Trixie descendit avec peine les marches le lendemain matin, reposée mais affamée. En descendant les marches, elle réalisa que quelqu’un l’observait. Regardant tout autour, elle trouva un petit lapin blanc se tenant sur une table, qui la fixait. Elle ne se sentait pas la bienvenue, mais Trixie lui lança un regard de la même intensité.
« Ne joue pas avec Trixie, lapin, ou elle te fera faire partie de son prochain tour. »
Le lapin ne semblait pas amusé. Un son la distrait, et Trixie leva les yeux pour voir que les cages à oiseaux pendues au plafond étaient occupées, de petits moineaux se parlant l’un à l’autre depuis leurs maisons.
« Quel genre de maison est-ce ? » se demanda Trixie. Un autre oiseau émergea d’une plus grande cage. C’était un rouge-gorge qui commençait à fredonner une chanson. Pour la plus grande surprise de Trixie, une voix de velours se fit entendre pour le rejoindre, dans la même tonalité.
« Bonjour- oh, Trixie ! » Fluttershy arriva par la cuisine. Trixie réalisa qu’elle avait les joues rouges et se reprit de suite. Pourquoi est-ce qu’elle rougissait ?
« Est-ce, euh… tu voudrais petit-déjeuner ? » demanda Fluttershy. Trixie fronça les yeux devant la façon qu’avait Fluttershy de bégayer et de se tortiller.
« Tu as porté Trixie, tu l’as nettoyée, touchée… sur une grande partie de son corps… alors pourquoi as-tu toujours peur d’elle ? Tu as vu à quel point elle est devenue… disgracieuse. »
« Je… je suis désolée », marmonna Fluttershy en frappant le sol. Trixie soupira.
« Trixie… n’essaye pas de t’offenser. Elle te promet qu’elle est aussi bienveillante qu’elle est sage. » Elle leva sa tête, sentant sa fierté revenir. Au moins jusqu’à ce que son estomac gargouillant ne lui rappelle pourquoi elle venait de quitter son lit.
« Tu as parlé de petit-déjeuner, c’est ça ? »
« Oh, oui », acquiesça Fluttershy. « Tu aimes les flocons d’avoine ? »
Trixie hocha la tête et finit de descendre les marches. Le lapin la regarda tout du long. Il ne l’aimait pas, elle en était sûre.
« Angel, sois gentil. C’est notre invitée », dit Fluttershy au lapin en passant. Le lapin secoua sa tête et bondit ailleurs, et Trixie en était soulagée. Elle suivit Fluttershy dans la cuisine et s’assit pendant que la pégase préparait à manger.
« Trixie… a pensé à ce que tu as dit hier soir. »
« Oh ? »
« Oui. Trixie… ne sait pas ce que tu attends d’elle. Mais elle n’a rien à te donner en retour pour ta gentillesse. Alors, elle promet de te ficher la paix très vite. Elle pourra partir après le petit-déjeuner. »
« Tu veux… partir ? Déjà ? »
Trixie hocha la tête. « Trixie est une self-made pony. Elle ne compte pas sur les autres pour l’aider, pas plus que nécessaire. Elle te rendra la pareille un jour, elle te le promet. »
« Tu n’as pas à… »
« Trixie a changé d’idée », dit Trixie en gardant la tête haute. Elle n’avait pas vu le visage inquiet de Fluttershy avant d’aller petit-déjeuner. Elle tendit à Trixie un bol chaud de flocons d’avoine. Instinctivement, Trixie essaya de faire léviter une cuillère pour son repas.
C’était un drôle d’endroit pour mettre un pied de table, pensa Trixie. Elle cligna des yeux. Tout était de travers, et elle réalisa qu’elle sentait le sol trembler contre elle. Elle était légèrement secouée.
« Trixie ! Oh, s’il te plaît, réveille-toi. »
« Que… que s’est-il passé ? » Trixie avait du mal à parler.
« Tu, euh, t’es un peu évanouie. Il faut du temps pour guérir. S’il te plaît… tu n’es pas encore prête. »
« Mais Trixie n’a… besoin de personne… » Trixie comprit qu’elle pleurnichait. Non, pas pleurnicher. Elle se plaignait.
« Tu te sentiras mieux après le petit-déjeuner. » Fluttershy l’aidait à se relever du sol et elle ne l’avait même pas remarqué. Elle soupira et hocha la tête. Fluttershy retourna à son repas et Trixie fit pareil, mangeant comme un poney terrestre, pour son plus grand chagrin. Les flocons d’avoine étaient lourds, et elle n’en voulait plus après quelques bouchées. Elle jeta un œil vers Fluttershy qui la regardait timidement. La pégase l’encouragea à manger en hochant doucement la tête. Trixie avala et se força à manger plus. Elle parvint à une demi-douzaine de bouchées avant de comprendre qu’une de plus la rendrait à nouveau malade. Elle regarda le bol à moitié vide.
