Au fil de ses semaines de convalescence chez Fluttershy, l’esprit de Drawlife se faisait de plus en plus léger au fil des semaines, de même que l’ambiance chez la pégase depuis que l'unicorne avait daigné élargir son champ de conversation. Chaque moment passé seul avec elle évaporait ses idée noir et lui tirait ce qui s’apparentait à un sourire, encourageant sa chaperonne à augmenter ses activités avec son protégé. Dans un sens, ce n'était pas comme s'il avait le choix, cloué dans son fauteuil roulant, mais cette entrave s'apparentait de plus en plus comme une excuse pour bénéficier des petit soin de Fluttershy.
De même, Rarity avait augmenté le nombre de ses visites, apparemment mise au courant par la pégase que Drawlife s’était un peu ouvert. Toutefois, la couturière déplorait avec conviction qu’il ne soit pas plus libre de ses mouvements, car d’après elle cela nuisait à sa créativité. Cet intérêt affiché pour son talent artistique avait plu à l’unicorne, mais malgré ça, il ne désirait pas dessiner à nouveau, c'était quelque chose auquel il ne préférait ne plus penser. Tout du moins jusqu’à ce qu’il y soit gentiment forcé par Fluttershy, laquelle avait reçu tout un assortiment d’outils et de toiles vierges généreusement fournies par la licorne blanche. Sachant cela, il s’était senti obligé d'offrir ce plaisir à la couturière.
Cependant, même avec tout les encouragements et les motivations qu’il recevait, les quelques essais qu’il avait fait n’étaient pas concluant à ses yeux, ils étaient dépourvue de cette petite étincelle qui rendait ses tableaux si attractif, qui allumait la flamme de la passion dans l'âme de des spectateurs, un comble alors qu’il avait ouvert sa propre âme dernièrement. L’œil expert de Rarity ne rata pas ce détail, ce qui la rendit beaucoup plus présente, beaucoup plus pointilleuse, surveillant alors d’un peu trop prêt les nouvelles tentatives de l’unicorne pour retrouver le feu sacré. Si son attention pour ses capacités était plaisante au début, Drawlife la trouva de plus en plus dérangeante au fil des regards frustrée qu'elle faisait par dessus son épaule.
« Étrange, murmura-t-elle en scrutant une toile sur laquelle figurait le parc animalier de Fluttershy, j'ai beau y mettre des efforts pour penser le contraire, mais j'ai toujours cette l’impression de ne pas avoir le même artiste qu’avant notre … rencontre. »
Rarity et Drawlife étaient seuls dans l’arrière-boutique du Carrousel, le lieu de travail de la licorne ; il avait été convié pour des raisons assez floues, et avait été laissé sur place par Fluttershy qui avait une urgence à la bibliothèque. Le soleil avait beau être radieux, ses rayons peinaient à passer au travers des rideaux de soie que la licorne avait tirés, pour ne pas être dérangés avait-elle dit. L’éclairage de la pièce avait été lui aussi tamisé, baignant la salle dans une aura pourpre, et créait une atmosphère intime. Et c'était justement ce qui crispait Drawlife : depuis son séjour à l’hôpital, il ne s’était jamais retrouvé seul avec un autre poney que Fluttershy. De plus, cet intérêt quasi obsessionnel que portait Rarity pour ses œuvres ainsi que les conditions de leur tête à tête faisait douter de la légitimité de cette convocation. Surtout qu'elle ne s'était pas négligé, outre son poil et sa crinière toujours impeccable, elle portait ses lunettes rouges, outil de travail qu’elle semblait affectionner et qui lui donnait un charme professionnel intrigant, le tout soutenu par un parfum de lavande qui semblait émaner de la jument. Il gardait néanmoins ses distances pour le moment, postée face au fauteuil de l’unicorne en l’observant avec ses grands yeux saphirs.
« Dites moi mon cher, pourquoi ne faites vous plus de portraits ? demanda-t-elle en haussant un sourcil. Depuis que vous avez repris le dessin, je n’ai put admirer que des paysages, voir des animaux dans le meilleurs des cas. »
Elle avait mis le sabot sur ce qui clochait. En effet, il avait été réticent de retoucher à un pinceau ou un crayon, et même si Fluttershy avait trouvé les mots justes pour l’encourager à reprendre sa première passion, celle-ci ayant au passage avoué avoir été poussée par la couturière, il se refusait de tout son être de redessiner des poneys. Il se sentait bien avec la pégase, et il ne voulait pas tout gâcher à cause de ce qui lui avait valu tout ses ennuis à son arrivée à Ponyville. Fluttershy avaient été ravie des dessins qu’il avait produit jusque là, surtout celui de son lapin turbulent, mais Rarity n’était pas du même avis, et semblait maintenant vouloir résoudre ce « problème ».
« Dites-le moi honnêtement, reprit-elle voyant qu'il ne répondait pas, avez-vous pris du plaisir à faire ces tableaux ? Eprouvez vous la même satisfaction que lorsque vous dessiniez des poneys ?
- Du plaisir ? répéta Drawlife, un peu surpris par le raisonnement de la licorne. Alors vous pensez comme votre copine Twilight, que je ne suis qu’un pervers ?
- Non, je … pas du tout, balbutia la licorne après avoir mis son sabot devant la bouche, se rendant compte du double sens de sa question. J’essaye juste de comprendre pourquoi vos œuvres semble si différent des toutes premières que j'ai vue. C’est tout de même étrange qu'elles soient moins bonnes, à moins que vous sabotiez volontairement votre travail ?
- Déjà non, je ne sabote rien. Et puis pourquoi vous vous en préoccupez tant que ça ? s’énerva-t-il, piqué au vif par ces interrogations déplacées. Vous devez être une des seules qui s’intéresse à ce que je fais dans ce village, et c’est d’ailleurs une preuve que je ne fait pas du si bon travail que ça.
- Et qu’est ce qui vous permet d’affirmer cela ? » demanda-t-elle en baissant ses lunettes d’un regard inquisiteur, sans laisser transparaître une quelconque intimidation dû au haussement de ton de l’unicorne.
Drawlife ouvrit la bouche pour répondre, mais se retint, sentant venir de ses tripes des propos blessants qui risqueraient d’envenimer rapidement la conversation. C’était la première fois qu’on lui tenait tête de cette manière, et cette obstination dont la licorne faisait preuve commençait à lui monter aux naseaux. Il expira doucement pour évacuer la frustration qui lui tordait les entrailles, la dernière chose qu'il souhaitait pour le moment était bien de se mettre à dos une des rares ponyviliennes à ne pas lui montrer de l'animosité.
« Pas grand chose je l'admet, mais ça ne change rien au fait que je ne vous ai rien demandé.
- C’est exact, vous ne m’avez rien demandé, mais je tient à préciser que je suis une artiste aussi à ma manière, indiqua-t-elle en montrant du sabot les divers croquis de robes punaisés à ses murs, et en tant que collègue d’art, je me dois de préserver le don que vous possédez, que vous en ayez conscience ou pas. C’est une question de principe ! »
Elle avait dit ces paroles avec une assurances des plus convaincantes, si bien que Drawlife n’avait plus la répartie nécessaire pour formuler des contre-arguments valables. On lui avait toujours dit qu’il avait un don, c'est vrai, d'ailleurs sa marque de beauté pouvait en témoigner, seulement jusqu’à maintenant, personne hormis sa mère n’avait prit tant à cœur de conserver ce pourquoi il était indéniablement doué. Et c'était d'autant plus inattendue que cette licorne n'avait aucune idée de qui il était dans le fond.
