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Couronnement

Une fiction écrite par LtZip.

Couronnement

Avec une lenteur soigneusement calculée, elle se glissa hors des draps de satin pourpre et or. L'épais tapis sur lequel virent se déposer ses sabots ne parvint pas à atténuer totalement la froideur et la dureté du métal qu'il recouvrait. De même que toutes les décorations et agréments imaginables ne suffisaient pas à étouffer le bruit sourd et lointain de la machinerie.

Cela lui déplut, c'était là une erreur de conception qui aurait pu aisément être évitée quand le projet était encore sur la planche à dessin, si l'idée avait seulement traversé l'esprit des ingénieurs. Quand tout serait fini, elle s'occuperait elle-même des corrections. Elle pourrait bien sûr user d'un sort, voire même de plusieurs, dans l'instant pour arranger cela, mais cela aurait été un gâchis évident de magie pour une situation somme toute temporaire.

Elle se laissa dériver dans cette chambre qui était la sienne, notant mentalement les petits détails ici et là qui seraient à améliorer, jusqu'à parvenir à une grande baie vitrée occultée par un volet métallique. Un demi-soupir et une inflexion de la corne plus tard s'offrit à elle la vision d'une mer de sable défilant lentement. L'uniformité du paysage interrompue seulement par quelques points de lumières ponctuels, conséquence de la réverbération du soleil sur les informes structures de verres qui piquetaient le désert, vestiges des anciennes batailles où la magie avait vitrifié les dunes.

Un éclat, plus intense que tous les autres réunis, trônait à l'horizon, comme s'il voulait défier le soleil lui-même. C'était là leur destination, sans cesse plus proche.

Kinzhebra, capitale des royaumes zèbres, du moins, ce qu'il en restait.

« Autrefois, dit-elle en esquissant un sourire satisfait, il leur fallait trois jours, avec leurs caravanes, pour faire le trajet entre la côte et la capitale. Aujourd’hui, avec ceci, elle tapota le sol du sabot, il ne nous a fallu pas plus de trois heures. Et je suis certaine que l'on peut faire mieux. »

« Exigeante en toutes choses » lui répondit une voix d'étalon.

Elle se retourna alors pour faire face au poney qui occupait encore son lit. Avec la même lenteur mesurée que quand elle en était sortie elle s'avança vers lui, son sourire s'effaçant peu à peu.

« Soldat ! Garde-à-vous ! Cria-t-elle mi-amusée, mi-sérieuse. Est-ce du relâchement que je vois là ?! »

L’intéressé, un beau pégase au pelage ambré et la crinière saphir, se dressa alors de toute sa hauteur, ailes grandes ouvertes. Un vrai régal pour les yeux.

« Madame, jamais en votre présence ! » Déclama-t-il avec toute la rigueur militaire dont il était capable.

« J'aime mieux ça. » Répondit-elle, son sourire revenu.

Lascivement, elle se hissa sur le lit et lascivement encore elle réduisit la distance entre eux deux, profitant de l'instant pour admirer son corps dans les moindres détails. Les muscles qui se dessinaient sous sa peau, sa poitrine qui se soulevait au rythme de ses respirations, ses ailes qui se recourbèrent comme pour l'enlacer et bien sûr sa...virilité triomphante.

Tout cela lui donnait presque envie de se recoucher, presque. À quelques centimètres seulement de ses lèvres, elle s'arrêta.

« Nous serons bientôt arrivés...Général, susurra-t-elle, votre armure et vos troupes vous attendent, de même que les miennes. Alors...rompez. »

« À vos ordres...Madame. » Conclu-il. Puis, avec toute la discipline qui était la sienne, l'étalon quitta son lit puis sa chambre.

À présent seule elle resta quelques instants sur les draps, à profiter de leur douceur, à repenser à tout ce qui avait été fait dessus, avant de les quitter à nouveau pour rejoindre l'armoire où elle rangeait son uniforme.

Comme d'ordinaire, cela ne lui prit que quelques minutes pour l'enfiler. Contrairement aux rumeurs qui couraient, il n'y avait pas une armée de servantes pour le faire à sa place et cette armée inexistante n'était pas non plus un harem avec lequel elle assouvissait des pulsions qui n'existaient que dans la tête de certains étalons en manque. Non, elle s'habillait seule. En réalité, il y avait un grand nombre de choses qu'elle faisait encore par elle-même là où tant d'autres les auraient simplement déléguées. C'était un petit côté pratique qu'elle avait toujours eu, sans doute parce qu'elle n'était pas de naissance noble.

Elle se contempla ensuite dans le miroir attenant, à la recherche du moindre défaut. Aujourd'hui, était un jour très spécial, plus que jamais elle ne pouvait en permettre aucun. Elle n'en trouva évidemment aucun, elle était aussi superbe qu'à l'accoutumée.

Son habit était fait de cuir, de la peau d'animaux morts, d'un blanc immaculé. Des fils d'or étincelant de mille feux le parcouraient tel un réseau de veines et se rejoignaient sur son poitrail, là où trônait une broche du même métal serti d'un diamant gros comme son sabot, le tout ayant la forme d'un soleil, allégorie de son cœur véritable. Quelques autres breloques étaient accrochées ici et là, symbole autant de son rang que de triomphes passés, leur forme autant que leur position stratégique donnait l'impression qu'elles étaient une extension de ses propres os.

Il convenait de noter que l'ensemble était moulant, très, très, moulant. Elle se souvenait d'ailleurs, à l'Académie, de la punition qu'on resservait aux novices qui se plaignaient de cela. On les fouettait jusqu'au sang, puis on leur faisait enfiler l'uniforme de force. Ainsi, quand la peau tentait de cicatriser, le cuir venait se prendre dedans. Ce faisant l'uniforme ne pouvait être retiré sans une procédure spéciale, à moins bien sûr de vouloir s'arracher l'entièreté du dos. Et quant à la douleur, ah, la douleur était...éclairante.