« Il… il est temps que Trixie s’en aille, Fluttershy. »
« Mais… »
« Non, non, elle ne devrait pas rester. Tu… as été une merveilleuse hôte. » Trixie s’éloigna de la table de la cuisine. Elle voulait prouver que c’était son comeback. Qu’elle était assez forte et puissante pour revenir. En sortant de la cuisine pour s’approcher de la porte d’entrée, elle entendit Fluttershy trotter derrière elle. Trixie ouvrit la porte avec son sabot, plutôt qu’avec la magie. Elle regarda dehors ; la maison de Fluttershy était entourée de jardins verts, un chemin de terre menant éventuellement à Poneyville. Trixie s’arrêta, incapable de faire le premier pas.
« Est-ce que, euh, tu es sûre ? »
« Trixie… ne sera pas un fardeau. »
« Mais… tu viens juste de prendre le petit-déjeuner. »
« Eh bien, c’est vrai… »
« Et, il est tôt. »
« Trixie sent le froid du matin… »
« Et, où, si je peux me permettre, où vas-tu aller ? Sans, sans magie ? »
« Peut-être… » Trixie se mordit la lèvre. « Peut-être que Trixie n’y a pas assez réfléchi, pas autant qu’elle le devrait. »
« Est-ce, est-ce que tu voudrais rester déjeuner ? »
« Eh bien, Trixie n’est pas le genre à décliner un offre si généreuse. » Elle se détourna de la porte. Elle regarda Fluttershy, qui avait clairement plus de choses à dire. Trixie soupira et hocha la tête.
« Est-ce que… est-ce que tu voudrais voir Nurse Redheart ? Je, euh, suis plus habituée à m’occuper des animaux, pas… des poneys. » Trixie se regarda des deux côtés.
« Tu t’en sors très bien, pour autant que peut le dire Trixie. »
« Et ta magie ? »
« Trixie… doute qu’une infirmière puisse l’aider. De plus, Trixie a simplement besoin de récupérer son énergie. »
« Oh, d’accord. »
« Alors », Trixie se tourna vers elle. « Que fait un poney de ses journées quand il n’emballe pas les foules de poneys ? »
« Je, euh, je prends soin des animaux. Et je dois faire les courses aujourd’hui. »
« Ah… »
« Est-ce que tu voudrais passer du temps dans le jardin ? C’est très… reposant. »
« Oui ? Oui, ça m’a l’air…adéquat. » Trixie ne savait pas vraiment l’effet que cela lui ferait. Cela serait sans doute un peu ennuyeux. Mais le sourire de Fluttershy la réconforta en l’amenant vers la porte de derrière. La maison était séparée de la forêt Everfree par des petites collines. La cime des arbres était visible de là où elles se trouvaient, et un frisson parcourut Trixie en les voyant. Il lui faudrait du temps avant qu’elle n’ose à nouveau s’aventurer dans les bois.
« N’est-ce pas charmant ? » sourit Fluttershy, les yeux dans le ciel. Trixie ne savait pas ce qu’elle voulait dire. Il faisait jour, rien de spécial. Est-ce que cette pégase n’avait jamais vu le jour avant ?
« J’adore aider tous les petits animaux. Mais c’est très bien de se détendre ici aussi. Là. » Fluttershy la guida jusqu’à la crête d’une colline. Elle s’assit là sur le sol, en plein sur la terre. Trixie était ébahie.
« Et… maintenant ? »
« Tu dois, euh, t’asseoir et attendre », dit Fluttershy. Trixie fronça les yeux. C’était ridicule. Elle devait… son esprit s’emballa. Quoi ? Faire un show ? Emballer les foules, gagner des pièces ? Durant son mois passé seule, la plupart des pensées de Trixie avaient été dirigées vers l’idée de revoir Twilight Sparkle, la jument qui l’avait humiliée de façon si spectaculaire. Cependant, avec si peu de magie, tout cela était futile. Ce qui voulait dire que, pour une fois dans sa vie, elle n’avait rien à faire et nulle part où aller. Alors, Trixie s’allongea derrière Fluttershy. Elle regarda autour d’elle un moment, ne se sentant pas à sa place, comme un intrus.
« C’est- »
« Ssh. » Fluttershy ne la commandait pas, elle l’apaisait. Mais Trixie grogna. Elle ne savait pas exactement ce qui la dérangeait, la timidité de Fluttershy ou le contrôle que la pégase exerçait sur elle. Toutefois, elle se tut. Les yeux de Fluttershy étaient tournés vers le ciel tandis que ceux de Trixie étaient plus bas, tout autour d’elle.
