Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

La façade de l'art

Une fiction écrite par LordAngelos.

Chapitre 11 : Premières Impressions

Le bon Foin n’était pas ce que l’on pouvait appeler un restaurant abondamment fréquenté, ce dont on pouvait assimiler la faute au mode de vie simple des habitants. Et pourtant, cet endroit chic survivait grâce à son succès très apprécié auprès des étalons qui souhaitaient inviter leur jument pour des diners en tête à tête, assez souvent pour les mettre dans de bonne grâce. Drawlife n’avait entendue ce succès que sous forme de rumeurs, aussi le choix de ce restaurant s’était plutôt porté sur les gouts de sa jument. Jument pas encore présente. Habillé d’un costume pour l’occasion, assis à une table sommairement décorée d’une paire de rose dans une flute en verre effilé, l’unicorne platine scrutait d’un air aussi impassible que possible la porte d’entrée à double battant du restaurant.

Un léger grincement de porte attira son attention à l’entrée, et ses yeux pétillèrent malgré lui lorsqu’une superbe licorne fit son arrivée, son pelage blanc sublimé par un halo de lumière qui n’existait qu’aux yeux de l’étalon. Scrutant la grande salle de ses magnifiques yeux cobalt, son élégante crinière violette rebondissant par ses mouvements de tête, la demoiselle s’arrêta sur l’unicorne gris, celui-ci lui fit un signe du sabot souligné d’un sourire presque charmeur pour lui indiquer que c’était bien elle qu’il attendait.

« Ravis que tu ais accepté mon invitation Rarity, s’exclama Drawlife en préparant le coussin pour la licorne, je vois que tu t’es préparée pour l’occasion. Ça te va à ravir, souligna-t-il en désignant du regard le diadème élégamment posé sur la tête de la jument.

- Oh ce n’est rien, un simple bijou que j’utilise justement pour ce genre d’occasion, précisa la fashionsista en s’installant délicatement sur le cousin puis un remerciant d’un sourire Drawlife, et cela fait malheureusement trop longtemps qu’un étalon ne m’as pas invité à un restaurant. Que cela vienne de toi m’as un peu surprise, je ne te le cacherais pas, mais voir que tu t’es vêtis de ce beau costume me surprends d’autant plus.

- Oh tu sais, tu le mérite bien, après tout, rien n’est de trop pour une jument aussi exceptionnelle que toi. »

Rarity lâcha un rire amusé devant le compliment de l’étalon, ce que ce dernier accompagna d’un rictus bien fier sans se cacher. Cela continua comme cela, le couple s’échangeant quelques amabilités lorsqu’un serveur vint leur demander ce qu’ils souhaiteraient sur le menu qu’il leur tendit de la patte.

« Quel est l’ingrédient principal de votre “Délice blanc des montagnes Canterlotienne” ? interrogea Drawlife en pointant du sabot le plat qui l’intéressait sur la carte lévitant devant lui.

- De l’edelweiss sauvage accompagné d’un yaourt blanc légèrement sucré monsieur, répondit aussitôt le poney en veston, directement cueillis dans les cimes des montagnes de Canterlot.

- Parfait, acquiesça l’unicorne platine d’un vif mouvement du museau, et ces edelweiss, sont elles aussi blanches et tendres que la belle jument qui nous honore de sa présence, questionna-t-il de nouveau en désignant cette fois ci Rarity.

- Et bien, heu … oui, j’imagine, balbutia le serveur, perdant partiellement son flegme devant cette demande surprenante.

- Voyons, vous allez me dire que vous ne trouvez pas mon amie admirablement belle ?

- Drawlife, qu’es tu en train de faire ? »

En disant cela, Rarity provoqua une extinction complète des activités du restaurant. Tout les poneys présents s’étaient tut instantanément, lâchant leur couverts dans un souffle d’étonnement commun ; on aurait put même penser que les cuisines s’était éteintes et la foule extérieure évaporée pour que tout l’univers puisse se concentrer à présent sur la table de la couturière et du peintre.

« Voyons Rarity, je ne fais que vouloir choisir le meilleur plat pour toi, affirma l’étalon gris sans s’occuper du moins du monde que toute la salle avait maintenant les yeux rivés sur lui et Rarity.

- Ne fait pas l’idiot avec moi s’il te plait, interdit durement la licorne en reposant sa carte de menu, je ne sais pas ce que tu as aujourd’hui. Je trouvais déjà cette invitation curieuse, mais, même venant de toi, je trouve que tu me fais beaucoup trop de compliments.

- Arf, je ne pensais pas que tu trouverais étrange que je te flatte plus que d’habitude. Il est vrai que je ne comptais pas sur un simple diner avec toi, mais j’espérais attendre la fin du repas pour te le dire. »

Soufflant de dépit, Drawlife se redressa pour contourner la petite table que le séparait de la superbe jument blanche, écartant magiquement le serveur aussi figé d’attention que le reste du restaurant.

« Qu’est ce qu’il se passe Drawlife ? s’inquiéta soudainement Rarity devant l’attitude de l’étalon, tandis que celui-ci l’intimait de se redresser en la prenant délicatement par le sabot.

- Rien qui ne puisse allez à l’encontre de ton bonheur ma chère » répondit-il d’une voix doucereuse en s’asseyant pour se retrouver plus bas que la licorne.

Alors qu’absolument rien ne venait perturber l’instant présent, Drawlife fit luire sa corne, apportant un peu de lumière là où celui du restaurant s’était insidieusement tamis, et fit sortir de sa poche une petite boite cubique recouverte de velours indigo, puis le déposa sur son sabot avant, entre lui et la licorne blanche, celle-ci ouvrant des yeux rond devant ce qu’elle osait penser être.

« D-Drawlife … tu es…

- Amoureux ? Oui, indubitablement, coupa passionnellement Drawlife en posant son deuxième sabot sur le couvercle de la boite, jamais je n’ais été aussi sûr de mes sentiments qu’aujourd’hui ; mais il y a une chose dont je suis encore plus sûr que mon amour pour toi, et je n’hésiterais pas à te l’annoncer haut et fort ! »

Sous le regard médusé mais admiratif de toute la salle, ainsi que du serveur renversé sur le coté, Drawlife ouvrit le petit coffret qui dégagea un torrent de lumière, illuminant le couple de sa lueur prismatique. Le bijou ainsi dévoilé avait l’air hors de prix, sertie d’un énorme saphir, d’une taille telle qu’il n’aurait logiquement pas put tenir dans son boitier.

« Rarity, veux tu m’épouser ? »

Si le joyau scintillait de mille feux, les iris de Rarity brillaient encore plus, admirative de la perfection du saphir, de sa taille et de son éclat. Elle resta un long moment sans bouger, la bouche béate d’envie, ce qui renforçait encore l’assurance de l’étalon à présent sûr de sa victoire.

« Drawlife ! Tu es fou, ce cadeau est vraiment magnifique, s’extasia la licorne en bougeant sa tête pour voir le bijou sous tous les angles, et c’est peu dire vu la quantité de gemme que j’ai vue au cours de ma vie. Mais …

- Mais … ?  fit l’unicorne dont les lèvres s’étaient soudainement mue en une grimace d’inquiétude.

- Mais ce n’est pas toi qu’elle aime ! » tonna triomphalement une voix dans toute la salle.

A l’entrée du restaurant, double battant grand ouvert, se tenait un grand reptile bipède, les bras croisé sur son large poitrail, ses écailles violettes soulignant à merveille sa superbe musculature. Il semblait évident que ces dernières paroles venaient de lui, de part le regard de défi qu’il lançait à Drawlife que part le pas sûr et décidé qu’il exécutait en direction de Rarity. Celle-ci eu d’ailleurs à son approche une réaction tout ce qu’il y avait de plus normale pour une jument confrontée à un dragon d’une carrure aussi parfaite : elle se jeta dans ses bras, couinant de bonheur à son cou, alors que le grand saurien la cajolait comme un nouveau né.

« Rarity ? » inspira l’unicorne gris, ses paupières tiquant d’incompréhension.

Plus haute était l’attente, et plus dur était la chute. L’ascenseur émotionnel qu’était en train de subir Drawlife commençait à le fissurer, le cœur d’abord, puis la poitrine, matérialisé par de multiples craquelures, qui petit à petit, se répandaient sur tout son corps.

« Désolé Drawlife, s’excusa la licorne avec une neutralité absolue dans son regard envers l’étalon, mais si je t’aime bien, ça ne serait jamais aussi fort que ce que j’éprouve pour mon Spikounet. C’est lui que j’aime, c’est lui mon prince. »

Tel l’ultime coup de masse vengeresse, l’aveu de Rarity finit de détruire complètement le corps de l’unicorne gris, lequel s’effondra en morceau dans une avalanche de bris de cristal. La scène laissa un rictus de victoire sur le visage du grand réptile.

« Je savais que tu ne pouvais pas être amoureuse de lui, susurra langoureusement Spike à l’oreille de la jument.

- Spike ? Qu’est ce que tu dis ? s’étonna la licorne, une tonalité un peu étrange dans la voix.

- Rien de plus que mon amour pour toi, affirma le dragon en fermant les yeux pour pouvoir savourer le contact imminent de ses lèvres contre ceux de la jument.

- SPIKE ! » hurla presque la jument de dégout, sa voix ayant prix un timbre bien différent, mais pourtant encore familier.

Brutalement secoué par ce haussement de volume, le dragon fit un bond en arrière. Les oreilles lui sifflaient, et ses lèvres s’étaient mise à fortement le démanger, l’encourageant à se barbouiller furieusement le visage et à perdre ses derniers repères. Spike mis un certains temps à chasser le brouillard qui lui polluait la vision, avant de constater qu’il avait juste les yeux clos. Osant les rouvrir en entendant une nouvelle fois son nom de la part de cette voix qui était loin de lui être inconnu, ses pupilles fendues s’habituaient peu à peu à la nouvelle lumière, détaillant ensuite des murs recouvert de livres rangés, complètement hors propos pour un restaurant chic, tout autant que cette silhouette violette et indigo qui n’avait rien à voir avec la jument de sa vie.

« Twilight ! ronchonna le petit dragon, s’enroulant dans ses draps pour tenter désespérément d’échapper à ce retour brutal à la réalité. J’étais en train de faire un rêve génial.

- J’ai bien vue ça Spike, gloussa la magicienne pourpre en tirant doucement le drap de la panière de son assistant, et même que j’ai failli en être actrice si je ne t’avais pas repoussé à temps. »

Quelle horreur ! Heureusement pour lui, l’oreiller de Spike n’était pas loin, ce qui lui permis d’y enfouir sa tête pour cacher son rougissement d’embarras à sa sœur adoptive.

« Y’a quoi de si urgent pour que tu me réveilles pendant la sieste que tu m’as toi-même autorisé à faire ? invectiva-t-il d’une voix étouffé par la toile de son oreiller, pas encore décidé à pardonner Twilight pour l’avoir extirpé de son rêve.

- Excuse moi Spike, mais je suis inquiète là, expliqua-t-elle en perdant d’un coup son sourire.

- Inquiète de quoi ?

- Inquiète du temps que prend Drawlife pour "juste" quelques courses.

- Encore ?! » s’exclama le jeune dragon en se redressant comme un diable.

Encore oui. Pour Spike, ce n’était pas vraiment ciblé sur ce retard en particulier, mais plus sur le fait que Twilight soit une nouvelle fois à coller son museau sur tout ce que pouvait faire Drawlife. Malgré le fait qu’il ne portait pas l’étalon platine dans son cœur, et qu’il s’était surpris à apprécier le voir en difficulté par moment, entendre parler de lui presque tout les jours, en bien comme en mal, s’avérait être usant. Pourtant, il pensait que la licorne mauve se serait calmée depuis que Fluttershy était venue la voir pour lui expliquer que les choses étaient réglées entre elle et l’unicorne, il y a cinq jours. De même pour Pinkie Pie, qui répandait à nouveau sa bonne humeur partout où elle passait depuis ce même jour. Du coup, Drawlife n’avait plus que pour faute aux yeux du petit dragon d’être un peu trop souvent auprès de sa Rarity.

Alors que pouvait encore bien lui reprocher Twilight cette fois ?

« Comment ça, encore ? s’offensa la licorne. Je n’y peux rien s’il est incapable d’être honnête, comment veut-il que je lui fasse confiance un jour s’il passe son temps à ne pas respecter ses engagements horaires ?

- Que je sache, il ne t’a pas indiqué d’heure de retour.

- Là n’est pas la question Spike.

- Si tu le dis, capitula le petit dragon d’un haussement d’épaule résigné, mais ça m’explique toujours pas pourquoi tu m’as réveillé aussi tôt.

- Et bien j’aimerais que tu ailles voir ce qui le retarde autant. Ce n’est pas que je souhaite sa compagnie, mais … j’aimerais bien être au courant de ce qu’il fait de ses journées sans avoir à enquêter auprès des autres habitants.

- Et donc me demander de l’espionner te parais une bonne solution ? Non merci Twilight, ce genre de truc ça me retombe toujours sur la figure, demande à quelqu’un d’autre. »

- Je l’aurais bien demandé à Rainbow Dash, vu que c’est la seule ici à avoir un peu conscience de qui est vraiment Drawlife, mais elle est absente en ce moment. Et puis ce n’est pas de l’espionnage, précisa-t-elle tout à fait sérieusement, c’est de la prise d’information.

- Ben voyons ...

- Spike ! S’il te plait ! gémit la licorne comme si c’était effectivement la seule solution. C’est la Princesse Celestia qui me demande de le faire.

- La Princesse t’as demandé de l’espionner ?!  s’horrifia Spike avec de grands yeux.

- Cesse un peu de faire celui qui ne comprend pas, tu veux ? Tu te souviens de cette lettre que la Princesse m’a envoyer il y a peu stipulant que je pouvais sûrement apprendre des choses de lui ? Et bien même si je ne suis pas certaine que ce soit possible, je suis bien obligé de savoir ce qu’il fait de ses journées si je veux comprendre de quoi parle la Princesse. Seulement, je ne me résouds pas à le considérer comme un ami, et c’est visiblement réciproque vu qu’il ne veut presque plus me parler, aussi je suis obligée d’en recourir à des tiers poneys … ou dragons dans notre cas. »

Excédé par ces histoires qui prenaient de plus en plus des tournures de règlement de compte à sens unique entre les deux licornes, le petit dragon daigna finalement accéder à la requête de Twilight Sparkle, cédant ainsi devant l’obstination de celle-ci. Bien sûr, c’était surtout par volonté d’en finir pour retourner se coucher au plus vite et oublier cette lubie. Bon, le jeune dragon se disait qu’il faillait relativiser ; après tout, cette "prise d’information" pouvait tout aussi bien lui être aussi bénéfique. Il avait toujours une dent contre l’étalon pour s’être accaparé Rarity, et même si des rêves comme celui dont l’avait brutalement sortie sa sœur adoptive étaient loin d’être désagréable, ça n’allait pas être de cette manière qu’il allait la récupérer pour de vrai.

Si Twilight avait raison d’être aussi méfiant envers Drawlife, le jeune dragon aurait surement l’occasion de tirer partie d’une erreur de l’étalon pour l’éloigner subtilement de Rarity.

---

Il y avait foule sur le marché de Ponyville, à la limite d’être en mesure d’observer une queue d’attente pour chaque stand. Certains poneys étaient d’ailleurs assez mécontents de cette situation, à en juger par leur fréquent coup d’œil et remontrance un peu vive envers ceux en tête de file. C’était comme si tout les habitants avaient décidé d’un seul corps de faire leur course la même journée au même moment, afin de profiter du beau soleil. En définitive, ce n’était pas si éloigné de la vérité. Après trois jours de pluie intensive ordonné par Cloudsdale, il avait été impossible pour quiconque de sortir pour autre chose que le travail. Et quand on savait que cette journée ensoleillé n’était qu’une accalmie avant deux nouveaux jours maussades, chacun n’avait qu’une envie, se dépêcher de prendre de quoi tenir cloitrer entre quatre murs, en attendant que le mauvais temps passe.

Question réserves de nourriture, les Apple n’étaient pas les plus à plaindre. Aussi, ce n’était pas pour cela que Big Macintosh était venu au marché. Non, en fait, cette journée embellie par la Princesse Celestia au milieu d’une semaine de pluie torrentielle a été vue comme un signe de la part de la doyenne de la ferme ; coïncidé avec d’autres paramètres parfois saugrenues, comme celui des étourneaux déménageant vers le secteur ouest du verger, ou le coq chantant exactement sept fois ce matin, Granny Smith avait déclaré que les conditions étaient parfaites pour une fournée de confiture de pomme Golden à la fleur de cerisier, une de ses nombreuses recettes dont elle semblait être la seule à connaitre le secret.

Et c’était pour ces fameuses fleurs que l’étalon faisait patiemment la queue devant le magasin des trois fleuristes.

Après plusieurs minutes de queue, il fut devant le comptoir, où Daisy l’attendait tout sourire tandis que Lily Valley mettait en place de nouveaux pots juste derrière. Le fermier nota toutefois que la ponette blonde n’affichait pas le même enthousiasme que sa collègue.

