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MAI - My Arcane Intelligence

Une fiction écrite par lnomsim.

Chapitre 2 - Follow Me Partie 2

Chapitre 2 - Follow Me. Partie 2


Cette chambre est plus lumineuse et plus chaude que la précédente. Les murs sont recouverts de lattes en bois et de papier peint vert délavé. La lumière vient d'un néon carré au plafond et d'une fenêtre sur la porte en bois à la sortie de la pièce. Seule fenêtre que je peux voir. Je suis confortablement allongée sur le dos, couverte de vrais draps et couvertures propres. A côté de mon lit se trouvent une table de nuit vide, et une chaise, occupée par une licorne bleue marine. Sa crinière ocre jaune orangée est coiffée en une tresse serrée le long de son cou. Elle porte des lunettes et lit un bloc-notes. Elle ne semble pas avoir remarqué que je suis réveillée.

Je tousse pour attirer son attention, et elle se tourne vers moi. Elle sourit puis pose ses lunettes et le bloc-notes sur la table de nuit. "Vous semblez plutôt calme pour quelqu'un qui vient de nous rejoindre, surtout aux vues de votre condition," me dit-elle. "Comment allez-vous ?"

"Mieux," je lui réponds la bouche pâteuse. "Je ne pourrais pas dire bien, je me sens vide, comme si vous aviez retiré une partie de moi. Enfin, je suis en vie, je vous remercie au moins pour ça."

"Vous savez qui je suis ?" Me demande-t-elle étonnée.

"Vous devez être Clean Hooves, j'ai reconnu votre voix."

"En fait ce n'est pas mon vrai nom, seule ma sœur m'appelle comme ça." Dit-elle embarrassée. "Elle n'aime pas la façon dont nos noms se ressemblent. Puisque ma cutie mark est une savonnette et que je me lave les sabots avant chaque opération, le surnom est venu de lui-même," dit-elle en me montrant sa croupe. Oui, je confirme, c'est bien une savonnette, mais ce n'est pas la seule chose qui retient mon regard. Je dois être aussi rouge que Scarlet. "Mais la plupart des Me m'appelle simplement 'doc'." Finit-elle sans remarquer mon air déçu lorsqu'elle se rassoit.

"Scarlet Day est votre sœur ?" Je demande pour changer de sujet.

Elle me dévisage un instant, l'air incertaine, se prépare à répondre mais s'arrête avant une deuxième tentative. "Assez parlé de moi, nous avons encore beaucoup de travail et au plus tôt sera le mieux. Pouvez-vous marcher ?"

"Je ne peux pas rester au lit plus longtemps ?"

Elle me lance un regard désapprobateur fronçant les sourcils. "Vous avez été alité bien assez longtemps. J'ai besoin de savoir si vos lésions ont affecté vos fonctions motrices. Quoi qu'il en soit, vous devez utiliser vos jambes. Vous aurez peut être besoin d'une rééducation, montrez moi comment vous vous débrouillez." Elle s'approche de mon lit et retire couverture et draps.

Je peux voir qu'elle a fait un excellent travail en me bandant, je ferais probablement des jalouses chez les momies. Je commence à mettre mes pattes avant sur le sol aidé de Doc, puis mes pattes arrière. On dirait bien qu'elles marchent, si je ne prends pas les tremblements en compte. "Tous ces bandages étaient vraiment nécessaire ?" Je lui demande.

"Je les enlèverai à la fin de la journée, ils servent essentiellement à soigner vos brûlures et restaurer votre peau." Elle prend un ton plus professionnel. "Pensez-vous que vous pouvez marcher jusqu'à la porte ?"

"Je vais voir ce que je peux faire." Les jambes tremblantes, j'avance un pas après l'autre jusqu'à ma destination. Aucun incident majeur sur le chemin, l'équipement me semble parfaitement fonctionnel.

"Ca m'a l'air d'aller," répond le doc.

Elle ouvre la porte et nous entrons dans un couloir, la même décoration que la chambre, vide de tout mobilier, fenêtres ou poneys. Juste un long couloir éclairé par des néons. Elle prend les devants et je ne tarde pas à suivre le pas, oui, plus aucun doute, c'est bien une savonnette. Elle semble remarquer que je ne regarde pas exactement devant moi et ralentit pour se placer à mes côtés.

"Comment vous sentez-vous ?" Me demande-t-elle de nouveau.

"Que voulez-vous dire ? Comment je me sens à propos de quoi ? Il ya tellement de choses qui se sont produites en si peu de temps, et tant de choses qui se passent, il serait difficile de dire ce que je ressens sur quoi."

"Je parlais de votre liberté," me répond-elle le regard pétillant et le sourire aux lèvres, apparemment fière d'elle.

Moi, je ne le suis pas. Et c'est la question qu'il ne fallait pas me poser, surtout venant de l'un d'entre eux. Je sens la colère monter en moi, et je doute de pouvoir la contrôler bien longtemps.

"De quelle liberté parlez-vous ?" Je lui demande en grinçant des dents. "Si vous parlez de mon enlèvement, de la torture, du fait de me garder prisonnière, j'ai du mal à voir où est la liberté là dedans."

J'espère vraiment qu'elle entend la tension dans ma voix et qu'elle n'essaiera pas de pousser cette conversation plus loin. Apparemment, c'est trop lui demander.

"Nous ne vous avons pas enlevé, vous aviez besoin de soins. Auriez vous préféré que nous vous laissions mourir là bas ?"

