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Le Fruit de la Vengeance

Une fiction écrite par Usui.

Chapitre 5 : Un banquier sournois

Le soleil était déjà en train de se coucher. Applejack avait galopé à vive allure afin d'atteindre au plus vite sa destination. Elle ne souhaitait pas passer une nouvelle nuit à la belle étoile. Et ce galop avait porté ses fruits, car elle commençait à voir la silhouette de Fillydelphia se dessiner à l'horizon. Elle ralentit alors sa cadence, prenant son temps pour souffler. Elle avait coupé à travers les champs pour raccourcir la distance séparant Everfree de Fillydelphia. Même si elle ne s'était reposé que quelques heures, dans le froid et l'humidité de surcroît, la ponette orange disposait encore de grandes ressources physiques. Toutefois, elle sentait qu'elle avait un peu trop tiré sur la corde et ne désirait plus qu'une chose : dormir dans un véritable lit.

La jeune fermière rejoignit la route principale et avança en haletant. Au bout de quelques minutes, elle parvint enfin à l'entrée du village. Fillydelphia était une ville un peu plus développé que Ponyville, et ses commerces étaient plus diversifiés. Pourtant, à présent que le crépuscule s'était dévoilé, il n'y avait plus grand monde dans les rues. Beaucoup de boutiques étaient déjà fermées. Applejack espérait que la ou les banques feraient exceptions. Au pire, elle pourrait probablement s'arranger avec un aubergiste en lui promettant de le rembourser le lendemain matin ou en accomplissant quelques corvées pour lui, mais tant qu'à faire, elle préférait éviter, vu son état actuel de fatigue.

Ce fut à ce moment-là qu'Applejack réalisa pour la première fois à quel point son périple manquait de préparation. Il aurait peut-être mieux valu glaner plus d'informations à Ponyville, au cas où quelqu'un d'autre aurait un témoignage à lui fournir, comme par exemple la destination des deux lascars. Et elle aurait dû préparer au moins quelques affaires avant son départ, ne serait-ce que pour transporter le rubis, qu'elle avait tenu dans la gueule tout le voyage. Elle en avait mal aux dents.

En parvenant en plein cœur du centre-ville, la ponette se mit à examiner du regard tout les bâtiments la recherche d'une banque. Elle en vit rapidement une et s'avança en sa direction, tandis qu'un étalon en sortit. Ce dernier, de grande taille, la robe azuré, la crinière turquoise et vêtu d'un costard-cravate et de bésicles, s'apprêtait à verrouiller la porte. Il devait s'agir du directeur de la banque.

« 'tendez une seconde ! »

Surpris, le banquier sursauta et se retourna, pour voir Applejack foncer vers lui. Il examina la ponette de façon dédaigneuse avant de lui déclarer d'un ton faussement désolé :

« Je regrette, mademoiselle, mais nous sommes fermés. Veuillez repasser demain matin. »

Il s'apprêtait à partir, mais Applejack lui barra le chemin.

« C'est que j'ai quelque chose qui je pense devrait vous intéresser, affirma la ponette, en faisant particulièrement attention à sa façon de parler »

Sur ces mots, elle montra au banquier le rubis. La réaction de ce dernier ne se fit pas attendre : il écarquilla grand ses yeux au point de presque en perdre ses bessicles, émerveillé devant la taille et la pureté inhabituelle qui semblait émaner de cette pierre précieuse. L'étalon remonta le petit escalier avant d'insérer à nouveau la clef dans la porte, qui s'ouvrit. Il fit ensuite signe à Applejack d'entrer. La fermière entra, un air satisfait sur le visage.

Le banquier ralluma les lumières qui éclairèrent la réception, spacieuse tout en étant correctement entretenu. Une fois la porte refermé, l'étalon reprit la parole :

« Veuillez-me suivre dans mon bureau mademoiselle. Nous y serons plus à l'aise pour parler affaires. »

Applejack obéit et suivit le banquier en grimpant un escalier en colimaçon. Arrivé au dernier étage, ils entrèrent dans le bureau du directeur, plus richement décoré que la réception. Une étagère remplie de livres de comptes demeurait sur le côté gauche tandis qu'une cheminée était à l'opposé. Bien entendu, il y avait le bureau du directeur. Dans les deux sens étaient posés des fauteuils en velours. Le confort était de rigueur, que ce soit pour le directeur ou ses clients. Une plaque était posé sur la table avec le nom du banquier « M. Greedy Jewel ». Celui-ci s'installa et Applejack en fit de même. Elle déposa le rubis sur la table avant d'enlever son chapeau, le serrant entre les sabots.

