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Le Fruit de la Vengeance

Une fiction écrite par Usui.

Chapitre 14 : Un opéra enflammé (première partie)

La sélène princesse venait d'accomplir son office : la nuit venait de couvrir de son voile sombre Equestria et ses alentours. Les lampadaires venaient de s'allumer dans les rues grâce à la magie des licornes dont c'étaient la tâche quotidienne. Progressivement, un grand tumulte commença à emplir tout Manehattan. En effet, un événement attendu dans tout le pays allait se produire dans la cité. Et quel événement ! Ni plus ni moins que la grande première de l'opéra adapté de la mythique pièce Manelet de Shakeshoove ! De nombreux spectateurs provenant des autre coins du pays s'étaient déplacés spécialement pour assister à cette représentation, qui se tiendrait au Carmanegie Hall, une salle de spectacle désormais modeste, si on la comparait à ses homologues de Canterlot, mais qui avait fait la fierté de Manehattan il y a quelques décades de cela !


La foule commençait à s'étirer tel un serpent le long de l'avenue menant à l'opéra. Des poneys appartenant à diverses classes sociales s'y étaient rassemblés, sans faire la moindre distinction. Les plus riches, accoutumés à ce genre de spectacles, fréquentaient les plus modestes, qui avaient longuement économisé en vue d'assister à cette première dans l'histoire du pays, espérant ainsi grimper dans l'échelon social. Il y avait également quelques critiques au sein de cette queue, aussi bien apte à glorifier cet opéra qu'à le descendre plus bas que terre. Bien que différents, ces poneys arboraient deux points communs. En premier lieu, ils étaient venus avec l'intention de passer une bonne soirée. Mais pas tout seuls. Cette représentation devait être partagée par plusieurs poneys, qu'ils puissent apprécier ensemble la déferlante d'émotions qui allaient survenir.


Ce qu'ils ignoraient, c'est que cet opéra était en réalité un message. Un message n'ayant qu'une seule véritable destinataire : une jument qui avait tout perdu et qui était froidement déterminée à reprendre possession de sa vie. Et cette jument était dans cette foule, attendant avec une grande impatience, qu'elle tentait de masquer du mieux qu'elle pouvait, de pouvoir pénétrer dans la salle. La ponette, vêtue et coiffée d'une manière que l'on pourrait qualifier d'élégante, n'était pas venue seule, à l'instar des autres spectateurs. Son oncle, un étalon à la robe jaune et aux poils aux couleurs de l'herbe, l'avait accompagné, vêtu pour l'occasion d'un splendide smoking noir avec un nœud papillon bleu s'accordant avec la couleur de ses yeux. Son épouse, dont la robe était similaire à celle de son mari en plus pâle, assisterait également au spectacle, ne changeant guère son apparat habituel, constitué d'un chignon pour sa crinière auburn en tout point identique à celui de sa nièce et d'un collier en or serti de perles. Exception faite de la robe qu'elle portait, imaginée et conçue par une amie de sa nièce.


La jeune licorne à l'origine de cette robe était également de la partie, discutant avec son amie en faisant légèrement virevolter sa robe à chaque mouvement. Elle aussi attendait avec impatience d'être dans la salle, mais cette impatience était mêlée d'anxiété. Elle tentait de cacher cette crainte à sa compagne. La file devant eux se rétrécissait et la licorne demanda à la jument :


« Tu n'es pas trop stressée, Applejack ? »


Cette dernière dévisagea quelques instants Rarity, avant de lui répondre d'un ton tranquille :


« Ce n'est qu'un opéra. Je n'ai aucune raison d'être stressé. »


Applejack venait de botter en touche le sens caché derrière les propos de son amie. Rarity voulait savoir si la fermière était toujours motivée à mettre en œuvre son projet. Elle s'attendait cependant à ne pas obtenir de réponse franche. Et la façon dont elle l'avait obtenu lui montra qu'elle avait raison : Applejack avait fait en sorte de camoufler son accent typique de Sweet Apple Acres, ce qu'elle ne faisait qu'à proximité de son oncle et de sa tante, ces deux derniers n'étant pas au courant des intentions de leur nièce. Et elle entendait bien ne pas leur révéler.

Rarity comprit au vu de la réaction de son amie qu'elle était toujours aussi décidée. Cela ne fit qu'augmenter son inquiétude. Connaissant le caractère d'Applejack, elle s'attendait à un grand retour de bâton dès qu'elle apercevrait Twilight et les autres sur la scène. Néanmoins, elle essaya de paraître la plus ordinaire possible, discutant avec Mme Orange des diverses tendances du moment à Canterlot. Son hôtesse fut ravie d'entendre ses opinions au sujet de son désaveu des corsets, qui déformaient selon elle la silhouette.


Le petit groupe avançait en même temps que la file, chaque pas réduisant la distance qui les séparait de l'entrée. Applejack commençait à taper du sabot nerveusement. Elle comprenait à cet instant à quel point attendre quelque chose était insoutenable. Elle repensait à Rainbow Dash, qui piaffait d'impatience lorsqu'elle attendait désespérément qu'on lui serve du cidre estampillé « famille Apple » et eut une pointe de compassion pour elle ainsi que les autres clients. Il faudrait qu'elle s'arrange pour améliorer ce principe de file d'attente à son retour à Sweet Apple Acres.


Rarity lui asséna alors un léger coup de sabot, extirpant la jument vêtue d'une robe sombre de sa rêvasserie.


« Ton billet, ma chère, lui rappela-t-elle. Le gardien n'attend plus que toi. »


Elle ne s'en était pas rendue compte, mais ils étaient déjà parvenues à l'entrée de l'opéra. Les époux Orange et Rarity avaient déjà fait contrôler leurs billets au gardien, un poney d'âge moyen à la robe brune et arborant une courte crinière noire, qui avait tendu son sabot droit à la fermière. Cette dernière sortit son billet d'un pli de sa robe avant de le donner au contrôleur en sussurant quelques mots d'excuses. Satisfait, l'étalon brun la laissa rejoindre son oncle, sa tante et son amie. Au complet, le groupe ouvrit les portes du Carmanegie Hall.


Applejack émit un léger sifflement admiratif en contemplant le hall d'entrée de la salle, qui n'était pas sans lui rappeler celui du manoir de Fancypants, en plus vaste. Le sol était recouvert de dalles si propres qu'on pouvait y voir son reflet, ainsi que celui des lumières appartenant aux chandeliers en or fixés au plafond. Ce dernier était comparable à une véritable fresque murale narrant l'Histoire des Arts en Equestria. Les plus grands dramaturges, comédiens, musiciens, peintres, sculpteurs y étaient représentés tous unis dans ce qui semblait être un véritable festin de la culture. Devant ses yeux se dressait un escalier avec des rampes boisées se divisant en deux côtés arrivés au premier étage de l'opéra (il en comportait trois au total). Les marches étaient recouvertes par un magnifique tapis rouge semblant indiquer la direction au spectateur.


La jument de Sweet Apple Acres fut bientôt soustrait de cette contemplation par les regards désapprobateurs de son oncle et de sa tante, qui n'appréciaient pas vraiment ce genre de comportements quand l'on entrait dans une salle si prestigieuse. Rarity se contenta de son côté d'hausser les épaules, guère surprise par la réaction d'Applejack. Cette dernière afficha une mine un peu gênée qui fut considérée comme une excuse suffisant aux yeux des Orange.