Je n'arrive pas à croire qu'elle se mette en colère, comment ose-t-elle ? Je suis la seule victime ici, la seule à avoir le droit de m'énerver !

"Parce que le garde royale m'aurait probablement laissé mourir après que les princesses aient essayé de me sauver." Cette conversation commence vraiment à m'ennuyer.

"Vous pensiez que nous étions la garde royale jusqu'à ce que Scarlet vous dise le contraire," me rétorque-t-elle.

"Et je pensais que vous alliez me sauver, jusqu'à ce que vous arrachiez une partie de moi, m'obligeant à vous rejoindre. Vous avez loupé la partie où j'expliqué à quel point je méprise les Me ?!" Je lui crie en retour.

"Je n'étais pas là, et vous étiez sous l'effet de l'endoctrinement. Nous vous avons libéré. Comment pouvez-vous être aussi ingrate ?! " Crie-t-elle à son tour.

"Parce qu'en plus je devrais vous être reconnaissante ?" Je ne peux plus contrôler ma colère, et laisse libre court à ma rage. "Je n'ai jamais été endoctrinée ! Ca n'a jamais eu d'effet sur moi ! Mon nom n'a-t-il éclairé aucune de vos lumières ?! J'ai toujours été libre de mes pensées ! Vous m'avez juste privé de mon esprit, d'une connaissance illimité !" Je prends mon souffle et continue mes hurlements sur la jument maintenant incrédule. "Vous voulez savoir comment je me sens ? Vide ! En colère, je vous déteste plus que je ne vous ai jamais détesté ! Je n'ai jamais eu besoin d'un appareil pour me dire comment je me sens. Où avez-vous eu l'idée que je voulais vous rejoindre ?! Vous avez juste joué avec mon cerveau et vous pensez que je devrais en être reconnaissante ?! Je ne le suis pas ! Avez-vous une idée de la douleur que vous m'avez causée ? Combien de fois me suis-je évanouie ? Combien de temps ? Réimplanter-moi, laissez moi rentrer chez moi, espérez que je ne vous reverrai jamais, et là, peut être je serais reconnaissante !"

Wow ! Je dois avouer qu'après avoir vidé mon sac, je me sens nettement mieux. J'aurais quand même préféré qu'il reste vide. Je regarde son visage, elle a les larmes aux yeux, je ne peux pas dire si c'est de la peur, de la colère, ou... de la tristesse... peut-être?

"Je ne l'ai pas enlevé !" Me crie-t-elle. Je ne m'attendais pas à ça. J'aimerais lui demander de quoi elle parle, mais elle ne m'en laisse pas le temps.

"C'était un os ! J'ai juste essayé d'enlever un os, mais c'était délicat et ça a mal tourné ! C'est pour ça que j'avais besoin que vous soyez consciente tout le long de l'opération !" Elle continue, les larmes coulant librement le long de son visage. "J'ai cru vous avoir perdu. Vous étiez mon premier patient grave. Nous ne sommes pas des soldats, les poneys qui viennent à moi n'ont généralement pas les blessures que vous aviez, j'ai juste merdé, mais au final je vous ai sauvé." Finit-elle d'un sanglot.

"Qu'en est-il de mon implant ?" Je demande ennuyée.

"Je l'ai juste désactivé. J'ai vu votre regard quand Scarlet m'a demandé de le retirer. Je ne pouvais pas me résoudre à le faire. C'aurait été trop dangereux de toute façon. Vous veniez tout juste d'échapper à la mort et votre cerveau était trop endommagé pour risquer une extraction." Elle prend une pause le temps d'un sanglot, évitant mon regard puis finit son accès de colère. "Vous êtes heureuse maintenant ? Votre précieux MAI est toujours intact et vous êtes en vie. Y a-t il autre chose que je puisse faire pour vous Oh ! Grande et Puissante Free Will ?"

Un silence gênant s'installe tandis que nous reprenons notre marche le long du couloir. Finalement, c'est elle qui le rompt, continuant à regarder devant elle, comme pour oublier mon existence.

"Quoi qu'il en soit, vous avez été assez stupide pour simplement oublier que vous deviez vous faire porter malade, vous n'avez aucun droit de critiquer nos décisions." Dit-elle d'un ton calme et glacial. "Des années de préparation, et vous avez tout fait foirer. Je vais vous dire, que vous le vouliez ou non, vous nous êtes redevable. Nous ne vous laisserons pas partir d'ici tant que vous n'aurez pas remboursé votre dette. Si ce que vous dites est vrai, nous pourrons trouver quelque chose pour vous."

Nous arrivons enfin dans un petit vestibule. Ce dernier est traversé par le couloir d'un côté tandis que ses deux murs latéraux sont équipés de sièges et d'une table basse. C'est probablement une salle d'attente. En dehors des meubles, elle est aussi vide que toutes les pièces que nous avons pu croiser jusqu'à maintenant, à l'exception d'une double porte face au couloir. Doc s'approche de cette dernière et se tourne vers moi.

"Attendez ici", m'ordonne-t-elle.

Elle efface d'un revers de sabot les signes de notre dispute de son visage et disparaît derrière les portes. Quelques instants plus tard, elle revient et m'invite à la suivre à l'intérieur.

