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Discors Consentus

Une fiction écrite par Nochixtlan.

Epilogue

Dans la fraîcheur d’une nuit d’été, alors que le ciel n’était troublé par aucun nuage et laissait la lumière des étoiles et de la Lune éclairer le monde de leur éclat d’argent, la nature observait le silence, un silence qui inspirait le recueillement. On n’entendait rien d’autre que le doux bruissement des feuilles du chêne séculaire dominant le petit terre-plein, agitées par la brise du Sud.
La lueur des astres célestes donnait un air magique à cet endroit si calme, et les contours des feuilles, du tronc de l’arbre et des brins d’herbe s’ourlaient de reflets d’argents. Le lieu respirait la paix et la sérénité.

Le frottement feutré de pas sur l’herbe noircie par l’obscurité rompit le silence quasi-religieux qui meublait la nuit. Quelque chose progressait là, s’approchant du site, passant à l’ombre du chêne d’un pas lent et discret, tentant tant bien que mal de ne pas troubler ce qui sommeillait en ce lieu.

Les fleurs bruissèrent de manière presque assourdissante, comparé au silence prédominant auparavant, en heurtant la plaque de marbre sur laquelle on avait voulu les placer.
C’étaient des roses.
Des roses d’une blancheur virginale, si pures qu’on les eut dites tombées du jardin d’Eden. De telles fleurs, offertes ainsi en cadeau, auraient pu couper le souffle de n’importe quelle demoiselle digne de les recevoir.
Aussi brutalement qu’il avait été troublé, le calme revint.

Celui qui était venu perturber la tranquillité de la nuit se laissa choir bruyamment sur l’herbe tendre, et prit la position du Sphinx qu’il affectionnait tant.

Sa voix rompit définitivement le silence, faisant vibrer l’air d’une manière qui le surprit lui-même, et le gêna presque. Elle n’avait rien à faire en ce lieu.

- Ca fait deux ans aujourd’hui, dit-il d’un air neutre, surpris que sa propre voix lui fasse toujours cet effet étrange en ce lieu.

Il leva le visage vers le firmament étoilé, puis sembla s’adresser aux étoiles.

- Bon anniversaire.

Son regard se baissa, revenant à un objet placé devant lui, derrière les roses.


- Je sais, les roses ne sont pas tellement de circonstances, mais tu me connais, je n’ai jamais rien compris aux fleurs. A peine si je saisis la signification des couleurs, alors, ajouta-t-il avec un très léger rire, se moquant de lui-même comme s’il n’en avait cure. J’en ai quand même pris des blanches, avec cette histoire de symbolisme du blanc, tu vois le tableau. Roseluck fait les plus belles roses que j’ai jamais vues, au passage.

Seule la brise d’été répondit. Le visiteur ne put que reprendre son monologue.

- Eh, regarde un peu ça, fit-il en tendant une patte devant lui.

Par ce geste, il exhibait fièrement un anneau d’or qu’il portait autour du poignet, un anneau qui réfléchissait la clarté lunaire avec un éclat enchanteur.
Il observa amoureusement le bijou, et le fit pivoter légèrement autour de son poignet pour l’observer sous toutes les coutures, incapable de se lasser de sa vision.

- Tu ne devineras jamais ce que c’est, lança-t-il fièrement. C’est mon alliance ! Tu le crois ça ? Moi, je me suis marié ! Certes, le bracelet est un peu lâche, donc c’est très difficile de le garder en place, et je ne pourrai pas le mettre tout le temps. Mais il est superbe, non ? Regarde, il y a même écrit sur le côté « Ad Vitam Aeternam ». C’est moi qui ai choisi l’inscription, bien sûr, ici ils ne connaissent pas le latin.

Sans s’interrompre une seconde, le visiteur conta la réception à son interlocuteur muet. Il chanta la grandeur de la réception, loua le repas qu’on avait servi, fit l’éloge des invités d’honneur, s’attardant sur chacun, et conta longuement la beauté quasi-divine de la mariée, ainsi que son bonheur propre, et les instants magiques qu’il avait vécu lors de cette soirée. Il se confiait sans retenue, se laissant emporter par la joie des souvenirs, et semblait intarissable de louanges et de bonheur rien qu’à l’évocation de cet évènement.
Pourtant, la félicité de l’individu finit par retomber, et il laissa un ange passer, s’accordant une petite pause pour reprendre son souffle, et repartir sur des bases plus sérieuses.

- Un jour, tu m’as ordonné de ne pas disparaître sans avoir su ce qu’était l’amour véritable, ce qui apportait le vrai bonheur selon toi. Je n’ai peut-être pas fait que du bien dans ma vie, mais je pense avoir atteint cet objectif.

Sans même y prêter attention, sa voix s’était muée en un murmure à peine audible, et il fallait tendre l’oreille pour saisir pleinement ce qu’il disait.

- J’ai fait des choses terribles, des choses peu glorieuses. Je me suis conduit en lâche ou en monstre trop de fois pour que je veuille m’en rappeler. Il en faudra un peu plus que des fleurs ou un mariage pour me racheter, j’en ai parfaitement conscience, mais j’espère ne pas trop te décevoir. J’espère que tu es un minimum fière de moi, pour t’avoir écoutée au moins une fois dans ma vie.

