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La façade de l'art

Une fiction écrite par LordAngelos.

Chapitre 12 : Nouveau Paysage, Nouveau Mensonge

Vivre avec une jument comme Rarity, c’était l’assurance de connaitre sur le bout des ongles tout le code éthique sur le savoir vivre et les bonnes manières. C’était encore plus vrai quand on était de sa famille, et pire encore lorsque l’on était sa sœur. Beaucoup de choses barbantes devaient être suivit à la lettre, et peut être beaucoup plus de choses drôles à ne surtout pas ne serais ce qu’envisager. Parmi tout ça, Sweetie Belle avait rapidement fait le tri. Elle n’avait par exemple aucune honte à avoir l’oreille plaquée contre une porte comme en ce moment, dans un but évident d’entendre ce qui se passait de l’autre coté. Bon, ce n’était pas l’activité la plus amusante d’Equestria, mais pour ce fois, la pouliche avait trois bonnes raisons de le faire. Déjà, elle savait que Rarity raffolait des ragots dans les magazines, dont la plupart venait, et elle le savait très bien, d’oreille indiscrète ; c’était hypocrite et la pouliche n’avait alors aucune raison de s’en sentir coupable. Ensuite, vu que c’était justement sa sœur qu’elle écoutait, elle se savait sauve d’être prise sur le fait. Et enfin, la dernière et la plus importante des raisons …

« Pourquoi tu ne veux pas venir à Manehattan avec moi Rarity ? » résonna la voix de Drawlife de l’autre coté de la porte.

C’est vrai ça, pourquoi ? Ça devait être la question qui avait poussé Sweetie Belle à jouer une nouvelle fois l’espionne. Ça faisait déjà une paire de jours que Drawlife l’avait posé une première fois, et si la pouliche aurait bien voulu connaitre la raison qui poussait l’étalon à vouloir allez à cette grande ville, ce qui la dérangeait le plus était que sa grande sœur avait refusé de l’accompagner. Et pas qu’une seule fois. Mais pourquoi ?

« Je te l’ai déjà dit Drawlife, en ce moment j’ai plusieurs commande à honorer, et cela va me prendre encore beaucoup de temps. »

Avec une synchronisation involontaire, l’étalon et la pouliche soupirèrent d’agacement. Rarity ressortait la même excuse, encore et toujours, sans qu’aucun des deux ne soit jamais satisfait. Et ne plus parvenir à cerner sa sœur exaspérait bien plus encore Sweetie Belle. Ce serait mal connaitre Rarity de ne pas la penser capable de faire passer son travail avant tout le reste, mais ça l’était tout autant de la penser trop froide pour ignorer ses amis ou sa famille. Elle savait faire des « sacrifices ». D’ailleurs, depuis qu’elle était avec Drawlife, il fallait quand même noter que le nombre de ces sacrifices avait considérablement augmenté, sans jamais qu’elle n’émette une quelconque plainte ou un regret, simplement parce qu’elle se réjouissait à chaque fois d’accompagner l’étalon là où sa « destinée » l’amenait.

Hors là, et ce depuis que la grande ville de Manehattan avait été évoqué en sa présence, Rarity semblait beaucoup moins enthousiaste à une quelconque activité avec Drawlife. Elle en devenait même agressive dès que l’on insistait trop longtemps. Ce revirement de comportement, Sweetie Belle ne le comprenait pas. Et quand elle ne comprenait pas, elle faisait ce qu’il fallait pour y remédier. Comme écouter aux portes.

Malheureusement pour elle, les deux licornes continuèrent ce que Sweetie Belle s’étranglait à appeler une dispute, et ça sans que la raison de tout ce tapage n’en ressorte. Pire, elles semblaient s’être rendu compte de leurs éclats de voix, et les passèrent à l’état de murmure. La pouliche dut encore enfoncer son oreille contre ce qui la séparait d’eux pour espérer comprendre quelque chose, sans que rien d’audible n’en ressorte, la laissant avec imagination et inquiétude sur l’avenir du couple comme seules compagnies.

« Ça sent pas bon …  marmonna-t-elle pour elle-même sans décoller sa tête de la porte.

- Tu exagères, ta sœur n’est pas du genre à souiller son linge. »

Par réflexe, Sweetie Belle étouffa un couinement apeuré, s’écartant aussitôt de la porte pour tenter de vainement briser toute possibilité de se faire prendre le sabot dans le sac. La seule vue de Blow Passion, dont Sweetie Belle avait bêtement oublié la présence dans la boutique, suffit à lui tirer un soufflement soulagé. La jument était apparue un panier flottant au dessus de son dos, en quête de linge à laver comme elle le faisait fréquemment pour s’occuper. Sweetie belle lui dit gaiement bonjour pensant qu’elle ne ferait que passer, mais son sourire s’effaça vite quand elle vit Blow Passion s’approcher délicatement de la porte et y coller à son tour une oreille. Le regard grave qu’elle affichait devait aussi y être pour quelque chose.

« Pourquoi tu écoutais leur conversation ? Ils ne semblent pas parler de toi, chuchota la licorne miel.

- Moi ? Rien de spécial, non. Juste … j’ai crue les entendre parler d’une surprise alors ... j’étais juste curieuse, rétorqua tout aussi bas Sweetie Belle, incertaine du comportement à employer face à celui inhabituel de la licorne miel.

- Sweetie Belle …

- Quoiii ? geignit la pouliche.

- Tu mens très mal.

- Oh allez Blow, t’as bien dut remarquer qu’ils se fricotent plus depuis quelques jours non ? »

Comme pour corroborer ses dires, la voix de Rarity augmenta soudainement de volume pour prendre un ton colérique, ce qui donna l’occasion à Sweetie Belle de découvrir tout un tas de mots dont elle n’était pas sûre d’en connaitre le sens, mais surtout d’entendre sa sœur mentionner une jument que devait voir Drawlife.

Ça y est, elle connaissait enfin la raison du voyage ! Ce n’était pas trop tôt !

Mais …, en définitive, ça n’avait rien de rassurant.

A y réfléchir, on parlait quand même d’une autre jument, et que Drawlife serait avec elle, seul, sans Rarity et en s’étant disputé avec. Encore plus anxieuse qu’elle ne l’était déjà, la pouliche voulut se recoller à la porte pour connaitre le fin mot de l’histoire, mais c’était sans compter sur la patte ocre de Blow Passion qui l’obligea à l’escorter au rez-de-chaussée. Toujours plus surprise de l’attitude sèche de la licorne, Sweetie Belle voulut se débattre contre la prise de son ainé, jusqu’à ce qu’un nouveau regard ne la convint de suivre gentiment l’escapade jusqu’à la buanderie. Là, Blow Passion ferma la porte après avoir vérifier que personne ne les avait vues, puis, adoptant à présent un air parfaitement neutre, elle passa devant une Sweetie Belle de plus en plus confuse, sortie le linge de la panière et commença tranquillement à le tremper dans la bassine d’eau savonneuse déjà préparé

« Pourquoi tu as fait ça Blow ? »

"Ça" était assez vague comme question, mais comme ce soudain stoïcisme de la part de la licorne miel ne faisait qu’en créer d’autre, n’importe quelle réponse suffisait à la pouliche, que ce soit pour les raisons qui l’avait rendu aussi sévère à l’étage ou qui avaient poussé la jument à la trainer ici.

« Sweetie Belle, je ne me permettrais pas de te juger sur l’idée que tu te fais de la relation entre ta sœur et Drawlife, et jusqu’ici j’ai tenu ma promesse de ne rien dire. Seulement, tu penses vraiment que faire des choses comme écouter aux portes va m’aider à respecter cette promesse ?

- Quoi ? Juste pour ça ? Si j’ai écouté au porte, c’est parce que je m’inquiète, Rarity n’arrête pas de lui faire la tête en ce moment.

- Je ne peux pas te dire le contraire, mais pourquoi te sens-tu aussi concernée ?

- Parce que si je ne fais pas attention, j’ai peur qu’ils ne se mettent jamais ensemble. Et puis t’as bien entendu non ? Elle a parlé d’une autre jument ! Qui nous dit qu’elle ne va pas lui piquer Drawlife ? »

Blow Passion stoppa le brossage qu’elle avait magiquement entreprit pour soupirer, alimentant d’autant plus en questions la pauvre tête de Sweetie Belle. Non mais vraiment, qu’est ce qui lui arrivait tout à coup ? Pourquoi elle était aussi froide ? Sweetie Belle ne se pensait pas paranoïaque, ça ne l’empêchait pourtant pas d’avoir une forte impression de se faire gronder. C’était idiot pourtant, elle n’avait rien fait de terrible. Et puis, ce n’est pas comme si la jument ocre n’était pas au courant. Elle savait très bien ce qu’il se passait, pas vrai ? Pas vrai … ?

« Alors c’est comme ça, tu crois vraiment qu’ils sont amoureux ? lança Blow Passion presque par surprise en reprenant le brossage,

- Ben oui pourquoi ? Tu ne le vois pas toi ? répondit Sweetie Belle, de plus en plus étonnée du déni de la jument.

- Je t’avouerais avoir pensé qu’il s’agissait d’un jeu pour toi.

- Hey ! Comment tu peux dire ça ? Ça n’a rien d’un jeu, il se passe vraiment un truc entre Rarity et Drawlife !

- Je sais que j’ai dis que je ne te jugerais pas mais … Tu n’es pas peu trop jeune pour te préoccuper de ce genre de "trucs" ? Surtout quand tu n’y es pas directement impliqué ?

- Je suis pas trop jeune ! Avec Scootaloo et Applebloom, on a déjà fait des trucs très adultes ! »

Blow Passion pouffa un rire mesquin alors qu’elle étendait une partie du linge fraichement sortit de la bassine.

« Sweetie Belle, écoute-toi ! Espionner sa propre sœur ? Tu penses vraiment qu’il s’agit d’une chose faite par des poneys très adulte ? »

L’exaspération de Sweetie Belle commençait vraiment à la chauffer au vif, déjà parce qu’on se moquait ouvertement d’elle, mais aussi parce que toute ses espérances concernant Blow Passion s’écroulaient face à son attitude actuelle. Quand elle lui avait promis de ne rien dire à Rarity, la pouliche avait pensé pouvoir compter sur elle lorsqu’éventuellement les choses tourneraient mal entre sa sœur et Drawlife. Elle pensait même s’en être fait une amie vu qu’elles jouaient parfois ensemble. Là, tout ce qu’elle voyait, c’était une énième adulte qui prétendait tout savoir mieux qu’elle ce qu’elle était sensé faire. Ce n’était pas du tout ce dont Sweetie Belle avait besoin. Pas maintenant, pas quand une autre jument allait entrer dans le collimateur du poney chéri de Rarity.

« Pense ce que tu veux, de toute façon Bloom, Scoot et moi, on a déjà des idées sur comment les mettre vraiment ensemble. Si tout ce que tu sais faire c’est te moquer de nous, alors on n’a pas besoin de toi !

- Holà ma grande détrompe toi, réfuta Blow Passion après avoir brisé son rire comme vexée, si je me fis à vos méthodes que j’ai observé jusqu’ici, toutes seules, vous galopez droit dans un mur. Crois-moi, si toi et tes amies voulez avoir une chance, vous allez avoir plus que jamais besoin de mon aide.

- Attends, quoi ? Tu as vraiment l’intention de nous aider ? Ou t’essayes juste de me décourager ? s’étonna aussitôt Sweetie Belle avec de grands yeux ronds.

- J’ai vraiment l’intention de vous aider.

- T’es sérieuse là ?

- J’ai l’air de plaisanter ?

- Ben, pour l’instant t’as plutôt l’air de faire la lessive.

- Très amusant, lancina la jument en effondrant son visage dans un air lassé.

- Ok, ok, t’es sérieuse, mais … on parle pas juste de faire un dessin ou de coudre et essayer des robes. Tu t’y connais en amour au moins ?

- Je t’en prit Sweetie Belle … »

Ce coup ci, Blow Passion parut vraiment se vexer, montrant alors sa marque de beauté d’une torsion élégante des hanches. Ce cœur léché par une brise, la petite licorne l’avait déjà vu, et avait bien évidement demandé sa signification à la propriétaire, mais celle-ci avait juste indiqué que le symbole parlait de lui-même, laissant Sweetie Belle dans des suppositions hasardeuses. A présent, et au vue du contexte où la jument l’utilisait comme argument, il semblait évident que ça avait un lien quelconque avec l’amour. Elle était un genre de Cupidon ?

« Pour tout te dire, j’ai moi aussi constatée l’attirance de Rarity pour Drawlife. Seulement, elle n’a pas l’air de s’en rendre elle-même compte. S’en est même à un tel point que ses amies pourraient le voir avant elle. Si ce n’est pas déjà le cas, supposa Blow Passion avec un rictus déconfit.

- Attends, quoi ?! Je comprends plus là, pourquoi tu m’as pas prise au sérieux la première fois alors si toi aussi tu sais que Rarity est amoureuse ?

- Encore une fois je pensais que tu jouais, et je ne voulais pas te donner des raisons de plus de continuer et risquer une bêtise. Seulement j’ai été forcée de constater que tu es une pouliche bien entêtée.

- T’es pas la première à me le dire ! précisa Sweetie Belle toute fière. Et puis de toute façon je le sais très bien que Rarity ne veut pas l’avouer qu’elle est amoureuse, depuis le temps je l’ai bien vue, et c’est bien pour ça que moi et mes amies on va tout faire pour changer ça.

- Très bien ! Tu sais ça, c’est une bonne chose. Mais il y a un autre détail qui a son importance et dont tu n’as pas l’air de tenir compte.

- Heu, lequel ?

- Tu mentionne beaucoup Rarity dans cette histoire de relation amoureuse, et venant de sa petite sœur ça peut se comprendre. Mais Drawlife dans tout ça, tu en fais quoi ?

- Comment ça qu’est ce que j’en fais de Drawlife ?

- Est-ce que tu le connais vraiment ? Ou au moins ce qu’il pense de Rarity ? Et si je pousse la réflexion un peu plus loin, es-tu sûre qu’il éprouve quelque chose pour ta sœur ? »

Du tac au tac, Sweetie Belle était prête à montrer à la jument qu’elle était loin d’être idiote et déballer tout ce qu’elle savait sur le poney chéri de sa sœur. Sauf que, pour une fois, sa réflexion passa avant ses paroles, la rendant muette comme une carpe, réalisant à l’instant qu’elle était loin de pouvoir répondre. Elle se mit alors à réfléchir plus longuement, ignorant le sourire satisfait de Blow Passion ; elle savait forcément des choses sur Drawlife, elle n’était pas bête à ce point ?

« J’ai bien fait de poser la question. La petite sœur tellement obnubilée de voir sa grande sœur avec un prince charmant qu’elle fait confiance au premier crapaud qu’elle rencontre, récita Blow Passion sur un air de poème.

- Hé, mais c’est méchant ce que tu dis, gronda la pouliche en sortant de ses pensées, Drawlife il est pas aussi moche qu’un crapaud !

- Oui, bien évidemment, ce n’était qu’une image …

- Une image ?

- Tes parents ne t’ont jamais lu de contes ?

- Ben si, duhh … Mais je vois toujours pas le rapport.

- Laisse tomber tu veux ? soupira Blow passion après s’être frotté les sinus de dépit. Laisse-moi te réexpliquer encore une fois plutôt. Drawlife et Rarity, ils se connaissent, on est d’accord. Ils apprécient d’être ensemble, ça ne fait aucun doute.

- C’est ce que je d… »

Aussitôt interrompue par une sensation pelucheuse sur la langue, Sweetie Belle recracha la serviette qui lui avait brusquement obstrué le museau, tandis que ses oreilles se penchèrent de colère en fixant la responsable. L’ainé se contenta d’un furtif mouvement désapprobateur du museau, continuant imperturbablement sa lessive. Vivement qu’elle sache se servir de sa corne.

« Est-ce que ça en fait un couple uni à vie pour autant ? Pas obligatoirement. Tu le sais peut être, l’amour entre poney, ce n’est souvent qu’une histoire d’hormones, et malheureusement les incompatibilités existent, quand bien même les caractères de chacun peuvent mener à une très bonne entente, comme c’est le cas avec eux. »

Malgré toute la fierté dont pouvait faire preuve la petite licorne, cette fois ci, elle était obligé d’admettre que Blow Passion avait choisis les bons mots, ou en tout cas assez pour que Sweetie Belle se remette enfin elle-même en question. C’était vrai, elle s’était tellement enthousiasmée en voyant tout ces petits signes affectifs que faisait sa sœur envers Drawlife qu’elle s’était laissé embarquer dans des considérations romantiques disproportionnées, sans même prêter attention aux réactions retour de l’étalon. Et maintenant qu’elle y réfléchissait, combien de fois s’était-il montré gentil envers Rarity ? Une fois avec le tableau ? Les câlins comptaient-ils vraiment ? Et les fois où il avait été méchant ? Sweetie Belle déglutit de gêne en repensant à tout ce qui s’était passé avant l’incident ; son anniversaire, les coups de sabots, ses mots méchants … A partir de ça, comment en était-elle arrivée à voir Drawlife comme le petit ami idéal pour Rarity ? Il avait bien du se passer quelque chose entretemps pour que son avis change ?