Le groupe se remit en marche et commença à monter l'escalier d'un pas lent, mais ferme. Il opta pour le chemin de gauche avant de s'arrêter, une fois parvenu au deuxième étage. Il traversa l'allée dont la partie à leur droites étaient couvertes de glaces reflétant leurs formes ainsi que celles des chandelles placées près des fenêtres. La dernière porte à franchir se dressait à présent devant lui.


M.Orange poussa la porte et la retint à l'aide de son dos, invitant les juments à passer en première au moyen d'une révérence. Son épouse passa en première, suivie peu après de sa nièce et de son invitée. La porte se referma sur l'entrée de l'étalon.


Applejack fut une nouvelle fois frappée par la beauté des lieux s'étendant sous son regard. Mais cette fois, son exemple fut imité par Rarity. Seuls les Orange ne furent pas soufllés, ayant déjà assisté par le passé à des représentations. Ils se trouvaient sur un grand balcon surplombant l'intégralité de la salle. Plusieurs rangée de sièges s'étalaient devant eux. En dessous du groupe s'étendait encore plus de sièges, avec de nombreux autres spectateurs déjà assis sur ces derniers. Au-dessus de leurs têtes se trouvaient d'autres balcons, beaucoup plus réduits, réservés aux invités de marque du Carmanegie Hall. Enfin, au fond de la salle se situait la fosse où jouerait l'orchestre et derrière elle, la scène où les comédiens interpréteraient l'opéra, pour l'instant masquée par deux grands rideaux rouges.

Profitant du fait qu'il n'y avait pas encore grand monde à leur étage, le groupe s'installa sur la rangée la plus proche de l'extrémité du balcon, bénéficiant ainsi d'une vue d'ensemble de la salle. C'était tout bonnement impressionnant. Impressionnant de voir autant de poneys rassemblés en contrebas pour assister à un opéra. Ces derniers ne faisaient pas seulement acte de présence, ils conversaient entre eux, partageant d'ores et déjà leurs impressions sur les lieux ainsi que leurs attentes au sujet du spectacle. Ce brouhaha contamina Applejack et Rarity, qui se lancèrent à leur tour dans une chaleureuse discussion en compagnie des Orange :


« Est-ce la première fois que vous assistez à un opéra, mademoiselle Rarity ? demanda Mme Orange avec curiosité.

-Oh, non, affirma la blanche licorne, il m'est déjà arrivé de me rendre à l'opéra lorsque j'étais à Canterlot pour mes affaires.

-En ce qui me concerne, intervint Applejack, ça sera le premier opéra auquel j''assisterai.

-Il y a une première fois à tout, très chère, annonça son oncle avec sagesse.

-J'imagine, dit la fermière. En tout cas, j'espère que cela valait le déplacement. »


Rarity tressaillit en entendant cette dernière phrase. Elle avait conscience de ce que voulait dire AJ par là. Si cette dernière était venue, c'était uniquement avec l'espoir d'y rencontrer le véritable Fancypants et ainsi avoir une entrevue avec lui. Elles n'avaient aucune garantie que le noble étalon assisterait à l'opéra. Sachant qu'elle allait sans aucun doute se crêper le chignon avec Applejack au sujet des autres, Rarity pensa qu'elle misait tout sur un coup de poker. Si Fancypants venait, aucun problème, Applejack continuerait de lui faire confiance et la licorne pourrait l'empêcher de commettre un acte qu'elle regretterait par la suite. Mais s'il ne venait pas... Elle ne préféra pas songer à cette éventualité, qui réduirait à néant les efforts qu'elle avait déployé au cours du mois...


La représentation n'avait pas encore débuté que déjà les premiers tracas s'amoncelaient...




En coulisse, Twilight passa en revue une dernière fois ses troupes, leur prodiguant d'utiles conseils et les rassurant. En effet, nombre d'entre eux étaient pour le moins anxieux, à commencer par Fluttershy, qui tremblait de tout ses membres et tentait par tout les moyens de se défiler. La disciple de Celestia employa sa magie et prit le contrôle des ailes de la pégase afin de la faire venir à elle. Cette dernière couina misérablement. En réaction, la licorne la prit dans ses bras et murmura à son oreille :


« N'aie pas peur. Ne pense pas au public. Dis-toi que ce sera exactement comme lors de la Veillée Chaleureuse. Si tu joue aussi bien que tout à l'heure, tout ira bien. »


Elle plongea son regard dans celui de son amie, et prononça ces derniers mots d'un ton plus ferme :


« Fais-le pour Applejack. »


Le visage de Fluttershy se durcit en entendant cela. Elle gagnait progressivement en courage. Elle repoussa ensuite avec douceur les sabots de Twilight et partit rejoindre le reste des comédiens sans mot dire. En la voyant s'éloigner de la sorte, la protégée de Celestia ne put réprimer un sourire. Elle alla ensuite à la rencontre de Rainbow Dash, qui était en train de frapper à de multiples reprises un mur sans défense.


« Rainbow. Ce mur ne t'as rien fait. Je sais que tu es stressée, mais peux-tu arrêter de le boxer ? demanda Twilight. »


La pégase arrêta son enchaînement et tourna son visage azur vers son amie en disant d'une voie indignée :


« Moi, inquiète ?! Tu veux rire ?! Je suis 20%, non 100% plus motivée que jamais ! Je répète juste la scène du duel avec Manelet. J'me serais bien entraînée avec Pinkie, mais ça fait au moins un quart d'heure qu'elle s'est bouclée dans sa loge !

-Bon, je vais la faire sortir... annonça une Twilight décontenancée. Je sais que les vedettes se font toujours attendre, mais on ne peut pas commencer sans elle... »


Elle laissa Rainbow Dash dans son coin. Cette dernière reprit son entraînement. Sans même se retourner, Twilight lança d'un ton cinglant :


« Je t'ai dit stop ! Tu vas le démolir, si tu continues ! »


La pégase cessa son action et se contenta de soupirer avant de s'envoler vers l'endroit où étaient rassemblées le reste des interprètes. Satisfaite, Twilight se mit à chercher dans l'allée réservée aux comédiens la loge de Pinkie Pie et frappa à la porte de celle-ci.


« Entre, Twilight, fit la voix surexcitée de l'interprète de Manelet à travers la porte. »


La licorne mauve s'exécuta et ouvrit la porte, seulement pour contempler la loge dans un état lamentable ! Les affaires de la ponette rose traînaient ça et là en plein milieu se trouvait Pinkie Pie, avec son costume enfilé à l'envers. La première question de Twilight ne se rapporta pas cependant au bazar ambiant :


« Comment as-tu su que c'était moi ?

-J'sais pas, répondit Pinkie en haussant les épaules. C'est sorti tout seul ! »


Visiblement, la ponette bondissante améliorait jour après jour son Pinkie sense. Twilight se décida finalement à aborder le sujet qui l'amenait ici :


« Pinkie, qu'est-ce que tu fiches ici ? On n'attends plus que toi pour commencer ! Ne me dis pas que t'es toujours taraudée par tes problèmes capillaires ?

-Ben, faut croire que si, contredit Pinkie. Il faut que je règle ça avant mon entrée en scène !