« Bonjour Big Macintosh, des fleurs de cerisiers je présume ? s’exclama Daisy avec un clin d’œil.

- Ouuuep, mais …

- Hihi, comment j’ai deviné ? gloussa la jument lilas tandis que l’étalon hocha dubitativement la tête pour qu’elle réponde. Et bien d’habitude c’est Granny Smith elle-même qui vient les chercher, et elle m’avait expliqué plus ou moins clairement les présages qui la décident pour faire une fournée de confiture spéciale. Alors en te voyant arriver ici, toi qui n’es pas un habitué, pendant un de ces présages, j’ai supposé. Maligne hein ?

- Ouep.

- Ouais, super maligne, c’est clair, ronchonna en arrière plan Lily Valley, dommage qu’il y en est une qui n’ait pas été aussi maligne pour deviner qu’on trimerait un jour pareil, alors que c’est son rôle.

- Dis, tu va arrêter de râler contre Rose ? Tu n’as pas arrêté depuis ce matin.

- J’ai de quoi non ? On est que deux pour gérer une montagne de client, alors qu’elle elle doit être en train de se pavaner devant son peintre. Je te parie ce que tu veux qu’elle le drague avec ça.

- Passe des fleurs de cerisier plutôt de dire des bêtises s’il te plaît, on a un client qui attend. »

Toujours en grommelant, Lily attrapa sans élégance une panière avec les fleurs demandées entre les dents, avant de les poser avec autant de délicatesse sur le comptoir. Se concentrant à nouveau sur le fermier après un regard agacé envers son amie, Daisy sembla remarquer que celui-ci avait suivit la scène d’un air interrogateur.

« Excuse là, elle doit juste être jalouse que Rose soit bientôt sur une toile et pas elle.

- Je ne suis pas jalouse ! C’est juste que je ne voie pas pourquoi elle y aura droit et pas moi. Moi aussi j’aurai pu lui donner des fleurs pour … je sais même pas pour quelle raison en plus !

- Bon tu sais quoi ? Tu m’énerves, s’emporta soudainement la jument lylas en allant ouvrir brutalement la porte de sortie, puisque ce que ça te rend aussi soulante, va directement voir Rose au lac et plains toi directement à elle, parce que là, tout de suite, je te supporte plus.

- M-mais, et la boutique ? Tu ne va pas la maintenir toute seule quand même ? Déjà qu’à deux c’est pas facile … gémit soudainement Lily Valley qui avait perdu tout aplomb devant la colère de son amie.

- Presque tout les habitués sont passés, je peux m’occuper de ceux qui reste.

- T’es sûre ?

- Mais oui je te dis, allez file avant que je perde définitivement patience, répéta la ponette lavande en tapotant frénétiquement du sabot.

- Oh ben … merci Daisy, murmura d’embarras la ponette au lys en galopant hors de la boutique.

- Bon, on en était où ? souffla Daisy en claquant de soulagement la porte derrière son amie. Ah oui, ça fait vingt-quatre bits la panière ; mais vu l’attente et le ‘’spectacle’’ de Lily, je te la fait à quinze si tu veux.

- Nope » lançant simplement Big Macintosh en étalant la somme initiale sur le comptoir.

Devant la décision de l’étalon, Daisy se contenta d’un haussement d’épaules, le saluant pendant qu’elle faisait place net sur le comptoir pour le client suivant. Aussi commerçant qu’il pouvait l’être, et n’étant jamais contre une petite ristourne quand l’occasion se présentait, l’étalon n’aimait pas profiter de ce genre de situation embarrassante pour faire baisser une somme ; ça n’aurait pas été honnête de sa part.

Toutefois, il n’avait pas pu s’empêcher de tendre l’oreille sur la dispute des deux fleuristes. Ça faisait un moment qu’il n’avait plus eu de nouvelles de Drawlife, et ça lui faisait étrange d’en entendre parler sur autre chose qu’une affaire dépréciative. Il fallait dire qu’entre les seules fois où il avait côtoyé l’unicorne, ainsi que les quelques anecdotes de son frère Stronghoof, le fermier n’avais pas de quoi avoir une appréciation très hautes du peintre. S’il pouvait s’être trompé sur son compte, ça ne serait pas un mal ; ce n’était jamais agréable de savoir quelqu’un de méprisable à proximité de soi, ça ne causait que des problèmes.

A quelques trots de la sortie de Ponyville, il sortit vite de ses pensées lorsque quelque chose cogna dans ses pattes, le contraignant à arrêter sa marche pour voir ce qu’il avait potentiellement renversé. A en juger ses yeux roulant de confusion, ce devait surement être Spike qui lui était rentré dedans depuis l’angle de maison à proximité.

« Groh, c’est pas vrai, dans quoi je suis encore …, grommela le petit dragon avant de soupirer en reconnaissant l’étalon, oh, c’est toi Big Mac.

- Ouep.

- Désolé pour le dérangement, s’excusa-t-il plus par automatisme, mais du coup tu tombes peut être bien. T’aurais pas vu Drawlife par hasard ? »

L’heureuse coïncidence de la question de Spike se révéla trop parfaite pour que l’étalon puisse se retenir d’un haussement de sourcil d’étonnement. Le petit dragon pouvait s’estimé chanceux que Big Macintosh soit tombé sur la dispute entre les fleuristes.

« J’ai cru comprendre qu’il était au lac, indiqua l’étalon en pointant approximativement la bonne direction, avec Roseluck.

- Avec Rose ? s’étonna le dragon.

- Ouep.

- Mais qu’est ce que Drawlife lui veut ? »

Big Macintosh grimaça d’ignorance, n’en sachant pas plus que ce qu’il avait pu entendre.

« La peindre, dit-il simplement.

- Oh, juste ça ? »

Le fermier se retrouva un peu confus devant la perplexité de Spike. En effet, que Drawlife peigne ne lui semblait en rien étonnant, et s’il est vrai qu’à une certaine période il était plutôt du genre à sortir franchement des sentiers battus, l’absence de nouvelles depuis ces événements, à l’exception de son voyage à Canterlot, donnait à penser que toutes ces mésaventures restait du passé. Hors, voir Spike semblant chercher depuis des heures l’étalon gris, et à présent en train de se gratter la nuque comme si la réponse à sa recherche ne l’avait pas satisfait laissait à penser qu’il se passait quelque chose de pas si innocent que ça.

« Ça va Spike ? T’as l’air pensif, s’enquerra Big Macintosh, curieux d’en savoir un peu plus.

- Hein ? Oh, non c’est rien, j’étais juste en train de réfléchir comment j’allais dire ça à Twilight, répondit le petit dragon d’une façon étrangement détaché, mais je vais peut être allé voir ça de mes propres yeux. Merci de l’info en tout cas. »

Reprenant sa course après avoir salué le fermier, ce dernier compris aussitôt la raison qui poussait Spike à trouver Drawlife, et pris pitié de lui à cause du poids qu’il devait porter sur ses petites épaules ; mais cela ne calma pas ses inquiétudes pour autant. Il avait certes été assez distant des affaires entre Twilight Sparkle et l’unicorne, mais il avait tout de même su d’Applejack que la licorne mauve lui menait la vie assez dure, et ce quasiment depuis qu’ils s’étaient rencontré. Apparemment, depuis "l’accident" comme préféraient dire la plupart des ponyvilliens au courant de l’événement, Twilight se serait calmée. Mais il y avait fort à parier que ce n’était en définitive pas le cas, et qui son assistant lui servait en quelque sorte de couverture.

Dans un sens, cela ne concernait pas directement le fermier, vu qu’il n’était proche ni de Drawlife ni de Twilight Sparkle, tant bien que l’un soit le frère de Stronghoof, et l’autre une des meilleures amies de sa propre sœur. Mais il ne pouvait pas se retenir de voir dans ces méthodes du harcèlement, chose que le fermier abhorrait. Il faudrait qu’il en discute avec sa sœur tiens.

Enfin, s’il parvenait à lui parler. Elle aussi avait un comportement inhabituel ces derniers temps.

---

Dans les quartiers populaires de Canterlot, il n’était pas très difficile de trouver un endroit où se désaltérer. En effet, quantité de bars en tout genre avaient ouvert pour accueillir les poneys toujours plus nombreux à visiter la capitale, et pour le plus grand bonheur de ces derniers, il y avait du choix, à un tel point que tester toute les boissons proposées prendrait une journée entière. Sur la terrasse d’un de ces bars, avec la même délicatesse que si elle transportait un nourrisson, une serveuse licorne déposa un plateau sur la table d’un couple de licorne, avec en ornement la commande de chacun d’eux : une orangeade pour l’étalon, et une liqueur de kiwi pour la jument.

Remerciant chaleureusement la serveuse, cette dernière redressa son chapeau à bord large puis fit luire sa corne d’une aura bleuté, approchant ainsi son verre enrobé de la même lumière à ses lèvres pour en siroter le contenue, claquant ensuite la langue pour en tester le gout. Le sourire qu’elle afficha alors laissait peu de doute quand à la satisfaction qu’éprouvait la licorne au sujet de la boisson.

Mais quand elle reposa son verre et descendit ses yeux vers son compagnon de table, son expression de joie se mua aussitôt en un haussement de sourcil ampli de curiosité. En effet, l’unicorne tenait son verre de la même manière, dans une aura argenté, mais au lieu d’en boire le contenu, il l’observait attentivement au travers du récipient cristallin, ses traits froncés d’indignation, agitant par moment le contenu orangé pour tenter d’y repérer un détail.

« Quelque chose ne va pas Drawlife ? finit par demander Rarity, cédant à sa curiosité.

- Rien de spécial, marmonna l’étalon en regardant son verre sous les rayons du soleil, disons que j’ai toujours un peu de mal avec le "chic" dont les poneys d’ici se vantent. »

La couturière n’eut pas l’air de comprendre où il voulait en venir, et se contenta de regarder son ami boire finalement une gorgée de son orangeade.

« Moui, pas mauvais, conclue Drawlife avant de finir lentement son verre, mais je préfère quand même mes jus d’orange avec de la pulpe, et surtout moins d’eau, voir pas du tout, il était si transparent que le soleil pouvait m’éblouir au travers. »

L’unicorne déposa alors son verre après sa déclaration, pas entièrement satisfait de sa commande. Cela le désola un peu que les quelques préjugés qu’il avait pu avoir de la haute société Canterlotienne lors de sa dernière visite se confirment, notamment concernant la nourriture, bien loin de l’opulence et de la simplicité campagnarde dont il avait l’habitude à Canassa, ou même à Ponyville. Levant les yeux vers Rarity pour voir ce qu’elle en pensait, il fut surpris de la voir glousser, un sabot sur les lèvres dans une tentative vaine mais charmante de cacher son hilarité.

« Quoi ? Qu’est ce que j’ai dit ? demanda-t-il, complètement incrédule.

- Oow Drawlife, si tu avais put te voir, tu comprendrais.

- En attendant de connaitre un sort de duplication de soi, il faudra que tu me précises.

- Ne le prend pas mal mon cher, s’excusa-t-elle en balançant son sabot devant son museau, mais je trouve ça très amusant de te voir adopter les manières de ceux que tu critiques.

- Heu, c'est-à-dire ?

- Je ne t’ai jamais vu aussi "chic" qu’en analysant ce verre d’orangeade. »

Drawlife ouvrit la bouche pour protester, mais son analyse fut plus rapide que sa parole, et il la ferma aussitôt, laissant place à un sourire tordu. Il se sentait un peu idiot, et Rarity ne s’était pas gênée de le lui faire remarquer. Drawlife aurait aimé que son amie ait tord, mais il avait effectivement agit comme l’aurait fait un critique culinaire de la haute, et ce sans l’avoir consciemment voulu. Qui aurait cru ça de lui ? Plus il se rendait compte de l’ironie de son comportement, plus ses lèvres forçaient à élargir son sourire, qu’il parvenait de plus en plus difficilement à dissimuler à la licorne en face de lui.

« On va dire que j’ai eu une bonne enseignante, conclu-t-il après avoir laissé éclater un bref rire embarrassé.

- Sainte Celestia, vous allez voir que je vais encore être la fautive ! se vexa faussement la licorne blanche. Mais plus sérieusement, c’est fascinant de voir comment Canterlot à l’air de déteindre sur toi, je suis certaine qu’avec quelques jours de plus de plus ici, on pourra presque penser que tu y as toujours vécu. Si ce n’est que … »

Sans finir sa pensée, Rarity plissa des yeux de concentration, semblant regarder attentivement quelque chose au niveau du front de Drawlife avant de faire luire sa corne. Au même moment, l’étalon sentit comme des courants d’air dans sa crinière, le forçant par réflexe à passer les sabots dessus. C’est alors qu’il sentit ses crins au travers de ses fers faire des mouvements inhabituels. Il ne s’en affola pas outre mesure, se doutant de la provenance de ce phénomène.

« Qu’est ce qu’elle a ma crinière ? J’ai des moucherons ?

- Ne soit pas bête ! soupira la jument en abandonnant son geste magique, à moitié satisfaite. Ça serait juste une bonne chose que tu prennes le temps de te la brosser de temps en temps, qu’elle est l’air moins hirsute. Même Applejack prend mieux soin de sa crinière.

- Dis hé ! Tu m’as prit pour une jument ? Encore un peu et tu va me demander de me maquiller aussi ! » rouspéta l’étalon en effectuant un recul de tête indigné.

A première vue, on aurait pu penser que l’unicorne avait vraiment mal prit l’intention de Rarity. Mais si on regardait mieux, on pouvait voir le visage fâché de l’étalon être prit de spasme de moins en moins discret, jusqu’à ce que celui si éclate d’un nouveau rire, rapidement accompagné par son amie.

Auparavant, les remarques de Rarity auraient déjà dut irriter Drawlife, et peut être même mené à une dispute, tellement il acceptait peu les reproches sur sa manière d’être. Mais dernièrement, notamment le lendemain de son vernissage, il avait prit conscience que si Rarity était très souvent derrière lui pour reprocher ses petits défauts physiques ou comportementaux, ce n’était pas uniquement à cause de ses habitudes maniérées. Non, il s’avérait que c’était bien plus affectueux que ça : en réalité, la fashionsista s’avérait être une véritable grande sœur protectrice. Bon, l’association familiale n’était pas forcément pertinente, certes, mais en considérant l’acharnement qu’elle mettait pour rendre la vie de Drawlife agréable et son avenir lumineux, c’était ce qui sonnait le mieux. C’est en acceptant cela qu’ils avaient pu oublier leur dispute, les rapprochant encore un peu plus.

Et ce rapprochement avec Rarity, Drawlife en avait besoin. En effet ; ils étaient aujourd’hui tout les deux venues une nouvelle fois à Canterlot afin que le peintre puisse participer à une nouvelle enchère. Et si la chose n’avait dorénavant rien de vraiment extraordinaire à ses yeux, l’idée désagréable du jour où Rarity et lui pourrait devoir couper les ponts lorsqu’il aurait chaussé pleinement la vie de peintre trottait toujours dans un coin de son esprit, l’empêchant de voir l’avenir d’un œil serein.

Paradoxalement, c’était aussi la présence de la licorne qui le mettait le plus en confiance sur les sentiers qu’il empruntait.

Quand l’unicorne regardait autour de lui, les poneys, les bâtiments, la nourriture, les vitrines des magasins, tout était nuance de sophistication, de raffinement et d’utilisation d’un certain code du paraitre, ce qui pour des poneys simples comme Drawlife était quelque chose de rebutant et laissait les préjugés s’imposer d’eux mêmes. Pourtant, il suffisait d’avoir la volonté de passer outre ces éléments de façade pour découvrir des choses parfois merveilleuse. C’était un peu ce qu’il s’était passé avec Rarity : au début, Drawlife n’y avait vu qu’une jument maniérée qui, même si elle était objectivement belle, ne lui avait pas semblé intéressante à connaitre. Et en la côtoyant de force, petit à petit, l’étalon lui avait découvert une vraie sensibilité, une beauté intérieure et une générosité sans pareil qui en ont fait à présent sa meilleure amie. Ainsi, si ce cap avait pu être franchi avec la couturière, pourquoi pas avec Canterlot ? D’ailleurs, sa petite critique de l’orangeade était bien une preuve qu’il était capable de s’adapter à ce monde, même inconsciemment.

Après avoir finit leur pause, le couple d’amis repris la route du manoir qui accueillerait l’enchère. Rarity lui avait communiqué le nom de leur futur hôte, mais Drawlife ne l’avait pas retenu ; ça n’était pas très grave cela dit, les licornes ici ayant très souvent tendance à se présenter en étalant leur titre, il aurait tôt fait de connaitre son identité.

En revanche, s’il se faisait progressivement à l’idée de côtoyer des poneys bien placé, il se demandait bien de quelle manière il pourrait tenir une conversation avec eux. Parler de son art était une chose, mais face à des interlocuteurs qui ne s’intéresseraient peut être pas aux détails, il tomberait vite à court d’idée. C’est en pensant à cela qu’il arrêta Rarity devant un kiosque, afin de peut-être trouver un ou plusieurs sujets en prévision. Avec les quelques bits qu’il lui restait de ses travaux, il acheta un journal ainsi qu’un magazine populaire qu’il jugeait pouvoir contenir ce qui l’intéresserait.

