Mourne ne pouvait qu’admirer la précision militaire qui se déployait devant lui.
Les journalistes arrivèrent à la ferme comme une meute assoiffée. Ils durent faire sortir Mac de la ferme avant qu’il n’y soit coincé. En quelques minutes, le grand étalon rouge était harnaché au chariot de livraison, Mourne avait des sacs de selle remplis de provision et d’outils pour leur voyage et les deux partirent par derrière la ferme et vers les collines.
Apple Bloom était déjà partie, galopant dans les vergers pour alerter la Maire de Poneyville, la Princesse Twilight et le reste de leurs amies pour venir à la ferme. Mourne se demanda rapidement si elles étaient prêtes à faire face à ce genre de situation, mais elles n’avaient pas le choix. Il n’était pas surpris de voir que la presse avait trouvé la ferme aussi vite. Une histoire comme celle-là ? Une romance au Palais ? Ils déplaceraient des montagnes, vendraient père et mère pour être les premiers à décrocher une photo exclusive ou une interview.
Pour le moment, toutefois, il se concentrait sur le présent et sur la route qui s’étirait devant eux. Tout le reste attendrait leur retour en ville. Le soleil se levait au loin et ses rayons réchauffaient les corps. Mourne ignora la gêne au départ, mais finit par s’arrêter pour sortir les lunettes de soleil.
Mac avança de quelques pas, puis fit une pause pour regarder par-dessus son épaule avant de réaliser que Mourne avait cessé de marcher. « Problème ? »
« La lumière du soleil commence à…être gênante », admit Mourne. « Je dois mettre mes verres. »
Mac grommela et se tourna en arrière pour étudier la route devant eux. « Tu n’as pas à marcher avec moi, tu sais. Tu peux voler si c’est plus facile pour toi. »
« Je ne peux pas vraiment bien te protéger si je suis en l’air, n’est-ce pas ? » soupira Mourne en mettant ses verres sur son casque, l’aveuglant momentanément le temps que ses yeux s’adaptent. « Cette protection m’empêche de te protéger correctement. Le temps de les enlever et de réagir à une menace est multiplié quand je porte ça. Ça laisse trop d’espace pour un assassin de brandir un couteau vers toi. Je vais marcher. »
Mac attendit que Mourne le rattrape pour reprendre la route. La paire continua à marcher, le chariot tremblant à craquer derrière eux.
« C’est ça être un garde. On doit anticiper chaque situation. Les gardes ne sont pas censés être souriant », poursuivit Mourne. « Nous devons être craints et respectés. »
« Mmm. Tu ne penses pas que les gens auraient moins peur si tu leur souriais ? »
Mac regarda Mourne, pour trouver le batponey avec le visage grimaçant qui révélait des canines bien acérés. Il leva un sourcil, puis haussa les épaules. « En fait, vaut mieux pas. »
« Deviens un clown si tu veux faire sourire les gens », grogna Mourne. « La vie d’un garde n’est pas censée être heureuse ou facile. »
Mac ne dit rien, mais Mourne pouvait voir son air concerné. Ils continuèrent leur route en silence pendant quelques minutes avant que Mac n’ouvre sa bouche, pour la refermer sans un mot.
Mourne tourna son attention vers les alentours. Des collines, de l’herbe verte et des arbres, leurs feuilles s’agitant dans la douce brise venue des montagnes du Nord. C’était différent de Canterlot, ou même des cavernes. Pas de trafic, pas de voix, c’était si paisible qu’il entendait le tintement de son armure et le bruit de ses pas sur la route.
