Chapitre 3 - Good Morning in Ponyville
Surprise par cet assaut soudain, je tente de me débattre et d'échapper à mon agresseur. Plus je me débat plus la pression dans ses sabots augmente, bientôt la pression sur ma gorge est si grande que je commence à avoir du mal à respirer. Loin de me rassurer, je met toute ma force pour m'éloigner et des étoiles commencent à danser dans mes yeux.
L'air commence à manquer dans mes poumons et mon corps est secoué de spasmes alors que je commence à suffoquer, je place mes sabots en essayant désespérément de retirer la patte qui bloque mon arrivée d'air et donne des coups avec mes pattes arrière pour me débarrasser de l'intrus. Des larmes de douleur viennent se mêler aux étoiles et dans un dernier souffle les ténèbres viennent les emporter.
*****
Une forte douleur dans la poitrine me sort de l'inconscience, alors que la pression se relâche, la voilà qui revient avant que j'ai le temps de reprendre de l'air. Tout à coup je sens souffler dans ma bouche et ouvre les yeux, paniquée. La première chose que je vois est un œil aussi gris que les miens et les lèvres collées contre les miennes.
Un autre souffle puissant et la bouche étrangère me quitte pour me laisser tousser. Alors qu'elle se baisse de nouveau pour se coller à mes lèvres, je donne un grand coup de mes quatre sabots et envoie l'autre poney s'écraser contre le mur derrière lui. Je m'empresse de me lever, ignorant l'engourdissement de mes jambes et la douleur dans mes poumons, puis tente de quitter la pièce. Je trébuche sur le pas de la porte emportée par le vertige et m'écrase de tout mon long contre le canapé du salon.
Je jette un coup d'œil furtif derrière moi pour voir que mon agresseur ne s'est toujours pas remis. Je me relève et me précipite vers la porte d'entrée pour la trouver aussi verrouillée que je l'ai laissée. Mais où ai-je mis mes clefs ?! Le regard embué alors que l'adrénaline commence à perdre de son effet, je cherche sur la commode et le mur mais ne trouve rien. J'ai du les laisser dans ma chambre.
Je recommence à avoir du mal à respirer et les battements rapide de mon cœur me font l'effet d'un marteau contre le thorax. Je n'ai pas le temps de m'écrouler sous l'épuisement que je suis déjà plaquée contre la porte, ne tenant sur mes pattes arrière que par miracle. Une patte appuyée contre ma nuque et l'autre me tordant les jambes dans le dos m'empêchent de tout mouvement. Je n'ai même plus la force de me débattre.
Je sens de nouveau le corps se coller contre le miens et le souffle chaud dans mon oreille. "Tu vas te tenir tranquille ?" Me demande l'intrus.
Le visage ruisselant de larmes et de sueur, je n'offre qu'un rapide hochement de tête comme réponse.
"Bien." Dis la voix en relâchant la pression sur ma nuque et libérant mes pattes avant. Néanmoins je reste plaquée contre la porte, incapable de tout mouvement. J'entends de nouveau la voix parler, mais le seul son qui me parvient est le bourdonnement dans mes oreilles et les battements de mon cœur qui ne semblent pas vouloir se calmer. A chaque pulsation la douleur de mon crâne s'intensifie et une nouvelle étoile apparaît dans mon champ de vision. Finalement je ferme les yeux et me laisse emporter par la fatigue.
*****
!BIIP! !BIIP! !BIIP!
Je tends une patte paresseuse en direction de mon maudit réveil mais mon sabot se retrouve bloqué par un obstacle avant d'atteindre sa cible. Curieuse je palpe, un visage ? J'ouvre les yeux mais il n'y a rien devant moi. J'éteins le réveil d'un grognement et quitte mon lit avec regret, je m'étire, quitte ma chambre pour entrer dans le salon.
Tout semble normal et pourtant j'ai l'impression que quelque chose cloche, je jette un coup d'œil dans la pièce, mais tout est à sa place. Les premiers rayons de soleil filtrent à travers les volets et se projettent sur la portent d'entrée, illuminant un léger nuage de poussière. Etrange, je ne me rappelle pas avoir fermé les volets, peut être madame Key s'en est occupée en mon absence.
Je me dirige vers la kitchenette, dans le coin opposé de ma chambre et me prépare un bol de lait de chaud. J'entends des bruits de sabot derrière moi et me retourne aussitôt, rien. Je dois vraiment être fatiguée pour être aussi paranoïaque. Je prends mon bol et l'amène sur la table basse au milieu du salon et m'assoie sur le canapé, dos au mur de ma chambre.