Ce fut Greedy Jewel qui entama la conversation :

« Pourrais-je savoir comment vous êtes entré en possession de ce rubis, si cela n'est pas indiscret, miss...

-Applejack. répondit de suite la fermière.

-D'accord,. fit le banquier. Il ne me semble pas vous avoir déjà vu à Fillidelphia, n'est-ce pas ?

-Et vous avez raison, fit constater Applejack. Je viens d'un petit patelin perdu dans les champs. La seule banque y résidant ne pouvait pas me fournir assez d'argent pour cette pierre. Quant à sa provenance, je viens de l'hériter de ma grand-mère, récemment décédée.

-Mes condoléances.

-Merci. Malheureusement, notre famille est relativement pauvre et maintenant que nous avons organisé les funérailles, nous n'avons plus de quoi vivre. Voilà pourquoi je souhaiterais échanger ce rubis contre des espèces sonnantes et trébuchantes. »

Un tel mensonge n'était pas du tout dans les habitudes d'Applejack, elle qui était la représentante de l'élément d'honnêteté. Mais la fin justifiait les moyens, et la ponette se voyait mal expliquer à ce Greedy Jewel où elle avait vraiment récupéré ce joyau, et dans quelles circonstances. Et puis, elle ne mentait pas vraiment. Dans l'état où elle était actuellement, Granny Smith était comme morte. Quant aux Apple, même s'ils n'étaient pas pauvres, ils ne roulaient pas pour autant sur l'or.

Greedy Jewel toisa pendant quelques instants le visage d'Applejack, comme s'il était à la recherche d'une arnaque. Finalement, il reprit la conversation :

« Je comprends tout à fait. Veuillez-me pardonner pour mes questions, mais vous comprenez, tout le monde n'est pas aussi honnête que vous. Il faut que je sois prudent sur ce point, ou bien, je ne ferais pas long feu. La gestion d'une banque est très délicate, vous voyez ?

-Ne vous excusez pas, fit Applejack en esquissant un sourire, votre attitude est tout à fait normale. Je voudrais donc savoir combien vaut ce rubis.

-Et bien, voyons voir... fit Greedy Jewel en saisissant le rubis. »

Pendant toute une minute, l'étalon examina la pierre sous tous les angles. Visiblement, il tentait de savoir si celle-ci était fausse. Sa méfiance des débuts ne s'était pas totalement évaporée. Enfin, il reposa le rubis sur le bureau, avant de déclarer :

« Je m'excuse par avance pour le dérangement, mais il va me falloir un peu plus de temps pour estimer cette pierre. Probablement la nuit, à vrai dire. J'ai besoin de noter toutes ses imperfections afin d'en établir sa valeur réelle. »

Même si elle ne dit aucun mot, Applejack parut perturbée. Elle n'avait pas prévu ce délai pour l'estimation. Encore une preuve de son manque de préparation. Néanmoins, elle eut une idée :

« Dans ce cas, serait-il possible de vous laisser le rubis pour la nuit ? Cependant, je n'ai pas un sou sur moi, aussi j'aimerais avoir une légère avance, de quoi payer l'hôtel. Je présume que ce rubis vaut très cher.

-C'est sans aucun doute le cas,. annonça Greedy Jewel. Non, ça ne me dérange pas d'accéder à votre demande. Voyons, voyons... »

Il ouvrit un tiroir à sa gauche et en extirpa une petite bourse, avant de la tendre à Applejack, qui en fut reconnaissante, avant d'ajouter :

« Dans ce cas, je compte sur vous. Ma famille et moi-même vous sommes encore une fois obligés.

-C'est moi qui vous remercie, Miss Applejack, fit respectueusement le banquier. Toutefois dans le but d'aller au plus vite dans mon expertise, je ne vous raccompagnerai pas. Mais vous connaissez le chemin à présent, ahah !

-Bien sûr, je ne suis pas un poisson rouge ! plaisanta la fermière en remettant son chapeau sur la tête. »

Les deux se saluèrent avec respect, et la ponette orange sortit calmement de la pièce. Son financement était assuré, maintenant. Elle allait pouvoir entièrement se consacrer à la poursuite de Flim et Flam. Pendant ce temps, Greedy Jewel examina une nouvelle fois la pierre sous toutes les coutures, puis après un moment, éclata de rire. Il se leva de son fauteuil et se dirigea vers la fenêtre d'où il put observer sa cliente, en train de se rendre vers l'hôtel.

