoir un faible pour Trixie, n’est-ce pas ? Quelles autres motivations pouvait-elle avoir à part sa gentillesse ?
Trixie ne voulait pas penser à ça maintenant. Faible ou pas, Fluttershy l’avait bien aidée, et au plus profond d’elle, Trixie savait qu’elle devait la vie à ce pégase. Elle avait surtout peur d’être jetée dehors avant de pouvoir se débrouiller seule. Elle avait peur d’être forcée à retourner dans le froid, ou pire, revenir à Poneyville. Pour le moment, elle avait chaud et mangeait à sa faim, et elle en était heureuse. Elle avait été à l’article de la mort. Elle commençait à s’en éloigner, mais chaque pas était un voyage en lui-même.
Trixie se força à se détendre, l’eau chaude prenant le pas sur ses peurs et inquiétudes. Le bain était parfait pour ses plaies et ses muscles brûlants. Elle continuait à glisser, et se réveilla avant de s’enfoncer plus loin dans la baignoire. C’était très facile de se détendre et de ne plus penser, comme si penser demandait plus d’énergie qu’elle en avait. L’eau finit par refroidir et elle décida de sortir. Elle fit quelques pas hors de la baignoire, et
« Ooof ! » Ses jambes la lâchèrent. Elle essaya de trouver ce qui n’allait pas. C’était comme avant, réalisa-t-elle. La panique s’empara d’elle. D’abord, sa magie, et maintenant, ça… ?
« Eh, toi là ! Fluttershy ! Fluttershy ! Oh Celestia, je ne veux pas mourir. »
« Trixie ? » La porte s’ouvrit derrière elle. Trixie sanglotait.
« Je ne peux pas me lever. Pourquoi je ne peux pas me lever ? »
« Oh, tu es, euh, toujours faible Trixie, et tes muscles sont détendus. Ne t’inquiète pas, tu peux te lever, mais, je pense que tu ne t’attendais pas à ça. »
« O-oh, je-Trixie sait ça. T-tu peux aider Trixie maintenant. »
« Pourquoi tu ne vas pas au lit. Là. » Fluttershy se pencha devant elle. Trixie posa ses sabots sur le dos de Fluttershy. Elle avait la sensation que la seule raison pour laquelle Fluttershy parvenait à la porter était parce que Trixie était devenue très légère. La pégase se leva, laissant Trixie l’utiliser comme support en se tenant sur ses sabots arrière. Elle amena plus bas ses sabots avant et tenait bon. Elle regarda ses sabots un moment.
« Fluttershy ? »
« Hmm ? »
« Pourquoi tu aides Trixie ? Vraiment ? »
Fluttershy ne dit rien pendant un moment en sortant de la salle de bains. C’était toutefois assez pour que le cerveau de Trixie s’imagine des scénarios cauchemardesques. Fluttershy était une maniaque, ou allait inviter les habitants de Poneyville pour qu’ils se moquent d’elle et tout ça faisait partie de la préparation.
« Tout le monde a droit à de la gentillesse. Et tout le monde a besoin de quelqu’un qui se soucie d’eux. » La voix de Fluttershy était douce, presque comme une berceuse, mais Trixie refusait de se faire bercer.
« Quoi ? Non, c’est faux. Trixie n’a jamais eu besoin de personne. Elle y arrive très bien seule. Mais… est-ce que ça veut dire que tu n’attends rien de Trixie ? »
« Je veux juste que tu ailles mieux. »
« … Je ne comprends pas. Pourquoi tout ça ? »
« La gentillesse est sa propre récompense », dit simplement Fluttershy, sa voix douce. Elles avaient atteint la chambre, et Fluttershy aida Trixie à se mettre au lit. Trixie regarda autour d’elle.
« C’est ton lit, n’est-ce pas ? »
« Oh, ça va. J’aime beaucoup mon canapé. »
Trixie hocha la tête et se blottit sous les couvertures. Elle regarda Fluttershy se diriger vers la porte. Ce n’est que lorsque la lumière s’éteignit et que Fluttershy était partie que Trixie réalisa les mots qui étaient sortis de ses lèvres.
« Merci, Fluttershy. »
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