Chapitre 7 : Fils prodigue

Accident. Le mot maudit dans cette discipline qu’est la course. Surtout quand on connaît la vitesse très élevée à laquelle vont les pilotes ; la mort est sur chaque virage, ou le handicap à vie pour les plus chanceux. Le handicap à vie… C’est ce qui est arrivé à Dash. Son accident, dû à un problème électronique, reste suspect et fait l’objet d’une enquête.

Je suis déclaré innocent, la distribution d’énergie a été volontairement sabotée d’après les techniciens. L’énergie magique n'arrivait plus à alimenter correctement les circuits électriques, ce qui a conduit au réchauffement du cristal, puis à son explosion. Les brûlures présentes sur Dashie sont dues au circuit électrique. Cela n’a - heureusement - pas pris feu, la laissant malgré tout amputée d’une aile.

Quant à savoir qui a saboté l’équipement de Rainbow Dash, le mystère reste entier. Quelqu’un voulait visiblement la mettre hors course, et je ne vois définitivement pas ses amies lui faire un coup pareil. Un concurrent mal avisé ? Qui que ce soit, il savait ce qu’il faisait.

Pour ma part, je me suis vu interdit de toucher un moteur, et ce même si je suis adulte. Ma rééducation a été longue et pénible, entre frustration de ne pas être au meilleur de ma forme et les regards que me lançait ma mère. Dash est encore en observation car elle a encore du mal à s'adapter avec son aile bionique. Je décide de lui rendre visite, car rentrer à la maison ne m’enchante guère.

“Salut Rainbow.”

Elle semble s’ennuyer, appuyée contre la fenêtre à regarder le ciel bleu et ensoleillé. Un sentiment de culpabilité envahit mon esprit, et j’entends cette voix intérieure m’accusant d’être à l’origine de l’amputation de son aile.

“Oh ? Salut, appelle moi Dash, c’est plus cool à dire” marmonne-t-elle d’un air totalement déprimé.

Je me frotte le sabot droit, embarrassé de la voir coincée ici.

“Ta mère est plutôt sévère avec toi je trouve. T’as quel âge ?”

“J’ai… J’ai 19 ans.”

Elle remarque ma gêne et viens me frapper le dos avec sa vraie aile.

“Allez détends ta crinière, tu va friser comme celle de Rarity.” lance-t-elle en plaisantant.

Je ris à peine à sa blague.

“Tout va s’arranger Shane, faut savoir être fort dans ce genre de moment. C’est là qu’on reconnait les vrais pilotes.”

Elle me fait un clin d’œil qui me décroche un petit sourire. Dash sourit à son tour, et ça fait plaisir à voir après tout ces moments de déprime. Je la salue une fois la visite finie, ayant dans l’idée de retourner dans ma chambre pour rassembler mes affaires. Arrivé au bout du couloir, j’entends la voix de mes parents. Y’a de la tension dans l’air ; je décide de m’approcher, restant près de la porte.

“Ce n’est pas en privant Shane de faire de la mécanique que cela va l’aider à réfléchir. Tu sais très bien que c’est sa passion, et puis le punir à son âge, ce n’est pas un peu exagéré ?, tente d’argumenter Shawn.

“Je l’interdis de toucher un moteur car je sais qu’il va recommencer, et tu en as parfaitement conscience”, réplique Lena avec autorité.

“Tu sais également qu’il trouvera une alternative ? Tu n’arriveras pas à l’enfermer éternellement dans une routine.”

“Je sais mon amour… Tu as déjà été sur un circuit… Shane n’a jamais vu ce qu’il se passe vraiment pendant une course. Ça va tellement vite que les caméras ne peuvent pas filmer les confrontations entre pilotes.” soupire-t-elle.

“Tu le crois pas assez robuste pour ça ?”

Elle hoche de la tête, confirmant ainsi sa vraie inquiétude, une inquiétude maternelle qui refuse qu’on fasse du mal à son fils. Mon père glisse un sabot sur sa joue, la regardant dans les yeux, avant de soupirer.

“Tu veux que je le sponsorise ?”

“Toi ? Depuis quand tu sponsorises ?” interroge Lena.

Il ricane jaune en souriant bêtement.

“Je t’expliquerai ça plus tard.”

Elle lève un sourcil soupçonneux.

“Tu as impliqué la maire de Ponyville pour qu’elle te sponsorise, n’est-ce pas ?” dit-elle d’un air dépité.

“Et le maire de Cloudsdale aussi… Tu sais ? La marque pégasis ?” répond mon père, embarrassé.

Lena est complètement consternée par le comportement d’adolescent de son mari.