Durant sa réflexion, Rarity s’était rapprochée de l'étalon, le surprenant lorsqu'il reporta son attention sur ses deux yeux saphir. Elle avait aussi enlevé ses lunettes, qu’il vit du coin de l’œil se déposer par lévitation sur le bureau supportant la machine à coudre. La licorne le fixait toujours avec attention, mais son expression avait changé, plus doux, plus confident qu’il y a un instant. Tout en délicatesse, elle lui prit son unique sabot valide entre les siens, leur prodiguant une chaleur réconfortante.
« Écoute, je vais être honnête avec toi, je ne t’ai pas demandé de venir uniquement pour te faire la morale, dit-elle le plus calmement du monde, en réalité je m’inquiète pour toi, et la possibilité que tu ai abandonné la peinture me hante. Un talent comme le tien, ce serait une grande perte pour Equestria.
- On se tutoie maintenant ? interrompit presque l’unicorne, surprit par autant de changement dans les manières de lady habituelles de la couturière.
- Je te remercie de ta sollicitude ! répliqua-t-elle sèchement en lui lâchant le sabot, visiblement froissée. Je pensais qu’avec un peu plus de familiarité tu rejetterais moins mon aide. »
Encore une fois, Drawlife se trouvait idiot. Il était vrai qu’avec Fluttershy, Rarity était la deuxième ponette qu’il côtoyait le plus, c’était donc assez incongrue de sa part de continuer à la traiter comme une inconnue.
« Je te le redemande, pourquoi ne fais tu plus de portraits ? enchaîna calmement Rarity, constatant son regard perdu.
- A cause des réactions comme celles de Twilight … marmonna-t-il en détournant les yeux de la licorne, ne supportant plus son regard compatissant. »
Drawlife ne pouvait décemment pas dire que c’était surtout pour ne pas risquer de s’éloigner de Fluttershy, ne connaissant pas la réaction que pourraient avoir ses amies à ce sujet. Mais il y avait un fond de vrai dans ce qu’il avait dit : les peu de fois où il avait croisé la bibliothécaire, elle l’analysait toujours du regard comme pour déceler une avarie, et les rares fois où elle venait chez Fluttershy, elle l’isolait pour discuter sans que l'étalon puisse écouter. Ce fut d’ailleurs cela qui avait semé les graines du doute sur l’intégrité de la pégase. Et cette attitude ne concernait pas que la licorne mauve ; si une bonne partie de du village avait finit par l’ignorer, certains continuait à le dévisager ou l’éviter ostentatoirement, en particulier celles qu’il avait peintes.
« Si c’est la réaction des autres qui te gêne, je peux le comprendre, dit-t-elle d’une voix plus assurée, mais je ne peut laisser cette gêne gâcher ton talent. »
Elle recula pour s’exposer sous la seule lumière disponible de la pièce.
« Et dans ce cas, je suis parfaitement disposée à être ton modèle. Je n’en dirais rien à personne, je te le promets. »
Ses joues avaient légèrement rosies pendant qu’elle prenait la pose, prête à laisser l'unicorne dessiner ses courbes élégantes.
Nous y voilà. Drawlife n’aurait su dire comment, mais il savait que sa présence, seul avec Rarity dans la boutique, aboutirai à quelque chose s'approchant de ça. Avant qu’il ne puisse répliquer quoi que ce soit, tout une ribambelle de matériels destinée dessin voleta près de lui, animée par la magie de la licorne qui lui lançait de l’opposé de la pièce un regard plein d'approbation. Sans lâcher un commentaire, il prit le relais avec sa corne, mais ne fit pas le moindre geste pour entamer un quelconque croquis. Son statisme dit réagir Rarity, qui abandonna momentanément sa position.
« Qui y a-t-il ? Tu ne vois pas assez clair ? Je ne suis pourtant pas très discrète avec ma robe blanche, gloussa la licorne en s’auto-admirant d’un air amusé, mais s’il n’y a que ça pour t’aider … A moins que … »
L’unicorne platine vit une étincelle tinter dans l’iris de la licorne. Il craignait l’idée qui avait pu germer dans son esprit.
Comme pour confirmer son pressentiment, Rarity reprit une pose, en prenant cette fois une allure beaucoup plus révélatrice de ses formes, prenant appui sur un de ses mannequin, sa queue effectuant un léger déplacement de façon tout à fait suggestive.
« Je mentirais si je disais que ça ne me gène pas, dit-elle avec le visage qui virait au cramoisi, mais si une pose plus évocatrice t’inspire d'avantage …
- Non ! lança brutalement Drawlife en déposant sans douceur les outils sur la table à dessin à coté de lui.
- Plait-il ? s’offusqua la licorne qui avait ramolli sa pose, ses grands yeux étonnés fixant encore le mannequin.
- Non, répéta-t-il sans changer de ton, je ne peins pas sur commande, et je ne vais pas en plus accepter de te regarder te ridiculiser !
- Me … me ridiculiser ? » répéta Rarity, encore sous le coup de la surprise.
Drawlife marqua une pause, laissant le temps à la couturière de reprendre une position plus décente.
« Et pour être franc tu …
- Je quoi ? » coupa-t-elle, visiblement au bord de l'hystérie.
Rarity s’était retournée vers l'infirme, et piétinait du sabot d’une manière tout à fait menaçante afin de le fusiller du regard au plus proche de lui, ce qui le força à faire reculer magiquement son fauteuil pour laisser une distance raisonnable de sécurité entre eux. Les naseaux de la jument sifflait à un rythme furieux. Drawlife n’avait vraiment pas pu la laisser s’exposer comme elle s’apprêtait à le faire, mais il regrettait amèrement son manque de tact en constatant le regard glacial qu’elle lui lançait.
« Laisse tomber, rétorqua-t-il comme seule défense, sans parvenir à quitter le regard perçant de la licorne.
- Dis le moi ! J’allais me rendre ridicule comme tu le dit, pensant te rendre service. La moindre des politesses que tu me doit, c'est m'apporter un minimum d’explications.
- Vu ta réaction, je préfère pas, articula-t-il, de plus en plus intimidé par le ton de la couturière.
- Dis-le-moi-dis-le-moi-dis-le-moi-dis-le-moi ! insista-t-elle frénétiquement en trépignant des sabots.
- Tu ... tu ne m’inspires pas, voilà ! » expulsa Drawlife en mâchant ses mots à pleine vitesse, comme s’il ne voulait pas qu’elle comprenne.
Mais elle comprit. Le visage de Rarity se figea de surprise ; elle devait s’attendre à une critique sur son physique, le choix de la pose ou ne serait ce que l'absence de luminosité qui pouvait nuire aux conditions de peinture, mais sûrement pas à une réponse aussi abstraite et irrévocable qu’une absence d’inspiration.