Nous entrons dans une grande pièce, peut-être une salle de conférence et sommes accueillis par nul autre que Scarlet Day elle-même. Elle est assise derrière un grand bureau sur lequel s'empilent un nombre caricatural de téléphones et de dossiers. Une gigantesque table trône au centre de la salle, sur celle-ci sont projetées une carte holographique d'Equestria et de l'Empire de Crystal. Je peux voir certains points placés de parts et d'autres dans les deux territoires, je n'ai absolument aucune idée ce qu'ils peuvent représenter. Certains d'entre eux sont même placés au milieu de nul part.

Scarlet se lève de son bureau et nous invite à la suivre dans un coin de la salle où nous attendent un jeu de canapés. Un espace détente ? Nous nous asseyons toutes et, oh Celestia ! Que ça fait du bien, surtout après avoir marché sur des jambes flageolantes aussi longtemps. Je me demande si je ne serais pas mieux allongée sur le côté ou le dos. Alors que je commence à m'installer confortablement, je sens mon poids sur mes côtes et la douleur revenir, ce n'était probablement pas une bonne idée. Je commence à gesticuler pour me mettre sur le dos quand je sens le regard des deux sœurs sur moi. Je ferais probablement mieux de m'asseoir correctement. Ca m'a tout l'air d'une conversation longue et ennuyeuse en perspective.

"Maintenant que tu es l'une d'entre nous," commence Scarlet avant que je ne la corrige.

"Je ne suis pas l'une des vôtres."

Elle me lance un regard mauvais et reprend. "Comme je le disais, maintenant que tu es l'une d'entre nous, laisse moi faire les présentations plus civilement. Je suis Scarlet Day, dirigeante de la cellule de Canterlot et grande coordinatrice des Me. Nous sommes une faction luttant pour la liberté et aidant les poneys fuyant l'oppression." Je laisse échapper un grognement de dédain, elle reprend sans sembler avoir remarqué. "Ma sœur, Sapphire Night est notre médecin, si tu as un problème, il est préférable de venir vers elle plutôt qu'un hôpital public."

Elle me sort son monologue avec un sourire éclatant et un ton vif. Elle pourrait paraître vraiment aimable si elle n'avait pas ce regard froid et calculateur.

Maintenant que j'ai récupéré ma vision, je peux avoir un meilleur regard sur elle. Son pelage est rouge vif et sa crinière jaune ardente. Sa cutie mark quant à elle est un parchemin estampé d'un sabot entouré d'un halo. Le sabot de la révolution je crois, je trouve ça cliché. Tout en elle transpire la détermination et la confiance en soi. Et les voici, ces yeux. Leur couleur est tellement vive que je ne saurais dire s'ils sont rouges ou oranges. Tout ce que je peux voir c'est un brasier, et que je n'ai pas envie de me la mettre à dos. Quoi que, vu mon expérience, je peux dire qu'il est déjà trop tard.

"Oui, c'est ce que nous sommes, et non les monstres mangeurs de cerveau que tu sembles croire." Continue-t-elle. Elle intensifie son regard à tel point que je pourrais jurer voir les flammes sortir de ses yeux. "Et toi, toi... tu es la pire écharde que j'ai pu avoir au sabot, et tu es dans le pétrin, tu ne peux pas imaginer." Elle respire un grand coup et reprend plus calmement. "Cela nous amène à la raison pour laquelle tu es ici. Je suis sûre tu dois aussi te le demander ?"

En effet, ça sent le pétrin. Mais je ne peux m'empêcher de me sentir autrement qu'ennuyée. Je devrais probablement être effrayée, me tenir attentive, être docile. Mais certainement pas après ce qu'elle m'a fait subir. Au fond de moi, il n'y a que colère et ennui quand je la vois agir si sûre d'elle, comme si le monde lui appartenait. Je n'ai qu'une envie, lui tenir tête et lui montrer qu'elle a tort.

"Alors dites moi, qu'est-ce que je fais ici ? Vous ne pouvez pas savoir à quel point j'ai hâte d'entendre votre discours de vilaine." Je lui réponds avec dédain.

"Ne t'en fais pas, tu vas y avoir droit, et crois moi, quand j'en aurai fini avec toi, tu laisseras tomber cette attitude." Dit-elle.

"Sais-tu ce qu'est le Grand Réseau ?" Me demande-t-elle à ma surprise.

"Bien sûr, c'est une sorte d'esprit de ruche qui permet de collecter toutes les informations qui transitent entre les MAI." Je lui réponds.

"C'est bien, au moins tu as bien appris ta leçon, bonne fille." Elle répond d'un ton sarcastique toutes dents dehors. Elle me tape vraiment sur les nerfs. "Mais le Grand Réseau est bien plus que ça. Sais-tu d'où viennent toutes ces informations ?"

"Je viens de vous le dire, des autres MAI."

"Voilà donc quelque chose que tu ne sais pas." Me dit-elle un large sourire aux lèvres, apparemment fière d'elle.

"Qu'est-ce que vous voulez dire ? Je sais de quoi je parle, je les fabrique, vous vous souvenez ?"

"Oh tu sais, alors dis moi, quel est le rôle des princesses dans le Grand Réseau ?"

"Je... Je ne sais pas." Je lui réponds à contrecœur. "Où voulez vous en venir ?"

"En fait, tu ne sais rien, alors laisse moi t'éclairer." Elle fait une pause et prend une position plus confortable sur son canapé. Elle retourne son regard sur moi et commence sa 'leçon'.