Une fois de plus, Rarity se réjouis de voir son ami montrer autant d’intérêt pour ce qui le rebutait auparavant, et après que celui-ci lui est brièvement expliqué ses raisons, elle lui suggéra de commencer par le magazine, prenant pour elle le journal. Lui faisant confiance, Drawlife commença à analyser les premières pages.

L’objet de leur lecture flottant devant eux, les deux licornes continuèrent leur chemin à pas lent. Si Rarity semblait apprécier ce qu’elle lisait, pour l’unicorne, c’était une autre affaire. En effet, Drawlife se doutait bien de ne pas trouver du premier coup quelque chose qui pourrait l’instruire et l’intéresser, mais même avec toute la patiente qu’il voulait bien y mettre, beaucoup trop d’articles étaient expédiées à la trappe par manque flagrant d’intérêt ; sérieusement, qui cela pouvait bien intéresser que la duchesse Pretty Vision puisse avoir caché un poulain illégitime ? Ou bien savoir quels sont les soi disant secrets de Shinymane pour entretenir un visage jeune ? C’était … profondément ridicule. Ça le dépassait, si bien qu’à force de tourner les pages, il se retrouva rapidement à la section des beaux arts ; quelque chose qui l’intéressait bien plus, mais qui ne correspondait pas à ses attentes. Soufflant d’agacement, Drawlife baissa son magazine et passa la tête par-dessus l’épaule de sa voisine pour voir si le journal pouvait s’avérer plus lucratif.

« Tu as trouvé ce que tu voulais ? demanda la jument sans lever le museau du journal.

- Je n’ai pas tout lut, informa l’étalon en lisant en travers un article traitant de la pâtisserie en vogue à Canterlot, mais j’espérais franchement être surpris, et pas m’auto confirmer que tout ici tourne autour de l’apparence et compagnie. Bref, je n’ai pas trouvé grand-chose d’intéressant à utiliser …

- Le Magical News se nourrie essentiellement de ragot, il est vrai. Mais continue ta lecture, tu devrais trouver des biographies un peu plus intéressantes vers la fin.

- On va voir ça.

- Ah ah ! Je me disais bien que l’on en parlerait, s’exlama soudainement la jument, empêchant Drawlife de se replonger dans le magazine.

- Toi, tu as trouvé un truc intéressant.

- Oh, je ne pense pas être la seule que cela puisse intéresser. Regarde. »

Ramenant le journal entre eux deux, Rarity pointa du sabot un des articles en milieu de page. Par préférence, il observa en premier lieu la photo associée, et fut surpris de voir Fancy Pants en train de s’incliner respectueusement devant la Princesse Luna. Le déclic sur l’intérêt qu’en portait Rarity se fit ensuite très vite lorsqu’il commença à lire le commentaire.

La Princesse Luna, Gardienne de la Nuit, honorant le baron Fancy Pants de sa présence lors de l’une de ses prestigieuses enchères pour la première fois depuis son retour sur le trône royal.

« Hey, mais c’est …

- Une photo du jour de ton vernissage, oui, confirma la jument avec un léger sourire d’anticipation, mais lis la suite. »

Suivant les consignes de son amie, Drawlife commença à lire le premier paragraphe avec curiosité. Au début, il ne saisissait pas pour quelle raison cette nouvelle était encore présente dans un journal quotidien, mais au fur et à mesure de la lecture, ses joue s’enflammaient de honte lorsqu’il la découvrit en une seule phrase.

L’auteur de l’œuvre acheté par la Princesse Luna ne s’est toujours pas manifesté à ce jour, laissant les rumeurs à son sujet aller et venir, certains canterlotiens se plaisant à le nommer …

« … Le succès éphémère …

- C’est assez mignon quand on y réfléchit, badina Rarity.

- Ca fait un peu mal à l’égo quand même.

- Ne dramatise pas, tu t’en sors plutôt bien à priori. Hormis concernant ce surnom, Fancy Pants a eu la gentillesse de te couvrir du mieux qu’il pouvait. A partir de là ça ne devrait pas être très difficile de sauver ce mauvais départ. Si ça se trouve, tout le monde attend impatiemment ton retour !

- Il n’y a plus qu’à espérer que tu vois juste » ajouta avec une grimace l’étalon avant de reprendre la lecture du Magical News.

« Il y avait même intérêt »

Drawlife pesta intérieurement contre ces licornes pompeuses qui se sont moqué de lui. Quoi, ils ne l’avaient jamais vue, ne connaissaient pas les raisons de son absence, et déjà un jugement avait été rendu ? Des rumeurs ? Rarity avait beau prétendre qu’il ne s’agissait que d’une boutade, le conditionnel qu’elle avait un peu trop utilisé n’aidait pas à relativiser la situation. Il relativisait d’autant plus mal qu’il se savait en grande partie responsable de ce surnom ; fuir la Princesse Luna avait été vraiment une chose stupide à faire. Mais bon sang, n’avait-il pas droit à une première erreur sans avoir à se faire pointer du sabot ?

En tout cas, lire les déboires de personnalités canterlotiennes n’allait pas lui changer les idées. Eux aussi faisaient des erreurs, ou ce qui s’en assimilait, Drawlife ne lisait pratiquement que ça. Mais au lieu de le conforter dans son principe qu’il n’était pas foncièrement différents des autres, les voir être ridiculisés dans un magazine accessible à tous signifiait juste qu’ici, un nom pouvait très rapidement être entaché de façon indélébile. L’étalon n’avait encore rien fait qui mérite plus qu’un petit paragraphe discret dans l’article d’un quotidien, mais ce détail ne faisait que s’ajouter à la liste des choses peu appréciées par l’étalon au sujet de ce monde.

Continuant malgré tout la lecture du Magical News, il arriva cette fois ci à la section dédiée aux dernières créations des plus grands couturiers de la région. Il s’agissait indéniablement de pages qui intéresserait grandement sa voisine, mais c’était plutôt les mannequins qui accrochèrent l’œil de l’étalon, non pas pour leur visage charmeur ou leurs courbes, mais plutôt parce qu’elles lui faisaient penser à Blow Passion, qui aurait très bien pu se retrouver dans une de ces robes. Depuis que la licorne miel s’était confessée sur son passé, Drawlife évitait de trop aborder le sujet pour ne pas risquer de la culpabiliser, et les rares fois où ils en avaient discuté, elle restait très vague, et n’utilisait que des propos haineux qui semblait quelque peu exagérés aux oreilles de Drawlife. Mais avec ce jugement à l’esprit et quelques observations, force était de constater que ses dires ne semblaient pas si éloignés de la vérité.

À présent en tout cas, Drawlife comprenait mieux pourquoi sa nouvelle amie n’avait pas souhaité les accompagner pour le moment, préférant à la place garder la boutique Carrousel. Car en effet, si Blow Passion n’avait jamais été dans les fers d’une commerçante, elle avait en revanche à sa disposition un sens de la mode qui avait très rapidement séduite Rarity, découvrant en elle une partenaire de discussion sur tout ce qui tournait autour du chic et du glamour ; à partir de là, Drawlife n’avait pas eu à réfléchir très longtemps, observant une belle opportunité pour la licorne de remonter les marches qu’elle avait malgré elle dégringolé. C’était ainsi qu’elle s’était retrouvée à remplir le rôle d’assistante à la boutique Carrousel, et parfois même de conseillère et d’essayeuse. A la quantité de larmes et de merci qu’avait laissé s’écouler la licorne miel dans le creux de son encolure grise, Drawlife avait sentit une explosion de satisfaction et d’affection dans la poitrine, bien plus importante que lors de l’achèvement de ses peintures, car il avait enfin la sensation de l’avoir aidé à se sortir de son mauvais pas comme il lui avait promis.

Toutefois, une chose qui surprenait encore maintenant Drawlife dans cette affaire, ce fut la rapidité avec laquelle Rarity avait accepté la proposition de Blow Passion de garder la boutique pendant leur absence, la veille de leur départ. A la base, Drawlife avait songé la confier à une connaissance, comme Fluttershy, voir Rose ou même Twilight Sparkle dans le pire des cas. Rarity non plus n’avait pas vue venir cette requête, et si elle n’y avait pas accédé instantanément, l’ex top modèle avait su mettre en avant ses arguments pour la faire changer d’avis. La couturière n’avait certes pas cédé au point de lui laisser toute les responsabilités de la boutique, mais cette marque de confiance malgré la jeunesse de leur rencontre avait vraiment surpris Drawlife. Agréablement surpris.

Au début, Drawlife s’était légèrement inquiété de laisser son amie seule dans ces conditions, mais il s’était vite ravisé ; s’il avait passé ces derniers jours à être auprès d’elle le plus souvent possible pour qu’ils apprennent à mieux se connaitre, elle s’était déjà retrouvée seule à vagabonder dans Ponyville et ses allant tour, sans qu’il y ai jamais de problème. Donc il n’y avait finalement rien à craindre si par-dessus le marché elle avait décidé de rester dans un endroit que l’étalon connaissait bien. Et puis elle ne faisait que garder la boutique, qu’est ce qui pourrait bien arriver de dramatique ?

---

Cela avait mis un certains temps, plusieurs disputes et parfois quelques mesquinerie, mais Sweetie Belle avait petit à petit apprit à se montrer plus tolérante avec les défauts de sa sœur Rarity, même pour les plus agaçantes, justement parce qu’elle était sa sœur et que la petite pouliche l’aimait et la respectait beaucoup trop pour se permettre de la mépriser. Mais s’il y avait bien une chose pour laquelle la licorne ne changeait jamais et qui vexait tout aussi souvent Sweetie Belle, c’était bien qu’elle oublie quand ses parents la déposent à la boutique Carrousel.

Enfin, c’était mauvaise langue, elle avait changé. Cette fois elle s’était carrément permis d’être absente.

« Si vous aviez pu le voir ! Ce brochet était si énorme que lorsqu’il s’est enfin décidé à sortir de l’eau, il m’est atterri dessus avec la violence d’un plaquage de joueur de hoofball enragé ! Et croyez moi, je sais ce que c’est, raconta avec beaucoup de geste le père de Sweetie Belle.

- Oh mais j’imagine très bien » répondit nonchalamment la licorne en face de lui, grignotant tranquillement des biscuits sec.

Près d’une heure s’était passé depuis qu’ils étaient entrés dans la boutique Carrousel, et pourtant ses parents avaient toujours une histoire à raconter, quand ils n’en répétaient pas certaines. Pendant tout ce temps, Sweetie Belle était restée assise à les écouter tout en observant les réactions de la jument dénommée Blow Passion. Elle n’était très clairement que peu intéressée par les histoires de son père et de sa mère, la pouliche le voyait très clairement au travers de ses mimiques, très similaires à ceux que sa sœur faisait lorsqu’elle feignait l’écouter parler pendant qu’elle travaillait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir pour ça cependant, elle trouvait aussi que ses parents avaient une fâcheuse tendance à radoter quand ils racontaient leur voyage.

Mais si la pouliche était aussi patiente et attentive, c’était grâce à toutes ces questions qu’elle se posait à propos de cette licorne miel. Tout ce qu’elle avait dit lorsqu’elle s’était présentée, c’était qu’elle était une sorte de collègue de Rarity, et qu’elle gardait la boutique le temps de son voyage à Canterlot. En soi déjà, la pouliche trouvait cette excuse louche, jamais il ne lui serait venu à l’esprit que sa sœur puisse confier sa précieuse boutique à une étrangère, surtout si comme Blow Passion prétendait, elles ne se s’étaient connus qu’il y a à peine plus d’une semaine. Toutefois, ce n’était pas uniquement pour ça que l’instinct de la petite licorne la poussait à se méfier de cette jument et d’observer ses moindres gestes. En fait, si celle-ci n’avait jamais vu Sweetie Belle avant cet instant, la pouliche en revanche la connaissait depuis pratiquement aussi longtemps que sa sœur. Seule la méfiance était ressortie de cette première rencontre, et cela perdurait encore maintenant.

Cela s’était passé très peu de temps après le pari d’Applebloom au bord du lac, alors que Sweetie Belle l’avait perdu. A ce moment là, la petite licorne n’avait pas réussi à être complètement convaincue que sa sœur et Drawlife se parlait encore. Seulement, elle ne s’était toujours pas sentie capable d’aller leur demander directement. Aussi avait elle décider d’avoir recours à l’espionnage, idée recueillis avec hésitation par ses deux amies. Cela n’avait pas empêché Sweetie Belle de le faire, et ce choix lui était encore tout ce qu’il y avait de plus raisonné. Lorsqu’elles furent parvenues à trouver Drawlife, elles ne s’étaient absolument pas doutées à le trouver avec une jument dans les pattes. Sweetie Belle avait été très difficile à calmer ; ces deux là étaient allongés paisiblement dans le parc, éclairés uniquement par le clair de lune, serrés l’un contre l’autre, avec pour seule musique la brise nocturne. Le cadre romantique parfait ! C’était Rarity qui aurait du être à la place de cette intruse. Applebloom et Scootaloo avaient tant bien que mal tenté de lui certifier que ce n’était qu’un hasard. Mais pour la petite licorne, les choses étaient claires : on essayait de voler le poney chérie de sa sœur. Et c’était justement pour en avoir le cœur net qu’elle avait alors cherché une idée pour se retrouver seule avec la jument suspecte. Sachant que Rarity la logeait, elle sut immédiatement qu’elle pouvait profiter d’un des habituelles voyages à Fillydelphia de ses parents afin d’être au Carrousel sans éveiller de soupçon.

Seulement voilà, maintenant qu’elle était sur place, et alors qu’elle avait pensé improviser un plan avec les moyens à sa disposition, elle ne s’était définitivement pas attendue à l’absence de sa sœur, facilitant grandement ses chances d’isoler Blow Passion et de lui parler en privé. Elle n’était toujours pas décidé si elle devait se réjouir de la situation ou en vouloir à Rarity, mais surement qu’elle pourrait lui pardonner si tout se passait comme Sweetie Belle le pensait.

Au bout d’un moment, la mère de la pouliche regarda l’heure, et suggéra fortement à son mari qu’ils feraient mieux d’y aller, au risque de louper leur train. Après quelques excuses à la jument miel ainsi que des bises affectives et instructions habituelles à leur fille, ils quittèrent rapidement les lieux, accompagnés par Blow Passion qui leur souhaita un bon voyage. Bien sûr, elle ne le pensait pas. Et son soupir de soulagement en était une preuve flagrante.

« Et bien et bien, ton père est un sacré bavard, lança soudainement la licorne miel accompagné d’un roulement d’yeux après s’être retourné vers Sweetie Belle, je ne sais pas combien de temps j’aurais pu tenir.

- Hé ! C’est pas gentil de dire ça ! s’offusqua aussitôt la petite licorne.

- Tu m’avais l’air aussi pendue à ses lèvres que moi pourtant, rétorqua-t-elle d’un sourire facétieux tout en passant à proximité de Sweetie Belle.

- Oui mais moi ça compte pas, je l’ai déjà entendue son histoire, j’y étais même.

- Oow ne le prend pas mal petite, je voulais juste te taquiner. Non vraiment, ton père m’a l’air d’être un étalon très sympathique, tu comprendras juste que nous n’avons pas nécessairement les mêmes centres d’intérêts. »

Pour appuyer son excuse, Blow Passion laissa son sabot masser la crinière de Sweetie Belle sans pour autant la décoiffer, ce que celle-ci accueillis avec un gloussement de plaisir. Cela gêna la pouliche de se faire amadouer de la sorte, mais elle était particulièrement friande de ce genre de geste affectif.

« Et puis nous sommes entre filles, je suis sûre que nous avons quelques petites choses en commun toi et moi.

- Si tu le dis … marmonna la pouliche, laissa un blanc gênant entre les deux licornes.

- Bon, voilà voilà, s’exclama avec un optimiste un peu forcé la jument, tu m’excuseras de ne rien avoir préparé pour ta venue, Rarity ne m’avait pas mis au courant de ton arrivée. Je peux t’aider pour quelque chose ?

- Non ça ira, j’ai l’habitude, ce n’est pas la première fois que ma sœur oublie que je viens. »

Effectivement, elle avait l’habitude. C’était d’ailleurs pour cette raison que Sweetie Belle n’avait pris que de quoi remplir un petit sac, histoire de pouvoir le transporter seule et éviter de déranger sa sœur qui l’oubliait facilement. Néanmoins, la remarque de Blow Passion fissura l’accès à son vrai sentiment, et au moment où la pouliche posa son sabot sur la première marche de l’escalier menant à sa chambre, une peine venu du fond de son cœur lui serra tellement la gorge qu’elle en toussa, chatouillant ainsi ses lacrymales. En réalité, c’était depuis qu’elle était entrée dans la boutique et avait découvert Blow Passion en son siège plutôt que sa sœur qu’elle subissait ce malaise. Sweetie Belle l’avait tant bien que mal cloisoné devant ses parents, concentrant son attention sur la jument, mais l’entendre à nouveau dire que sa sœur l’avait oublié la fit craquer.