« Pourquoi fais-tu cette tête ? Je t’ai dit que je vous aiderai non ?

- Oui, tu l’as dit, mais ça change quoi ? T’as raison, c’est … enfin, maintenant que tu le dit, c’est vrai que j’ai regardé que ce qu’il était après son séjour à l’hôpital, du coup je me suis dit qu’il était un poney gentil. Comment j’ai put crut que c’était possible que Drawlife soit aussi amoureux de ma sœur ? Je l’ai pourtant vu faire des choses horribles ! Il a insulté plein de monde à mon anniversaire ! Et pire, il a même déjà essayé de tap…

- Pas un mot de plus Sweetie Belle, interrompis l’ainé d’un sabot sur la bouche de la pouliche, je ne tiens pas à en savoir d’avantage ! Si je dois connaitre ce genre de détail sur Drawlife, ce sera de sa bouche uniquement.

- Mais …

- Et puis tu t’emballes jeune fille. Je n’ai jamais insinué que Drawlife ne puisse pas aimer ta sœur, c’est même … possible que ça soit vraiment le cas.

- Quoi ?! Mais pourtant il a …

- Qu’est ce que j’ai dis ? Et puis, je ne comprends pas, jusqu’ici tu ne t’étais pas préoccupé de ces histoires, non ? D’ailleurs, depuis ce fameux séjour à l’hôpital, Drawlife a-t-il fait quelque chose de mauvais envers ta sœur ?

- Heu, non, pas que je sache. Mais c’est toi qui as dit…

- Ne t’emmêle pas les sabots Sweetie Belle. Peut être que Drawlife à fait des choses horribles, mais les poneys changent. Il a changé ! Il n’est pas du tout fier de ce qu’il a fait, je peut te certifier qu’il fait beaucoup plus attention aux autres, qu’il est plus doux, gentil, à l’écoute des autres … »

Si l’esprit fonctionnait comme une horloge, celui de Sweetie Belle aurait perdue un engrenage, figeant son visage dans une expression déconcertée. Alors d’abord Drawlife était un crapaud, et maintenant c’est le poney le plus gentil du monde ? Tout ça devenait compliqué, et elle n’était même plus certaine de sur quoi elle devait se baser. Le scandale de son anniversaire ? Ou toutes les qualités que Blow Passion énumérait mielleusement ? Au fond, la petite licorne voulait la croire, en partie pour se sentir moins idiote, mais surtout pour ne pas avoir été en tord depuis le début.

« D’aaacooord … alors… du coup, j’avais raison de penser qu’ils étaient fait l’un pour l’autre ou pas ?

- Probablement, rien n’est moins sûr. Ecoute, je ne cherchais pas a te donner tord ou raison a la base, je voulais surtout te refréner pour éviter que tu te mettes ta sœur a dos et rende ma promesse inutile. Seulement tu sembles décidée à aller jusqu’au bout de ton idée, et a ce compte là, je préfère autant que ça se fasse avec moi pour éviter des choses que tu pourrais regretter ensuite.

- Donc … tu y crois depuis le début, mais tu voulais pas que je m’en occupe ? Et maintenant que tu vois que j’y crois sérieusement aussi, tu veux toujours pas que je m’en occupe … sauf si tu m’aide ?

- C’est dans l’idée.

- Et tu va vraiment m’aider ? Vrai de vrai ? demanda la pouliche avec un espoir qui refaisais surface au fond de la gorge.

- Vrai de vrai, me le redemander toute les cinq minutes ne changera pas mon objectif, ajouta-elle avec un clin d’œil espiègle.

- Oh … et ben, je sais pas quoi dire ...

- Vu ta soudaine hésitation, me dire si tu t’arrêtes là ou si tu continue devrais suffire, quoiqu’un « merci Blow » dans ce dernier cas serait un gentil petit geste.

- Ben je sais plus trop quoi penser de Drawlife … mais je suis toujours sûre que Rarity est amoureuse de lui, alors si tu penses qu’ils peuvent être vraiment ensemble et qu’ils feront un beau couple, moi je continue !

- Ça m’aurait étonné du contraire tient, nota la jument d’un sourire amusé, et qu’est ce qu’on dit dans ce cas là ?

- Oops c’est vrai … merci Blow » se rattrapa la pouliche en se frottant anxieusement le paturon.

Les certitudes de Sweetie Belle étaient encore un peu chamboulés par ce qu’il venait de se passer, mais elle s’était quand même vite remise de son doute. C’est vrai, elle ne connaissait pas grand-chose de Drawlife, et ses amies n’en savaient certainement pas plus. Il était aussi vrai que Blow Passion semblait le connaitre depuis bien plus longtemps qu’elles. Et là, il était parfaitement clair qu’elle allait les aider, ce que la pouliche avait toujours espéré mais sans jamais oser la mettre dans la confidence. Il fallait dire que Scootaloo n’était pas très enthousiaste à l’idée qu’une grande les aide sur un truc pareil, de peur que l’on se moque d’elles. Et elle n’avait pas eu complètement tord dans un sens. Il n’y avait qu’à espérer qu’elle ne dise pas non maintenant que la proposition a été faite.

« Et maintenant ? On fait quoi du coup ? demanda la pouliche alors que Blow Passion laissait goutter le dernier vêtement.

- Je n’en ai aucune idée, lâcha-t-elle avant un gloussement.

- Blow ! T’es pas sérieuse là quand même ?

- Ne t’affole pas Sweetie Belle, rien ne presse. Pour le moment, je vous demanderais juste à toi et tes amies de ne rien concrétiser sans mon accord. De mon coté je trouverais bien quelque chose concernant Drawlife. Et puis … »

S’interrompant après avoir fait flotter puis positionné la pince à linge qui concluait sa corvée, Blow Passion émit un long grognement alors qu’elle s’étirait de tout son long comme pouvait le faire Opalescence, la seule différence se trouva être le son dérangeant d’une multitude d’os qui craquent.

« Et puis honnêtement, et bien que je ne remercierais jamais assez l’hospitalité de ta sœur, ça m’étouffe de rester à la boutique ; il est vraiment temps pour moi de changer d’air. »

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Dans toute l’histoire des poneys, en remontant jusqu’aux trois tribus séparant les races, Drawlife avait toujours trouvé celle des Terrestres des plus intéressantes. Sans ailes ni cornes, ils avaient du apprendre à se débrouiller avec les ressources dont ils disposaient, et seule la culture des denrées alimentaires les distinguait pleinement des Pégases et des Licornes. Après l’unification, l’envie de singer les autres races afin de renforcer leur principe d’égalité s’était fait sentir. Puis des têtes pensantes étaient sorties du lot, offrants aux Terrestres des merveilles dont même Licornes et Pégases n’auraient jamais imaginé possible, les montgolfières et les appareils photographiques pour ne citer que les plus fameuses. Le père de Drawlife, fier terrestre, était malgré sa rudesse un très bon exemple de cet esprit débrouillard et inventif, si bien qu’entre ce grand fermier et la ville de Canassa, l’unicorne gris pensait avoir vu suffisamment de ces merveilles pour ne plus s’en impressionner.

Hors il existait Manehattan, la fameuse capitale Terrestre, fruit de leur ingéniosité sans pareil, et preuve que même sans ailes ni magie, l’impossible ne semblait n’être qu’une barrière fragile. Canterlot pouvait rougir, et alors que son train avait franchis le gigantesque pont architectural, l’incroyable vue de la ville qui s’était offert à Drawlife l’avait obligé à admettre que ça avait quelque chose de bien plus impressionnant que de simples images dans un livre.

Y progresser aux travers de ses grands boulevards parfaitement dessiné n’enlevait rien au spectacle. A l’inverse de Canterlot et de ses bâtiments ouvragés tels des monuments des temps anciens, le squelette de Manehattan se composait d’énormes structures tout en hauteur, dont certains semblaient vouloir chatouiller les nuages. Mais il ne fallait pas lever les yeux trop hauts sous peine de se contenter d’une suite de bloc monotone et sans vie. Non, l’activité s’observait bien plus bas. Et quelle activité par Celestia ! Des enseignes partout, des panneaux publicitaires gigantesques, qu’ils promouvaient théâtre, loisir, restaurant, magasin de tout type, entreprises ; rien ne manquait, tout semblait pouvoir se trouver. Et encore plus bas, à niveau de poneys, il y avait … bien, des poneys. Beaucoup de poney. Bien plus qu’à Canterlot, bien plus actif et grouillant, une vraie fourmilière. A peine moins de tête au mètre par endroit, surtout sur les grades avenue marchandes. On se croirait dans un autre monde.

Jusqu’à il y avait encore quelques semaines, Drawlife ne s’était pas vue encore capable de poser les sabots sur les rues goudronné de Manehattan, mais il était forcé de constater qu’il se sentait bien plus dans son élément qu’il ne l’aurait cru possible. Cela était certainement du au caractère moins austère qui se dégageait des habitants, même si beaucoup portait des vêtements et des accessoires, autre témoin de la différence de culture par rapport à Ponyville. Sans l’intervention de Fancy Pants, peut être que cela n’aurait jamais put se faire. Il fallait dire que le noble lui avait trouvé une excellente raison d’entreprendre ce voyage, qui se résumait en une lettre au fond de son sac de selle que l’étalon avait déjà lut un nombre déraisonnable de fois, au point d’être capable de la réciter par cœur.

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Pour Palette Swap :

Je tiens d’abord à vous présenter mes plus plates excuses pour ne pas avoir tenu ma parole, qui demandait de vous remettre votre gain obtenu lors de l’enchère dont j’ai été le régisseur. Je n’ai malheureusement pas eu les moyens d’y remédier plus tôt.

Je me permets donc de confier cette tache à un ami qui nous est commun pour palier à mes problèmes de déplacement. L’attente aura été longue, mais ma parole n’aura pas été vaine.

En espérant que cette mésaventure ne vous découragera pas à faire profiter mes concitoyens de vos superbes œuvres.

Fancy Pants

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D’un sabot anxieux, l’étalon tata la bourse contenant le fameux gain, suspendue en un imposant pendentif à son cou. Drawlife aurait bien aimé la mettre dans son sac de selle, mais le tintement que les pièces et les joyaux effectuaient à chacun de ses pas rendait sa possession peu discrète, si bien que la garder à l’œil lui semblait plus prudent. Précaution surement idiote, Equestria n’était pas un pays réputé pour ses vols à la tire, mais cette bourse était sous sa responsabilité, et un symbole de la confiance que lui avait accordé Fancy Pants. Drawlife se connaissait, et il voulait s’assurer de ne pas faire de bêtise. Surtout si cela pouvait ruiner ces chances de collaboration avec le noble ou causer du tord à Palette Swap.

Cette ponette, Drawlife avait hâte de la revoir, le souvenir de son vernissage et de leur rencontre un peu spéciale lui avait laissé une bonne impression d’elle. Plus qu’une collègue d’art qui partageait la même vision que lui, Palette Swap avait tout pour être une bonne amie. Et c’était en partie pour cela que Drawlife avait accepté sans trop d’hésitation la requête de Fancy Pants.

Seulement, aussi agréable et enrichissante qu’avait pu être leur rencontre, il aurait fallu plus d’une après midi pour que l’étalon puisse vraiment prétendre la connaitre. S’attirer les foudres d’une jument, l’unicorne ne l’avait déjà que trop subit, et il n’était pas pressé de recommencer. Hors, les circonstances de leur séparation pouvait clairement justifier une amertume de Palette Swap à son égard. Perdre cette bourse, c’était aussi perdre toutes ses chances de conserver leur début d’amitié.

« Dit, tu vas bien ? J’ai l’impression de parler à un mur depuis tout à l’heure. »

Lâchant un grommèlement confus comme seule réponse, Drawlife releva la tête pour quitter des yeux ce fardeau qui lui causait tant d’angoisse, croisant ainsi le regard bleu glace d’Edelweiss, cette jument dont il avait fait la rencontre peu après avoir erré à proximité de la gare et qui le guidait à présent à travers Manehattan. Une aide précieuse, car il se trouvait que ni lui ni Fancy Pants n’avaient connaissance de la localisation exacte de Palette Swap, au mieux l’unicorne avait retenue qu’elle habitait dans les quartiers ruraux. La jument n’en savait bien évidement rien non plus, mais elle avait eu la gentillesse de le guider au moins jusqu’à ces fameux quartiers.

« Oh, rien, j’étais encore perdu dans mes pensées, finit-il par articuler.

- Encore au sujet de cette ponette ? Peut être que tu devrais prendre un taxi alors. Je veux dire, ce n’est pas que je ne veux pas t’aider, que l’on se comprenne bien, mais plus vite tu la verras et plus vite vous réglez vos soucie, non ? »

Il était vrai que Manehattan grouillait de ces carrosses mono-place aux couleurs jaune et noir, bien plus que dans n’importe quelle ville que l’étalon avait visité, et les terrestres qui les tractaient étaient particulièrement fort et rapide ; si Drawlife avait fait ce choix, il était d’accord avec Edelweiss pour dire qu’il serait déjà à destination. Seulement, s’il avait effectivement hâte de se débarrasser de ce fardeau suspendu à son cou, quand bien même cette hâte était freinée par la possible colère de Palette Swap, ce qui l’avait vraiment motivé à choisir l’aide d’un passant était surtout un besoin de compagnie.

Car s’il essayait d’agir comme si ça ne l’affectais pas, le fait d’avoir du voyager sans Rarity lui donnait une drôle impression. La solitude ne l’avait jamais effrayé, il la préférait même à une compagnie parasitaire. Mais la couturière avait réussi à changer ce jugement de la plus habile des manières, si bien que Drawlife avait à présent des difficultés à se passer de sa présence. C’était devenu comme une habitude, ou peut être une volonté de ne pas revenir aux anciennes. Pourquoi avait-il instinctivement choisi Edelweiss comme guide parmi la foule ? C’était assez flou, mais il se pouvait que ça ait un rapport avec son pelage et son regard incroyablement proche de son amie resté à Ponyville. Ça, plus son élégance naturelle si on omettait sa longue crinière blonde relâchée, il paraissait évident qu’Edelweiss représentait malgré elle un substitut à la couturière. Et cela, Drawlife en avait assez honte.

« Non ça ira, marcher me laisse le temps de réfléchir à quoi lui dire. Et puis honnêtement, je préfère ta jolie compagnie plutôt que celui d’un chauffeur concentré sur son chemin. »

Comme s’y attendait Drawlife, Edelweiss roucoula de plaisir à ce compliment, ce qui le fit sourire à son tour. L’étalon pensait vraiment ce qu’il disait malgré la raison qui l’avait poussé à aborder la jument au crin blond ; avec sa chance, il aurait très bien put tomber sur une mauvaise graine. Il trouvait en effet assez étonnant l’aisance avec laquelle l’alchimie entre eux deux s’était avéré bonne, tout autant que le naturel de leur discussion et leur plaisanterie, comme s’ils se connaissaient depuis longtemps. C’était une façon assez troublante de constater ses progrès socialement parlant, ce qui l’aidait beaucoup à se mettre en confiance pour sa prochaine rencontre. Si Rarity avait été là, elle l’aurait certainement félicité de son ouverture aux autres.

Enfin, ça aurait été certain avec la Rarity normale, celle avec qui l’unicorne aurait aimé faire le voyage. La Rarity du moment, elle, serait plutôt du genre à se contrarier rapidement de le voir aux cotés d’une autre jument qu’elle.

En effet, cela faisait presque une semaine que Drawlife ne savait plus comment aborder son amie ; depuis leur entrevue avec Fancy Pants pour être exact. Rarity avait agit étrangement ce jour là. Cela était peut être le cas depuis plus longtemps, mais sans l’intervention de la compagne du noble, Fleur de Lys, l’unicorne n’en aurait même pas noté l’existence. Ça n’avait l’air rien de bien méchant, des petits regards, une compréhension empathique parfois plus prononcé que d’habitude, des broutilles qui pouvaient sembler normal entre amis. Pourtant, cette jument minaude avait eu l’air d’avoir une toute autre idée de la chose, et Drawlife avait malencontreusement compris son interprétation.

Il aurait préféré que Fleur de Lys se trompe, mais d’autres signes révélateurs s’étaient accumulés depuis leur retour à Ponyville. Des sourires coincés, une tendance à écourter les discutions, des rougissements qui rivalisaient avec le pelage cramoisi de Stronghoof. Et d’autre fois, elle se faisait très caractérielle en sa présence, écoutant tout juste ce qu’on lui disait et accusant tout pour de simple bagatelle. Drawlife avait beau avoir tenté d’imaginer une autre raison, ou de nier l’évidence, il avait été contraint de prendre les faits tels qu’ils étaient, aussi gênants soient-ils.