L'uniforme avait été pensé pour être comme une seconde peau, un symbole du plus suprême devoir, de la dévotion parfaite envers l'Impératrice et le Soleil qui caractérisait ceux qui était dignes de le porter. S'en plaindre, c'était se plaindre de l'Impératrice, se plaindre de l'Impératrice était un blasphème et le blasphème ne connaissait aucune indulgence. Elle le savait bien, car c'était elle qui l'avait élaboré, de même que la punition.

Aujourd'hui, cependant, était un jour spécial, aussi son habillement allait être plus chargé qu'à l'accoutumée. Elle avait attendu jusqu'au dernier moment pour le faire, car ses ajouts à son uniforme, purement d’apparat, étaient assez encombrants, peu pratiques et prompts à la saleté.

Ils se composaient de plusieurs pièces de tissu qui, rattachées à son habit, donneraient l'illusion d'une robe à longue traîne, d'une coiffe aux rayons acérés et enfin d'un anneau à passer à sa corne duquel rayonnaient plusieurs chaînettes qui suivaient les courbes de son visage et devaient être fixées à son col. Elle avait perdu le compte des allégories au soleil dont elle était affublée.

Après un autre regard à son miroir, elle se dit que le jour où elle prendrait un époux, elle ne porterait pas quelque chose de bien différent, juste un peu moins chargé. En y repensant, ce n'était pas différent d'une pièce de théâtre. Les acteurs enfilaient leurs costumes et se préparaient à monter sur scène pour jouer le rôle qui leur avait été attribué.

En parlant d'acteurs, maintenant qu'elle en avait fini avec elle-même, elle allait rendre une petite visite à son invitée de marque, pour voir où elle en était, pour s'assurer que tout serait parfait dans les moindres détails.

C'était un jour très spécial après tout, le jour où l'on mettrait à mort l'âme du peuple Zèbre.

*****

La porte de la chambre était bien gardée, savait-on jamais. Deux de ses protégées l'encadraient. Deux corps engoncés dans un uniforme semblable au sien, moins élaboré, mais tout aussi moulant. Deux beaux visages de poupée, dur comme le métal, leurs yeux de verre froid et féroce. Deux vipères prêtent à mordre, parfaitement mortelles et absolument désirables.

Quand elle passa près d'elles, elle put sentir leur « parfum », la délicate fragrance de quelque chose qui brûle dans le lointain, quelque chose de vivant. Celui-ci fut cependant bien vite éclipsé par les effluves qui l'attendaient dans la pièce, cette dernière était plus petite que ses appartements et les décorations, quelques masques et autres bibelots, bien plus clairsemés. L'ensemble embaumait de senteurs épicées et exotiques, à l'image de son occupante.

Celle-ci se tenait face à la baie vitrée, contemplant le paysage de la même façon qu'elle-même l'avait fait plutôt. Elle n'était pas seule, trois servantes s’affairaient à apporter les touches finales à son habit cérémoniel, un complexe entrelac de bijou, de fourrures et peintures, trois zébrelles à son grand, mais hélas inévitable, déplaisir. Il était vrai qu'il était bien moins aisé d'accomplir un tel habillement seule quand on n'était pas une licorne, de plus ce genre d'accoutrement traditionnel nécessitait l’expertise des « locaux ». Elle se consola cependant en se disant que ce serait la toute dernière fois qu'une telle chose serait portée.

Sa seule présence fut suffisante pour leur signifier qu'elles avaient été congédiées. Elles s'éparpillèrent comme des blattes surprises par la lumière, en quelques secondes, elles eurent complètement disparu, comme si elles n'avaient jamais existé en premier lieu. Exactement comme des blattes.

Elle était désormais seule avec son invitée dont elle vint se placer à ses côtés. Cette dernière regardait la capitale qui grossissait sans cesse à l'horizon, silencieuse, le visage fermé.

« T'ont-elles dit quoi que ce soit ? La licorne lui murmura-t-elle à l'oreille. Des murmures de haines, de dédain ? Ou au contraire des encouragements et des consignes utiles quant à mon futur assassinat ? Dois-je m'attendre à ce qu'une épingle, une broche ou un autre bijou acéré vienne à la rencontre de ma gorge ? »

La zébrelle demeura silencieuse, elle, elle ricana avant de poursuivre ses murmures :

« Bien sûr que non, tu entends bien qu'on ne les aurait jamais laissé monter à bord si elles avaient encore eu un semblant de volonté propre. Ce ne sont rien de plus que des coquilles vides, des formes de zèbres.

« C'est la dernière fois que tu les verras d'ailleurs. L'utilité de ces automates de chair a expiré à l'instant où les dernières retouches à ton costume ont été faites et l'empire ne s'encombre jamais de ce qui lui est inutile. »

L'invitée ne répondit toujours pas, alors elle se contenta de regarder le paysage avec elle pendant un petit moment, avant de rompre à nouveau le silence : « Maintenant, dis-moi, quel effet cela fait-il de revenir en ton pays après en être partie il y a si longtemps ? »

Les lèvres de la zébrelle se descellèrent laissant s'échapper le phrasé rythmique de son peuple : « Rien car ce pays qui se dévoile sous mes yeux N'est en rien celui qui m'a vu ouvrir les yeux. »

Cela là fit ricaner de plus belle.

« Allons, allons, dit-elle doucereusement, est-ce de l'amertume que nous avons là ? À moins que ce ne soit du regret...ou de la colère.