-Rahhh ! S'emporta la licorne. Tu vas voir ce que tu vas voir fichue crinière! »


Elle s'empara à l'aide de sa magie d'une paire de ciseaux qui traînait devant le miroir et coupa une longue touffe de crinière de Pinkie Pie. Cette dernière s'apprêtait à protester, mais Twilight se concentra et la touffe frisée se lissa naturellement au bout d'un moment. La licorne fut essoufflée à la fin de cet exercice. Elle aurait pensé que ce serait beaucoup plus simple de lisser une crinière de manière définitive. Néanmoins, elle la tendit à Pinkie en annonçant toute fière :


« Maintenant, tu as une perruque. Tu la cacheras sous ton pourpoint quand tu n'en auras pas besoin. D'ailleurs il est à l'envers, si je puis me permettre. Normalement, tu auras le temps d'échanger les crinière lors des entractes.

-Et si je dois inverser au cours d'une scène ? questionna Pinkie Pie. »


Twilight réfléchit un peu avant de rétorquer :


« Tu n'as pas besoin d'échanger avant le deuxième acte. Dans ce cas, tu essaieras de passer discrètement derrière l'un des piliers du décor représentant le château. Et pour le dernier acte, tu te mêleras aux figurants pendant l'enterrement. Compris ?

-Okie, dokie, lokie. Ah, et je vais remettre mon costume à l'endroit !

-Je préfère ça, fit la licorne en hochant la tête. On compte sur toi ! »


Elle s'en alla sans regarder son amie en train de lutter avec son costume et croisa sur le chemin du retour Symphonia, habillée comme se devait l'être tout bon chef d'orchestre. Sa corne luisait d'une lueur turquoise et une baguette tournoyait autour de celle-ci. L'ancienne professeur de musique tremblait, non de peur, mais d'excitation. Elle n'avait qu'une hâte : monter sur scène pour interpréter la partition qu'elle avait elle-même composé ! Twilight parvenait plus ou moins à comprendre l'intensité des émotions de Symphonia.


« Je vois que vous êtes prêtes, déclara Twilight.

-Plus que jamais ! répondit Symphonia en rehaussant ses bésicles avec son sabot droit de façon maladroite.

-Le public vous attend. »


Symphonia prit une lente inspiration et s'avança d'un pas décidé vers le lieu élu pour accueillir la symphonie dont elle était la compositrice. C'était l'oeuvre de toute une vie qu'elle s'apprêtait à concrétiser. Elle approchait lentement du moment décisif. La porte finale séparant le rêve de la réalité se trouvait devant elle. Elle posa son sabot gauche sur le battant de la porte, parut hésiter un moment, et enfin ouvrit avec lenteur la porte.


Les membres de l'orchestre qu'elle allait diriger pendant plusieurs heures étaient déjà à leurs places respectives depuis déjà quelques minutes. Toutefois, le public continuait de parler dans un brouhaha digne du Tartare ! Elle arrivait depuis la gauche, et avait encore une dizaine de mètres à parcourir afin de rejoindre la petite estrade qui avait été aménagé pour elle, aussi les spectateurs mirent quelques secondes avant de se rendre compte de sa présence. Mais lorsqu'ils la virent, le volume émis par leurs voix diminua progressivement, avant de complètement s'éteindre. A présent, on n'entendait plus que les bruits de sabots de Symphonia résonner dans la salle.


Cette dernière finit par parvenir à son pupitre où était posé la partition de l'opéra, sa partition, celle qu'elle avait rédigé durant de longues heures ! Les notes de musique qui parcouraient les diverses feuilles étaient les siennes ! C'était sa symphonie !


Quelques gouttes de sueurs perlèrent sur le front de Symphonia au fur et à mesure qu'elle sentit les lumières brûlantes des projecteurs se braquer sur elle. La salle était encore parfaitement éclairé. Lorsqu'elle donnera le signal, la plupart des lumières disparaîtront. Seules demeureront les projecteurs illuminant la scène ainsi que la faible lueur de quelques bougies disséminées un peu partout dans la salle.


Elle put contempler par conséquent que le regard des spectateurs ne la quittait pas. Ils n'attendaient qu'une chose : qu'elle se lance. Elle vit également les membres de l'orchestre, les sabots parés à jouer de leurs instruments. Son regard se perdit dans les pupilles d'une violoncelliste qui avait fait des merveilles lors des répétitions. Ses yeux semblèrent indiquer qu'elle n'attendait plus que le signal pour jouer.


Alors enfin, elle se décida. Elle s'inclina devant le public silencieux et éleva sa baguette dans les airs. Instantanément, il fit plus sombre dans la pièce. Les spectateurs pouvaient encore se voir entre eux, mais c'était beaucoup plus difficile. La baguette de Symphonia fit alors les premiers gestes, indiquant le début de la partition. La représentation débutait enfin.


Le son des percussions, froid et lourd, se fit entendre, faisant vibrer la salle à chaque coup. Quelques secondes plus tard, le son de flûtes se mêla aux tambours, donnant une touche de légèreté bienvenue. Pendant ce temps, le rideau se baissa tout doucement, dévoilant le lieu où se tiendrait le premier acte. Il s'agissait d'une des tours d'une forteresse en pierre, la forteresse de Trottseneur, l'endroit appartenant à la famille de Manelet. Un étalon à la robe noire portant une armure et une lance faisait le guet. Les flûtes se firent plus discrètes, soulignant ainsi la tension croissante, tandis que la silhouette d'un autre soldat commençait à apparaître derrière lui.


« Qui va là ? demanda le second veilleur d'un ton grandiloquent

-C'est plutôt à vous que s'adresse cette question, fit le premier soldat d'un ton plus grave.

-Longue vie au roi !!! s'exclama le deuxième étalon en faisant vibrer les murs de la salle de sa voix puissante. »


A présent convaincu de l'identité de son interlocuteur, le premier soldat réalisait qu'il était temps pour lui de céder sa place. La garde était relevée. Il vit alors une licorne mauve vêtue d'un pourpoint rouge s'approcher d'eux en déclarant d'une voix posée, en symbiose avec le son des guitares et basses :


« Amis de ce pays ! Et sujets de Trottseneur ! Je vous salue! »


La scène se poursuivit sur l'introduction du personnage de Wellmouth, confident du prince Manelet. Mais Applejack n'y accordait déjà plus la moindre attention, ainsi qu'à la musique, laquelle avait substitué le son pesant des tambours à la douceur des cordes. Elle venait de se rendre compte que l'interprète de Wellmouth n'était nul autre que Twilight ! Elle dût déployer de grands efforts pour ne pas pousser un hurlement et se contenta de jeter un regard courroucé dans la direction de Rarity. Cette dernière savait pertinemment qu'elle allait devoir rendre des comptes à son amie pendant l'entracte, aussi ne chercha-t-elle pas à défier le regard furieux d'Applejack et garda ses yeux cobalts rivés sur la scène.


Tandis que la fermière ne lâchait pas la blanche licorne une seule seconde, la représentation se poursuivait. L'intrigue se poursuivait, sans prendre en compte les réactions des spectateurs. Wellmouth venait de réaliser de ses propres yeux que l'esprit du précédent monarque (un sort d'illusion déployé par Twilight à l'effigie de la princesse Celestia)hantait les couloirs de Trottseneur et se sentit obligé de prévenir l'héritier de ce dernier Manelet.