« Voilà un ami. » La voix de Fluttershy était calme et Trixie chercha des yeux ce qui pouvait attirer son attention. Il n’y avait personne alentour.
« Bonjour mon petit », dit Fluttershy. Trixie regarda ce poney fou – et vit un colibri posé sur le sabot de Fluttershy. La pégase gloussa.
« Et comment allez-vous aujourd’hui ? » demanda Fluttershy. Le colibri gazouilla. Fluttershy gloussa à nouveau.
« Tu peux… tu ne peux pas leur parler. » Trixie la fixait.
« J’ai toujours pu parler avec les animaux », lui dit Fluttershy en fermant brièvement ses yeux. Soudain, un second colibri arriva, assis près du premier. Il semblait plus excité.
« Oh, c’est magnifique ! Je suis si heureuse pour vous deux. »
« Tu… tu es folle. Trixie vit avec une jument folle. »
« Oh non », lui répondit calmement Fluttershy. « Ils ont eu des petits ! Et si tu essayais ? Tends ton sabot… » lui fit signe Fluttershy. Trixie cligna des yeux, prépara une tirade, quand-
« Je veux dire, s’il te plaît ? » demanda Fluttershy. Trixie ne faisait que la fixer. Les yeux de Fluttershy étaient si… grands, ouverts, et Trixie pouvait y lire de l’espoir, de la peur, de la nervosité…
« B-Bien », bégaya-t-elle, tendant son sabot comme demandé. Pourquoi ses joues étaient si chaudes d’un coup ? Fluttershy hocha la tête vers les colibris, et l’un d’eux vola et atterrit sur Trixie.
« Oh, oh là là. » Trixie essaya de ne pas bouger à l’arrivée de l’oiseau. Fluttershy gloussa.
« T-tu ferais mieux de ne pas avoir ‘d’accident’ sur la Grande et Puissante Trixie », grogna Trixie, sans véritable colère dans sa voix. L’oiseau répondit en secouant la tête et en gazouillant de joie.
« Les oiseaux ne sont-ils pas merveilleux ? » demanda Fluttershy. Avant que Trixie puisse répondre, la pégase fredonna une mélodie. Soudain, quelque chose tomba sur la tête de Trixie.
« Ahh ! Qu’est-ce que c’est ? Est-ce qu’il a sali la crinière de Trixie ? Euh… encore plus, c’est ça ? »
« C’est, c’est juste un rouge-gorge. Viens mon petit, tu lui fais peur. »
« La Grande et Puissante Trixie n’avait pas – oh, fantastique », le rouge-gorge vola hors de sa tête et se mit près du colibri. Elle vit Fluttershy lui sourire, la réconfortant. Trixie sourit aussi, sans savoir pourquoi.
« Tu t’en sors très bien. Pourquoi ne te détends-tu pas pendant que, euh, je vais en ville. » Sur ce, Fluttershy se leva et Trixie sentit la panique l’envahir.
« Attends, où tu vas ? » Elle se convainquit que c’était seulement parce qu’elle avait un peu de mal avec les animaux autour d’elle. Même ça lui faisait comprendre à quel point la peur semblait la contrôler.
« Ne t’inquiète pas, tout ira bien. Sois douce. » Fluttershy s’en alla. Trixie regarda les oiseaux sur son sabot. L’un lui sifflotait.
« Oh mince. » Trixie sentit un autre oiseau atterrir sur sa tête.
Quelques minutes passèrent, Trixie était paralysée. Elle était traitée comme un perchoir, avec une douzaine d’oiseaux de toutes sortes sur sa tête, ses sabots et même son dos. Certains avaient entamé un chant il y a quelques minutes. Trixie soupira. Elle avait du mal à se détendre avec toute cette vie sauvage autour d’elle.
« Toi ! » cria une voix venue d’ailleurs. Trixie leva les yeux. Les oiseaux s’envolèrent.
« Qu’est-ce que tu fais là ? » l’accusa la voix. Trixie réalisa qu’elle était derrière elle, et elle se leva se tournant juste à temps pour que quelque chose la frappe. Elle cria, comme si elle avait été percutée par un taureau enragé qui la clouait au sol. Elle leva les yeux et trouva des yeux rageurs la regardant.
« Je t’ai attrapée ! Je ne sais pas ce que tu… » grogna une pégase bleue avec une crinière arc-en-ciel. Trixie sentit ses yeux s’embuer – pas seulement parce qu’elle commençait à avoir mal à ses plaies, mais parce que la pégase marchait sur ses jambes et son ventre.
« Je… qui… quoi… » bégaya-t-elle, lâché par ses sens.
« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu espionnes Fluttershy ? Ne pense même pas à lui faire mal ! Tu… hé, qu’est-ce qui est arrivé à ta crinière ? » La colère de la pégase se changea en confusion. « Tu pleures ? »
« S’il te plaît, retire-toi de Trixie. Tu lui fais mal. » Trixie savait qu’elle pleurnichait, mais la douleur était de trop. La pégase impétueuse semblait confuse.
« Attends… oh mince, qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? » dit la pégase en l’observant. Elle finit par laisser de l’air à Trixie. La jument se roula sur ses flancs. Elle retint ses larmes, sans que la douleur ne disparaisse. Quelque chose en elle glissa d’une façon qu'elle était sûre qu’il n’était pas supposé faire.
« Woah, euh… ça va ? »
« Fluttershy ! » Trixie se retrouva à appeler ce nom sans même y penser. « Fluttershy ! » sanglota-t-elle.
« Attends… tu la connais… euh… » La pégase regarda autour d’elle, s’éloignant de la jument en pleine crise de larmes. « J-je vais chercher Fluttershy. »
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Quelques minutes plus tard, Trixie essaya toujours d’arrêter de pleurer pendant que Fluttershy déposait un sac de glaçon sur le côté. Elle avait été bougée avec soin sur le canapé de Fluttershy. La pégase regarda son amie à la crinière arc-en-ciel, qui les regardait avec curiosité. Elle rétrécit à vue d’œil sous le regard de Fluttershy.
« Pourquoi tu as fait ça, Rainbow ? » Fluttershy avait plus l’air déçue qu’en colère.
« J-je ne savais pas ! Je pensais qu’elle allait… je ne sais pas ! »
« Alors… tu l’as attaquée ? » demanda Fluttershy. Rainbow, qui était son nom pour ce que savait Trixie, regarda ailleurs.
« Elle n’avait pas l’air en mauvais état jusqu’à ce que je l’approche. J’essayais juste de… »
« Tu peux aller chercher Nurse Redheart, s’il te plaît ? » demanda Fluttershy. Rainbow cligna des yeux.
« Quoi ? »
« Je, euh, ne sais pas, mais je pense qu’elle a une côte cassée. Elle est vraiment, vraiment faible, Rainbow. Et je ne peux pas la laisser seule. S’il te plaît ? »
« Okay. Je suis… désolée, Fluttershy. » Rainbow avait du mal à prononcer ces mots. Fluttershy secoua sa tête. Ce n’était pas envers elle que Rainbow devait être désolée, et tout le monde dans la pièce le savait. La pégase cyan regarda Trixie une dernière fois avant de se diriger vers la porte. Fluttershy se retourna vers Trixie, qui avait baissé la tête entre ses sabots.
« Ça te fait encore mal ? »
« Uh huh », marmonna Trixie. « Trixie se souvient de cette pégase. Elle a le droit d’être en colère. »
« Mais… Je… »
« Ne t’inquiète pas », lui dit sèchement Trixie. « Trixie a compris. Oh oui, elle a compris. Celestia doit bien la punir pour avoir fait quelque chose de mal, même si Trixie ne sait pas quoi. L’aider est une tâche futile, quelque chose viendra briser le Grande et Puissante Trixie une fois de plus. Apparemment, elle le mérite. » Son expression était un mélange de tristesse et d’entêtement, une partie d’elle refusant d’abandonner.
« Personne ne mérite ça », murmura Fluttershy. Trixie leva les yeux et vit que ceux de Fluttershy étaient mouillés. Après tout ce qu’elle avait vécu, ce n’était pas sa douleur ou son cœur affolé qui lui faisait mal. C’était voir une créature aussi douce et attentionnée si triste qui fit du mal à Trixie. Elle commença à sangloter librement, pleurant pour elle-même et pour tout ce qui lui était arrivé. Sa vie était en morceaux. Elle avait tout perdu, et chaque pas en avant était deux pas en arrière. Elle n’en pouvait plus.
Elle sentit une douce pression contre son visage, puis sur son dos. Elle sécha rapidement ses larmes. Fluttershy s’était levée pour enrouler ses bras autour de Trixie, sabots avant autour de sa nuque, sa joue contre celle de Trixie. Trixie s’arrêta, son esprit devenant vide, ne sachant pas comment réagir. Elle s’allongea et sentit Fluttershy autour d’elle, la serrant fort. Lentement, elle se détendit sous le doux câlin, les larmes de moins en moins présentes. Elle résista au départ, mais la sensation était de trop, le calme et la tranquillité rayonnant presque de la pégase. Trixie guida maladroitement ses propres sabots autour de Fluttershy, les amenant juste au-dessus de ses ailes. Le mouvement lui faisait mal, mais elle se força à continuer. Elle serra fort Fluttershy, par peur que la jument disparaisse et Trixie se retrouverait à nouveau seule. Les mots qu’elle n’avait pas réussi à dire à Fluttershy hier soir revinrent. Elle n’hésita pas cette fois.