« Oh, Zecky, il ne faut surtout pas que tu oublies que tout ceci, elle montra l'extérieur de la baie vitré du sabot, est entièrement de ta faute. Qui m'a révélé les secrets de leurs chamans, leurs forces et leurs faiblesses, le fonctionnement de leur magie ainsi que les savoirs interdits connus d'eux seuls ? Qui m'a instruit des rouages de la politique de leurs royaumes, de leurs rivalités larvées, qui acheter, qui séduire, qui tuer pour faire le maximum de dégâts ? Qui, si ce n'est toi.

« Mais pourquoi avoir fait cela, pourquoi avoir trahi son peuple, son royaume ainsi ? Était-ce par vengeance pour les tiens qui ont été bannis par-delà les mers pour avoir tenté de révéler la vérité sur vos « dieux », parce que tu voulais ma chair contre la tienne...ou peut-être était-ce simplement parce que je t'ai évidé exactement comme ces petits cloportes ? »

Sa corne s'illumina légèrement et les volets métalliques se refermèrent brutalement. « Zecky » continua de fixer le métal jusqu'à ce que la licorne l'oblige de sa magie à la regarder droit dans les yeux.

« Tu vois Zecky, continua-t-elle sans changer de ton, c'est là ton erreur de calcul, de croire que ta volonté fait partie de l'équation. Or, cela n'a jamais été le cas, j'ai demandé et tu m'as répondu. Et tu m'as répondu parce que tu m'appartiens. Tu es ma zébrelle très spéciale, celle que j'ai choisie pour être le témoin de la fin des zèbres en tant que civilisation. Quand tout sera fini, je te ramènerai avec moi à Equestria, tu vivras avec moi, aux côtés de mes autres trophées, les derniers de leurs espèces respectives. Bisons, Ânes, Vaches, disciples de Luna et désormais zèbres.

« Tes tâches seront diverses et variées. Tu garderas mon étalon fidèle en assouvissant toutes ses pulsions adultérines, tu feras le ménage, la cuisine et toute autre corvée que je jugerai bonne, enfin, tu t'occuperas de mes enfants quand je serai trop occupée par mes devoirs pour le faire. »

Elle laissa s'échapper un gloussement sonore et malsain qui résonna au sein de la structure métallique.

« Ton peuple aussi a fait une erreur de calcul et ce n'est pas celle de nous avoir attaqué. C'est d'avoir eu l'arrogance de penser qu'ils affrontaient un tyran de plus comme l'histoire en compte des centaines, l'arrogance de penser qu'ils allaient nous « libérer ». À l'instant où ils ont posé un sabot sur nos terres, ils ont compris leur erreur, mais il était déjà trop tard. Il n'y avait rien à libérer et ce n'était pas un tyran qu'il venait de défier, mais une déesse.

« Conquérir ce pays, réduire sa population en esclavage, raser ce pays, massacrer sa population, voilà ce que ferait un vulgaire tyran. Les punitions divines sont d'un tout autre niveau, elles n'offrent pas la paix de la tombe et apprennent au monde de nouveaux genres de terreurs.

« Ton peuple vivra, mais jamais plus il ne pourra répondre au nom de zèbre. Ses cités rasées jusqu'à leur fondation et rebâties par d'autres sabots que les siens, sa culture, ses coutumes, ses traditions, bafouées, décimées, chassées jusque de son esprit et de sa chair, ses dieux de pacotilles oubliés, remplacer par d'autres plus dignes, plus vrais.

« Oui, ton peuple vivra, mais ce ne sera plus ton peuple ou un peuple tout court, ce sera un avertissement, un rappel édifiant de ce qui arrive quand on défie le jour éternel. »

Elle s’arrêta de parler quand elle entendit un subtil changement dans le ronronnement de la machinerie, son sourire s'élargit alors.

« Nous sommes arrivées, je crois » Dit-elle.

Elle s'écarta alors de son invitée et se dirigea vers la sortie de la chambre, juste avant de l'atteindre elle adressa un regard à la zébrelle qui était restée sur place.

« Si vous voulez bien me suivre...Haute-Reine. » Ajouta-t-elle.

Docilement « Zecky » la suivit.

*****

Avec toute la précision d'un peintre émérite, le gouverneur appliqua de son couteau la dernière couche de confiture sur le corps de la jument.

« Paaarfait. » dit-il de sa voix de crécelle.

En effet, elle était parfaite, parfaitement enduite de la délicieuse substance.

« Ça sens vraiment bizarre, c'est quoi comme confiture ? Demanda-t-elle.

- Un mélange maison, répondit-il, maintenant arrête de bouger, que je puisse commencer à... »

Mais avant qu'il ne puisse donner le moindre coup de langue son secrétaire fit irruption dans son bureau.

« Quoi ?! » Cracha-t-il avant que ce dernier ne puisse prononcer le moindre mot.

Le subordonné recula instinctivement, comme à chaque fois que ces yeux globuleux se posaient sur lui.

« Monsieur, dit-il de la plus formelle des voix, je suis venu vous informer que le vaisseau de la Magistère Suprême est désormais à portée de vue, son arrivée est imminente. »

Le Gouverneur était une licorne étique d'un bleu iceberg, un cauchemar de formes osseuses enveloppées dans une livrée élimée qui semblait dater de l'époque lointaine où de la chair avait été un jour attachée à ce squelette et que personne n'avait jamais osé retoucher depuis.

Comment un être à l'aspect aussi négligé avait-il pu survivre dans une société aussi perfectionniste que celle de l'Empire, de même qu'avoir atteint une position aussi élevée, était un mystère, un mystère qu'il avait renoncé à résoudre à l'instant où il avait su que l'étrange poney était originaire de Stalliongrad.

