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TRON : Perfection

Une fiction écrite par Hérode.

Atlas des Nuages

« Suspect immobilisé au croisement des rues 1008 et A-XBZ »

« Cycle lumineux huit cent vingt-deux sur les lieux »

« Escouade de Recognizers d'intervention echo romeo india vingt-quatre en survol »

« Ici garde de la section d'intervention 11, le suspect est blessé, il ne bouge plus »

La radio ne cessait de cracher des messages de la Garde noire. Synn s'empressa de l'éteindre. Ciel venait de dégringoler les marches de l'escalier menant au toit. Son regard apeuré dévisageait tour à tour chaque poney de la pièce. Ne subsistait comme son que sa respiration haletante, les gardes Noirs criant à toute volée et les bruits de leurs engins. La respiration de Ciel se calma. Tout le monde se regardait d'un air inquiété. On comprenait ce qu'il venait de se passer sans pour autant y croire. Que faire ? Aucun des poneys n'était visiblement en mesure de répondre. « Il faut partir, » tenta Ciel. « Tous dans le Recognizer ! » relança Synn.

Tous les poneys se pressèrent sur le toit et montèrent dans le Recognizer bleu, qui décolla en vitesse au milieu de ceux colorés en orange, qui le prirent immédiatement en chasse. Ils commencèrent la traque au-dessus de la ville.

Déjà Coucher de Soleil était loin. On ne se faisait plus d'illusions, elle était perdue, il était impossible de la secourir avec tous ces gardes autour d'elle. « On va pas s'en sortir ! » fit Twilight en trépignant nerveusement. « Sûrement pas, avec des réflexions comme ça ! » lui lança Synn, tout en manœuvrant la machine. « Ils ouvrent le feu ! » cria Ciel, qui regardait les poursuivants à l'arrière.

Les tirs firent trembler la carlingue en explosant tout autour d'elle. Synn regardait alternativement les instruments de bord et devant lui. « Pourquoi on a pas d'armes à l'arrière ! » s'exclama Ciel. « Tiens le manche ! » ordonna Synn en le lâchant. Zéphyr comprit que Synn voulait mettre au point des armes pour l'arrière, et le regarda manipuler directement le code du vaisseau. Elle jeta aussi des coups d'œil à Twilight, qui restait inquiète dans un coin. Bientôt un pupitre de commande et une tourelle apparurent, et Zéphyr, sur un hochement de tête de Synn, prit les commandes. « Attention ! » cria Ciel, en virant de bord pour esquiver les tirs. Zéphyr ouvrit le feu et détruisit un premier Recognizer. Il en restait quatre. Les tirs s'échangeaient entre les acrobaties de Ciel et les explosions dangereusement proches. Ils essuyèrent un tir, mais rien n'était réellement endommagé. Zéphyr descendit un deuxième appareil ennemi. Ce dernier, touché au pied, chuta lentement jusqu'à atteindre le sol, où il explosa en tournant sur lui-même à une vitesse fulgurante. Les appareils restants ouvrirent à nouveau le feu, Ciel fit du mieux qu'il put pour les semer. Synn avait rejoint Twilight et la tenait par les flancs. Les secousses mettaient les cœurs à rude épreuve. Zéphyr restait concentrée sur les Recognizers à l'arrière, en abattant un troisième sur les cinq du départ. Les deux derniers parvinrent à toucher leur cible, endommageant cette fois le moteur droit. « Merde ! » fit ciel en tentant tant bien que mal de maintenir l'appareil en l'air. Synn quitta Twilight et se remit à son code. Il était en train de réparer les dégâts quand le moteur gauche fut touché. « Fumier ! » cria Zéphyr en détruisant le quatrième Recognizer.

Les dégâts qu'il avait causés étaient malheureusement irréversibles, et déjà l 'appareil perdait de l'altitude. La chute se déroula dans l'angoisse générale, à l'exception de Synn qui fixait d'un air naturel le Recognizer restant volant au-dessus d'eux comme un vautour au-dessus de sa proie.

L'engin frôlait maintenant le sol en soulevant des nuages de poussière derrière lui. Il toucha terre. Tout se mit à secouer, et Ciel hurla tout en s'efforçant de tirer le manche vers lui. Des bruits stridents commencèrent à surgir de toute la coque. On entendit, et on sentit les pieds s'arracher, tous les poneys furent secoués par les tonneaux du cockpit séparé des pieds. L'engin n'était plus qu'un objet caché par une tempête de poussière grinçant de toute part.

Il s'immobilisa enfin. Ils sortirent lentement de la carcasse, Zéphyr en premier, essoufflée, écorchée et avec la combinaison déchirée en plusieurs endroits. Synn parut ensuite, sa crinière complètement en bataille mais étonnamment sans égratignure, suivi de Twilight, aussi meurtrie que Zéphyr voire plus, elle était à moitié aveuglée par le sang lui coulant sur le visage. Ciel sortit en dernier avec grande peine, le manche lui était rentré dans la poitrine, déchirant complètement sa combinaison au passage, et sans doute endommageant plusieurs éléments internes. Il eut un mouvement de recul en voyant la patte ensanglantée de Twilight, qui le regarda encore plus bizarrement avec sa tête de blessée.

