« Je suis sérieuse. Pas un putain de mot, Mourne. Pas un seul », grogna Shadowstep, ne daignant même pas le regarder. « Tu n’as pas seulement foiré pour toi, mais tu m’as entraîné là-dedans, et Emeberfire, et la Maîtresse elle-même. Qu’est-ce que tu crois que les gens vont penser en apprenant qu’une des gardes de la Princesse a attaqué un civil ? »
Mourne ouvrit sa bouche pour répondre, puis la referma en grimaçant, frottant sa mâchoire souffrante. Il avait de la chance que son armure ait résistée sous les coups de sabot. Mac était grand, fort et rapide, mais pas un combattant entraîné. Il frappait sauvagement, désespérément et c’était la seule chose qui l’avait sauvé. Il ne sous-estimerait plus jamais ce fermier.
« Et pourquoi tu ne l’as pas tué ? »
Mourne sursauta. Est-ce qu’elle a vraiment… ? « Quoi ? J’ai pas entendu. »
« Tu m’as très bien entendue », grommela Shadowstep en se tournant enfin pour faire face à son compagnon blessé. « Il est tombé du toit, il était inconscient sur le sol. Pourquoi tu n’as pas fini le boulot pendant qu’il était sans défense ? Tu aurais pu voler en bas, tranché sa gorge, jeté le corps dans la forêt Everfree où on ne l’aurait jamais trouvé et on n’aurait pas à avoir cette conversation. C’était quoi ton plan si tu ne voulais pas le tuer ? »
« Je…je pensais que ça lui ferait peur. Il est juste un fermier, il devait voir qu’il ne méritait pas Luna, que cette relation ne donnerait que de la douleur et de l’humiliation. Si mon argument ne marchait pas, alors je pensais que…. »
Shadowstep se frappa le visage. « Tu pensais juste que tu pourrais jouer au caïd et lui dire de rester loin d’elle ? Hors du terrain de jeu, est-ce que ça marche comme ça ? Tu as quel âge, six ans ? Tu ne peux pas voir le monde aussi simplement. »
« Pourquoi pas ? » répliqua Mourne. « Pourquoi ça doit toujours être compliqué ? Quelques fois, les choix sont simples, la bonne et la mauvaise chose à faire. Cette relation est mauvaise et-- »
« Et qui t’as donné le droit de choisir ? »
Mourne et Shadowstep restèrent pétrifiés alors qu’une nouvelle voix interrompit leur discussion. Une seconde plus tard, Shadowstep s’inclina aussi bas que possible, la tête casquée aussi près que possible du sol. Mourne se tourna lentement pour être face-à-face avec sa Maîtresse. Luna s’avança vers le batponey, la tête levée. Sa colère était palpable et son pouvoir empêchait les mots de sortir de la gorge de Mourne.
« Je t’ai posé une question, garde. » La voix de Luna était douce, paisible et elle lui faisait encore plus peur que si elle lui criait dessus. « Qui t’a donné le droit de choisir mes partenaires ? Qui t’a donné le droit de battre un poney qui ne t’a rien fait ? »
« Maîtresse, je-- »
« REPONDS A MA QUESTION ! » La voix de Luna se fit entendre dans toute la ville. Les fenêtres de l’hôpital tremblèrent, les oiseaux quittèrent leurs arbres et les poneys qui passaient par là se retrouvèrent au sol, les sabots sur les oreilles.
Mourne lutta pour retrouver sa voix, pour trouver une excuse, une explication, mais chaque fois qu’il commençait à parler, les mots ne pouvaient sortir de sa bouche sous ce regard impitoyable. « Je l’ai fait pour vous », finit-il par dire.
« Pour moi », dit-elle dans un écho terrifiant. « Tu as attaqué un poney innocent….pour moi. Est-ce ce que je t’ai appris ? Est-ce la façon dont je t’ai élevé, pour être aussi dur, aussi borné. Ais-je si durement échouée ? »
Mourne semblait confus, regardant Shadowstep, puis Luna, ne faisant pas attention à la foule qui se rassemblait, les têtes sortant des fenêtres de l’hôpital en regardant la confrontation qui se jouait.