"Free Will !"
Je tends l'oreille alertée, étrange, j'aurais juré entendre mon nom, j'ajoute ça à la liste des choses bizarres de ce matin, juste en dessous du fait que je me sois levée aussi tôt. Ce n'est certainement pas un bol de lait qui va me sortir de mon état semi-comateux et me tenir éveillée pour toute la journée. Je regagne la kitchenette pour me servir un deuxième bol.
Je viens à peine de me retourner que je me retrouve face à face avec le visage énervé d'un étalon blanc, tout les muscles de son visage sont tendus et je peux déjà sentir ses postillons quand il ouvre la bouche.
"FREE WILL !!"
*****
Je me réveille en sursaut et en sueur, le cœur battant la chamade, je n'ai jamais eu de réveil aussi mouvementé. Je commence à me calmer quand je reconnais la sensation familière de mon lit. S'il savait à quel point il m'a manqué, il n'a jamais été aussi confortable, ni aussi chaud, j'ai peut être exagéré sur les couvertures. Ou peut être que c'est dû à la fourrure qui me frotte le dos dans un rythme régulier. Fourrure qui doit probablement appartenir au poney collé derrière moi en m'enlaçant et me soufflant dans l'oreille.
Je sens l'adrénaline revenir en même temps que les souvenirs de la nuit dernière. Les pupilles contractées, le souffle court et les oreilles plaquées sur la nuque, je passe un sabot hésitant le long de mon dos, et il n'y a plus aucun doute, il y a bien quelqu'un derrière moi. Je trace son corps et le long de ses pattes avant qui m'enlacent autour du buste.
Je tourne lentement la tête et me retrouve face à face avec le visage endormi d'une jument plus noire que la nuit, une crinière vert bleutée lui coulant le long de la nuque et une mèche lui barrant le visage, se soulevant à chacune de ses expirations. Elle a le visage paisible et respire calmement, probablement le souffle que je sentais. Le plus discrètement possible, j'essaie de me défaire de son étreinte et de quitter le lit.
J'ai à peine mis un sabot à terre qu'elle ouvre les yeux, un instant plus tard, son visage se crispe sous la surprise. "Haaa !" Son cri de surprise ne tarde pas à être accompagné du miens tandis que chacune de notre côté nous projetons littéralement loin l'une de l'autre. Je trébuche dans mes draps et me cogne la tête contre ma commode tandis que d'un bond, elle s'assomme contre le plafond avant de retomber lourdement sur le lit, lui arrachant un grincement.
Ni une ni deux, je me lève sur mes jambes flageolantes et repère mes clefs sur le meuble. Je m'empresse de les prendre et galope vers la porte d'entrée, je l'ouvre paniquée, tentant à plusieurs reprises de mettre les clefs dans la serrure. Je dévale les escaliers et quitte l'immeuble en trombe, je plisse les yeux sous les rayons du soleil levant qui viennent m'arracher un grognement de douleur.
Après un regard furtif derrière moi, je reprend le galop, fuyant loin d'ici. La jument n'est pas derrière moi, mais je ne tarde pas à entendre un bruit de verre cassé, je jette un nouveau regard en arrière et voit une tâche noire s'échapper de la fenêtre de mon appartement. Elle déplie ses ailes et se lance dans ma direction.
Je prend la première rue sur ma gauche à la recherche d'un endroit où me cacher et le trouve à l'entrée d'une arrière cour. Je galope dans sa direction et finit par m'effondrer sous la fatigue, l'adrénaline ayant décidé de me quitter au dernier moment. Je rampe les derniers mètres qui me séparent de mon salut. Je me cache entre deux poubelles et reprends mon souffle, je ne devrais pas faire autant d'effort si tôt le matin, surtout dans mon état.
J'ai les poumons en feu, des crampes dans chacune de mes côtes meurtries, ses dernières devant supporter le tambourinement de mon cœur excité qui vient les frapper tel un marteau piqueur. Plus jamais ça ! Je laisse échapper un long soupir et me passe un sabot le long du visage pour éponger la sueur qui me rentre dans les yeux. Je tente de m'assoir et lève les yeux au ciel à la recherche de mon poursuivant. Je ne tarde pas à la trouver, son corps projetant une grande ombre au sol dans la lumière matinale. Je doute qu'elle puisse me trouver là où je suis. En effet, ses cercles s'éloignent petit à petit de la ruelle où je me trouve.