« Ils arrivent ! » fit Synn en se réfugiant derrière l'épave et en désignant du sabot le Recognizer orange, qui s'était posé non loin.

Déjà les gardes sortaient et tiraient sur le petit groupe au fusil laser. Cette fois-ci même Synn parut troublé, l'arrivée des gardes était imminente, et inévitable. « À vos holofers ! » exhorta Synn en portant le sien à ses dents et en le lançant sur les gardes. Les trois autres vrombissements se firent rapidement entendre et un premier garde fut tué conjointement par l'holofer de Synn et de Twilight. Certains gardes répliquèrent avec leur holofer, manquant de décapiter Zéphyr, qui en profita pour frapper en pleine tête le garde qui l'avait attaqué. Un autre garde surgit, cette fois atteignant Synn, arrêtant au dernier moment l'arme au moyen de la télékinésie, et le renvoya sur son propriétaire. Il restait cette fois quatre gardes, deux armés de leur holofer, les deux autres de leur fusil.

Le combat était acharné, les tirs de laser déviaient les holofers bleus, les holofers oranges se faisaient de plus en plus précis à mesure que les gardes avançaient, et encerclaient Synn et les autres. Ciel élimina un fusilier, attendant que celui-ci recharge. Twilight, seule cette fois, blessa l'autre garde au fusil. Zéphyr se fit érafler le flanc par un holofer hostile, et blessa à son tour l'avant-dernier garde à l'holofer, qui fut achevé par Synn. Un ultime assaut fut mené par Ciel, qui sortit le premier de derrière la carcasse, couvert et suivi par tous les autres poneys. Ciel esquiva brillamment les tirs de laser, fut protégé habilement par l'holofer de Zéphyr, jeta dans une synchronisation parfaite avec Synn son holofer sur le garde, qui en parant le fer de Synn, ne put parer celui de Ciel et fut à son tour désintégré. Le dernier garde debout tira en toute direction, mais soit ses tirs manquaient, soit étaient déviés par les holofers agités défensivement. Zéphyr vint finalement à bout de lui, et Twilight le voyant tomber en poussière au sol, soupira et rangea son holofer, qu'elle s'apprêtait à lancer. « Notre échappatoire est toute trouvée ! » s'exclama-t-elle en contemplant le Recognizer orange désormais vide. « En voilà d'autres, ne traînons pas ! » répondit Synn en montant dans l'appareil.

Ciel prit à nouveau les commandes, en prenant au passage un fusil dans le rack et en le passant sur son dos. Twilight tomba à l'intérieur. Elle avait donné tout ce qui lui restait dans ce combat, tout qui n'était déjà pas grand chose suite au choc du crash, elle fut aussitôt soutenue et portée à l'écart par Synn et Zéphyr. Synn la regarda ; elle s'était évanouie. Il leva la tête vers le pilote: « Vite Ciel ! » Il décolla, voyant déjà briller des points oranges au loin. « Où on va ? » demanda Ciel vivement « La caverne ! » répondit Synn en relevant la tête vers Ciel « Mais s'ils nous poursuivent ? Ils vont trouver la caverne ! » « Ils ne la trouveront pas ! » assura Synn.

Après un temps interminable de vol, la montagne fut enfin à portée, malheureusement quelques Recognizers le furent aussi. « Plonge, ils ne nous verront plus ! » ordonna Synn. Ciel obéit. Zéphyr parvint à réveiller Twilight. « Twilight, penses-tu pouvoir galoper jusqu'à la caverne ? » demanda Synn. Twilight avait un regard absent. Elle était réellement exténuée, et avait des blessures assez importantes. « Il va falloir se poser plus près que je ne le prévoyais. Pose-toi ici ! » dit-il à Ciel en venant à côté de lui et en désignant un endroit près de l'entrée de la grotte. Ciel s'exécuta. Synn prit les commandes. « Emmène Twilight à l'intérieur en la portant avec Zéphyr s'il le faut, je vais nous débarrasser d'eux, » fit Synn. Ciel hocha la tête et prit sur son dos Twilight, poussée par Zéphyr. Elle aussi était blessée, comme tout le monde, mais encore assez forte pour se rendre utile. Synn bricola encore une fois du code, de manière à faire décoller à distance l'appareil.

Une fois ceci fait il sortit et regarda l'appareil décoller et partir au loin, rejoint par d'autres Recognizers qui le détruisirent. Synn ne regarda cependant pas l'explosion et ne fit que l'entendre. Il se dirigeait déjà vers la caverne où les trois autres poneys étaient déjà rentrés. Il s'approcha alors d'un mur et y posa son sabot avant droit, enfonçant un bloc dans le mur, qui ferma lentement l'entrée de la grotte avec un lourd pan de rochers.