« N-Non, Maîtresse. Vous n’avez pas échouée », bégaya-t-il, les yeux froncés. Ce n’était pas ce qui devait se passer, est-ce que Luna ne pouvait pas comprendre pourquoi il avait fait ça ? Ne voyait-elle pas ce qu’il essayait de faire pour elle ? « Nous sommes toujours vos servants, nous donnerions nos vies pour vous. »
« Et que ferais-tu si l’un de ces servants m’a trahie ? Que ferais-tu si tu briserais mon cœur, Mourne ? Que ferais-tu ? » Luna se pencha vers le batponey, l’œil triste et perdu en amenant un sabot vers sa joue. « Non. Si c’est cela que tu as appris de moi, alors j’ai échouée, mon enfant. Gravement échouée. Regarde-toi. Je vois la confusion sur ton visage. Tu ne comprends pas la peine que tu m’as causée ou pourquoi les actions que tu as faites aujourd’hui étaient mal. »
« J-je….je ne comprends pas », murmura Mourne. Il s’attendait à de la colère, à être puni, ou qu’on lui crie dessus, mais pas ça, pas jusqu’à se sentir comme un enfant qu’on gronde. « C’était pour vous protéger. »
« En quoi cela me protégeait-il, Mourne ? En attaquant ceux que j’aime ? En faisait en sorte que je ne puisse pas contrôler ceux qui me servent ? En faisant en sorte que je ne puisse plus faire confiance en ma propre garde personnelle ? »
Shadowstep rencontre le regard de Mourne pendant un moment, murmurant les mots « Ferme-là ». Tout ce qu’il pouvait dire maintenant rendrait les choses encore pires et il en faudrait peu pour faire passer Luna de la déception à la colère…mais il n’était pas du genre à prendre conseil.
« Pour vous épargner la souffrance ! » lâcha-t-il, sans qu’il ne puisse retenir sa langue plus longtemps. Il ignora le soupir résigné de Shadowstep et le regard de surprise sur le visage de Luna en commençant à s’expliquer. « Que diront les nobles en entendant que vous avez pris un fermier comme amant ! Comment pensez-vous que cela se terminera, Maîtresse ? Un fermier, un mortel ! La seule chose que vous donnera sa brève vie sera l’humiliation et la misère avant qu’il ne vous quitte une fois de plus ! Il ne sera jamais accepté par la noblesse, il sera à jamais mal à l’aise à Canterlot, il sera un objet de ridicule ! Vous devez voir-- »
« Je ‘dois’ voir ? » rétorqua Luna. « Tu as oublié ta place ? »
« Ma place est devant vous ! Ma place est de vous défendre ! » grogna-t-il. C’était mal, terriblement mal, mais il dirait ce qu’il avait à dire. « Vous devez-- »
« TU NE ME DIRAS PAS CE QUE JE DOIS FAIRE ! »
C’était encore plus fort que la voix royale de Canterlot, c’était le son d’une alicorne en furie, la rage d’une Princesse trahie, chaque mot se réverbérant dans la ville. Luna se cabra, dominant son garde rebelle alors que les nuages noirs menaçaient soudain Poneyville. Ils tournoyaient autour de la ville, bloquant le sol et plongeant Poneyville dans l’obscurité totale, tournant autour de leur invocateur alors que le tonnerre si fit entendre dans la ville soudain silencieuse.