Drawlife se sentait mal sur le coup, pour lui et pour la jument, mais il ne mentait pas. Quand il logeait encore dans la forêt, il avait croisé plusieurs poneys qu’il ne parvenait pas à peindre avec la même passion habituelle. Rarity faisait partie de ces poneys. Il ne l’avait croisé que deux fois dans ce qui avait semblé être une carrière de joyaux, et à aucun moment une quelconque fougue artistique ne l’avait envahi : les crayons étaient hésitants, les choix de couleurs hasardeux, la composition fade, et ce n'était pas faute de s'être concentré. Rarity était pourtant objectivement une licorne tout ce qu'il y avait de plus belle et élégante, au geste raffinée comme toute dame de son envergure, de quoi faire de magnifiques tableaux, mais malgré ça rien ne venait. Devoir avouer que celle qui admirait vos œuvres et qui vous avait convaincu de reprendre la peinture n’était pas à votre goût artistiquement parlant n’était pas des plus évidents.
« Donc … je ne t’inspire pas ? dit Rarity en aillant reprit un ton plus posé, mais l’air perdu dans son monde.
- C’est ça, acquiesça Drawlife, tu ne dois pas avoir ce qu’il faut pour faire un bon modèle. Il y a des poneys avec et des poneys sans, et tu dois faire partie de la deuxième catégorie. »
Malgré le faible éclairage de la pièce, l'étalon pouvait remarquer le visage de la couturière saisie par des tics nerveux, ce qui le rendait de plus en plus indécis sur les mots à employer pour soulager la licorne de cet aveux blessant.
« Je … ça va ? balbutia-t-il. Si je peux …
- Non … pas la peine ! Ça ira … ça va très bien … tout va très bien ! coupa-t-elle brusquement, hachant rapidement chacune de ses phrases. C’était idiot de ma part de te forcer, je n'aurais pas du prendre cette décision à ta place. »
Le dénie crispé de Rarity installa un genre de malaise entre les deux poneys cornus jusqu’à ce que deux coups légers retentissent contre la porte. C'était Fluttershy qui était revenue récupérer son patient, ce que Rarity lui autorisa sans plus de politesse que nécessaire. Drawlife voyait cependant qu'elle jouait faux ; la licorne avait beau agir comme si rien ne s’était passé, son sourire théâtral et ses yeux anormalement brillants trahissait un autre sentiment. Ne souhaitant certainement pas s’immiscer dans les affaires des autres, Fluttershy aida son patient à sortir de la boutique. Rien ne vint troubler le silence de plomb qui régnait dans la boutique, jusqu'à ce qu'ils franchissent le pallier de la porte d'entrée. Un bruit de verre brisé résonna derrière eux ; Fluttershy voulu immédiatement voire ce qu’il s’était passé, mais Drawlife la dissuada, prétextant que ce n’était rien de grave.
L'étalon se le persuadait en tout cas, et il espérait que Rarity finise par en penser de même.
Comme la pégase avait déjà finit ses petites affaires pendant qu’elle avait laissé son patient chez Rarity, elle prit directement la direction de sa maison. Comme à chaque fois, elle prit les chemins les moins fréquentés, sachant l'aversion que Drawlife portait à la foule, mais cette tranquillité fut interrompue à mi-parcours, appel furieux ayant retentit derrière eux et s’approchant rapidement. C’était Twilight qui galopait pour les rattraper, ses sourcils froncés indiquant clairement qu’elle n’était pas de bonne humeur. Lorsqu’elle arriva à leur niveau, Drawlife pouvait voir qu’elle haletait bruyamment en plus d’être en nage ; elle avait sûrement quelque chose d’urgent à leur dire pour s’être autant démenée à les trouver.
« Toi, il faut que l’on parle ! dit-elle d’un ton sec tout en pointant du sabot l’unicorne. Et ne va pas croire que ça va passer tout seul.
- Et qu’ai-je fait qui soit si urgent à régler ? demanda calmement l'étalon. »
Aussitôt qu’il eut finit sa phrase, il sentit une force le repousser brusquement, l’inertie de son fauteuil freinée rapidement par les gravillons qui composaient le chemin. Surpris, il mit quelques secondes à comprendre que cette force était la magie de la licorne mauve, l'aura magenta rayonnant encore autour de sa corne.
« Ne fait pas l’innocent, ça ne marche pas avec moi ! Je vois clair dans le petit plan que tu essaye de mettre doucement en place, s’expliqua-t-elle sur un ton aussi tranchant qu'un rasoir.
- Twilight, qu’est ce qui se passe ? s’étonna la pégase, complètement stupéfaite de voir son amie agir de la sorte. Il est arrivé quelque chose de grave ?
- Il y a que je viens du Carrousel, j’étais venu voir Rarity pour lui demander de réparer la couverture que Spike avait malencontreusement déchiré, et figure toi que je l'ai retrouvé en pleurs dans le noir. J’ai eu du mal à lui tirer les raisons, précisa la licorne en pointant Drawlife du sabot, mais il se trouve que c’est ton petit protégé qui l’a mise dans cet état ! »
Drawlife ne savait pas quoi dire, il avait beau trouver la réaction de la couturière exagérée, il ne pouvait pas démentir les accusations de Twilight Sparkle. Elle n’avait cependant pas l’air de vouloir se contenter de son silence, et recommença à le bousculer magiquement sous les yeux médusés de Fluttershy qui avait déjà lâcher le fauteuil, ne sachant plus où se mettre.
« Alors j’écoute ? Qu’as-tu fait à mon amie qui puisse la faire pleurer ?
- Mais rien de grave, je t’assure qu’il ne s’est rien passé de … »
Il se fit repousser une nouvelle fois, la magie avait taper sur son torse.
« A d’autre, railla la licorne, à mon avis tu t’es arrangé pour être seul avec elle …
- Mais non, c’est … »
Nouvelle vague magique, Drawlife n’avait même plus l’occasion de se défendre oralement.
« Et l’ambiance obscure qu’il y avait dans la pièce ? Et tous ces outils de peinture ? » énuméra Twilight dont la voix commençait à partir dans la vocifération.
Elle le fit reculer une nouvelle fois. Le traitement que faisait subir la licorne à Drawlife l’exaspéra, mais son infirmité le poussa à chercher de l'aide du regard auprès de sa chaperonne. Seulement Fluttershy était effarée de voir Twilight aussi furieuse, figée, les lèvres et ses pattes tremblantes, et l'étalon la sentait à la limite de s'effondrer en larmes, elle qui était si sensible face aux émotions négatives.
« Tu voulais la peindre pour la mettre en confiance, enchaîna la magicienne toujours plus agressive, facile avec une adepte de l’art. Et tout ça pour quoi ?! »
C’en était trop pour Drawlife. Que Twilight ne l’apprécie pas était une chose, mais qu’elle le maltraite pour des accusations infondées en était une autre. Mais dans sa position, la seule défense qu'il était en mesure d'utiliser fut de concentrer sa propre énergie magique dans sa corne. La forte lumière qu'il produisit sembla surprendre Twilight Sparkle, qui fit quelques pas en arrière, chargeant alors elle aussi sa corne par prudence. Drawlife n’était sûrement pas aussi fort que la pupille de la Princesse Celestia à ce jeu là, mais ça aurait au moins le mérite de la tenir à distance, voir au mieux de la calmer.