« Merci Fluttershy. M-merci », murmura-t-elle. Fluttershy bougea et relâcha lentement son câlin. Trixie avait peur d’avoir tout gâché, qu’elle avait fait quelque chose de mal. Mais elle n’avait pas d’autre choix que de laisser libre Fluttershy. La pégase recula.
Les peurs de Trixie fondirent en voyant le visage de Fluttershy. Calme, souriant, les yeux pleins d’espoir.
« Ça va mieux ? » demanda-t-elle. Trixie hocha la tête, malgré le fait que la douleur soit pire que jamais. Une rougeur s’étendit sur son visage. La Grande et Puissante Trixie ne sanglotait pas, ne bégayait pas ou ne câlinait pas n’importe quel poney. Mais, en y pensant, elle n’était plus grande ou puissante, n’est-ce pas ? Cela aurait dû plus la déprimer que ça.
Un coup à la porte interrompit ses pensées. Fluttershy y alla de suite.
« Oh, bonjour. Entrez s’il vous plaît. » Fluttershy laissa une ponette terrestre blanche avec une marque de beauté en forme de croix rouge s’avancer, suivie par une pégase bleue et puis – Trixie haleta. Elle était là. La jument violette qui avait ruiné la vie entière de Trixie.
« T-toi ! » Trixie se força à se remettre sur ses sabots. « Toi, comment oses-tu ! » Elle bondit du canapé et manqua de trébucher. « La G-grande et P-p-puissante Trixie va… va… » Le monde disparut devant les yeux de Trixie. Elle trébuchait, comme toujours, mais Fluttershy arriva de son côté.
« Je… » Elle pouvait entendre la voix de Twilight, même sa vision l’empêchait de voir plus si c’était bien elle. « Je suis venue quand j’ai entendu Rainbow Dash chercher l’infirmière. Trixie… je- »
« Tu es venue te moquer de Trixie ! » cria Trixie en serrant les dents. « Pour voir comment tu l’as amenée si bas ! Pour voir ce que tu lui as fait ! »
« Moi ? Tu m’accuses… moi ? »
« Si tu n’avais pas… si… » Trixie se pencha plus sur Fluttershy, consciente que ses jambes ne la supportaient plus.
« Trixie, je n’ai pas amené l’Ursa Minor. Je devais protéger la ville ! Je suis venue parce que je m’inquiétais pour toi. Je me suis toujours inquiétée de savoir où tu étais partie. »
« Tu… t’es inquiétée ? »
« S’il vous plaît, les filles, elle a l’air fiévreuse », dit la voix peu familière de l’infirmière. « Essayez de la remettre sur le canapé. »
Trixie se sentit décoller du sol. Elle ne savait pas ce qui se passait, et réalisa que ses yeux étaient pleins de larmes. Elle les cligna pour améliorer sa vision, mais tout restait flou. Elle haletait.
« Fluttershy ? » murmura-t-elle. Du jaune arriva dans son champ de vision et elle sourit. Okay, pensa-t-elle, elle était en sécurité maintenant. Avec ça, elle referma ses paupières, et la conscience du monde autour d’elle s’évanouit.
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Trixie se réveilla groggy, confuse de tout ce qui se passait au-delà de son propre nom. Elle avait un peu conscience qu’elle était sur son dos, les yeux ouverts. Elle n’était pas aveugle, il faisait juste noir. Une fenêtre ouverte laissa la lumière de la Lune entrer dans la pièce, assez pour qu’elle commence à voir les détails de la pièce une fois que ses yeux s’ajustèrent. Elle entendit comme un soupir avant de tourner les yeux à droite.
Fluttershy était endormie sur un tabouret à côté du lit. Toujours un peu patraque, Trixie s’avança et brossa doucement la joue de Fluttershy. C’était assez pour la réveiller avec un petit cri de surprise.
« Tu es réveillée ! J’étais si inquiète ! » Fluttershy prit le sabot de Trixie, qui souriait.
« Est-ce que je vais mourir ? » demanda-t-elle. L’idée ne lui faisait pas peur, bizarrement. Elle ne pouvait plus tromper la faucheuse aussi longtemps.
« N-non ! » Fluttershy secoua sa tête. « Le docteur a dit que la m-malnutrition a fait, euh, a fragilisé tes os. Tu, oh mince, avait une côte cassée et tu… saignais à l’intérieur », frissonna-t-elle. « Ils ont dû… ils ont dû… » Trixie regarda là où Fluttershy avait les yeux. Elle était au-dessus des couvertures, la laissant voir son ventre. Elle avait des cicatrices fraîches sur le côté, avec son pelage enlevé autour. Les sens de Trixie revinrent en elle, et elle détourna les yeux.