« Le dernier jalon de la civilisation », situé aux confins septentrionaux de l'Empire. Au cours de la guerre, il s'y serait déroulé des choses si terribles que l'armée continue de l'occuper encore aujourd'hui et que le Magistèriat lui-même ne l'évoquerait qu'avec crainte, frappant du secret absolu toute information la concernant.

Il n'était pas assez important au sein de l'administration pour avoir droit à autre chose que les rumeurs basiques et n'était pas assez fou pour chercher à en savoir plus. On évoquait pêle-mêle, une famine, un soulèvement, des poneys rendus fous par la faim, un étrange vent chaud soufflant du nord et enfin des windigos. Il aurait pu se risquer à demander au gouverneur ce qu'il en était vraiment, mais il avait peur, bien trop peur, qu'il lui réponde.

Un couteau en argent flottait à mi-distance entre cette jument confiturée et le fameux pot de cette dite confiture. Le secrétaire savait d'expérience qu'a la moindre contrariété, cet ustensile irait se planter dans l'être vivant le plus proche, il espérait donc que cela serait la ponette et pas lui.

« Déjà ? Finit-il par répondre. Elle n'était pas censée arriver pour le Zénith ?

- Monsieur, le zénith est dans moins d'une demi-heure. Cela fait plus de quatre heures que vous...tartinez cette jument. »

Une bouche trop grande pour un visage aussi étriqué forma un sourire qui évoqua au fonctionnaire quelques grotesques poissons des profondeurs.

« Oui, comme le temps passe vite quand on fait ce que l'on aime.

- Monsieur, insista le secrétaire, je me permets de préciser que si nous ne sommes pas présents au moment où elle débarquera la punition que nous subirons sera sans égale. »

Un moment de silence s'ensuivit, après quoi le Gouverneur s'écarta soudainement de son bureau, son couteau et son pot le suivant fidèlement.

« Alors, il n'y a plus une minute à perdre, allons-y. » dit-il d'un ton jovial sans que le moindre soupçon d'inquiétude ou de précipitation ne transparaisse.

Il fit alors mine de se diriger vers la porte avant de faire soudainement demi-tour droit vers la jument.

« Toi ! Cria-t-il, faisant sursauter cette dernière. Tu restes ici. » Il ne s’arrêta que lorsque leurs museaux se touchèrent presque, sa peur grandissant à mesure que la distance entre eux deux se réduisait. « Et si tu t'avises de marger ma confiture...Ajouta-t-il. C'est moi qui te mange. »

Sa langue, d'une pâleur surnaturelle, se faufila entre ses lèvres comme quelque ver de cauchemar et vint s'égarer sur le visage de la ponette, emportant dans son sillage une portion de la précieuse substance avant de retourner dans son antre buccal.

« Délicieux » Avec ce dernier mot et un nouveau sourire, il laissa la jument derrière lui et quitta enfin les lieux en compagnie de son fonctionnaire attitré.

*****

La vue était saisissante, même s'il serait plus exact de dire qu'elle était éblouissante, au sens littéral du terme. Cela faisait un certain temps qu'il occupait le poste qui était le sien, il devrait y être habitué à la longue, pourtant, à chaque fois, cette vision le laissait boucher bée et les yeux emplis de larmes.

La colossale cathédrale qui trônait au centre de la ville, égale à aucune autre, non par ces proportions, pourtant loin d'être modeste, mais par le matériau dans lequel elle était faite. Du verre, pas du cristal, non, du verre et seulement du verre. Le soleil, proche de son zénith, venait s'y refléter, la changeant en une montagne de lumière. Son éclat se diffusait à travers toute la cité, se réverbérant sur l'or poli et le marbre blanc qui la composaient désormais en grande partie. Éblouissant était un euphémisme.

Kinzehbra, un nom qui serait sans doute amené à changer dans un avenir proche. Jadis capitale de ce qui étaient autrefois connus comme les royaumes zèbres, aujourd'hui un simple trophée.

Il y a cinq ans de cela l'Impératrice Celestia proclama le Jour Éternel. Jamais plus, les ténèbres ne siégeraient dans le ciel et à terme, il en serait de même pour la terre. Peu de temps après plusieurs milliers de zèbres débarquèrent sur les plages d'Equestria, la guerre était déclarée.

L'armée impériale réagit promptement et empêcha l'envahisseur de s'enfoncer dans les terres, mais il fallut l'intervention de l'Impératrice en personne pour les rejeter la mer. Refusant de leur laisser le temps de répéter un tel affront, elle envoya ses soldats de l'autre côté de l'océan, pour porter le conflit sur la terre de ses ennemis.

La guerre fut âpre, les deux camps étant quasiment de forces égales. L'empire avait pour lui la magie, la détermination à servir l'Impératrice et l'Impératrice elle-même, les rayés eux étaient imprévisibles dans leurs tactiques et pouvaient compter sur leurs chamans, ces étranges zèbres capables d'invoquer une forme de magie des éléments environnants.

Tout semblait indiquer que le conflit était destiné à durer, jusqu'à ce le Magistèriat fasse une découverte capitale. Au travers de la chair immortelle de l'Impératrice, il était possible de drainer la puissance du Soleil lui-même, donnant ainsi accès à une source de magie virtuellement illimitée.

Le procédé et le système subséquemment élaboré pour l'exploiter furent appelés « Hypérion », une énergie inépuisable alimentant un mouvement perpétuel. Un cadeau de la Divine Celestia à son peuple, pour que les affres de la guerre soient aussi brèves que possibles.

Avec ce nouveau pouvoir entre leurs sabots, les Magistères créèrent les Hélios, des automates de métal, des machines à l'aspect de poneys. Ses soldats d'acier, avec des rouages pour muscles, le feu du soleil pour cœur et la volonté de l'Impératrice pour esprit, n'étaient capables que de deux choses, avancer et incinérer, et jamais, jamais, ils ne s’arrêtaient. Étranger qu'ils étaient à la faim, la soif ou la fatigue, se moquant de la peur et de la douleur, ignorant du concept même de doute ou de déloyauté. Dénués de toute vie véritable, ils ne pouvaient donc connaître de mort véritable, ils étaient un mouvement, l'exécution d'un commandement divin.