Au moment où plus aucune lumière n'allait entrer dans la caverne, le sol s'illumina, faisant virer au rose les quelques gouttes de sang qui coulaient sur le front de Twilight. Synn se précipita, et s'empressa de jeter un sort pour cautériser les blessures. « Heureusement elle n'a pas perdu trop de sang, » relativisa-t-il. « Comment allez-vous sinon ? » demanda-t-il en les examinant. Il toucha la poitrine de Ciel qui gémit en retour, Synn regarda ensuite les blessures de Zéphyr et soigna de manière analogue les plaies les plus graves.

Une goutte de sang tomba sous Synn. Il toucha la plaie et sentit à sa grande surprise un objet froid et pointu, plongé dans sa chair. Il le retira immédiatement, poussa un immense cri de douleur et alla se soutenir à une paroi, étouffant gémissement sur gémissement. Il atteignit avec peine une couche proche et s'y écroula.

Sans vraiment s'en rendre compte il avait réveillé Twilight, qui se mit à gémir elle aussi, mais de manière beaucoup plus modérée.

Synn respirait dangereusement vite, il criait tant qu'il le pouvait. Les draps s'emplissaient de son sang. Ciel et Zéphyr n'osaient approcher de lui, et ne savaient bien sûr pas quoi faire. Saigner est quelque chose qui leur est inconnu, et comme bien des inconnus cela leur faisait peur.

Twilight retrouvait ses sens derrière eux. Elle entendait les gémissements, les cris. Elle se leva, elle le pouvait. Elle se stabilisa, vacilla vers Synn et le vit se vider de son sang devant elle. Elle implora tout ce que cet endroit pouvait avoir d'aide. Dans un délire surréaliste elle s'écroula sur lui, demanda de toutes ses forces un drap ou une serviette, qu'on s'empressa de lui apporter. Elle bourra le tout dans la blessure de Synn, qui ne manqua pas de hurler à mort, pourtant Twilight n'entendit que des cris étouffés, elle n'entendait pas le vieux poney. Elle forçait le tissu dans son corps, et essayait de l'écouter, mais rien à faire. Il ne se débattait pas, mais avait des vifs et fréquents sursauts. Elle se rendit enfin compte de ce qu'il disait. Il était très pâle, il suait de manière horriblement visible. Ses lèvres articulaient constamment la même chose, déformée à chaque fois par une grimace de douleur. Cette chose, c'était le nom de Coucher de Soleil Chatoyant.

Il finit par divaguer et devint totalement blanc avant de défaillir. Twilight pressa encore plus fort le tissu dans la plaie, qui commençait à montrer des signes de cicatrisation. Elle ne lâcha cependant pas prise et tentait de reprendre son souffle dans la crinière blanchie de Synn. Ciel et Zéphyr la regardaient. On pouvait dire qu'ils se sentaient bêtes. Ils n'y pouvaient cependant rien, c'était là des problèmes de Concepteurs et n'y pouvaient vraiment rien, c'était même une chance que Twilight ait poussé ce livre dans la bibliothèque et ait mis au jour la Grille. Elle au moins savait à quoi ressemblait du sang. Ciel et Zéphyr restaient donc devant la couche muets, et apprenaient le fonctionnement d'un Concepteur. Les mécanismes de défense, le liquide rouge et visqueux, les soins d'urgence à pratiquer au cas où il se mettait à sortir de son Concepteur. Les programmes au moins n'avaient pas ce problème. Il suffisait d'un simple tour dans un centre de récupération et n'importe quelle, mais vraiment n'importe quelle affection allant de la coupure bénigne au sabot à la décapitation était instantanément guérie, sauf bien sûr si les blessures proviennent de la grille des jeux ou d'une arme de Garde noir, qui tuent sur-le-champ le programme ciblé.

Nulle arme de Garde noir n'était bien sûr à l'origine directe de la blessure de Synn et puis cela était bien égal qui avait bien pu le blesser, aucun centre de récupération ne pouvait le guérir.

Il s'était mis à respirer paisiblement. Peut-être rêvait-il, peut-être dépérissait-il, il en restait que d'apparence extérieure, Synn avait l'air en paix, si on faisait abstraction de ses draps souillés et de la plaie suintante que la jeune licorne s'efforçait de colmater pour éviter qu'il ne perde le reste de son sang.

Au moins se tenait-il tranquille pouvait-on dire, ce qui n'était pas forcément une bonne chose étant donné qu'il était possible que Synn ne se soit pas évanoui juste sous le coup de l'émotion.

Justement le voilà qui se réveillait d'un bond et qui hurlait le nom de Coucher de Soleil. Il regarda autour de lui, Ciel et Twilight le veillaient. Zéphyr était plus loin, et galopa lorsqu'elle l'entendit crier. Il voulut parler mais se sentit à nouveau partir, et s'effondra dans les draps ensanglantés.

