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La façade de l'art

Une fiction écrite par LordAngelos.

Chapitre 2 : Une Survie Controversée

Drawlife flottait, ou du moins c’était cette légèreté dans ses membres qui lui en donnait l’impression. Tout était flou autour de lui : sa vue était opérationnelle mais il ne voyait rien de précis, comme une succession molle de formes et de couleurs sans aucune cohérence entre elles. Il ne savait pas où il était, mais il s’en moquait bien, tout était calme, et ça lui suffisait. Il se laissa alors porter par le nuage éthéré sur lequel il reposait.

Un picotement le lança dans les côtes, suivi d’autres qui remontaient son corps.

Le paysage se mit à s’agiter en réponse aux sensations étrangères, et les volutes multicolores se précisèrent pour former une image animée. Son calme interrompu, Drawlife analysa le phénomène, la vue encore trouble ; il pouvait distinguer de vagues silhouettes équines teintées de noir, au nombre de trois.

Les picotements se muèrent en pincements, atteignant le cou.

Sa vue s’éclaircit un peu, et des voix se manifestèrent, mais d’une façon trop chaotique pour en saisir leur sens. Tout ce que Drawlife pouvait comprendre, c’est qu’il s’agissait de cris de colère. La silhouette du milieu s’écarta pour rejoindre celle plus éloignée, et les cris se firent plus faibles, mais le brouhaha persistait.

Les pincements attaquaient le visage.

La perspective de la scène changea de telle sorte que Drawlife se retrouvait derrière la silhouette à présent isolée. Des points rouges luminescents apparurent sur la tête noire de l’une des formes en face de lui, tels les yeux d’un démon. Puis un unique mot se démarqua du bruit de fond, pris dans un écho qui l’imprimerait de façon permanente dans son esprit.

« Pathétique… »

Un choc lui enfonça l’œil dans l’orbite.

Le corps de Drawlife fut prit de tremblements, puis il se redressa en sursaut, le souffle rauque, ses poumons cherchant désespérément de l’oxygène, ce qui fit fuir le vautour, apeuré par ce qu’il pensait être son futur repas. Son œil palpitait de douleur dû au becquetage du charognard, mais aussitôt que le reste de ses sens s’éveillèrent, une violente décharge le raidit, le rabattant avec fracas sur le sol. Tout son être hurlait sa souffrance, et l’impact brusque contre le gravier se répercutait comme une onde de choc amplifiant sa douleur, si bien que son estomac ne tint pas et rejeta tout son contenu, ainsi qu’une grande quantité d’eau.

« Pathétique… »

Il s’était répété ce mot, qu’il trouvait parfaitement approprié à son état. Tournant péniblement la tête, encore haletant suite au supplice que lui avaient fait subir ses entrailles, il put voir qu’il se trouvait sur une jetée ; sûrement avait-il échoué là, recraché par la rivière qui avait fini de jouer avec lui.

Il resta allongé, serrant les dents pour surmonter la douleur qui parcourait son corps, supportant les relents acides de sa propre bile qui lui narguaient les nasaux, incapable de s’en éloigner. Il essaya de temps à autre de bouger une patte, afin de voir si elle était cassée ou non ; il fut plus ou moins surpris de constater qu’il n’avait rien hormis de nombreuses éraflures rougies par le sang qui en coulait et des muscles encore fortement endoloris par le traumatisme physique que lui avaient fait subir les rapides. Après tout, il tenait sa forte constitution de son père…

Drawlife est le second né d’une famille de fermiers céréaliers, dans la ville de Canassa. Son père, un étalon bordeaux à la crinière blonde et à la carrure forte imposante, une marque de beauté composée d’un trio d’épis de maïs, était le propriétaire de la ferme, fournissant blé, foin et farine à toute la ville. Bien qu’ayant un rôle prédominant dans le bon fonctionnement de la communauté, il était moyennement apprécié du fait de son obsession du travail bien fait, qui se traduisait souvent par des insultes, voire par des coups de sabots selon le taux de liqueur d’avoine dans ses veines.

Sa mère quant à elle était aux antipodes de son conjoint, de sa façon d’être jusqu’à ses couleurs. Aimante et attentionnée, elle passait une grande partie de son temps à réconforter sa famille après leur travail éreintant, souvent par des mets dignes des plus grands restaurants de Canterlot, qui justifiait grandement la toque entourée de cinq étoiles inscrites sur son flanc. Elle avait fait d’ailleurs profiter tout Canassa de son talent pour la cuisine en préparant des douceurs qu’elle revendait sur le marché, ce dernier ayant un franc succès grâce à sa seule présence.

Drawlife avait en quelque sorte hérité des gènes physiques de ses deux parents. En quelque sorte seulement, car il était beaucoup moins fort que son grand frère, simple poney terrestre rouge à la crinière brune solidement bâti par le travail à la ferme et capable de soulever des meules de foin comme de simples oreillers, et moins efficace en magie que son petit frère, unicorne jaune doré à la crinière blanche, certes chétif mais capable d’à peu près les mêmes exploits que l'aîné via sa magie.