A l'issue de cette scène, le rideau se ferma pendant une dizaine de secondes, le temps de changer le décor. De son côté, l'orchestre n'interrompit pas un seul instant la musique, et entama plutôt une transition toute en nuances et progressivement vers la seconde scène. Pourtant, le changement d'ambiance était radical : on passait d'un air mystérieux et annonciateur de mauvais présages à un autre qui au contraire se voulait des plus festifs. Le son des flûtes retentit de plus belle accompagné des cymbales et des basses. La tonalité générale était devenue aiguë.


Le rideau s'ouvrit cette fois sur un décor situé en intérieur. Un sol pavé de dalles noires et blanches, plusieurs pilier de pierres placés à des intervalles régulier, et deux trônes en bois d'acajou rembourrés de velours constituaient le cadre de la cour de Trottseneur. De nombreux poneys étaient rassemblés. Parmi eux, un trio de pégases, l'un gris, une autre jaune et la dernière bleue. Une jument rose, la seule vêtue de noir, ressortait particulièrement, faisant presque oublier le couple royal, une jument jaune à la crinière rousse et une alicorne au pelage sombre comme la nuit, dont la crinière semblait constitué d'étoiles.


A cette vision, tout les spectateurs émirent une exclamation de surprise. Tous reconnurent la sélène princesse Luna, qui interprétait le rôle du monarque félon, Pridehoof. De son côté, Applejack eut une mine affligée en reconnaissant à tour de rôle les autres comédiens : Pinkie Pie, Fluttershy, Rainbow Dash et même Derpy Hooves ! Twilight avait fait participer tout les habitants de Ponyville ou quoi ?! La fermière sentait qu'il y avait anguille sous roches et qu'elle s'était faite une nouvelle fois piègé. Elle avait une pressante envie d'étrangler Rarity mais réprima ce désir au fond d'elle.


Au même moment, l'interprète de Pridehoof se leva de son trône, s'éclaircit la gorge, et parla d'une voix si forte qu'on aurait pu sûrement l'entendre depuis l'avenue :


« Bien que le trépas de notre cher frère Manelet soit encore un souvenir des plus récents

Et qu'il convient à nos cœurs de demeurer dans la peine durant encore de longs moments.

Pourtant, la raison a lutté contre la nature si violemment,

Que tout en nous souvenant de nous-mêmes lors d'un sage chagrin,

Nous pensons à lui.

Ainsi, celle qui fut notre sœur, et notre reine aujourd'hui,

Nous l'avons, oserions-nous dire, avec une joie défaite,

Avec un œil joyeux, mais l'autre en pleurs,

Allègres funérailles, funèbre mariage,

D'une balance pesant également le délice et le deuil,

Prise pour épouse.

Merci à tous pour les précieux conseils que vous avez prodigué.

Sachez à présent que le jeune Stronghorn,

Tenant en piètre estime notre valeur,

Ou pensant que le décès de notre frère bien-aimé a disjoint notre domaine et brisé sa charpente,

S'est targué de cet avantage illusoire,

Et n'a eu de cesse de nous importuner de messages exigeant la restitution des territoires,

Cédés par son père dans la plus pure légalité, à notre très vaillant frère. Voilà pour lui.

Quant à nous, dont le conseil est ici assemblé,

Voici notre besogne : nous avons écrit à l'oncle du jeune Stronghorn, basé à Vanhoover,

Et impotent, alité, ne sachant que peu de choses des desseins de son neveu,

Pour l'informer des projets de ce dernier. »


Cette longue tirade de Pridehoof, bien que difficile à comprendre en raison de l'emploi abusif de la voix traditionnelle de Canterlot, avait au moins le mérite d'installer avec brio le contexte politique de la pièce. En effet, Manelet était parmi les tragédies de Shakeshooves, l'une de celles qui possédait un contexte hors-intrigue des plus poussés, intégrant tout une sous-partie sur la situation en dehors des lieux principaux. Shakeshooves avait d'ailleurs tiré son inspiration principale du conflit ayant eu lieu entre les trois tribus même s'il était ardu de s'en rendre compte lors de la représentation en raison de la mixité des rôles. Ainsi, tel qu'imaginé par le dramaturge, le royaume de Trottseneur devait être habité uniquement par des terrestres, tandis que ceux de Vanhoover étaient des licornes.


Tandis que certains applaudissaient déjà la performance de Luna, gonflés d'admiration pour leur princesse, Applejack eut une profonde envie de bailler. Très peu pour elle les machinations politicardes ! Quitte à ce qu'elle ne trouve pas Fancypants, elle espérait au moins un peu d'action. Et là, à part blablater en chantant d'une façon extrêmement grandiloquente, il ne se passait pas grand chose. Si ça continuait ainsi, elle ne tarderait pas à s'en aller de la salle.


Toutefois, même si cela était tentant, elle décida de rester envers et contre-tout. Après tout, ses amies jouaient toutes un rôle dans cet opéra et elle se devait de rester jusqu'au bout. Ce n'était pas parce qu'elle ne désirait pas qu'elles sachent qu'elle se trouvait là qu'elle ne devait pas assister aux efforts incroyables qu'elles déployaient pour que le spectacle tienne la route !


Surtout qu'elles tiraient toutes leur épingle du jeu, en particulier Pinkie Pie. D'après ce qu'elle avait compris jusqu'à présent, Applejack avait saisi que son amie interprétait le rôle principal, Manelet, et qu'il s'agissait du prince héritier du trône. Ce dernier, de retour au château afin d'assister à l'enterrement de son père, et qu'il avait été retenu par son oncle et sa mère qui s'apprête à se remarier. Nouvelle qui le frustre particulièrement. C'est dans ces circonstances qu'il apprend par son ami Wellmouth l'existence d'un spectre ressemblant trait pour trait à son père hantant Trottseneur. Il décide alors de s'assurer de cela le soir même et se retrouve seul à seul avec le spectre, qui lui avoue avoir été empoisonné par son propre frère. La représentation en était donc à ce stade-là : l'illusion du spectre révélant la vérité à Manelet.


La voix de ce dernier, décharnée et vide, résonna dans la salle, accompagnée par le violoncelle, les tambours et les cors distillant avec parcimonie une sombre atmosphère :


« Je dois être concis. Je dormais en mon verger,

Telle était mon habitude chaque après-midi,

Et c'est dans ce paisible instant que ton oncle me surprit,

Portant le suc de la liliacée empoisonnée dans une fiole,

Et versant dans mes oreilles ce liquide maudit

Dont l'effet est tant hostile au sang d'un poney.

Il court le long des portes et des voies naturelles du corps

Et avec une soudaine vigueur, il fige et caille,

Comme d'aigres gouttes dans du lait,

Le sang fluide et sain. Ainsi en fut-il du mien.

C'est comme cela que je fus, en dormant, par le sabot d'un frère,

Privé d'un coup de vie, de couronne et de reine,

Fauché dans la pleine fleur de mes péchés,

Sans sacrément, sans confession, sans m'être mis en règle,

Envoyé à mon juge avec toutes mes imperfections sur la tête !