"Le Grand Réseau, est le lien entre tous les implants MAI, il partage les connaissances et les expériences entre tous les utilisateurs. C'est l'endroit où l'implant va chercher les informations pour les imprimer dans le subconscient des poneys en ayant besoin. Quand un utilisateur a besoin d'accéder à certaines informations, elles sont transférées du subconscient à l'esprit conscient. Si nécessaire, l'information est imprimée dans la mémoire de l'utilisateur, pour faciliter l'accès futur."

"Qui ne sait pas ça, ce sont les bases." Je lui réponds.

"Peut être pour toi, car tu as besoin de ces informations en permanence, et que c'est ton devoir de les connaître. Ce que tu ne sais pas, c'est que toute cette connaissance n'est pas partagée avec tout le monde. Ce serait commode, mais très inconfortable." Dit-elle en prenant un air sérieux. "Le subconscient est une sorte de système d'échappement. Il permet à l'âme de purger toutes les... 'imperfections', toutes ces choses que nous refoulons et qui peuvent faire de notre vie un enfer, il aide à contrôler les émotions. Le surcharger avec un flux constant d'informations pourrait endommager l'esprit de l'utilisateur. C'était un vrai problème quand la première version du MAI a commencé à se répandre, il ya quelques siècles." Elle prend une autre pause. "Tu me suis toujours ?"

"Oui, mais c'est du domaine de la psychologie, ce n'est que de la théorie."

"Et que penses tu que soit l'endoctrinement ? Crois-moi cela fait bien longtemps que la théorie a fait place à des faits approuvés." Elle reprend la leçon. "Ces implants devaient être améliorés. Quelle était l'utilité de partager les connaissances si cela détruisait l'esprit de l'utilisateur ? La première modification consistait à sélectionner le type d'information que le MAI transférait. Il apprenait le mode de vie de son hôte et sélectionnait les informations en conséquence. Mais un autre problème en a découlé."

"Si une certaine information n'était pas utilisée pendant un certain temps, elle était perdue sur le réseau." Je profite de sa pause pour intervenir.

"Exactement, à priori je devrais donner plus de crédits à mes compagnons lorsqu'ils disent que tu es intelligente." Bizarrement elle ne semble pas le penser. "Mais ce n'était pas le vrai problème. A cette époque, le MAI était une sorte de l'unité de stockage. Comme un ordinateur utilisant le subconscient comme un disque dur, et le réseau n'avait d'effet que dans un certain rayon. Par conséquent, si des poneys ayant besoin de partager certaines informations étaient trop loin les uns des autres, il n'y avait pas de partage."

"Il ya quelque chose que je ne comprends pas ici, si c'était le cas, comment se fait-il qu'il n'y avait pas ce problème avec la première version ?" Je l'interromps.

"Parce que la première version partageait toutes les informations. Ainsi, même si un poney était hors de portée, du fait que tout les poneys possédaient cette information dans leur subconscient, elle finissait toujours par leur parvenir, ça prenait juste du temps." Répond Scarlet." Avec la deuxième version, le MAI agissait comme un filtre, il empêchait l'entrée des informations qu'il jugeait inutiles. Si bien que soit une information appartenait à un domaine spécifique, soit il était difficile d'y avoir accès. En fin de compte, cette information disparaissait ou mourrait avec son hôte, alors qu'elle aurait pu être utile à un poney lointain."

Sapphire Night n'a pas dit un mot depuis le début de la leçon de sa sœur. Elle est juste là, assise sur sa couche suivant attentivement notre échange. Cependant, elle a l'air de commencer à s'ennuyer. Elle remet ses lunettes et se lève pour se rendre au bureau où elle consulte quelques dossiers.

"C'est ici que ça se passe." Scarlet me sort de mon observation. "On a encore des affaires à régler. Alors, sais-tu comment ils ont remédié à ce problème ?"

"Laissez-moi deviner, le Grand Réseau ?"

"Tu l'as dit, mais avant ça, il a fallu repenser le concept du MAI en entier. La seule façon d'augmenter le rayon de partage des informations était de permettre ces dernières de transiter par tous les appareils, sans surcharger le subconscient. Ils auraient également pu installer des relais pour augmenter la portée du réseau, mais comme tu l'as sans doute remarqué, ils sont assez faciles à pirater, ce projet a été jugé trop dangereux et abandonné."

"Je ne vois pas en quoi le concept du MAI a changé. Il y a toujours le risque de surcharge." Je l'interromps.

"J'y viens." Reprend-elle. "Se contenter de laisser l'information transiter par tout les appareils, c'était revenir à la première version. Il fallait stocker les informations inutiles aux utilisateurs hors de leur subconscient. C'est comme ça qu'est apparue l'idée du Grand Réseau. Les implants agiraient comme des antennes relais tandis que des entités dédiées stockeraient les informations non utilisées; protégeant ainsi la connaissance globale. Où penses-tu que nous stockions cette connaissance avant le MAI ?"

"Dans les livres ?"

"Oui, en voilà une fille maligne." Je ne sais pas pourquoi mais la façon dont elle fait mes éloges a le don de me taper sur les nerfs. "Mais on trouve aussi la plupart des livres dans les bibliothèque, et la seule en Equestria possédant tout les ouvrages répertorié est la Bibliothèque Royale de Canterlot. Ca a été le premier élément du Grand Réseau, ils ont convertit toutes données de la bibliothèque en informations capables de transiter par les implants. Puis ils les ont mis dans le seul support capable de les conserver, des esprits assez puissants pour supporter une telle quantité de données. On les appelle les Gardiennes du Grand Réseau, maintenant, tu sais pourquoi."

"Vous voulez dire que toutes nos connaissances, toutes nos expériences sont stockées dans l'esprit des princesses ?" Je demande choquée.