« Ça semble être une vie difficile à vivre », finit par dire Mac. « Luna ne m’a pas l’air d’être du genre à mener une vie dure à ses gardes. »
« Tu ne peux pas comprendre, fermier », grogna Mourne. « Tu n’as jamais servi sous ses ordres. »
« Non. Jamais », il se tût à nouveau. « J’ai aidé la garde locale une fois ou deux, c’est tout. »
Mourne ne pût s’empêcher de laisser échapper un grognement d’incrédulité. « Toi ? Il avait besoin de toi pour quoi ? Labourer un-- » Il s’arrêta en voyant le regard noir de Mac. « Mes excuses. Ce n’était pas approprié. »
« Tu ne m’aimes pas beaucoup, hein, »
« Rien de personnel. Ce n’est pas qui tu es, c’est ce que tu es. »
Mac s’arrêta brusquement, plantant ses sabots dans la terre en fixant Mourne dans le blanc des yeux. « Et c’est quoi le problème avec qui je suis ? C’est quoi le problème d’être le poney qui s’assure que les gens aient de quoi manger en hiver, qui chasse les animaux de la forêt Everfree pour ne pas qu’ils s’attaquent aux enfants ? C’est quoi exactement le problème ? » Il enleva le harnais du chariot pour faire face au batponey. « Tu es là pour me protéger mais ça ne marchera pas si tu ne me respectes pas, alors mettons les choses au clair, là tout de suite. C’est quoi ton problème envers les poneys terrestres ? » Il frappa du sabot contre le torse de Mourne, assez fort pour le faire reculer de quelques pas.
« Je n’ai aucun problème avec les poneys terrestres », cracha Mourne en écartant ce sabot. « Je ne suis pas un adepte de la suprématie des races. Ce que tu es, c’est un roturier, Macintosh Apple. La Princesse Luna…la Maîtresse…elle mérite mieux que toi ! Je ne comprends pas ce qu’elle a vu en toi. »
Mac cligna des yeux, puis grogna lourdement. « C’est ça ? C’est ça ton problème avec moi ? » Il rit en trottant vers le chariot et s’harnacha à nouveau. « On est enfin d’accord sur quelque chose, on dirait. » mac secoua sa tête, ricanant en reprenant sa route, laissant le batponey hébété le regarder pendant un moment ou deux.
« Quoi ? Tu es d’accord ? Mais tu restes avec elle ? » Mourne reprit ses esprits et lui courut après, les yeux écarquillés.
« Ouaip », répliqua Mac. « Je ne sais pas ce qu’elle voit en moi, ou ce que j’ai fait pour lui taper dans l’œil mais je n’ai pas à me plaindre. Tu penses qu’elle devrait être avec un héros, hein ? Un noble ou un chevalier ou un truc du genre. C’est le genre de poneys avec lequel devrait être la Princesse, tu ne crois pas ? »
Mourne hocha la tête, luttant pour trouver les mots. De toutes les façons dont il avait imaginé ces conversations, il n’aurait jamais pensé à celle où Mac serait d’accord avec lui.
« Mais à propos d’une jument ? Quel genre d’amoureux mérite une jument ? Pas une princesse ou un roturier ou un noble, peu importe. Dis-moi quel partenaire mérite une jument. »
Mourne cligna des yeux. « Je…quoi ? Je ne te suis pas. On ne parle pas d’une jument, on parle d’une Princesse. »
« C’est là le problème », Mac secoua sa tête. « Vous êtes tellement occupés à voir la Princesse que vous n’avez jamais penser à ce que Luna la JUMENT veut comme partenaire. Tu penses vraiment qu’elle veut quelqu’un qui rampe à ses sabots par peur de la contrarier. Ça te semble drôle ? Qu’elle ait quelqu’un qui ait peur de s’amuser ? Tu penses que c’est ce que veut une jument ? »
« Eh bien, non… » concéda finalement Mourne. « Mais on ne parle pas d’une jument normale, on parle d’une des souveraines d’Equestria. »
« Alors ? Tu penses qu’elle est tout le temps la Princesse ? Elle gouverne, et c’est tout ? Qu’elle n’a aucune envie ou besoin ? La vérité, c’est que j’ai bu avec la Princesse Luna. J’ai dansé avec elle et je suis passé pour un imbécile tout le long. J’ai été dans un lit avec elle, je l’ai embrassé et j’ai envie d’en faire plus. » Il ignora le cri indigné de Mourne. « Si tu ne peux pas supporter ça, c’est ton problème, pas le mien. »
Mac resta silencieux pendant quelques instants, l’œil tourné vers la route en marchant, son ton devenant plus réfléchi. « Est-ce que je mérite une jument aussi belle et intelligente que Luna ? Non. Je ne peux pas dire que je le sente. Je ne peux pas dire que je comprends ce qu’elle a vu en moi, mais ce que je peux dire c’est que je vais tout faire pour qu’elle ne regrette pas de m’avoir courtisé. C’est ce qu’elle mérite. Ce que toute jument mérite. Elle mérite d’avoir quelqu’un qui la rend heureuse. Celestia sait qu’elle a assez souffert dans sa vie, tu ne crois pas ? »
Mourne ne répondit pas au début, le batponey étant perdu dans ses pensées, le regard tourné vers ses sabots. « Ça semble mal de penser comme ça d’elle. »
« Hmmm ? Pourquoi ? Juste parce qu’elle est une alicorne ne veut pas dire qu’elle n’est pas une jument comme les autres. »
« Je sais mais… » Il s’interrompit. « C’est comme penser à ses parents en train de coucher ensemble. »
Mac cligna des yeux, puis ricana. « C’est très gentil de ta part, Mourne. Je ne savais pas que tu voyais une figure paternelle en moi. Je ferais de mon mieux pour être un modèle pour toi. »
« Ce n’est pas ce que je-- » protesta Mourne, mais Mac n’en avait cure.