Rarity avait ses chaleurs. Et quand au fait que ses hormones l’avaient visiblement fait jeter son dévolue sur Drawlife, celui-ci ne savait pas s’il devait être flatté ou effrayé. Ce qui était certain, c’était que ça avait le mérite d’expliquer pourquoi son amie avait tout fait pour ne pas l’accompagner à Manehattan ; avant de comprendre, le refus entêté de la licorne avait finit par énerver l’étalon, les menant bêtement à une dispute. Avec le recul qu’il avait actuellement, il paraissait évident qu’elle avait agit de la sorte pour s’assurer de ne pas se laisser submerger par ses émotions exacerbées et risquer de saboter la rencontre avec Palette Swap. S’auto exiler de toutes activités avec lui semblait extrême, mais il ne pouvait pas lui en vouloir de limiter au maximum tout risque de se retrouver dans une situation gênante, surtout avec lui.

Tant que durerait cette période, Drawlife ne pouvait aider son amie autrement qu’en suivant son exemple, se qui revenait à se débrouiller seul, comme avant qu’il la rencontre. Ça devait arriver un jour où l’autre, il n’en était plus effrayé, qui plus est il se doutait que Rarity devait vivre un calvaire bien plus pénible que le sien avec son autre amie peintre. Et puis, si cela se trouvait, peut être en riraient plus tard ? C’était ce que se disait Drawlife pour cesser de culpabiliser à ce sujet. « Chacun ses problèmes » comme le disait un peu trop souvent son père, et les siens n’allaient certainement pas se résoudre s’il se focalisait sur ceux des autres.

En se résolvant finalement à mettre de coté Rarity et Ponyville de façon plus général pour se concentrer sur l’instant présent, il remarqua que sa visite de la grande ville venait de l’amener dans une sorte de rue commerçante, mêlant aussi bien vente de victuaille et d’accessoires plus ou moins indispensable, mais le tout avec un certain luxe. C’est alors qu’une idée toute simple lui vint d’un éclair. Ouvrant magiquement son sac, Drawlife attrapa ensuite la bourse qu’il stockait séparé de celle de Palette, renfermant son propre argent. Il n’avait pas tout prit, juste de quoi pallier à des imprévus, bien qu’avec un gros plus, des fois que … Peut être était-il temps qu’il songe à leur donner une réelle utilité ?

« Dit moi Edelweiss, tu ne connaitrais pas par hasard des endroits où je pourrais trouver des cadeaux pour une jument.

- Et bien, quelque uns oui, il y en a même des tout près, mais tout dépend de combien tu peux mettre.

- Tu penses pouvoir m’éviter les bibelots avec ça ? supposa Drawlife en tendant sa bourse ouverte sous le museau de la licorne.

- Ooooh ! En effet, s’extasia-t-elle les yeux brillant d’envie, et je connais l’endroit idéal pour ça ! »

Aussitôt la jument se mit à joyeusement trotter dans la direction opposé qu’ils suivaient, prenant un peu de court Drawlife en sortant de son champ de vision. Pourtant, en demandant une pareille chose, l’étalon aurait du se douter dans quoi il s’embarquait, mais même si le lèche-vitrine n’était pas une de ses passions, il était prêt à faire un effort pour maximiser ses chances avec Palette Swap. Et puis, il ne se sentait pas encore tout à fait prêt à la rencontrer, alors si ça pouvait permettre de temporiser un peu …

Se retournant pour retrouver Edelweiss, il vit vaguement une forme blanche s’éclipser dans une ruelle plus étroite parmi le chaos de la foule. Il entama quelque pas pour la rejoindre, jusqu’à ce que la licorne ne l’appelle depuis une boutique du trottoir opposé. Il allait lui falloir devenir plus attentif s’il ne voulait pas perdre sa nouvelle collègue de shopping au milieu de tous ces poneys.

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C’était calme à la maison, pas un bruit, pas un cri, pas de sabot qui manquait de vous marcher sur la queue. Opalescence comptait bien profiter de la longue sieste qu’elle méritait après toute cette agitation, préparant son lit de fortune avec un tas de feuille que sa maitresse avait laissé là. Oh, un vrai bon lit, ou même sa panière aurait été largement plus digne, mais cette étrangère les avait tous imprégné d’une odeur piquante insupportable. C’est qu’Opalescence avait l’odorat délicat. Au moins, sa maitresse avait bien feulé sur cette étrangère.

Un sourire satisfait aux babines après s’être installé sur son œuvre, la chatte commença à fermer les yeux, jusqu’au moment où elle entendit une voix raisonner en contrebas. Ça disait le nom de sa maitresse plusieurs fois, mais ce n’était pas elle. Négligeable au début, elle se fit de plus en plus forte jusqu’à ce qu’une silhouette à la fois ronde et pointue fasse irruption dans la pièce et crapahute bruyamment, ajoutant à l’inconfort auditif du félin. C’était ce gros lézard qui était toujours dans les pattes de sa maitresse, à baver et à obéir à tout ce qu’elle demandait, tout comme le faisait ces idiots de chiens. Opalescence ne l’aimait pas, mais elle n’y fit en définitive pas plus attention ; sa maitresse était partie il y a un moment, il ne tarderait pas à en faire de même.

« Quoi, Rarity non plus n’est pas là ? » soupira le reptile non loin d’Opalescence.

Il resta alors immobile à réfléchir, bruyamment. Devenant foncièrement gênant, mais étant hors de portée de pattes, la chatte grogna pour que le gros lézard finisse au moins par remarquer sa présence. Bien évidement, cela fonctionna, après tout, sa maitresse avait bien dressé cet énergumène.

« Hey, tu n’as pas le droit de dormir là dessus ! »

Opalescence ne releva pas ; elle était sur son territoire et était libre de dormir là où ça la chantait. Mais le gros lézard ne l’entendit pas de cette oreille, coupant court à la sieste d’Opal en la déplaçant à pleine patte, sans la délicatesse de sa maitresse. Outrée d’être touché de la sorte, la chatte sortie les griffes et laboura furieusement les bras du lézard en punition, jusqu’à ce que l’absence de cri de douleur et la réduction rapide de la taille de ses griffes ne lui rappellent un détail ; ça ne lui faisait rien. Une des raisons du pourquoi Opalescence ne l’aimait pas.

« Regarde ce que tu as fait sale matou, ils sont tous froissés maintenant ! » gronda le lézard en laissant tomber le félin abruptement sur ses coussinets.

A défaut de pouvoir mieux punir le malotru, la chatte lui tira la langue du haut de la grande commode sur laquelle elle s’eu réfugié. Le lézard continua à grommeler jusqu’à ce qu’il isole une des feuilles, plus chiffonné que les autres. Opalescence la reconnue, ce n’était pas une sur laquelle sa maitresse dessinait, mais une qu’elle avait trouvé sur une table, et qui l’avait mise en furie avant de le chiffonner en boule et de partir en galopant.

Apparemment, ce papier avait le même effet sur le lézard, qui rouspéta avant de le chiffonner à son tour. Il s’en alla ensuite comme il était venu, bruyamment, allant même jusqu’à claquer la porte d’entrée, laissant ainsi la maison dans l’état qu’elle n’aurait jamais du quitter.

Silencieux, reposant, et rien qu’à elle.

Opalescence descendit finalement de son abri, grondant de mécontentement à la vue du saccage provoqué par le gros lézard. Alors qu’elle remettait en forme sa couche de fortune, elle réfléchit à tout ce qui pouvait bien causer autant de chahut pour qu’elle ait perdu autant de ses moments tranquilles. Ce n’était surement pas le grand qui avait eu droit aux soins de sa maitresse, il ne semblait pas très malin mais savait mettre ses pattes là où il faut.

Non, Opalescence jugeait plutôt que cela venait de l’étrangère, son instinct ne la trompait que rarement.

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Finalement, le shopping avait été long, très long, et usant. Peut être que si Drawlife avait été moins indécis, Edelweiss n’aurait pas eu la nécessité de le faire entrer dans la quasi-totalité des magasins du secteur, et accessoirement, n’aurait pas eu à mettre les sabots dans un magasin proposant quasi-exclusivement des accessoires vestimentaires pour juments ; Drawlife avait cru que sa tête allait exploser sous les regards des poneys présents, d’autant plus que la grande licorne n’avait rien fait pour écourter leur séjour dans la boutique. Hormis ces épisodes embarrassant, Drawlife s’était relativement bien amusé. Faire les courses à deux avait aussi permis aux deux licornes de faire plus ample connaissance, de par leur choix, leur coup de cœur, ou tout simplement en se posant fréquemment des questions sur eux mêmes. Edelweiss s’était néanmoins trouvée être plus curieuse que Drawlife, celui-ci s’étant alors retrouvé à détailler des parcelles de sa vie qu’il gardait d’ordinaire pour lui. Bien que les parties les plus sombres aient été gardés sous silence, il n'avait sentie aucune grosse gêne pour narrer son histoire. Après tout, il ne s'agissait que du passé, s'il voulait allez de l'avant, les regretter était un acte assez futile.

Et c’est avec le cœur plus léger et des cadeaux soigneusement choisis et payé qu’ils avaient reprit leur chemin à travers la grande ville, pour arriver peu de temps après à leur première destination. C’eut été alors le second dépaysement de la journée pour l’étalon.

Quand on parlait de quartiers ruraux, dans la tête de Drawlife, cela évoquait plutôt des lieux comme Ponyville ou Canassa, une sorte de bourgade à l’apparence plus ou moins diversifiée et colorée. Il fallait cependant croire que Manehattan voulait absolument montrer son unicité par rapport aux autres villes, car après avoir quitté la colonie d’immeuble que formait le centre ville, c’était une suite régulière de maisons parfaitement alignées qui s’était présenté à lui, toutes planté au milieu de grand jardin, longé par des rues bien droites et bien perpendiculaire les unes des autres, ce qui devait sûrement former un quadrillage parfait à vue de montgolfière. Ce qui avait encore plus troublé Drawlife, c’était surtout la ressemblance des maisons, pratiquement identiques si ce n’est certaines qui se payaient le luxe du choix du colorie.

Toujours fraiche malgré leur séance de shopping intense, Edelweiss s’était beaucoup amusée du béatement de Drawlife, mais heureuse de pouvoir encore se rendre utile, elle avait tenu à continuer son rôle de guide. A défaut de connaitre le lieu de résidence exact, elle avait demandé aux passants s’ils connaissaient Palette Swap, et Drawlife fut soulager qu’elle ait trouvé sa réponse au bout d’une dizaine de requête. Ce dont il ne s’attendait pas, c’était qu’ils avaient reçu ce que les Manehattons appelaient une adresse, composé d’un chiffre et d’un nom, « 7 Rue de Chantelune ». Il fit néanmoins rapidement le lien avec les nombreux panneaux indicatifs qui encadrait chaque rue, ainsi que les numéros qui ornaient chaque porte. De cette manière, ça n’avait plus été très difficile de trouver la maison de la ponette rousse, qui se trouvait être en périphérie de ces quartier ruraux, des collines verdoyantes à quelques maisons de là.

Sa maison ne différait pas des autres, la même façade blanche et le même toit rouge brique, une vision assez monotone que l’on regarde à droite ou à gauche, mais la correspondance chromatique avec sa propriétaire fit quand même sourire Drawlife. En fait, la seule chose qui pouvait garantir qu’il soit au bon endroit était le chevalet visible sur le grand perron.

« Bon, ma tâche est terminé je crois, je vais pouvoir te laisser avec cette Palette Swap.

- Tu t’en vas ?

- J’ai fais ma B-A du jour, alors j’ai bien envie de me récompenser d’un bon petit verre.

- Je comprends. J’ai quand même dut pas mal te déranger, surtout avec le tour des magasins que je t’ai un peu imposé.

- Imposé ? Noooon au contraire, ça m’a fait plaisir, je n’ai pas souvent l’occasion de le faire accompagné. Après, c’est vrai que je t’ai trouvé assez difficile avec les cadeaux.

- Je voulais être sûr de faire le bon choix, expliqua Drawlife d’un sourire gêné, et l’autre bon coté, c’est que ça m’a permis de connaitre tes goûts. »

Sous le regard confus d’Edelweiss, l’unicorne pencha sa tête vers son sac de selle pour se concentrer sur les bijoux qu’il avait discrètement acheté. C’était une paire de boucle d’oreille d’une taille moyenne, chacune mélangeant astucieusement la marque de beauté des deux Princesses equestriennes, avec une dominance de l’un ou de l’autre selon la boucle. Les yeux de la jument blanche s’illuminèrent d’étoiles d’envies à leur vue, ne laissant que peu de doute sur le succès du cadeau.

« Je n’arrive pas à croire que tu me les ai acheté ! Comment tu as su que je les voulais ?

- Tu lorgnais dessus à la bijouterie, à partir de là, ça n’était pas très compliqué de deviner. Et puis, je voulais te remercier pour m’avoir servit de guide et … du reste.

- De quoi parles-tu ? s’étonna la jument en attachant les boucles pour ensuite les tester avec des mouvements de tête.

- D’avoir su m’écouter alors que je m’était mis à te raconter mes malheurs, et de ne pas m’avoir jugées après ça.

- Oh, ça ? Pour tout t’avouer, je me suis sentit trop indiscrète sur ce coup, je pensais que tu m’en voudrais.

- Peut être au début, mais ça m’a étonnamment fait du bien d’en parler.

- Alors si simplement parler de tes problèmes peut me garantir des cadeaux aussi somptueux, je suis prête à être ta confidente officielle. »

La licorne trottina gaiement pour se positionner à la gauche d’un Drawlife intrigué, et celui-ci la vie tendre ses lèvres vers sa joue avant de se rétracter aussitôt, prenant un regard hésitant.

« Heu, je peux ? »

L’unicorne marqua un silence, hésitant encore sur l’innocence du geste. Quand il était plus jeune, les seules bises qu’il n’avait jamais reçues étaient ceux de sa mère. Depuis qu’il était avec Rarity, il en avait reçu beaucoup de cette dernière, justifié par leur amitié. Quand aux autres juments, ce geste avait tendance à devenir récurent, même Roseluck et Lily Valley lui en avait offert un quand il avait finit de les peindre. L’unicorne finit par se dire que ça devait être aussi bénin qu’un claquement de sabot entre mâle, et esquissa un sourire approbateur à Edelweiss.

« Allez, je te laisse cette fois, répéta Edelweiss après le bref contact chaud, peut être qu’on se reverra, je voyage beaucoup en ce moment. A la prochaine !

- A la prochaine oui … »

Laissé devant le jardin de Palette Swap, Drawlife observa la jument bonde s’éloigner, ressassant une nouvelle fois dans sa tête son bout de journée avec elle, et songeant à la réelle possibilité de recroiser la jument à nouveau. Cela lui semblait assez peu probable, elle disait beaucoup voyager, et lui-même semblait promis à de fréquent déplacement. Toutefois, et ce même s’il n’était pas certain de pouvoir parler d’amitié dans leur cas, il était particulièrement enjoué à l’idée de la revoir. Tout autant qu’il ne regrettait pas du tout d’avoir passé plus de temps que prévue aux cotés de cette magnifique jument.

Il fallut qu’Edelweiss sorte complètement de son champ de vision pour qu’il réalise alors qu’il était resté exactement à la même place où elle l’avait laissé, son regard aussi attiré par la jument qu’un tournesol au soleil. Ça n’était pas la première fois que son regard se perdait sur les courbures de la gente féminine. Auparavant, à une époque ou créer des liens avec autrui le rebutait, observer attentivement un autre poney n’allait jamais plus loin qu’une étude artistique, et son auto-isolation rendait la chose très discrète ou justifié. A présent qu’il voyait les autres comme autre chose que de simple modèle de peinture et se montrait un peu plus, il s’eut vite surpris à, comme ils disaient, reluquer les atouts des autres. Même si son corps disait le contraire, il n’aimait vraiment pas ça. C’était un défaut qui n’arrangeait pas l’étiquette de pervers que s’obstinait à lui coller une certaines bibliothécaire violette. S’étant vite reprit, il regarda rapidement au loin tout autour de lui si personne ne l’avait vu. Heureusement, le quartier paraissait vide.

Ou pas.

En tournant à nouveau son regard vers le croisement où il avait perdu de vue Edelweiss, il surprit une silhouette blanche disparaitre précipitamment de son champs de vision. Rien ne pouvait lui dire si elle l’avait observé ou non, mais le fait que ce ne soit pas la première fois que ce phénomène lui apparaissait l’intrigua. Pendant tout la séance de shopping ardent avec Edelweiss, il avait du faire preuves d’un sens de l’observation bien plus poussé qu’à son habitude pour ne pas la perdre de vue au milieux de la marée de poneys qui avait fluctuer dans les galeries marchandes. Et à plusieurs reprises, il avait confondu Edelweiss avec une autre ponette, et plus souvent encore avec une simple silhouette blanche. Il aurait été paranoïaque de penser qu’il s’agissait toujours de la même, et jusque là Drawlife avait laissé cette étrangeté pour une simple persistance optique du à la foule. Hors, revoir cette même silhouette dans une rue déserte devenait déjà bien plus suspect.