De ce fait, étant incapable de mieux faire que ficeler les ballots de foin, semer le grain et aider sa mère en cuisine, ses deux frères avaient pris pour habitude de lui lancer des piques moqueurs afin d’appuyer leurs différences de niveau, et son père le punissait avec plus ou moins de violence quand il échouait à une tâche qu’il jugeait on ne peut plus simple, comme quand il avait dû monter à l’étage de la grange une vingtaine de meules de foin deux fois plus larges que lui, ou quand il avait dû labourer la moitié du champ de quatre hectares en une journée pour commencer l’ensemencement.

Seule sa mère ne le brimait pas avec son handicap. Pour elle, son fils était un bel étalon qui n’avait juste pas les mêmes buts que le reste des mâles de sa famille. C’est d’ailleurs elle qui l’avait lancé dans le dessin, plus à la base pour qu’il ne se ronge pas de culpabilité de ne rien savoir faire, mais elle avait été émerveillée par le talent dont il faisait preuve. Son père en revanche n’en avait que faire.

« C’est pas ses barbouillages qui vont nous aider à faire tourner la ferme ! »

Durant des années, Drawlife avait subi le monde, que ce soit chez lui ou à l’école, se réfugiant dans son monde au travers de ses œuvres, mais il s’y était habitué. Puis vint l’événement, l’apparition de sa marque de beauté, et le changement d’attitude qui allait avec.

Là où les dessins avaient été un refuge, ils étaient maintenant une simple envie, les brimades étant considérées avec un simple dédain. Les moqueries n’étaient cependant pas les seules à être traitées ainsi, car Drawlife avait ignoré toute marque d’affection, que ce soit celles de sa mère ou des rares pouliches qui lui avaient fait des avances.

Personne ne savait pourquoi il agissait ainsi, même son meilleur ami Seacube n’était pas parvenu à lui soutirer des explications. Rapidement, l’ignorance qu’il distribuait à tout le monde lui fut rendue, d’abord par les habitants de Canassa, puis par ses amies, Seacube ayant quitté la ville pour faire ses études à Manehattan, et finalement par sa famille. Cela avait blasé Drawlife, non pas attristé, juste blasé. De ce fait, ne voyant plus l’intérêt de rester dans un endroit où sa présence s’avérait inutile, il s’exila sans avertir personne, estimant inutile de prévenir qui que ce soit.

« Pathétique… ma vie est pathétique… »

Dans un soupir, Drawlife ouvrit les yeux. Son corps lui faisait moins mal, et ses nombreuses plaies avaient pratiquement toutes arrêté leur saignement. Il tenta de se lever, et tituba vers la rivière, encore sous le contrecoup de son exploit luminescent face à la ponette hybride.

Il se demanda au passage s’il devait simplement se laver ou plutôt plonger pour laisser la nature finir le travail.

La vue de son sac fixé sur le dos de son reflet le ravisa : au moins il n’avait pas tout perdu. Il posa son fardeau, fit trempette afin de purger le sang qui avait coagulé dans son pelage, puis revint constater l’état de ses affaires.

Tout ce qui pouvait faire office d’éponge était imbibé d’eau : feuilles, vêtements chauds et même ses sandwichs, qui n’étaient plus que des tas visqueux dont dépassaient des feuilles de salade et des tranches d’œuf. Un grondement sonore se fit entendre au niveau de son ventre, et l’unicorne se rappela, non sans dégoût, qu’il s’était vidé plus tôt. Il avala ce qui restait de son sandwich sans autre forme de procès, espérant que la chance lui sourirait avant qu’il ne tombe mort de faim.

Drawlife n’aurait su combien de temps s’était passé entre sa chute et son réveil, mais le ciel dégagé au niveau de la rivière lui avait permis de voir qu’il était en milieu de matinée. Il avait décidé après avoir séché ce qui pouvait l’être de suivre la rivière, dans le sens du courant de préférence, pour éviter une autre mésaventure.

L’atmosphère était moins lourde qu’à l’intérieur de la forêt, et le courant frais qui serpentait dans le canyon étroit formé par les lisières longeant le canal ravivait l’étalon. Les rayons du soleil balayaient l’allée, faisant briller l’eau claire de myriades d’étincelles, alors qu’une inlassable obscurité envahissait les bois, refusant toute source de lumière.

Le contraste était plutôt saisissant, si bien que Drawlife ne put s’empêcher de faire une pause afin de tenter de retranscrire sur papier ce spectacle, et accessoirement de tester le papier séché plus tôt. Il sortit le nécessaire par lévitation, alla trouver un rocher assez grand pour lui, mais fut interrompu par un son à peine perceptible qui lui paraissait familier. Affreusement familier !

Paniqué, lui et son matériel disparurent dans un buisson non loin. Non, ça ne pouvait pas être elle, ce n’était pas possible ! Comment avait-elle pu le retrouver, alors qu’il avait dû être entraîné sur plusieurs kilomètres par les rapides ?