« Bien sûr, ça veut dire qu’il devra y avoir du changement ici. Je devrais vous changer les idées. Penser vite et voler droit et c’est tout. »
« Fermier… »
« Peut-être qu’on pourra vous engager dans une équipe de hoofball. »
Mourne grommela, remettant en place son casque sur sa tête. « Ça va être une très, très longue journée.
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Le temps de finir le travail, le soleil de Celestia était au plus bas, et les deux étalons exténués reprenaient la route vers Poneyville. Leur livraison s’était passée sans problème et le chariot contenait de nouveaux outils pour la ferme et un sac de pièces pour payer la différence. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas vu deux poneys marchander des objets comme ça. A Canterlot, le prix que l’on voit était le prix que l’on payait et essayait de négocier une réduction était inapproprié pour tout dire.
Mac semblait content de son échange, pensa Mourne en marchant, en essayant d’ignorer la souffrance que lui infligeaient ses sabots. Il n’avait pas marché comme ça depuis….jamais. Il regarda autour de lui et fredonna. La prairie était plus ouvert et plus plate à cet endroit, sans arbres pour lui boucher la vue.
Mourne retira les verres de son casque et les remit dans son sac. Plus besoin de ça maintenant que le soleil s’était couché. « Je vais jeter un œil autour », dit-il en étirant ses ailes, avant de prudemment s’élever pour vérifier si aucune douleur ne l’empêcherait de faire son travail. « Pas d’arbres ou quelque chose pour m’arrêter si je dois revenir vers toi très rapidement. »
Mac hocha simplement la tête. « Ouaip. »
Mourne trotta de quelques pas en avant, et décolla dans les airs, ses ailes de batponey s’étalant pour le guider dans le ciel rouge et orangé. Il soupira de plaisir en sentant à nouveau la sensation du vent sur sa crinière et laissa les courants le porter.
Il tourna ses yeux vers la campagne devant lui, cherchant dans les ombres grossissantes quelque chose qui pourrait se mettre en travers de leur route. A quelques kilomètres au Sud, il voyait les lumières de Poneyville qui brillaient, et derrière elles, la faible lueur de Canterlot. Il sentit une pointe de douleur en observant les lumières au loin, puis secoua sa tête pour se reconcentrer vers le poney terrestre qui trottait en bas, et qui semblait infatigable.
Leur conversation avait été, à juste titre, assez étrange. Ils ne deviendraient sans doute pas les meilleurs amis du monde vu la façon dont les choses risquaient de se développer dans les semaines et mois à venir, mais Mourne voyait déjà des choses admirables, des choses qui avaient dû attirés l’attention de sa Maîtresse.
Il n’y avait rien d’artificiel chez Macintosh Apple. Ce qu’on voit est ce que l’on a, et c’était quelque chose que Luna aimait après avoir passé tout ce temps parmi les nobles et leurs postures superficielles. Il y avait une confiance en lui, une façon de se comporter qui rappelait à Mourne l’un de ses premiers entraîneurs dans la Garde de Nuit.
Perdus dans ses souvenirs, il mit un moment pour voir le mouvement furtif plus loin sur la route. Sortant des buissons pour bloquer sa voie, une licorne et deux poneys terrestres, à en juger par leurs silhouettes. Ils avaient la crinière ébouriffée et le pelage couvert de crasse. Il ne pouvait pas voir leurs marques de beauté de là où il se trouvait.