Oh, horrible ! Oh, horrible ! Que c'est horrible ! »


Ici, la musique monta en gradation, afin de bien insister sur la terreur et la honte ressenti par le spectre du père. Ce dernier poursuivit sa litanie, plus dur encore :


« Ne le supporte pas,

Ne permet pas que le noble lit de Trottseneur serve de couche à la luxure et à l'inceste maudit !

Mais quel que soit ta façon d'agir,

Garde l'esprit pur, que ton âme ne trame aucun mal contre ta mère !

Adieu sans plus tarder, car l'aube se fait proche !

Adieu, Adieu, Manelet !

Souviens-toi de moi !!! »


La figure du père s'évapora dans les airs, emportant avec lui la musique et laissant seulement Pinkie Pie sur scène. Cette dernière fit quelques pas en avant, seuls sons perceptibles par les spectateurs. Et encore, seulement les plus proches de la scène. L'interprète de Manelet ouvrit alors sa bouche d'un ton éloquent. Un pianiste, que les plus mélomanes auraient sans problème reconnu comme étant Frédéric Horsechoppin, se mit en même temps à l'oeuvre, jouant une mélodie triste et en même temps forte, résolue, déterminée :


« Oh, vous tous, armée du ciel ! O terre ! Et quoi d'autre ?

Invoquerais-je également le Tartare ? Infâme !

Tiens bon, mon cœur !

Me souvenir de toi ?

Oui, pauvre fantôme, tant que la mémoire aura siège dans mon crâne.

Me souvenir de toi ?

Certes, des tables de ma mémoire,

J'effacerai tous les enfantillages,

Tout ce qui sort des livres, toutes les idées, toutes les notes anciennes,

Que la jeunesse et l'observation copièrent.

Et ton commandement sera le seul à vivre

Dans le volume et le livre de mon cerveau.

Oh, jument des plus pernicieuses !

Oh, félon, félon souriant, maudit félon !

Il convient que je prenne note

Que l'on peut sourire et toujours sourire,

Et malgré tout être félon !

Maintenant, je fais une promesse :

« Adieu, adieu et souviens-toi de moi ! »

J'en ai fait le serment. »


La tirade de Manelet se termina sur l'intrusion de son ami Wellmouth. Le protagoniste de la tragédie fit suffisamment confiance à son ami pour lui exposer son projet et parvient à s'adjoindre ses services, tout cela au son d'un air qui adoptait une tonalité guerrière. Applejack sentit sans mal toute l'intensité de la scène et eut le sentiment que la suite de l'opéra lui donnerait la dose d'action qu'elle réclamait.


Mais il y avait plus important pour elle : Manelet, au-delà de la brillante interprétation de Pinkie Pie, prouvant que la jument rose pouvait se montrer des plus sérieuses, était comme un parfait reflet de ce qu'était Applejack en ce moment : un être résolu à se venger et à obtenir gain de cause. La fermière ne pouvait que compatir aux déboires du héros tragique, car elle traversait à peu de choses près, la même situation. Mais Manelet avait deux avantages sur elle : il connaissait pour commencer l'identité du responsable à ses malheurs. Et deuxièmement, il n'était qu'un être fictif. Néanmoins, Applejack dut concéder que ce Shakeshooves avait quand même une perception des choses très proche de la vérité. Ce qui n'était pas donné à tout le monde. C'était sans doute pour cette raison que ses pièces connaissaient un tel succès.


Et visiblement, sa transcription sous forme d'opéra se déroulait sans réels heurts. La musique adhérait à la perfection aux événements et se calait au mot près des tirades des divas et ténors, qui étaient dans leurs rôles. Bref, la pièce avait tout pour plaire et pas un spectateur ne s'était levé le début, il y a près de trois quart-d'heure.


On approchait du final du premier acte. Manelet avait finalement convaincu Wellmouth et les soldats qui l'accompagnaient de la fiabilité de son plan : se faire passer pour fou afin d'endormir la méfiance de son oncle et ainsi s'assurer de la véracité des propos du spectre. Le rideau tomba sur le premier acte de l'opéra par ces derniers mots prononcés par Pinkie, qui s'efforçait de couvrir le son de l'orchestre, dont les instruments les plus graves montaient en puissance :


« Notre époque est détraquée.

Maudite fatalité !

Que je ne sois jamais né pour la remettre en ordre ! »

 

Une salve d'applaudissements se fit entendre parmi les sièges des spectateurs tandis que les lumières se rallumèrent. Applejack en faisait partie. Elle se disait qu'elle était finalement dans le même cas que Manelet : elle avait été volontairement épargné par le destin afin de remettre les choses telles qu'elles étaient censées l'être. Car pour elle, un monde sans sa famille en pleine santé était un monde détraqué, dans lequel vivre n'en valait pas la peine.


Elle profita des applaudissements pour élever ses sabots dans les airs. Faisant mine de poursuivre ses acclamations, elle cogna les sabots contre son chignon. Ce dernier se défit par conséquent et une cascade de poils blonds comme les blés retomba sur AJ. Sa tante lui fit alors remarquer que sa coiffure était défaite. Applejack se tourna alors vers Rarity, toujours en train d'applaudir à tout rompre et lui demanda :


« Peux-tu m'accompagner aux toilettes pour refaire mon chignon ? On a cinq bonnes minutes avant le début du deuxième acte.»


La licorne sursauta en entendant la demande de son amie et cessa aussitôt d'applaudir. Elle contempla l'état catastrophique de la crinière d'Applejack et jugea qu'en effet, cet accident capillaire ne pouvait rester en l'état. Elle se leva de son siège, suivie de près par la fermière. Les deux amies se mirent en marche et errèrent un peu dans le couloir avant de trouver les toilettes des dames. Elles y entrèrent, et Rarity sortit d'un sac qu'elle conservait sous sa robe. Elle commença à brosser la crinière d'Applejack, mais vit cependant dans la glace que cette dernière affichait une mine sombre et soucieuse. La licorne réalisa alors que le chignon n'était qu'un prétexte pour parler à l'abri des regards. La licorne se lança dans la gueule du loup boisé :


« Eh, bien, que t'arrive-t-il ?

-Tu le sais déjà, imbécile ! fulmina Applejack. T'étais au courant que les autres étaient là, pas vrai ?!

-Absolument pas, mentit Rarity en continuant de brosser son amie, sans rentrer dans le jeu de cette dernière. »


La blanche licorne allait devoir jouer sur les mots si elle espérait l'emporter dans cette joute verbale, dont la récompense n'était nul autre que le maintien d'Applejack à ses côtés. Elle ne pouvait pas se permettre de la perdre maintenant. Pas après tout ses efforts et ceux de ses amies. Elle attendit la réaction d'Applejack avec un visage impassible ne trahissant pas un seul instant son malaise.


« Dans c'cas, déclara Applejack, peux-tu m'expliquer pourquoi Twala et cie sont en train d’chanter sur scène!?

-Je n'étais pas au courant, je te le promets, jura Rarity. J'ai vraiment pensé que l'opéra serait le lieu idéal pour rencontrer Fancypants. Je n'aurais pas pensé que nos amies seraient derrière ce spectacle !

-N'empêche que Fancypants est aussi insaisissable qu’le spectre pour l’moment ! se plaignit la fermière.

