Chapitre 16. La Famille.

« Maman ! » M'écriai-je, regardant Edward en rougissant. Je vis également Shay se mettre à rougir et fusiller Edward du regard. Aurait-il vu ce que j’éprouvais pour lui ? Serait-il jaloux ? Nan... Impossible !

« Au fait Ysé ? » Demanda justement l'intéressé, je tournai la tête vers lui.

« Il faudrait peut-être penser à comment est-ce qu'on appellera notre enfant, tu crois pas ? »

Je ne pus m'empêcher de me frapper le sabot contre le visage. Il était jaloux.

Avant même que j'ai le temps de répondre, Edward se mit devant lui, le fusillant du regard avant de rabrouer, acerbe :

« Je ne pense pas qu'Ysé veuille garder ce bébé, elle a toute sa tête elle au moins !

-Qu'est-ce que « môsieur je me croyais le premier alors que je ne suis que le deuxième » insinue au juste ?! » Répondit le blondinet, sur la défensive.

« Oh, rien du tout. Juste que, de un, nous sommes en guerre et que ce n'est vraiment pas le moment de perdre l'un de nos meilleurs éléments, de deux, c'est de l'inceste et, de trois, vous n'êtes que des gamins de 16 ans, remarque, Ysé devrait être assez mature, mais j'ai surtout peur à propos du père, étrangement. »

Les garçons... A peine voulus-je, ne serait-ce que calmer le jeu, que Shay avait déjà sorti sa mini-mitraillette et la pointait vers l'étalon gris à l'épaisse crinière noire et aux beaux yeux bleu ciel. Celui-ci, loin d'être impressionné, sortit sa propre mini-mitraillette et les deux mirent leurs armes en joug. Twilight poussa un cri et, sans réfléchir, je me mis entre les deux canons, un centième de seconde avant qu'ils ne tirent.

« Ysé ! Non mais ça va pas la tête ?! Tu veux mourir ou quoi ?! » Me hurla Shay, je le fusillai du regard du coin de l'oeil.

« Je te retourne la question, frangin. » Les deux semblèrent se rendre compte de ce qu'ils faisaient et rangèrent leurs armes, rouges de honte.

« D-désolé... Je me suis emporté... » Fit Edward, Shay le fusilla du regard, j'amplifiais l'intensité de mon propre regard envers lui et il baissa les yeux.

« Mouais... Désolé...

-Je préfère ça, bon reprenons notre chemin, voulez-vous ? » La princesse de l'amitié, quand à elle, acquiesça et nous nous remîmes en route, en file indienne, Twilight en tête, Edward derrière elle, moi derrière lui et Shay derrière moi, ainsi, nous limiterons les disputes.

**

Nous arrivâmes au château tandis que la lune était à son apogée.

« Bien, vu la dispute de tout à l'heure, j'aimerais éviter de vous laisser seuls dans une chambre tous les deux. Aussi, Edward dormira avec Crescendo et Shay avec Nova, ça te permettra de faire connaissance avec les autres membres de la famille, il n'y a pas que Amethyst après tout !

« Hum... Amethyst ? » Demanda Shay avec perplexité, Edward regardant la princesse avec tout autant de curiosité. Celle-ci se rendit compte de ce qu'elle venait de dire et se mit à rougir, je me souvins alors qu'il s'agissait de mon prénom originel.

« J-je voulais dire Ysé ! Ma langue a fourché, excusez-moi ! Bon, euh... On est tous fatigués, A... Ysé, tu n'auras qu'à dormir dans la chambre à côté de la mienne, montez au deuxième, Nova et Crescendo vous y attendent... Quand à moi, je dois régler quelques petites choses, à plus tard ! » Répondit rapidement ma mère avant de disparaître en laissant une sorte de nuage de poussière violette derrière elle, tant-elle était partie vite. Les deux étalons se regardèrent en haussant les épaules et se dirigèrent vers les escaliers.

Moi, je ne bougeai pas, je continuai de regarder la direction dans la quelle ma génitrice était partie.

« Ysé ? Tu ne viens pas ? » Demanda Shay au bout d'un moment, voyant que je ne les suivaient pas.

« J'arrive tout de suite, j'ai juste une... Petite chose à régler avant. » Répondis-je avant de me diriger dans la même direction que l'alicorne lavande.

Je continuais de marcher le long de ces si longs couloirs, j'eus l'impression qu'ils n'en finissaient pas, comment ce château peut-il être aussi petit d'extérieur et aussi immense d'intérieur ?! C'est alors que j'entendis un bruit venant d'une porte au fond. Une fois arrivée devant, je vis qu'elle était entrouverte, la poussant légèrement et silencieusement, je regardai dans l'entre-bâillement, découvrant un grand salon chaleureux avec un grand canapé et 2 fauteuils de velours rouges que je voyais de dos, les fauteuils légèrement tournés vers une cheminée où un feu était allumé, seule source de lumière de la pièce et qui, elle, me faisait face. Les sanglots venaient du grand canapé.