"La voie des déesses est impénétrable. Nous ne savons pas quand, ni comment elles sont apparues, elles contrôlent le soleil et les étoiles, je ne suis pas surprise qu'elles puissent enregistrer une telle quantité d'information. Quoi qu'il en soit, leur implant n'est pas différent de celui de la plupart des MAI, ce sont des uppers, l'endoctrinement en moins. Ces informations sont stockées dans leur subconscient, et je suis sure qu'elles possédaient déjà les connaissances de la Bibliothèque Royale avant d'être implantées."

Scarlet finit sa phrase en se levant de sa couche et se dirigeant vers son bureau. Elle ouvre le meuble se trouvant derrière, qui n'est rien d'autre qu'un bar et commence à saisir des verres. "J'ai soif, tu veux quelque chose ?" Me demande-t-elle.

"Juste de l'eau." Je lui réponds surprise de son attention. Cette dernière ne tarde pas à s'estomper.

"Tant mieux, je n'avais aucune intention de partager ma réserve avec toi." Dit-elle d'un ton détaché.

"Vous cherchez la bagarre ?" Je lui demande entre mes dents, je sens de nouveau la colère monter.

"Ecoutes, t'as fais pleurer ma sœur, et seul le pire des déchets ferait ça. T'as ruiné mes plans et manqué de respect à celle qui a tout fait pour te sauver la vie. T'as une idée de à  quel point ça l'a bouleversé quand elle a cru t'avoir perdu ?" Me demande-t-elle en s'énervant un peu plus à chaque mot, les flammes recommencent à sortir de ses yeux.

"J'ai déjà eu cette conversation, si vous voulez m'énerver, vous êtes sur la bonne voie." Je lui réponds en grognant. "Si vous n'aviez pas attaqué les princesses en premier lieu, je n'aurais pas été en danger."

"T'as intérêt à te calmer, souviens toi que si quelqu'un a le droit d'être en colère ici, c'est moi." Dit-elle d'un ton froid malgré le feu qui brûlant de son regard. "Je peux te le rappeler si tu le souhaites, je le ferais avec grand plaisir."

Elle revient accompagnée de Sapphire et pose trois verres sur la table devant nous. Elle verse une sorte de liqueur dans deux d'entre eux et remplit le dernier avec de l'eau. Elle donne un verre à sa sœur et bois le siens d'une traite. Je suppose que je dois prendre le mien moi-même.

"Rien de mieux que l'alcool pour relâcher la tension !" ronronne Scarlet. "Tu devrais essayer cette liqueur est excellente. Dommage qu'elle soit à moi, tu n'en auras pas."

Quelle comportement puéril, j'ai du mal à y croire, à la regarder j'ai l'impression de voir une pouliche. Comment peut-elle être à la tête du plus grand groupe terroriste du pays ? Je n'ai pas l'air d'être la seule que ce comportement dérange. Sapphire lui fait savoir d'un coup de sabot sur la nuque.

"Aïe ! Mais ça va pas ?!" S'écrie Scarlet en se frottant le crâne.

"Tu ne croies pas que nous ayons des choses plus importantes à faire que de la taquiner ?" Lui demande sa sœur.

"Maaaiiiis....." Geint Scarlet. "Cette histoire est ennuyeuse, j'ai besoin de prendre une pause." Sous le regard réticent de Sapphire, elle laisse tomber son masque enfantin et retrouve son expression froide et calculatrice. Elle tourne son attention vers moi et je sens les ennuis arriver. "Bien, il semble que la récréation soit terminée. Allons donc directement au cœur du problème. Comme je te le disais, nous nous battons contre l'oppression, et notre principale cible est l'endoctrinement. Pour cela, nous avons trois solutions. La première consiste à saboter les MAI, problème, nous avons besoin de plus d'infiltrés chez Apple Tech, et ce serait un peu trop évident si tous les implants cessaient soudainement de fonctionner correctement."

Elle remplit à nouveau son verre avant de le vider aussi vite que le premier.

"Les deux autres solutions visent à détruire le Grand Réseau. Comme je l'ai expliqué plus tôt, il est alimenté par les princesses et la Bibliothèque Royale. Cette dernière est dans le palais sous surveillance renforcée. Nous ne pourrions pas nous approcher d'un livre avant de nous faire repérer. Quant aux princesses..."

Elle prend une pause et vide un troisième verre. Elle le repose violemment sur la table en soupirant. Quand elle me regarde de nouveau, je peux sentir toute sa haine dirigée vers moi, le brasier ardent de ses yeux me dévore et son simple regard suffit à me brûler. Je ne peux pas retenir un cri de détresse. J'aimerai tellement pouvoir m'enfoncer un peu plus dans ma couche. Soudain, tout mon ennui est remplacé par la terreur. Ce n'est plus une pouliche désagréable et immature qui est devant moi, mais de nouveau la jument qui a passé plusieurs minutes à me torturer.

"Si tu n'avais pas..." Elle renifle le dernier mot. "Oublié, toute cette histoire serait terminée. Il nous a fallu des années de préparation. Infiltrer certains Me en position importante chez Apple Tech, obtenir l'information pour la visite, avoir notre agent en présence des princesses. Si tu n'avais pas été là, il aurait simplement eu à déclencher la bombe et nous aurions été débarrassé d'elles une bonne fois pour toutes."