Après leur déploiement, le cours de la guerre bascula largement en faveur de l'empire, les zèbres ne cessèrent de perdre du terrain, d'abord les cités côtières qui tombèrent les premières, puis le désert dont les rudes conditions ne signifiaient rien pour ces machines, jusqu'à ce qu'ils se retranchent derrière les murs de leur capitale.

C'est à ses portes qu'eut lieu la dernière bataille, le grand siège, les rayés se battirent avec l'énergie du désespoir et pour la première fois parvinrent à stopper la marche des Hélios. Mais les légions d'or n'étaient pas venues seules, l'Impératrice les accompagnait et c'est elle qui porta le coup de grâce. Un sort tel qu'aucun poney, ou zèbre, n'en avait encore jamais vu fut jeté. Il incinéra le Palais Royal et laissa dans son sillage une tranchée vitrifiée qui coupa la cité en deux. Cela marqua la fin de la bataille, de même que celle des royaumes zèbres et de leur armée en tant qu'entité unifiée.

C'était il y a deux ans, jour pour jour. Depuis, les provinces, telles qu'on les appelait à présent, avaient été largement pacifiées, les dernières poches de résistance nettoyées. Kinzehbra, détruite aux trois-quarts, eut tôt fait d'être rebâtie à l'image de ses conquérants. Le peu qu'il restait de l'architecture zèbre avait été épargné cependant, sans doute pour délimiter clairement là où les survivants rayés étaient parqués, mais cela restait un sursis. Enfin, érigé là où jadis s'était trouvée la demeure du haut-roi, taillée dans le verre même de la tranchée via un impensable exercice de magie, la Cathédrale.

La Cathédrale dont aujourd'hui la vision le dévorait, lui, le petit secrétaire, qui se tenait sur le parvis de cette monstrueuse réalisation, écraser par le message impérieux transmis par sa seule existence : « Tel est le pouvoir de l'Empire, de son Impératrice et de sa Magie. Contemplez et tremblez ! »

Il n'était pas le seul ici, oh que non. À sa gauche se trouvait le Gouverneur, dont la proximité physique autant que l'indifférence face à ce paysage le rendait mal-à-l'aise. Derrière eux deux tous une rangée d'officiel, tout ce que comptaient Kinzehbra, des fonctionnaires pour la plupart, quelques militaires aussi. Les encadraient quelques Hélios, c'était une chose d'entendre parler et une autre de les voir pour de vrai. Deux fois plus haut qu'un poney et au moins deux fois plus larges, on aurait pu les confondre avec des statues tant ils étaient immobiles, mais il savait, à l'instant où quelque chose n'irait pas, le doute s'effacerait bien vite. Face à eux, se déroulait cette partie de la tranchée qui avait été aménagée en une sorte de grande avenue, partant du saint édifice pour se jeter dans le désert. Derrière les murs de verre qui la bordaient une foule attendait. Ensemble, ils regardaient au loin l'imposant vaisseau doré qui fendait les cieux dans leur direction.

Magna Solis, tel était son nom. Bien que techniquement un dirigeable, il était sans commune mesure avec ses ancêtres, la toile avait laissé sa place au métal et ce qui le faisait flotter n'était pas un gaz, mais la magie pure. Il était le premier en son genre, le premier à utiliser l'Hypérion, le premier, mais certainement pas le dernier. À son bord, rien de moins que le second poney le plus important de l'empire.

Avec une agilité déconcertante pour un engin de cette taille et dans un silence inquiétant le massif aéronef vint se poser à l'entrée de la ville, comme un rapace fondant sur sa proie. Tous les êtres présents semblèrent retenir leur souffle.

Son extrémité se déploya comme une fleur, ses pétales métalliques dardant comme les rayons du soleil lui-même. Ceux qui touchèrent la terre se joignirent pour former une sorte de rampe et, la descendant, un point d'un blanc éclatant qui découpait sur la surface dorée.

C'était elle, vêtue des plus beaux et des plus éblouissants atours qui puissent exister, la Magistère Suprême, Twilight Sparkle. Mais elle n'était pas la seule à débarquer, loin de là. La suivait à quelques sabots d'écarts seulement un groupe de magistères, l'élite des licornes combattantes, en formation serrée. Au centre de celle-ci une zébrelle tout aussi richement habillée, mais de la façon de son peuple. Il ignorait qui elle était. Fermant la marche, portant sa plus belle armure, le Général Flash Sentry, à la tête d'un bataillon comptant autant de soldat de chair que d'acier.

Ce cortège remonta lentement l'avenue de verre, sous les acclamations sans cesse grandissantes de la foule. À mesure qu'il s'approchait, un sentiment d’appréhension l'envahissait sans qu'il parvienne à se l'expliquer. Quand il arriva sur le parvis, d'un seul mouvement, les officiels s'inclinèrent, tous, sans exception. « Votre splendeur » dirent-ils à l'unisson.

À peine s'étaient-ils relevés que le gouverneur se précipita sur la Magistère, le secrétaire, atterré, s'attendit à le voir abattu sur place, mais il n'en fut rien, sa seule réaction fut un sourire amusé.

« Alors, voici donc la fameuse Zécora. » Dit-il en lorgnant sur la zébrelle qui restait impassible derrière ce mur de cornes. « Dites-moi, comment avait vous réussi à lui mettre le sabot dessus ? Demanda-t-il. Ne s'était-elle pas retranchée au fin fond de sa forêt ?