« Je ne peux payer tout… »
« Euh… c’est bon… » Fluttershy se cacha derrière sa crinière. « C’est… j’ai payé pour. »
Trixie reposa sa tête sur l’oreiller, les yeux tournés vers le plafond.
« Plus de mensonges », dit-elle. « Pourquoi ? Tu ne peux pas faire ça pour chaque poney qui passe ou a besoin de quelque chose. Pourquoi je ne suis pas à l’hôpital maintenant ? »
« Je… »
« Parce que tu voulais prendre soin de moi seule. Pourquoi ? Pourquoi tu te soucies de moi ? Je-je ne comprends pas. »
Elle entendit Fluttershy bouger, et lorsqu’elle se retourna, elle vit qu’elle s’était levée, ses sabots sur le lit. Elle semblait avoir peur, mais elle finit par rassembler son courage pour parler, murmurant à voix basse.
« Tu étais si seule. Je suis amie avec Rainbow depuis longtemps, et, et je sais que quand elle se vante le plus… c’est là qu’elle a le plus peur. Je savais que tu avais peur, et… je voulais que tu aies une amie. Je pensais que, peut-être, je… je pouvais être… » Elle sourit. « Ne t’inquiète pas. Je ne dépense pas beaucoup, et avec tous ceux qui me demandent de prendre soin de leurs animaux… il n’y a pas de problème. »
« Mais pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? »
Fluttershy sourit vers elle, doucement et tendrement. « La gentillesse est ma seule récompense. Je… je veux être ton amie. »
« Moi ? »
« O-oui. Tu… tu as l’air si forte, si courageuse. »
« Moi ? » ricana Trixie, mais s’arrêta vite en grimaçant de douleur. Fluttershy hocha la tête, les yeux tournés vers les plaies de Trixie.
« Tu, euh, eh bien, tu n’abandonnes jamais. Comment… ? »
« Un grand et puissant tas de stupidité », dit sèchement Trixie. Elle détourna le regard. « Je serais morte dix fois sans toi. »
« Mais tu aurais combattu. »
« J’ai toujours combattu », dit Trixie. « Chaque jour de ma vie. »
« Vraiment ? Euh, Trixie ? »
« Oui ? »
« T-tu peux, euh, me raconter ? Sur toi… si ça ne te pose pas de problème… »
« Qu’est-ce que tu veux savoir ? »
« Oh… tout… »
Trixie prit une grande inspiration. C’était une conteuse, et elle avait passé des années à parler d’elle-même. Mais ce n’était pas l’histoire de sa grandeur, et elle n’avait aucun tour flamboyant à ajouter. Mais puisque Fluttershy le lui avait demandé, Trixie voulait tout lui dire.
« Les plus vieux souvenirs de Trixie remontent à un petit orphelinat de Canterlot… » commença-t-elle. Un fil long et sinueux se démêla de là, en commençant avec son enfance. Son enfance n’avait pas été si mal, l’orphelinat avait toujours assez pour qu’ils mangent, et il y avait plein de pouliches de l’âge de Trixie pour lui tenir compagnie. Elle n’avait jamais été très populaire ou impopulaire, en tout cas jusqu’à cette nuit fatidique. Sa vraie histoire, commença avec le concours de talents de l’orphelinat, où on lui avait offert un petit chapeau et une cape et qu’on lui avait dit, comme les autres licornes, de faire son meilleur tour. L’excitation d’être en face des autres enfants, la façon dont elle se nourrissait de leur attention pendant que les autres avaient peur… la découverte de cette excitation comme source de magie, la façon dont elle envoûtait la foule avec son spectacle de lumières, lui avait fait deviner sa voie. Trixie avait été la première de son âge à avoir sa marque de beauté, et cela faisait déjà d’elle une grande.
Puis arriva l’adoption par une vieille jument qui était une professeure, sans doute intriguée par les talents de Trixie. Mais plutôt que de nourrir son talent, la vieille jument voulait juste que Trixie soit une bonne domestique, pas une vraie fille. Trixie fut isolée durant ses années de formation, et elle combattait l’isolation et l’ennui avec la seule diversion que la maison lui offrait – les livres. Dévorant chaque exemplaire, elle volait les livres de sa ‘mère’ et lisait jusque tard le soir une fois les corvées terminées, découvrant que son talent s’étendait plus loin qu’envoyer de la fumée ou de déclencher des lumières. Quand elle fut plus âgée, même si elle était plus une pouliche qu’une jument, Trixie effectua un sort très dangereux de transmutation. La transmutation normale, comme transformer un rocher en chapeau ou quoi que ce soit, serait incomplète si la magie du magicien déclinait, mais Trixie prit quelques objets de sa ‘mère’ et créa quelque chose de permanent, des répliques exactes du chapeau et de la cape de l’orphelinat, à sa taille de jument cette fois. Avec sa cape et son chapeau sur elle, Trixie était prête à s’échapper de cette maison misérable et s’en alla tenter sa chance à Hollyhoof, où son talent ferait à coup sûr d’elle une star comme jamais on n’en avait vue.