Le chant continua, mais son origine semblait rester sur place. C’était l’occasion ! Il sortit de sa cachette et commença à galoper discrètement en bordure de forêt, plus sûr qu’à découvert près de la rivière.

À sa grande stupeur, le chant s’intensifia ; l’avait-elle repéré ? Il se cacha derrière un arbre, le son ne progressait plus. Il se remit en marche, peu assuré, et le volume de la mélodie recommença à augmenter. Il n’était quand même pas en train de se diriger vers la source du chant ?

Piqué par la curiosité, Drawlife se résolut cependant à continuer de se rapprocher. Au fur et à mesure de sa progression, le chant se révéla différent de celle qu'il avait entendu de la créature, elle était plus douce, plus angelique. Rapidement, il distingua une clairière au travers de la végétation. En écartant prudemment les branches d'un fourré, il découvrit la clairière foulé par une multitude d'animaux, allant des oiseaux jusqu'aux blaireau, chacun jouant ou se nourrissant. Un peu plus loin, l'étalon distinguait une chaumière confondue de verdure, avec ce qui s'apparentait à des nids et cabanons d’oiseaux de toutes tailles le décorant. Mais aussi enchanteur qu'était le paysage dévoilé sous ses yeux, son attention fut invariablement attiré par la source de la mélodie angélique.

Et par Celestia, qu'est ce qu'elle était belle ! Les mots lui manquait, mais rien au monde n’aurait pu sembler plus rayonnant aux yeux de Drawlife que cette somptueuse pégase chantant de concert avec les oiseaux qui l’accompagnaient.

Quelque chose se mit à brûler en lui, une sensation joyeuse à des lustres de ce qu'il avait put ressentir auparavant. Toute son attention n'existait plus que pour cette magnifique créature ailée. Ses lèvres pulpeuse, ses cils interminable, ses plumes parfaites, tout en elle inspirait l'unicorne, une pulsion qui pris vie par sa magie de façon inconsciente.

Les crayons et pinceaux encore flottants s’agitèrent, et machinalement, sans aucune attention de la part du peintre, la pégase apparut au fur et à mesure sur une des feuilles sortie. Seulement il ne s’agissait pas d’une simple reproduction de ce qui se produisait sous les yeux agités d’une puissante étincelle de Drawlife; les traits dessinés par les crayons avaient harmonieusement déformée la pégase, afin de la rendre plus fraîche et plus fragile, adoptant une pause qui respirait la grâce.

Les peintures virent alors se mêler au ballet sinueux des graphites, apprtant de la vie par de la couleur, un beige dous pour le pelage, et un rose pétillant pour la crinière, le tout habilement éclaircie pour la baigner d’une lumière divine. L’arrière-plan ne tarda pas à apparaître, harmonieuse composition de nuances de vert et de bleu, pour se voir ensuite parsemé de fleurs mettant en valeur la pégase. Quelques animaux présents s'ajoutèrent, symbole de vie autour de la figure principale.

Puis, les outils cessèrent d’effleurer le papier pour tomber au sol, et Drawlife s’avachit, la tête dans les sabots.

Il avait mal au crâne, mais ce n’était rien en comparaison de cette excitation qu’il avait ressentie. C’était donc ça l’inspiration, la vraie ? Cette impression que c’est le modèle qui implorait l’artiste de le dessiner et non l’inverse ? Il en tremblait encore, à un tel point qu’il eut bien du mal à se saisir du sabot la planche sur laquelle figurait celle qui fut pendant un court instant sa meilleure muse.

Un gargouillis sonore se fit entendre, ce qui força l'étalon à s’enfoncer rapidement dans la forêt, de peut de se faire repérer dans de mauvaise condition. Être bien bâti ne présentait pas que des avantages, il fallait nourrir tout ça, d’autant plus qu’il n’avait rien mangé de bien copieux depuis maintenant plusieurs semaines.

Une fois estimé à l'abri, Drawlife emballa soigneusement ses affaires, afin de réfléchir à la situation. Il était certain que cette pégase ne devait pas vivre bien loin de la civilisation, ce qui garantissait de pouvoir trouver de la nourriture. Mais d’expérience, il savait que son tempérament finirait par agacer tout le monde.

Cependant ce n’était pas la réaction des gens qui le faisait hésiter, à vrai dire, c'était même la dernière de ses priorités. Non, ce qui le gênait, c'était plutôt la perspective de ne plus avoir l’occasion de peindre de nouveau la magnifique jument ailée. S'il se dévoilait, et qu'il s’avérait que l'on ne veille pas de lui, il serait beaucoup plus difficile d'approcher de la pégase. Il ne pouvait pas prendre ce risque.