« En fait si, c’est la première fois que ma sœur m’oublie et me laisse en plus avec une inconnue ! » cracha-t-elle avant de gravir précipitamment les marches.

C’était vraiment trop dur de se retenir ! Une fois dans sa chambre, la pouliche jeta furieusement dans un coin son sac de selle, claqua la porte et se jeta sur son lit, enfonçant profondément sa tête dans son oreiller pour camoufler ses sanglots et éponger ses larmes qu’elle ne retenait plus et dont elle ne voulait pas en faire le spectacle à Blow Passion.

Mais comment avait-elle put faire ça ? Comment Rarity avait put oser abandonner sa propre sœur aux sabots d’une inconnue ? Elle aurait au moins put choisir une de ses amies non ? De toute les mauvaises choses dont elle était capable, c’était bien la pire pour Sweetie Belle. Toute ces promesses, comme quoi elle allait changer, prendre mieux soin de sa petite sœur adorée ; que du vent ! Et elle, sa petite sœur, comme une idiote, elle la croyait, elle voulait la croire. Elle se forçait à la croire et à faire par moment comme si de rien était, pensant qu’elle ferait mieux la prochaine fois. Mais rien à faire, elle ne changeait pas, c’était même à se demander s’il elle ne le faisait pas exprès.

Elle mériterait bien de se faire chiper Drawlife tiens.

Sa colère fit soudainement un pic, et elle se força à mordre dans sont oreiller jusqu’à sentir les plumes sur sa langue pour se calmer. Mais qu’est ce qu’elle racontait ? Elle se trouvait ridicule, à avoir transférer tout le mépris qu’elle avait envers Blow Passion vers sa sœur, au point de limite chérir la licorne miel. Mais en même temps, est ce que Rarity méritait vraiment que sa petite sœur s’inquiète pour sa vie amoureuse ? D’ailleurs, si ça se trouvait, elle s’inquiétait pour rien, Applebloom et Scootaloo n’avaient pas arrêté de le lui dire, mais elle n’en avait fait qu’à sa tête. Oh et puis quelle importance ça avait ? Qu’elle se débrouille, ça serait bien fait pour elle si elle perdait Drawlife.

Laissant son esprit se calmer en restant allongée sur ses draps, se rendant bien compte que ça ne la mènerait pas à grand-chose de maudire sa sœur, Sweetie Belle entendit la porte de sa porte grincer, suivit d’une succession régulière de bruits de sabot étouffés par la moquette. La pouliche devinait très bien de qui il s’agissait, et c’était justement pour cela qu’elle ne jugea pas utile de d’extraire sa tête de son abri moelleux.

« Est-ce que je peux te parler ? » demanda calmement Blow Passion qui semblait avoir sa tête à proximité de celle de la petite licorne.

Sweetie Belle aurait voulu répondre par un "non" ferme et sans appel, mais dans sa position actuelle, tout ce qu’elle parvint à obtenir, ce fut un grognement sourd.

« C’est un oui ou un non ça ? » insista la jument sur un ton moins patient.

Cette fois ci, la pouliche ne prenait même pas la peine d’émettre un bruit ou un mouvement, tout ce qu’elle souhaitait c’était juste que la licorne qui était en partie responsable de son coup de colère la laisse tranquille avec ses problèmes de conscience. Malheureusement, cela ne semblait pas vouloir de se dérouler de la sorte, Sweetie Belle sentant le matelas faire un bond.

« Je me doute bien que tu ne souhaites pas parler avec une inconnue que tu rencontre pour la première fois. »

La petite licorne ne put réprimer un soufflement de nasaux dédaigneux, amusée par l’ironie de cette affirmation.

« Mais pour le coup, ça me semble nécessaire. Ecoute petite, je pense que l’on est toutes les deux d’accord pour affirmer que Rarity a fait une grosse erreur en oubliant que tes parents t’amèneraient aujourd’hui. Me concernant, c’est vraiment une situation gênante. Malgré ça, je pense aussi pouvoir lui trouver une excuse. »

- Elle a intérêt à être bonne cette excuse, daigna prononcer la pouliche en rendant son visage apparent à la jument.

- Bonne, je ne pourrais pas l’affirmer, avoua Blow Passion en haussant des épaules, c’est vrai que l’on parle quand même d’oublier sa sœur, ça ne doit pas être quelque chose de facilement pardonnable. Mais tu aurais dut la voir ce matin, elle était tellement excitée à l’idée d’accompagner Drawlife pour l’exposition à Canterlot, elle ne pensait plus qu’à ça. Et je peux te dire que je sais ce que c’est, quand ton monde ne tourne plus qu’autour d’une seule chose, effaçant tout le reste. »

Les oreilles de Sweetie Belle se relevèrent instantanément d’intérêt.

« Attend une minute … Drawlife et Rarity ? Tu veux dire qu’ils sont ensembles, tout les deux ?

- C’est ce que signifie accompagner quelqu’un la plupart du temps, oui. Pourquoi cette question ?

- Mais parce que c’est génial ! s’extasia soudainement Sweetie Belle en s’expulsant littéralement de son lit, sautillant à présent devant son ainé. Ils sont encore ensemble, je suis trop contente !

- Wow, doucement petite, j’espérais bien te remonter le moral, mais à ce point ça en ferais presque peur.

- Oops, désolé, je me suis un peu emportée.

- Je vois ça, je trouve ça même plutôt adorable, gloussa la licorne avant de hausser un sourcil intrigué, toutefois je serais curieuse de savoir en quoi savoir ta sœur et Drawlife ensemble puisse te mettre de si bonne humeur. »

Sweetie Belle stoppa aussitôt ses rebonds, ayant besoin de ses quatre pattes pour ne pas flancher d’horreur. Mais quelle idiote ! Elle s’était complètement laissée emporter par sa joie de savoir que Drawlife et sa sœur se parlaient toujours, qu’elle avait éveillé les soupçons. Il fallait absolument qu’elle rattrape le coup, car si Blow Passion devinait, elle était certaine qu’elle le rapporterait à Drawlife, ou pire, à Rarity. La dernière fois que la pouliche l’avait embêté avec ça, sa grande sœur s’était juste montrée très sèche et autoritaire et ne l’avait que partiellement grondé, alors Sweetie Belle ne souhaitait vraiment pas savoir ce qu’il se passerait si celle-ci devenait réellement furieuse.

« Et … et toi ? Qu’est ce qui te fait penser que je n’aurais pas le droit d’être heureuse qu’ils soient ensemble ? lança nerveusement la pouliche, pensant renverser la situation en détournant l’accusation vers la licorne.

- Oh mais rien de méchant je te rassure, je suis juste curieuse, c’est tout.

- Nan parce que tu me donnes l’impression de te faire des films.

- Peut être après tout. Mais tu ne peux pas réellement m’infirmer qu’il n’y a pas énormément de raison d’être heureuse que sa sœur soit avec un autre étalon, n’est ce pas ? » supposa la jument en étirant un sourire malicieux, s’installant plus confortablement sur le lit de Sweetie Belle.

Pourquoi fallait-il qu’elle pose ce genre de questions ? Et pourquoi elles tombaient aussi juste ? Elle ne pouvait pas simplement passer à autre chose ? D’habitude, Sweetie Belle s’estimait assez bonne pour manipuler les adultes, ou en tout cas sa sœur, mais elle était apparemment tombée sur plus fort qu’elle. Sur le moment, elle aurait donné presque n’importe quoi pour que ses amies chercheuse de talents soient à ses cotés, elles auraient su improviser quelque chose. Seulement il n’y avait que Blow Passion avec elle, et la petite licorne ne savait plus quoi faire, un millier d’idées complètement déformés par la panique se suivaient à toute allure dans sa tête, mais rien de sensé ou de réalisable n’en sortait, rien de mieux que galoper loin d’ici. Il était de toute façon trop tard, Blow Passion avait deviné, cela ce voyait bien dans ce regard écarlate et perçant qu’elle maintenait.

« Non non s’il te plait, craqua Sweetie Belle en s’effondrant sur ses genoux, pitié ne dis rien à Rarity, elle va devenir folle si jamais elle sait que je pense encore qu’elle est amoureuse de Drawlife !

- Oh c’est trop mignon, minauda la jument en claquant frénétiquement ses sabots avant, alors tu penses vraiment que ces deux là sont fous l’un de l’autre ?

- Oui j’avoue, mais s’il te plait, je t’en supplie, ne dis rien à ma sœur, ou même à Drawlife, j’ai pas envie d’être pour toujours fâchée avec eux !

- Tu sais petite, continua-t-elle sur un nouveau ton qui se voulait étrangement moralisateur, je n’aurais été au courant d’absolument rien si tu n’avais pas perdu ton sang froid, tu as vendu la mèche toute seule.

- Hein ?! Mais … mais et ton sourire, je croyais que tu avais déjà tout deviné … bredouilla la petite licorne, ne réalisant pas encore son erreur.

- Oh ça ? C’est simplement un truc que j’utilisais beaucoup quand j’étais à Canterlot, c’est assez drôle de voir tout ce que l’on peut faire avouer à quelqu’un d’un simple regard. Je t’apprendrais si tu veux. »

Constatant qu’elle s’était faite menée par le bout du museau, Sweetie Belle se laissa tomber sur ses fesses, dépitée. Elle se demanda alors comment elle avait pus songer être capable de tirer les informations qu’elle voulait à la jument, alors qu’elle même n’avait pas été en mesure de taire les siennes.

« Quand Rarity m’aura tué, je pourrais plus apprendre grand-chose de toute façon, marmonna-t-elle la tête basse.

- Mais qu’est ce que tu racontes ? Qui te dit que ta sœur sera au courant de ça ?

- Tu ne vas pas lui dire ?

- Ni à elle, ni à Drawlife, ni à personne d’autre, affirma Blow Passion d’un ton solennel avec un sabot sur la poitrine, cela restera un secret entre nous.

- T’es sérieuse ?! Vraiment sérieuse ?! insista la pouliche éprise d’espoir.

- Mais oui ! Et puis honnêtement, je me sentirais mal si je donnais une raison à Rarity d’abimer une jolie frimousse comme la tienne. »

Sweetie Belle n’en croyait pas ses oreilles. Elle n’allait vraiment rien dire à Rarity ? Cela voudrait dire que Blow Passion n’était pas l’horrible jument qu’elle s’était imaginée ? C’était tellement de stress, tellement d’angoisse accumulé qui s’évacuait d’un coup de son estomac que cela avait projeté la pouliche dans les pattes de la jument, laissant son soulagement se communiquer par de puissantes cajoles plutôt que par des mots. Elle avait eu du mal à l’admettre, mais Sweetie Belle consentait finalement avoir pu s’être trompé sur le compte de cette licorne qu’elle avait vu plusieurs fois en compagnie proche de Drawlife. Trop souvent proche même.

Oui mais attends, d’accord cette jument n’était pas si méchante, mais ça n’empêchait pas qu’elle semblait toujours collé au poney chéri de Rarity quand celle-ci n’était pas avec lui. Sweetie Belle réalisa qu’elle s’était un peu trop perdue dans ses considérations envers Blow Passion, si bien que son câlin lui semblait à présent complètement déplacé.

« Oui heu … merci, c’est vraiment sympa, bafouilla la pouliche en s’écartant promptement de la licorne miel, reformant sommairement ses boucles de crin violet pour de ne pas croiser son regard.

- Tu n’as pas à me remercier petite, t’avoir remonté le moral me suffit. Quoique, si tu pouvais me dire si des carottes fraiches à la crème et aux herbes t’iront pour ce midi ce serait sympa, je n’ai trouvé que ça que je puisse cuisiner sans tout transformer en charbon.

- Des carottes ? réagit-elle instinctivement à ce mot par une posture droite et attentionnée. Un peu que ça me va, j’adore ça !

- Parfait, fit la jument avec un sourire satisfait, je t’appellerais quand ça sera prêt. »

Même si sa langue humidifiait instinctivement ses lèvres par appétit, Sweetie Belle restait quand même confuse quand aux dernières réactions de Blow Passion. Elle se montrait trop gentille pour que la pouliche continue de se forcer à la croire réellement malfaisante. Et puis quand elle avait su pour Rarity et Drawlife, ça n’avais pas eu l’air de la déranger, au contraire, elle trouvait ça "mignon" ! Peut être que ses amies avaient raison, qu’elle s’était faite tout une scène pour pas grand-chose, Blow Passion était visiblement juste amie avec Drawlife, comme Sweetie Belle l’était avec Applebloom et Scootaloo.

Dans un sens, ce n’était pas plus mal, la pouliche en voulait encore un petit peu à sa sœur de l’avoir oublié, mais elle parvenait à se consoler en se disant que Rarity aurait très bien put la laisser avec une jument méchante qui lui aurait fait vivre une sale journée. Non, là, Blow Passion cherchait à bien s’entendre avec elle, et en plus, elle allait lui faire un de ses plats favoris : qui de méchant ferais le plat favori de quelqu’un d’autre ? Sweetie Belle pensait tellement s’être trompée sur le compte de la jument qu’elle avait soudainement une irrésistible envie d’en savoir plus sur la licorne miel, mais sans arrière pensée cette fois ci.

Enfin, tout n’était pas encore parfait, il y avait un petit détail qui la gênait encore, ce que la pouliche voulut régler au plus vite en galopant vers les escaliers pour rattraper la licorne qui venait tout juste d’atteindre la dernière marche.

« Au fait Blow Passion, je pourrai te demander juste un petit truc ? haussa-t-elle au travers de la balustrade.

- Tout dépend, signala l’intéressée, s’arrêtant pour tourner la tête vers la petite licorne.

- Est-ce que tu pourrais arrêter de m’appeler "petite", c’est gênant. »

Alors que la petite licorne s’attendait à une réponse immédiate, elle vit Blow Passion mimer une intense réflexion, ce qui pour le coup la dérangea. Mais ses craintes s’atténuèrent aussitôt qu’elle vit un nouveau sourire sur le visage de la jument, comme si elle s’amusait du suspens qu’elle avait créé.

« Je n’y vois pas d’inconvénient Sweetie Belle, accorda-t-elle en penchant d’amusement la tête sur le coté, mais dans ce cas, appelle moi juste Blow, je préfère quand les poneys que j’aime bien m’appellent comme ça. »

---

Le flanc en appui contre la table des hors d’œuvre, Drawlife observait avec amusement les discussions des autres convives présents. Après avoir lut tout ce qu’il pouvait du Magical News, c’était fou comme finalement ce qui lui paraissait absolument incompréhensible auparavant semblait tout à coup parfaitement clair. Ou parfaitement inintéressant, c’était selon ce qu’il était capable de comprendre dans ce brouhaha constant régnant en écho dans cette espèce de capitole qui servait de salle d’exposition. On pouvait dire que le propriétaire avait de l’argent à dépenser à en juger par tout ce luxe tape à l’œil, aussi bien par ces lustres garnit de cristal ou tous ces chandeliers forgés, vases de porcelaine et autre bustes de marbre qui se confondait presque avec les œuvres censé être les stars de l’exposition. D’ailleurs, avec ces bustes, l’étalon avait espéré identifier le maitre des lieux, mais celui-ci ne semblait pas être sujet au narcissisme comme l’aurait pensé l’étalon, car étant tous différent, impossible alors de savoir lequel pouvait le représenter.

S’il y en avait bien un qui correspondait, en fait, il se sentait un peu trop las pour s’attarder sur ce genre de supposition. Peut être qu’en reprenant un peu de liqueur de myrtille …

Enfin ça c’était sans compter ce sabot blanc lui barrant la route vers la précieuse boisson.

« Je ne pense pas que ce soit raisonnable mon cher, conseilla la propriétaire de cette patte, que l’étalon mis quelques secondes à reconnaitre.

- T’es sûre Rarity ? Nan parce ce que ce qui n’est pas raisonnable, c’est de gaspiller tout ces verres encore pleins. Et puis c’est autre chose que ce jus d’orange fadasse que j’ai bu tout à l’heure, ironisa l‘étalon, passant l’interdiction physique de son amie en faisant léviter l’objet de sa convoitise.

- Bon écoute Drawlife, se mis-t-elle à chuchoter de prudence, je voie bien que tu es contrarié, mais …

- Moi ? Contrarié ? Tss, t’es pourtant la mieux placé pour savoir comment je suis quand je suis vraiment contrarié ! Nan, je suis bien là, j’observe et je retalivi … revati … relativise sur mes préjugés. » articula-t-il avant de se tenir la mâchoire, surpris de la sentir aussi engourdie.

Pourquoi Rarity disait ça ? D’après ce que Drawlife constatait malgré le trouble qui déséquilibrait son regard, c’était le visage de Rarity qui se rapprochait le plus de la contrariété, surtout si on prenait en compte ses joue gonflantes et rougissantes qui lui donnait un air de poupée gigogne. L’étalon grinça de rire en s’imaginait son amie vêtit comme ces fameuses poupées des pays du nord ouest, pensant alors que son chapeau gênerait sûrement pour qu’elle entre dans une Rarity plus grosse … Ses pensées prenant des chemins étrange, il s’enfila son verre. Sauf que même en penchant beaucoup la tête en arrière, aucun liquide ne s’écoula dans son gosier. Il devina que le verre n’était plus sous son emprise, et avant qu’il ne puisse faire la moindre protestation, son col sembla s’animer et le tirer en avant avec beaucoup de force. Manquant de trébucher, l’étalon dut à partir de là mobiliser tout sa concentration pour suivre la cadence infernale de cette attraction invisible, avec des jambes en total perte de synchronisation.