Pourtant, et malgré qu’il n’ai jamais expérimenté ce genre de manipulation, la colère qu’il éprouvait envers la licorne l’aidait à canalisé son énergie, à la focalisé au bout de sa corne, finissant par éblouir son manipulateur. Sa concentration était mis à rude épreuve pour continuer d'intimider Twilight, mais sa haine actuelle envers elle l'aidait à tenir bon.
L’unicorne se posait quand même la question s'il ne faisait pas une erreur, s'il avait assez de raisons pour s'en prendre à l'intégrité physique de l'amie de Fluttershy. Le problème le fit hésiter, suffisamment longtemps pour faire enfin réagir la pégase, qui s'était interposé entre lui et la licorne, les ailes déployées comme pour faire barrage à la colère de son amie.
« Ça suffit Twilight ! lança d’un ton ferme la pégase, ce qui eut pour effet de stopper un instant la licorne mauve dans sa frénésie. Je ne sais pas pourquoi tu en as autant après Drawlife, mais je t’interdis de lui parler de la sorte, surtout que tu n’as aucune preuve de ce que tu avances !
- Mais … Fluttershy, bredouilla la licorne encore sous le choc, tu ne vois pas qu’il joue la comédie pour obtenir ce qu’il veut ?
- Je pense m’être occupée de lui assez longtemps pour savoir qui il est vraiment, dit-elle d’un ton plus calme mais sans perdre de cette prestance qui était très nouvelle aux yeux de Drawlife, et si vraiment c’est lui qui a fait pleurer Rarity, c’est moi-même qui me chargerai de régler ça, en tant que tutrice !
- Attends, tu ne vas pas me dire que tu t’es laissée prendre à son jeu ?
- Écoute, je crois sincèrement que tu as un problème ! Tu te mets à voir du mal là où il n’y en a pas. Et … hum … ça m’embêterai de penser qu’une de mes meilleures amies est folle. »
L’unicorne était complètement abasourdie par la scène à laquelle il venait d’assister, mais certainement pas autant que Twilight qui ne parvenait plus à formuler de phrases compréhensibles, les yeux grands ouverts de stupéfaction. Difficile d’imaginer ses pensées à ce moment, mais les larmes qui commençaient à perler au coin de ses yeux laissait clairement supposer que les mots de Fluttershy l’avaient blessés. Après plusieurs échanges de regards humides entre la pégase et l’unicorne, elle poussa un râle exaspéré, et partit au galop dans la direction par laquelle elle était venue sans se retourner, les oreilles basses.
Fluttershy tenta de la rattraper, se sentant coupable des paroles qu’elle avait prononcé. Mais ne fit que quelques pas, consciente de la vanité de son geste. Elle resta un moment immobile sans rien dire, le regard érrant là où son amie s'était tenu quelques secondes plus tôt, avant de se reprendre sa place derrière le fauteuil de l’unicorne.
« On retourne au Carrousel, informa-t-elle d’un ton décidé en faisant pivoter le fauteuil, j’ai fait pleurer une amie, il est hors de question que j’en laisse une autre dans le même état. »
Drawlife était choqué de l'assurance soudaine de sa tutrice, si bien qu'il n’osait pas intervenir ou émettre une quelconque protestation, découvrant pour la première fois cette nouvelle Fluttershy. A la place, il se concentra plutôt sur ce qui venait passé.
Fluttershy l’avait défendu. Non, c'était bien plus que ça : la douce pégase, celle qui pensait au bien être des autres avant le sien, s'était dressé face à une amie. C'était suffisamment fort comme situation pour que Drawlife se demande si elle ne lui attachait pas plus d’importance qu’un simple patient, et par la même occasion s'interroge sur son propre sentiment envers la jument. Il ne pouvait plus faire semblant, il se sentait bien avec elle, mais la multiplication des marques d’affections venant de sa tutrice ces dernier temps n'avait jusque là pas éveillé aucun soupçon sur le potentiel attachement qu'il pouvait lui accorder.
La question resta en suspens lorsqu'ils arrivèrent devant la porte d’entrée de la boutique en forme de manège de Rarity, sa pensée brisé par le carillon que fit sonner Fluttershy en franchissant la porte. Drawlife remarqua qu’elle avait perdu de son assurance, de par son pas hésitant alors qu'elle contournait son fauteuil et de par sa voix effacée tandis qu'elle appelais son amie. Elle était nerveuse, et l'étalon gris pouvait le comprendre, lui même craignait de voir Rarity toujours en pleurs, et devenir hystérique à la vue de son retour. Mais il fut soulager de la voir descendre des escaliers, souriante et la démarche assurée, comme à son habitude.
« Oh Fluttershy ! fit-elle de sa voix chantante habituelle. Tu as oublié quelque chose ?
- Et bien, commença la pégase en grattant le sol, j’aimerai juste te demander quelque chose … si ça ne te dérange pas.
- Si tu me dérangeais, tu m'aurais trouvé en plein travail, répondit Rarity avec un petit rire aiguë, alors que puis-je pour toi ?
- C’est au sujet de ce qui s’est passé … tout à l’heure.
- Ah …, s’exclama la licorne qui affichait désormais une moue résignée, et bien, je pense que l’on a pas mal de choses à se dire. »
Sous les invitations de Rarity, Drawlife et sa tutrice s’installèrent sur des sofas meublant ce qui s’apparentait à un petit salon, à même la pièce principale. Rarity proposa du thé à ses deux invités, toujours sans rien laisser paraitre, mais un détail attira l’attention de l’unicorne. En effet, la licorne évitait soigneusement de croiser son regard, se concentrant sur ses tasses et sur Fluttershy, toujours avec son attitude de dame. Drawlife pouvait quand même observer ses yeux, et ce qu'il y perçu le désola profondément : des coulures grisonnantes tachait discrètement le duvet de ses joues, laissant supposer qu'elle s'était empressé d'enlever son mascara ruiné par ses pleurs avant de descendre. Et ses yeux était encore un peu bouffis ; elle n'avait certainement pas jouer la comédie pour avoir été capable de pleurer pendant toute la durée de leur dernière rencontre. Drawlife se demanda ce qui avait bien put lui passer par la tête pour qu’elle ait été atteinte à ce point par leur différent survenue à ce moment là. Rarity se servit à son tour du thé, et après quelques gorgées, elle toussota afin de s’exprimer d’une voix à la sérénité suspecte.
« Tout d’abord, je m’excuse de ce qui a pu se passer avec Twilight, j’aurais du la retenir quand elle a commencé à s’emporter à ton sujet, dit elle en posant enfin son regard sur Drawlife, laissant une grande inspiration chevrotante séparer ses excuses, et je me sens idiote d’avoir réagit de la sorte à tes remarques.
- Je suis désolé, fit l’unicorne en baissant la tête de culpabilité, ce n’était pas mon intention de te blesser. Je n'ai jamais vraiment su choisir les bons mots.
- Oublions ça tu veux bien, interrompit-elle en agitant son sabot, après tout il nous arrive tous d’avoir un manque d’inspiration sur certains sujet, n’est ce pas ?
- Tu es sûre ? demanda la pégase, inquiète d’autant de nonchalance de la part de la couturière. Si je peut faire quelque chose … »
Elle commençait déjà à voleter vers son amie pour être prêtre à la moindre demande, mais celle-ci l’arrêta d’un hochement de tête catégorique.