« Je… »
« Pour l’amour de Celestia, Mourne ! FERME-LA ! » explosa finalement Shadowstep. « Est-ce que…oh…euh… »
« En une seule matinée, tu as détruit des années à gagner la confiance », grogna Luna, « de poneys qui ne voient plus en moi le monstre sous le lit qu’ils ont passé des générations à craindre. Tu as fait plus de mal en une matinée qu’en des années de murmures et rumeurs. Tu as échoué à me protéger, garde. Tu as brisé le lien qui nous unissait. »
L’échange était subtil, et pendant un instant, Mourne ne savait pas pourquoi Shadowstep reculait, mais il sentit toute la colère contenue en un seul cri glaçant dans son corps. Son pelage devenait de plus en plus sombre. Le bleu nuit devint noir et ses dents blanches devenaient acérés. Même les ombres autour de ses sabots s’étalaient au sol, l’herbe mourant sous leur réveil.
La foule de poneys reculait maintenant vers une retraite bienfaitrice. Les résidents de Poneyville virent son étalage de pouvoir et le son des portes et fenêtres se fermant se fit entendre.
« Maîtresse… » murmura Mourne, forçant les mots à sortir de sa gorge serrée par la peur. « Ne faites pas ça. »
« Ne pas faire quoi ? » Luna pencha sa tête en arrière et rit, les nuages tourbillonnant autour d’elle en réponse. Son rire se faisait plus acéré, plus moqueur. « Tu penses toujours nos dire ce que nous devons faire, mon enfant. Comment OSES-tu ? Tu t’es moqué du choix de partenaire, tu as moqué notre jugement, tu as trahie notre confiance, tu as violé notre honneur et tu as l’audace de nous dire ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire ? Ton arrogance est une chose à voir ! »
« Luna ! Princesse ! » Les portes de l’hôpital s’ouvrirent alors que Twilight Sparkle et les autres éléments d’équilibre coururent pour se confronter à l’alicorne.
« Cela ne te concerne pas, Twilight Sparkle ! » Luna tourna sa tête pour fixer la jeune alicorne, les yeux brillants de son pouvoir. « Tu n’as pas à interférer dans nos affaires. Nous avons un sujet qui a un besoin urgent de comprendre ses torts. »
« Mais pas comme ça ! » s’exclama Twilight. « Ne voyez-vous pas que ce que vous vous faites ? »
« Silence ! » cracha Luna. « Tu es jeune, Princesse. Tu as beaucoup à apprendre à propos de ce qui doit être fait envers ceux qui commettent les crimes les plus graves. Nous ne tolérerons pas une si haute trahison ! »
« Trahison ? » demanda Twilight, les yeux tournés vers Mourne, puis vers la Princesse. « Même si il a commis une haute trahison, ce n’est pas la façon de gérer le problème ! S’il vous plaît, Luna ! Vous ne voulez pas faire ça ! »
« Je te demande pardon ? » rugit Luna, son attention tournée vers la jeune alicorne et ses amies. « As-tu l’audace de nous dire ce que nous devons faire ? Tu as oublié ta place, Twilight Sparkle. »
Les ombres autour de Luna continuaient de grandir, vrillant autour de ses sabots à présent. Son pelage était entièrement devenu noir et même sa marque de beauté semblait se transformer. Twilight se rappela soudainement que les éléments d’équilibre étaient loin d’elle, à la bibliothèque.
« Luna », dit faiblement une nouvelle voix depuis les portes de l’hôpital. « Elle a raison. Tu ne veux pas faire ça. Je sais que tu es en colère, mais tu dois arrêter. »
Tous les yeux se tournèrent vers Big Mac qui se tenait contre la porte, le visage pâle, la sueur coulant sur son front. Les bandages sur son torse étaient déjà trempés de sang frais là où il avait rouvert ses cicatrices en se hâtant vers la porte. Un poney devrait être sourd et aveugle pour ne pas voir ou entendre ce qui se passait dehors. Il avait mal, mais n’était pas mort et malgré les protestations des infirmières, il refusa leur aide et se dirigea lui-même vers la porte d’entrée.