« J’ai vraiment l’impression d’être observé, marmonna-t-il pour lui-même.

- Hé ben, il était temps que tu t’en rende compte. »

Tirée brusquement de ses inquiétudes par cette voix moqueuse, Drawlife ne put retenir un sursaut et un hennissement surprit, ce qui fit ricaner la dite voix.

« Et ben, t’as l’air toujours aussi trouillard eummh… Drawlife c’est ça ? » reprit-on au niveau du poitrail de l’étalon.

Avant même de baisser les yeux, Drawlife devinait sans mal qui l’avait surpris. La chose étonnante par contre était le visage espiègle de la ponette blanche qui ne collait pas du tout au ton assez cinglant qu’elle employait. Elle se tenait là, devant lui, assise sur un flanc, la tête penchée légèrement sur le coté, sa tignasse rouge tombant sur une de ses épaules. Elle avait surgit de nulle part, exactement comme à Canterlot, et bien qu’étant le genre de situation qui commençait à emmêler de moins en moins l’étalon, le même nœud serrait sa gorge que lors de leur première rencontre. Comme seconde fois, il aurait espéré se comporter autrement. En tout cas, la façon de se tenir parfaitement neutre de la jument ne l’aidait pas du tout à savoir si elle était en colère contre lui ou non.

« Bonjour Palette Swap, je constate que je t’ai laissé un souvenir marquant, tenta l’unicorne après avoir longuement inspirer.

- Tu avoueras que tu ne m’as pas trop laissé le temps d’en apprendre plus sur toi. Au moins cette fois, tu as pris la peine de connaitre mon nom.

- Et bien, après le sermon que m’a fait Rarity, j’ai été bien obligé de le connaitre, expliqua Drawlife en se grattant la nuque de gêne.

- Ooooh, elle t’as fait un sermon ? annota-t-elle sur un ton idiot.

- Oui, un sermon.

- Juste un sermon ? Elle n’a rien fait de plus que te gronder comme à un poulain ?

- Non, rien de plus, je … attends, tu m’excuses, mais je ne comprends pas là ! Qu’est ce qui t’étonne là dedans ? Tu devrais être contente que je me sois fait enguirlander non ? »

Autant Drawlife s’attendait à se faire rabrouer, voir ignorer, mais être pris pour un idiot, ça lui plaisait déjà beaucoup moins. Sourcils froncés d’indignation, il toisa la ponette, attendant une explication pour son attitude étrange. Mais celle-ci ne fit rien d’autre que lui rendre son regard, toujours avec ce sourire malicieux en provocation. Puis, au bout de plusieurs secondes de silence, sans prévenir, la terrestre fit volte face, et d’un même mouvement lui envoya sa queue dans le visage, un claquement sec tel un coup de fouet résonnant suite à cela dans les oreilles de l’étalon. Rien qui ne puisse malmener le cuir de sa peau, mais cela le sonna tellement de surprise qu’il reçu sans réaction une deuxième punition cramoisi.

« Maintenant je suis contente, carillona-t-elle en claquant une dernière fois sa queue sur le flanc de l’étalon après l’avoir contourné pour entrer chez elle.

- C’était quoi ça ?

- Quoi ? Tu aurais préféré le sabot ? Ça peut s’arranger hein, mais ce n’est pas vraiment mon genre tu sais.

- Ben … je ne sais plus trop en fait, hésita Drawlife en se massant la joue.

- Allez, ne te prends pas trop le chou avec ça, part du principe que tu es pardonné. Surtout que de toute façon, j’avais vraiment hâte de te revoir. Et en plus tu tombe bien, on allait prendre le gouter ma mère et moi. »

Encore un peu groggy par ce retournement de situation, l’unicorne suivit avec une certaine distance la ponette, pénétrant ainsi dans un petit local remplie d’accessoire tel que des chapeau et des parapluie, lui-même débouchant sans transition sur une salle spacieuse, parfaitement rangé et meublé avec beaucoup de raffinement. Chaque meuble était fabriqué en bois foncés et sculptés avec d’élégante arabesque, de la toile blanc crème garnissait les coussins et le divan pour un contraste simple mais agréable à l’œil, et le verre gravé pour toute les armoires ajoutait juste ce qu’il fallait d’huppé pour ne pas trop en faire. C’était … grandiose, et assez surprenant. D’extérieur, la simplicité de la maison aurait laissé suggérer une décoration beaucoup plus modeste, dans la même veine que la plupart des chaumières de Ponyville. Même le parquet, d’ordinaire abimé par le temps et les piétinements quotidiens et lourds des sabots était parfaitement lisse et propre, à un point que Drawlife s’appliquait à chaque pose d’un sabot pour ne pas l’abimer. Son admiration des lieux retomba alors sur Palette Swap, et il eu bien des difficultés à lier cette ponette directe et quelque peu insolente avec cette ambiance beaucoup plus austère. Encore plus quand elle avait affirmé ne pas apprécier la noblesse.

« Maman, s’il te plait, sort de tes comptes, on a un invité. » réclama la ponette rousse d’un ton las.

Ah oui, sa mère était là. Quelques pas lui avaient suffit pour voir dans son entièreté ce qui semblait être le salon, pour finalement voir dans un angle ce qui de toute évidence était la scène la moins ordonné de l’endroit. Assise à une table basse, la surface en verre à peine visible au travers de multiple piles de paperasse, se trouvait une terrestre au pelage framboise, concentré au possible avec un crayon en bouche, ses oreilles ne s’agitant même pas aux bruits de sabots à quelques mètres d’elle que l’étalon et Palette Swap produisait sur le parquet. Une espèce de fourrure couvrait son cou, le genre de colifichet qui donnait une stature aristocratique aux yeux de Drawlife. Physiquement, elle correspondait déjà plus à une résidente de ce genre de maison.

A un nouvel appel de sa fille, la mère releva négligemment la tête, ses yeux du même vert pomme que sa fille ne suivant le mouvement qu’après un léger décalage, comme pour rester un maximum rivé sur les papiers. Ses yeux tombant directement sur Drawlife, celui-ci fit un petit coucou de la patte et un léger sourire, faute de savoir exactement quel genre de personne pouvait être cette jument, et donc de pouvoir adopter une attitude qui éviterait de gâcher cette première rencontre non anticipé.

« Qui est-ce ma chérie ? dit-elle d’une voix très mélodieuse en sortant le crayon de ses dents pour le ficher dans sa crinière verte.

- C’est l’artiste dont je t’avais parlé, celui que j’ai rencontré à Canterlot, tu te souviens ? haussa Palette qui avait déjà disparu.

- Ah oui, le jeune étalon qui t’a laissé en plan c’est bien ça ?

- Euh … oui, mais tu n’étais pas obligé de souligner ce détail.

- Je remarque juste que tu fait cet effet à beaucoup d’étalon.

- Maman ! »

Tel mère tel fille apparemment, cela suffit à détendre Drawlife.

« Ce n’était pas de sa faute, je suis celui qui est à blâmer dans cette histoire, intervint Drawlife en se grattant la nuque d’embarras.

- Je la taquine juste. Donc, euuumh … Drawly c’est bien ça ? Enchanté de te rencontrer.

- C’est Drawlife madame, et moi aussi je suis ravie de vous connaitre.

- Oh pitié, pas de madame en privé, j’ai assez de mes quelques crins blanc pour me vieillir, appelle-moi simplement Sonatina. » corrigea-t-elle avec un sourire bienveillant.

En dépit des apparences, la mère ressemblait vraiment à sa fille, ce qui força un sourire sur le visage de l’étalon en réponse à la sympathie de la jument rose. Déduisant que Palette était en train de préparer le fameux gouter, Drawlife se dirigea vers le premier fauteuil qui lui tombait sur la patte. Action qui fut interrompue quand il remarqua le regard soudainement neutre de Sonatina, scrutant attentivement son visage. Pensant faire une faute, il se figea, jusqu’à ce que la jument lâche finalement un petit sourire en coin avant de tourner la tête vers ce qui devait être la cuisine. Qu’est ce que c’était que ce sourire ?

« Palette ma chérie, j’espère que tu t’es lavée la queue pour faire le gouter.

- Oui maman, c’est fait, ne t’inquiète pas, ta cuisine restera bien propre, comme à chaque fois.

- Je préfère m’en assurer, prononça-t-elle plus pour elle-même avant se tourner à nouveau vers Drawlife, quand à toi, tu peux utiliser la salle d’eau au fond de ce couloir. Prend la serviette jaune pour t’essuyer. »

Sonatina replongea ensuite son museau sur ses fameux comptes, semblant oublier complètement l’unicorne qui ne savait pas trop comment prendre cette indication. Mais pour ne pas contredire un de ses hôtes, il préféra se diriger vers la fameuse salle d’eau, regardant au passage un de ses sabots pour voir s’ils n’étaient pas boueux. Rien qui ne puisse laisser des traces sur les grand tapis décorant le couloir. Pourquoi cette invitation à se laver alors ? Sa réponse vint simplement une fois qu’il eut atteint la prétendue salle d’eau. Prétendu car elle était grande, trop grande pour les standards de l’étalon. A vrai dire, elle lui faisait plutôt penser à une salle de SPA, et l’odeur persistante d’huile essentielle n’aidait pas à se défaire de cette impression. Utilisant le grand miroir fixé sur un des murs, il put alors voir sur ses joues grises de fines traces vertes dessinant des griffures comme pouvait le faire les rayures de Zecora. Il ne lui fut pas très difficile de comprendre qu’elles devaient être apparues suite aux gifles de la queue de Palette encore humide de peinture, donnant ainsi tout son sens à la remarque de Sonatina à sa fille. Soulagé de ne pas avoir fait de faux pas, il s’attela à passer de l’eau sur la figure.

Une fois son visage séché avec la serviette jaune recommandé, l’étalon fit un point de la situation. Contre toute attente, Palette Swap était visiblement issue d’une famille assez aisée, ce qui dans le fond ne changeait pas grand-chose, mais modifiait un peu la vision des cadeaux qu’il avait achetés, bien modeste. De plus, la ponette rousse avait accepté des excuses qu’il n’avait pas encore prononcées, ce qui réduisait encore leur intérêt. Devait-il quand même les offrir ? Un de ceux-ci était une boite de pâtisserie ; à défaut de son but initial, il pouvait s’ajouter naturellement au gouter qui se préparait et s’en servir d’une façon ou d’un autre pour amener à la raison première de sa venue. L’autre cadeau pouvait attendre.

Confiant de ce nouveau plan, Drawlife retourna au salon pour y retrouver Palette Swap, un plateau monté de bol fumant et quelques viennoiseries sur sa queue, en train de gronder sa mère qui était toujours le museau dans ses papiers, cette dernière se défendant de manière étonnement infantile en repoussant par des excuses douteuses le moment de ranger. La scène des rôles mère-fille inversés était suffisamment comique pour que Drawlife se fasse remarquer par son rire, faisant ainsi glousser à son tour la mère, et rouler des yeux la fille qui abandonna le combat pour tout installer sur une autre table, un peu plus haute et entièrement de bois, certainement celle qui servait d’ordinaire de table à manger. L’étalon la rejoignit, s’asseyant en face d’elle et déposant puis ouvrant la boite de friandises sucrée aux yeux de la ponette.

« Oh génial, des profiteroles, j’adore ça ! Je peux ? demanda Palette Swap à la seconde où elle les vit.

- Sert toi, c’est pour toi que je les ai acheté. A la base c’était un cadeau pour m’excuser de l’épisode Canterlot, mais bon, j’ai raté mon moment pour te les offrir en bonne et dut forme. »

Drawlife finit sa phrase, quand bien même la ponette n’avait pas attendu sa permission pour s’emparé des pâtisseries, dont deux étaient à présent fourrées dans sa bouche, bruyamment mâchées de délice. Bonne et dut forme ou pas, au moins il avait fait le bon choix, le soulageant sur ce point.

« Ben tu chais, commença-t-elle avant d’avaler tout d’un coup pour mieux articuler, si on considère ma gifle comme une punition pour m’avoir planté, on peut considérer ça comme une l’excuse de ne pas m’avoir dit ton nom.

- Tu es bien trop gentil, mais bon, je ne vais pas faire mon difficile si tu me pardonne, dit Drawlife d’un sourire soulagé.

- Hey, il n’y a pas eu mort de poney, d’accord ? Tu n’as pas besoin de te stresser autant que tu l’étais là bas. Je ne suis si rancunière tu sais ?

- Si je pouvais éviter de recommencer, ça ne serait pas un mal non plus. »

Drawlife attendit la réponse de la ponette, mais elle ne répondit que par un haussement d’épaule tout en se réservant de pâtisserie, laissant les bruits de mastication et la mélodie murmurée par une Sonatina toujours aussi prise avec ses papiers étouffer la conversation. Cela déstabilisa un peu l’étalon qui se blâma intérieurement d’être aussi naïf. D’ordinaire, quand il discutait avec Rarity, le fait qu’il fasse mine de s’apitoyer sur son sort la faisait réagir tout de suite, et il était alors facile de relancer une discussion. Seulement Palette n’était pas Rarity, toute deux n’avait pas le même répondant, malgré les taquineries récurrentes de la première. Il décida alors de laisser de coté la subtilité pour en venir au fait.

« Au fait, si je suis venue, ce n’était pas juste pour te présenter mes excuses.

- Ah ? C’est le souvenir de ma belle croupe qui t’as attiré à moi alors ? insinua-t-elle en caressant une pâtisserie sur ses lèvres.

- Hey ! »

La réaction outrée de l’étalon fit glousser Palette Swap. Encore une taquinerie pour le mettre mal à l’aise.

« D’accord …, alors déjà d’une, c’est toi qui m’a aguiché avec je te rappelle ...

- Tout de chuite les g’and mots, remarqua-t-elle en roulant des yeux et la bouche pleine.

- De deux, continua-t-il en ne relevant la remarque de la jument que par un simple rictus amusé, je ne suis pas ce genre de poney. Et enfin de trois, j’ai quelque chose qui t’appartient. »

Pensant une explication plus détaillée inutile et voulant créer un effet de surprise, Drawlife détacha la bourse de son cou et déversa une partie du contenue sur la table. Pour son plaisir revanchard, il put voir la mine ahurie de Palette Swap réduire à néant ce sourire espiègle qu’elle affichait depuis qu’elle avait commencé à le taquiner à l’entrée ; à force de la voir aussi confiante dans sa répartis, cela sonnait comme une petite victoire pour lui.

« Qu’est ce que c’est ? » fit Sonatina, nouvellement posté debout à coté de sa fille.

L’ayant presque oublié, Drawlife sursauta à l’irruption de la jument. La curiosité à l’entente des pièces et joyaux qui s’étaient entrechoqués sur la table fut surement ce qui l’avait sortit de ses comptes. Sa présence lui sapant un peu son courage, l’étalon se saisit d’un croissant chaud pour se détendre, pensant laisser ainsi son amie répondre à sa mère. Seulement, celle-ci continuait encore d’observer l’argent comme si elle voyait un fantôme nager dedans. La situation amusa moins Drawlife, qui ce demandait ce qui pouvait bien la paralyser autant. Alors que Sonatina répéta sa question d’une façon un peu moins joyeuse, une des oreilles de Palette tiqua.

« C’est le résultat d’un pari qu’on s’est fait moi et Drawlife, plaça précipitamment la ponette rousse.

- Un pari ? » répéta sa mère sur une octave très haute.

Surpris, c’était au mieux ce que le visage de Sonatina laissait paraitre. Drawlife, lui, reçue tellement mal cet aveu qu’il faillit s’étouffer avec le croissant. Enfin, un aveu … il s’agissait clairement d’un mensonge ! Qu’est ce qui pouvait bien motiver Palette pour sortir une bêtise pareille ? Etait un de ces tours pour l’embarrasser en face de sa mère, pour se venger de sa surprise ? Ne voyant bien que cette explication au vue du caractère habituellement joueur de la ponette, l’étalon espérait qu’elle savait au moins ce qu’elle faisait, car il n’avait pas besoin de don de divination pour comprendre que cette histoire ne plaisait pas à Sonatina.

Démarra alors une bataille muette, où seul les regards envoyaient des signaux, ceux de la jument rose étant particulièrement lourd d’interrogation envers sa fille, la quittant régulièrement des yeux pour scruter l’argent étalé sur la table, comme si elle si elle avait encore du mal à faire un lien entre les deux. Palette quand à elle jouait admirablement bien la fille crispé, des oreilles basses à la moue tremblante parfaitement maitrisé. Le jeu était tellement parfait que Drawlife se mettait à douter de la théorie de la blague. Aurait-il vraiment été capable d’oublier un pari dans sa fuite ? Il avait certes une mémoire des plus arbitraires, mais cette histoire allait à l’encontre de tout ce en quoi il était capable. Et cette fois là, il n’avait même pas bu !

« Drawlife, tu me confirme cette histoire de pari ? »

Mais bien sûr que non ! D’accord, il n’était peut être pas capable de se remémorer dans les moindres détails son vernissage, mais s’il y avait une chose dont il était absolument certain, c’était bien que cet argent n’avait strictement aucun lien avec un quelconque pari.