Un second grognement vint perturber ses pensées. Pour le moment, il devait trouver de quoi manger sans se faire repérer, il réfléchirait à la suite des événements plus tard. En restant caché à proximité des arbres, Drawlife repéra rapidement la ville que devait côtoyer la pégase, à quelques dizaines de mètre de la lisière de cette forêt. Seulement comme il faisait encore jour, il lui était impossible de trouver de quoi manger sans se faire voir, et il ne voulait pas prendre de risque inutile avant d’avoir pu étudier toute les possibilités, ce qu’il ne parviendrait pas à faire le ventre vide.

Il continua de longer la lisière, jusqu’à apercevoir les débuts d'un gigantesque verger, exclusivement composé de pommiers. En continuant la progression, il distingua au loin différents baraquements, concluant sur le fait qu'ils devait s'agir de la résidence des propriétaires de ces arbres. Étant donné la quantité de pommes présentes, l'étalon gris se persuada qu'il ne causerait pas trop de tort en prendre quelques-uns…

Il se risqua à sortir des fourrés, vérifiant constamment aux alentours pour s’approcher discrètement de l’arbre fruitier le plus proche. les pommes était hors de portée de sabot, et leur cueillette ne devait certainement pas se faire de la même manière que le blé. Donnant de léger coup contre le tronc pour tester, il fit vibrer le feuillage ainsi que les fruits. Visiblement, c'était comme ça qu'il devait s'y prendre. Drawlife posa son sac, puis présenta sa croupe à l'écorce. Il pris ensuite appui sur ses patte avant, prit un peu d’élan, et frappa un grand coup de ses sabots arrière.

Le résultat fut sans appel, et une vingtaine de pommes chutèrent des feuillages pour atterrir sans encombre dans la terre meuble : les tâches physiques de son père lui auront au moins servi à quelque chose.

Par chance des paniers d’osier traînaient ça et là pour la récolte, ce qui allait lui éviter de se servir de sa corne car il n’avait pas encore pleinement récupéré ses capacités magiques, ou d’utiliser son sac et d'abîmer aussi bien les pommes que ses affaires.

Une fois les fruits ramassés, il constata que le panier pouvait largement recevoir plus de contenu, et au point où il en était, Drawlife réitéra l’opération pour faire tomber d’autres pommes. Suite à l’impact de ses sabots sur l'écorce, un aboiement se fit entendre en direction des baraquements ; il n’avait pas songé à une telle éventualité. Pris dans la précipitation, Drawlife saisit ce qu’il put de pommes et fonça se réfugier dans les bois. Pendant sa course, il entendit quelqu’un porter la voix au-dessus des cris de l’animal.

« Winona, reviens ici ! Pourquoi est c’que tu t’excites comm’ ça ? »

Vraiment pas de chance décidément. Après avoir plongé dans un buisson,une chienne rousse tacheté de blanc s’arrêta à quelques mètres de la cachette de Drawlife, toujours en aboyant, et très vite rejointe par sa maîtresse. Celle ci essuya son front orange d'un geste de sabot, surement exténué par sa course après son animal. Un détail qui ne manqua pas à Drawlife fut le chapeau qu'elle portait par dessus sa crinière blonde dont le style allait remarquablement bien avec son accent campagnard.

« Nom d’une pomme, tu vas me dire c’qu’il y’a ? Y’a un truc pas net dans ces fourrés c’est ça ? »

Winona aboya de plus belle, ce qui intima la ponette à s’approcher de l’endroit où se terrait Drawlife, plissant les yeux comme pour voir un détail qu’elle n’aurait pas remarqué de premier abord. L’unicorne, le corps contre les branchages, ne pouvait pas bouger sans signaler sa position, et commença à suer à grosses gouttes à l'idéet de se faire prendre le sabot dans le sac.

Alors que la terrestre n’était plus qu’à un demi-mètre de Drawlife, quelque chose vint bousculer ce dernier avant de jaillir à découvert. C’était une boule de poils grise avec de grandes oreilles.

« Encore à cavaler derrière les lapins hein ? gronda la ponette orange. Va falloir que j’te tienne en laisse jusqu’à c’que la saison des amours soit finie si ça continue ! »

Elle exécuta ses paroles en attachant le collier de la chienne avec une corde, avant de la tirer en direction de la ferme. Sans s’en rendre compte, Drawlife poussa un soupir de soulagement, et la ponette orange se retourna ; il se colla les deux sabots à sa bouche, surpris, mais elle reprit son chemin non sans avoir froncé les sourcils.

Encore un peu fébrile, Drawlife voulut partir afin de ne pas prendre de risque supplémentaire, mais il se surprit à perdre son regard sur la terrestre.

Sa démarche mettait en valeur les muscles saillants de son corps d’athlète, leur relief exacerbé par les rayons du soleil. Sa marque de beauté était composée de trois pommes rouges, ce qui la mariait bien avant tous ces pommiers qui l’entouraient. Il avait même aperçu plus tôt des taches de rousseur, infantilisant ses traits, ce qui contrastait avec son corps mûr…

Il fallut que l’objet de son attention disparaisse complètement derrière les troncs d’arbre pour que l’unicorne reprenne ses esprits. Ce n’était pas aussi intense qu’avec la pégase, mais il ressentait la même flamme qui le subjuguait rien qu’en observant ses « modèles ». Ce n’était quand même pas… Non, il avait tiré un trait sur ce genre de sentiments, ce n’était pas pour rechuter dedans à la moindre croupe affriolante.