-L'as-tu seulement cherché ? contre-attaqua son amie. Non. Car tu étais concentrée sur l'opéra à écouter Twilight et Pinkie Pie ! Comme moi. Je suis certaine que Fancypants est dans les loges, juste au-dessus de nos têtes ! »


En exprimant ses opinions, Rarity continuait de rattacher le chignon d'Applejack, cette dernière regardant la licorne d'un air suspicieux. Pouvait-elle lui faire encore confiance ? Rarity paraissait sincère dans ses propos, mais n'était-ce qu'une façade ? Applejack tenta de remettre les pièces en ordre dans son esprit : si Rarity avait vraiment voulu la coincer ici, elle l'aurait sans doute probablement conduit à Twilight. Au lieu de cela, elle avait suivi la fermière en sachant pertinemment qu'elle s'en prendrait à elle. Et elle s'était défendue des accusations tout en prenant soin d'Applejack. Il y avait toujours un risque que la drama queen jouait la comédie, mais Applejack eut le sentiment qu'elle pouvait se fier à elle.


« Ça va, je te crois, annonça-t-elle. L'problème maint'nant va être de ressortir de l'opéra sans être vu par les filles. Enfin, ça s'rait pas un souci si on choppait Fancypants pendant la représentation. »


Rarity réprima un soupir de soulagement. Son mensonge était passé. Même si ce dernier n'en était pas vraiment un, elle était néanmoins au courant des projets de Twilight. La disciple de Celestia avait sans doute déjà mis son plan à exécution : verrouiller la quasi-totalité des portes du Carmanegie Hall. Dans ces conditions, non seulement sortir sans être découvert de l'opéra allait être difficile, mais absolument impossible ! Un frisson de terreur secoua la blanche licorne. Si Applejack ne parlait pas à Fancypants ce soir, Rarity mettrait Applejack dans une situation délicate. Rarity était certes parvenue à reculer, mais c'était pour mieux sauter...


Elle fut prise d'un grand doute : fallait-il tout avouer à AJ ? Certainement pas. Dans les deux cas, elle réagirait d'une manière totalement incontrôlable. La décision de Twilight était une arme à double-tranchant : en théorie, son plan était parfaitement potable, mais il ne tenait pas compte de la mentalité actuelle d'Applejack. Elle serait capable de provoquer un véritable grabuge dans le seul but de ne pas retourner à Ponyville sans remède pour sa famille. Et sans s'être vengé...


La seule solution qu'il restait : trouver Fancypants. Rarity ne voyait que ça pour s'en sortir indemne. Si son amie apprenait de nouvelles informations ou découvrait le nœud du problème, elle accepterait de rentrer au village. La blanche licorne mesura la probabilité que tout se passe bien. Elle était d'une chance sur deux. Tout dépendait de la présence ou non de Fancypants en ces lieux.


Le temps de sa réflexion, Rarity acheva finalement le chignon de son amie. Applejack la remercia avant de lui faire remarquer le deuxième acte allait bientôt débuter. La fermière se releva et sortit en première, la licorne sur ses sabots. Applejack eut alors un mouvement de recul que Rarity ne s'expliqua pas. Elle demanda alors :


« Qu'est ce qu'il y a ?

-A ta gauche, montra AJ. J'hallucine ou c'est bien lui ? »


Curieuse, la licorne pencha sa tête sur la gauche et vit un étalon à la crinièree bleue portant un smoking monter seul les marches menant aux loges du troisième étage, avec un port très distingué. Il n'y avait pas d'erreurs possibles : c'était Fancypants !


« Si c'est une hallucination, elle est collective, constata Rarity.

-Yeeha ! Cria AJ. On s'ra pas venu pour rien ! Suivons-le ! »


Rarity plaça son sabot droit devant Applejack afin de la stopper et lui fit signe de baisser d'un ton. Elle expliqua les raisons derrière son geste :


« Ton oncle et ta tante nous attendent. Et je doute fort que l'on puisse accéder aux loges privées comme ça. Il faudrait déjà que l'on sache dans laquelle il se trouve avant de se lancer.

-On fait quoi, alors ?

-On retourne à nos places et on fouille les loges du regard. On verra ce qu'on fera au prochain entracte. »


Bien qu'un peu dubitative, Applejack approuva l'idée d'un signe de tête, tandis que Rarity lui rendit un sourire. Cette dernière était soulagée de voir que le noble étalon assistait à l'opéra. Au moins, il ne devrait pas y avoir de catastrophes. Les deux amies retournèrent tranquillement à leurs sièges...




Pendant ce temps, Twilight faisait les cent pas en coulisses. Pour le moment, la représentation se passait comme prévu, mais ce n'était pas ça qui la tracassait. Ce qu'elle voulait savoir, c'était si les personnes qu'elle attendait était bel et bien présentes. Normalement, elle pouvait compter sur Rarity, mais sait-on jamais. Elle attendait donc que le gardien posté à l'entrée vienne lui faire son rapport.


En effet, elle avait donné des indications strictes à ce dernier, en lui demandant de lui rapporter à la fin du premier acte s'il avait croisé la jument qui était venue plus tôt dans la journée, et si elle était accompagnée d'une ponette ayant à peu près le même âge qu'elle. Elle avait également demandé à ce qu'il la prévienne si Sir Fancypants était parmi les spectateurs. Et bien entendu, elle avait demandé à ce qu'on verrouille les portes d'entrées immédiatement après le début de la représentation.


Ça faisait déjà deux minutes que le premier acte s'était achevé. Twilight s'était attendu à ce que le gardien soit déjà en présent en coulisses, mais ce ne fut pas le cas, bien évidemment. Elle se rongeait les sabots d'impatience, tandis que le restant de la troupe se félicitait du succès du premier acte : Pinkie commençait déjà à bondir partout, Rainbow s'énerva en songeant qu'on ne la reverrait pas sur scène avant le quatrième acte... Même Symphonia s'était jointe à la liesse générale, en prenant toutefois la peine de boire un peu. C'est qu'elle commençait à avoir rudement chaud sous les projecteurs !


Le plus jeune des deux gardiens arriva finalement devant Twilight qui alla immédiatement à sa rencontre :


« Alors ? fit-elle

-Elle est revenue, révéla le gardien. Avec la jument que vous aviez décrite. Un brin lunatique, si vous voulez mon avis...

-Et sinon ? demanda Twilight sans tenir compte de la réfléxion de l'étalon.

-Sir Fancypants nous honore de sa présence.

-Merci bien, fit la licorne. Vous pouvez vous reposer à présent. Je crois que vous l'avez bien mérité. »


Le gardien s'éloigna avec la pensée qu'il allait en effet bien se détendre, vu qu'il avait passé plusieurs heures à contrôler méticuleusement chaque ticket dans la file d'attente. Quant à Twilight, elle fit signe à Pinkie Pie, Rainbow Dash et Fluttershy de la rejoindre dans sa loge. Ces dernières obéirent sans faire d'histoires. Une fois tout le monde dans la loge, Twilight ferma la porte avec sa magie et se tourna vers ses amies :


« J'ai une confidence à vous faire les filles : j'ai croisé Rarity tout à l'heure, lors de la répétition générale. »


Le trio se réjouit à l'entente de cette nouvelle. L'instant d'après, Rainbow Dash demanda d'un ton soupçonneux :


« Pourquoi t'as rien dit ?