Il se tourna alors vers eux en prenant soin de rester allongé. Il reprit sa respiration et leur avoua son sujet de délire. « C'était ma fille. » Il ne dit pas un mot de plus, pas un de moins. Ils restèrent incrédules. « C'était ma fille et Clu l'a tuée, j'ai laissé tuer ma fille ». Il serra ses maigres draps poisseux, et étouffa un gémissement. Le sens de ses paroles ne s'était pas encore propagé. Il attendit de sentir d'en avoir les forces, puis il s'expliqua. « Il y a maintenant, plusieurs cycles, me revenait, ce qui me manquait tant en ce monde... » Il faisait des pauses fréquentes pour sangloter. « ...Coucher de Soleil Chatoyant. Que m'a-t-elle dit... Qu'elle avait fini en prison royale, qu'elle avait reçu le message, de Bras de Lait, qu'elle avait trompé, la vigilance des gardes lors d'un transfert, et suivant les indications du message, avait trouvé le chemin jusqu'à la Grille.

Qu'est-ce que je lui ai fait moi ? Je l'ai embrassée, et au lieu de la garder avec moi comme un bon père, je l'ai envoyée à ma place m'assurer que Clu ne manigance rien. Non seulement Clu a commis un génocide, mais en plus il m'arrache ce que j'ai de plus cher. Je suis... » il ne sut pas où regarder. « …impardonnable ! » Il pleura pour de bon. Tous parurent désolés. Un deuil, peu importe où il survient, que ce soit dans des conditions que l'on peut qualifier de naturelles ou bien au milieu de la magie infernale d'un poney reste le même partout, il est universel.

Ils ont encore ceci de particulier que même s'ils ont lieu régulièrement et ce depuis la nuit des temps, personne n'est jamais préparé, et personne ne sait jamais quoi faire.

Ils choisirent d'attendre, et ce fut au final un moment dur pour tout le monde, Synn se maudissait, jurait, Ciel avait fini par se détourner et s'asseoir dans un coin. Zéphyr regardait ailleurs mais restait à côté du père en deuil. Seule Twilight continuait de vraiment le veiller, et de vérifier que le sang ne se remettait pas à couler.

Une manipulation du tissu pansant la plaie fit sortir Synn de sa plainte par un gémissement amplifié au moment où Twilight toucha l'endroit où Synn saignait. Il se contenta de souffler et finalement appela Ciel au fond de la pièce: « Ciel ! » Ce dernier se tourna et lui fit face. « Tes camarades sont toujours disposés à nous dire où est Clu, non ? » « Je suppose, mais sans Recognizer pour atteindre la caserne j'imagine qu'on peut faire une croix dessus, » répondit-il. Synn le regarda sans répondre. Après une courte réflexion il ajouta: « Il y a un moyen ! » attirant sur lui tous les regards. « Je peux lancer une balise pour repérer Clu ! » « Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? » demanda Zéphyr. « Parce qu'il nous repérera au même moment. » Zéphyr se tut et se mit à réfléchir. « Mais si nous devons en venir à ce point alors soit ! » reprit Synn en se hissant un peu, regrettant en grimaçant son audace immédiatement « Il faut l'arrêter coûte que coûte, il faut, venger ma fille ! » sembla-t-il s'émerveiller. Il se remit alors à respirer de manière erratique. « Synn ! » s'exclama alors Zéphyr. Synn tourna la tête et la fixa. « Moi aussi... J'ai une vengeance à accomplir. ».

Ciel était resté dans son coin de caverne.

Malgré tout ce qu'il avait pu vivre et faire depuis son dernier service à Condapolis, il lui restait ce fragment de naïveté en lui, qui lui disait de se ranger du côté de Clu, de fuir au plus vite, de rejoindre les siens et de dénoncer le complot des Concepteurs et de l'Iso rebelle. Dans le même temps, il revoyait les Isos que les soldats de la Garde Noire poursuivaient dans cette ville, il revoyait des milliers d'entre eux tomber en poussière en un battement de cil, il revoyait Synn, Zéphyr évanouie, il revoyait Twilight, il entendait à nouveau l'appel de détresse de Coucher de Soleil, il entendait à nouveau le craquement d'os.

Ciel était tout simplement perdu, les idéaux dont on l'engraissait s'étaient révélés être des mensonges, de la boue, et de l'inacceptable.

Il était égaré, il pensait que sortir en mission le changerait et il avait eu raison. Il ne s'était juste pas rendu compte à quel point il changerait.

Le seul point de repère qu'il lui restait était le fait que Synn aurait très bien pu l'abattre comme la Garde Noire l'avait fait pour ses précieux Isos, mais au lieu de cela il l'avait emmené avec lui. Malgré lui.

Voilà maintenant que celui qu'il croyait être Dieu, et dont on lui avait dit être un tyran parlait de vengeance. La vengeance, l'œil pour l'œil, la dent pour la dent. Le chacun pour soi. Clu avait tué la fille de Synn, qu'allait-il lui faire ? Lui retirer bien sûr la vie mais après, qui disait qu'il ne deviendrait pas le tyran dont Clu répétait les méfaits ? Ciel avait peur, peur de reperdre si vite ses repères, peur de se retrouver seul, peur encore une fois de ce qu'il ne connaîtrait absolument pas.

Il n'écouta même plus ce que Synn, Twilight et Zéphyr disaient. Il vadrouilla, s'assit à nouveau dans un coin de caverne et finit tout bêtement par s'assoupir.