J'ouvris un peu plus la porte, toujours aussi discrètement, puis, m'avançant à pas de loup, et, le contournant, je vis ma génitrice, recroquevillée sur elle-même dans le canapé, en position latérale de sécurité. Doucement, je m'assied à ses côtés, posant une aile sur son dos. Elle releva la tête, surprise, les yeux larmoyants, puis, me voyant, vint se blottir contre moi en continuant de pleurer. Sans un mot, je commençai à lui caresser la crinière et à refermer mes ailes sur elle. Je ne savais pas ce qu'elle avait mais je voyais bien qu'elle allait me le dire.

« Oh Ysé... Si... Si tu savais comme je m'en veux de vous avoir abandonnés, Shay et toi... J-je crois que je ne me le pardonnerai jamais... C-c'était comme cette fois où...où j'avais abandonné mes amies de Canterlot, où...où j'avais abandonné Moon...Moondancer... »

Bégaya-t-elle. Je ne voyais pas bien de quoi elle parlait sur ces « amies de Canterlot » et encore moins sur cette « Moondancer », mais l'important était qu'elle devait absolument consoler sa mère et ne pas la laisser penser à de telles bêtises.

« Maman enfin, tu sais aussi bien que moi que tu n'avais pas le choix... Et je ne t'en ai pas voulu une seule seconde... Donc... T'as pas fini de pleurer ? C'est le rôle des enfants de pleurer et se de se faire réconforter par leur maman tout de même ! » Lui dis-je finalement, un léger sourire apparaissant sur mes lèvres, je sentis qu'elle me serrait un peu plus.

« Mais Ysé... Tu ne pleures pratiquement jamais... Edward et Shay me l'ont dit... Ton boss aussi... » Je sentis mon cœur se serrer et, doucement, cherchais mes mots.

« Je... je me suis forcé à oublier comment on faisait... Tous les autres à l'orphelinat me mettaient de côté parce que je n'étais pas comme eux, une fois à l'agence, c'était parce que j'étais orpheline, le boss qui venait de m'adopter m'a laissée dans sa maison et confiée à Eden, il n'a jamais été un père pour moi et maintenant, il m'a trahie, ainsi qu'Eden... Celle qui pourtant... était comme une mère pour moi... Tu ne peux pas faire pire qu'elle... sans parler d'Anissa... elle m'a tout appris, elle a été une incroyable grande sœur et... et elle morte par ma faute... » Achevai-je, sentant que finalement, des larmes coulaient le long de mes joues.

Rapidement, nous inversâmes les places, moi pleurant en me remémorant ces douloureux souvenirs et Twilight me consolant.

Au bout d'un moment, nous arrêtâmes toutes les deux de pleurer et nous regardâmes. Nous avions exactement la même tête ; les cheveux en bataille, les yeux rouges, les yeux encore humides, des larmes à leur creux. Nous nous fixâmes ainsi pendant un long moment puis, finalement, éclatâmes de rire, nous roulant par terre, l'une contre l'autre.

« Tu devrais voir ta tête ! » Fis-je à ma mère.

« Et toi la tienne ! » Me répondit-elle. Nous nous arrêtâmes, nous regardâmes à nouveau et, partîmes dans une nouvelle crise de fou rire.

Finalement, nous relevant en reprenant notre souffle, nous nous rassîmes dans le canapé, regardant le feu crépiter.

**

« Tu sais... Quand j'étais petite, j'ai toujours rêvé que ma mère et mon père soient la grande reine et le grand roi d'Equestria et qu'ils étaient en réalités d'anciens Bad Girl et Bad Boy qui avaient décidé de devenir des poneys, à l'époque, je ne savais pas que Celestia régnait sur Equestria depuis plus de mille ans avec sa sœur et qu'elle n'avait jamais eu de mari ni de fille ! » Racontai-je à ma mère après un long silence, riant. Celle-ci gloussa également avant de me répondre :

« J'imagine bien la déception que tu as dû avoir en découvrant qui étaient les régents du pays ! » S'esclaffa-t-elle.

C'est alors qu'une voix masculine que je connaissais bien se fit entendre derrière nous.