Il commença à descendre vers Mac, qui ralentissait le pas, finissant par marcher en approchant le trio. Mourne se retint de plonger, les apparences pouvaient être trompeuses après tout et il ne valait mieux pas se hâter sans savoir ce qui se passait. La dernière chose dont il avait besoin était de se faire de nouveaux ennemis.
« Regal, Dusty et n’est-ce pas Brawny là-bas ? Messieurs », dit simplement Mac en s’arrêtant au milieu de la route. « Il y a un problème ? »
« Je pense qu’on a été très clair la dernière fois que tu es venu ici, Apple », dit la licorne au pelage brun. « C’est notre territoire. Toi et ton ami n’êtes pas les bienvenus ici. »
Mac s’ébroua et hocha la tête. « C’est pas de ton ressort de me dire ce que je peux et ne peux pas faire, Regal. Les gens veulent des pommes, qui tu es pour leur dire qu’ils ne peuvent pas en avoir ? »
« On est les étalons qui t’ont dit que si tu revenais ici, on casserait ton chariot et tes jambes », dit le poney terrestre à sa gauche. Mourne pensa qu’il devait être Brawny, l’étalon à la crinière blanche étant aussi grand que Mac. « Je pense que tu n’as pas très bien entendu. Peut-être qu’on devrait mieux te faire passer le message. »
« Eh-ouaip », rétorque le troisième poney terrestre. Il frappa ses sabots ensemble pour essayer d’avoir l’air plus intimidant.
« Et je t’ai dit que tu pouvais toujours essayer de faire ce que tu me promets depuis longtemps », répondit calmement Mac en retirant le harnais de sa cargaison. « Mourne, reste en dehors de ça. J’ai pas besoin de ton aide. »
Les trois poneys s’échangèrent des regards. « C’est qui ce Mourne ? » lâcha Regal, regardant autour de lui. « Tu as amené un copain à toi, Apple ? »
« Je pense que vous devriez lever les yeux, Messieurs », dit Mourne en planant au-dessus d’eux, se gaussant de leurs regards choqués en réalisant qu’il y avait un batponey en plus cette fois.
« Putain ! Qu’est-ce qu’il fout là ? » cracha Dusty.
« On s’en fout. Il est là et il aura seulement ses ailes brisés si il a de la chance », Regal leva la voix, regardant Mourne une dernière fois avant de reposer les yeux sur Mac.
Mac roula sa tête lentement, haussa les épaules et prit une position d’attaque. Il grogna, retirant quelques mèches de sa crinière hors de son champ de vision. « Bon les gars, allons-y. Qui se sent courageux ? »
Regla rugit en chargeant sa magie, une aura violette illuminant sa corne alors qu’il penchait la tête pour lancer son sort.
« Ah-ah », réprimanda Mac. « Pas de ça ici. » Aussi rapide que l’éclair, le sabot de Mac s’avança et un caillou frappa la licorne avant qu’il puisse commencer à attaquer Mac avec sa magie. Le caillou avait touché sa corne et la licorne recula, criant de douleur pendant que sa magie disparut avec un –POP !-
« La vache ça fait mal ! » gémit Regal, frottant sa corne. « Ne restez pas là, imbéciles ! Attrapez-le ! »
Si Mourne ne l’avait pas vu de ses propres yeux, il n’aurait pas cru cela possible. Même si c’était connu que la meilleure façon d’attaquer une licorne était de perturber sa magie, le fermier avait bougé si vite et si précisément qu’il en restait bouche bée. Ce qui suivit ne fit que renforcer sa stupéfaction.
Dusty et Brawny foncèrent droit sur Mac, courant vers lui pour le frapper avec leurs sabots, mais il était déjà en mouvement avant qu’ils puissent l’atteindre. L’étalon rouge bougea comme une ombre entre les deux, les frappant facilement avec ses sabots, envoyant les attaquants la tête la première dans la boue.
Les yeux de Regal s’écarquillèrent, et la licorne se retrouva frénétiquement en train de rétropédaler. Il essayait toujours de concentrer sa magie, sa corne brillant à grande peine alors que Mac s’avançait vers lui.