Elle reprend son souffle et continue. "Au lieu de ça, tu étais là et tu l'as vu. Je ne sais pas comment, mais les princesses ont compris que quelque chose n'allait pas. Tu as juste détruit tout ce pourquoi nous avons travaillé tout ce temps. Et maintenant, tu nous dois rétribution, et je compte bien faire en sorte que tu paies ta dette."

"La bonne nouvelle," reprend Sapphire tandis que sa sœur tente d'écumer sa colère. "C'est que les princesses semblent avoir un certain intérêt pour vous, sinon elles n'auraient probablement pas essayé de vous sauver. Si vous êtes importante pour les princesses, vous l'êtes pour nous. Quoi que ce soit que vous ayez de spécial qui les intéresse, nous le voulons à notre service. Si ce que vous m'avez dit plus tôt est vrai, nous allons pouvoir l'utiliser à notre avantage".

"Qu'est-ce que tu racontes ?" Lui demande Scarlet.

"Elle m'a dit qu'elle n'était pas endoctrinée, même lorsque son MAI était actif. Elle a exposé ses argument assez clairement à ce sujet." Siffle Sapphire Night entre ses dents.

"C'est ce que j'ai lu dans le rapport de Loud Wind, il dit que Celestia parlait d'elle comme une sorte d'élue, Luna a parlé d'un 'nom'." Explique Scarlet. "Ca pourrait expliquer pas mal de choses, notamment pourquoi j'ai cru que tu étais une upper." Dit-elle en se tournant vers moi.

Elle prend un air songeur le temps de ruminer cette information. Si elle a besoin de réfléchir pour prendre une décision, il semblerait que Sapphire ai déjà prise la sienne. Elle me regarde sévèrement et une voix dans ma tête me suggère qu'il serait préférable que je fasse ce qu'elle va me demander.

"Si c'est vrai," commence Scarlet. "Ou si c'est vraiment ce que pensent les princesses, nous pourrions faire un bon usage de cet atout." Elle me jette son regard froid et continue. "Ecoutes moi bien attentivement, je vais te donner ta mission. Tu as intérêt à la réussir, sinon crois moi, je m'arrangerai personnellement pour faire de ta vie un enfer."

Son ton grave et le traitement qu'elle m'a donné pour notre première rencontre me donne toute confiance qu'elle tiendra sa promesse si j'échoue. Je déglutis bruyamment et hoche de la tête nerveusement dans la crainte de ce qu'elle va me demander.

"La première partie ne devrait pas être difficile, je veux que tu gagnes la confiance des princesses et que tu sabotes le Grand Réseau. Je te donne carte blanche pour le faire, quelques soient les tâches qu'elles te donneront, fais les. Obéis leur et ne fait rien de suspect, mais dès que tu en as l'occasion aide notre cause. C'est compris ?"

"Euh, oui ? Ce sont mes ordres, juste ça ?" Je demande surprise.

"Juste ça..." Soupire Scarlet. "Ecoutes, les mots peuvent sembler facile, certes, je ne te demande que de suivre leurs ordres. Mais ce ne sera pas aussi simple de gagner leur confiance, encore moins si tu es un esprit libre; elles ne seront pas en mesure de te contrôler, et je doute qu'elles apprécient ça."

"Est-ce que ça veut dire que les princesses vont bien ?"

"Il n'y a rien d'officiel pour le moment, néanmoins l'endoctrinement est toujours actif, j'en conclu que c'est le cas." Elle ajuste sa position dans sa couche et finit sa bouteille d'alcool. "Tu as des questions, on a encore du temps avant de te laisser partir." Demande-t-elle d'un ton détaché, toute trace de colère dissipée. En fait, elle a même l'air très détendue, un sourire idiot commence à apparaître sur son visage tandis qu'elle semble fondre sur le canapé, et l'évidence me frappe.

"Scarlet", dit sa sœur, "je pense que tu as assez bu pour aujourd'hui, tu devrais rejoindre tes quartiers et te reposer je vais prendre la suite à partir d'ici." Elle soupire en voyant que Scarlet est déjà affalée à demi consciente, certainement pas en état de quitter la pièce. "Pardonnez-là," me dit Sapphire. "Elle ne tient pas l'alcool, elle ne devrait pas boire autant."

"Est-ce qu'elle a bu juste pour m'énerver ?" Je demande sceptique.

"Probablement." Soupir Sapphire. "D'habitude elle ne boit que pendant les réunions importantes ou après les missions à succès."

"Dommage pour elle, je ne bois jamais, je déteste le goût de l'alcool."

"Vous devriez faire une liste des choses que vous ne détestez pas, ça nous changerait." Dit-elle agacée. Je vois qu'elle m'en veut encore pour tout à l'heure.

Elle se calme et prend un verre d'eau qu'elle repose tranquillement sur la table. "Alors, avez-vous des questions ?" Demande-t-elle. "Je suppose que vous devez en avoir un certain nombre, j'essaierai de vous répondre de mon mieux."

"Oui, en fait, j'en ai plusieurs."

"Je vous écoute."

"Comment savez-vous ce qui s'est dit avec les princesses ?" Je lui demande.

"Loud Wind était censé aider notre agent au cas où les choses tourneraient mal, ce qui a été le cas. Néanmoins, quand il est entré dans l'atelier après l'explosion, il n'a trouvé que vous. Comme vous aviez l'air importante pour les princesses, il vous a emmené ici."

"Qu'est-il arrivé à l'agent ?"