Il se réveilla dans un immense lit, inondé de lumière blanche, provenant de la large fenêtre de la chambre. Elle était peinte en noir, avec de subtils reflets d'or dans les moulures. Ciel reposait dans d'amples draps rouges en velours. Il fut rapidement complètement réveillé par la lumière, et il se leva d'un bond. Sa crinière noire était bien ébouriffée, et la sueur recouvrait encore quelques zones de son poil sous sa combinaison. Il fit timidement son chemin vers la fenêtre, faisant résonner ses sabots sur le sol, vraisemblablement constitué de bois après inspection.

Il aperçut une vallée, mais une vallée verdoyante aux affleurements de roches grises, aux traits violets. Au fond de la vallée il y avait un cours d'eau coulant doucement, si doucement qu'on pourrait bien en faire abstraction dans ce paysage. « Rowell ? » entendit soudain Ciel quelque part dans la maison. « Rowell ! » répéta la voix. « Cette voix... » se dit Ciel, « était-ce... » Il entendit un bruit sourd et il se précipita vers la porte. Elle donnait sur un couloir lui aussi noir, dont les murs étaient remplis d'armes aux systèmes divers, allant du fusil laser au fusil à poudre.

Ciel s'inquiétait de ne plus rien entendre dans la maison. Le jour provenant des grandes fenêtres aidait bien à y voir clair et donnait l'impression que la maison était follement animée, mais rien à faire, aucun son, aucun rire de poulain, aucun murmure de conversation, aucun son de pas, rien de rien.

Ciel arriva dans un salon, lui aussi aux murs couverts d'armes, mais cette fois-ci c'étaient des armes de corps à corps. Lances, bâtons de combat, holofers, épées ? Il y avait là une large gamme d'outils, pour peu il se serait cru dans une de ces maisons miniatures où l'on s'amusait à imaginer des crimes et à les résoudre. Le salon était vide de tout meuble. Il contenait uniquement sur un carré de velours rouge un objet jaune. Ciel s'approcha. C'était une patte, une patte de poney. Non pas une patte de squelette, blanche et propre, mais une patte jaune desséchée, avec le sabot foncé, les muscles à nu et des traces de sang ancien, de sang pareil à une crasse, sur l'os coupé net, comme d'un coup d'holofer, vers le milieu de la patte. Autour de l'articulation, une énorme chaîne, rivée, soudée à ce membre malpropre, l'attachait au mur par un anneau assez fort pour tenir le meilleur Garde noir captif. Ciel observa la curiosité un moment, toujours à l'affût du moindre son.

Il finit par continuer sa progression dans la maison silencieuse et ouvrit une autre porte. C'était un bureau, de part et d'autre s'étalaient tels des gardes impassibles des étagères de bibliothèque, sur le sol en bois rampait un tapis bleu foncé, sur lequel marchait un imposant bureau en bois. Ciel n'avait pas remarqué qu'il n'était pas seul, et quand il le découvrit il eut un mouvement de recul et poussa un cri. Coucher de Soleil Chatoyant se tenait derrière le bureau, à contre-jour. Elle ne disait rien. Apeuré, Ciel commença à s'approcher. Il intercepta son regard. Elle le regardait, elle lui souriait le plus naturellement du monde.

Ciel parvint après un certain temps lui aussi derrière le bureau, et ce qu'il vit le figea de terreur. Coucher de Soleil en effet ne se tenait pas sur ses sabots, mais flottait légèrement au-dessus du sol. Plus important encore il lui manquait sa patte avant. Ciel poussa un autre cri et se réveilla en sursaut dans la caverne.

Un rêve, c'était juste un douloureux rêve.

La Garde Noire s'affairait toujours sur les lieux de l'incident. Le capitaine Cercle d'Or s'était assis là, devant le corps du fugitif. Et quel corps ! Des formes à mettre au garde à vous le plus homosexuel des Gardes, cette crinière rouge et or si envoûtante. Et du rouge ça il y en avait. Elle en avait mis partout en fracassant le ruban de lumière. Le pilote du cycle lumineux en question ? Déjà au club en train de fêter son arrestation fulgurante. Il ne restait sur place que les gardes affectés aux forces opérationnelles urbaines, et pas moins de cinq escouades de Recognizers et des tas de gardes en cycle lumineux, séparés de leur formation d'origine et ayant échoué là, attendant surtout les ordres, qui bien évidemment ne venaient pas.

Tout ceci était la faute du général Don du Ciel, on rapportait qu'il avait cessé d'être compréhensible voilà 0,000125 cycles. L'officier général ne digérait absolument pas le fait qu'il y ait pu avoir une telle faille de sécurité, du vol de matériel et tout un convoi de reproches inadmissibles alors que les protocoles de sécurités étaient au maximum. Une bonne demi-douzaine d'officiers subalternes avaient bien essayé de le raisonner, mais en vain. Il en résultait des soldats inactifs sur les lieux, contactant à tout instant le commandement pour connaître la suite.