Après un bref moment passé à faire du stop, qui lui apprit de dures leçons sur le monde hors de sa maison, Trixie parvint à arriver à Hollyhoof, avec à peine quelques sous en poche malgré la modique somme avec laquelle elle était partie. Elle se retrouva en colocation avec une jument qui fut son premier amour : une actrice en devenir, mais une qui avait eu la bonne idée d’acheter un ticket de bus pour partir de chez elle. Trixie comprit qu’Hollyhoof se fichait du talent et ne comptait que sur l’apparence – le cerveau de Trixie remarqua l’ironie, parce qu’à moitié affamée, elle rentrerait probablement dans leurs critères. Elle finit par décrocher des rôles dans des séries Z. Enfin, elle avait fait son trou, après s’être disputé avec un autre candidat qui l’avait forcée à se donner en spectacle comme elle l’avait fait à Poneyville, et sa performance attira l’œil d’un réalisateur. On lui donnait une chance, on lui dit où se passerait l’audition, quoi dire, et expliquer ses talents. Elle courut chez elle annoncer la nouvelle, extatique, et dormit avec l’envie de faire de son mieux le lendemain.
Quand elle se réveilla, bien sûr, les restes du sort d’endormissement étaient encore palpables. L’audition était passée. La vérité sortit, et l’autre jument avait pris sa place et décroché le rôle. Un rôle mineur dans un film d’horreur, même si son personnage mourait assez vite, tellement vite qu’on la remarquait à peine. Trixie ne pouvait rester, leur appartement étant au nom de l’autre jument. Elle rassembla ce qui lui restait de pièces et abandonna une fois de plus tout ce qu’elle avait. Se convaincant qu’avec son chapeau et sa cape, elle mettrait le monde à ses sabots. Elle leur montrerait qui était Grande et Puissante.
En temps voulu, Trixie sentit que le monde commençait à voir. Elle apprit à danser pour manger, se mettant aux coins de rue et utilisant sa connaissance en magie pour faire des tours pour attirer les passants. C’était drôle, pour elle, que sa carrière se passa mieux lorsque les choses n’auraient pas pu être pires. Les petites villes avaient toujours besoin de divertissement, et Trixie commençait à se faire une réputation dans les faubourgs d’Equestria. Elle finit par avoir assez pour louer des salles dans des villes pour ses shows. En quelques années, elle eut assez pour acheter une maison ; une petite roulotte pour qu’elle voyage, même si elle devait la déplacer elle-même de ville en ville. Elle arriva finalement à Poneyville, et Fluttershy connaissait la suite.
En déroulant son récit, Trixie sentit quelque chose en elle se dénouer, quelque chose qu’elle tenait près de son cœur depuis si longtemps et qui commençait à relâcher son emprise. Quelqu’un savait enfin, savait qui elle était et pourquoi elle avait fait ce qu’elle avait fait. Ils connaissaient la jument derrière les artifices. Elle ne le voulait pas au départ, mais ne put s’arrêter. En finissant, elle vit des larmes couler des yeux de Fluttershy, la pégase ne faisait rien pour les retenir.
« Tu… tu as… »
« S’il te plaît… ne t’apitoie plus sur Trixie. »
« J-je ne le fais pas », lui dit Fluttershy, essuyant enfin ses yeux. Elle étira ses bras, regardant Trixie et l’attendant. Trixie sourit, et s’avança lentement, prudemment. Elle tendit ses propres bras et Fluttershy se pencha. Elles se firent chacune un doux câlin, reposant leur menton contre l’épaule de l’autre. Le sourire de Trixie s’écarquilla et elle ferma ses yeux. Elle ne pouvait pas dire quelle sensation entrait en elle, mais quelle qu’elle soit, elle ne voulait pas qu’elle s’arrête.
« Merci, Fluttershy. J-je suis honorée de te compter comme amie. »
« Moi aussi, Trixie. »
« Hé. Trixie n’a pas vraiment été une amie, n’est-ce pas ? Tu devras être patiente avec elle. »
« Ça ne me dérange pas », lui dit Fluttershy. Trixie n’avait rien à dire, alors elle serra Fluttershy un peu plus fort. Fluttershy couina, mais ça ne l’empêcha pas de serrer Trixie aussi fort. Trixie ne voulait pas la lâcher, mais ses côtes lui faisaient mal. Fluttershy comprit le signal et la relâcha. Quand la pégase se remit sur son tabouret, Trixie pouvait voir qu’elle rougissait. Trixie se pencha et regarda à nouveau ses flancs, son estomac grognant.