-Rarity s'était imaginée que vous l'auriez suivi pour accueillir Applejack, expliqua la licorne.

-Et elle avait raison ! fit la pégase azur d'un ton furieux. On n'allait pas rester les sabots croisés.

-Sauf que certaines avaient un opéra à préparer, rétorqua Pinkie. Tu croyais que j'allais abandonner mon public ? Ils m'adorent déjà !

-Euh, le terme est peut-être un peu fort Pinkie... remarqua Fluttershy.

-Pinkie a raison, déclara Twilight. On s'est embêté à mettre en place un opéra pendant un mois, on ne peut donc pas tout laisser tomber ainsi. Bref, tout ça pour dire que je sais à présent de source sûre qu'elles sont dans la salle. Et en prime, Fancypants est présent également.

-Tout marche comme sur des roulettes ! résuma Pinkie Pie avec un grand sourire.

-Du moins pour le moment, complèta Twilight.

-Bon, on fait quoi, alors ? demanda Rainbow Dash.

-Rien du tout, fit Twilight. On se contente de jouer l'opéra.

-Quoi ?! s'emporta la pégase. Je ne reviens pas sur scène avant au moins une heure ! Tu devrais me laisser quartier libre pour trouver les filles ! »


La protégée de Celestia resta de marbre devant l'emportement de son amie. Elle attendit que celle-ci se calme avant de lui détailler la raison derrière son geste :


« J'ai promis à Rarity de rien tenter lors de la représentation. Elle m'a assuré qu'elle veillerait à ce qu'Applejack ne tente rien de stupide. J'ai envie de lui faire confiance, pas toi ? »


Rainbow regarda le sol quelques secondes avant de répondre par l'affirmative. Elle ajouta néanmoins :


« J'espère qu'elle sait ce qu'elle fait... »


Pinkie leur fit alors remarquer qu'il était temps de se remettre en scène. Les juments se dépêchèrent alors de sortir tandis que déjà le rideau se levait sur le deuxième acte de l'opéra, comme le signalait le retour de la musique, qui faisait cette fois la part belle aux cordes des violons. Les archets frottaient avec une certaine forme d'élégance les cordes, produisant un son noble approprié à l'atmosphère de la scène. Fort heureusement, aucune des quatres ponettes n'avaient à intervenir dans la premières scène qui se concentrait autour de Jester. Par conséquent, seule Derpy, dans le rôle de Jester, était présente aux côtés d'un poney pourpre à la crinière couleur sable, interprétant son serviteur, Deliver.


La pégase grise avait un peu de mal à se déplacer sur la scène, les lumières braqués sur elle et l'interprète de Deliver ayant tendance à l'aveugler. Cependant, elle fit mine de ne rien y voir et se contenta de déclamer son texte en restant toujours près du poney pourpre. Ce dernier pouvait toujours la rattraper si elle trébuchait. Dans les coulisses, Twilight caressa l'épaule de Fluttershy afin de lui rappeler qu'elle n'allait pas tarder à passer sous le feu des projecteurs. La pégase serra les dents et au moment où Deliver sortit, elle s'avança et se retrouva sur la scène.


Elle sentit du plus profond de son être les regards des spectateurs se poser sur elle. Elle voulut instantanément rebrousser chemin, mais elle se ravisa en songeant qu'Applejack et Rarity la regardaient. Elle attendit alors la réplique de Derpy avant de prononcer de la voix la plus forte et la

et la plus distincte qu'elle pouvait produire :


« Hélas, Monseigneur, j'ai eu tellement peur ! »


Un grand silence régnait dans la salle, ce qui n'arrangea pas l'angoisse de Fluttershy. Elle avait l'impression qu'elle n'avait pas parlé assez fort. Néanmoins, le dialogue se poursuivit sur cette réplique de Jester :


« De quoi, au nom du Celestia ? »


Fluttershy sentit le regard de Derpy sur elle, l'encourageant à poursuivre dans cette voie. Il s'agissait de sa première tirade, hors de question de l'échouer ! Elle s'approcha de la pégase factrice et déclama d'un ton d'une grande douceur et où pourtant transparaissait l'inquiétude :

 

« Monseigneur, dans ma chambre je filais,

Lorsque le seigneur Manelet, le pourpoint tout défait,

Sans chapeau sur la tête, les sabots crottés,

Avec un regard si pitoyable

Qu'on eut dit que l'enfer l'avait relâché

Vint à moi pour me dire toutes ses horreurs !

 

-Fou d'amour pour toi ?


-Monseigneur, je ne sais, mais cela est vraiment ce que je crains.

-Qu'a-t-il dit ?

-Il me prit et me serra très fort le sabot.

Puis il recule de toute la longueur de sa patte,

Mettant son autre sabot, ainsi dessus le front,

Et commence à détailler mon visage

Comme pour le dessiner.

Longtemps, il ne fit que cela.

Enfin, secouant doucement ma patte,

Et par trois fois hochant la tête de la sorte... »


Fluttershy s'interrompit quelques secondes afin de mimer le geste qu'aurait fait Manelet, le temps de reprendre son souffle. Elle poursuivit ensuite sa tirade lyrique :

 

« … Il exhala un soupir si piteux, si profond,

Que ce souffle sembla lui briser tout le corps

Et mettre ainsi un terme à sa vie.

Alors il me libère,

Et la tête tournée par dessus son épaule,

Il paraissait trouver son chemin sans ses yeux,

Car il passa la porte et sortit sans leur aide

Et jusqu'au bout il tourna vers moi leur feux.

 

-Viens, suis-moi, je vais quérir sa majesté.

Ce sont les signes de cette folie d'amour dont la violence innée se tourne contre soi

Et mène le vouloir aux situations extrêmes...

Cela me désole... Auriez-vous eu pour lui de dures paroles ces temps-ci ?

 

-Non, mon cher père, mais comme vous le vouliez,

J'ai repoussé ses lettres et refusé de le recevoir. »


Tout au long de ce dialogue, la musique se fit petit à petit plus discrète et mystérieuse. Cela accompagnait à merveille l'incompréhension suscitée par l'annonce de la folie de Manelet. Fluttershy avait brillamment interprétée sa part, et ce, en dépit des difficultés initiales. Elle retourna en coulisses, avec le cœur battant à la chamade. Twilight et Derpy la félicitèrent. Cette dernière ajouta cependant que la pause serait de courte durée. Fluttershy trembla d'avance en pensant qu'elle devrait encore se confronter à cette épreuve à de multiples reprises.


Pendant ce temps, l'intrigue avançait sur scène. Les spectateurs avaient pu assisté à l'introduction de deux nouveaux personnages, Lies and Jokes, deux camarades d'études de Manelet, chargés par Pridehoof de sonder les tréfonds de l'âme de Manelet. Ces deux personnages, considérés comme fourbes, étaient interprétés par Whooves, le maître à penser de Derpy, et part une jument arborant une cutie mark en forme de Bonbon. Il était donc temps à présent pour Pinkie Pie de retourner en scène pour un nouveau numéro de cabotinage. Après un débat enflammé (et pour le moins ridicule), Manelet humilie Jester qui laisse volontiers sa place à Lies et Jokes. En les apercevant, Pinkie s'écria, tout en faisant mine de lire un livre, d'un air moins mélodieux que ses précédentes répliques lors du premier acte, en compagnie du piano qui lui servait de thème :



« Mes excellents amis ! Comment vas-tu Jokes ?