— Oh, c'est fut très simple en réalité. Répondit-elle. J'ai brûlé la forêt, jusqu'à la dernière brindille. »

La réaction du Gouverneur fut la surprise, mais pas le choc.

« Vous avez brûlé une forêt entière ? Pourquoi moi je n'ai pas encore brûlé de forêts entières ? Se plaignit-il.

— Peut-être parce qu'il n'y a pas vraiment de forêt dans les royaumes zèbres.

— Ils n'ont même pas de forêt, ces sauvages. Ils méritent amplement tout ce qui va leur arriver... Quoi que ça puisse être. Parce qu'à ce sujet vous avez été particulièrement chiche en détail. »

La licorne lui coula un regard interrogateur.

« Oh ! Bien évidemment que toutes vos instructions ont été suivies à la lettre, la rassura-t-il, ça n'a pas été une tâche facile d'ailleurs, toutes ces tombes, toutes ces pelles tombées au champ d'honneur, mais tout est en place dans les moindres détails...

« Même pas un petit titre pour moi ? Insista-t-il.

- Si vous insistez, disons qu'il s'agit...d'un « Couronnement » ? Bon à présent, si vous voulez bien vous écarter. »

La licorne famélique s'exécuta, les officiels suivirent puis, quand Zecora et son « escorte » passèrent près de lui, il l'aborda à nouveau : « C'est un grand jour pour toi, hein ? Tu vas devenir quelqu'un de très important. »

Elle ne répondit pas, il se contenta de sourire. Après cela, le petit secrétaire fut mis de côté et largement ignoré. Il était troublé, mais pas par ce défilé de personnalités juste sous son nez, ni même par le comportement quasi-suicidaire du Gouverneur. Non, c'était qu'au cours de la conversation entre les deux licornes, il n'en avait vu aucune cligner des yeux.

*****

La lente procession avait pénétré à l'intérieur de la Cathédrale, à mesure qu'elle progressait au travers de la nef chacun prenait la place qui était la sienne. Les officiels s'alignaient le long des murs, les soldats et leur général se déployaient à divers endroits-clés. Zécora et son escorte demeuraient à l'entrée, pour l'instant seulement. Quant à elle, Twilight Sparkle, elle se dirigeait vers le fond de l'édifice, vers où tous les regards étaient attirés.

Sur le sol était gravé un symbole solaire, réplique de la Cutie Mark de l'Impératrice, à l'extrémité de chacun des rayons se tenait un zèbre enchaîné. Il ne s'agissait pas de n'importe quels zèbres cependant, il s'agissait de chamans, les derniers de leurs espèces, en quelque sorte.

À l'instant où ils l’aperçurent, ils commencèrent à la maudire, mais elle les ignora superbement...avant de les faire taire d'un seul sort. Qu'ils économisent leurs salives pour le moment où elle voudra vraiment entendre leurs cris.

Elle prit place derrière le petit autel qui protubérait au-delà du sinistre cercle. De là elle avait une vue complète de la nef et de ceux qui s'y tenaient. Il était grand temps de commencer.

« Habitant de Kinzehbra, loyaux sujets de notre divine Impératrice, commença-t-elle à énoncer, fils et filles d'Equestria. » Sa voix ne résonnait pas qu'au sein de la Cathédrale, au travers du verre et de la magie tous dans la cité pouvait l'entendre. « Cela fait deux ans, continua-t-elle, deux ans depuis que la guerre s'est finie, deux ans depuis que les barbares rayés ont payé le prix fort pour avoir osé lever le sabot contre notre nation.

« Aujourd'hui n'est cependant pas une simple commémoration, aujourd'hui, est beaucoup plus. Aujourd'hui, ces terres voient le retour de l'une de leurs filles longtemps perdue, aujourd'hui voit les zèbres entamer le premier pas vers leur rédemption. »

Elle pointa alors la zébrelle du sabot, à l'unisson elle et son escorte se mirent en marche, remontant lentement la nef alors que la licorne continuait sa prédication.

« Viens, Zecora, viens, fille de Parabola, viens marcher sur les traces de l'Unique, viens suivre le chemin de tes ancêtres, jusqu'aux inatteignables piliers, là où la vérité et le désespoir furent conjointement enchaînés. »

À mesure qu'elle se rapprochait, son escorte se déploya en éventail, avant de former un arc de cercle derrière elle, coupant ainsi toute retraite. Les chamans devinrent comme possédés, ils se débattirent, tirèrent sur leurs liens, en vain. Pas le moindre son ne s'échappa d'eux.

Finalement, elle prit place sur le symbole, au milieu du cercle de prisonniers. Pour le plus grand plaisir de la Magistère suprême.

« Es-tu prête Zecora, fille de Parabola, à prendre le fardeau de Haute-Reine ? Demanda-t-elle. À t'engager toi et les tiens sur le chemin de la pénitence ? Renies-tu les faux dieux, mirages créés par vos chamans pour empoisonner vos esprits ? Acceptes-tu la Vérité, que la vraie divinité repose en Celestia, Impératrice du Jour Éternel, en le Soleil et sa Lumière, seule digne de nous éclairer ? Feras-tu la promesse qu'elle a faite ? Jureras-tu que jamais sur cette terre les ténèbres n'auront d'empire ? »

Un seul mot fut attendu, pas de rimes, pas de discours, rien, si ce n'est un mot.

« Oui »

Et ce mot fut prononcé, et Twilight Sparkle fit signe à la zébrelle de tendre son bras au-dessus de l'autel, et elle s'exécuta, et elle se coupa sur le verre acéré, et son sang coula et coula jusqu'à remplir entièrement le soleil qui y était gravé, à peine moins large qu'une tête de poney.