« Petite paysanne ignare ! lança-t-il brusquement. Tu n'as pas la moindre idée de la bourde que tu viens de commettre. Avec une telle pierre, ta fortune était assurée !! Seulement, c'est moi qui vais en profiter. Grâce à ta généreuse « donation », mes entrées parmi la Haute-société de Canterlot sont garanties !!! Ehehheheheh !!! »


Applejack entra dans l'hôtel, désert à cette heure. Le tenancier fut très étonné d'avoir une cliente à une heure pareille, mais il ne posa aucune question à la vue de la somme d'argent déposée par la ponette, qui comportait même un pourboire conséquent. Celle-ci s'installa à une table près de la fenêtre et attendit qu'on lui serve le dîner, qui arriva une dizaine de minutes plus tard. Celui-ci fut relativement copieux et était composé de foin de très bonne qualité ainsi que d'avoine. Pour Applejack, qui n'avait pas eu de véritable repas depuis son départ d'Appleloosa, ce fut un régal. Une fois le dîner achevé, elle prit la peine de remercier son hôte avant de se diriger vers sa chambre, laquelle comportait le strict minimum : salle de bain et lit. Mais Applejack ne s'en souciait pas, car elle allait passer une véritable nuit, dans un vrai lit, et c'était tout ce qui lui importait pour l'instant. Elle se jeta par conséquent sur le matelas tout en fermant les yeux.


Le jour était encore loin de se lever, pourtant une silhouette drapée de noir émergea dans les rues de Fillydelphia. Cette dernière marchait silencieusement, en prenant bien soin de ne pas faire claquer ses sabots. Le seul son que l'on pouvait entendre était le souffle du vent, régulier. La silhouette tentait de sortir de la ville, mais une fois arrivée à sa frontière...


« Drôle d'moment pour faire une promenade, pas vrai, M.Greedy Jewel ? »

La silhouette, stupéfaite, se mit à galoper à toute vitesse, mais la ponette ayant jeté cette phrase ne lui laissa pas le temps de s'enfuir en lançant une corde nouée autour de la taille. Il lui suffisait de tirer pour stopper la fuite de la silhouette. Ce qu'elle fit.

La cape noire s'envola, dévoilant Greedy Jewel, le banquier qui avait un gros sac sur son dos. Celui-ci ne put cacher sa frustration en voyant celle qui l'avait arrêté...Applejack. Cette dernière s'avança lentement avant de dire d'un ton joyeux :

« Z'aviez raison quand vous disiez tout à l'heure que tout le monde n'était pas aussi honnête que moi. Et vous le premier !

-Quand avez-vous compris ? demanda le banquier

-Dès le début. répondit simplement la fermière. C'est évident qu'un rubis de cette qualité attirerait les convoitises. J'suis pas né de la dernière pluie, M'sieur !

-Et alors, vous comptez-faire quoi ? Me livrer aux autorités ? Je vous signale que la façon dont vous avez acquis cette pierre est très suspecte, également. »

Applejack fit une lente inspiration avant de faire la proposition suivante :

-Dans c'cas, que diriez-vous de c'ci ? J'ai juste besoin d'argent pour financer un voyage d'une durée d'au moins deux mois. Si vous m'donnez ct'argent, j'vous laisse le rubis. J'ai bien saisi à vot'réaction qu'il valait bien plus. Ca vous fait une jolie marge. »

Greedy Jewel considéra quelques instants l'offre qui lui était faite, avant d'accepter d'un signe de tête. Applejack eut un petit rictus de triomphe.

« Les affaires, il n'y a que ça de vrai. »

Elle fit donc demi-tour en compagnie du banquier, qui partit chercher la somme d'argent réclamée par la ponette. Bien sûr, elle ne le lâcha pas d'un seul sabot. Elle avait deviné que ce Greedy Jewel était un sournois de la pire espèce. Cela la gênait un peu de laisser un individu dans son genre en liberté, mais comme elle se l'était dit quelques heures auparavant : la fin justifiait les moyens. Elle ne pouvait se permettre d'être ralenti dans sa quête par des problèmes de ce genre. Finalement, elle entra en possession de la somme convenue et après avoir méticuleusement compté l'argent, elle relâcha Greedy Jewel, qui prit aussitôt la poudre d'escampette avec son rubis mal acquis.

Applejack retourna par la suite dans sa chambre, histoire de récupérer quelques heures de sommeil. Mais avant de se recoucher, elle jeta à nouveau un coup d'oeil à sa demi-pomme. Elle avait un peu plus flêtri.


« Un peu d'patience, soeurette. pensa-t-elle à voix haute. Je retrouverais les enflures qui t'ont mis dans ct'état, peu importe les obstacles. »



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