« Ne t’inquiète pas pour moi chérie, une dame se doit de surmonter les difficultés en toutes circonstances. Ce n’est pas une petite déception comme celle-ci qui va réduire mon moral à zéro ! »
Elle but d’une traite le reste de thé présent dans sa tasse, faussant la franchise de ses paroles.
« Non, c’est plutôt Twilight qui me préoccupe, reprit-telle d'une mine sombre.
- Elle n’est pas toujours comme ça avec les étalons ? rétorqua Drawlife sur un ton légèrement sarcastique. Parce qu’elle ne m’a vraiment pas à la bonne.
- Non, elle est loin d'être aussi agressive envers quelqu'un d'habitude, affirma Rarity en levant la tête, l’air pensif, quoique après réflexions, ça lui arrive d’être aussi … obsessionnelle sur une chose qui la contrarie, mais jamais cela n’avait prit une telle ampleur. »
- Hum … la Princesse Celestia avait quand même du intervenir une fois, précisa timidement Fluttershy, on avait même crue qu'elle allait se faire punir.
- C’est vrai, acquiesça la licorne, sauf que dans notre cas, elle a déjà informé la Princesse de ta présence ici ainsi que de tes égarements, quémandant en plus son intervention. Mais elle n’a eu comme seule réponse qu’un refus courtois, la Princesse n’ayant pas jugé sa présence utile à tout ça. »
Un soupir s’échappa de la bouche de Rarity pendant qu’elle se resservait du thé.
« Je ne l'avait encore jamais vue aussi furieuse. Sa réaction lorsqu’elle avait lu la lettre avait même fait fuir Spike, reprit la couturière, lui qui a pourtant l’habitude des ses crises. Le pauvre chéri était complètement affolé quand il est venu me trouver.
- Et qu’est ce que j’ai fait pour qu’elle me déteste comme ça ? demanda l’unicorne devenu inquiet face aux révélations de la licorne. Je veux dire, d'accord, je n'ai pas marqué beaucoup de bons points lors de notre première rencontre, mais depuis, je ne penses pas lui avait fait personnellement du tord.
- Je ne saurais pas dire exactement pourquoi, répliqua la licorne en se passant le sabot sous le menton, mais il me parait évident que ça a un lien avec tes tableaux, disons … plutôt provocateurs. Son agressivité à ton égard a commencé à partir de la découverte de tes toiles. Elle était moins verbale à ce moment là mais ... tu peux t’estimer heureux que Fluttershy et moi t’ayons trouvé rapidement lorsque tu étais en prise avec cette Lamia. »
Le rappel de ce moment ‘’privilégié’’ avec la créature donna un frisson à Drawlife, c'était une étape de sa vie à jamais gravé sur son corps qu'il aurait préféré oublier. Mais un détail sur ces événements lui revint à l’esprit. Lorsqu’il était sur le point de perdre conscience, il avait distingué une puissante lueur magenta ; après réflexion, il en déduisit qu’il s’agissait d’un sort de Twilight Sparkle. C’était donc en toute logique elle qui l’avait sauvé, mais alors considérant cela, pourquoi s’acharnait-elle autant sur lui ?
« C’est bien elle qui m’a tiré des griffes de ce monstre non ? questionna l’unicorne afin de confirmer ses doutes. Elle m’aurait laissé y passer si vraiment elle me haïssait à ce point.
- Twilight n’est pas ponette à laisser quelqu’un en danger ! s’insurgea Rarity en frappant la table du sabot, faisant sursauter la tasse de Fluttershy ainsi que sa propriétaire.
- Oui, mais cette fois là elle n’était pas dans son état normal, corrigea la pégase après avoir remis en place sa tasse en catastrophe, si on n'était pas arrivée à temps, elle … elle … . »
La timide pégase ne parvenait pas à finir sa phrase, semblant ne pas pouvoir accepter ce qu’elle tentait de dire. Rarity reprit promptement son accès de colère puis baissa la tête de dépit.
« Elle n’aurait pas réagi oui, finit-elle en soupirant, elle t'avait trouvé avant nous au prise avec la Lamia, mais elle n'est pas intervenue tout de suite.
- Elle avait sûrement peur, non ? » supposa Drawlife, craignant une réponse opposée.
- C’est ce que nous avions pensé au début, mais je n'ai pas vu sur son visage des signes de peur. Enfin si en quelque sorte, mais elle semblait plutôt se battre contre cette frayeur, si bien qu’elle était complètement déphasée. » précisa la licorne, le regard perdu dans le fond de sa tasse.
Drawlife retomba en arrière sur le dossier de son fauteil, quittant la raideur prise par son corps à l’écoute de cette anecdote effrayante. S’il avait appris ça un moins plus tôt, avant de sortir de l’hôpital, il aurait été surement frustré que Twilight n'ai pas été la seule à l’avoir trouvé lorsqu'il agonisait. Mais son point de vue sur la vie avait changé, et il remerciait le destin d’avoir permis à ces deux juments d’arriver à temps. Grâce à l'intervention, il avait pu se rapprocher de Fluttershy, de sa muse, de la pégase la plus gentille et attentionnée qui soit, et ainsi apprendre à apprécier de nouveau la présence d’une autre personne. Et même plus que simplement l’apprécier, il devait s'avouer qu'il l’aimait beaucoup, et l'intrusion de Twilight plus tôt le poussa sa réflexion plus loin, à se demander s’il n’y avait pas plus. Il fut un temps où il aurait instinctivement repoussé cette possibilité, mais sa longue période forcée en compagnie de la pégase avait petit a petit levé ses réticences à ce sujet.
Cette discussion dura un moment pendant lequel les deux amies tentèrent vainement de comprendre les motivations haineuses de la bibliothécaire, jusqu’au moment où Rarity se porta volontaire pour aller chercher les informations à la source, et dans le cas échéant, convaincre Twilight de se calmer et d’au minimum ignorer Drawlife.
Le soir arrivait, ce qui motiva Fluttershy de rentrer chez elle ; après un dernier service pour finir sa théière, la licorne blanche raccompagna ses deux invités à l’entrée. Le ciel était encore claire, le coucher de soleil baignant encore Ponyville de son halo orangé . Ce même halo baignait les silhouettes de Drawlife et sa tutrice, ce qui offrit à la couturière une charmante vue de son amie en compagnie d'un étalon, spectacle qu’elle ne voyait pas souvent. Elle eu un faible soupir avant d’afficher un petit sourire admiratif.
« Vous faites un joli couple » souffla-t-elle gaiment avant de leur souhaiter une bonne nuit.
Rarity lâcha un dernier petit rire en les voyant tout les deux rougir, et les laissa rentrer chez eux ensemble pour s'en retourner seul à sa boutique. Ses paupières se faisaient lourdes, et l'appel du sommeil la poussa à fermer le Carrousel. Pleurer comme une pouliche l'avait épuisé, et tout considéré, elle se sentait vraiment idiote d'avoir été aussi sensible, surtout à cause des problèmes que ça avait failli apporté à Drawlife. Effectuant un crochet par la salle de bain, elle se passa le visage sous l’eau pour enlever les dernières traces de mascara qu'elle n'était pas parvenue à entièrement camoufler, puis se dirigea vers son lit à baldaquin, où elle se faufila délicatement sous la couverture parfaitement bordée pour ne pas la défaire. Sa position de sommeil trouvée, elle mit son cache-yeux, puis expira lentement pour ralentir son rythme cardiaque. Une dernière pensée lui refit visualiser Fluttershy et son patient sous le clair de lune.