Je laisse de nouveau échapper un soupir de soulagement et prend note de l'endroit où je me trouve. C'est une arrière cour, enfin, plus une ruelle comme on peut en trouver partout dans la banlieue sud de Ponyville. Elle permet de séparer deux blocs de maisons mitoyennes en briques rouges datant du début de la révolution industrielle. La banlieue sud n'est peut être pas la plus chique, mais la plus peuplée de la ville, avec quinze mille des vingt milles habitants de la ville.
Le reste vit répartit dans les quatre autres districts. Le centre ville, au centre de tout est resté fidèle à ce qu'il a toujours été, rues pavées et aérées, cottages avec façades en bois et toits en paille, il n'a rien perdu de son charme d'antan. J'aime aller m'y promener et visiter les boutiques des artisans, on peut y trouver tout type de poneys, quelque soit leur caste, ainsi que le musée dédié à Twilight Sparkle, dans l'ancienne librairie. C'est probablement le quartier le plus paisible de la ville, même d'Equestria, il a valu le titre de ville de l'année plusieurs fois d'affilées et attire de nombreux touristes du monde entier.
A l'Ouest du centre, le long d'une grande route pavée et encore éclairée par des lampadaires au gaz se dressent les manoirs de High Garden, le district des uppers. Le district entier est ceinturé d'une longue clôture en fer forgé, afin de séparer l'élite du reste de la population. L'accès y est restreint et les seuls commoners pouvant y entrer sont ceux travaillant aux manoirs ou à l'entretient des parcs et chaussées. Je n'ai jamais eu l'occasion d'y mettre les sabots, mais le teint rosé que prennent les arbres en automne me fait parfois vagabonder le long de la palissade.
Low Garden se trouve à la bordure d'Everfree, séparée de High Garden par la coopérative agricole d'Orange & Seed Corporation. Un nom bien long, mais toujours plus court que Sweet Apple Acres & Golden Harvest farming Coop. La rumeur dit que ce district tient son nom du fait qu'il est construit au dessus des portes du Tartare, à en juger par son apparence, il serait facile d'y croire, néanmoins pour les poneys mieux renseignés, c'est simplement le district des lowcasts. A moins d'être un passionné des tours noircies par le temps et le manque d'entretient, des immeubles abandonnés s'effondrant sur eux mêmes, ou être un aventurier n'ayant pas peur de la nuit, il n'y a pas grand chose à faire à Low Garden, c'est même le quartier à éviter.
J'ignore pourquoi, mais il semblerait qu'au début de la révolution industrielle certains poneys aient décidé qu'il serait une bonne idée d'installer des usines dans Everfree et d'en exploiter ses arbres et cours d'eau. La vie sauvage de la zone n'a pas tardé à les décourager et les installations ont étés abandonnées jusqu'à ce que nous ayons besoin d'y loger les lowcasts.
Green Garden a beau avoir vue le jour à la même époque, la banlieue sud de Ponyville a toujours été entretenue et a évoluée au fil des âges. Du cottage typique du centre ville aux cages de lapins en passant par les blocs rouges brique, tous les mélanges architecturaux se retrouvent dans ce quartier. Le tout est agrémenté de rues pavées ou en asphalte, bordées de platanes et de lampadaires au mercure. Mais ce sont les nombreux parcs et jardins publics qui lui ont valu ce nom, la rivière traverse chacun d'entre eux, ce qui a permis de les décorer de ponts originaux. La flore qu'on y trouve est aussi très diversifiée, pour ma part, ce sont les saules pleureurs qui ont su me charmer.
Enfin, le Crusader district s'est construit autour de la gare et à proximité de la voie royale, le plus grand axe routier du pays. C'est l'endroit où se trouvent la majorité des entreprises de la ville, les rares tours de bureaux, et notre fierté à tous, le siège du conglomérat Crusader. Les trois corporations les plus puissantes du pays, Apple Technologies & Family, Wings & Logistics et la Belle Idol Company ont toutes trois vues le jour dans ce quartier, il y a de ça trois cent ans, avant même la propagation de l'industrie. C'est là bas que je vais travailler tout les jours que Celestia fait. En plus des usines et entrepôts, on y retrouve aussi la galerie marchande, la plupart des centres de divertissement et l'aérodrome.
Quand sonne la fin de la journée de travail, les poneys de la nuit donnent une nouvelle vie au quartier, les néons s'allument et les projecteurs holographiques illuminent le ciel au son des clubs et artistes de rue. Etant donné mon goût pour la foule, je me contente d'y aller pour travailler et m'empresse de rejoindre Green Garden avant que le premier néon n'ait le temps de clignoter.