Il regarda un instant Mourne avant de tourner son regard et de marcher vers Luna, avant de se retrouver bloqué par Appljeack. « Mac, qu’est-ce que tu fais ? »
« On dirait que les choses se passent mal ici », répondit-il aussi laconiquement que possible, essayant d’ignorer la douleur dans sa poitrine et la souffrance ressentie dans son corps à chaque respiration. « Je pensais pouvoir venir donner un coup de sabot. Maintenant, si tu veux bien me laisser, je voudrais parler à ma petite amie. »
Il regarda Applejack, sans cligner des yeux, jusqu’à ce qu’elle baisse les yeux. Elle recula, faisant signe aux autres filles de le laisser tranquille.
Luna n’avait pas dit un mot durant tout ce temps, elle ne faisait que regarder, un étrange regard sur son visage alors que Mac boitait jusqu’à elle. Les ombres caressaient ses sabots mais il refusa de se dérober. Il ne pouvait pas montrer de la peur, pas maintenant, pas lorsque les choses pourraient mal tourner. Ignorant la douleur dans son estomac, il leva un sabot vers la Princesse.
« Luna », répéta-t-il de sa voix douce, comme si il parlait à un animal blessé « Tu dois arrêter maintenant. S’il te plaît. »
« Arrêter ? Tu veux que j’arrête de discipliner un de mes servants ? Celui qui t’a attaqué, celui qui a essayé de te t-tuer ? » La voix de Luna bégaya pendant un moment et les ombres s’effacèrent pour revenir une seconde plus tard et s’enrouler autour de ses jambes, s’approchant de plus en plus vers un cauchemar.
« Mais il ne l’a pas fait, Luna. Je suis toujours là, mais si tu continues comme ça, on ne pourra pas rester ensemble. »
Luna se pétrifia et Mac fit de même, respirant à peine, se tenant parfaitement debout en se repassant ses mots dans son esprit. « Qu’est-ce….que tu veux dire ? Est-ce que tu menaces de nous quitter ? »
Mac se maudit silencieusement. Il n’était pas bon pour ça, il n’était pas un diplomate pour l’amour de Celestia ! Comment lui faire comprendre ce qu’elle faisait ? Il tourna son regard vers les filles pour trouver que Rarity venait de le rejoindre avec quelque chose dans son sabot.
« Il ne voulait pas dire ça, Majesté », la rassura Rarity. « Mac ne voudrait jamais rejeter votre affection comme cela. Il sait ce qui est bon pour vous et pour tout le monde maintenant », ajouta-t-elle. « Il veut dire, eh bien, il veut dire ça. »
La corne de Rarity s’illumina et elle fit léviter un petit miroir vers l’alicorne. Luna grogna en trottant vers la licorne pour mieux regarder. « Qu’est-ce donc que cela ? Qu’est-ce qu-- »
Sa voix mourut dans sa gorge en se voyant elle-même dans le miroir. Non, pas elle-même. Elle voyait un visage qu’elle espérait ne plus jamais revoir, celui de la Jument Séléniaque. « Non…Nous ne voulons pas….je ne veux pas. Ce n’est pas ce que je voulais. »
Elle avança vers Mac, les yeux écarquillés et pleins de peur, des larmes perlant au coin de ses paupières, prêtes à couler le long de ses joues. Il s’avança pour la rencontrer alors que les ombres disparaissaient, il brossa sa joue contre la sienne, avant de presser sa nuque contre celle de Luna, la sentant tremblante tandis que sa rage s’en allait, remplacé par de la honte et du regret.
« Macintosh, nous—je-- »
« Shh. Tout va bien, Luna. Je sais. Je sais que tu ne voulais rien de tout ça. Je sais que ce n’était pas toi. » Il tourna un peu sa tête, attrapant le regard de Twilight et lui faisait signe d’aller vers Mourne. Twilight hocha la tête et les filles s’avancèrent rapidement vers le batponey pour l’escorter jusqu’à l’hôpital. Shadowstep hésita, puis les suivit, laissant Mac seul avec Luna.
Il leva un sabot et caressa sa nuque, regardant le noir partir et la lumière revenir sur son pelage bleu nuit. Les ombres disparurent jusqu’à ne laisser aucune trace de la Jument Séléniaque, à part un sentiment de fatigue devant le poids du temps sur ses épaules.