« Oui … un bien joli couple … » murmura-t-elle dans un dernier soupir avant de se laisser aller au pays des rêves.
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Drawlife n’arrivait pas à dormir. La journée avait été beaucoup plus agitée qu’à l’accoutumée, et avait amené son lot de révélations ainsi que les questions qui les accompagnaient. Il n’avait pas osé interroger Fluttershy, et avait maintenu le silence jusqu’à ce qu’elle le quitte une fois qu’elle l’avait aidé à s’installer sur son canapé-lit, le laissant seul avec lui-même. Du moins dans le principe, étant donné qu’il y avait toujours des petits animaux qui occupaient les quelques niches présentes dans la pièce pour la nuit. La phrase de Rarity le hantait, tournant en boucle dans son esprit, et aucun des évènements récents ne parvenait à l’éloigner du sujet.
Former un couple. L’idée lui aurait semblé absurde auparavant, cependant les choses étant devenues ce qu’elles étaient, il était presque convaincu que c’était l’ordre naturel des choses. L’idée était d’autant plus intéressante que son docteur lui avait récemment informé qu’il pourrait bientôt quitter ses plâtres. Mais sans plâtres, plus de fauteuil, et plus de fauteuil, plus besoin de tutrice, et donc aucune raison pour la pégase de rester avec lui. Une logique qui l’effraya, ne sachant pas si une simple relation amical le satisferait. De toute façon, si Fluttershy l’aimait autant que lui, il n’y avait aucune raison pour qu’ils restent seulement amis.
Mais est ce qu’elle l’aimait vraiment ? Après tout elle ne faisait que ce pourquoi elle s'était portée garante en devenant sa tutrice. Mais malgré tout, avec ce qui s’était passé avec Twilight, l’idée était encore permise. Elle n’avait pas été obligée de le défendre, il était coupable de ce dont on l’accusait ; et surtout, elle s’était dressée face à une amie proche, ça n’aurait pas eu le même impact si ça avait été un poney lambda. Elle l’avait protégé parce qu’elle tenait à lui, ça ne pouvait être autrement.
Il ne voulait pas qu’il en soit autrement.
Après avoir fermé les yeux pour tenter de vider son esprit de toute cette agitation, Drawlife se retrouva à nouveau dans son rêve étrange, chose qui n’était pas arrivée depuis l’hôpital. Pour que son subconscient insiste avec ce rêve, ou plutôt ce cauchemar, c’est que cela devait avoir son importance. Rien n’était vraiment différent cette fois ci, si ce n'était que tout avait l’air d’être plus tangible, à tel point qu’il avait vraiment l’impression d’être dans ce couloir. En fait, il était vraiment dans ce couloir, vu qu'il se trouvait dans la peau d'une des silhouettes, celle qui avouait son amour à la ponette avant de se faire rejeter.
La vision terminée, il su instinctivement qu’il ne s’agissait pas d’un songe, mais bien d’un souvenir, même si plusieurs éléments manquaient pour en comprendre le sens : qui était cette ponette au visage de démon ? Pourquoi l’avait-elle repoussé ? Que signifiait ce déchirement de la réalité lorsqu’il tentait de la frapper ? Pourquoi cette vision hantait-elle autant ses nuits ? Tant de questions venues du passé qui venaient se mêler à celles du présent. C'était vraiment épuisant, la nuit promettait d’être agitée.
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Comme tous les matins, Fluttershy se levait tôt afin de préparer la journée de tous les petits animaux dont elle s’occupait, ainsi que de Drawlife dernièrement. Le prendre en charge avait été moins compliqué que prévu, vu qu’il se laissait plutôt faire même s’il ne parlait pas beaucoup. Elle avait quand même fini par le dérider un peu, surtout depuis qu’elle lui avait avoué qu’elle s’était portée volontaire pour s'occuper de lui. Ce n’était pas tout à fait vrai en réalité, car au début personne ne voulait le prendre en charge, et Fluttershy n’avait pas voulu laisser un poney en difficulté livré à lui-même ou avec quelqu’un qui ne l’aimait pas ; elle s’était donc portée volontaire pour la tache plus par nécessité, mais elle ne regrettait pas son choix. Drawlife était très gentil quand il le voulait, et elle trouvait dommage que pratiquement personne ne lui donne de seconde chance. Heureusement qu’il y avait Rarity.
La pégase descendit dans la cuisine après avoir soigneusement coiffé sa longue crinière, et découvrit au passage l’étalon gris qui adoptait une posture peu confortable sur son canapé. Il avait du avoir le sommeil agité, chose pas très étonnante après ce qu’il s’était passé la veille. Il avait les pattes en l’air, et sa crinière en bataille lui zébrait le visage, tout en affichant un air un peu inquiet.
« Il est plutôt mignon quand il dort. » pensa-t-elle.
Après avoir préparé le petit déjeuner, elle s’attela à réveiller son patient ; elle avait des courses à faire au Sugar Cube Corner, il fallait donc s’assurer que tout était en ordre pour qu’elle puisse le laisser seul. Drawlife avait beau avoir fait de gros progrès dans l’utilisation de sa corne ce dernier mois, il lui fallait quand même de l’aide pour l’installer sur son fauteuil ; ça n’avait d’ailleurs pas été simple au début, il était grand et plutôt lourd, surtout avec les plâtres, si bien que la pégase avait du demander de l’aide à ses compagnons forestiers jusqu'à ce que l’unicorne puisse l’aider de ses pattes valides.
Une fois levé, elle lui tendit le sandwich pâquerette et miel, son préféré, et prit congé après avoir donné les consignes de surveillance habituelles à Angel. Nous étions Samedi, aussi il n’y avait pas grand monde dans les rues vu que peu de poney travaillent ce jour là. Fluttershy était cependant sûre de trouver la pâtisserie ouverte, car Pinkie disait toujours que les bonnes choses sucrées ne prenaient pas de vacances, au grand dam des Cake. Arrivée devant le magasin, elle fut surprise de voir l’écriteau avec inscrit « Fermé » en grosses lettres attaché sur la devanture de la porte. Intriguée, elle frappa doucement du bout du sabot. Aucune réponse. Elle insista encore en forçant un peu plus, et la porte s’entrouvrit juste assez pour laisser apparaître une madame Cake le regard dans le vague.
« Oh bonjour Fluttershy, dit-elle en baillant, que fait tu là de si bon matin ?
- Et bien, je pensais acheter quelques gâteaux pour demain, je pensais que vous étiez ouverts aujourd’hui, expliqua la pégase gênée d’avoir réveillé la ponette bleue, Pinkie n’est pas là ?
- Non en effet, avoua la pâtissière qui émergeait petit à petit, il est vrai qu’elle devait ouvrir le magasin aujourd’hui, mais depuis quelques jours nous ne la voyons plus beaucoup mon mari et moi, elle doit sûrement préparer quelque chose.