Drawlife prit quand même conscience de son acte : il avait commis un vol, qui même si léger, s’ajoutait à sa crainte de rejet de ses potentiels modèles qui l’inspiraient, et sa gaffe ne lui garantissait pas de ne pas avoir éveillé des soupçons. De plus, il était assez évident pour lui que son attitude obsessionnelle lorsqu’il peignait pouvait mal se voir.

Il n’avait jamais envisagé la chose sous cet angle, car il n’avait jamais vraiment songé à comment allait se terminer son exil.

Puis il trouva un compromis entre se tenir éloigné de la civilisation pour ne pas susciter un rejet et rester à proximité de ses potentiels futurs modèles : il allait vivre en ermite ! Une idée qui lui parut ridicule d’abord, mais dont la liberté qu’offrait cette façon de vivre, se mêlant bien à son esprit solitaire, finit par le convaincre. Seulement, il y avait plusieurs détails qu’il fallait prendre en compte.

Concernant la créature serpentiforme qui faillit lui causer sa perte, elle était sûrement très loin, peu de chance donc qu’elle refasse son apparition, et la proximité d’une ville près de la forêt pouvait indiquer que tant qu’on ne s’y enfonçait pas de trop, il n’y avait rien à craindre, donc aucun problème à loger dans la forêt. Restait la question de la nourriture, qui se résolut par de petites prises éparses afin de ne pas attirer l’attention. Et un régime entièrement à base de pommes, qui bien qu'alléchant, n’était pas ce qu’il y avait de mieux, surtout pour passer inaperçu auprès des propriétaires du verger.

Ainsi, afin de planifier ses « emprunts », Drawlife attendit la nuit afin de parcourir la ville, qui s’avérait s’appeler Poneyville, muni d’une grande feuille afin de cartographier les environs, de préférence les zones marchandes et agricoles.

Les détails qu’il apportait étaient incroyablement précis, les dimensions au sol des maisons étaient respectées, le nombre d’étages indiqué ainsi que l’emplacement des fenêtres et de portes, ceci afin de pouvoir choisir l’itinéraire le plus sûr afin d’éviter tout œil vagabond qui risquerait de le remarquer.

Malgré l’absence de lampadaire, sa robe gris clair et ses mèches réfléchissantes n’aidant pas à se faire discret même dans le noir. Il dut plusieurs fois se cacher derrière des tonneaux et autres bacs à fleurs, particulièrement quand un grand groupe de poneys était sorti de la pâtisserie, avec à la fenêtre une ponette rose leur proposant de revenir pour la prochaine fête qui aurait lieu bientôt. Cet événement lui suggéra d’ailleurs de noter aussi les zones très fréquentées la nuit, ce qui allait le forcer à reprendre plusieurs fois son analyse de la ville afin de ne rien manquer.

Constatant que beaucoup de boutiques étaient dans des locaux fermés, il dut aussi notifier les poubelles qui contenaient la nourriture la moins abîmée ; même ça ne l’enchantait guère, il se sentirait plus tranquille de piocher sa pitance dans les ordures plutôt que dans les assiettes.

De retour sous les arbres, à l’abri des regards, Drawlife étala au sol son travail qui prenait la forme de plusieurs feuilles, la ville étant plus grande que prévu, qui une fois positionnées dans le bon ordre reproduisaient à merveille Ponyville et sa périphérie proche. Tout du moins, la reproduction aurait été parfaite pour un œil amateur, mais l’unicorne ne put s’empêcher de recommencer sur une plus grande feuille, à la base pour n’avoir qu’un seul document à transporter, mais inconsciemment aussi pour perfectionner le rendu global.

Après coup, Drawlife fut surpris du résultat, il avait développé le souci du détail assez rapidement à force de dessiner depuis son enfance, mais jamais cela ne l’avait amené à un tel résultat. La carte était dans le fond identique à son premier essai, mais fourmillait de détails en soi inutiles pour la compréhension du dessin, tel que l’architecture de chaque bâtiment et la présence de fleurs même hors des bacs décoratifs.

Ce phénomène souleva des interrogations. Pendant longtemps il avait continué de dessiner tout ce qui lui semblait intéressant sans réelle conviction, mais depuis son exil c’était différent. Réflexion faite, c’était plutôt depuis sa rencontre infructueuse avec la ponette au corps de serpent, car il se souvenait encore de la nuit d’orage, ainsi que d’autres croquis faits à la va-vite auparavant. Il lui semblait évident que quelque chose avait ranimé sa passion, sans savoir quoi exactement.

Il aurait tout le temps d’y réfléchir plus tard.