Il toucha sa joue, pour lui intimer de lever sa tête. « Tu es encore celui qui m’apaise. Mon refuge. » Elle baissa les yeux et son expression s’assombrit. « Tu t’es fait mal », murmura-t-elle, le sabot sur ses bandages rouges. « Tu t’es fait mal et c’est ma faute. Si je n’étais pas venu à toi, si nous n’avions…il n’aurait pas… »
« Non, non, assez de ça », grogna Mac avant qu’elle puisse aller plus loin. « Ne rejette pas la faute sur toi, Luna. Qu’à fait ce garde, Mourne ? Il devra en répondre. Tu es peut-être sa Princesse, mais tu n’as pas à partager ses torts. » Il secoua sa tête et grimaça en sentant la douleur reprendre peu à peu le dessus. Il s’assit prudemment, laissant son poids retomber sur ses hanches, incapable de retenir le sifflement de douleur qui s’échappa de ses lèvres.
« Tu devrais être au lit », insista-t-elle. « Les docteurs vont devoir te recoudre. »
Il hocha la tête. « On dirait bien. Tu veux, euh, me dire ce qui s’est passé ? »
Luna baissa à nouveau la tête, sa crinière cachant la honte qui se lisait sur son visage. « La Lune n’est pas seulement de la lumière, Mac. La Lune est aussi obscure. La Jument Séléniaque n’était pas un simple esprit ou démon qui m’a possédé. Elle est venue de moi, nourrie par la rage et la trahison, la tristesse et la solitude, et même si sa rage a été étouffée par les éléments, elle ne m’a pas entièrement quittée. Tant que j’existe, je serais toujours cette Jument. »
Mac fronça les yeux. « Mais elle n’apparaît pas à chaque fois que tu te mets en colère. Je veux dire, lors de la première Nuit du Cauchemar, tu n’as pas été comme ça avec nous. »
Malgré cela, Luna sourit, prenant un moment pour câliner la crinière de Mac et sentant la douce odeur de l’étalon. « Idiot », murmura-t-elle avant de reculer. « Non. Une simple colère ne suffit pas. Quand tu as dit que j’étais sa Princesse, tu avais à moitié raison. Mes batponeys sont plus que mes gardes, plus que mes servants, ils sont mes enfants. »
Mac ouvrit sa bouche, puis la referma sans un mot. Luna hocha la tête et poursuivit. « Les batponeys sont une race crée, ou étaient. Maintenant, ils y en a qui sont nés de manière naturelle et qui vivent comme les autres tribus. Au départ, toutefois, ils ont été créés à partir de volontaire de la garde royale, qui souhaitait me servir plus étroitement. C’était l’une des rares fois où Celestia et moi avons travaillés ensemble sur de la magie aussi puissante. Nous les avons faits pour me servir. Plus tard est venu la folie, et mes batponeys sont retombés dans l’isolement. »
« Mmm. On en a entendu parler, des types disaient même qu’ils en avaient vus, mais on n’y croyait pas jusqu’à ce que tu reviennes et que la Garde de Nuit soit réinstallé. » Mac vacilla un peu de là où il se tenait et Luna vint pour le soutenir.
« Viens, mon brave Mac. Laisse-moi te conduite à ta chambre. Le temps des explications viendra plus tard. »
« Ouaip » dit-il en se levant lentement, laissant Luna le guider tout le long, trouvant du réconfort dans leur proximité alors que son aile s’enroulait autour de lui pour le garder aussi près que possible.
Plus tard, après que les médecins l’ait soigné et refermés ses plaies, il resta dans son lit, les yeux à nouveau fixés vers le plafond en se remémorant les évènements de la journée. Un coup à la porte le fit sortir de ses pensées.
« Ouaip ? »
La porte s’ouvrit et Luna s’avança, suivie de près par Applejack et Twilight.
« Où sont les autres ? » demanda-t-il en se levant un peu pour mieux lui parler.