Au bout de plusieurs zig-zag entre différents groupes de nobles et pans de murs, manquant à plusieurs reprises de les culbuter, Drawlife, essoufflé, sentie le col cesser de le malmener, lui laissant le temps de se remettre. Une forte odeur antiseptique lui agressa alors les narines, le faisant éternuer et trébucher une nouvelle fois, sa croupe rencontrant une surface froide qui le fit grogner d’inconfort. Sujet au tournis, Drawlife mis un certains temps à se remettre de sa cavalcade. La luminosité de l’endroit était éblouissante, le forçant à cligner ses paupières asséchées pour s’y habituer. Lorsque des contours se dessinèrent, Drawlife distingua en premier lieu son amie : celle-ci se tenait face à lui, une petite chose flottant entre eux. Quelques secondes supplémentaires lui permirent de voir d’autre indice sur le lieu où ils se trouvaient, notamment des miroirs et des lavabos. Est-ce qu’ils se trouvaient dans … les toilettes ?

Il n’eut cependant pas le temps de prononcer un seul mot, déjà de par sa bouche engourdie, mais aussi parce qu’un liquide froid lui avait soudainement giclé au visage. Il fut tellement surpris et désorienté qu’il se cabra et se renversa les quatre fers en l'air dans un hennissement de panique. Un choc suffisant pour ré-accélérer ses capacités cognitives.

« Hey ! Mais qu’est ce qui se passe ?! grommela Drawlife en se secouant le visage pour vite faire sécher l’eau qui goutait sur son costume.

- C’est bon, tu as retrouvé tes esprits ? questionna Rarity sur un ton particulièrement intolérant.

- Tu étais obligée de m’arroser pour me le demander ? se plaignit l’unicorne, comprenant soudainement la provenance de cette eau froide tout en se redressant, mais toujours assis faute d’équilibre sûr.

- Vu comment tu étais partis pour te siffler tout les verres que tu croisais, oui. Drawlife, bon sang, tu pensais vraiment qu’être ivre allait être une bonne idée ?

- Je n’avais pas l’intention de me saouler …

- Je veux bien te croire, mais tu en prenais dangereusement le chemin. Et comme tu l’as si bien dis, je sais comment tu es quand tu es contrarié, alors si en plus tu es ivre, je n’ose l’imaginer ! »

Au fur et à mesure que la licorne lui lançait des arguments sur sa tentative d’ivresse, l’assurance de Drawlife s’étiolait comme une toile vieillissante. C’était vrai, ces verres avaient eu la bonne chose de le détendre, pourtant, ça n’était vraiment pas quelque chose qu’il avait anticipé à l’avance en venant à cette exposition. En entrant dans le manoir où il s’y tenait, il s’était sentit suffisamment en confiance malgré l’article que lui avait montré Rarity plus tôt. Toutefois, et parce qu’il souhaitait vraiment rattraper son erreur, il avait cherché par tout les moyens à bien faire, tellement qu’au final, il n’avait rien osé tenter, le rendant parfaitement muet aux cotés de son amie qui s’exprimait avec toujours autant d’aisance.

Voyant que tout semblait se dérouler normalement malgré son manque de cran, il s’était alors finalement dit que ça n’avait pas beaucoup d’importance, que les poneys le jugeraient sur son art et non sur ses connaissances ou ses facultés orales. Mais ça c’était jusqu’à ce qu’un vieil unicorne au pelage crème ait eut la délicate attention de demander à la couturière si Drawlife était son laquais, arguant au passage que trainer son petit personnel était quelque chose d’assez frivole. Cette remarque avait porté à l’étalon un véritable coup à son égo, ne s’attendant clairement pas à une telle déconsidération sans aucun fondement. Bien évidement, Rarity était rapidement intervenue devant un tel affront, défendant comme il se devait son ami. Drawlife se doutait qu’elle le faisait parce qu’il n’avait pas immédiatement réagis, mais il bouillait tellement à l’idée de dire ses quatre vérités à l’arrogant noble, qu’il se sentait incapable du maintien de soi admirable dont faisait preuve Rarity. Plutôt que d’envenimer inutilement les choses, il avait alors opté pour la seule chose sensée qu’il était venu à l’esprit pour calmer sa fureur contenue : mettre sa patte sur la table des hors d’œuvre.

Très vite, ses lèvres avaient rencontré la douce chaleur des liqueurs et des cocktails, apaisant le froid glacial de sa frustration. Et bien évidement, quand quelque chose vous soulage, vous arrivez étonnement vite à la conclusion qu’en prendre un peu plus ne peut pas faire de mal. Sauf qu’il ne s’était pas contenté d’un peu plus, et ça Drawlife s’en rendait compte avec ce mal de tête qui se mettait bien en place, bien assommant, lui lancinant les tempes au rythme de ses battements de cœur, à la manière de coup de marteau. Le sabot inquiet de Rarity sur sa joue alors que le sien tenait sa tête le soulageait, mais cela lui donna alors la vision de l’ampleur de sa bêtise, une de plus qu’il pouvait ajouter à ceux qu’il faisait lors de ses pertes de contrôle.

« Je dois vraiment te décevoir …

- Pas tout à fait, c’est surtout que je te connaissais plus sanguin quand on te rabaissait, alors oui je suis déçu que tu sois capable de sombrer dans l’alcoolisme, mais je suis surtout surprise que tu te sois laissé marché dessus aussi facilement.

- Quoi, tu aurais préféré que je m’engueule avec lui ? On sait tout les deux que ça ce serait mal passé.

- Ne te dévalorise pas autant s’il te plait, tu m’as déjà prouvé plusieurs fois que tu savais te maitriser. »

Tant d’innocence, tant d’espoir, Drawlife aurait put trouver ça touchant s’il n’était pas en train de se convaincre que Rarity avait inconsciemment le rôle de victime. Car oui, avec du recul, et peut être aussi parce que sa migraine le forçait à se concentrer sur autre chose, il prenait peu à peu conscience de la répétitivité de ce genre de situation, à savoir cette systématique d’être en dehors des espérances de Rarity. La licorne lui avait souvent fait remarqué qu’elle ne comprenait son comportement, que ça l’étonnait dans le meilleur des cas. Mais si les premières fois, cela semblait normal car ils se découvraient, dernièrement, elle le lui avait dit même après qu’il s’appliquait à s’améliorer, et encore ici avec sa soumission face au vieux noble injurieux.

Mais ce n’était pas vraiment cette incapacité à changer comme le souhaiterait Rarity qui le dérangeait, car il s’était fait à l’idée, par la force des événements, qu’il avait des défauts qu’il ne saurait pas parfaitement maitriser. Non, ce qui lui posait un problème au point de remettre en doute une bonne partie de ce qu’il avait accompli jusqu’ici, c’est plutôt le tord qu’il pouvait causer à son amie. C’était grâce à elle s’il était en mesure d’exposer ses œuvres dans des endroits prestigieux, mais il y avait un revers à ça. Il avait peur qu’avec le temps, tout son travail pour être l’excellente couturière qu’elle était aujourd’hui ne soit mis à bas par ses efforts pour rattraper les âneries de l’unicorne.

A cause de lui, Rarity risquait de perdre beaucoup, et ça, Drawlife ne supportait pas l’idée.

« Rarity … tu ne penses pas qu’il serait temps d’arrêter tout ça ?

- D’arrêter ?! Douce Celestia, mais pourquoi tu penses une chose pareille ? Ne vas pas me dire que c’est ce rustre de Duc Nobolitas qui t’as découragé !

- Il n’est qu’une partie du problème. C’est de toi que je m’inquiète.

- Tu t’inquiètes pour moi ? Mais de quel problème parles-tu ?

- Ecoutes, tu es une jument géniale et une amie inestimable, mais honnêtement, tu ne trouve pas que depuis le début, peut être même depuis que l’on s’est rencontré, je fais tout de travers ? Et que c’est toi qui dois toujours me reprendre de mes bêtises ? Je ne te remercierais jamais assez de toute ton aide, mais là, tout de suite, j’ai plus l’impression d’être un boulet qu’un ami.

- Allons Drawlife, je ne te considère nullement comme un fardeau !

- S’il te plait, ne me ménage pas, on en a la preuve en ce moment même ! Regarde où tu en es réduit, à me trainer dans les sanitaires pour éviter que je me porte au ridicule devant tout le monde. Je sais que tu veux bien faire et que je peux m’estimer très chanceux d’avoir une amie comme toi, mais tu mérite vraiment mieux que ça.

- C’est vraiment ce que tu penses ? demanda Rarity après un léger temps de réflexion.

- J’aimerais qu’il en soit autrement, mais oui.

- Je vois …

- Tu … tu vois ? bafouilla l’unicorne, très surpris par la réaction de son amie, trop posée par rapport à ce qu’elle lui avait habitué.

- Oui, je comprend ton point de vue. Mais dans ce cas laisse moi te dire que, et pardonne moi d’être franche chérie, tu n’es qu’un IMBECILE ! hurla-t-elle presque sur le dernier mot.

- P…pardon ?

- Drawlife, laisse-moi te dire une chose ! lança-t-elle sur un ton autoritaire. Cela fait des années que je gère la boutique Carrousel, apprendre à organiser une montagne de commandes ne m’a jamais posé de problèmes, même avec des délais affreusement serrés. Et en presque autant de temps, j’ai appris à garder du temps pour mes amis et ma famille … certes avec des difficultés par moment, ajouta-t-elle avec un ton plus désolé avant de se raffermir, mais ça ne m’empêche pas d’être heureuse. Alors non, définitivement non, insista la jument d’un claquement de sabot sur le carrelage, je ne te considérais certainement pas comme un poids et je t’interdis formellement de le penser ! Car si tel était le cas, je te certifie que je ne serais certainement pas ici, dans ces sanitaires, en train de me démener pour que tu ne te laisse pas abattre par des rustres incapables de voir plus loin que le bout de leur museau et manquants de respect à un de mes amis ! »

Drawlife se sentait soudainement tout petit face à la couturière alors qu’il la dominait physiquement d’une tête. Peut être parce qu’elle était encore haletante après sa tirade, le regard tellement imprégné de conviction et d’autorité qu’en définitive, l’étalon aurait pu être un poulain durement réprimandé par sa mère. Il n’avait pas osé l’interrompre après l’insulte somme toute affective qu’elle lui avait lancé, et encore maintenant qu’elle reprenait son souffle, il était trop sonné pour défendre son point de vue mis à bas, prenant sporadiquement conscience que son caprice de protection avait mise son amie en boule.

Toutefois, Rarity sembla comprendre que son ami avait saisi le message, même si ce fut un peu violent, et s’approcha doucement de lui, afin de poser délicatement un sabot de réconfort sur le paturon.

« Alors par pitié, cesse donc d’avoir autant de pensée négative, tu veux bien ? Tu n’as aucune raison d’avoir peur pour moi, puisque pour te dire la vérité, je suis déjà passer par ce que tu traverses.

- Tu vas me dire que toi aussi tu passais ton temps à chouiner, à penser être une moins que rien ou que tu n’étais pas faite pour ça ? suggéra Drawlife, pas totalement convaincu qu’il n’était pas un fardeau pour la couturière.

- Ce serait si étonnant que ça ? posa-t-elle sur un ton amusé.

- Quoi, tu es sérieuse ?!

- Je te l’avais déjà dit la dernière fois non ? Je n’ai pas eu ma notoriété actuelle d’un battement de cils, j’en ai vue de toutes les couleurs aussi. Et encore maintenant, il m’arrive de perdre confiance quand je subis un coup dur, mais j’ai toujours su m’en relever, et cela toujours avec l’aide de mes parents ou de mes amis. Même Sweetie Belle m’a encouragé une fois, c’est te dire. Ohlala, quelle exemple dépréciative de grande sœur j’ai put lui montrer ce jour là. »

Alors que Rarity partait dans un petit fou rire solitaire, Drawlife était complètement coi de stupéfaction. Lui qui s’était fait une image de personnalité forte en la personne de la licorne blanche, il trouvait ça presque décevant de la découvrir aussi … normale.

Mais en définitive, c’était peut être de là qu’était venu son angoisse.

« Merci Rarity, je crois que j’avais besoin d’entendre ça, prononça affectueusement Drawlife avec une accolade à la licorne.

- Je t’en pris, ce n’est rien, mais si je pouvais éviter d’évoquer les moments gênants de ma vie pour te remonter le moral à l’avenir, ça ne me déplairais pas. »

Peut être à cause des retours d’alcool, mais surtout parce que ça lui faisait du bien, Drawlife accompagna la licorne dans ses rires. Dire que sans s’en rendre compte, il avait finit par prendre Rarity pour une chose aussi fragile que de la porcelaine, craignant de la briser à la moindre de ses bêtises. Il se trouvait vraiment absurde, mais ça avait le mérite de lui prouver qu’il tenait vraiment à elle.

« Allez, trêve de plaisanterie, reprit la licorne blanche avec plus de sérieux, pendant ce petit contretemps, Fancy Pants doit sûrement être arrivé.

- Tiens oui, depuis le temps que tu me parles de lui, la seule fois où je l’ai vu, c’est sur une estrade.

- Tu aurais eu plein d’autre occasion de le voir si tu n’étais pas prompt à t’enfuir à la moindre présence Princière.

- Roh, c’est bas de remettre ça sur le tapis.

- Je me permet juste de te mettre en tête que je sais que tu en es capable chérie. »

Sans vraiment oser l’admettre, Drawlife trouvait Rarity vraiment mignonne quand elle adoptait son air de dame supérieur, comme à chaque fois qu’elle le réprimandait en fait. Par jeu, il s’apprêtait à rouspéter plus fort lorsqu’il ressentit une pression inconfortable se manifester soudainement dans son bas ventre, et se faire de plus en plus forte. L’étalon déglutit sous l’embarras. S’il comprit rapidement quel était le problème, il était loin de désirer le résoudre en présence de Rarity, ne serait ce que par soucie de bienséance.

« Et bien ma chère, tu sais quoi ? tenta d’imiter l’unicorne pour provoquer son amie. Je vais te prouver que je suis capable de rester tranquille sans ta présence. Je te propose de m’attendre au buffet, le temps que je me refasse une beauté pour ton Fancy Pants. Si je ne suis pas à tes cotés dans quinze minutes, tu pourras faire ce que tu veux de moi.

- Fait attention à ce que tu dis, je pourrais mal l’interpréter » releva Rarity d’un sourire intéressé.

Drawlife ravala une nouvelle fois sa salive, anxieux à l’idée que la licorne fasse l’opposé de ses prévisions.

« Mais justement, reprit-elle sur un ton plus sérieux, si tu ne reviens pas, comment puis-je faire pour disposer de toi à ma guise ?

- Hé, une telle récompense ça se mérite. Et puis je te fais confiance, tu sais toujours te débrouiller.

- Je ne dirais pas le contraire, mais cette fois, je n’ai pas amené de quoi payer de nouveau un séduisant garde pour te ramener par la peau du cou comme un chaton mal élevé.

- Dans ce cas, je croupirais au fond d’une ruelles sombre et me ferais manger par les souris comme punition. »

Se laissant finalement prendre au jeu, Rarity accepta le défi sans plus d’histoire, abandonnant l’étalon à ses soins, non sans un petit clin d’œil malicieux. Continuant d’afficher son sourire, Drawlife attendit d’être sûr que la jument soit partie, se maintenant jusqu’à ce que la porte soit parfaitement fermée et qu’il n’entende plus le bruit de ses chausses sabot taillés. Aussitôt qu’il fut certain qu’une certaine distance les séparait, il se précipita sans élégance vers le pissoir le plus proche, vidant alors sa vessie dans un râle de soulagement. Ça lui avait prit d’un coup, toute ces boissons enfilées ayant décidé soudainement d’écourter leur voyage dans son système. Il ne pouvait que remercier intensément Rarity de l’avoir conduit dans ces sanitaires dont l’étalon n’aurait même pas soupçonné l’existence, sans quoi il aurait surement fait ses affaires dans un endroit inapproprié et risqué une nouvelle gaffe. Il remercia aussi les Princesses que son amie n’ait pas persisté dans leur petit jeu de provocation, l’étalon aurait trouvé parfaitement inélégant de se laissé aller devant la licorne.