*****
La dernière étoile vient de quitter le ciel et les premiers rayons commencent à inonder la ruelle, je grogne sous l'effet de la lumière sur mes yeux et jette un dernier coup d'œil dans le ciel, plus aucune trace de mon assaillante.
Je peux de nouveau respirer normalement et mon cœur a repris un rythme normal. La douleur est loin de s'être atténuée et j'ignore jusqu'où mes pattes pourront me porter. Encore faudrait-il que je sache quoi faire, Sapphire m'a dit de la contacter si les choses venaient à mal tourner, mais pour ça j'ai besoin du téléphone, qui est resté dans ma chambre. J'ignore si la jument noire est retournée là bas ou si elle continue de me chercher dans la ville, je prends le temps de réfléchir, et vu ma fatigue, je pense que le pire qui puisse m'arriver si elle me rattrape en allant chercher le téléphone ne peux pas valoir de me de me déplacer longtemps dans mon état.
Je me lève et suis prise d'un vertige, j'éponge de nouveau la sueur sur mon front et à l'aide mes jambes qui refusent d'arrêter de trembler, je quitte la ruelle en direction de mon immeuble. C'est un simple bloc gris d'agglomérations recouvert de bêton et de grès comme ils se sont construits en masse à l'aube de l'ère cybernétique et qui furent parmi les premiers à avoir été désertés et laissés en semi abandon pendant l'exode rurale. Avec madame Key, nous devons être les dernières à vivre dans l'un d'eux à Ponyville, la plupart des autres sont condamnés ou ont étés démolis pour faire place à de nouveaux parcs.
Je trouve madame Key en train de balayer le hall, elle se tourne vers moi en me voyant arriver. "Ah te voilà !" Dit-elle paniquée en se ruant vers moi. "J'ai entendu du bruit et je t'ai vu courir, tu ne devrais pas faire ça dans ton état." Sans blague, je ne peux pas retenir un hennissement de sarcasme. "Quoi qu'il en soit, un membre de la garde royale est arrivé, il veut te voir, je lui ai dit de patienter chez toi." Encore ?! J'espère que ce coup ci ce ne sera pas un malade qui essaye de profiter de mon état pour me faire Luna ne sait quoi.
Mais l'un de ses mots m'interpelle. "Vous avez dit la garde royale ?"
"Oui, elle est revenue il y a quelques minutes, elle a insisté pour t'attendre dans ton appartement, c'était ouvert je l'ai laissée monter." Répond-elle calmement.
La garde royale, enfin ! J'espère qu'elle saura me protéger de l'autre malade qui est après moi. Cela dit, j'ignorais qu'il y avait des juments dans la garde royale, ils ont probablement du la renforcer d'urgence après l'attentat. Est-ce qu'elle a aussi dit qu'elle était re-venue ? Est-ce qu'elle est déjà passée quand j'étais retenue chez les Me ? Dommage que ça n'ait pas dissuadé la jument noire de venir squatter chez moi.
Je remercie madame Key et monte les escaliers en direction de mon appartement. Le salon est dans un sale état, durant mon combat de la veille, j'ai renversé le canapé au milieu de la pièce qui est venu s'écraser contre la table basse en verre. Mon agresseur a beau avoir traversé la fenêtre depuis l'intérieur, des débris sont quand même rentrés et le verre brisé est venu se mélanger à celui de la table partout dans la pièce. Le rideau qui sépare le salon de ma chambre est en lambeau et la tringle tient de travers dans son seuil.
Le vent frais du matin passant par le vestige de la fenêtre vient faire flotter les rideaux déchirés et les nuages de poussière qu'ont soulevé l'agitation matinale et de la veille, je suppose qu'une tornade n'aurait pas fait mieux. Il n'y a aucune trace de la garde royale dans le salon, alors je l'appelle, bien qu'il y ait de fortes chances qu'elle soit dans l'unique autre pièce de l'appartement.
En effet, une voix féminine mais grave répond venant de ma droite. "Vous voilà enfin ! Je suis dans votre chambre, venez, on a à parler." Quelque chose dans cette voix me met mal à l'aise, pliant les oreilles et d'un pas hésitant, je me dirige vers la pièce en question et me fige dans mes pas.
Une pégase plus noire que la nuit se retourne et me fixe de ses yeux gris, le visage barré d'une mèche vert bleutée. Elle me lance un regard mauvais et je pense que même si je le voulais, je ne pourrais faire autrement que ce qu'elle me demande. "Je vous déconseille de vous enfuir, vous m'avez assez fait courir pour aujourd'hui."
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