Alors pourquoi ce ne fut qu’une vague suite de mots baragouinés qu’il parvint à prononcer ? Le charisme devenu particulièrement pesant de Sonatina aurait put y être pour quelque chose, mais c’était un spectacle déroutant quelques centimètres à ses cotés qui avait brouillé son cheminement de pensée. Profitant de l’inattention de sa mère, Palette s’adonnait à une drôle de mimique gestuelle plus ou moins discrète, passant frénétiquement son sabot sur le cou, et accompagnant cela de grimace et de dents serrées, le tout lui étant clairement destiné. Le sens du message n’échappa pas à l’étalon, mais cela ne l’aidait en rien à comprendre les intentions de la ponette. Et même s’il en avait eu une vague idée, qu’espérait-elle qu’il dise à sa mère ?

Visiblement tout aussi agacé que lui de ne pas être capable de lui fournir une réponse, Sonatina lâcha un soupir avant de se retourner vivement vers sa fille, manquant de peu de voir son cirque. Elle était toutefois étonnamment calme pour quelqu’un qui s’apprêtait à passer un savon. Sa propre expérience en la matière n’était peut être pas une loi universelle.

« Il serait malvenue de ma part de te réprimander pour un simple pari, surtout quand ton père et moi en faisons autant quand l’envie nous prend. »

Elle jeta un dernier coup d’œil à l’argent, fronçant légèrement les sourcils.

« J’ai en revanche beaucoup plus de difficulté à tolérer que tu puisse utiliser l’argent que nous te confions pour les urgences comme source pour des jeux d’argent.

- Mais maman, j’étais sûre de gagner ! Et puis ce n’est pas comme si j’étais revenu de Canterlot sans l’argent que vous m’aviez prêté.

- Je ne veux pas le savoir. Tu l’as pensé et mis en application, la faute est faite. »

Drawlife aurait presque put s’amuser de voir les rôles mère-fille reprendre leur place, si rire du malheur des autres n’était pas quelque chose qui le dégoutait. Ça ne l’empêchait pas pour autant d’en vouloir aux manigances de Palette Swap, une sanction lui semblait donc bien mériter, même légère ; tant qu’il pourrait avoir des explications pas la suite, ça lui importait peu sur le moment.

Voir Sonatina se mettre soudainement à sourire le perturba tout de même un petit peu. De mémoire, jamais il n’avait vu son père ne serais que relever un coin de lèvre lorsqu’il le réprimandait.

« Techniquement, je devrais te punir pour ça. Mais bon, je dois être une mère trop gentille, alors comme c’est la première fois, j’attendrais juste de toi que tu ne recommence plus.

- D’accord, d’accord, je le promets, mais … tu ne va rien dire à papa hein ?

- Pas cette fois ci, mais je te conseille de lui cacher ça, fit-elle en pointant la bourse, et en passant, de l’utiliser pour remercier Drawlife d’être venu te l’apporter alors qu’il aurait très bien put le garder. »

L’idée même ne lui ayant jamais traversé l’esprit, quand bien même la réalité était différente, la supposition vexa un peu l’étalon. Cela du se voir sur son visage, car Sonatina lui adressant un signe discret, un clin d’œil. Mais pas n’importe quel clin d’œil, le même genre que ceux de sa fille quand elle voulait le charrier. Ce n’était vraiment pas quelque chose avec lequel il était à l’aise, surtout venant de quelqu’un de plus agé que lui. Sans trop comprendre, Drawlife eu soudainement conscience qu’il faisait assez chaud dans la grande pièce. Il envisagea quelque instant de demander à la fille ce qu’il en était, quand il remarqua celle-ci faire la même mimique oculaire que sa mère. Non, sans rire, il faisait vraiment chaud.

Au fait, maintenant qu’il faisait attention, ces deux terrestres n’étaient pas en train de le fixer ?

« Si je l’invite à un restaurant, ça te va ? proposa Palette sans quitter Drawlife du regard.

- Ce n’est pas à moi qu’il faut le demander ma grande. Drawlife ? »

Qu’est ce que c’était que ça ? La mère n’était pas en train de gronder sa fille il y avait quelques secondes ? Et puis c’était ce ton plein de sous entendu ? Elle n’était quand même pas en train de penser que … ?

Drawlife avait tout le mal d’Equestria à rester stoïque face aux regards insistants des deux juments. Il ne savait plus ou se mettre, bloqué sur sa chaise. C’est alors qu’il sentit quelque chose lui venir aux tripes, une sensation désagréable de s’être fait manipuler, un fait qu’il avait espéré ne plus jamais subir. Il se refusait malgré tout à croire que tout ceci entrait dans le jeu de Palette, c’était trop de coïncidence, surtout quand la mère, initialement destiné à être mise à l’écart, semblait faire partit de ce jeu. Pourtant, le facies lumineux de Palette Swap donnait la nette impression qu’elle prenait un malin plaisir à le maintenir dans la confusion la plus totale. Cela devenait compliqué de se voiler la face, et ça en était déplaisant. Voir ainsi Palette Swap jouer avec ses nerfs remettait fortement en doute le genre de relations qu’il envisageait avec elle en tant qu’amie.

Comprenant avec dégoût qu’il était se faisait flouer sans avoir son mot à dire, il envisagea pendant un moment d’envoyer ces deux manipulatrices se faire paitre et de simplement s’en aller. Il n’aurait rien à se reprocher d’agir ainsi, après tout, Palette avait déjà reçu et accepté ses excuses, et l’argent de son tableau avait été rendu, quand bien même elle pouvait nier sa provenance. Rentrer à Ponyville maintenant ne changerait rien à cela, et rompre leur relation n’aurait rien de très compliqué au vue de la mauvaise image qu’elle était en train de lui donner.

Seulement, fuir ainsi lui rappelait un peu trop son ancien lui, celui qui fuyait tout les problèmes plutôt que de les affronter. Qui plus est, il avait au fond de lui cette curiosité tenace envers les cachoteries de Palette Swap qui bataillait avec le dégout qu’elles lui insufflaient en premier lieu, et il était certain que s’il partait maintenant sans réponses, cela le rongerait bien trop pour qu’il puisse oublier paisiblement cette terrestre peintre qui l’eut bien réconforté lors de leur première rencontre. C’était faible, mais ces deux raisons le résolus à accepter cette invitation au restaurant, même sans entrain. Ça et …

Le soudain gargouillement suppliant de son ventre.

« Quoi ? Mon gouter ne t’a pas suffit ? s’exclama une Palette ahurie.

- C’est une très bonne chose au final ! se réjouit la mère. Profite en bien mon garçon, c’est elle qui paye, ça sera sa punition. »

D’un hochement de tête satisfait, Sonatina conclue l’affaire, profitant de sa présence à table pour se saisir d’une profiterole, et retourna à sa première occupation, chantonnant à nouveau sa petite mélodie tout en jouant du crayon, toujours avec cet entrain espiègle qui semblait caractériser la famille. Entrain qui avait cependant quitté soudainement Palette Swap, la ponette bombardant à plusieurs reprise l’étalon avec un regard outré pendant tout le temps où elle s’emparait de la bourse et piétinait en direction de la sortie, tranchant avec l’air de petite fille grondé mais confiante qu’elle avait si parfaitement maintenue jusque là. Peu réceptif à ses ondes négatives, Drawlife la suivit sans commentaires, de toute façon piégé dans le mensonge dans lequel il avait été englué malgré lui.

Ce ne fut qu’une fois dehors que Palette calma sa rancune, regardant alors tour à tour sa bourse et le ventre encore grondant de l’étalon.

« Tu ne m’avais pas dit que t’étais un ventre sur patte. Je vais y laisser toute cette bourse à te le remplir.

- Chacun son tour de subir les secrets de l’autre ma grande. » taquina l’étalon comme ultime vengeance.

Un coup de coude amical dans les cotes et un grommellement défait furent ses réponses les plus rapides.

« Je l’ai bien mérité, mais je ne pouvais pas faire autrement devant mes parents, précisa-t-elle en regardant sa maison par-dessus son épaule.

- Ça je l’avais compris, mais on était vraiment obligé d’en arriver là ? Sérieusement, cette proposition du restaurant, j’ai vraiment eu l’impression que ta mère s’imaginait un truc dans le genre diner en tête à tête …

- Ne cherche pas, c’est tout elle, ça fait un an qu’elle s’est mis en tête de me caser, alors tu penses, dès qu’elle voit un étalon à moins de deux mètres de moi, elle s’enflamme.

- Ok, donc je ne me faisais pas des idées … »

Drawlife fut vite interrompue par une faible gifle de la queue cramoisie de Palette, ce qui lui fit spontanément descendre les yeux sur la croupe rebondie de son amie. Reflexe qu’il annula rapidement sous l’effet des gloussements qui son geste avait provoqué chez la ponette.

« Oh allez, tu ne va quand même pas nier que ça t’excite un petit peu de sortir avec une joli jeune fille comme moi ?

- M’exci … qu-quoi ?! balbutia l’étalon tandis que les flammes de ses joues se rallumèrent.

- AH AH AH ! Tu es vraiment trop facile à embarrasser !

- Grmf … plutôt que de me taquiner, tu ne pourrais pas plutôt m’expliquer pourquoi tu as inventé cette histoire de pari ? Je veux dire, on a rien fait de mal, si ?

- Pas dans la rue comme ça, je te le dirais une fois au restaurant. Ça te va ?

- J’ai vraiment le choix ? »

Allongeant son sourire, Palette se contenta simplement d’accélérer sa marche, jusqu’à un trot assez soutenu qui força Drawlife à en faire de même malgré ses foulée naturellement plus grande. L’idée d’une telle accélération ne fut comprise par l’étalon que par un regard joueur de la ponette, avant que celle-ci ne décide de partir au galop dès la troisième bifurcation. Drawlife grogna, pas très entrain de réitéré le même genre de cavalcade qu’il avait subit lors du shopping avec Edelweiss.

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Quand il s’agit de gouts musicaux, chaque poney est très souvent influencé par ceux de ses parents ou de son entourage. Pour peu que la musique ne soit qu’un centre d’intérêt secondaire, la variété du lexique musical s’en trouve en plus très réduit. C’était le cas de Drawlife, qui n’avait toujours accordé qu’une oreille distraite quand l’une d’elle se faisait entendre. Restreint aux disques de sa mère joué en boucle à longueur de journée, il n’avait jamais eu l’occasion de connaitre autre chose que des balades. Découvrir une nouvelle sonorité lui avait donc naturellement fait tendre une oreille attentive. La musique que jouait le groupe de poneys sur l’estrade utilisait une rythmique agressive sans pour autant en être désagréable, entrecoupé par des partie calmes mais sonores, le tout majoritairement instrumenté par des guitares et une batterie, manipulé avec énergie et passion. L’absence de paroles troublait quelque peu l’unicorne gris, mais si on en croyait son sabot qui battait au rythme du tempo du morceau, on pouvait dire qu’il l’appréciait.

Le spectacle lui fut cependant interrompu lorsqu’une serveuse vint lui présenter un sandwich de mâche et une boisson fruitée qu’il avait commandée plus tôt, lui rappelant ainsi qu’il se trouvait contre toute apparence dans un restaurant. S’y tromper était on ne peut plus naturel, car tout le code visuel qui définissait les restaurants fréquenté par l’étalon dans le passé s’en trouvait chamboulé. Les très fréquentes toiles décorant habituellement les murs étaient remplacées par des affiches d’artistes musicaux, de concert et d’autre d’événements associés. Les tables communément rectangulaire et nappé de tissus étaient ici rondes et recouverte d’une matière épaisse et lisse, imprimée de motif thématique, on y trouvait des poufs fantaisie en lieux et place des cousins habituels, et le guichet d’accueil faisait aussi office de bar. La démarcation la plus évidente restant la piste de danse qui accueillait sur son estrade le groupe de musiciens qu’écoutait Drawlife depuis de longues minutes.

Un restaurant moderne. C’est comme ça que l’appelait Palette Swap. Moderne, c’était finalement le mot qui qualifiait le mieux Manehattan. Moderne n’était toutefois pas synonyme de bon gout, ou en tout cas pas de ceux de l’étalon au sujet de ce restaurant, quand bien même la ville l’habituait peu à peu aux singularités architecturales et culturelles qu’elle lui proposait. D’ailleurs, la simplicité de la façade du restaurant lui avait donné une espèce d’espoir en un lieu normal à ses yeux, seule la musique avait réussi à le faire rester. Ça et le fait que Palette Swap lui ai avoué y travailler à mi-temps en tant que serveuse, gonflant encore sa curiosité au sujet de la jument.

Sur le moment, Drawlife s’était mis à imaginer Palette vêtu du costume de serveuse bien connu et adopter l’attitude distingué de mise pour ce travail. Mais le service était ce qui faisait une particularité de plus dans ce restaurant, comme le montrait leur serveuse en s’éloignement vivement sur des patins à roulettes. Elle ainsi que toutes les autres chaussaient ces engins, fusant entre les tables à grande vitesse tout en gardant une bonne stabilité pour leurs plateaux de commande. Surprenant, mais ingénieux et efficace. Certaines se lâchaient même à effectuer quelques déhanchés au rythme de la musique, agitant les rubans de leur charmante tenue deux pièces, rien que pour le plaisir des yeux des clients.

« N’espère pas me voir un jour bouger la croupe comme elles, je suis loin d’être aussi à l’aise sur ces machins.

- Je pensais t’avoir déjà dit que je n’étais pas ce genre d’étalon plus tôt, non ? se plaignit Drawlife après un bruyant hennissement agacé.

- Tes yeux disent tout le contraire pourtant, taquina-t-elle.

- Quoi mes yeux ? J’aime juste admirer les belles choses, qu’elles soient vivantes ou inertes. Ça suffit à faire de moi un pervers aux yeux des juments ?

- Vu tout les belles choses que je t’ai surpris à admirer pendant notre trajet, je ne pense pas me tromper en disant que tu a une préférence pour les vivan-tes.

- Et ? Il n’y a rien de déplacé, c’est purement artistique, trancha-t-il en croisant des sabots, heureusement qu’il y en a qui comprenne ça à Ponyville. Tiens, d’ailleurs j’y pense, tu es une artiste toi aussi, tu devrais mieux comprendre que quiconque, non ?

- Peut être, lâcha nonchalamment la ponette tout en perdant son sourire malin, en attendant, quand on est invité au resto par une jument, la moindre des choses ce serait de faire un peu attention à elle, non ?

- Je croyais que cette invitation était juste une excuse pour nous éloigner de ta mère ? tenta Drawlife pour recentrer la discussion sur ce qui l’intéressait vraiment.

- L’un n’empêche pas l’autre.

- Avec toi, je me le demande.

- Roh, laisses tomber et retourne mater tes belles choses. »

Et aussi brutalement qu’elle avait commencé, Palette Swap clos la discussion. En fait, ce cinéma durait depuis presque une heure, où la jument fuyait plus ou moins habillement ce qui pourrait la forcer à se lancer dans le sujet qui intéressait Drawlife. Malgré beaucoup d’essais détournés pour l’amener sur le terrain de la confession, sa promesse de tout dévoiler se tarissait avec le temps. Déjà partiellement agacé d’avoir dut galoper dans une bonne partie des quartiers ruraux derrière elle, l’indifférence et les allusions libidineuses de la ponette rousse étiolaient dangereusement la patience de l’étalon, au point qu’il envisageait à nouveau de laisser sa curiosité au placard et de retourner à Ponyville sans demander son reste.

« Bon, si tu veux jouer à ce jeu là ... commença l’étalon en mimant de se lever.

- Je peut te poser une question ? le coupa Palette Swap sans quitter des yeux le cake qu’elle émiettait dans son assiette.

- Euh, ce serait plutôt à moi d’en poser, mais … si j’y réponds, tu me diras enfin ce qu’il se passe ?

- Ça me permettra de savoir comment te répondre à ton tour. Ça te va ?

- Pas d’entourloupe ?

- Ça va, je sais être sérieuse des fois !

- Hum. Bon, va y, pose ta question, abdiqua-t-il en se laissant tomber sur son pouf.

- Je me demande … Qu’est ce que tu penses de tout ce qu’on a vue à Canterlot ? Je veux dire, on s’est beaucoup moqué des nobles et tout ça, mais dans le fond, quelle impression ils te donnent ? »

Cette question sortie de nulle part interpella un peu l’étalon, surtout que Palette l’avait posé avec un ton et un regard qui ne laissait que peu de doute sur le sérieux absolu de sa demande. En plus de ça, avec tout ce qu’ils s’étaient échanger lors de leur vernissage, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle pourrait tirer de sa réponse.

Toutefois, avec réflexion, il devait admettre que son avis avait eu amplement le temps d’évoluer depuis leur première rencontre. Il en avait croisé d’autre de ces « nobles », pas nécessairement plus plaisant, ou même intéressant, mais différent. Seul Fancy Pants sortait réellement du lot en définitive.