Affalé sur les poses sabots qui lui permettaient de se tenir sur ses pattes arrière, Drawlife savoura ce moment de répit avant d’avoir à affronter de nouveau ses congénères de classe supérieure. Sa tranquillité fut cependant interrompue par la venue d’un autre unicorne, celui-ci ayant choisi de prendre place sur le pissoir voisin, sans aucune considération pour l’intimité du peintre. Il se permit même de lui accorder un regard appuyé et amusé, ce qui mit particulièrement mal à l’aise Drawlife, piégé dans sa position prostrée. Il ne pouvait toutefois ignorer que l’intrus était assez différent des nobliaux habituellement rencontrées, celui-ci semblait plus détendue, moins soumis à la discipline. Cela venait peut être de son col de velours défait, ou de sa crinière à mèche multiple. Ou alors c’était ce sourire suffisant qui le rendait plus dérangeant que les autres. Toujours était-il que dès que les contraintes naturelles de l’étalon gris prirent fin, il s’éloigna prestement du pissoir pour se passer un coup d’eau au visage afin de s’assurer d’être complètement décuvé, ainsi que de redresser son costume malmené par la rudesse de Rarity.

« On se fait beau pour sa dame ? supposa soudainement l’unicorne inconnu sans départir de son sourire visible à Drawlife par le miroir.

- On peut dire ça, oui, répondit-il calmement, un peu surprit qu’il ne se manifeste que maintenant.

- Sacré brin de jument cette Rarity ! Je l’avais déjà croisé auparavant, mais là, woh, j’avoue que je n’aurais rien contre un petit moment seul à seul avec elle.

- Je … je vous demande pardon ? demanda l’unicorne gris, le malaise se muant brutalement en indignation de part la mention graveleuse envers son amie.

- Oh, désolé, railla l’étalon au pelage bleue glace en finissant son affaire, j’ai tendance à laisser mes pulsions s’exprimer quand une jument me fait de l’effet.

- Je vois ça. Mais je peux savoir ce qui vous permet de parler de mon amie de cette manière ?

- Votre amie ? s’étonna le poney sans gêne, comme si on lui annonçait une nouvelle incroyable. Mince, j’imaginais qu’elle était bien plus de ce que j’avais entendu.

- Vous nous avez espionnez ?! s’invectiva aussitôt Drawlife.

- Espionner, c’est un si vilain mot ! Laissez-moi plutôt resituer la chose. Mettons que vous avez une envie pressante, comme … bien justement ce que nous partagions il y a une minute, parce que vous avec bu trop de vin, ou de whisky … vous aimez le whisky ?

- Pas vraiment non, mais …

- Vous avez raison, il y a tellement de meilleur choix. Mettons que vous ayez trop bu d’un bon Porto, c’est mieux non ? »

Devant la désinvolture du personnage, Drawlife ne prenait même plus la peine de répondre ; il fallait dire qu’il se trouvait dans une situation assez inconfortable. En effet, l’irrespect qu’avait montré l’unicorne envers Rarity avait aussitôt fait naitre une vague d’irritation le long de l’échine de Drawlife, vague qu’il aurait volontiers manifesté d’un bon coup de sabot bien sentit dans les gencives de l’impolie. Seulement, il n’avait pas l’air d’avoir n’importe qui en face de lui, car malgré sa tenue décontracté, l’unicorne glace arborait suffisamment d’accessoires, parmi lesquelles une montre de paturon ostensible ainsi que les attaches en or gravées de ses nattes de crinière, pour aisément deviner la richesse, mérité ou non, de l’individu. Et sans témoin, aucun moyen de légitimiser sa punition. Il se retrouvait donc bloqué avec un être antipathique et bavard, cherchant désespérément une idée pour lui fausser compagnie sans brusquer la chose.

« Bref, je m’égare, continua sur le même ton décontracté l’unicorne glace, je disais donc, envie pressante, tout ça. Naturellement vous vous seriez dirigé ici même ? Hors, si au moment d’entrer vous entendiez une charmante voix monter soudainement le ton, vous auriez réagis comment ?

- Ce que je sais, c’est que je ne serais pas… » commença vivement l’unicorne gris avant de s’interrompre tout aussi vite.

Telle une claque, Drawlife venait soudainement de réaliser l’ironie de ce qu’essayait de lui expliquer l’étalon, celui ci élargissant ouvertement un sourire de satisfaction.

« Je ne serais pas entré avant de comprendre ce qu’il se passe, avoua-t-il lentement, perdant en passant toute envie de cogner son interlocuteur.

- On est d’accord ! s’exclama l’unicorne cyan, clairement fier d’avoir vu juste. Et donc, qu’auriez vous fait à partir de là ?

- Je … j’aurais écouté …

- Parfaitement ! Vous voyez ? On est tous fait plus ou moins dans le même moule finalement, avec les mêmes qualités, les mêmes défauts … bon, il faut admettre que certains sont plus gâtés que d’autre.

- Hey, je ne vous permet pas …

- Roh, vous affolez pas, j’ai aucune jalousie envers l’immortalité des Princesse, rassurez vous.

L’unicorne à la veste de velours avait certes prouvé qu’il n’avait pas été dans son tord, mais ça n’empêchait pas Drawlife de n’avoir aucune sympathie pour celui-ci. Ce n’était pas vraiment comparable au duc qui l’avait qualifié de sous-fifre, c’était juste que l’excès de zèle qu’il montrait, combiné à son approche plus que maladroite donnait vraiment une mauvaise impression à l’étalon gris. Rarity avait raison sur ce point, la première impression avait une grande importance, et Drawlife ne voyait pas comment cet unicorne fanfaron pouvait se rattraper.

« Au fait … Drawlife c’est ça ? reprit abruptement l’étalon cyan en passant une patte par-dessus l’épaule de l’étalon platine.

- Lui-même … confirma-t-il, canalisant son envie d’envoyer paitre cette patte importune.

- Le succès éphémère ? »

La mention de ce surnom donna une montée de fureur particulièrement vive à Drawlife. Pour qui se prenait cet énergumène ? D’abord il se permettait d’être irrespectueux envers Rarity, et maintenant il en faisait de même avec lui ? Se maitriser devenait vraiment compliqué pour le peintre, à un tel point que sa patte destinée un peu plus tôt au visage de son interlocuteur déplaisant parvint quand même à effectuer un rebond bruyant sur le carrelage. Lui fausser compagnie devenait vraiment urgent, aussi donna-t-il un coup d’épaule pour se débarrasser de la patte bleu comme seul geste agressif, même si faire plus afin d’au moins défendre l’intégrité de son amie couturière l’aurait grandement soulagé. Et de toute façon, il n’avait plus le temps de tergiverser, car le défi qu’ils s’étaient lancé avec Rarity risquait de se retourner contre lui s’il tardait à la rejoindre.

« Ecoutez, si c’est pour vous moquer de moi, ne vous donnez pas cette peine, j’ai déjà eu ma dose, lâcha Drawlife entre ses dents tout en contournant largement l’étalon cyan pour sortir rapidement des toilettes, en plus je n’ai pas de temps à perdre avec vous, j’ai une amie qui m’attend.

- Moi ? Vous faire perdre votre temps ? s’indigna l’autre en callant son rythme de marche avec celui de Drawlife une fois qu’ils eussent tout deux quitté les sanitaires. Clairement, vous vous trompez, je pense qu’on a au contraire beaucoup de choses à se dire.

- Pour peu que ce soit vrai, je vais considérer d’avance que ça ne m’intéresse pas, grogna le peintre en accélérant sa marche pour retrouver au plus vite Rarity et espérer se débarrasser de son gêneur.

- Ecoutez Drawlife, insista l’unicorne glace sans se laisser distancer, il est évident qu’on est partit sur de mauvaise base, en particulier parce que j’ai mal anticipé votre réaction. Mais sachez une chose, je ne me permettrais pas de me moquer de vous. En réalité, je suis même tout ce qu’il y a de plus admiratif à votre égard.

- Admiratif ? Rien que ça ? s’étonna soudainement l’étalon gris, accordant un regard en coin à l’étalon collant.

- Bien évidement, comment ne pourrais-je pas l’être ? J’ai quand même à mes cotés un prodige qui a réussi à vendre une de ses premières œuvres à la Princesse de la Nuit elle-même ! Je n’ai pas la prétention d’avoir leurs anciennetés, mais par les Sœurs, je peux vous dire que c’est très loin d’être commun.

- Vous vous emballez un peu trop non ? riposta l’étalon gris en stoppant sa fuite pour faire face à l’unicorne. Que je sois bon dans ce que je fais, d’accord, on me l’a dit trop souvent pour que j’affirme le contraire, mais je ne pense pas mériter le terme de prodige simplement parce qu’une des Princesses s’est intéressée à mon travail. Apprenez la demi-mesure. »

A vrai dire, Drawlife se mentait un peu à lui-même, car il pensait aussi que l’intérêt qui lui avait été accordé par la Princesse Luna n’était pas quelque chose de banale. Seulement, et aussi touché qu’il puisse l’être par l’admiration que lui donnait l’étalon, il ne tenait pas à entrer dans son jeu de la flatterie et risquer d’allonger sa compagnie avec cet être qu’il continuait encore de mépriser. Mais la persévérance agaçante de son interlocuteur n’eut pas l’air d’être entamé, celui-ci repartant de plus belle dans les exclamations.

« Baliverne. J’ai été un artiste moi aussi, et j’ai encore de bon reste. Hors, et ça je le dis sans détour ni arrières pensées, rétorqua-il aussitôt en indiquant sa droite du sabot, il n’y a qu’un grand talent qui puisse créer quelque chose d’aussi poignant. Ce n’est qu’un simple portrait, mais bon sang il y a tellement de charme et de sensualité qui ressort de ces deux juments, je n’aurais aucune honte d’en tomber amoureux ; et pour information, je ne suis pas un étalon facile. »

Drawlife n’eut pas immédiatement saisit ce dont parlait l’unicorne au crin violet et cyan jusqu’à ce qu’il observe ce que celui-ci pointait du sabot. Grande surprise lorsqu’il eu reconnu sa toile, donnant ainsi tout son sens aux paroles de Famous Spark, et créant ainsi l’immense satisfaction de l’étalon gris d’avoir enfin une critique simple et sans détour de son travail. Il fallait dire qu’à l’origine, cette toile n’avait pour fin qu’un simple remerciement envers Roseluck, mais la dispute particulièrement virulente qui avait confronté la jument à son amie Lily Valley avait contraint l’étalon à une réconciliation des deux juments par la création de cette toile. Malgré l’aspect forcé, il avait prit énormément de plaisir à la peindre, si bien qu’avec l’accord enjoué des deux fleuristes, il avait décidé qu’elle serait sa prochaine œuvre exposée.

Toutefois, cette satisfaction ne suffisait pas à camoufler le malaise naissant qui lui prenait la gorge. En effet, Drawlife ne s’était pas volontairement dirigé vers sa toile, hors, le hasard parfait de son arrêt aux cotés de celle-ci et le timing en découlant des propos de son interlocuteur la concernant s’avérait plus que troublant. Il voulait bien croire en une coïncidence, mais la vitesse et le naturel qu’avait adopté l’étalon cyan pour la désigner alors qu’il n’avait fait que suivre les pas de l’unicorne platine renforçait de plus en plus cette sensation désagréable de perdre le contrôle de leur échange, voir d’être dominé, à un tel point que Drawlife commençait même à le craindre comme une proie craindrait son prédateur.

« Bon sérieusement, qu’est ce que vous me voulez ? demanda assez brutalement le peintre, tentant de reprendre le dessus.

- Je vous l’ai dit, j’admire votre travail, et je tenais sincèrement à vous le dire en personne. Et puis entre nous … »

Comme pour faire une confidence, l’étalon cyan s’approcha de Drawlife pour lui chuchoter sa pensée. Ce dernier aurait bien voulut se rebiffer d’une quelconque manière, mais il perdait tellement ses moyens face à cette situation qu’il en restait paralysé.

« J’ai toujours trouvé ça plus professionnel de connaitre les auteurs des œuvres qui me sont confiés pour mon exposition, précisa l’unicorne cyan sur une note qui se voulait surement facétieuse.

- A-attendez, vous voulez dire que … bredouilla l’unicorne gris, reculant d’un pas sous la surprise, ayant deviné instantanément à qui il avait à faire.

- Famous Spark, manager, coach, conseiller et, comme vous venez certainement de le comprendre, propriétaire de cette splendide et magnifique demeure.

- Oh … lâcha bêtement l’unicorne gris, se disant que tout cela ne serait peut être pas déroulé de cette manière s’il avait mieux écouté Rarity avant leur départ.

- Hey hey, pas de lézard mon grand, s’exclama Famous Spark sur un ton rassurant et amical, c’est moi qui ai joué la mauvaise carte avec vous en vous abordant comme je l’ai fait. Mais c’est plus fort que moi, j’ai vraiment en horreur ces protocoles mondains que la plupart de ses bourgeois suivent, je trouve ça d’un ennui mortel. Toutefois, même si ça n’as pas bien fonctionner avec vous, ça m’a tout de même permis de voir quel genre d’étalon vous êtes. Et vous savez quoi ? Vous êtes exactement mon type. »

En avouant cela, Famous Spark posa un sabot sur l’épaule de Drawlife, ce qui aurait été tout au plus inconfortable pour l’unicorne gris si le propriétaire de ce sabot n’était pas en train de le dévisager avec un éclat étrange dans les yeux.

« Je suis ravis de vous plaire, mais … je ne suis pas de ce bord là » affirma Drawlife d’un mouvement d’épaules pour faire comprendre que le geste ne lui plaisait guère.

Comme il s’y attendait avec ce genre de remarque, un silence gênant suivit, mais il garda malgré tout une posture un minimum digne pour essayer d’en conserver le peu qui lui restait. Il avait dis cela par un réflexe défensif un peu puéril, mais après coup, la conclusion qu’il avait tiré lui semblait légèrement excessif. Cela se confirma lorsqu’il se prit en plein visage le rire gras dont c’était soudainement exalté l’unicorne glace, ce qui le fit grogner silencieusement face au constat de sa bêtise.

« Oui, j’aime bien la compagnie intime des étalons de temps à autre, avoua l’unicorne à la crinière attaché en séchant une larme, mais pas d’inquiétude, je préfère largement la chaleur sulfureuse des juments, c’est tellement plus plaisant. Non-non, quand je parle d’apprécier votre genre, c’est bien de votre point de vue franc, et surtout, de l’humilité dont vous faite preuve face à votre exploit. Croyez-moi Drawlife, j’ai assez coaché d’artistes en pleine ascension pour vous affirmer que c’est une qualité que l’on voit peu.

- Je vous remercie, mais comme vous le dites, ça a été un exploit, rien ne nous dit que ça se reproduira.

- Qu’est ce que je disais, tout dans la modestie. Moi je vous le dis d’instinct, et soyez sûr que j’en ai à revendre, vous être un poney à prouesses » supposa-t-il en pointant quelque chose du regard derrière Drawlife.

Suivant le regard de son interlocuteur, Drawlife vit qu’il l’adressait à Rarity, présente un peu plus loin près du buffet comme convenue. Il remarqua aussi qu’elle n’était pas seule, car Fancy Pants ainsi que la grande et séduisante jument qu’il avait aperçu la dernière fois étaient à ses cotés, en pleine échange. Comme synchronisée, son amie tourna la tête et le vit, lui faisant alors un petit signe joyeux du sabot, rendu de façon distraite par l’étalon. Il ne saurait plus dire si ça l’agaçait ou si ça l’impressionnait, mais il fallait croire que le hasard était vraiment du coté de Famous Spark.

« Avoir réussi à être ami avec une des juments les plus séduisante qui m’ai été donné de voir, précisa l’étalon glace d’un sourire charmeur à la couturière, et par-dessus le marché une qui ait des relations aussi haut placé, c’est une sacré prouesse en soi. Ne parlons même pas de son statut de Gardienne de l’Harmonie.

- Vous avez une conception assez large de la prouesse, surtout que je ne savais rien d’elle et de ses relations avant que l’on soit proches, se défendit Drawlife, ne souhaitant pas être pris pour un profiteur.

- Et ça ne fait que renforcer mes dires ! Je suis persuadé que si vous exploitez cette faculté à l’avenir, vous pourriez vivre comme un Prince, et ne plus devoir vous contenter de vivre à la ceinture d’un autre poney.

- Quoi ? Comment savez vous que … s’affola l’unicorne gris, surpris qu’un inconnue connaisse sa situation qu’il cherchait à cacher au mieux.

- Il faut que j’y aille, coupa l’étalon en posant sur son museau une paire de lunette de soleil profilée, je ne serais pas sans vous rappeler qu’en tant qu’organisateur de cette journée expo-vente, j’ai quelques obligations, mais sachez que ça a été un réel plaisir de parler avec vous. D’ailleurs, pour vous le prouver ... »

Désarçonné, Drawlife ne réagissait presque plus devant la vivacité de son collègue de race, se contentant de le regarder se saisir magiquement d’une carte de visite sortie d’une de ses poches intérieurs, et contre toute attente, la déchirer en deux. L’étalon gris comprit encore moins son intention lorsqu’il les fixa quelques secondes, comme s’il voulait les brûler avec son regard bleuté.