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Cela faisait maintenant cinq bonnes semaines que Drawlife vivait reclus. Il s’était installé dans une clairière ni trop grande afin de ne pas être repéré facilement, ni trop petite pour que lui-même puisse repérer assez tôt des intrus. Chose qui n’est encore jamais arrivée jusque-là, mis à part quelques bêtes sauvages qui étaient venues boulotter son déjeuner pendant son absence.

Tout était pensé pour les cas d’urgence, des différentes fosses dissimulées et faux buissons afin de cacher son logis en plein air, jusqu’au positionnement de son camp par rapport à la rivière, à bonne distance afin d’avoir la possibilité de semer ses poursuivants sans les mener directement à son repère.

Il avait aussi essayé à un moment d’utiliser ses maigres talents de terrestre pour cultiver son propre champ, seulement la terre avait la fâcheuse manie de ne rien faire pousser de mangeable, et ce même avec du compost qu'il concevait avec les restes de ses repas. Il devait donc continuer de chercher sa nourriture en ville, à son grand désarroi.

Une fosse avait été justement conçue spécialement pour stocker toutes ses réalisations, qui ne se faisaient pas très nombreuses cependant, une vingtaine au mieux, car Drawlife s’était rendu compte que tous les poneys qu’il avait rencontrés n’avaient pas le même effet sur lui.

Au bout de plusieurs essais peu concluants, il s’était risqué à revoir la fermière orange, et avait constaté qu’elle ne dégageait plus la même chose que la première fois qu’il l’avait aperçue ; plus que la plupart de ses autres sujets, mais pas assez.

C’est en retournant voir la pégase jaune à la crinière rose qu’il se rendit compte à quel point elle était spéciale. Plusieurs de ses meilleurs portraits la représentaient, et pour cause, la prendre comme modèle avait comme pour effet de recharger sa passion, si bien que les sujets suivants bénéficiaient de portraits beaucoup plus élaborés qu’ils n’en auraient eu en temps normal. Il écarta vite l’hypothèse qu’il y avait plus que de l’intérêt artistique chez cette pégase, s’y refusant sans vraiment en comprendre lui-même les raisons.

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Parti pour une nouvelle séance de peinture, Drawlife parcourut la lisière de la forêt Everfree. Il avait découvert le nom en suivant entre deux coups de crayon la discussion de deux ponettes ; cela avait expliqué bien des choses, car il avait souvenir d’avoir étudié cette forêt pendant ses études, et la faune majoritairement carnivore qui y résidait. Pas étonnant de ne trouver rien de comestible pour un poney, étant donné que la seule nourriture possible était les créatures elles-mêmes.

Après une longue attente, un sujet se présenta. Il s’agissait d’une licorne, plutôt rare dans le coin pensait-il, car il voyait plus souvent des terrestres et des pégases. Il avait d’ailleurs dû souvent abandonner l’idée de peindre des pégases, car si la première qu’il avait vue ne volait que très peu, les autres avaient beaucoup plus la tête dans les nuages, en particulier une de couleur cyan qui avait la particularité d’avoir une crinière arborant des couleurs arc en ciel ; cela l’ennuyait car elle avait du potentiel entre ses sabots, mais un mal de nuque et des yeux faisant des tourniquets après plusieurs minutes attentives à ses acrobaties lui avaient rappelé qu’il n’arriverait pas à saisir les détails de la pégase cyan à cette vitesse.

La licorne avait une robe turquoise, avec une crinière bleu pâle méchée de blanc, ses yeux jaunes s’alliaient avec sa marque en forme de lyre dorée. Elle tenait d’ailleurs entre ses dents le même instrument, ce qui le ravissait car la musique et le chant amplifiaient les sentiments que dégageaient ses peintures. Il s’était d’ailleurs fait la remarque plusieurs fois, du fait que ses œuvres étaient plus empathiques que leur auteur.

La licorne s’assit sur la pelouse parsemée de pissenlits, levant les yeux au ciel, pensifs, et commença à gratter légèrement les cordes de sa lyre. Une mélodie cristalline s’éleva, de même que les instruments du peintre, dessinant les contours de la jument de couleur jade. La corne de Drawlife s’illuminait tandis qu’il était pris dans sa transe analytique habituelle. Cette licorne était intéressante, elle allait sûrement donner un dessin digne d’intérêt. Les pinceaux prirent bientôt le relais pour appliquer les couleurs, subtil mariage de teintes de vert, de bleu et de jaune.

« Ah enfin, je t’ai trouvée Lyra ! »

Les cordes de l’instrument cessèrent de vibrer, interrompues par une ponette rose à la crinière ébouriffée qui était apparue soudainement, venue de nulle part. Cette même ponette qui avait jadis interrompu de nombreuses fois les activités artistiques de l’unicorne ; Drawlife ne l’appréciait pas, que ce soit pour sa façon d’être exaspérante que pour le fait qu’il n’avait pas réussi à en tirer quoi que ce soit d’intéressant, artistiquement parlant.

Elle parlait à la licorne turquoise tout en sautillant autour d’elle, ce qui le déconcentra et le força à cesser son travail. Il commença à ranger ses affaires avant de rebrousser chemin.