- Elle va mieux au moins ? s’inquiéta Fluttershy
- Oh oui, et ça depuis un bon bout de temps ! elle leva les yeux au ciel dans une mimique d’exaspération, comme si le fait que Pinkie aille mieux n’était pas une si bonne nouvelle que ça. Elle est même encore plus agitée qu’avant, ce qui est étonnant vu dans quel état elle était quand vous êtes allées rendre visite à ce Drawlife. »
En effet, la fêtarde avait complètement perdu de son enthousiasme suite à la crise de colère de Drawlife. Ça avait été comme un échec pour elle de ne pas avoir réussi à lui donner le sourire, et s’être fait copieusement injurier lui avait porté un sacré coup au moral. Fluttershy lui avait rendu plusieurs fois visite pour voir si elle s’en remettait, et avait été surprise que la ponette demande des nouvelles de l’unicorne malgré ce qu’il lui avait dit. En y réfléchissant, elle l’avait croisé pour la dernière fois lorsque la pégase lui avait annoncé que Drawlife serait bientôt rétabli. Impossible de savoir ce qu’elle faisait depuis.
Par sympathie, Madame Cake lui vendit tout de même ce que la pégase était venue chercher, avec un supplément gratuit pour son patient. Ravie à la fois de la générosité de la ponette et de la remontée de moral de son amie rose, elle reprit de manière guillerette le chemin de sa maison.
En poussant sa porte, elle s’attendait à trouver Drawlife au milieu de salon, en train de triturer son plâtre ou les yeux perdus dans le vide, comme souvent lorsqu’elle le laissait seul ; le pauvre n’avait pas grand-chose à faire de ses journées, surtout du fait qu’il n’avait pas beaucoup d’enthousiasme à peindre. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle essayait au mieux de rester avec lui, bien qu’il prétendait ne pas être gêné par la solitude. Mais cette fois ci, l’unicorne l’attendait avec un petit sourire à peine visible, et avait réaménagé la pièce afin de laisser suffisamment de place autour d’un chevalet qu’avait fourni Rarity.
« Tu a fait ça tout seul ? s’inquiéta la pégase dont la préoccupation première était de savoir si son patient n’avait pas fournit trop d’effort dans la tâche.
- Ce n’est pas grand-chose, répondit-il simplement en haussant des épaules, à force d’être seul avec Angel, j’ai eu tout le temps de m’habituer à ce genre de broutille. »
Il jeta un regard amusé vers le lapin qui restait à bonne distance de l’étalon, le museau renfrogné, ce qui fit rire Fluttershy. Elle était contente qu’il ait finalement prit la peine de trouver de quoi s’occuper, c’était une preuve que son moral allait mieux. Mais la présence du support en bois sculpté l’intriguait.
« Et j’imagine que tu vas peindre si tu a sorti le chevalet du placard. Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis ?
- Je ne sais pas trop, avoua l’étalon en installant une toile sur l’objet de la discussion par lévitation, Rarity peut être. Mais je ne pense pas qu’il n’y ait que ça. »
Il tourna le dos à la pégase pour ajuster la toile sur son support manuellement.
« Et tu vas peindre quoi ? demanda-t-elle, de plus en plus intriguée par l’attitude énigmatique de Drawlife, lui qui était d’habitude si franc.
- Pas quoi, mais qui » corrigea l’étalon en faisant pivoter son fauteuil magiquement afin de nouveau faire face à sa tutrice.
Quand leurs regards se croisèrent, ce fut Drawlife qui le détourna en premier, et chose que Fluttershy ne voyait pas souvent, il rougissait. Mais pourquoi ? Le petit jeu des yeux fuyards dura un moment, la pégase ne comprenant pas tout de suite où il voulait en venir. L’unicorne finit par avouer que c’est elle qu’il voulait peindre, qu’il voulait qu’elle soit une nouvelle fois la première qu’il peigne en quelque sorte.
Fluttershy ne savait pas comment réagir à ça, si elle devait être flattée ou gênée, mais n’osa pas refuser. L’idée que Drawlife se remette à faire des portraits allait déplaire à certains, mais elle n’avait pas le droit de priver l’étalon de son talent. Elle se laissa donc guider, Drawlife ayant déjà une idée assez précise de la pose qu’elle prendrait. Elle s’allongea sur le canapé qu’il avait préparé, de flanc pour faire face à son dessinateur, la tête soutenu par un de ses sabots avant ; ses pattes arrières se croisaient, et son ventre était plutôt incliné vers le haut, obligeant sa queue a délicatement se dérouler le long de sa patte, en passant sous sa hanche. Adopter une pose pour qu’on puisse prendre son image lui rappela sa période difficile de mannequin, quand la styliste PhotoFinish l’avait prise sous son aile, mais le climat plus intime la détendit un peu : elle n’allait pas avoir à s’exposer en public après tout. Il y avait cependant une question qui lui semblait importante à poser. Peut être bête, mais importante.
« Est-ce que je doit sourire ?
- Ça n’a pas d’importance, soit juste naturelle ! lui répondit-il en déplaçant son fauteuil devant le chevalet. Et ne t’inquiètes pas si tu bouges, ça va être un peu long donc n’hésite pas si tu n’es pas à ton aise. »
C’était exactement le même genre de consignes que lui avait donné PhotoFinish. Mais elle était tout de même moins intimidée par Drawlife que par la styliste, car elle avait eu le temps de s’habituer à lui, de le connaître même un petit peu. Elle ne put donc s’empêcher d’afficher un petit sourire détendu, ce que Drawlife lui rendit avant de s’atteler à son œuvre.
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Il s’était écoulé un peu moins d’une heure depuis que l’unicorne platine avait commencé à esquisser les premiers traits, et Fluttershy était surprise de ne pas être prise de crampes. La position qu’il lui avait fait prendre était très confortable, très relaxante. Mais aussi un peu osée, si bien que la pégase sentait ses joue s’enflammer à chaque fois que l’étalon quittait sa toile des yeux pour les poser sur elle. Elle avait rarement été aussi embarrassée, mais se retenait la moindre remarque ; elle espérait juste que le résultat ne serait pas trop … audacieux.
« C’est presque fini, indiqua l’étalon sans quitter sa toile, mais tu peux te lever, j’ai juste quelques détails à peaufiner. »
Fluttershy avait fini par s’habituer à cette position, mais restait intriguée par le travail de l’unicorne. Elle se leva, s’étira un peu, ses articulations étant devenues paresseuses pendant la pose, puis vint se mettre à coté de l’artiste. Ce qu’elle vit sur la toile la stupéfia, tellement qu’elle ne put réprimer une longue exclamation admirative, et sentit même ses ailes battre d’excitation. Elle avait déjà vu auparavant ses tableaux, ceux peints pendant son ermitage, mais celui qu’elle avait sous les yeux les surclassait en termes d’émotions dégagées. Elle fut grandement surprise que malgré sa position quelque peu sensuelle, il ne se dégageait absolument rien de vulgaire de la peinture, juste une grande sérénité et une incroyable beauté. Oui elle était belle, et le fait de penser ça devant un portrait d’elle lui faisait bizarre, elle qui n’attachait pas plus d’importance que ça à son apparence, au grand désarroi de Rarity. Drawlife acheva son tableau par quelques touches de lumière dans les yeux, avant de légèrement reculer pour contempler son travail.