« Voilà, comme ça, impossible que je vous oublie, acheva-t-il en introduisant une des moitiés de carte dans une poche du veston de Drawlife puis tapotant la dite poche, même si je suis certain de ne pas oublier quelqu’un comme vous. Surtout que l’on se reverra très bientôt, je vous le garantie. »

Planté sur place, Drawlife observa s’éloigner l’unicorne excentrique, jusqu’à ce que celui ci sorte de son champ de vision à un angle de mur. A présent qu’il était à nouveau seul, l’étalon se rendit compte que sa rencontre avec ce Famous Spark lui avait bouilli l’esprit, si bien qu’il se demanda même si des résidus d’alcool ne l’avait pas fait halluciner. La moitié de carte de visite qu’il avait dans la poche était pourtant bien réelle, et s’il était toujours capable de lire, le nom écrit en lettre d’or ne laissait que peut de doute sur son propriétaire. La carte en soi était des plus banales, juste des indications sur l’activité de l’unicorne, peu de fioriture.

Enfin c’est ce qu’il pensait avant de la retourner, car s’il n’y avait rien d’inscrit à l’origine, plusieurs lettres dorées et scintillantes étaient en train d’être écrites sans plume sous les yeux stupéfaits de Drawlife. L’étalon cru d’abord à un reflet de lumière jusqu’à ce que le texte soit entièrement lisible, sa lecture lui suggérant alors qu’il s’agissait probablement d’un sort lancé par Famous Spark. Mais ce n’était pas ce tour de passe-passe qui le perturba le plus.

Méfiez vous des airs de prince de Fancy Pants

Se méfier ? Qu’est ce que cela pouvait bien signifier ? Et pourquoi le prévenir là, maintenant, sur un bout de papier quand il s’apprêtait justement à rencontrer pour la première fois ce Fancy Pants ? Voilà qui n’arrangeait pas les neurones de l’unicorne gris, déjà bien en détresse sur la marche qu’il était sensé prendre. Et puis quoi ? Il prendrait en compte les dires d’un poney qu’il avait failli cogner plusieurs fois s’il ne s’était pas retenue ? Certes il avait semblé plus abordable et correct sur la fin, mais il n’en restait pas moins qu’à part son nom, et éventuellement sa fonction, il ne connaissait pas grand-chose de ce Famous Spark. D’un autre coté, Drawlife ne connaissait pas Fancy Pants non plus, il n’avait de lui que les éloges attribuées par Rarity, rien ne lui garantissait que l’entente se ferais aussi bien que ce qu’espérait son amie. Le noble en était justement un, et jusqu’ici ses semblables n’avait pas sut attirer la sympathie de l’unicorne gris.

Cette confusion trotta un moment dans la tête de l’unicorne, jusqu’à que la voix de Rarity résonne à ses oreilles, le décidant dans sa réflexion : il valait mieux qu’il fasse son opinion lui-même, et considérer l’avis des autre au second plan. Toutefois, il ne souhaitait pas remettre en cause sa rencontre avec Famous Spark, car aussi insolite qu’elle avait pu être, elle ne l’avait pas laissé indifférent, pour la simple et unique raison qu’il était le premier membre de cette caste qui rebutait tant l’étalon platine à s’être intéressé à son art. Il observa une dernière fois la demi-carte magique avant de la ranger dans une poche, s’accordant l’idée que le rencontrer de nouveau ne serait pas impossible.

Et puis, cette carte était une jolie preuve qui montrerait à Rarity qu’elle avait encore une fois raison : avec un peu de patience, Drawlife parviendrait à rencontrer les bonnes personnes pour l’aider à évoluer dans ce milieu qu’il décriait tant mais s’avérait réellement plein de surprise.

---

Quatorze minutes et cinquante-sept secondes. Si la montre à gousset de Fancy Pants n’était pas déréglée, alors Drawlife avait tenu son pari, bien que de peu. C’était une bonne chose, une excellente chose même quand on connaissait une partie du passé de l’étalon, mais Rarity ne parvenait pas à en être entièrement ravie, et cela sans être sûre de la raison.

Ça n’était en rien la faute de Drawlife cependant, non, cela venait d’elle. Pendant tout le temps où elle avait retrouvé Fancy Pant et sa compagne, et alors qu’elle avait elle-même lancé la conversation en l’attente de son ami, elle n’avait pas put s’empêcher de fureter perpétuellement du regard les alentours du hall, craignant au fond d’elle que Drawlife puisse une nouvelle fois s’évaporer et la laisser en plan. Ça avait été plus fort qu’elle, et c’était vraiment quelque chose qui la dérangeait, cette impression déplaisante de n’avoir toujours pas confiance en l’unicorne. C’était certainement du au fait que celui-ci était du genre imprévisible. Mais n’était-ce pas cette imprévisibilité qui faisait tout son charme ?

Car si elle ne l’avouerait que très difficilement à haute voix, elle ne pouvait pas nier qu’elle adorait ça ! Elle était indubitablement une ponette au rythme de vie qui se voulait bien cadré et ordonné, un peu à cause de son travail et de sa passion. L’imprévue, la surprise, l’inconnue de l’avenir, c’était des choses dont Rarity évitait autant que possible mais en avait paradoxalement besoin, énormément besoin ; du moins hors de ses travaux importants. Ce n’était pas pour rien que la couturière appréciait ses amies de Ponyville, et en particulier Pinkie Pie, même si la fêtarde avait élevé très haute la barre de ce domaine. Mais cela pimentait énormément son quotidien.

Et c’était de là que la confusion de Rarity partait. Elle ne comprenait absolument pas pourquoi elle se faisait tant d’histoire pour une attitude qu’elle appréciait, même secrètement. Etait-ce à cause des enjeux concernant l’avenir artistique de Drawlife ? Ou alors était-ce simplement pour … Drawlife lui-même ? A vrai dire, à présent qu’elle l’avait aperçu en compagnie du baron Famous Spark, elle tendait à pencher pour la première option. Malgré le fait qu’elle l’ait croisé juste après être sortie des sanitaires, Rarity n’avait pas du tout envisagé que son ami puisse se retrouver à échanger avec lui, en particulier dans les circonstances où elle l’avait laissé. Ce n’était pas plus mal dans un sens, ça la rassurait même : si l’imprévisibilité de Drawlife pouvait le conduire à sympathiser avec les bonnes personnes, il se pourrait que la couturière n’ait plus à se soucier de la longévité de sa manucure.

Ou de ses lèvres ; en se les léchant pour évacuer son stress, elle venait de se rendre compte de leur état déplorable. Fort heureusement, la licorne disposait toujours de son nécessaire de beauté en cas d’urgence.

« Excusez-moi miss Rarity, tenta Fancy Pants après un toussotement distingué pour attirer l’attention de la jument.

- Oh, pardon Sir, vous disiez ? sursauta-t-elle, laissant tomber son tube d’hydratant à lèvre alors qu’elle venait de le sortir de sa petite sacoche de secours.

- Rien de bien important, sourit l’unicorne blanc en réajustant son monocle tout en ramassant télékinétiquement le tube pour le rendre à sa propriétaire, toutefois, mon épouse et moi même avons noté votre … comment dirais-je … intérêt pour notre hôte.

- Oh non, non-non, vous n’y êtes pas, j’étais juste surpris de voir mon ami en compagnie du baron Famous Spark.

- Surpris me semble être un euphémisme vu l’étincelle qui égayait votre regard, badina la compagne de Fancy Pants.

- Voyons chérie, vous allez embarrasser notre amie, protesta celui-ci sur le même ton amusé.

- Désolé, je dois vous paraitre discourtoise, s’excusa une nouvelle fois la couturière, tentant de cacher son rougissement incandescent derrière sa mèche violette.

- Ne vous formalisez pas pour cela, c’est oublié. Surtout que si je comprends bien, cet ami qui attire votre regard doit être celui au nom Drawlife que nous attendions.

- Oh, vous êtes très perspicace, nota Rarity avec un sourire rassuré.

- Et bien qu’attendons nous ? Invitons le dans notre petit cercle, cela fait si longtemps que je me languis de le connaitre. »

Sous les encouragements du noble unicorne, Rarity essaya d’appeler sans trop de zèle son ami, celui-ci n’ayant pas quitté sa position devant son tableau même après le départ de Famous Spark. L’étalon réagit aussitôt et se dirigea prestement vers eux, même si la jument avait l’étrange impression de l’avoir sortit d’une intense réflexion. La discussion qu’il avait tenue avec le baron avait dut le marquer d’une quelconque manière, ce qui attisait la curiosité de la jument. Elle garda cependant ses interrogations de coté ; pour le moment, son attention devait se concentrer sur la rencontre de Drawlife avec Fancy Pants, elle avait trop préparé ce moment pour se permettre de laisser des doutes incongrus mettre à mal ses efforts et l’avenir de son ami.

« Ce cher Drawlife, c’est un plaisir de vous rencontrer en chair et en os, s’exclama le noble d’un ample geste du sabot, avec ce sourire distingué qui faisait tout le charme du personnage.

- Ça l’est pour moi aussi monsieur Fancy Pants, répondit soigneusement l’étalon gris d’un bref hochement de tête, Rarity m’a dit beaucoup de bien de vous.

- Et il en a été de même à votre égard, soyez en sûr. Mais avant toute chose, laissez-moi-vous présenter ma tendre compagne, Fleur de Lys.

- Enchantée de vous rencontrer Drawlife, sachez que j’adore vraiment ce que vous faites » complimenta l’élégante jument vêtis d’une robe bordeaux en tendant un de ses sabot avant.

Pendant les brèves secondes qui suivirent, la tension de Rarity grimpa par anticipation. Drawlife n’avait encore jamais à sa connaissance été invité à un baise-sabot, et la fashionsista appréhendait que l’étalon se contente de saisir la patte de la grande jument et de la secouer grossièrement, provoquant à tous les coups un malaise de la part du couple canterlotien. Mais Rarity fut rapidement soulagée tout autant qu’elle fut surprise de voir son ami adopter le geste princier de rigueur. En revanche, elle restait interdite devant ce clin d’œil complice qu’il lui destinait. Elle ne comprit pas non plus pourquoi elle serrait les dents pendant que Drawlife posait délicatement ses lèvres sur le paturon de Fleur de Lys.

« Heureux que mon travail plaise, surtout venant d’une jument aussi ravissante que vous.

- Et charmeur avec ça ! gloussa la grande licorne. On en fait plus des comme vous de nos jours.

- Vous n’avez pas démentis sur le coté gentlemen de votre ami miss Rarity, murmura Fancy Pants à l’attention de la couturière.

- Je l’espère bien, même si j’admets le découvrir encore un peu plus chaque jour » avoua-t-elle en épiant à présent le sourire que Drawlife adressait à Fleur de Lys.

Si elle faisait fis des regards insistants que lançait Fleur à Drawlife, la rencontre se déroulait comme ses espérances. La couturière s’accordait tout de même à trouver Drawlife très détendu, presque autant que lorsqu’ils étaient juste tout les deux. Il fallait noter que, contrairement à leurs rencontres précédentes, son ami peintre avait enfin l’occasion de pouvoir converser sur des sujets dont il avait une pleine connaissance, son travail attisant beaucoup l’intérêt de Fancy Pants et sa compagne. Cela les encouragea d’ailleurs à faire leur chemin dans les galeries, le couple canterlotien souhaitant avoir l’avis de Drawlife sur quelques œuvres d’autres artistes. Pendant qu’ils échangeaient, Rarity s’était quelque peu effacée du groupe, constatant qu’elle était quelque peu dépassée par le sujet. Elle n’en fit rien cependant, trop heureuse que son ami s’épanouisse enfin ailleurs qu’à Ponyville ; en cet instant présent, c’était la seule chose qui comptait à ses yeux.

L’annonce du début des enchères lui fit tout de même reprendre conscience de l’autre but de cette journée. Contrairement à la fois précédente, Rarity avait pensé à tout pour que la vente du tableau de Drawlife se fasse sous les meilleures conditions. Elle ne voulait prendre aucun risque cette fois. Néanmoins, la licorne gardait à l’esprit que rien n’était gagné d’avance, même avec la meilleure préparation du monde. Et si jamais le scénario devait ce répéter, sans une intervention miracle, elle devait se tenir prêtre à prouver à l’étalon que tout ne s’arrêtait pas là ; ce serais un gâchis impardonnable qu’il abandonne tout au moindre échec, alors que tellement de bonnes choses lui tendaient les bras. Mais elle s’inquiétait de trop, la confiance de Drawlife s’améliorait de jour en jour, et ce n’était pas ce merveilleux sourire que Rarity pouvait admirer sur son visage qui allait lui faire dire le contraire. Oui, tout irais bien, quoi qu’il arrive.

Il y avait quand même ces bouffées de chaleur incontrôlables à chaque fois qu’elle croisait les iris dorée de l’étalon platine qui l’empêchait d’être complètement sereine.

---

« Adjugé et vendu à sir Fancy Pant pour trois cents bits. »

C’était une phrase qui ne cessait de résonner dans un recoin de l’esprit de Drawlife, et pour cause, c’était cette phrase qui avait permis au noble de devenir le nouveau possesseur du ‘’Duo Floral’’. L’unicorne platine avait été témoin de la vente de sa création cette fois, mais même ainsi il avait encore eut du mal à y croire. Il avait fallut que Fancy Pants lui remette l’argent en personne pour que le peintre se fasse à cette réalité : il avait vendu sa première toile. Enfin, ce n’était tout à fait exact, il ne pouvait pas oublier celle achetée par la Princesse Luna, surtout quand la cagnotte de cette vente avait rejointe celle d’aujourd’hui pour peser un peu plus dans la poche interne de sa veste. Cette même poche interne qui contenait la carte déchiré en deux de Famous Spark, magiquement gravée de son petit mot :

Méfiez vous des airs de prince de Fancy Pants

« Quelque chose ne va pas Drawlife ? demanda inquiète Rarity assise à ses cotés. Tu es très pensif depuis que nous avons quitté la demeure du baron. »

Drawlife releva la tête, regardant tour à tour son ami, Fleur de Lys et son mari, ces deux derniers assis de l’autre coté d’une table nappée d’un tissu bordeaux, celui du restaurant huppé où les quatre licornes s’étaient arrêtées pour le diner, juste après les enchères. Remarquant leur air intrigué, il fit le tour des assiettes pour constater que la sienne était la seule encore pleine de toast de foin aromatisé au lilas. Il devait l’avouer, Drawlife n’aimait pas vraiment ça, mais ce n’était pas la raison qui justifiait le ballet hésitant de sa fourchette depuis le début du repas.

« Vous vous demandez qu’est ce que vous pourriez faire de tout cette argent n’est ce pas ? supposa Fleur de Lys sur le ton de l’amusement.

- Oh si, j’ai ma petite idée de quoi en faire. »

Oui, des projets de dépenses, ce n’était pas ce qui lui manquait, ne serais ce que celui résolvant son soucis de cohabitation avec Twilight Sparkle. Mais il devait s’accorder que ça n’aurait pas été possible aussi tôt sans la Princesse Luna. Cette somme, cette très grosse somme même, Rarity ne s’était jamais donnée la nécessité de la lui communiquer le montant, et elle s’en était d’ailleurs lourdement excusé ; mais Drawlife ne lui en avait pas voulu, après tout, il ne lui avait jamais demandé non plus. Et de toute manière, connaitre ce montant à l’avance n’aurait sûrement rien changé à l’émoi qui avait prit la gorge de l’étalon au moment où Fancy Pants lui avait remis la fameuse bourse frappé du sceau lunaire. Les trois cents bits du ‘’Duo Floral’’ lui avaient déjà donné un semblant de vertige, mais les huit cents bits en plus … ça faisait vraiment beaucoup, beaucoup d’argent.

« Vous n’y êtes pas très chères, réfuta Fancy Pants avec toujours ce visage humble qui le caractérisait tant, d’après moi, notre ami Drawlife s’inquiète de l’absence d’émule pour ses toiles pendant les ventes. Ai-je tord ? »

Les oreilles de Drawlife se dressèrent soudainement de stupeur, son regard se perdant dans le restaurant le temps qu’il sorte de ses pensées, ce qui amusa l’unicorne à la fine moustache. Il avait visé juste. Affreusement juste. Car oui, si Fancy Pants n’avait pas été là lors de l’enchère, le ‘Duo Floral’ aurait été tout simplement un rejet. Personne n’avait daigné lever la patte pour ne serait que montrer un intérêt pour son travail, et ça lui avait porté un coup particulièrement dur à son ego de peintre. Mais ça n’avait rien été avant que le noble ne lui rapporte avec nonchalance que l’enchère précédente avait suivit exactement le même scénario, sauvé uniquement par la Princesse sélène. Il y avait fallu une bonne dose de sang froid à Drawlife pour encaisser cette nouvelle sans rager contre les nobliaux, et seule l’attitude désolé de son amie lui avait permis de tenir et faire profil bas. Tout du moins jusqu’à maintenant. L’unicorne gris aurait vraiment préféré garder cet état d’âme pour lui, mais il était obligé de constater qu’il ne devait pas être aussi bon comédien que Rarity. Néanmoins, alors qu’il craignait de passer pour un ingrat envers le noble et son achat, Drawlife était surpris de voir que celui-ci ne semblait pas en tenir rigueur.

« Vous m’avez percé à jour. C’est juste que … je ne demande pas à être idolâtré non, mais … je ne m’attendais vraiment pas à un tel … désintérêt, pour peu que ce soit le bon terme, de tout ces gens.

