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Diary of a Baker

Une fiction traduite par System.

Chapitre 3 - Une offre que je ne peux refuser

Midi et demi. Encore une heure avant mon rendez-vous.

Malédiction, pourquoi le temps doit-il s’écouler si LENTEMENT ? Douce Celestia, faites qu’il soit déjà une heure !

J’étais debout depuis six heures ce matin-là. Certes, nous avions convenu de nous rencontrer à une heure et demie et le café était seulement à cinq minutes de marche, mais je voulais m’assurer d’avoir le temps de me doucher, me raser, prendre un bon petit-déjeuner, me mettre un peu d’eau de Cologne, répéter deux heures durant devant le miroir, et mettre mon pull le plus élégant pour l’occasion.

Oh, taisez-vous. Les pulls sont cool. Si Bill Clopsby[1] peut en porter, alors moi aussi.

Quoi qu’il en soit, j’étais là, au comptoir, la tête entre les sabots, à espérer que l’aiguille se déplace juste un petit peu plus vite.

Peut-être que je peux me montrer en avance, pensai-je. Il n’y a pas de mal à arriver là-bas un peu avant une heure et demie, n’est-ce pas ? En fait, peut-être qu’elle sera impressionnée par ma ponctualité ! … mais si j’arrive là-bas trop tôt, est-ce que ça ne me fera pas un peu passer pour un désespéré ? Oh, seigneur, j’espère qu’elle ne pense pas désespéré… Mais si j’arrive là-bas trop tard, elle pensera que je ne suis pas attentionné ! Peut-être que je devrais arriver là-bas à une heure trente PRÉCISE. Mais si sa montre avance plus vite que la mienne ? Ou plus lentement ?

Pendant trente minutes d’agonie, j’y pensai encore et encore et encore, jusqu’à ce que je ne puisse finalement plus le supporter.

Zut. Je pars maintenant.

Je pris une profonde inspiration, redressai mon col, jetai un dernier regard au miroir pour m’assurer d’être présentable, et m’avançai vers la porte.

Tiens-toi droit, Carrot Cake, pensai-je alors que je trottais, l’air de rien, vers le café. Sois fort. Sois CONFIANT ! Les juments n’aiment pas les étalons qui n’ont pas confiance en eux. Tu es le mâle. Tu ne vas pas n’importe où, tu vas passer l’après-midi avec une magnifique demoiselle ! Les autres ne peuvent que RÊVER d’être à ta place ! Tu es un GÉANT ! Tu es un CHEF ! Tu as du STYLE ! ... “Style” est correct, n’est-ce pas ? Je suis tellement hors de mon temps quand il s’agit d’argot...

J’entrai dans le café comme si je me promenais sur un yacht et m’avançai fièrement vers la maîtresse d’hôtel. « Une table pour deux, je vous prie ! » annonçai-je de la voix la plus autoritaire que je pus trouver.

La maîtresse d’hôtel me regarda avec attention. « Votre nom ? demanda-t-elle.

— Carrot Cake.

— Ah ! Nous vous attendions. C’est par là. »

Ils m’attendaient ? pensai-je alors qu’elle me conduisait à une table. Mais comment auraient-ils bien pu... Oh, non...

J’avais raison. Elle me mena à une table au beau milieu du café bondé, disparut hors de ma vue, et, juste comme je le redoutais, elle était là, à regarder paresseusement sa montre.

« Vous en avez mis du temps, dit-elle en s’ébrouant.

— Un instant, affirmai-je, ne voulant pas laisser cette jument malicieuse obtenir le meilleur de moi-même. Vous étiez d’accord pour que nous nous retrouvions à une heure et demie. »

Cup Cake leva les yeux vers moi et sourit d’un air suffisant. « Alors pourquoi êtes-vous arrivé à une heure cinq ?

— Quoi ? Je... Mais vous... J’étais juste... Vous étiez... »

Je m’arrêtai, pris une profonde inspiration et retrouvai mon calme. Je n’allais pas m’avouer vaincu si facilement. « Eh bien, pourquoi êtes-vous là à une heure cinq ?

— Parce que je savais que vous essayeriez de venir là en avance, rétorqua-t-elle.

— Eh bien, peut-être que je savais que vous seriez là en avance.

— Alors pourquoi aviez-vous l’air si surpris quand vous m’avez vue ici ? »

Nom d’un poney ! Il n’y avait pas moyen d’échapper à celle-là. Je m’affaissai sur ma chaise d’un air découragé. Un point de plus pour Cup Cake, supposai-je. Comment allais-je impressionner cette jument qui avait toujours un coup d’avance sur moi ?

« Oh, boude pas, petite nature, dit-elle en remarquant mon air résigné. Je ne fais que m’amuser un peu. »

Ouais, à mes dépens, pensai-je alors que je jetai un œil au menu.

« Au fait, est-ce que les lasagnes aux épinards sont bonnes ici ? demanda-t-elle. Ça a l’air tentant.

— Oh, elles sont succulentes, fis-je. J’en ai déjà pris plusieurs fois. »

Cup Cake eut un sourire en coin alors qu’elle continuait de parcourir le menu. « Je vais vous croire sur parole. Comment sont les nachos ?

— Les nachos sont sympas.

— Et comment est la soupe minestrone ?

— La minestrone est fantastique.

— Et comment sont les serveuses ?

— Les serveuses sont déli... »

Je m’interrompis dès lors que je réalisai ce que j’étais en train de dire. Cup Cake pouvait à peine contenir son rire.