« A la maison », répliqua AJ. « Elles m’ont demandé de te dire qu’ils aideront à la ferme le temps que tu ailles mieux et que tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. »
« Mmm », grommela-t-il. Elles comprendraient vite la difficiulté de la tâche et il devrait trouver un autre poney pour finir le travail. Peut-être Rainbow Dash ? Rarity refuserait de toucher quoi que ce soit, Fluttershy n’’aurait pas la force…Pinkie ? Même si il tenait beaucoup à la ponette rose, il ne savait pas s’il pouvait laisser la ferme entre ses sabots.
« On est venus te proposer quelque chose », dit Applejack.
« Uh-huh. Je vois que tu es venu avec du soutien », répondit Mac, en regardant Luna, qui ne disait rien, et Twilight, qui regardait ses sabots.
« Laisse-moi te dire que je ne suis pas d’accord avec l’idée d’Applejack », grommela Luna.
« Je veux que Mourne vienne à la ferme. C’est son nom, celui qui t’a attaqué. Il est responsable de ton état, alors il fera ta part de boulot. Pas seulement ça, mais je veux qu’il soit ton garde du corps au cas où quelqu’un aurait l’idée géniale de s’en prendre à toi », suggéra Applejack.
« Garde du corps ? Lui ? Tu es sûre que tu n’as pas pris un coup sur la tête, AJ ? », répondit Twilight.
« Nous sommes sûrs que le retrait des charges pour trahison et tentative de meurtre sera un argument suffisant pour qu’il accomplisse ton travail sans hésiter ou se plaindre », ajouta Luna. « Même si j’aime imaginer les punitions pour lui, Applejack a marqué un point. Mourne est un garde de nuit et cela pourrait réfréner les ardeurs de ceux qui veulent s’en prendre à nous. Il connaît aussi la noblesse de Canterlot et ce qu’il faut faire pour être bien vu à la cour. Il sera de bon conseil pour toi et la façon de survivre dans la jungle de l’élite de Canterlot. »
Mac grommela, se grattant la joue, pensif. Elles avaient raison, et c’était vrai que le batponey aurait pu le tuer, le laisser dans une mare de sang…et il ne l’avait pas fait. Mac croyait ce qu’il avait dit, que ce n’était pas une tentative pour le tuer, mais cela voulait-il dire qu’il pouvait lui pardonner aussi facilement ? En l’invitant dans la maison de la famille Apple ?
« Je dois y penser », dit-il enfin. « Où est-il ? »
« Enfermé dans une chambre vide », répondit Twilight. « L’autre garde, Shadowstep, le surveille. Poneyville n’a pas vraiment de prison alors c’est la meilleure chose possible. »
« Mmm. Et qu’est-ce qu’en dit la Princesse Celestia ? J’imagine que vous lui avez dit ce qui s’est passé ? »
Twilight regarda Luna, qui haussa les épaules. « Oui, nous l’avons dit. Elle a dit que les gardes de Luna sont sous sa responsabilité. Elle a aussi dit qu’elle avait fait l’erreur de sous-estimer l’autorité de sa sœur avant, et qu’elle ne le referait plus »
« En retour, Mac, je laisse le destin de Mourne entre tes sabots », ajouta Luna. « Soit il fait pénitence avec toi jusqu’à ce que tu décides qu’il ait vraiment compris son erreur, soit il retourne avec moi à Canterlot. Enchaîné. »
« Et qu’est-ce qui lui arrivera ? »
« Il sera démis de ses fonctions et jugé pour tentative de meurtre », fût sa réponse, avec juste une petite pointe d’émotion sur le visage de l’alicorne.