« Et bien, je ne sais pas trop, avoua incertain l’étalon.

- C'est-à-dire ? »

Evidement, Drawlife se doutait que Palette ne se contenterais pas d’un avis entre deux. Même s’il n’était pas sûr de fournir une réponse concrète, il supposa que le mieux était encore d’être franc sur ce qui le rendait indécis.

« Pour être honnête, si tu m’avais posé la question les jours qui ont suivit notre rencontre, je t’aurais dit un truc dans le genre que leurs manières hautaines et pisse-vinaigre n’étaient pas du genre à me les rendre sympathique, et que devoir les mimer pour qu’ils s’intéressent à moi serait la dernière choses que je souhaiterais au monde. Seulement … »

D’un geste magique, Drawlife récupéra la lettre de son sac de selle posé à ses cotés et la tendit à Palette, celle-ci louchant de curiosité dessus en voyant le sceau aux trois couronnes.

« Je suis retourné à Canterlot il y a près d’une semaine, et ça a été bien différent de la première fois. J’y ai fait des rencontres de toute sorte, et quelques unes ont été intéressantes, notamment celui avec Fancy Pants, qui m’a fait réaliser qu’il n’y avait pas que des narcissiques chez les riches. Mais il est un cas que je trouve encore trop isolé pour que leur monde ne m’effraie plus, et c’est ce qui me retient encore d’y plonger sans réfléchir.

- Fancy Pants … c’est bien le grand blanc avec une moustache et un monocle qui avait présidé notre vernissage ? demanda la jument après avoir prit quelques secondes pour lire.

- On parle du même oui.

- Et il est si bien que ça ? ‘Fin, j’avoue qu’il avait l’air moins arrogant que les autres, mais

- C’est vrai qu’il a cet accent soigné un peu pompeux, mais c’est vraiment un poney avec qui je n’avais pas tant que ça la sensation qu’une classe social nous séparait. En plus de ça, il s’intéressait vraiment à ce que je faisais, il avait l’air de s’y connaitre dans le domaine et il n’hésitait pas à m’apprendre quelques petites choses dont j’ignorais la signification. Vraiment, c’est un chic type.

- Oh … souffla la ponette les oreilles droites montrant encore une certaine suspicion.

- D’ailleurs, il a tellement aimé ce que je faisais qu’il m’as proposé un partenariat.

- Un partenariat ? Sérieux ? Quel genre ?

- Et bien, quelque chose comme faire connaitre mon nom pour que mes tableaux se vendent plus facilement … c’est vrai que c’est assez floue quand j’y repense, il ne m’a pas expliqué les détails.

- Ah … et c’est ce que tu voulais ? Être célèbre et tout ?

- Ben en fait … non. Le coté célébrité n’est pas ce qui m’a motivé à me lancer dans l’exposition et la vente de mes tableaux, j’y voyais plutôt une façon détourné de recevoir plus d’avis sur mes dessins. Mais apparemment il faut en passer par là.

- Tu est sûr de ça ? Nan parce que ça se voit beaucoup trop à ta mine que l’idée ne te plait pas. Si vraiment tu n’aime pas ça, je ne vois pas ce qui te pousserait à continuer. Je suis certaine qu’il y a d’autres façons de recevoir l’appréciation de gens, et surement des plus honnêtes par-dessus le marché, tiqua aussitôt la ponette.

- Et bien, tu as raison, mais il n’y a pas que ça, tu l’as bien vu toi-même, malgré ce que l’on peut en dire, ça rapporte pas mal, ajouta l’unicorne en faisant brièvement léviter la bourse de Palette.

- Wow wow wow quoi ?! haussa soudainement la jument en plaquant furieusement la bourse. Alors tu serais ce genre de poneys ? Tu te forcerais juste pour de l’argent ? »

Le ton incisif de Palette figea Drawlife, qui ne put que hocher la tête pour confirmer. Il ne comprenait pas ce qui pouvait bien contrarier à ce point son amie peintre, surtout quand il prenait en compte ce qu’il avait pu observer à son domicile, à savoir que l’argent ne semblait pas être un problème. Lui devait repartir presque de zéro, et son talent allait peut être enfin lui rendre un grand service après lui avoir apporté beaucoup de raté. Qu’y avait-il de mal à ça ? Pourquoi un tel égoïsme ?

« Tu m’excusera de ne pas avoir une vie aussi saine et aisé que la tienne !

- Tchh, parce que tu crois me connaitre pour affirmer une chose pareille ?

- Non, en effet, mais je remarque justement que plus je cherche à te connaitre, moins j’ai la sensation de pouvoir te considérer comme une amie. »

Il n’en fut pas conscient immédiatement, mais en voyant le visage subitement choqué de la terrestre, Drawlife se rendit compte qu’il avait été particulièrement sec sur sa dernière phrase ; porté par sa colère, ses pensés avaient dépassé ses mots, et il regrettait déjà de s’être laissé allez de la sorte.

« D-désolé, je n’ai pas bien choisi mes mots.

- Non … tu as raison, j’ai fait trop de cachoterie ces derniers temps, il fallait bien que ça me retombe dessus un jour … confessa-t-elle après un soupir las.

- Je t’avouerais ne pas être un exemple à ce niveau … Ecoute, si vraiment tu ne veux pas me le dire, ne te sent pas obligé.

- Je comptais te le dire de toute façon donc c’est bon, mais juste … pour me confirmer une dernière chose ; c’est Rarity qui t’as poussé, encourager, guider ou ce que tu veux à vendre tes toiles ?

- Heu … oui en effet … mais comment tu le sais ? Elle te l’a dit ?

- Nope, j’ai juste deviné. Mais bon, je n’ai pas vraiment de mérite à ça. Pour tout te dire, j’ai … enfin, ce n’était pas vraiment malin de ma part de te juger puisque j’ai vécu plus ou moins la même expérience.

- Hu, vraiment ?

- Bon, tu as répondu à ma question, et tu m’as laissé en abusé un peu, alors le moins que je puisse faire, c’est que je te raconte tout depuis le début. »

Ayant enfin décidé à en dire plus sur elle, Palette se mis un peu plus à l’aise sur son pouf afin de narrer son histoire. Drawlife en fit de même et se concentra sur ses paroles, oubliant définitivement l’ambiance musicale. L’amorce se fit sur ses parents, en commençant par sa mère que Drawlife avait déjà rencontrée. Il fut surpris d’apprendre qu’elle était chanteuse de scène, louant sa voix à tout gérant de bar, club et autre cabaret. Avec un peu de déduction, cela pouvait expliquer cet accent mélodieux qui avait surpris Drawlife lors de sa rencontre avec Sonatina, un peu moins la paperasserie comptable qui avait accaparé toute l’attention de la jument. D’après les explications de Palette Swap, c’était pour aider son père, un des responsables des chantiers de construction de Manehattan. Celui-ci était rarement à la maison, mais faisait tout pour que sa famille vive bien.

« D’où le coté plutôt aisé de ta maison j’imagine, fit remarquer l’étalon.

- Exact. Mais ça n’as pas que des avantages, crois-moi. »

En effet, alors que Drawlife commençait à entrevoir la petite famille parfaite et sans soucis qui aurait bien aimé avoir, il s’avérait que les parents, soucieux de conserver ce niveau de vie, entretenait précieusement des relations avec la mondanité manehatonnienne, la fameuse « même rengaine » dont Palette avait fait allusion à Canterlot. En procédant ainsi, ils avaient put obtenir une réputation confortable, leur ouvrant quelques portes et leur facilitant ainsi les rentrés d’argent. Cela aurait sembler être une très bonne chose, mais étant donné la manière assez rêche dont la jument rousse parlait de toutes ces sauteries auxquelles ses parents l’obligeait à participer, l’étalon devinait assez bien que ce mode de vie ne plaisait guère à la jument. Se matérialisant brièvement le tableau, Drawlife n’appréciait guère ce qu’il voyait, et s’imaginer qu’il pouvait très bien subir les même absurdités s’il restait sous l’aile de Fancy Pants le fit frissonner.

« Et donc, tu penses bien, leur précieuse petite fille ne pouvait pas se contenter de n’être qu’une simple serveuse alors qu’elle sortait d’une grande école qu’il leur a couté inutilement cher, il fallait quelque chose de plus guindé. Alors quand ils sont tombé sur cette affiche parlant de cette exposition à Canterlot, ils ont tout fait pour me convaincre de tenter ma chance. Et moi comme une cruche je me suis laissé amadouer, comme toi je pensais juste montrer mes œuvres à de nouvelles tête et peut être gagner de l’argent pour ne plus vivre avec de celui de mes parents. Ça, ils m’ont bien vendu leur moulin, c’est sûr.

- A t’écouter, je pourrais presque penser que tu n’aimes pas tes parents.

- Tu penses mal, rétorqua-t-elle le museau froncé d’indignation, c’est juste qu’à trop vouloir suivre les caprices des nobliaux, ils commencent à vouloir régenter ma vie pour que je ne sorte pas de leur nouvelle étiquette, et ça sans prendre en compte mes envies. Ils sont victimes autant que moi de cette idiotie de code bourgeois, et la seule chose que je leur reproche, c’est de continuer à penser que cette mascarade va nous rendre plus heureux. »

Palette cessa soudainement de parler, peinant à maintenir son regard sur l’étalon. Maudissant parfois son attention des détails, le tressaillement des lèvres et la déglutition silencieuse de la ponette ne lui sont pas passé inaperçu, et il comprit bien que sa remarque avait malgré les dires de la ponette fait remonté des doutes qu’elle aurait préféré ne jamais avoir. Cela à eu le don de glacer drastiquement l’ambiance. Palette continua avec un peu plus de difficulté son histoire, détaillant son séjour à la capitale, expliquant avec peu de sympathie l’accueil mitigé des canterlotiens qui la mirent assez vite de coté, de ses tentatives écourtées de discuter de choses intéressantes pour elle, de la déception de voir que son tableau n’était pas évalué selon ses espérances, et finalement de son choix de laissé l’éventuel recette de son tableau à Fancy Pants.

« Lorsque je suis partit avec Rarity, mon tableau n’était pas encore vendu. Dans un sens ça m’arrangeais, je ne souhaitais vraiment pas rentrer avec quoique ce soit qui se rapporte à cette horrible expérience. C’est pour ça que je n’ai pas essayé de récupérer ça, conclue-t-elle en désignant la bourse, et j’espérais vraiment que Fancy Pants ne chercherait pas à me le rendre. En revenant chez moi sans rien, je voulais que mes parents croient que je n’avais pas eu le succès qu’ils avaient espéré, et qu’ils accepteraient plus facilement le fait que je ne veuille pas me lancer là dedans. Comme personne à part toi ne s’était intéressé à la petite nouvelle dans ce grand monde élitiste et que mes parents n’ont pas de contact sérieux à Canterlot, je pensais que la vérité serait facile à cacher.

- Jusqu’à ce que je débarque à l’improviste avec ça.

- Et que j’ai du inventer cette histoire de pari. Voilà, maintenant tu sais tout. »

Alors qu’un énième silence prenait place à leur table, Drawlife se repassa toute l’histoire pour être certain de bien comprendre. Palette Swap avait passé une majeur partie de sa vie à subir les caprices de ses parents, sans qu’elle n’ait son mot à dire ; une situation qu’il ne connaissait que trop bien, et qu’il avait résolu d’une façon à la fois très simple et très lâche. La seule différence avec lui, c’était que Palette avait été assez forte pour encaisser cette misère, et même mieux, elle avait dirigé sa colère contre ce qui était de toute évidences le vrai problème : la bourgeoisie. Elle aimait ses parents malgré leurs erreurs et le fait qu’ils ne les réalisaient pas, et c’était certainement ce qui lui avait permis de garde la tête froide afin de devenir cette ponette pleine de vie, qui pour seul travers aimait tourmenter les pauvres étalons peu sûrs d’eux comme lui. A partir de là, il lui était plus facile de comprendre pourquoi elle avait eu un œil mauvais sur le fait qu’il puisse envisager de s’immerger dans la noblesse malgré tout ce qui le rebutait.

Malgré cela, son opinion sur son avenir n’avait aucune raison de changer, quand bien même son point de vue avait quelque peu évolué. En revanche, l’admiration de la vie mené par Palette fragilisait quelques portes contenant son passé qu’il avait tant bien que mal cloisonné pour ne plus être tourmenté. Des questions surgissaient, principalement sur ce qu’il se serait passé s’il avait eu la même force d’âme que cette ponette, s’il avait su chercher le réconfort plutôt que de s’aveugler par tout ce qui pouvait le torturer ? Peut être que tout ses malheurs ne serait jamais arrivé, et peut être même que sa mère …

« Hey, Drawlife ! Tout va bien ?

- Hein ?! Heu, oui-oui, je … je me disais juste que mon comportement chez toi était un peu déplacé maintenant que je sais de quoi il en retourne.

- Ben, tu sais, je ne suis pas blanche non plus, il y avait sûrement une meilleure solution pour résoudre mon problème, alors ...

- Peut être, mais en y réfléchissant, je n’aurais surement pas aussi bien improvisé, j’ai toujours été plus doué pour me carapater, remarqua Drawlife sur un ton plus décontracté.

- Ça je l’ai bien vue, confirma la ponette entre deux ricanements nerveux, et au passage, ton histoire de magasin était vraiment bidon. Je ne comprends pas comment j’ai pu me laissé avoir, c’était tellement amateur.

- Et encore, tu aurais du me voir lutter pour sortir par la lucarne de la salle d’entretien ! » ajouta-t-il contaminé par l’hilarité de la jument

Il ne fallut pas longtemps pour qu’une paire de rire joyeux résonne à leur table, attirant les regards étonnés des clients voisins. Mais ils s’en souciaient peu, plaisanter de leur situation leur donnait enfin une bonne raison de relâcher la pression qu’ils s’étaient infligés depuis qu’ils étaient partis de chez la ponette blanche. Et puis, cela permit aussi à Drawlife de dissiper le nuage noir qui recommençait à étouffer son cœur alors qu’il ressassait son passé: il lui était inutile d’en vouloir à un quelconque « destin » de l’avoir puni pour ses mauvaises décisions. Quand bien même cela avait pu être particulièrement dur à encaisser, il serait idiot de sa part de ne voir que l’obscurité, alors qu’une magnifique lumière sous la forme d’amis qu’il ne remplacerait pour rien au monde illuminait ses journées, sans compter un projet d’avenir qui, même si encore incertain, lui permettrait de rembourser ses antécédents chaotiques.

En tout cas, pour Drawlife, cet épisode lui avait au moins permis de renforcer son amitié avec Palette Swap. Elle avait beau être maladivement taquine, cela faisait malgré tout partie de son charme, c’est même ce qui lui avait permis de se confesser sans éprouver un quelconque remord. Une très bonne confidente en somme.

Leur séjour dans le restaurant se poursuivit alors, bien qu’ils aient depuis un moment cessé toute activité gastronomique. En fait, ce qui n’était à l’origine qu’une excuse pour fuir la mère de Palette s’était finit comme une vrai sortie entre amis, chacun écoutant ensemble les musiques qui s’enchainaient, Palette racontant tout ce qu’elle savait au sujet des poneys composant le groupe et l’histoire de leur création, et Drawlife s’abreuvant de tout ce qu’elle pouvait lui enseigner sur le sujet. Le style musical qu’elle appelait le rock était quelque chose qui s’avérait beaucoup l’inspirer, tant et si bien qu’au bout d’un moment, il avait sortit un calepin pour prendre des notes et tenter quelques esquisses sous les yeux émerveillés de son amie. L’ambiance était gaie et l’unicorne gris n’avait que très peu envie d’écourter ce moment.

« Dites, je peux vous déranger quelques petites secondes tout les deux, demanda leur serveuse qui s’était rapidement approché d’eux grâce à ses patins.

- Moi tu ne me dérange pas Magnolia, intervint Palette alors que Drawlife restait penché sur un croquis assez complexe, quelque ce qu’il y a ? On est là depuis trop longtemps ?

- Non non du tout, en fait je venais juste vous prévenir que vous avez de la visite. »

Trop concentré sur son dessin, Drawlife ne nota pas les dires de la serveuse, ni même la réaction étonné de son amie qui s’en suivit. Il fallait dire qu’il n’était pas loin de cette transe étrange qui le prenait quand un sujet l’inspirait beaucoup, le coupant partiellement du monde extérieur. Ce ne fut que lorsqu’un sabot blanc s’interposa entre son crayon et son croquis qui daigna relever le museau pour voir une Palette Swap avec son indécrottable sourire malicieux.

« Dit voir Drawlife, maintenant que j’y pense, c’était qui cette licorne blonde tout à l’heure ?

- Tout à l’heure … ?

- Ne fait pas l’innocent, nargua la ponette tout en se posant la tête sur ses deux pattes, je vous ai vu depuis ma chambre juste avant que je ne descende te filer les chocottes.

- Oh, tu veux parler d’Edelweiss ?

- Sûrement, c’est une amie à toi ?