« Cup Cake, suppliai-je, voudriez-vous s’il vous plaît cesser de jouer avec moi ?

— Mais c’est tellement amusant ! » prononça-t-elle entre deux gloussements.

J’étais sur le point de protester un peu plus, mais finalement notre serveuse arriva. « Que désirez-vous aujourd’hui ? demanda-t-elle.

— Je prendrai un plat de lasagnes aux épinards, je vous prie, dit Cup Cake.

— Excellent choix, madame », fit la serveuse, suscitant un sourire d’autosatisfaction sur mon visage. Cup Cake se contenta de rouler des yeux.

« Et pour vous, monsieur ?

— Juste une salade du chef, s’il vous plaît, répondis-je.

— D’accord, des lasagnes aux épinards et une salade du chef, on s’en occupe tout de suite, déclara la serveuse tout en notant notre commande à la hâte.

— Juste une salade du chef ? s’enquit Cup Cake tandis que la ponette s’éloignait de notre table. Je n’ai plus à me demander pourquoi vous êtes si maigre.

— Je ne suis pas maigre à ce point, répliquai-je timidement, mon regard dérivant vers le sol.

— Mais si ! insista-t-elle. Vous n’avez que la peau sur les os. Ça ne vous ferait pas de mal de vous remplumer un peu. »

Elle avait raison, bien sûr, mais je n’avais pas l’intention de passer l’après-midi à parler de mon régime alimentaire. « Alors, à quoi ressemble Baltimare ? » demandai-je, essayant de changer de sujet.

Pendant le quart d’heure qui suivit, Cup Cake décida de se montrer compatissante et nous engageâmes une conversation reposante et inoffensive. Nous parlâmes de la météo, de l’actualité, de l’économie, des films, de la musique... les sujets typiques. Puis, lorsque nous eûmes tous deux fini notre repas, nous commençâmes à nous enfoncer en territoire dangereux.

« Alors, comment est le Sugar Shack ? m’interrogea-t-elle. Vous devez avoir beaucoup de clients.

— Pas vraiment, admis-je avec un soupir. Les affaires sont plutôt mauvaises ces temps-ci, en fait. »

Cup Cake me regarda dans les yeux avec une sincère empathie. « Oh, mince, je suis désolée d’entendre ça, Carrot, dit-elle.

— Je ne comprends tout simplement pas ce que je fais mal ! gémis-je. De quoi ai-je besoin pour avoir l’attention de cette ville ? »

Cup Cake retourna ma question dans sa tête pendant quelques secondes, avant me donner enfin une réponse. « Vous voulez connaître mon opinion ? Je pense que vous devriez changer le nom. »

Je la considérai avec curiosité. « Pourquoi ? m’enquis-je. Qu’est-ce qui ne va pas avec le nom ?

— Il n’est pas appétissant, expliqua-t-elle. “Sugar Shack” sonne banal. Vous avez besoin d’un nom qui soit sucré, qui puisse rouler sur la langue.

— Comme quoi ?

— Oh, je ne sais pas, que pensez-vous de... mmh... » Cup Cake fronça les sourcils alors qu’elle essayait de trouver un nom approprié. « Que pensez-vous de “Sugarcube Corner” ? »

Sugarcube Corner... Sugarcube Corner... Je me répétai le nom plusieurs fois, et plus je le répétais, meilleur il me paraissait. « Ça me plaît ! m’exclamai-je. Ça sonne vraiment bien. Que pensez-vous que je puisse faire d’autre pour améliorer les affaires ?

— Eh bien, annonça Cup Cake avec un sourire satisfait, je vous l’ai déjà demandé, mais je vous le demande à nouveau : ne pourriez-vous pas avoir besoin d’une paire de sabots supplémentaire ? »

À présent, il me semblait clair que cette demoiselle n’était pas prête à accepter un refus. « J’y penserai », déclarai-je.

Cup Cake perdit son sourire. « Non, vous ne le ferez pas, répondit-elle laconiquement.

— Que voulez-vous dire par “non, vous ne le ferez pas” ?

— Je veux dire que vous n’y penserez pas vraiment. Personne ne veut vraiment dire ça en affirmant : “j’y penserai”. Ce que vous avez dit signifiait : “Non, je ne veux pas. Laissez-moi tranquille.”

— C-ce n’est PAS vrai ! m’écriai-je. Je comptais considérer... considérer très sérieusement... votre suggestion... »

Je remarquai soudain qu’un nouveau sourire rusé se formait sur ses lèvres. Elle commença à se pencher en avant sur la table, jusqu’à ce que son visage se trouve juste en dessous de mon menton, et durant tout ce temps elle continuait à me regarder rêveusement dans les yeux. « Oui ? » chantonna-t-elle en battant des cils.

Elle jouait de nouveau avec moi. Je savais que c’était le cas. Mais je savais aussi que j’étais incapable de lui résister. Qui pourrait bien refuser quelque chose à un visage comme le sien ?

« Très bien, soupirai-je. Venez lundi matin et je vous montrerai les ficelles du métier.

— Heureuse que nous ayons pu nous arranger. »

Et ce fut tout. Je payai l’addition, la raccompagnai à la porte, puis battis rapidement en retraite dans la pâtisserie à deux étages que je considérais comme ma maison. Et pendant tout ce temps, je ne pouvais m’empêcher de penser que j’avais totalement perdu le contrôle de ma vie...

[1] Bill Cosby : acteur américain en col roulé.

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