« On dirait que ça se soigne bien », dit-elle. « Est-ce que… il y a eu de la magie utilisée ?
« Tu… euh… » Fluttershy détourna les yeux. Trixie comprit ce qu’elle voulait dire.
« Fluttershy… combien de temps Trixie est restée évanouie ? »
« S-seulement, euh, un jour… et un demi. »
« Plus d’une journée ?! » cria Trixie, grimaçant immédiatement. « Ahh… » Elle étudia le visage de Fluttershy. « Tu… es restée à me- au côté de Trixie tout ce temps ? »
« J-je… Oui. »
Trixie se retourna vers le plafond, les yeux vides. Sans défense, comateuse durant tout ce temps. Elle se demanda si Fluttershy avait réussi à la nourrir – sa bouche ne semblait pas sèche, alors elle imagina que la pégase avait au moins réussi à la faire boire. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle découvrit sa faim, la sensation si familière en elle qu’elle avait ignorée jusqu’à ce qu’elle soit douloureuse. Elle sentit vaguement qu’elle devrait être en colère à propos de l’indignité de la situation, étant tombée si bas, mais son cœur révéla de la gratitude. De la gratitude et quelque chose qu’elle ne comprenait toujours pas.
« Les autres sont venues après que l’on t’ait ramenée », lui dit Fluttershy. Trixie se tourna vers elle et cligna des yeux.
« Rainbow se sentait vraiment, vraiment mal. S’il te plaît, ne sois pas en colère contre elle », dit Fluttershy. « Et Twilight… c’était encore pire. »
« Ce… n’était pas de sa faute. Trixie comprend ça maintenant. »
« Ce n’était pas de ta faute », dit Fluttershy. Trixie sourit.
« Trixie n’a jamais dit que ça l’était. » Fluttershy se cacha le visage derrière sa crinière. Trixie se força à se relever, brossant la crinière de Fluttershy.
« Tu ne devrais pas te cacher », dit-elle à Fluttershy. « Sois fière de qui tu es. »
Fluttershy sourit en retour, mais semblait reconnaissante envers ce geste. Trixie pouvait le lire dans ses yeux. Elle lâcha son regard pour observer la pièce, son esprit s’emballant.
« Cela fait longtemps que tu n’as pas été dans ton lit, n’est-ce pas ? Trixie devrait dormir sur le canapé ce soir. »
« Oh, non, pas de problème… »
« Non non. Trixie est ton amie, mais s’est trop reposée sur ta gentillesse. » Trixie se leva lentement du lit. Fluttershy semblait vouloir dire quelque chose, faire quelque chose, mais ne le pouvait pas. Trixie se mit sur ses sabots et parvint à rester debout, même si elle vacillait un peu.
« Trixie, s’il te plaît… »
« Trixie ira bien, Fluttershy », sourit Trixie. « Et elle sera en bas, d’accord ? Tu dois te reposer. »
« Mais… d’accord », répondit Fluttershy. « Bonne nuit. »
« Bonne nuit. » Trixie sortit de la chambre. Le couloir était sombre. Trixie marcha, sachant que n’importe quelle magie l’enverrait une nouvelle fois au sol. Elle faillit tomber sur la première marche, et descendit prudemment. Le salon était plus lumineux grâce aux grandes fenêtres qui laissaient entrer la lumière de la Lune. Trixie se dirigea vers le canapé. Elle ne savait pas si elle pouvait dormir, mais elle sentait qu’elle était fatiguée. Pas aussi désespérément qu’avant ; elle imagina qu’un peu de repos lui ferait des merveilles. Elle se reposerait sur le canapé jusqu’à ce que le jour arrive ou que quelque chose vienne à elle. Elle regarda vers la fenêtre et vit quelque chose bouger. La silhouette d’un lapin. C’était le même qu’avant, et il la fixait toujours.
« Ne t’inquiète pas, petit lapin », ricana Trixie. « Trixie est sûre que tu pourras la battre s’il le faut », continua-t-elle en avançant vers le canapé et le lapin. Le lapin regarda l’escalier puis elle.
« Calme-toi. Trixie ne ferait jamais mal à un seul de tes cheveux, elle te le promet », dit Trixie en grimpant sur le canapé. En y repensant, peut-être qu’elle pourrait dormir après tout. « Elle ne ferait jamais de mal à Fluttershy », bâilla-t-elle. « C’est promis. »
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rainbownuit: #9056C'est marrant. Trois fois en une semaine qu'on essaie de m'inventer une conjugaison qui n'existe pas...
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