- C’est peut être un peu tôt pour l’affirmer mais je me suis très bien entendu avec elle, donc personnellement j’espère bien.

- Tu as la côte avec les juments en tout cas.

- Hum, euh, pourquoi tu dis ça ? fit-il en grattant sa joue rougissante, pensant à la bise d’Edelweiss.

- Une intuition ... lancina-t-elle avec un regard insistant derrière l’étalon.

- Hein ?! »

Avant même de pouvoir prononcer un mot de plus, Drawlife cracha tout l’air nécessaire pour les prononcer tandis qu’il fut bousculé en avant, suite à une percussion digne d’un sac de farine qui lui aurait été jeté sur le dos. La seconde d’inconscience du au choc lui laissa alors tout juste le temps de voir de grandes pattes blanches effilées l’enlacer avant qu’une voix familière ne lui vrille ses oreilles engourdies.

« Drawlife ! Ça me fait vraiment plaisir d’entendre que tu puisses me considérer comme une amie !

- Ed-Edelweiss ? C’est toi ? bredouilla l’étalon abasourdit alors qu’il se redressait pour laisser de l’espace à ses poumons.

- Bien sûr, qui d’autre ? Oh, vous par contre, vous devez être Palette Swap, je me trompe ?

- C’est bien moi, une autre amie de Drawlife. Bien que … je n’en suis pas encore aux câlins. »

Bien qu’il comprenait très bien le sous entendu de la pique de la ponette, Drawlife ne préféra pas réagir, en particulier parce qu’il ne souhaitait pas risquer d’entrer dans un jeu de taquinerie. Il écourta tout de même l’embrassade spontanée d’Edelweiss, ce qui n’empêcha pas Palette de pouffer pour elle, sous le regard interrogatif de la licorne blonde.

« Et bien Edelweiss, je ne pensais pas te revoir si tôt.

- Moi non plus, affirma-t-elle en pointant du regard l’horloge du restaurant, d’ailleurs à cette heure ci je devrais être sur les rails en train de regarder le paysage Jumentvillien.

- Qu’est ce qui t’as retenu ici alors ?

- Pas quoi mais qui ! Une amie à toi t’attendais devant la gare, et je lui ai proposé de te retrouver dans notre belle jungle manehatonienne. Il faudra que je me fasse guide officiel un jour.

- Une amie ? Je ne vois pas qui …

- Bonjour Drawlife.

- … ça peut bi-B-Blow Passion ?! »

Surgit de derrière la grande silhouette d’Edelweiss, la licorne au pelage d’or se présenta devant Drawlife, son léger sourire habituel qui la rendait extrêmement calme par rapport à l’étalon qui resta pendant un moment bouche bée devant l’impensable de la situation. Depuis qu’il l’avait accueilli à Ponyville, Blow Passion n’avait encore jamais émis la moindre volonté de quitter la petite ville tranquille. Quoiqu’en y cogitant un peu, ses refus de déplacement avaient toujours ciblé Canterlot. Mais quand bien même, la surprise restait de taille pour l’étalon.

Et apparemment, la surprise n’était pas moins présente chez Palette Swap, qui n’émettais pas plus de son que Drawlife bien qu’elle adoptait un air plus tranquille.

« Et bien et bien, je vois que la surprise fait de l’effet, nota Edelweiss dans un souffle d’étonnement.

- C’est une réaction que je provoque souvent chez Drawlife, expliqua avec amusement la licorne miel.

- J’imagine assez bien vu ce que je sais de lui, acquiesça-t-elle avec un large sourire. Bon, je vais vous laisser, mon prochain train n’est dans pas très longtemps, et celui là je ne souhaiterais pas le louper.

- Désolé pour le dérangement Edelweiss et encore merci.

- Oh ce n’est rien, ça a été un énorme plaisir de te rencontrer Blow Passion. »

Le départ d’Edelweiss réveilla partiellement Drawlife, ne lui laissant que l’occasion de donner ses dernières salutations sans être certains d’avoir été audible par la licorne. Se sentant un peu bête, l’unicorne chercha du regard son amie peintre pour voir si elle gérait mieux la situation que lui. A en juger par ses regard plus fréquemment posé sur lui que sur Blow, Palette Swap ne devait pas mieux savoir que lui quelle attitude employé face à cette irruption inattendue. Laissant trainer un moment de silence, ils finirent par grimacer d’embarras.

« Bon … hésita la terrestre

- Voilà voilà … enchaina l’étalon avec autant d’assurance.

- Et bien, commença Blow Passion avec un petit rire discret, je m’excuse de m’imposer comme cela à l’improviste, je dérange peut être votre tête à tête ?

- Heu … pas vraiment, c’est juste que … bredouilla Drawlife avant d’avoir pu trouver une phrase intelligible.

- Je ne pense pas que l’on puisse appeler ça un tête à tête, donc techniquement tu peux rester, intervint Palette Swap d’un ton beaucoup plus serein que l’unicorne.

- Oh, pourtant Sonatina m’a certifié du contraire … nota d’un ton candide la licorne en tapotant son menton du bout d’un fer.

- Rofl, mais de quoi elle se mêle ? »

La réaction de Palette suffit à réanimer un peu Drawlife, fasciné de la voire se plaindre d’une situation qu’elle avait elle-même provoqué ; cela lui tira même un bref sourire. L’idée de lui rendre quelques unes de ses taquineries lui traversa momentanément l’esprit, mais il fut interrompu par Blow Passion qui avait déjà fait le tour de Drawlife pour chercher un pouf de libre, avant de murmurer un son plein de sous-entendu lorsqu’elle se rendit compte que la table n’était équipée que pour deux poneys.

C’était la deuxième allusion, et Drawlife devinait sans enthousiasme ce qu’elle cherchait à faire. Palette l’avait aussi remarqué à en juger son museau froncé et sa queue légèrement battante.

« Tu veux qu’on aille chercher un autre pouf peut être ? décocha la terrestre en réponse au manège de la licorne.

- Non, ça ira merci, Drawlife va bien me faire une petite place, mmh ? »

Blow Passion n’aurait guère eu besoin de demander, car sa place avait déjà été préparée par l’étalon, les poufs étant assez large pour accueillir deux croupes de poneys pour peu qu’ils se serraient un peu. L’attention fut observée d’un regard étonné de la ponette, chose que Drawlife trouvait assez surprenant. Pour lui, ça n’avait été qu’un reflexe, guidé par un genre de code qu’il avait naturellement assimilé lorsque lui et Blow Passion s’asseyait au même endroit ; la licorne avait en effet ce tic de passer derrière lui, tel un chat qui ferait le tour de sa panière lorsqu’elle voulait s’assoir caler contre lui. Il ne s’était jamais posé la question si c’était une chose normale ou pas, Blow Passion étant une jument assez tactile, il s’était habituée au fait qu’elle se colle à lui la plupart du temps où ils sont ensemble. Un reste du réconfort qu’il lui avait apporté au tout début était une réponse qui l’avait toujours contenté.

Seulement cette fois, Drawlife reconnaissait que la chose semblait moins normale, car Blow Passion se serrait plus que d’ordinaire contre son flanc et son épaule. Suspectant de ne pas lui avoir fait assez de place, il se décala une nouvelle fois, seulement pour que la licorne ne réagisse à son geste poli par un nouveau rapprochement, se blottissant encore plus confortablement, lâchant même un soupir d’aise. Et si l’imagination de l’étalon n’était pas en train de lui jouer des tours, il aurait juré entendre un ronronnement.

« Quelque chose ne vas pas ? demanda Drawlife un peu gêné par la situation.

- Il faisait juste un peu frais dehors. » répondit-elle en frissonnant pour imager ses propos.

Peut être qu’il se posait des questions pour pas grand-chose après tout. Il n’empêchait que Palette Swap, elle, fixait toujours les deux amis avec des yeux à présent mi clos, rappelant à l’unicorne platine ces regards agaçants des Ponyvilliens lorsque lui et Blow Passion étaient ensemble. L’ignorance avait toujours été son mot d’ordre dans ces circonstances, seulement si le comportement un peu trop câlin de son amie au pelage miel perdurait, il sentait qu’il ne resterait pas stoïque bien longtemps. Puis il réalisa soudainement une chose.

Drawlife avait remarqué avec le temps que quand la licorne miel avait affaire à une autre jument qu’elle ne connaissait pas, elle se mettait à la tester, et ça de manière assez varié ; ça pouvait allez du simple jeu verbal aux contacts physique choisit pour déstabiliser au mieux sa victime. L’étalon avait finit par se dire que c’était une façon à elle de faire connaissance, que ce n’était qu’un jeu, surtout que jusque là, ça ne s’était jamais mal finis malgré les premières craintes de l’unicorne, si on omettait Pinkie Pie avec laquelle Blow avait perdu à son propre jeu.

Seulement cette fois, c’était avec Palette Swap qu’elle semblait essayer de jouer, hors cette terrestre disposait d’un tempérament et d’une jugeote qui pourrait très vite faire déraper le jeu. Drawlife n’avait aucune envie de savoir comment cela pourrait se terminer s’il les laissait faire.

« Heu, dit voir Blow, comment vous êtes parvenue à vous croiser Edelweiss et toi ? » demanda précipitamment Drawlife pour interrompre tout début de débordement.

C’était peut être lancé sur le vif, mais après coup, cette question l’intéressant vraiment ; Manehattan était une grande ville et ça lui semblait un peu fou qu’elle se soit juste croisé par le fruit du hasard.

« Un simple hasard de circonstance. »

Apparemment si.

« Elle est venu prendre un rafraichissement dans le même café où moi-même j’attendais ton retour. Suite à deux bonnes minutes l’une à coté de l’autre elle a ouvert la conversation, et de fil en aiguilles, on en est venue à parler de toi.

- Et toi qui me disais ne pas aimer la popularité ! » lança Palette Swap sur un ton soudainement railleur.

La pique fit aussitôt réagir Drawlife, qui lui lança un regard noir mais embrumé par un visage teinté de rose. C’était exactement ce à quoi il s’attendait de la part de son amie au sang chaud, et c’est aussi exactement ce qu’il voulait éviter. Ce genre de réaction ne pouvait qu’attiser l’envie de « jouer » de Blow Passion, et il n’avait aucune envie de voir jusqu’où ce genre de joute verbal pouvait aller.

Toutefois, Blow sembla ne sembla rien noté, à son plus grand soulagement.

« Comme cela faisait un long moment que je patientais, continua Blow Passion sur le même ton narratif, Edelweiss s’est alors proposé de me guider à toi. Nous sommes donc d’abord passé chez Sonatina, qui ensuite nous à aiguillé jusqu’ici.

- Et donc, heu … tu as fais ce voyage jusqu’ici juste pour me voir ? Ça aurait été plus simple de m’attendre à Ponyville non ? Je serais revenue ce soir au plus tard.

- Je voulais simplement te faire une surprise. Elle ne te plait pas ?

- Si, si, bien sûr, se rattrapa Drawlife en voyant la moue de son amie, c’est juste que je ne m’y attendais pas.

- C’est le principe d’une surprise, non ? souligna Palette Swap tel une institutrice. Cacher quelque chose à quelqu’un pour lui soutirer une tête hilarante lorsqu’on la lui révèle. Et je dois dire que tes têtes son particulièrement fun à voir, finit-elle par ajouter en lâchant un rire.

- Tu veux parler de tête surprise ? riposta aussitôt l’étalon médusé d’être pris pour cible par les remarque de la ponette. Tu n’en menais pas large non plus quand je t’ai donné ça.

- Minute, ce n’était pas pareil ! Ça aurait pu me causer du tord cette histoire. Et puis ce n’était pas prévu dans mon plan que tu viennes pour ça.

- C’est le principe d’une surprise, non ?

- Grmph … C’est malin … » bougonna-t-elle les joues gonflées.

Sujet à une fierté revancharde difficilement contenu, Drawlife élargissait un sourire faussement arrogant pour appuyer sa victoire sur la ponette à son petit jeu. Cela faisait longtemps qu’il attendait une occasion de pouvoir lui faire payer toute ses taquineries embarrassantes, et elle tombait plutôt à pic, lui permettait de détourner l’attention de Palette. Mais sa joie s’interrompit vite à l’entente du rire minaudé de sa voisine, ce qui ruina son action en attirant aussitôt l’attention de la jument rousse.

« Qu’est ce qu’il y a de drôle ? lâcha agacé la ponette blanche.

- Rien d’extraordinaire, si ce n’est que de toute évidence, vous feriez un très beau couple tout les deux, déclara Blow Passion en penchant la tête sur le coté opposé à Drawlife.

- A bon ?! s’exclamèrent à l’unisson les deux autres.

- Vous ne trouvez pas ? Vous faite pourtant preuve d’une étonnante complicité, on peinerait à croire que votre rencontre est tout récente.

- Et c’est un souci ? rétorqua Palette Swap.

- Pas du tout au contraire, il serait d’ailleurs hypocrite de ma part d’en faire un reproche alors qu’il s’est passé à peu près la même chose entre Drawlife et moi. N’est ce pas Drawlife ? demanda-t-elle en se collant de nouveau à lui.

- Heu … oui, on est devenue amis assez vite. Enfin, si c’est ce que tu veux dire.

- Quoi d’autre ? Ah, au fait, ce n’est pas grand-chose mais la remarque de ton amie me fait penser à une chose.

- Quelle remarque ? insista la terrestre.

- Celle pointant la popularité de Drawlife. Quand on observe bien, on remarque que tu t’es fait beaucoup de rapports amicaux avec les juments de Ponyville en assez peu de temps. Découvrir qu’en une journée tu possède déjà deux nouvelles amies à Manehattan, n’est ce pas digne d’un Don Jument ?

- Ooh, un Don Jument, carrément ? lancina Palette en reportant son regard circonspect sur Drawlife.

- Ne la prend pas trop au premier degré Palette, elle exagère toujours quand il s’agit de moi. »

Le gloussement émis aussitôt par Blow Passion coupa toute possibilité à l’étalon d’émettre une défense crédible, l’empêchant de faire dériver la conversation qu’il voyait dangereusement se focaliser sur lui.

« Tu devrais être plus attentif à ce qui t’entoure Drawlife, tu intéresses beaucoup plus de jument que tu ne veux bien le croire.

- Blow Passion, s’il te plait … supplia-t-il.

- Bon hé, on va peut être un peu arrêter de parler des conquêtes de Drawlife, non ?

- Mais il a jamais été question de conquê … !

- C’est vrai, je me suis laisser emporter, coupa la licorne tout en se redressant sur ses pattes, d’ailleurs, je réalise avoir une petite affaire plus urgente à régler. Drawlife, tu me prends une petite chose à grignoter ? Tu connais mes goûts depuis le temps, je te fais confiance. »

Drawlife, le museau profondément enfouie dans ses sabots, ne prêta même pas attention à la demande de la licorne, trop honteux de toute cette mascarade qu’elle lui avait fait subir. Il n’arrivait pas à croire qu’elle ait put à ce point là l’impliquer dans son jeu, jusque là ça n’était arrivé. Il se demandait même si Palette n’avait été qu’une seule seconde prise pour cible. Même alors que Blow Passion avait certainement rejoint les sanitaires, il n’osait toujours pas relever la tête, craignant d’affronter le regard de Palette, elle qui l’avait déjà tant chambré sur ce sujet qui semblait lui coller à la peau. Quand allait-il pouvoir se débarrasser de cette réputation de coureur de croupons.

« Je n’aurais pas aimé être à ta place. » murmura la ponette sur un ton étonnamment compatissant.

Oh ? Elle n’avait peut être pas l’intention d’enfoncer le clou finalement.

« Ouais, c’était vraiment le malaise, confessa Drawlife en relevant péniblement la tête, les présentations sont souvent perturbantes avec elle mais là …

- C’est bizarre, parce que je m’attendais vraiment à prendre plus que toi.

- Tu … ça ne te choque pas ?

- Je ne suis pas aveugle tu sais, j’ai bien vue quel genre de jument elle était à la seconde où elle à posé sa croupe contre le tien. J’en ai vue plein des comme elle dans les mondanités où me trainait mes parents, alors bon …

- Elle a vécu dans la haute société, donc ça peut s’expliquer. Mais je t’assure, elle est bien plus avenante quand on la connait mieux.

- Avenante, oui, je veux bien te croire, après tout, vu tout le troupeau de jument que tu semble avoir, tu dois être bien au fait de la signification de ce mot.

- Hey, je croyais qu’on avait assez parlé de mes relations ! » haussa soudainement Drawlife.

Curieusement, Palette se rétracta plus facilement que d’habitude, elle qui d’ordinaire profitait toujours de ce genre de réaction défensive pour le titiller d’avantage. Cela permit néanmoins à Drawlife de reprendre son dessin en cours pour meubler l’attente du retour de Blow Passion. Il l’avait presque finit, et il savait que ça le rongerait longtemps s’il ne le laissait tel quel.