- C’est chagrinant en effet, nota Fleur de lys avec une moue compatissante.

- Et je comprends parfaitement votre point vue, ajouta Fancy Pants d’un hochement de tête.

- Oh alors … vous ne pensez pas que je ne suis qu’un peintre en mal d’attention ?

- Drawlife ! intervint Rarity sur un ton de reproche. Je croyais que l’on avait dit plus de pensées négatives.

- Laissez ma chère, notre ami à une réaction tout à fait normale en tant qu’artiste. Seulement Drawlife, sachez que tout cela n’a rien d’anormal dans une situation comme la votre.

- Que voulez vous dire ? Vous pensez à … mon absence de la dernière fois ? hésita Drawlife en se frottant les sabots d’anxiété.

- Je dois admettre que cet événement n’était pas pour agir en votre faveur, concéda le noble.

- Ne vous inquiétez pas, mon mari sait comment s’y prendre pour refroidir les ardeurs, souligna Fleur de Lys d’un clin d’œil malicieux.

- Fleur, je vous en prie ! Effectivement oui, j’ai rattrapé ce dommage, mais ce n’est pas ce point qui nous intéresse. En réalité mon cher Drawlife, si vous peinez à recevoir de l’attention sur vos premières toiles, cela est justement dut à votre jeunesse dans le domaine de l’art public. Apprenez qu’il s’agit d’un métier contrairement à ce que l’ont pourrait penser, et comme tout métier, pour vendre un de ses produits, l’élément essentiel est de savoir faire connaitre son produit. Un élément parfaitement maitrisé par notre amie commune ici présente si vous voulez mon avis.

- Oh, vous me flattez Sir, roucoula Rarity avant de se reprendre, mais reconnaissez qu’il y aurait beaucoup de mes clients que je n’aurait jamais rencontré sans votre aide.

- Vous êtes trop modeste ma chère, toutefois, vous soulevez un détail intéressant. Voyez vous Drawlife, je dispose d’un nombre assez important de contacts, des plus humbles au plus influents, dont certains vous serait d’une aide précieuse pour votre recherche de notoriété. »

Leur conversation fut interrompue par le serveur qui leur apportait le dessert, ce qui laissa une légère pause à Drawlife pour assimiler ce que Fancy Pant lui avait sous entendue. Clairement, le noble lui proposait son aide, et si Drawlife était parfaitement conscient qu’il s’agissait d’une chance pour le bon déroulement de son avenir, quelque chose d’insidieux sous la forme d’un avertissement l’empêchait d’être entièrement confiant.

Méfiez vous des airs de prince de Fancy Pants

Ça n’avait pas arrêté de le hanter depuis que Famous Spark lui avait lâché ce mot. Malgré tout ses efforts pour l’ignorer, et toute la gentillesse dont faisait preuve Fancy Pants et son épouse, il était en permanence pris de pensées paranoïaques, l’avertissement faisant apparaitre des doubles sens dans les moindres actions du noble. Heureusement, la confiance que portait Rarity pour l’étalon au monocle penchait plutôt favorablement l’opinion de Drawlife vers ce dernier, ce qui lui permettait de laisser au grand canterlotien une chance de le convaincre.

« C’est très gentil à vous Fancy Pants, mais sans vouloir dénigrer votre volonté de m’aider, je n’ai pas pour ambition d’aller jusqu’à devenir le prochain Vanghooves.

- Je l’entends bien. Mais il me semble qu’outre partager vos créations, vous souhaitez vivre de votre art.

- Heu … oui, effectivement, c’est une voie que mon amie m’a dûment convaincu de suivre » confirma Drawlife en accordant un sourire affectueux à Rarity, rendu par celle-ci avec le même signe.

Un hennissement attendri vint perturber le lien visuel qu’avaient maintenu les deux amis, et c’est tout embarrassé que Drawlife vit Fleur de Lys glousser comme une pouliche. Il avait perdu le compte du nombre de fois où cette jument agissait ainsi, mais ce comportement étrange restait encore une énigme pour lui.

- Une voie admirable et de bon conseil, accorda Fancy Pants sans se préoccuper des frasques de sa compagne, soyez en sûr. Néanmoins je vous mets en garde, avertit Fancy Pants sur un ton sérieux qui surprit l’unicorne platine, si vous voulez pouvoir en vivre de façon durable, vous ne pourrez pas vous limiter à de ponctuelles apparitions lors d’événement comme celui d’aujourd’hui. Sachez, que la très grande majorité des collectionneurs ou autre acheteurs potentiels souhaitent avant tout un nom sur une toile, et ce même si un talent innée vous suit. Si celui-ci n’est pas prononcé sur un minimum de lèvres, la valeur et l’intérêt de cette toile s’en voie drastiquement réduite.

- Je vois … pour tout vous dire, c’est en partie ce pour quoi j’étais réticent la première fois que Rarity m’a soumis l’idée de vendre mes tableaux. Mais même en considérant ce fait, je devrais bien être capable à un moment ou à un autre de tirer mon épingle du jeu.

- J’admire votre pugnacité, mais le monde que vous vous apprêtez à braver est bien plus hostile que vous ne le pensez. Aussi, que diriez-vous que je vous apporte plus que de simples adresses ?

- Sir, vous voulez dire que … s’étrangla Rarity.

- Vous avez bien compris, susurra Fleur de Lys.

- Oh, rien d’assuré encore, c’est une idée que je vous propose et qui se confirmera si mes obligations le permette, précisa Fancy Pants en s’adressant toujours à Drawlife, mais un partenariat avec vous est quelque chose qui m’enchante grandement. J’ai toujours grand plaisir à aider des jeunes prodiges comme vous à émerveiller le monde. J’oserai même dire que j’en fais un devoir. Bien évidement, tout cela sous la bonne grâce de notre amie Rarity. Après tout, sans elle, nous ne nous serions peut être jamais rencontré.

- Je dois plaider coupable d’avoir organisé cette rencontre dans le but d’obtenir votre aide, mais un partenariat … vous pensez bien que cela dépasse mes espérances !

- Fort bien, voilà un détail réglé et qui annonce de bonne couleur. Et vous mon cher Drawlife, êtes vous intéressé par cette possible association ? »

Drawlife resta muet, comme paralysé par le doute, avec comme seule reste d’activité la couleur cramoisi qui teignait progressivement ses joues. Ce n’était pas de la gêne, loin de là, et à la limite, l’étalon aurait préféré. Non, il s’agissait plutôt la marque physique des innombrables baffes mentales qu’il s’infligeait, présentes depuis son entrée dans le restaurant. Parmi tous les doutes qui l’avaient saisi jusqu’ici, celui l’amenant à remettre en cause sa confiance envers Rarity pour un stupide mot était vraiment celle dont il se damnait le plus ! Comment pouvait-il encore ne serait ce qu’y songer ? Après tout ce qu’ils s’étaient confessés sur leur amitié ? N’avait-il pas retenue la leçon quand il avait prit pour argent comptant les paroles déformé de Sweetie Belle et manquer de perdre définitivement l’amitié de sa grande sœur ? Toutes ces preuves qu’il était dans son tord le plus total de se méfier bouillaient en lui au point que son estomac frôlait l’ulcère.

Crispé par autant d’hésitation, une vision de Rarity était la seule chose qui pouvait le sortir de son tourment. Il fureta un sourire en voyant que celle-ci lui lançait un grand regard implorant très peu subtil comme elle savait si bien les faire. Ces superbes yeux cobalt, Drawlife mentirait s’il affirmait ne rien ressentir en les observant. Quand leur belle propriétaire le regardait, il avait toujours ce petit pétillement dans la poitrine qui lui insufflait l’envie de la rendre heureuse et fière de lui. S’il avait surmonté ses préjugés, et changé ses habitudes, il l’avait fait aussi bien pour lui-même que pour ces yeux. Sans Rarity, il n’en aurait jamais été là, et peut être qu’il ne serait même plus en capacité de fouler le sol équestre.

Encore une fois, les deux licornes furent distraites par les piaillements de Fleur de Lys, toujours au museau et à la moustache de son époux, sans que ce dernier ne détache son attention de Drawlife. Ce comportement infantile commençait vraiment à dérangé l’unicorne platine, mais ça avait eu au moins le mérite de le sortir de ses interminables pensées, tout en lui apportant finalement la réponse à la question du noble. Oui, ce partenariat avec Fancy Pants était une aubaine, au delà de toutes espérances, quelque chose à ne pas rater. Reprenant une posture plus droite, il communiqua son accord avec une légère révérence de la tête et un large sourire, ce qui ravit grandement le canterlotien, à un tel point qu’il commanda aussitôt un grand cru pour fêter entre eux quatre ce début d’un avenir brillant. Fier de lui et emplit d’un nouveau souffle de satisfaction, Drawlife prit dans son paturon le sabot de son amie pour parfaire ce moment je joie.

Le rire nerveux de Rarity et son museau qui virait framboise n’était pas du tout la réaction à laquelle il s’était attendu. Et maintenant que ce détail lui sautait aux yeux, Drawlife repéra enfin que ce n’était pas la première fois que Rarity rougissait dès qu’ils se regardaient. Et Fleur de Lys qui gloussait encore.

Drawlife sentit tout un coup ses joues chauffer. Il avait peur d’avoir compris.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Chapitre précédent Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

LordAngelos
LordAngelos : #7935
@shuryt ; Honnêtement, à voir, elle est quand même un peu mature, un anniversaire, s'en est un parmi d'autre, et puis je vois Sweetie Belle comme une pouliche qui passe facilement du coq à l'âne. Peut être que j'en referais référence plus tard, mais je préfère laisser l'inspiration faire son travail pour ça ^^.
Il y a 3 ans · Répondre
shuryt
shuryt : #7925
Je pensais pas faire plaisir comme ça avec une simple observation mais c'est toujours un plaisir :D

Si tu avoue la gaffe, au moins je comprend mieux mon incompréhension [rassurant de savoir que j'ai pas zapper un truc :D ]. Après ça me parait un peu léger comme pardon pour sweetie belle dit comme ça mais je vais pas critiqué un résumé :) .
Je suis bien curieux de voir comment tu vas essayer de rattraper le coup, bon courage pour la suite en tout cas :) .
Il y a 3 ans · Répondre
LordAngelos
LordAngelos : #7888
@shuryt : ce qui tu viens d'écrire là, c'est un cadeau. Vraiment.

S'il y a bien un truc sur lequel j'attache beaucoup d'importance, c'est de crédibiliser chaque personnages, les rendre vivant. Chacun demande un travail différent, et oui, les "nobles" sont ceux qui sont les moins évidents à retranscrire sans tomber dans les clichés. Je suis tombé un peu dedans avec Jet Set et Upper Crust dans le Chap 9, mais là c'était voulu, en faire la plèbe parmi les nobles comme je les voie dans le show.

Famous Spark et Fancy Pants, c'est un peu mes deux visions du gratin de la noblesse, et en plus, ils font partie intégrante de mon scénario (je pense que ça parait évident). Le travail a donc été en conséquence : long, attentif, demandant beaucoup de relecture, autre facteur de ma lenteur en tant qu'auteur.

Si je dis que ton commentaire est un cadeau, c'est parce que tu viens de décrire presque parfaitement comme je ressent chacun d'eux, en tant qu'écrivain, c'est vraiment la meilleur chose que l'ont peut avoir :) (d'après moi).

Premier hs : là par contre, tu tapes dans une béquille que j'ai involontairement mis. Je ne t'en veux pas, au contraire ça me pousse à devoir l'expliquer mieux plus tard. Mais pour me justifier, non, je n'avais pas zappé complètement ce détail, pas dans ma tête, j'ai juste laissé ça en off. Pour être plus clair, Sweetie Belle, on est dans sa tête pratiquement un mois après sa fête d'anniv, temps que j'éstime entre le Chap 7 et 9. Entretemps, il y a eu quoi ? "L'incident" de Drawlife qui a, et j'espère l'avoir bien montré, beaucoup chamboulé Rarity, encourageant un rapprochement entre elle et Drawlife. Suite à ça, elle à pu constater plusieurs signe, notamment sa soeur plus guillerette que d'habitude, et des geste comme le fameux bisous du début du chap 9. Sweetie Belle aime sa sœur, et de mon point de vue, voir sa sœur s'épanouir auprès de Drawlife, en plus de la soupçonner d'avoir des vue sur lui, cela a suffit à la faire pardonner. Ce chapitre 11 montre bien ça d'ailleurs, elle voit la relation de sa sœur et Drawlife quasiment au dessus de son bien être.
Explication peut être bancale, mais c'est comme ça que j'ai passé en sous entendu ce détail.

Deuxième hs : ça, je peux rien en dire, part juste du principe que c'est un headcanon sur Twilight. J’espère juste bien gérer ce fil rouge.
Il y a 3 ans · Répondre
shuryt
shuryt : #7874
J'ai pas été très clair, en même temps c'est très personnel comme point de vue mais je vais tenter d'expliqué.

Quand les "nobles", Fancy Pants et Famous Spark [surtout Spark d'ailleur] s'expriment j'ai vraiment une sensation de personne vivant dans un monde assez à part, que se soit dans le langage ou la manière de pensé.
J'arrive comme drawlife à entendre et comprendre le message qu'ils veulent faire passer mais j'arrive pas a bien comprendre leur pensé, comme s'il essaye de manipulé leur audimat. Famous spark est un bonne exemple, il est franc et claire dans sa manière de parler [en tout cas,il veut donné cette image de lui].
Il préfère se défendre en inversant les positions avec drawlife. Le "forçant" [je sais pas si le mot est exagéré] à le défendre de lui même, ça à l'air simple mais c'est une bonne vielle technique de politique de faire dire se qu'on veut aux autres, ça rend le propos plus "vrai".
D'autre détails du même genre sont utilisé naturellement ou en tout cas bien réfléchie...d'ailleur le "petit mot" est magique.
Avec juste ça il force drawlife à se méfier d'un adversaire à famous spark qui est Fancy Pants [je spécule adversaire car je vois mal un "allié" écrire ça]. D'ailleurs se message étant écris et donné à la va vite, il empêche toutes questions de la part de Drawlife... En 1 phrase, drawlife se met à douté sans vrai raison de quelqu'un et augmente les chances qu'il se souvienne de famous spark pour avoir prodigué un conseil. Il est malin quoi :D

Je me suis perdu dans les détails mais en gros, ces expressions, et ses manies de manipulateurs font de lui un "noble" comme je les imagines et les redoutes si bien. D'ailleurs...Famous Spark, avec un nom pareil, comment ne pas se méfié de lui :P

Fancy Pants lui joue une autre carte en attirant ses faveurs en achetant son tableau [A bon prix en plus]. Et lui propose un partenariat. Manipulation simple et qui est profitable au deux coté. Il est pas encore très développé mais pour l'instant je crois en lui en tant que noble.

Voila pourquoi je trouves enviables ta manière d'écrire les nobles, qui n'est pas chose aisée sois dit en passant quand on voit toute les niaiseries trouvables facilement sur internet :D

Petit hs, j'ai jamais compris pourquoi sweetie belle n'en veut pas même un temps soit peu à drawlife pour avoir "gaché" sa fête. Tu as bien écris sont coté enfant, donc du coup, je penses qu'un enfant en voudrait à un inconnue de ruiner sa fête, non? Ou alors elle était pas là mais dans ce cas je suis perdu ):
Bref j'ai l'impression d'avoir louper un truc mais je vois pas quoi.

D'ailleurs pour en finir avec un autre hs, je suis toujours autant curieux avec ta twilight qui ne cesse d'harceler drawlife, je me demande bien où tu vas aller avec tout ça :D
Il y a 3 ans · Répondre
LordAngelos
LordAngelos : #7849
@shuryt : Corrigé ^^ merci de me l'avoir signalé.

Et petite question en retour ? Tu entends quoi par "tu à une manière d'écrire les "nobles" particulièrement enviable" ?

Il y a 3 ans · Répondre
shuryt
shuryt : #7819
"nhabituel " une petite fautes de frappes dans le premier tiers du texte.

Bref, tu à une manière d'écrire les "nobles" particulièrement enviable je trouves, bon boulot. :D

ps: tu n'as pas de chance d'avoir perdu autant de travail... ):
Mais paradoxalement, ça me rassure de voir que tu tiens bon malgrés tout. [Je suis sur de voir la suite au moins :P]
Il y a 3 ans · Répondre
LordAngelos
LordAngelos : #7573
Toropicana13 novembre 2014 - #7532
Content que tu reprennes du service :)
Je n'ai jamais quitté le service surtout ^^, je suis juste très, très lent. Surtout que ce chapitre m'a causé pas mal de soucie de cohérence, j'ai du replanifier mes chapitres futures pour être sur de ne pas partir n'importe comment. Sans compter le travail perdu suite à une fausse manip' qui m'a obligé à réécrire de gros morceau.

Bref, content que mes écrits plaise toujours ^^ (en tout cas c'est ce que je déduis de ton message ^^)
Il y a 3 ans · Répondre
Toropicana
Toropicana : #7532
Content que tu reprennes du service :)
Il y a 3 ans · Répondre

Nouveau message privé