« Tu voulais me voir Pinkie ?

-  Pas moi mais Bonbon, elle m’a dit qu’elle voulait que tu ailles la voir mais elle ne m’a pas dit pourquoi, je n’ai pas cherché à comprendre au début mais maintenant que j’y pense elle veut sûrement te faire une fête ! Quoique ça ne peut pas être ça puisqu’en général c’est moi qui m’occupe des fêtes, personne n’a jamais fait de fête sans me consulter, sauf quand c’est à moi qu’on fait une fête et... »

Un craquement retentit en direction de la forêt. C’était Drawlife qui avait écrasé une branche morte ; celui-ci pesta intérieurement pour ne pas avoir fait attention. Il s’immobilisa pour ne plus faire de bruit en attendant de savoir ce qui allait se passer.

« Qu’est ce que c’était ? Un lapin ? Un écureuil ? Une poule ? Un chien ? énumera la ponette à la crinière magenta avant que ses yeux s’écarquillèrent soudainement, comme apeurée par sa propre imagination. Un timber-wolf !? Un wendigo !? Un ursa minor !?

-  Tu t’emballes pour rien ! lui lança la licorne. Ça se trouve, ce n’est que le vent. »

Rassuré par les paroles de la jument turquoise, Drawlife reprit la marche, en faisant bien attention où il posait les sabots. Cette journée ne commençait pas très bien, et cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas reposé, trop préoccupé à satisfaire sa soif des belles choses.

« Coucou toi !! »

Drawlife sursauta en un énorme bond, aussi haut que l’avait fait son cœur. La dénommée Pinkie se tenait devant lui, un large sourire au visage, et était apparue si soudainement qu’elle aurait pu s’être téléportée.

« Dis je t’ai jamais vu toi ! démarra-t-elle. Et je suis sûre de ne t’avoir jamais vu puisque je connais tout le monde à Ponyville et que j’ai fait une fête à tout le monde, et comme je n’ai pas souvenir de t’avoir fait une fête ça veut dire que… »

L’unicorne ne la laissa pas finir son interminable phrase, et avait déjà fui comme si sa vie en dépendait. Il n’avait encore jamais été repéré de la sorte, et même s’il s’était préparé théoriquement à ce cas de figure, il avait quand même l’estomac noué de doutes quant à la possibilité de parvenir à la semer sans la mener à son repaire. Plusieurs minutes de course l’eurent essoufflé, si bien qu’il dut s’adosser à un tronc d’arbre et s’essuyer le front avec un chiffon que lui tendait une patte rose.

« Pourquoi tu t'enfuis ? Est-ce que je te fais peur ? Pourtant t’es plus grand que moi, et plus costaud aussi, et en plus je ne ferais pas de mal à une mouche, d’ailleurs pourquoi on dit une mouche ? Ça aurait pu être une araignée, ou une… Hééé mon mouchoir !!  »

Une nouvelle fois, Drawlife partit en trombe, emportant le chiffon de la ponette dans la précipitation. Il le lâcha en évidence sur le chemin, nourrissant l’espoir qu’elle le ramasse afin qu’il puisse prendre de l’avance.

Dans sa course, il vit la rivière au travers des arbres. Son sac n’allait pas le supporter mais il n’avait plus le temps de réfléchir. Il prit en vol un roseau, et plongea afin de se camoufler complètement, aidé par la couleur de son pelage qui allait ton sur ton avec le fond de la rivière.

Pendant qu’il reprenait son souffle au travers de la tige, une forme floue s’approchait en aval de la rivière ; les yeux de Drawlife rétrécirent d’horreur quand il vit la ponette rose, tuba au museau et palmes aux pattes. Il avala de l’eau dans un sursaut, ce qui le força à refaire surface pour recracher le liquide, imité par Pinkie.

« Si tu voulais un mouchoir il fallait me le dire, j’en ai plein en réserve dans des cachettes en cas d’urgence, comme tout ce qui peut être utile mais dont on ne se rend pas compte, un peu comme… Mais attends-moiii !! »

Comment était-ce possible ? Où qu’il aille, elle était là, comme si elle l’attendait ! Il commença à paniquer, se demandant comment il allait bien se débarrasser d’elle. Rapidement, sa course ralentissait, ses pattes ne supportant plus son corps alourdi par l’eau qui imbibait ses poils et le tissu de son sac.

Il s’arrêta pour s’en défaire, puis s’écroula, abattu par l’épuisement. En rouvrant les yeux, il vit cinq extrémités roses au ras du sol… quatre pattes et un museau qui l’analysaient. Il n’en fallut pas moins pour le relever d’un bond, cependant il était incapable de courir de nouveau, ses pattes ne le lui autorisaient plus.