"Nous n'en savons rien. Comme je l'ai dis, Loud Wind n'a trouvé que vous, aucune trace des princesses, de la Garde Royale ou de notre agent. Peut être a-t-il été capturé, peut-être est-il mort." Dit Sapphire avec tristesse. "Enfin, il connaissait les risques, j'espère juste qu'il ne souffre pas."

"Je doute qu'il puisse être dans une situation pire que la mienne." Je réponds froidement.

Un silence gênant s'installe tandis que nous nous regardons tout deux dans les yeux. Colère et doute dans les miens, me retrouver forcée à travailler pour des poneys que je méprise, et pire que tout, devoir trahir les princesses, ce n'est pas ce que j'appelle une journée banale. Tristesse et embrassement dans les siens, j'ai l'impression qu'elle se sent coupable de ce qui m'arrive, bien qu'elle semble continuer à penser que je suis seule responsable.

"Avez-vous compris votre tâche, vous n'avez pas besoin de plus d'informations ?" Demande-t-elle en brisant le silence.

"Hum, je ne comprend pas vraiment comment je suis censée saboter le Grand Réseau. Gagner la confiance des princesses c'est une chose, mais après ? Et si j'ai besoin d'aide ?"

"Oh, je ne m'en fait pas pour ça." Me répond-elle ennuyée. "Soyez juste vous même et je suis sure que vous réussirez à faire assez de dégâts. Vous nous avez déjà prouvé à quel point vous pouviez causer des dommages sans même essayer. Ca a parfaitement fonctionné contre nous." Dit-elle sarcastique, tout à coup elle me rappelle sa sœur. "Quant à l'aide..." Elle se lève et se dirige vers les bureaux, elle ouvre un tiroir et en sort quelque chose. Elle revient dans notre coin et pose un appareil devant moi sur la table. "Utilisez ceci si vous avez besoin de nous contacter."

L'appareil est un peu plus grand que mon sabot, je le prends par la sangle dans son dos, et ouf! C'est lourd, enfin, pas si lourd, mais bien plus que je n'aurais pu m'y attendre pour quelque chose de cette taille. L'avant est couvert d'un écran et d'un clapet, j'ouvre ce dernier pour découvrir un clavier en dessous. Sur chaque touche sont inscrit un chiffre et trois lettres, à l'exception de deux d'entre elles, une rouge et une verte. Au sommet de l'appareil se trouvent une antenne et un bouton d'alimentation. Je n'ai jamais rien vu de tel.

"Qu'est-ce que c'est ?" Je demande curieusement.

"C'est un téléphone cellulaire. Ca marche comme un téléphone mais sans fil, vous pouvez nous appeler de n'importe où tant que vous êtes à portée d'une antenne relai sous le contrôle des Me." Explique Sapphire Night.

J'ai du mal à croire qu'ils aient réussi à miniaturiser un téléphone à ce point, je ne pense même pas qu'Apple Tech ai réussi cette prouesse. Je tords mon sabot dans tous les sens afin de mieux observer l'étrange appareil. "Comment je suis censée savoir si je suis à portée d'un relai ? Et plus important, comment ça marche ?"

Elle se lève de sa couche et vient se placer à côté de moi sur la mienne. Je ne suis pas vraiment à l'aise avec le soudain rapprochement, elle est proche, beaucoup trop proche... "La portée est indiquée sur l'écran, elle est représentée par ces barres." Dit-elle en me montrant le coin de l'écran de son sabot. Vraiment trop proche, je la sens presque me toucher.

"Et plus vous avez des barres, meilleure est la réception. Pour nous appeler, il vous suffit d'aller dans le répertoire, vous avez le numéro de la cellule Me la plus proche et du quartier général, ici. Une fois que vous avez sélectionné la cellule à appeler, appuyez sur le bouton vert, à la fin de l'appel, sur le bouton rouge." Elle hésite un instant. "Si vous êtes près d'un autre agent, son numéro apparaîtra dans le répertoire. A moins d'une urgence grave, ne les appelez sous aucun prétexte, faire sauter leur couverture à cause d'un téléphone est la dernière chose dont nous ayons besoin."

"Pourquoi y a-t il un pavé numérique si je n'ai pas besoin de composer de numéro ?" En dehors de l'aspect absurde de la chose je vois mal comment je suis censé l'utiliser. Il n'a clairement pas été conçu pour des sabots.

"Parce que nous changeons régulièrement les numéros, de cette façon on évite d'être tracé. Nous vous contacterons quand vous devrez mettre le répertoire à jour."

"Donc avec ce téléphone je peux trouver la cellule la plus proche, mais le répertoire ne se met pas à jour automatiquement ? J'ai du mal à voir la logique."

"Si le répertoire se mettait à jour en même temps que nous changions les numéros, il n'y aurait plus aucun intérêt à les changer. Imaginez que le gouvernement mette ses sabots sur l'un de ces téléphones, il pourrait trouver l'emplacement de toutes nos cellules et agents. Si vous vous faites capturer, nous aurons le temps de changer les numéros avant que vous ne les donniez sous la torture." Dit Sapphire un grand sourire aux lèvres.

D'accord, ne pas me faire capturer, je mets ça au sommet de mes priorités, ma session avec Scarlet m'a suffit pour toute une vie, je n'ai aucune intention d'en faire une habitude. Cela dit, ça ne change rien au fait que je vais devoir utiliser ce fichu pavé. En tirant la langue sous l'effort, je tente ma dextérité de la pointe du sabot pour appuyer sur les touches. Il est évident que j'aurai besoin de plus d'entraînement.