Mais le silence entre eux instauré de force n’était pas si reposant, car du coin de l’œil, il pouvait voir son amie rousse se tortiller sur son pouf, continuant de grignoter sa charpie de cake sans conviction. Une question la taraudait, c’était évident, et ça brisait la concentration de l’étalon qui ne pouvait s’empêcher de vouloir deviner laquelle.

« Ton amie mentirait alors ?

- Mentir ? A quel sujet ?

- De l’intérêt que te porte des Ponyvilliennes.

- Non ! Elle ne m … enfin … rah, il ne faut pas interpréter brut ce qu’elle dit ! Oui c’est vrai, j’ai attiré l’attention de pas mal de Ponyvilliens, garçon ou fille soit dit en passant, mais pas pour les bonnes raisons, et les poneys avec qui j’ai une bonne entente sont moins nombreux que mes sabots.

- Pas de bonnes raisons, c'est-à-dire ? Tu leur as fait quelque chose de si terrible pour être si peu apprécié ?

- Et bien … assez terrible oui, hésita Drawlife en comprenant qu’il s’égarait de trop, mais heu … j’essaye de rattraper ça en étant plus amical avec les autres, et c’est ce qui a du induire en erreur Blow Passion.

- Et c’est quoi cette chose terrible ?

- Quelque chose que tu n’aimerais pas connaitre de moi.

- Tu n’exagère pas un peu ? Je suis une grande fille tu sais.

- Je n’en doute pas mais … en fait, c’est surtout que j’aimerai ne plus avoir à m’en souvenir.

- Oh, je comprends … ce n’est pas évident de parler de son passé. »

Que Palette n’essaye pas de creuser la question plus loin, Drawlife l’en remerciait intérieurement. Même assumé, devoir faire remonter ses erreurs du passé pour pouvoir les raconter lui était toujours pénible. Pourtant … il le sentait bien, la terrestre ne lui avait pas dit cette dernière phrase par pur politesse. D’ailleurs, dès qu’il relevait le museau vers Palette, celle-ci détournait rapidement les yeux de lui, pour presque aussitôt retenter de lui faire comprendre quelque chose d’un regard ; de la déception, et une frustration bien évidente. Et c’était parfaitement compréhensible. Après tout, il avait insisté pour connaitre une partie de son histoire, elle avait généreusement raconté une grosse tranche de sa vie. Et alors qu’elle tentait d’en faire autant, de façon plus fine que lui, qu’est ce qu’il lui offre en retour ? Une barrière. Ni gentleman, ni même digne d’un ami.

Mais il n’y arrivait pas. C’était simplement un manque de confiance. Pas envers Palette, il ne se le permettrait pas, mais bien envers lui-même. Il avait beau se dire que son passé ne l’empêchait plus d’avancer, ce qui était en partie vrai, l’idée de devoir s’en remémorer lui était encore particulièrement désagréable. Et à ce sujet là, tout le monde était logé à la même enseigne, y compris ceux connaissant ses horribles erreurs, ceux-ci ayant reçu comme supplique de ne pas en parler. C’était purement égoïste, il en était conscient, mais il espérait que sa nouvelle amie pourrait accepter ça.

« Palette, je …

- Elle en met un temps ton amie, tu devrais peut être allé voir ce qu’elle fait ? »

Comme giflé par ces mots, Drawlife se sentit encore plus mal que si elle s’était juste contentée de lui crier dessus. Mais il se contenta de courber l’échine, sachant très bien qu’il ne faisait que récolter les fruits de sa lâcheté, même s’il aurait préféré que ça se fasse dans d’autre circonstance, de façon moins brutale. Il ne pouvait plus faire grand-chose à ce stade, si ce n’était prier pour ne pas avoir brisé une amitié auquel il comptait beaucoup. Ou se rappeler … ce qu’il ne pouvait pas, ou ne voulait pas, il n’en était plus certain.

Sans un mot de plus, l’étalon suivit la consigne de Palette Swap, pensant peut être trouver un soutien de la part de Blow Passion. Avec elle, ce genre de déception n’avait pas eu lieu d’être, car elle non plus n’avait aucun désir de se remémorer son passé à Canterlot ; chacun avait ainsi accepté le désir de l’autre et était passé à autre chose. Bien évidement, ça ne resterait sûrement pas éternellement ainsi, un jour l’un d’eux aura le courage de se confier, ce qui aidera probablement l’autre à en faire de même, et ce jour là, Drawlife aura fait un grand pas. Mais pas aujourd’hui.

Longeant le couloir isolé de la salle principale, l’étalon remarqua assez vite les portes menant aux toilettes. Le fait qu’il y ai justement plusieurs portes le fit tiquer sur le moment, jusqu’à ce qu’il remarque que sous chacune des deux écriteaux indiquant qu’il s’agissait bien des sanitaires trônait des icones différentes. L’un représentait une tête de poney à la crinière courte plutôt simplifié, tandis que l’autre symbolisait une crinière plus longue et ce qui ressemblait à de long cil. La distinction étalon et jument se fit assez vite dans la tête de Drawlife, et il comprit donc que les toilettes ici n’était pas mixte comme ceux qu’il avait pu voir à Canterlot lors de l’exposition. Du coup, il ne pouvait pas entrer pour voir ce qui retardait son amie.

En temps normal, ce genre d’imprévu l’aurait agacé, mais suite à sa précédente discutions houleuse, il prit cela comme un bonne excuse pour laisser Palette seul un petit moment et s’assit tranquillement à proximité de la porte.

Les secondes passèrent sans que rien ne se passent, nourrissant l’attente nerveuse de l’étalon, jusqu’à ce qu’un bruit curieux n’arrive à ses oreilles. L’espèce de craquement sourd ne lui était pas inconnue, mais faute d’attention, il n’arrivait pas à mettre l’explication sur le phénomène sonore. Prit de curiosité, Drawlife se redressa pour tenter d’écouter à travers la porte et comprendre ce qui avait put provoquer ce bruit. Rien hormis quelques clapotis tout ce qui avait de plus normal au vue de l’endroit, ce qui mit quelques doutes à Drawlife sur ce qu’il avait bien put entendre.

Un toussotement outré surgit derrière lui, ce qui brisa sa réflexion avec tous les balbutiements embarrassés dont l’étalon savait faire preuve en ces cas là. Derrière lui se tenait une jument à la silhouette forte qui attendait avec une impatiente bien visible qu’il s’écarte de la porte devant laquelle il s’était posté. Se confondant en excuse, Drawlife s’écarta aussitôt, oubliant momentanément ce qui l’avait amené à gêner de la sorte le passage, laissa ainsi la jument passé sans qu’elle lui adresse le moindre regard. C’est pendant ce moment peu enviable que Blow Passion se décida à sortir des sanitaires, et qu’elle haussa les sourcils d’étonnement en voyant l’étalon au museau rouge plaqué contre le mur.

« Drawlife ?! Que fait tu dans ce couloir ?

- Et bien, j’étais venu voir ce qui te prenais autant de temps, et puis j’ai vu que je ne pouvais pas entrer, alors …

- Oooh, c’est mignon de t’inquiéter pour moi, mais je ne vois pas très bien ce qui aurait pu m’arriver de si grave dans un tel endroit.

- C’est vrai que dit comme ça … n’empêche, j’ai entendu un bruit bizarre.

- Un bruit bizarre ? Comme un craquement ?

- Oui, exactement ! s’exulta Drawlife soulagé de ne pas avoir imaginé n’importe quoi.

- Moi aussi je l’ai entendu depuis ma cabine. Ça ressemblait à une téléportation, mais je n’ai aucune idée de qui ça aurait put être.

- Je me disais que j’avais déjà entendu ce bruit quelque part … mais qui peut bien se téléporter dans un endroit pareil ?

- Bah, quelle importance ? Tout ce qui m’intéresse pour le moment, c’est de voir ce que tu m’as choisis de délicieux !

- Attends ! »

Blow Passion avait à peine terminé sa phrase qu’elle avait déjà commencé sa marche pour rejoindre leur table, obligeant Drawlife à bondir devant elle pour la retenir avant qu’ils ne soient visibles de la grande salle. Voyant les yeux habituellement mis clos de son amie grand ouvert, l’unicorne se doutait bien que sa réaction pressante n’était pas ce à quoi il avait habitué la licorne.

« Qu’est ce qu’il y a Drawlife ?

- Pour être franc, j’étais surtout venu te voir pour parler seul à seul.

- Oh, c’est au sujet de ce que j’ai dit tout à l’heure ?

- En quelque sorte. D’ailleurs à propos de ça, j’aurais aimé que tu ne me fasses pas entrer dans ton jeu.

- Excuse moi, je n’ai pas put m’en empêcher … babilla-t-elle en feintant l’excuse avec les oreilles rabattue.

- C’est fait maintenant, mais oublions, ce n’est pas exactement de ça qu’il s’agit.

- Que s’est-il passé ?

- Et bien … après que tu ais quitté a table, Palette a voulu un peu discuté de ce que tu as dit, et ça a assez vite dévié sur mon passé. Seulement j’y ai mit court avant que ça n’aille plus dans les détails.

- Et elle s’est vexé car elle t’a dévoilé le sien juste avant, j’ai raison ?

- Tu … Wow, comment as-tu fais pour deviner ça ?

- Intuition féminine ! se réjouie-t-elle avec un clin d’œil. Mais franchement Drawlife, que veut tu que j’y fasse ? »

Peut être un peu trop direct pour lui, la réponse de la licorne perturba l’étalon, ne s’attendant clairement pas à se faire rembarrer de la sorte. Bien sûr, il ne voulait pas accuser Bow Passion d’une quelconque méchanceté, mais il aurait espéré un peu plus de compassion de sa part.

« Et bien … j’espérais qu’en tant que jument, tu pourrais conseiller l’étalon que je suis pour savoir quoi faire dans ce genre de situation avec une autre jument.

- Désolé, j’ai beau être perspicace, je ne suis pas dans sa tête.

- Oui … tu as raison, je ne sais pas ce que je m’imaginais.

- En revanche, ce que je remarque, c’est que mes propos de tout à l’heure ne sont pas aussi infondé que tu ne le crois.

- Quel propos de tout … ? hésita l’unicorne avant de remarquer l’expression facétieuse de son amie. Roh, ne recommence pas ! C’est à cause de ça que ça s’est mal passé !

- Mais je suis sérieuse ! Drawlife, tu ne t’en rends peut être pas compte, mais tu fais partit de ces étalons avec qui une jument se sent en confiance. J’espère te le montrer assez souvent, et je suis certaine de ne pas être la seule. Et je mettrais ma corne à scier que cette fille en fait partie.

- Je n’ai pas à chercher bien loin pour te trouver des contres exemple, rétorqua-t-il avec une certaine licorne violette en tête, et puis, tu l’as vu avant de lancer ce drôle de pari ? Je croyais que tu n’étais pas dans sa tête ?

- Mais je suis perspicace, écoute ce que l’on te dit ! Haa, de toute façon, abandonna Blow Passion avec un mouvement de sabot résigné, j’imagine que le mieux à faire, c’est de retourner lui parler, et de lui expliquer pourquoi tu ne souhaite pas encore tout lui dire de toi. Les amis comprennent ce genre de chose, c’est ce que j’ai entendu dire de Twilight Sparkle.

- Heu, tu penses vraiment que je vais te prendre au sérieux si tu la mentionnes ?

- Ce n’est pas parce qu’elle ne t’apprécie pas qu’elle n’est pas capable de dire des choses sensées, surtout quand elle possède plus d’expérience que nous niveau amitié.

- Dit comme ça … »

Parvenir à se faire convaincre par des mots venant de la licorne violette n’était pas spécialement agréable pour Drawlife, d’autant plus qu’il ne s’attendait pas du tout à ce que Blow Passion en soit l’interprète. La licorne miel avait beau avoir sa propre vie à Ponyville, il n’aurait jamais pensé qu’elle ait pu se rapprocher de Twilight Sparkle, ou en tout cas suffisamment pour recevoir ce genre de conseil. Ou alors son étonnement venait du fait que Twilight est put sympathiser avec Blow, une étrangère qui n’avait que l’étalon qu’elle méprisait comme lien. Elle n’était peu être pas si maniaque après tout.

Drawlife laissa néanmoins de coté ce détail, se préoccupant plus de la manière dont il allait appliquer ce conseil pendant qu’il marchait sur les pas de son amie cornue. Cela semblait d’ors et déjà compliqué à la façon dont la ponette avait soudainement pris le partie d’ignorer toute les excuses qu’il pouvait bien trouver, et il était à peu près certains que la présence de Bow Passion n’allait pas faciliter la tache. Réalisant cela, il accéléra sa marche pour se mettre au niveau de la licorne, et lui demanda si elle ne pouvait pas rester en retrait le temps qu’il discute à nouveau avec Palette.

« Je crains que nous n’arrivions un peu tard pour ça. »

Interloqué par l’affirmation de la jument, Drawlife suivit son regard pour comprendre où elle voulait en venir. Tout ce qu’il vit, ce fut une table vide. Il songea un instant s’être trompé de table, mais la présence de son sac qui l’attendait bien sagement à proximité d’un des poufs environnants qu’il avait occupé dissipa rapidement ce doute.

A ce moment, le cœur de l’étalon balançait entre sa frustration et son soulagement, mais ces deux émotions s’accordèrent pour lui faire lâcher un long soupir fatigué. Tous ces efforts qu’il avait déployés depuis son arrivé à Manehattan pour retrouver Palette et effacer tout quiproquo, il avait l’impression de n’avoir aboutie au final à rien. Et peut être même pire, avec cette disparition, il avait l’impression que leur amitié était partie avec elle.

Non, c’était stupide, il ne pouvait pas rester sur cette défaite, pas de cette manière en tout cas. Si vraiment leur amitié ne pouvait perdurer, il voulait au moins qu’elle le lui dise en face, et s’il fallait la rattraper au milieu de la capitale terrestre et la ligoter pour qu’elle le fasse, il était prêt à le faire.

Bien décidé à régler cette histoire au plus vite, Drawlife demanda à son amie de l’attendre à la table le temps qu’il règle sa note. Cherchant du regard leur serveuse, il la trouva à l’autre bout de la salle, non loin du bar, en train de discuter avec une de ses collègues, surement en l’attente d’une prochaine commande.

« Hé, euh … Magnolia c’est ça ? appela Drawlife en s’approchant rapidement d’elle.

- Oui c’est moi, dit-t-elle en se retournant pour alors afficher une mine surprise. Oh ! C’est toi qui étais avec Palette non ?

- Oui, mais elle est partie. Je compte bien la rejoindre alors si je pouvais régler la note rapidement.

- Si tu veux tout savoir, elle l’as déjà régler pour vous deux … Par contre …

- Par contre quoi ? s’étonna Drawlife en voyant la serveuse jeter un coup d’œil derrière lui.

- Ça tombe bien que tu sois venu me voir seul, se mit-elle à chuchoter, elle m’a demandé de te remettre cette lettre sans que l’autre licorne ne la voit. »

Drawlife n’eut pas le temps de se demander quoique ce soit que Magnolia lui avait déjà tendu la lettre sur le même plateau avec lequel il avait put voir d’autre serveuse présenter la note de service. Elle le faisait avec un tel professionnalisme que l’unicorne compris vite le manège de la jument, celle-ci cherchant à paraitre la moins suspecte possible si Blow Passion devait les observer depuis sa table. Jouant le jeu, Drawlife la prit par magie et l’ouvra à couvert de sa table pour la lire sur le champ.

=-=-=-=-=-=

Comme te l’auras surement dit Magnolia, je suis retourné à la maison. Si tu es un minimum intelligent, tu ne reviendras pas me voir avant d’avoir accepté ma confiance pour me parler de ton passé tour comme moi je l’ai fait. Autrement, et en reprenant tes mots, tu n’auras pas l’impression que je puisse être ton amie.

PS : Je dirais à ma mère que ça s’est bien passé, comme ça la prochaine fois que tu franchiras le palier de ma porte, tu pourras repartir vivant.

=-=-=-=-=-=

Bien que les mots de Palette Swap ne faisaient que confirmer une évidence, et que leur sonorité acide ne laissait entrevoir que très peu de sympathie, Drawlife était toutefois rassuré de voir qu’au milieu de tout ça, elle lui laissait une ouverture. Une ouverture soumise à des conditions qu’il ne se sentait pas encore prêt à réaliser, mais une ouverture quand même, c’était déjà plus que ce qu’il pouvait espérer. La seule information qu’il lui manquait cependant était le temps que Palette Swap daignerai lui accorder avant qu’il ne décide le bon moment de la revoir.

Il ne savait pas encore comment il allait s’y prendre pour gagner ce courage qu’il lui manquait encore, mais il se jurait, par respect pour Palette et leur future amitié, que ça durerait le moins de temps possible.

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Note de l'auteur

Enfin - bouclé !
Ce chapitre ma rendu assez dingue, j'espère qu'elle ne fera pas honte aux précédents, quand bien même il ne s'y passe pas grand chose.
Si vous vous posez des questions sur l'intérêt de ce chapitre, dites vous bien que je ne pense que rarement les choses au hasard, j'ai toujours une idée derrière la tête.

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