« Au fait je parle, je parle depuis tout à l’heure, mais je ne connais pas ton nom, en tout cas tu as l’air sympa malgré le fait que tu fuies tout le temps… Holà ! »

Pinkie faillit de peu de se prendre un sabot dans la figure, qu’elle esquiva en rétractant la tête dans son corps, ce qui ne manqua pas de surprendre l’unicorne platine.

« Dis donc en voilà des manières de dire bonjour, dit-elle la mine basse en faisant émerger sa tête. Je connais plein de façons de dire bonjour mais celle-là je ne la connais pas. »

Drawlife chargea la ponette, lui envoyant autant de coup de sabots qu’il le pouvait, avant ou arrière. Il ne fallait surtout pas qu’elle découvre ce qu’il faisait sur le dos de la ville, car il risquait bien plus qu’une simple exclusion, il risquait même de finir dans les cachots de Canterlot pour vol, et peut-être voyeurisme selon comment ses activités seraient interprétées par les autres poneys. La fuite n’était plus possible, aussi fallait-elle la mettre hors d’état de nuire, ne serait-ce que pour la faire taire.

Mais la ponette ne rendait pas la tâche facile, car chacun de ses coups était évité par des bonds et des cabrioles improbables, mais ce qui exaspérait le plus Drawlife, c’était qu’elle riait.

« C’est marrant comme façon de dire bonjour en fait ! Youhou ! Hihihihi ! »

Un des sabots arrière de l’unicorne finit par violemment percuter le flanc de la ponette, qui par un procédé indescriptible réussit à se maintenir debout malgré que son visage frôlait le sol quelques secondes avant sa manœuvre. Ses rires s’estompèrent aussitôt, et un regard assassin s’était installé sur son visage.

« Ah c’est comme ça, attends voir un peu ! »

Ce faisant, elle planta ses sabots dans sa crinière gonflée, et en sortit des confettis qui jaillirent dans un « pouêt » complètement hors contexte au vu de la situation.

« Oops, mauvaise pioche ! fit-elle avec un sourire gêné. »

De sa fouille suivante, elle sortit une paire de gros gants rouges directement enfilés sur ses sabots, et se mit en position de combat.

« C’est parti, prête pour le second round, ou alors on est qu’au premier, vu que techniquement je ne me suis pas encore battue, ou alors ça veut dire que… »

Un énorme rondin de bois entouré d’un halo argenté stoppa le monologue de Pinkie, l’assommant net. Drawlife avait profité du court instant de déconcentration de la ponette rose pour lui envoyer le premier objet lourd qu’il trouvait dans la figure.

« Tu parles trop sale folle ! » À ces paroles, il s’écroula les pattes en éventail.

Il souffla, exténué de sa péripétie burlesque, avant de pouvoir analyser la situation. Il était soulagé mais éprouvait une pointe de regret. Ce n’était pas du tout son genre d’agresser quelqu’un, mais la situation l’exigeait, du moins dans l’urgence c’était la seule conclusion possible. Il s’approcha du corps, constatant une énorme bosse au front, ainsi qu’un filet rouge écarlate qui en découlait jusqu'à ce qu’il le stoppa avec un chiffon imbibé d’eau. Chiffon qui ressemblait curieusement à celui qu’il avait pris de la ponette plus tôt… Peu importe, l’important était qu’elle soit juste assommée.

Sa cavalcade affolée l’avait un peu éloigné de ses sentiers habituels, mais la rivière n’étant pas loin, il put retrouver le chemin vers Ponyville rapidement. Traîner le corps de Pinkie n’était pas des plus simples, d’autant plus qu’elle risquait de se retrouver avec plus d’hématomes que nécessaire en raclant le sol, il prit donc la peine de la hisser sur son dos, non sans difficultés, dans une position qui ne perturberait pas son sommeil.

Le soir tombant, il en profita pour se diriger vers l’habitation la plus éloignée de la ville, celle de la pégase jaune à crinière rose, Fluttershy avait-il cru comprendre. Après s’être assuré qu’aucun animal ne pourrait alerter sa présence, et que l’état de Pinkie était stable, il la déposa au pallier de la porte, frappa vigoureusement cette dernière et détala à la seconde.

La porte s’ouvrit et un lapin blanc apparut en bas de son encadrement. Celui-ci fit les yeux ronds en voyant le corps rose devant lui, et disparut aussi vite qu’il ne réapparut avec la pégase, prise d’horreur par ce qu’elle avait sous les yeux.

« Oh sainte Célestia, qu’est-ce qui lui est arrivé ? balbutia-t-elle les yeux écarquillés. Vite Angel, aide-moi à la ramener à l’intérieur. Oh, et vas-y doucement, il ne faut pas la brusquer. »

Le lapin blanc prit un air blasé à ces mots, montrant à sa maîtresse qu’il ne pouvait guère faire mieux que soulever l’imposante queue bouclée de Pinkie.

Rassuré de savoir la ponette entre de bons sabots, Drawlife reprit le chemin de son logis. Cette mésaventure ne lui plaisait guère, et il se surprit à espérer avoir cogné assez fort pour que Pinkie ne se souvienne pas de cette journée.

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