Le capitaine avait abandonné depuis longtemps sa radio, et ne faisait que regarder le programme au centre de toute cette agitation. Si seulement il savait ce qu’était cette chose rouge qui avait recouvert la rue. C'était tout simplement hors de sa compréhension.

Comme par pudeur, Coucher de Soleil ne regardait pas le capitaine. Elle était couchée de façon à lui présenter son dos. Elle avait fini sa course là, au coin du carrefour. Sa combinaison était dans un sale état. Des déchirures, des poils jaunes poisseux, et oh la crinière ! Elle n'avait plus cette prestance qu'elle avait juste avant. Une serpillière bicolore imbibée de sang, ce n'était plus que cela.

Ils étaient maintenant une bonne dizaine à regarder Coucher de Soleil, que ce soit du coin de l’œil ou fixement. On attendait, comme si par magie elle pouvait se relever et filer, et là alors on l'attraperait et on l'emmènerait. Aux jeux bien sûr.

Ce fut un Recognizer qui atterrit à la place. On le reconnut immédiatement. Orange mécanique, le vaisseau personnel de la tête de la garde personnelle de Clu, Triskell.

Il y eut immédiatement la mise en place d'une haie d'honneur, que parcourut d'un pas délibérément lent la licorne casquée. Elle se dirigea vers le plus haut gradé, qui s'était positionné au bout de la haie d'honneur, le lieutenant-colonel Éclair Défensif. Elle resta plantée devant lui, scrutant l'officier à travers son casque, où Éclair Défensif se voyait ridiculement déformé.

Il n'y avait que dans l'air le bruit semblable à celui d'un hélico de lumière qu'on entendrait au loin, très atténué. Il fallait le dire, c'était intimidant. Et comme elle adorait ça Triskell, rester devant les programmes le temps qu'ils entendent la présence de la licorne.

Éclair Défensif était habitué, mais il fut quand même soulagé intérieurement quand elle alla enfin inspecter le corps du suspect. Une fois que le lieutenant-colonel l’eût rejointe, elle demanda :

« La situation, lieutenant-colonel ? » « Hé bien madame, les forces opérationnelles urbaines ont intercepté le suspect après sa localisation dans l'ancienne bibliothèque, en confondant ses données à celles récoltées sur le lieu de viol de procédure de verrouillage. » « Vos Gardes ont fait un travail remarquable, » fit-elle en faisant légèrement bouger sa tête de haut en bas. « Mais, pourquoi le programme n'est-il pas totalement désintégré ? Et quelle est cette chose rouge ? » elle avait dit cela en faisant disparaître son casque, révélant son visage, ses poils bleu nuit et sa crinière bleue elle aussi, mais beaucoup plus claire. « Nous sommes encore en train de travailler là-dessus, peut-être s'agit-il d'un Iso, c'est en tout cas notre hypothèse la plus probable. » répondit Éclair Défensif. « Je vois, » fit Triskell. « Lieutenant-colonel. » Elle se tourna vers lui. « Clu saura apprécier votre travail ainsi que celui de vos gardes, à sa juste valeur. » « M-merci madame, » hésita le garde. « Tenez-moi informée ! » indiqua Triskell en tournant sur elle-même. « Bien sûr madame ! » elle remonta les rangées de gardes, grimpa à bord d'Orange mécanique, et disparut dans le ciel de la Grille aussi vite et aussi bruyamment qu'elle était venue.

Peu de temps après les ordres revinrent, et la place fut rapidement nettoyée et débarrassée de tout ce qu'elle comprenait de preuves, de gardes et de Coucher de Soleil Chatoyant.

Cercle d'Or fut réaffecté aux forces opérationnelles urbaines, dans un secteur ô combien plus calme que celui où avait eu lieu la mise hors d'état de nuire du programme qui n'avait pas voulu disparaître. C'était à la place un secteur désert, moins d'un programme pour 0,003 cycles, c'est-à-dire rien du tout. Et c'est pourquoi Cercle d'Or et un certain Atlas des Nuages, garde avec qui il patrouillait, avaient décidé de faire atterrir leur Recognizer dans un coin et d'attendre la relève.

Le coin en question consistait en une grande place bien sombre, carrée, entourée de hauts bâtiments aux étages supérieurs magnifiquement éclairés par d'immenses lames de lumière bleue publicitaires, éclairant le ciel et laissant la place dans une semi-pénombre.

Il y avait d'un côté de la place le Recognizer, et de l'autre une portion de route.

Après cette route et dans le prolongement de la place étaient entassés des containers, d'une manière assez organisée pour qu'ils ne s'écroulent pas comme un château de cartes, mais pas assez pour prétendre l'être.

Atlas et Cercle d'Or s'étaient mis à déguster ce qu'ils avaient pu dérober dans la réserve du Czarnogora avant qu'on ne les envoie au triple galop ici, en leur faisant bien comprendre de veiller à ne pas reproduire les mêmes erreurs qui avaient conduit à l'incident de Coucher de Soleil Chatoyant.