Lorsque je relève les yeux, Sapphire est presque collée à moi, un autre silence gênant commence à s'installer. Ai-je dit à quel point j'aimais les contacts avec les autres, autant physiques que sociaux. Apparemment, je ne suis pas la seule à ne pas savoir comment réagir dans ce genre de situation, je viens d'en trouver une deuxième, assise là, juste en face de moi sur ma couche. On se regarde sans dire un mot, évitant maladroitement de croiser nos regards. Qui eu cru que de méchants manipulateurs de cerveaux pouvaient aussi être gêné par ce genre de situation ?

Je tousse nerveusement, essayant de trouver quelque chose à dire, mais aucun mot ne sort. Les seuls sons venant perturber le silence sont les grognements et gémissements de Scarlet dans son sommeil. Elle bouge légèrement pour trouver une position plus confortable. Les petits bruits qu'elle fait, sa façon de bouger, son visage ivre, elle est plutôt mignonne comme ça. Je pourrais presque oublier que c'est une psychopathe sadique qui cherche à prendre le contrôle du pays.

"Ahah," gémit-elle. "Non, Clean Hooves, ne met pas tes sabots ici, ils ne seront plus propres."

Ookay..... Oubliez le silence, ça c'est gênant. "Hum, elle ne vous a pas appelé Clean Hooves quand vous m'opériez ?" Je demande à Sapphire qui commence à rougir si fort qu'elle en brille presque.

"Rentrer !" Crie-t-elle. "Vous allez bientôt pouvoir rentrer chez vous, vous n'êtes pas heureuse de bientôt pouvoir nous quitter ?"

Oh, pressée de changer de sujet à ce que je vois. Je ne peux empêcher un sourire sournois d'apparaître sur mon visage, le temps est venu de lui renvoyer la balle pour ce qu'elle m'a fait subir. Même si l'embarrasser n'est qu'une maigre consolation.

"Dire que je suis heureuse serait un euphémisme." Je réponds calmement. "Je vais enfin pouvoir quitter cet enfer. Mais ne dévions pas du sujet, honnêtement, je n'aurais jamais pensé que vous deux aviez ce genre de relation, je comprends pourquoi vous préférez qu'on vous appelle 'doc'." Son rougissement s'intensifie encore, elle est presque aussi rouge que sa sœur. "Ne vous méprenez pas, je ne me permettrais pas de vous juger, ce que vous faites entre sœurs lorsque vous êtes seules ne regarde que vous." Je lui dis le sourire aux lèvres.

"Exactement ! Ce que nous faisons dans notre intimité n'est pas de vos affaires !" Se défend-elle. Dans le mille, c'était presque trop facile. Je ne peux pas retenir mon fou rire quand je vois son visage alors qu'elle commence à comprendre ce qu'elle vient de dire. "Oubliez ça ! C'est un ordre !" Ses joues sont probablement plus ardentes que les yeux de Scarlet. "Nous ne sommes pas vraiment dans ce genre de relation." Boude-t-elle.

"Du calme." Je réprime quelques rires en essayant de reprendre mon contrôle. "Je ne faisais que plaisanter, même si ça n'a pas l'air d'être le cas de Scarlet."

Sapphire quitte ma couche pour se rendre vers la sienne, tête haute, tentant de récupérer un semblant de dignité. "C'est pour ça que je n'aime pas quand elle boit. Je suis sure d'entendre parler de cette histoire pour des semaines."

C'est ce moment que choisit Scarlet pour se réveiller. Elle s'étire de tout son long laissant échapper un grand bâillement. C'est drôle, lorsqu'elle se réveille, ses yeux ressemble plus à des braises qu'à un feu ardent, ils restent tout de même intimidants. Elle s'étend et fait travailler sa mâchoire pour se débarrasser de l'engourdissement, c'est tellement mignon. Il doit y avoir un truc qui cloche chez moi, comment je peux penser ça de ma tortionnaire ?

Aucune des deux sœurs ne semblent remarquer mes grimaces alors que je mène ma lutte intérieure. "Combien de temps j'suis restée dans les vaps' ?" Demande Scarlet d'une voix endormie.

"Pas longtemps." Répond Sapphire, "Je viens tout juste de lui expliquer comment utiliser le téléphone cellulaire."

"Bien, bien." Dit Scarlet avant de tourner son attention vers moi. "On ne va pas tarder à te reconduire chez toi, t'as d'autres questions avant qu'on parte ?"

"Non, je ne pense pas, votre sœur m'a expliqué ce que vous attendiez de moi, j'essaierai de me débrouiller." Je lui réponds.

"Il ne s'agit pas d'essayer, t'as plutôt intérêt à réussir." Grogne-t-elle. "Bon, le carrosse ne devrait pas tarder à partir, on peut y aller dès que vous êtes prêtes." Dit-elle à l'attention de Sapphire et moi. "Tu devrais passer par ta chambre avant de partir, ton sac et tes affaires t'y attendent, moins ce que nous avons jugé nécessaire pour nous dédommager et ce qui a été détruit dans l'explosion. Je laisse ma sœur t'accompagner, je vous retrouve au garage."

Sur ces mots, Scarlet quitte la salle et nous suivons ses pas. Nous arrivons dans un autre vestibule ayant la même configuration que le précédent. A l'exception qu'elle se termine par un ascenseur. Scarlet l'emprunte tandis que Sapphire et moi continuons à traverser le long couloir en direction de mon ancienne chambre.

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