« Je n’avait encore jamais peint un modèle qui prend la pose, fit-il remarquer en passant son sabot sur son menton, mais je dois avouer que c’est pas mal.
- Pas mal ?! s’interloqua la pégase, heurtée par le peu de considération de l’unicorne sur son chef d’œuvre. Mais … mais c’est magnifique, tu es vraiment trop dur avec toi-même pour ne pas l’admettre. Et je sais que ce n’est pas à moi de dire ça, mais je te remercie énormément pour ce tableau. Tu es vraiment doué, et je suis vraiment contente que tu n’aies pas perdu toute envie de peindre. »
Elle était complètement chamboulée, aussi bien par la beauté du portrait que pas le dédain de l’artiste, mais elle était surtout très heureuse de son travail. Prise par l’euphorie du moment, elle voulu lui témoigner son admiration d’une simple bise sur la joue.
Mais ce que ses lèvres rencontrèrent n’était pas du duvet fin et doux, elle sentit à la place quelque chose de chaud et humide.
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Drawlife aurait aimé dire que c’était involontaire, que c’était un accident, mais ça aurait été se mentir. Quand il avait vu Fluttershy s’apprêter à lui faire un baiser sur la joue, il avait instinctivement tourné la tête afin qu’ils s’embrassent sur la bouche. Ça aurait pu s’arrêter là, chacun s’éloignant rapidement l’un de l’autre par surprise ou par gêne, mais l’unicorne trouvait le moment très agréable, incomparable avec ce baiser infâme que lui avait donné la Lamia. Ça ne devait durer que quelques secondes, mais ça lui paraissait durer bien plus longtemps, et l’extase du moment lui fit momentanément perdre le fil de la réalité. Mais pas assez pour ne pas entendre un cri de surprise qui semblait venir de l’entrée.
Tout les deux rompirent le contact pour identifier l’origine du cri, et Drawlife constata avec horreur qu’il s’agissait de Twilight, la pire personne qui pouvait assister à la scène. Celle-ci resta interdite un moment dans l’encadrement de la porte, de même que la pégase qui avait l’air complètement terrifiée. Cette dernière était sûrement gênée d’avoir été surprise dans ce moment privilégié par son amie.
« Et moi qui était venue parce que Rarity m’avait convaincue de te présenter des excuses ! » finit par dire Twilight d’une voix calme mais pleine de mépris.
Saisi d’un étonnement, elle pencha la tête sur le coté, intrigué parce qui trônait derrière le couple.
« Je vois que tu es doublement arrivé à tes fins finalement. Sale pervers ! lança elle après avoir aperçu le tableau peint par l’unicorne.
- Tu devient lourde avec ça ! s’énerva Drawlife, exaspéré que la licorne l’appelle toujours de cette manière. Penses ce que tu veux mais ça n’a rien à voir avec un simple désir charnel. J’aime Fluttershy ! Je l’aime sincèrement, et ce mois à la côtoyer m’a ouvert les yeux. »
Pour accompagner la parole, il se posta près de la pégase, et lui saisi le sabot entre les siens, tout en soutenant le regard haineux de Twilight.
« On s’aime, reprit-il, et je t’interdit de t’interposer entre n… »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il sentit la patte de Fluttershy quitter précipitamment le contact des siens. Intrigué, il regarda ce qui n’allait pas chez elle, et la vit en larmes, les lèvres tremblantes, et un regard qui le fixait, un regard qui s’apparentait à de la peur ou de la pitié. L’unicorne sentit son estomac se serrer, redoutant les raisons de son comportement ; il ne s’était quand même pas trompé à ce point ?
« Fluttershy, ça … ça va ? » murmura-t-il, à moitié paniqué par la situation.
Comme seule réponse, elle éclata en sanglot, et sortit en trombe de la maison, manquant de peu de percuter la licorne qui ne prenait même pas la peine de la retenir.
Drawlife était effaré ; toute la nuit, il avait été rongé de doutes quand aux sentiments qu’il éprouvait pour Fluttershy, et inversement. Il avait fini par être convaincu que tout les deux s’aimaient, mais qu’aucun n’osait l’avouer. Il avait préparé ce moment pour s’assurer que tout se passe en douceur, que la situation intime d’elle posant pour lui aiderait à ce que chacun déclare sa flamme à l’autre. Le baiser avait été imprévu, mais était une occasion qu’il ne pouvait pas rater. Et là, en quelques secondes, toutes ses illusions s’étaient effondrées sur elles-mêmes, rayant tout espoir de bonheur entre eux. Et par dessus le marché, celle qui ne pouvait pas l’encadrer était présente pour que ce moment ne soit jamais oublié. C’était vraiment le pire scénario qui pouvait se produire.
« Tu es content de toi j’espère ? railla Twilight qui n’avait pas l’air de prêter attention à l’état de confusion de Drawlife. Fluttershy a eu l'extrême gentillesse de s’occuper d’un poney comme toi, et tout ce que tu trouve à faire, c’est vouloir profiter d’elle. Avec le temps, j’espérais sincèrement que je me trompais sur ton compte, mais tu viens de prouver en deux jours que j’avais raison de me méfier de toi. »
Il ne répondit pas, trop bouleversé par ce qu’il venait de se passer. N’ayant elle non plus rien à ajouter, la licorne tourna les sabots, sûrement pour tenter de consoler son amie. Elle s’arrêta cependant sur la devanture de la porte, sa corne se mettant à briller de sa lueur violette. Une odeur de brûlé arriva aux naseaux de l’unicorne, qui se retourna pour en voir l’origine. Il vit avec stupeur que sa toile était en train d’être consumée par un feu invisible, se désagrégeant petit à petit. Twilight restait impassible, ce qui était en soi plus dérangeant que lorsqu’elle lui hurlait dessus. Une fois la dernière parcelle de toile réduit en cendre, elle lâcha un soupir.
« Tu est pathétique ! » lança-t-elle avec tout le mépris qu’elle éprouvait envers l’unicorne, avant de partir enfin en direction de la ville.
Ces mots mirent une claque à Drawlife. Il avait l’impression de revivre exactement le cauchemar qui le hantait presque toute les nuits ; si c’était réellement un souvenir, cela signifiait qu’il avait subi un échec amoureux pour la deuxième fois. Il se retourna pour revoir les restes de la toile qu’il avait peinte avec autant d’attention. Il n’en restait que des cendres, tout comme ses espoirs d’être heureux avec la pégase qui avait prit soin de lui pendant tout ce temps. Il sentit la colère monter, de la même manière que dans son cauchemar, mais trouvant ce sentiment puéril à force de l’avoir ressentit dans ses songes, et préféra la relâcher au travers de sa corne, propulsant le chevalet qui alla se briser contre le mur de l’autre coté de la pièce, renversant au passage un vase qui fut réduit en miettes à l’impact du sol.
Il n’avait pas le droit à sa mort, ça c’était une chose, mais s’il n’avait pas non plus le droit au bonheur, que ce soit celui d’aimer sa passion ou un être cher, à quoi tout cela rimait ? Qu’est ce que c’était que cette vie minable ?
Twilight avait raison au fond, il était vraiment pathétique.
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