Ah, Lies ! Mes braves camarades, comment vous portez-vous ?

 

-Comme tous les autres poulains d'Equestria, déclama Lies.

-Heureux de ne pas être trop heureux, confessa Jokes.


-Quelles nouvelles ? s'enquit Manelet


-Aucune monseigneur, si ce n'est qu'Equestria est devenu honnête.

 

-Alors le jour du jugement est proche.

Cependant, vos nouvelles sont faussées.

En ce cas, qu'avez-vous donc pu faire pour mériter d'être envoyé par le destin en prison?

 

-En prison ?


-Trottseneur est une prison, fit Manelet d'un ton des plus naturels.


-Alors le monde en est une, affirma Lies.


-Une fort belle en effet, où l'on trouve des oubliettes, des cellules et des cachots, Equestria étant l'une des pires.

Si vous n'êtes pas de cet avis, c'est que c'est votre pensée qui le veut ainsi.

Car rien n'est bon ou mauvais en soi, tout dépend de notre pensée.

Et pour moi, il s'agit d'une prison.

 

-Votre esprit doit s'y trouver à l'étroit.

 

-O Celestia ! Serais-je enfermé dans une coquille de noix,

Je m'estimerais roi d'un espace sans limites.... »


Pinkie se posa quelques secondes avant de reprendre en bondissant joyeusement :


« ...Si je faisais de mauvais rêves bien entendu !

-Ces rêves ne sont rien d'autres que de l'ambition,

Vu que la substance de l'ambitieux n'est rien de plus que l'ombre d'un rêve.

 

-Un rêve même n'est qu'une ombre, renchérit Manelet. »


L'échange se poursuivit pendant de longues minutes, la musique alternant entre le son des flûtes représentant Lies et Jokes, et le son du piano pour Manelet. Ce dernier contredisant à chaque fois les arguments de Lies et Jokes qui tentaient désespérément de placer le prince sur un piédestal afin de gagner sa confiance. Mine de rien, il s'agissait d'un passage qui en révélait beaucoup sur la personnalité de Manelet, un être davantage prompt à la réflexion qu'à l'action, ainsi que sur la perception du monde qu'avait Shakeshooves. Une vision relativement pessimiste


De là où elle était, Applejack commençait à trouver bon nombres de similitudes entre la tragédie de Shakeshooves et son expérience personnelle. Tout comme le prince vengeur, elle était obligée de recourir à de multiples stratagèmes pour accomplir son but, et tout comme Manelet, elle ne savait plus à qui elle pouvait vraiment faire confiance...


La fermière s'était à nouveau concentrée sur le spectacle, étant donné qu'elle était parvenue à localiser Fancypants. Il se trouvait dans la troisième loge sur sa droite et regardait la pièce d'un air serein, semblant apprécier le spectacle comme il se devait. C'était d'ailleurs le sentiment général au sein de la foule, qui prenait grand plaisir à cette retranscription en opéra. De plus, la quasi-totalité des interprètes étaient inconnus du grand public, ce qui ne faisait que renforcer leur adhésion !


L'intrigue se poursuivait dans la joie et la bonne humeur avec l'arrivée d'une troupe de comédiens à Trottseneur, partie la plus importante du projet de Manelet afin de s'assurer de la culpabilité de Pridehoof. Il comptait en effet faire jouer à ces comédiens la mort de son père, mais ceci de façon déguisée.


Une fois toute seule sur la scène, Pinkie se lança dans un nouveau monologue, considéré comme la marque de fabrique de la pièce, centré sur la notion du jeu d'acteur. Celui-ci est le premier où il remet en question le principe de la vengeance. Le piano fit claquer encore une fois ses touches, en symbiose avec les cordes :


« Me voici seul !

Mais quel maraud je fais, mais quelle canaille !

N'est-il pas monstrueux que cet acteur-ci,

Dans une simple fiction,

Un rêve de passion,

Puisse si bien forcer son âme à son dessein,

Qu'elle lui compose ce visage tout blême,

Ces yeux pleins de larmes, cet aspect égaré,

Cette voix brisée, et joue de tout son être à vêtir son dessein ?

Que ferait-il, s'il avait les motifs de jouer la passion,

Que j'ai moi ?

Il noierait le théâtre de larmes,

Et nous percerait les tympans à coups d'horribles tirades,

Rendrait fou le coupable,

Glacerait l'innocent,

Stupéfierait l'ignorant,

A nous en faire perdre l'usage des yeux et des oreilles. »


Manelet poursuivit ses réflexions durant un long moment avant d'enfin parvenir à une décision, qu'il partagea seulement au public :

« Je vais faire jouer à ces acteurs le meurtre de mon père

Devant mon oncle.

J'observerai sa contenance,

Je le piquerai au vif.

Qu'il tique seulement, et ma voie est toute tracée.

Cet esprit que j'ai vu est peut-être une créature échappée

Du Tartare :

Ces créatures ont la capacité de revêtir un aspect des plus séduisants.

Oui...

Aussi bien dans ma faiblesse et ma mélancolie,

Qui sont esprits sous son pouvoir,

Il m'abuse pour me damner.

Il me faut des preuves...

La pièce !

C'est là que je piégerais la conscience du roi ! »


Nouveau tombée de rideau, nouvel arrêt de la musique, nouvelles salves d'applaudissements, nouvel entracte. L'opéra suivait un chemin qui se dessinait sous les meilleurs auspices. Même Applejack commençait à trouver ce spectacle très enrichissant.


Cette dernière vit Rarity s'étirer élégamment le long de son siège. La licorne blanche fit alors d'une voix un peu enrouée :


« J'ai besoin de me dégourdir un peu les pattes. Tu m'accompagnes, Applejack ? On dirait que ton oncle et ta tante sont trop occupés à partager leurs impressions... »

La fermière hocha la tête et se leva de son siège avec Rarity. Les deux amis sortirent de la salle. Rarity marcha jusqu'au niveau de l'escalier et s'apprêtait à descendre les marches lorsqu'Applejack demanda :


« Tu l'as vu ?

-Tout dépend de qui tu parles, annonça la licorne d'un air grave. Celui dans la troisième loge à droite ou celui dans la première loge à gauche ?

-Hein ?

-Il y a deux Sir Fancypants dans cette salle, Applejack, révéla Rarity. »


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Usui
Usui : #177
Voilà, le souci est réglé, et j'ai pu constater que ça avait touché également le quinzième et un autre de la prochaine fournée... je me disais bien aussi que le nombre de mots étaient étranges >< Merci bien de m'avoir prévenu Piapiou =)
Il y a 4 ans · Répondre
Usui
Usui : #175
Oups, en effet, j'ai eu en effet quelques soucis en copier collant mon texte d'origine ^^', je m'occupe de suite de remettre les choses en ordre
Il y a 4 ans · Répondre
Piapiou
Piapiou : #174
Manque pas un bout du chapitre là ? :3
Oh et je crois qu'il y a une erreur dans le dialogue ou twilight révèle le plan à ses ami : Rarity est accompagné d'Apple Jack, pas de RainbowDash
Il y a 4 ans · Répondre

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