“Si jamais… Si jamais notre fils a de nouveau un accident, cela sera pas notre fils qui va prendre… mais toi et ta dignité d’étalon.”

Elle jette sa crinière en arrière prenant un air, une tenue… Séductrice et provocatrice. J’ai du mal à croire que j'assiste au chantage de ma mère vis à vis de mon père.

“Cela fait longtemps que je n’ai pas fait part de notre… activité personnelle avec ta mère. Je suis sûr qu’elle serait fière de la performance de son fils avec sa belle fille.”

La tête de mon père démontre clairement une inquiétude et connaissant ma mère, il a de quoi s’inquiéter.

“Tu ne toucheras plus cette croupe que tu aimes, tant que Shane ne sera pas qualifié pour la coupe de Canterlot.”

L’air digne, ma mère se redresse et passe à côté de lui en lui fouettant le museau avec sa queue. Elle se stoppe soudainement lorsqu’elle m'aperçoit.

“Sh...sh...Shane ? Depuis quand tu nous écoute ?” demande-t-elle embarrassée tout en remettant sa crinière.

“Depuis le début pour t'avouer” je réponds sur un ton neutre et calme.

Elle ricane toute gênée avant de s'éclipser en lançant une phrase d’échappatoire.

“Ton père veut te parler .”

Il prend le relais, permettant à mère de disparaître après sa menace osée portant sur l’intimité de mon père.

“J’aurais pensé que tu sauterais de joie après la nouvelle.”

Je ne montre à mon père qu’un sourire. Ce que je ressens, en revanche, est au-delà même de la joie. Dans ma tête, je voltige de partout en faisant tout plein de figures dénuées de sens tout en criant de joie à la manière d’un héros de manga.

“Tu m’as toujours appris à être humble, non ?” dis-je en souriant bêtement.

Mon père ricane en voyant que je bouillonne d’excitation.

“Tu es conscient que ça va être difficile ? Il ne suffit pas de savoir prendre des virages, il faut de la condition physique et ce n'est pas avec tes sabots de mannequin que tu vas faire la différence.”

Je regarde mes sabots par réflexe.

“Le problème, c’est qu’il nous faut une équipe. Tu es conscient que je ne pourrais pas être tout le temps là. Je te laisse carte blanche pour ça.”

Il pose ensuite son sabot sur mon épaule alors que je le regarde, impatient de savoir ce qu’il va me dire.

“Tu as le droit également de composer ton équipe avec tes amies les juments.”

“PAPA !” je lance avec énervement mais aussi en rougissant de honte.

Je ne sais pas ce qu’ils ont mes parents à vouloir absolument me voir avec une petite amie. Je suis certain qu'ils se mêleront de ma vie sexuelle lorsque je serais marié pour absolument voir leurs petits enfants avant leur mort.

“Bref, ta première course est dans trois mois. D’ici là, je t’aurai fait gagner quelques grammes de muscles avec un régime spécial et des séances. Ce week-end, on verra pour un casque et pour ce qui est du moteur. On a pu récupérer le tien, il est entre les sabots des mes collègues mécaniciens et ingénieurs. Sacré moteur que tu as conçu, ils vont juste le rafraîchir et le perfectionner pour qu’il soit aux normes. ”

Je me serais cru dans l’armée un moment donné, mais on reconnait bien là le patron d’écurie.

“Les premières courses seront juste des mises en bouche pour toi, car tu seras préparé face à des amateurs qui croient qu’enfiler un casque dernier cri font d’eux des pilotes aguerris. C’est ce qui les rend encore plus dangereux et imprévisibles.”

Eh bien, c’est donc ça le vrai visage de mon père. Ça me plait, un passionné tout comme moi. Tel père, tel fils dit le dicton et ça n'a jamais été aussi vrai.

“Je te brieferai au fur et à mesure, les règles ont changés depuis quelques mois. Attends toi à te faire bousculer lorsque tu seras en professionnel, d’où l’importance d’avoir une bonne condition physique. Des questions ?”

“Euuuh non monsieur.” je dis d’un ton sec et rapide.

“Tu logeras dans mon école où tout est centralisé. Ton billet est déjà payé, je t’attends là bas alors ne tarde pas.” Dit mon père en prenant un ton plus amical.

Le parcours sera long et semé d’embuche, les adversaires seront de plus en plus forts et vicieux. Je suis encore étonné que ma mère ait approuvé l’idée de mon père. Ce n'est pas dans ses habitudes de céder car elle est du genre têtue et dominante par moment. Elle commence à lâcher la bride comme dirait mon grand-père. Il est temps de prendre la relève.