« Trois contre un ? Je ne sais pas si je devrais me sentir insulté ou impressionné. » Le sabot de Mac se leva une fois de plus et un instant plus tard, la licorne se retrouvait roulé en boule au sol, la corne en souffrance. Avant qu’il ne puisse ouvrir sa bouche, le sabot de Mac poussait sur sa corne, l’enfonçant au sol. Les yeux de la licorne étaient remplis de terreur devant l’implacable visage du fermier. « Je pourrais te nettoyer ça, tu sais. Un peu plus de pression et crac. T’aurais l’air de quoi ? Une licorne sans corne, pas joli-joli, hein ? »
« S’il te plaît.. » murmura Regal. « S’il te plaît, ne fais pas ça. »
« Ah-ah ! » gronda Mac, l’œil tourné vers Dusty et Brawny qui luttait pour se remettre sur leurs sabots et le regardait avec une rage dans leurs yeux. « Continuez à embrasser le sol, vous deux. Un pas vers moi et votre copain devra se trouver un nouveau boulot. »
« Faites ce qu’il dit ! » couina Regal alors que Mac poussait un peu plus, les larmes coulant le long du visage de la licorne pour laisser échapper la douleur.
Mac attendit, regardant les deux poneys terrestres, l’œil noir. « Je ne vous vois pas embrasser la route », pointa-t-il, enfonçant son sabot un peu plus sur la corne de Regal.
« EMBRASSEZ-LA ! EMBRASSEZ-LA ! » couina Regal, les sabots cherchant désespérément le sol. « Faites-le ! Faites ce qu’il dit ! »
Browny et Dusty se regardèrent, grondant de colère, mais alors que les cris de Regal se faisaient plus forts, ils finirent par s’abaisser et à porter leurs museaux au sol.
« C’est mieux. Maintenant, ouvre-bien tes oreilles parce que je ne me répèterais pas, Regal », soupira Mac en se penchant plus bas, la voix plus douce. « Je n’aime pas tes menaces. Si tu penses encore à m’attaquer moi ou ma famille, je te mettrais plus bas que terre. C’est un endroit de libre-échange ici, pas ton territoire. Les gens ont le droit de faire leur business avec qui ils veulent, et tant qu’ils choisiront la Ferme de la Douce Pomme, on continuera à livrer des pommes. Personne, pas toi, pas tes amis, ne changera ça. Tu veux nous mettre hors du coup ? Tu feras mieux d’offrir de meilleurs produits que les nôtres, pas essayer de m’attraper sur une route sombre avec tes amis musclés. » Mac poussa un peu plus fort son sabot. « T’as compris, Regal ? »
« Oui ! OUI ! Par Celestia, oui ! Tout ce que tu veux ! S’il te plaît, ne casse pas ma corne » L’air était soudainement rempli de l’odeur d’urine alors que Regal se pissait dessus de pure terreur. Les naseaux de Mac lui firent renifler l’odeur et il grimaça avant de lever son sabot et de retourner son attention vers les deux autres tandis que Regal enroulé de peur au sol.
« Et vous deux. Si je vous revois, je vous donnerais pas des mots doux. Prenez votre boss et fichez le camp. Vous me mettez en retard et mon compagnon de voyage a l’air d’être prêt à descendre pour se dégourdir les sabots. C’est vrai ce qu’ont dit sur les batponeys, vous savez. Si on les rend fous, ils vous arrachent la gorge. Si vous ne me croyez pas, restez encore un peu. »
Les deux étalons levèrent les yeux vers Mourne qui souriait de façon diabolique, le soleil couchant faisant briller ses canines. C’était faux, bien sûr. Les batponeys ne suçaient pas le sang des autres poneys. Ils n’étaient pas des cannibales. Mais la réputation, ça peut servir parfois.
Les deux étalons n’avaient pas besoin d’en entendre plus. Distry prit le gémissant Regal sur son dos et lui et Brawny quittèrent les lieux aussi vite que possible.