« Moi, Twilight Sparkle, Magistère Suprême, Fille du Soleil, t'ai entendue, Zecora, fille de Parabola. Mais c'est le Soleil et lui seul, qui jugera si tu es digne. »

Comme une réponse à ses propos la luminosité de la Cathédrale décupla, exactement comme une loupe la structure de verre concentra les rayons du soleil au niveau de l'autel, créant une colonne de lumière qui frappa la flaque de sang. Cette dernière vira alors au doré avant de se solidifier.

Quelques secondes plus tard le phénomène cessa et une Twilight Sparkle triomphante souleva de sa magie le soleil de métal qui jadis avait été le sang de la zébrelle.

« Zecora, fille de Parabola, Haute-Reine du peuple zèbre, dit-elle, l'Impératrice t'accepte à ses côtés. »

Puis, dans l'instant qui suivit ses mots, elle se pencha et lui en murmura d'autres, réserver à elle seule : « Ne trouves-tu pas que tout cela ressemble un peu à un mariage, zecky ? Son sourire s'agrandit alors. En fait, c'est encore mieux. »

Puis, sans sommation, elle appliqua l'objet sur l'objet sur le visage de Zecora. Il eut un bruit semblable à un grésillement et le corps de la zébrelle commença à convulser. Ses peintures semblèrent bouillir avant de véritablement s'évaporer, ses bijoux parurent se ramollir avant de clairement se liquéfier, ses vêtements se flétrissaient, noircissaient, avant de partir en poussière. C'était comme si elle était rongée par un feu invisible.

« Tu peux crier si tu le veux, continua de murmurer la licorne, vas-tu crier ? Non ? Bonne petite. »

Les murs parurent exploser, la lumière se déchaîna, plus forte encore que jamais qu'auparavant, mais cette fois-ci mêlée d'une étrange teinte argentée. Tous les êtres présents portèrent leurs sabots à leur yeux, tous, sauf la fille du soleil et le Gouverneur dont le sourire n'avait plus rien d'équin. Au même moment, les chamans recouvrèrent la parole, mais ils n'eurent rien d'autre à dire que des lamentations démentes, il était trop tard.

La foule, aveuglée et assourdie, ne vit ni n'entendit la Magistère Suprême prononcer la véritable incantation.

« J'avais soif et je vous ai bue, j'avais faim et je vous ai dévorée, j'étais une étrangère et j'ai violé le seuil de votre demeure. J'étais vide et je vous ai rendue égale à moi-même.

N'implorez point de pitié, car nul n'entend vos prières, n'espérez point, car ce qui attend, dans les ténèbres du futur, n'est que cauchemar, n'aimez point, car c'est ce qui a tué le monde.

Fermez vos yeux, car il ne reste plus rien à contempler, bouchez vos oreilles, car il ne reste plus rien à entendre, scellez votre bouche, car tous les mots ont été prononcés et aucun n'a jamais rien signifié.

Les piliers s'effondrent, les rouages grippent et rouillent, l'océan gèle, les vers festoient des rêves.

K'ehe Ah't V'en. A'k'Zet ! »

Alors que l'indicible entropie s'attaquait à la peau de la Haute-Reine, consumant ses rayures et dévoilant les muscles en dessous, le verre sous ses sabots s’amollit en même temps qu'il s'opacifia.

L'étrange substance blanchâtre remonta alors le long de ses pattes, recouvrant progressivement tout son corps meurtri. Quand elle atteignit le soleil de métal, ce dernier s'illumina et de ses contours suinta comme de l'or liquide. La substance se déversa dans le symbole géant, le remplissant comme son sang avait rempli celui de l'autel. Contrairement au fluide blanc, sa cible n'était pas la zébrelle, mais les chamans. Ces derniers tentèrent de résister, mais le fluide était aussi efficace que son homologue laiteux et leurs corps furent engloutis en quelques secondes. Des protubérances au niveau de leurs têtes et de leurs dos se manifestèrent alors la substance commençait à se durcir. Bientôt, là où autrefois il y avait des zèbres, il n'y eut plus que des statues sans trait d'alicornes.

La lumière se mit alors à pulser, à l'extérieur le même phénomène était visible. Soudainement, plusieurs rayons de lumière s’échappèrent de l'édifice et vinrent frapper divers endroits de la ville, allumant simultanément une multitude de brasiers. Cela était tout sauf un accident, ce qui était en train de brûler, c'étaient les piles de corps qui avait été soigneusement rassemblés.

Les zèbres accordaient un grand respect à leurs morts, l'empire savait cela, aussi profana-t-il toutes les tombes, caveaux et cimetières qu'il trouva, il rassembla ensuite les cadavres ainsi récoltés sur les grandes places et enfin il s'assura que le plus de zèbres possible soient présent, qu'ils puissent tous regarder leurs ancêtres, leur passé, être réduits en cendres.

Mais ce n'était pas fini, la pulsation atteignit son paroxysme et une onde lumineuse émergea de la cathédrale, balayant la cité dans son intégralité. Tout zèbre qui entra en contact avec vit ses rayures s'effacer, son identité arrachée à sa chair pour ne laisser qu'une enveloppe albinos.

Après cela, ce fut réellement fini, l'éclat déclina jusqu'à revenir à son intensité habituelle. Quand les poneys dans la nef recouvrèrent la vue, ils virent les statues, ils virent Twilight Sparkle et surtout, ils virent la chose qui lui faisait face.

Son corps tout entier emmailloté dans une parodie d'uniforme de Magistère, en lieu et place d'un visage un morceau de métal doré qui avait la forme d'un soleil. Elle se tenait là, immobile.