La tête basse, l’intrus rumina ses dernières paroles un instant. Les souvenirs revenaient, heureux et malheureux, et le désarroi envahissaient petit à petit son âme. Ses oreilles se rabattirent sur sa nuque, et on aurait pu lire dans ses yeux le chagrin qu’il ressentait. Bien qu’atténuée par le passage du temps, la source restait la même, et le vide à combler l’était toujours autant.
D’un léger mouvement de tête, il chassa les mauvaises pensées, et se redressa fièrement, bombant presque le torse, comme faisant face à un ennemi futur.

- J’ai une dernière nouvelle, annonça-t-il solennellement. Ceci est ma dernière visite.

Aucune réponse ne vint, comme on aurait pu s’y attendre.

- Je sais que de là où tu es et malgré ce que je t’ai fait, tu ne veux qu’une seule chose : que tout le monde soit heureux. C’est ce que tu as toujours fait. Et pour être heureux, il faut cesser de vivre dans le passé. Je ne vais pas tenir les même discours que tu as déjà trop entendus, sur le fait qu’il faut laisser le passé douloureux derrière nous, car même s’il fait mal, on ne peut plus le changer. C’est la route que j’ai décidé de suivre. Mais pour cela, je dois rompre définitivement avec les questions qui me rongent et les blessures anciennes. Qui étais-je, avant de te rencontrer ? D’où venais-je ? Pourquoi les Princesses Luna et Celestia m’ont-elles appelé « Nochixtlan » et ont dit que j’avais été emprisonné dans les donjons de Canterlot ? Pour quel motif d’ailleurs ? Je n’ai quasiment aucun élément de réponse.

Le visiteur se redressa sur ses quatre pattes, dominant son interlocuteur.

- C’est pour ça que je dois partir. Pas pour toujours, bien sûr. J’ai des racines ici, maintenant, un foyer et une femme qui m’y attend, et des amis sur qui compter. Je ne peux pas tout abandonner encore une fois. Je partirai le temps de trouver une réponse à mes questions. Je partirai pour le Nord, puisque les Princesses semblent croire que c’est de là que je viens. J’en ai déjà parlé avec Rarity, elle est contre cette idée et ne veut pas me voir quitter la maison, mais elle sait bien que j’en ai besoin, et elle me soutiendra quoi qu’il arrive.

Il marqua un nouveau temps d’arrêt.

- Ce sera la seconde étape de ma rupture avec le passé pour mieux vivre le futur. La première concerne les vieilles blessures dont je parlais tout à l’heure. Tu t’en doutes bien, tu fais partie de cette catégorie là. Les blessures qu’on rouvre sans cesse ne cicatrisent jamais, et c’est pour ça que je ne reviendrai plus. Mais je ne t’oublierai pas, car tant que les étoiles tiendront dans le ciel, je saurai que tu es là-haut, quelque part, et je te chercherai parmi elles. Après tout, c’est de là que tu viens.

Il leva la tête vers la voûte céleste, fouillant l’immensité obscure à la recherche d’un des diamants cosmique perdu parmi la multitude des étoiles.

- Adieu, ma sœur, conclut-il à mi-voix.

Il se détourna, et, tête basse, quitta l’ombre du grand chêne, avant de disparaître dans l’ombre, laissant le calme revenir là d’où il n’aurait jamais dû partir et emportant avec lui l’amertume qui lui rongeait le cœur.

Un pétale de rose se détacha sous la brise, et voleta une seconde, avant de se poser délicatement sur la plaque de marbre gris veiné de noir et de blanc.
Sur cette plaque, gravée avec soin, on pouvait lire une inscription :

« Ici repose Harmonie, sœur bien-aimée et amie irremplaçable. Née sous le signe des étoiles, puisse-tu retourner parmi elles. »

La brise souffla à nouveau, d’une bourrasque un peu plus forte que les précédentes, et enleva le pétale dans ses tourbillons aériens.
Balloté par le vent, emporté par un courant contre lequel il ne pouvait pas lutter ni se dégager pour retomber sur le sol et trouver enfin le repos, le pétale continua son ascension folle.
La brise du sud le fit monter haut dans le ciel, et le repoussait également toujours plus loin dans une unique direction.
Le Nord.
Ainsi, le pétale quittait-il une terre où s’achevait une légende.
Pour gagner celle où une autre était déjà en train de naître.
Dans le Nord, terre glacée où la neige et la glace règnent sans partage.
Dans le Nord, où la nuit résonne du hurlement des vents, et des plaintes nocturnes de peuples oubliés qui leur faisaient écho.

 

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SkySound
SkySound : #47113
Je.... Merci pour cette fictions juste incroyable. Sa fait du bien de l'avoir fini mais en même temps bizarre et triste de ne plus rien à lire ou de ne pas savoir la suite de cette incroyable histoire. Voila, je voulais dire que tu as fais un très beau travail même si sa fais un moment qu'elle est sorti, j'en conçois. Mais bon, les histoires sont faites pour être garder au fil du temps, non ?
Modifié · Il y a 9 mois · Répondre
LordSolumir
LordSolumir : #11296
La suite!!!
Oups, la suite existe. Désolé, au temps pour moi.
Modifié · Il y a 3 ans · Répondre

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