« La vérité c'est que ce Don du Ciel s'est fait dessus en se faisant remonter les bretelles par Clu lui-même ou bien Triskell, et fier comme il est il a fait passer sa haine sur nous, parce que c'est toujours notre faute hein, ils sont bons à essuyer les plâtres les sous-offs hein ! » Cercle d'Or savait qu'Atlas était plus sur le ton de la plaisanterie que du reproche. C'était tout à fait le genre de son camarade. Prétendre être en colère alors que c'était uniquement un sarcasme. Il était célèbre Atlas, un penchant cynique, mais le premier à te dire dans un élan de sérieux que tel ordre devait être respecté coûte que coûte, et aussi le premier à descendre remettre un seconde classe à sa place. Il ne l'avait pas volé son grade de major le programme.

« Ça doit être Clu qui lui a soufflé dans les bronches, et à en entendre le récit que m'en a fait Soupe au Lait, ça valait le coup d'être dans la salle de commandement à ce moment-là ! » s'exclama Atlas. « Aucun doute là-dessus ! » fit Cercle d'Or en trinquant avec lui.

Le tintement des gamelles fut suivi par un bruit venant de l'extérieur, résonnant dans la place. En un instant le capitaine et le major sortirent du Recognizer et cherchèrent l'origine de ce qu'ils avaient entendu. Le bruit continuait en fait, et venait définitivement des containers. Ils s'y dirigèrent donc et fouillèrent l'endroit. Le bruit était toujours là, invisible, une sorte de trépignement, un programme à la marche irrégulière peut-être, marchant sur les containers. Cercle d'Or le vit en premier, il cria, le programme disparut. Impossible de se repérer dans ce labyrinthe. Le programme galopait sur tous les containers mais impossible de le voir. La traque semblait interminable. On l’apercevait furtivement puis il disparaissait à nouveau. Cercle d'Or manqua de frapper Atlas, qui faisait de même. Atlas lançait son holofer dans le vide, endommageait les containers, le lança plusieurs fois de rage. Cercle d'Or tentait également de toucher le fuyard, mais ce dernier prenait toujours une bifurcation au dernier moment. Au moins il était juste derrière lui.

Une bifurcation à gauche, la prochaine, ça allait être un cul de sac. Pour la sixième fois peut-être le programme montait sur les containers pour sortir de l'impasse, mais en perdant sa vitesse. C'était le moment. L'holofer fendit l'air et sectionna une patte avant du programme, qui retomba lourdement sur le container inférieur, en gémissant.

C'était un programme portant un grand habit noir, avec capuche. Cercle d'Or la retira. Une courte crinière blanche, des poils très foncés, et des sortes d'inscriptions sur le visage. Un Iso.

Atlas les rejoignit. Il plongea son holofer dans la tête de l'Iso à l'instant où il vit les inscriptions.

Suite à quoi Cercle d'Or s'indigna, sans pour autant que Atlas des Nuages ne réagisse. Cercle d'Or se retourna, soupira et s'assit un peu à l'écart. Plus tard Atlas le rejoignit, et ils restèrent là à regarder le ciel de la Grille pendant un moment. Il n'y avait plus un bruit de toute façon, donc aucun risque. Il n'y avait qu'une chose qui restait. La guerre. Cercle d'Or parvint à briser le silence du secteur pour dire ça, et ce fut tout. Il regarda le tas de poussière qui restait de l'Iso et proposa à Atlas de retourner au Recognizer, ce qu'ils firent.

« Il n'y aura pas d'échappatoire, » affirma Synn. « Comment ça ? » demanda Twilight. « À partir du moment où je validerai la commande, l'intégralité de la Garde Noire sera à nos trousses. Clu fera tout pour me capturer, alors nous devrons faire de même. Il interceptera probablement nos communications, c'est pourquoi il va falloir établir notre plan dès la révélation de la position de Clu. Vous vous en sentez capables ? » Il regarda autour de la table illuminée de glyphes et de fenêtres animées, éclairant le visage de Twilight et de Zéphyr. Ciel quant à lui était juste derrière, mais était trop éloigné pour que la lumière l'atteigne. « Synn, je ne pense pas que l'aide d'un garde noir t'embêtera » fit-il. « Tu dois sûrement représenter notre plus grande chance de succès Ciel, » indiqua Zéphyr. « La magie m'aurait tellement aidée, elle nous aurait tellement aidés ! » se plaignit Twilight. « Oh ! » s'exclama Synn. « Il suffit que je mette à jour tes droits, une seconde. » Il jongla des sabots avec une ou deux fenêtres, inscrivit quelques glyphes dans un carré apparu sur la table avec sa corne luisante, avant de donner un coup sec du sabot gauche dessus. « Voilà ! » s'enjoua-t-il. « Tu devrais être capable d'utiliser certains sorts, du moins les plus utiles. » Twilight n'attendit pas et brandit son holofer en le déplaçant directement depuis sa patte dans les airs, et le fit voleter vivement afin de s'entraîner. « Génial ! Il y a moyen d'en avoir deux ? » « Il faudrait pour cela que tu le prennes à un autre programme, vivant » expliqua Synn. Twilight se résigna. « Bien, on peut tout de suite décider de nos moyens d'évasion, on peut prendre le quad lumineux biplace, j'ai plusieurs cycles lumineux, mais je dois encore avoir un de ces vieux chars lumineux, dans lequel on pourrait tous rentrer, quelque part, » pensa-t-il à voix haute. « J'irais bien pour le char, » fit Ciel. « Moi aussi, » déclara Zéphyr puis Twilight. « Très bien, va pour le char dans ce cas. » Synn s'éloigna de la table lumineuse et s'approcha d'un tas anarchique d'objets plus ou moins grands et saugrenus.