Mourne s’aligna près de Mac qui s’harnachait à nouveau. Il n’était pas sûr de ce qui arriverait mais certainement pas ça. Pour un simple fermier, mettre à genoux trois assaillants, dont un lanceur de sorts, aussi facilement ? Ça ne collait pas avec l’image que renvoyait le fermier. « Où tu as appris ça ? »
« Je te l’ai déjà dit », répondit Mac en remettant la sangle en place. « J’ai aidé la garde de temps en temps. J’ai appris quelques trucs avec eux, comme cette histoire avec la corne. La façon la plus rapide de battre une licorne dans une bagarre magique, c’est de la rendre non-magique dès que possible. »
« Pas que ça, même si c’était quand même impressionnant. Je ne me rappelle pas de la dernière fois que j’ai vu quelqu’un bouger aussi vite que toi. C’était quoi ? Rolling Earth Style ? Krav Pega ? »
« Un peu de ci, un peu de ça », fût sa réponse évasive en reprenant sa route. « Moins de bla-bla-, plus de pas. Ne restons pas là au cas où Regal ait envie de revenir. »
« Tu les as déjà vus avant, je présume ? » Mourne redécolla une fois de plus, volant à côté du chariot. « Qui sont-ils ? »
« Regal est un des marchands du coin, crois-le ou non. Il avait l’habitude d’importer plein de fruits et de légumes au marché. Il les vendait à des prix dingues. Les gens du coin n’avaient pas d’autre alternative jusqu’à ce qu’on arrive il y a quelques mois et il ne l’a pas bien pris. On vend moins cher et nos produits sont de meilleures qualité et il ne peut pas s’aligner. C’est de sa faute si tu veux mon avis. Si il n’était pas aussi borné, il aurait des fermiers locaux qui seraient prêts à travailler avec lui, mais, eh bien…Tu as vu comment marche le commerce là-bas. Il était trop habitué à être le gros poisson dans la petite mare. Il aime penser qu’il contrôle tout mais il ne brasse que du vent. »
Mourne grommela. « Des types comme lui, il y en a des dizaines à Canterlot. »
« J’en doute pas. J’espère qu’il aura retenu la leçon cette fois mais je n’y mettrais pas mon sabot à couper. Concentrons-nous sur le retour en ville avant qu’il ne soit trop tard et qu’on doive s’arrêter pour la nuit », dit Mac. Le soleil serait bientôt couché, plus vite qu’il ne l’espérait. « Je préfère pas dormir dans les bois. Les branche-loups et tout et tout. »
« Et pourquoi ne pas s’arrêter ? »
« On ne peut pas voyager de nuit. Trop facile de se perdre et de tomber dans un ravin ou un truc du genre. »
« On dirait que tu as besoin de quelqu’un qui voit aussi bien la nuit que le jour. »
Mac le regarda, puis ricana de bon cœur. « Bien joué, garde. Conduis-moi à la maison. »
Mourne hocha la tête et atterrit au sol. Il commença à marcher tout en étirant ses sabots douloureux. « Je ne savais pas que tu avais ça en toi. »
« Quoi ? »
« Regal, la façon dont tu l’as menacé. Je ne savais pas que tu étais capable de ça. »
« Eux non plus », répliqua-t-il laconiquement. « Comme mon papa m’a toujours dit. On ne commence jamais une bagarre, mais il faut savoir la finir. Comme ça, j’espère, ce sera la première et dernière fois qu’il fait ça. »
« Quand même, c’était assez….brutal. Tu l’aurais vraiment fait ? Briser sa corne ? »
Mac hésita, regarda derrière lui pour être sûrs d’être seul avec Mourne avant de secouer sa tête. « Non. Je ne souhaiterais ça à personne, même pas à Regal. Mais ils doivent penser que je suis sérieux. S’ils avaient compris que je bluffais, tu aurais dû venir me sauver les fesses. »
« Tu rends mon boulot compliqué quand tu dis de rester en dehors de ça », pointa Mourne.
« Obligé », dit fermement Mac. « Ils doivent voir ce que je suis capable de faire par moi-même. SI tu l’avais fait à ma place, ils auraient attendus que je sois seul pour bondir sur moi. » Il fit une pause. « Mais tu as visé juste. Je vais essayer de ne pas en faire une habitude. Deal ? » Il s’arrêta de marcher assez longtemps pour tendre son sabot.
Mourne grommela en trottant en arrière pour frapper son sabot avec celui de l’étalon rouge. « Deal. Maintenant, allons-y fermier. Voyons si on peut échapper à la presse qui doit sans doute nous attendre. Le premier qui se fait photographier a perdu. »
Mac sourit à pleine dents. « C’est parti. »
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