Mac sifflota doucement. « C’est une décision difficile, Luna. Tu places son destin dans mes sabots. »
« Notre intention est de ne pas rendre les choses difficiles, Mac, mais tu dois comprendre que sans l’intervention d’Applejack et Twilight, Mourne serait déjà en route vers Canterlot les quatre sabots enchaînés. »
« Je comprends. Ecoute, je…je…je dois y penser. Je te le dirais très vite, c’est promis. »
Luna hocha la tête. « Comme tu le souhaites. »
Il y eut un autre coup à la porte avant qu’elle ne s’ouvrit, pour révéler le visage de Pinkie Pie. « Hé Mac ! Heureuse de voir que tu vas mieux ! Si tu te fais mal, la Princesse Luna va devenir toute tristounette et on ne veut pas ça. Elle pourrait redevenir comme la Jument Séléniaque et-- » Pinkie s’interrompit en ouvrant plus la porte pour trouver Twilight, Applejack et Luna qui avaient toutes les yeux sur elle, la dernière avec les yeux froncés. « Ça serait….génial ? » finit Pinkie.
« Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi, Pinkie ? » demanda Mac.
« Eh bien, je sais qu’aujourd’hui, ça devait être ton second rendez-vous avec Luna et à cause de ce méchant poney, tu n’as pas pu l’avoir ! Alors j’ai pensé que si tu ne pouvais pas avoir ton pique-nique, le pique-nique viendrait à toi. J’ai été voir Granny Smith qui m’a donné le panier garni et j’ai dit au revoir à Granny Smith et j’ai bondis droit vers la route de l’hôpital et-- »
« Pinkie… » grommela Twilight, se frottant le front avec son sabot. « Epargne-nous les détails. »
« Et j’ai amené ton panier de pique-nique pour que tu puisses le faire ici ! » finit Pinkie en sortant de nulle part le dit panier. « Je sais que ce n’est pas vraiment ce que tu avais en tête et que tu as mal et tout, mais au moins, vous pourrez passer du temps ensemble, n’est-ce pas ? »
Mac cligna des yeux, regardant le panier, puis Pinkie. Il secoua sa tête et rit calmement. « Un pique-nique à l’hôpital. Ça ira, Pinkie. Merci beaucoup. »
« Okie-dokie-lokie ! » s’exclama joyeusement Pinkie en déposant le panier au bout du lit. « Maintenant, allons-y ! Laissons-les tranquille ! Shooshooshoo ! » Aussi efficacement que Winona regroupait les vaches, Pinkie amena Twilight et Applejack hors de la pièce, refermant la porte derrière elle avec un sourire et un clin d’œil.
Mac soupira en s’avançant pour prendre le panier, avant de voir que Luna l’avait déjà ouvert et déposé la couverture blanche et rouge au sol. Sa corne s’illuminait en sortant le contenu et en arrangeant le tout aussi joliment que possible.
« Ça m’a l’air délicieux, Mac. Tu me flattes », soupira-t-elle alors que le dernier repas sortait du panier, qu’elle déposa dans un coin de la pièce.
« Je voulais t’amener sur la colline qui surplombe la ville. Il y a une superbe vue là-bas, mais ça ira pour aujourd’hui. » Il se leva pour sortir du lit et se retrouva avec une part de tarte flottant devant son nez.
« Ah-ah », le gronda Luna. « Tu es blessé, et tu en déjà assez fait pour la journée. Repose-toi, Mac. Tu t’es mis en danger pour m’aider aujourd’hui et c’est le moins que je puisse faire pour te rendre la pareille. »
Il hésita, puis grommela et s’allongea. « Tu as sans doute raison. »
« Bien sûr. Je suis une Princesse, après tout », sourit Luna. « Je suis sûre que Pinkie va s’assurer que nous ne soyons pas dérangés alors tu n’iras nulle part et moi non plus, afin que nous puissions manger, boire et nous détendre. » Luna brossa un sabot contre sa joue. « Demain sera un autre jour. Pour le moment, je veux juste profiter du reste de la journée avec toi. »
« Comme tu le souhaites, Princesse. » Il se pencha pour prendre une bouchée de la tarte qui l’attendait devant lui. « Comme tu le souhaites. »
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Non, je voulais dire... Haaaw, Bigmac a réussit à calmer Luna en mode berserk, c'est trop mignon ! =D