Il lui fallut plusieurs minutes pour mettre le sabot sur une sorte de boîte sombre aux arêtes bleues. Il la posa près du quad et appuya sur une des faces, qui s'enfonça dans la masse de la boîte. Elle se déploya ensuite à la manière d'un cycle lumineux en déployant des ribambelles de particules bleues flottant dans l'air, matérialisant elles-mêmes des lignes donnant des formes au véhicule blindé en un temps record. Aussi le char lumineux remplit rapidement la caverne de son imposante masse noire aux finitions bleu marine. Synn retourna à la table une fois fini. Il leva à nouveau la tête en direction de ses compagnons « Bien, tous les poneys sont prêts ? » demanda-t-il.

Dans la périphérie de la ville, un programme errait. Il rasait les murs, portant une sorte de manteau noir avec capuche. Il se méfiait de tout, ne faisait pas un pas sans regarder derrière lui. Il atteignit finalement une porte, il frappa. Il frappa deux fois, la porte finit par s'ouvrir. On entendit un « Bonsoir Soupçon d'Éternité, » puis un « Givre Aérien... » et comme il allait fermer la porte le programme mantelé se jeta sur celle-ci. « Attends ! Aide-moi s'il te plaît ! » « Tu crois que j'en ai envie ? » demanda froidement le programme tentant de fermer la porte. « Ce n'est pas ce que tu crois ! » continua l'autre. « Et c'est quoi alors ? » « Une immense méprise, un complot contre nous ! » « Un complot ? Arrête, tout le monde sait que Clu a fait assassiner les Isos. » « Et toi alors, tu fais partie de leur complot ? » « Il ne s'agit pas de ça Givre. Tu sais que toute la garde Noire te cherche en ce moment ? » « Soupçon, attends... » « Non, Givre, juste non. Je ne peux pas te laisser m'embarquer moi et Source de Demain avec toi. » Givre ouvrit la bouche mais Soupçon lui coupa la parole : « Je sais ! Je sais Givre mais c'est aussi dur pour moi que pour toi. Tu crois que ça ne me fait pas mal de laisser un vieil ami comme toi sur le pas de la porte ? » « Dans ce cas tu ne vaux pas mieux que Clu ! » répondit Givre avec violence. « Je ne fais pas ça pour moi. Je le fais pour toi ! Contrairement à Clu. Je ne veux pas que des Gardes noirs viennent ici et me tuent. Je ne veux pas t'infliger ça Givre. » « Mais enfin... » « Tu pourrais vivre avec ma mort sur toi ? Je sais que je ne pourrais pas, c'est pour ça que je ne te veux pas chez moi. Les gardes vont venir, te trouver et au final tous nous tuer et puis passer à la suite, comme on leur a appris. Je te fais entrer tu me condamnes, c'est tout. » « Mais en faisait ça c'est moi que tu condamnes ! » « Je sais Givre ! C'est pour ça que je te dis va-t’en ! Va, avant que je ne regrette ! » Il commença à pleurer. « S'il te plaît Givre va-t’en ! Tu me demandes l'asile je te chasse, tu ne comprends pas ? Givre ! » Ce dernier se mit à pleurer aussi. « Soupçon s'il te plaît... » « Au nom de notre amitié Givre, c'est au nom de ça que je te demande. Je préfère encore te repousser et ignorer ton destin que de te voir périr sous mes yeux, avant de succomber à mon tour, tu comprends ? Je veux l'espoir, je veux que tu vives dans mon espoir. Aussi je ne te dis pas adieu, mais au revoir Givre. » Se résignant, Givre demanda: « Une dernière chose Soupçon alors, prends-moi dans tes bras. » Soupçon s'avança avec joie, et une énorme larme parcourut sa joue lorsqu'il eut sa tête au creux du cou de Givre. « Au revoir Givre. » « Au revoir, mon ami. » Ils restèrent enlacés un bon moment, avant d'à nouveau se faire face. « C'est pas grave, je ne t'en veux pas, » annonça Givre. Soupçon d'Éternité voulut ajouter lui aussi une phrase d'adieu mais fut coupé court par un Recognizer qui passait juste au-dessus d'eux. Aussi eut-il à peine le temps de dire « Va-t’en ! » à son ami avant de le voir partir au triple galop à travers les rues anormalement désertes, si vite que sa capuche en tomba, et il put voir pour ce qu'il n'espérait pas être la dernière fois l'étincelante crinière blanche et courte de son ami s'agiter au loin.

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Note de l'auteur

Titre du chapitre faisant référence à un grand film dans lequel joue Weaving-sama, entre autres.

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