« Est-ce la fin, selon toi ? Lui murmurait la fille du Soleil. Oh non, Zecky, ce n'est pas la fin, loin de là. C'est au contraire le début d'un plus grand voyage. Un voyage qui ne connaîtra jamais de fin. »

La licorne apposa alors ses lèvres sur la surface polie, donnant à la créature un tendre baiser. Dans la foulée cette dernière s'affaissa et exécuta une révérence parfaite qui aurait rendu jaloux bon nombre de courtisans.

Twilight Sparkle était ravie, son sourire ne cessait de s'agrandir, sa poitrine se soulevait et s'affaissait à un rythme de plus en plus effréné. Elle tenta de résister un temps puis renonça à le contenir. Elle ouvrit grand la bouche et laisse son rire s'échapper de sa gorge.

Il propagea à travers toute la nef, ricochant sur les murs, assourdissant les spectateurs avec presque autant d'efficacité que les plaintes des chamans. Et il continuait, il continuait, c'était un éclat hystérique qui ne voulait pas s’arrêter.

Roulé en boule contre un mur le secrétaire ne se souciait pas du rire, il ne se souciait plus de rien. Ce à quoi il venait d'assister l'avait brisé. Choqué, écœuré, terrifié et finalement, brisé.

Oui, comme les autres, il avait été aveuglé et n'avait pas vu ce que Twilight Sparkle avait fait. Oui, comme les autres, il avait été assourdi et n'avait pas entendu ce que Twilight Sparkle avait prononcé. Mais, bien plus près du Gouverneur, il avait vu ce que lui avait dit et fait. Il l'avait vu sourire, il avait vu ses dents, ses rangées d'obsidiennes qui semblaient dévorer la lumière environnante et il l'avait entendu parler, prononcer cette incantation, cette litanie et il n'avait pas reconnu la langue, non, il n'avait pas reconnu la langue dans laquelle il parlait.

Celestia, protège-nous.

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Note de l'auteur

Un petit truc qui me passait dans la tête pendant que j'écrivais la fic: [lien]

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Inobi
Inobi : #49028
Euh... ctrl-c ctrl-v de ma critique. Encore bravo et j'espère compter sur toi pour venir défendre ton titre sur la prochaine edition.
Il y a 4 mois · Répondre
EphelI
EphelI : #49007
Et bien il n'y a pas à dire, c'est une sacrée fiction que tu as écrit là !

Avant tout autre chose je tiens à te féliciter pour tes nettes progrès d'écriture depuis la dernière fois : Les fautes sont devenues rarissimes, de l'ordre de l'étourderie, et ton découpage est devenu presque parfait. Si je devais pinailler un peu, je dirais que certaines phrases ne sont pas toujours bien ponctuées et que certains dialogues sont faibles comparés à la grandiloquence de ta narration.

Ceci étant dit, l'histoire reste en soit superbement raconté. Décors, personnages, tout y est décrit avec un style remarquable. L'idée d'une guerre opposant zèbres et poneys restait encore assez peu exploré, mais c'est surtout par l'occupation qui en découle que tu te démarques. Que ce soit par l'"Hypérion" ou la Cathédrale, tout cela donne un aspect guerre de religion et justice divine qui m'a beaucoup plu.

Les personnages ne sont pas en reste, et c'est en jouant sur la malaisance de leurs moeurs (le gouverneur p*tain, où tu vas chercher ça ?) que tu parviens dès le départ à poser la cruauté de cette histoire. Ici, pas de magie de l'amitié ou même d'insouciance !

Ma seule retenue quand à cette fanfiction s'adressera à son aspect "Univers Alternatif". Même si cela reste personnel, je trouve juste dommage de ne pas y retrouver le caractère de Twilight (ni même de Zecora). Et Flash, comment dire... Non, je préfère pas en parler ^^'

En bref il s'agit d'une très bonne fic, à la fois grandiose et terrifiante qui mérite largement sa place en haut du podium !

Il y a 4 mois · Répondre
Acylius
Acylius : #49005
@LtZip @speedangel :
Mais non, moi je ne le hais pas.
Il y a 4 mois · Répondre
speedangel
speedangel : #49000
Dis donc zip, entre les deux dernières édition de 'et si' tu as beaucoup évoluer et franchement se serait cool de lire plus de fic d'un tel niveau :)
Il y a 4 mois · Répondre
speedangel
speedangel : #48998
LtZip30 août 2017 - #48996


Vu le peu de personnages dans cette fic je pouvais bien me permettre de l'inclure, aussi c'était un micro-défi que je m'étais imposé à moi-même de l'inclure dedans. Parce que lui et moi on a un passif et aussi parce que je sais que tout le monde le hait.

Tout le monde le hait ? (XD) oui c'est bien vrai
Il y a 4 mois · Répondre
Rosycoeur
Rosycoeur : #48997
Wow, félicitation pour avoir gagner.
Il y a 4 mois · Répondre
LtZip
LtZip : #48996
Acylius30 août 2017 - #48995
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de mettre Flash en personnage principal ; il n'a qu'un tout petit rôle. D'ailleurs, personnellement, je n'aurais pas précisé l'identité de ce personnage, puisqu'il n'est réduit qu'à une fonction.
Pour le reste, c'est rudement bien écrit, chapeau.


Vu le peu de personnages dans cette fic je pouvais bien me permettre de l'inclure, aussi c'était un micro-défi que je m'étais imposé à moi-même de l'inclure dedans. Parce que lui et moi on a un passif et aussi parce que je sais que tout le monde le hait.
Il y a 4 mois · Répondre
Acylius
Acylius : #48995
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de mettre Flash en personnage principal ; il n'a qu'un tout petit rôle. D'ailleurs, personnellement, je n'aurais pas précisé l'identité de ce personnage, puisqu'il n'est réduit qu'à une fonction.
Pour le reste, c'est rudement bien écrit, chapeau.
Il y a 4 mois · Répondre

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