« Effectivement, quelle déception ça a dû être... Mais, tu sais que si tu changes d'avis maintenant, tu peux encore devenir reine ! »

Je sautai hors du canapé, me tournant vers Mark, prête à me battre, ma mère s'envola et lui lança un rayon laser. Le jeune homme esquiva d'un salto arrière avant de sortir une dague. Je me transformai en humaine, cherchant désespérément de quoi nous défendre, en vain. C'est alors que la dague vint se planter dans la manche de mon blouson, me clouant au mur et, avant que j'ai le temps de réagir, 3 autres dagues vinrent se planter dans mon autre manches de blouson et dans mes manches de pantalon, me faisant faire une étoile sur le mur. J'avais oublié que Mark ne sortait jamais sans minimum 5 couteaux, c'était son arme de prédilection, il était le « Maître des Couteaux ». Ma mère se précipita vers moi, dans le but de me protéger et de me libérer, cependant, le jeune homme courut vers elle vitesse éclair, et, sans lui laisser le temps de faire quoi que ce soit, lui donna un violent coup derrière la tête, l'assommant.

« Nous y voilà... Maintenant, tu choisis, sois, tu deviens ma reine, sois, tu meurs ici et maintenant. » Déclara-t-il en s'avançant, faisant courir son dernier couteau sous mon menton et le forçant à se soulever. Je grimaçai, fermant les yeux, puis, les entrouvrant, un sourire aux lèvres, je lui lançai un regard de défi.

« Plutôt crever. » Répondis-je. Le jeune homme grimaça et son regard devint noir.

« Tu l'auras voulu, puisque c'est ce que tu souhaites... » Il brandit son arme, prête à me la planter en plein cœur.

Je fermai les yeux. Finalement, j'allais mourir maintenant. Maintenant ou plus tard, qu'est-ce que ça peut changer ? J'espérais juste que Shay et Edward parviendraient à arrêter Mark... J’attendais le coup fatal, j'avais tant de fois frôler la mort, cette fois, c'était la bonne.

J'entendis la lame fendre rapidement les airs et tandis que j'entrouvris les yeux pour la voir venir s'abattre sur moi, une tache lavande apparut dans mon champ de vision, juste sous la dague. A peine eu-je le temps j'essayais de comprendre ce qu'il venait de se passer, j'entendis une lourde masse tomber au sol, à mes côtés, tournant la tête dans la direction de ce bruit, je vis ma mère, me souriant tendrement, la dague plantée en plein cœur, une grande tâche de sang se répandant sur elle et le sol.

« Je t'aime ma chérie... » Murmura-t-elle avant de fermer les yeux pour toujours. Je hurlai.

**

« Maman ! »

C'est alors que j'ouvris grand les yeux, me redressant, en nage, haletante. Je regardais autour de moi. J'étais dans le canapé du grand salon, sous ma forme équine, il n'y avait d'odeur de sang nulle part et pas de Mark, je cherchais désespérément après le pelage lavande de ma génitrice. Je croisai presque de suite ses yeux d'un violet sombre. Elle était assise au bord du canapé, derrière moi, et me regardait avec surprise, sans dague ni sang sur elle et en vie.

« Ysé, est-ce que ça va ? » Demanda-t-elle, l'air inquiète. Sans réfléchir, je bondis dans ses pattes, pleurant. Elle m’étreignit bien qu'elle devait être plus qu'étonnée.

« J-j'ai fais un horrible rêve... O-on était là, assises tranquillement et Mark est apparu, il nous attaquait, t'a assommée et m'a clouée au mur avec 4 dagues... M'a proposé de devenir sa reine car sinon, il me tuerait, j'ai refusé et... et alors qu'il allait me planter sa dernière dague... Tu as sauté entre nous et... et tu t'es pris la dague en plein cœur, tu étais par terre, tu... tu es morte !! »

Je tremblais de partout, mes larmes coulaient à flots lorsque je revoyais ma chère mère, mourir à son tour, comme Anissa, m'abandonnant, comme Eden. La jument se mit alors à me caresser la crinière pour me rassurer. Je me recroquevillai contre elle et elle commença à me border, tel un nouveau né.

« Tu sais que tout cela n'était qu'un cauchemar... Ne t'en fais pas, ça n'arrivera pas, je viens de vous retrouver et je n'ai pas l'intention de vous abandonner de si tôt... Là... calme toi... » Me souffla-t-elle doucement.

Je me calmai lentement et nous restâmes dans la pièce pendant encore un long moment, silencieuses, puis, ma mère finie par reprendre la parole dans un bâillement :

« Bon, nous devrions allons nous coucher, il se fait tard. » Je hochai la tête, songeuse. Et tandis que je me levais et me dirigeai vers la porte, ma mère posa son sabot sur mon épaule. Je tournai la tête vers elle tandis qu'elle reprit :

« Au fait, tu feras attention avec ton enfant, chez les Alicornes, la grossesse est accélérée, aussi, il ne prendra que 9 semaines pour naître. Et si tu veux qu'il naisse poney, tu devras être sous cette forme là, maintenant, si tu as d'autres question, ce sera pour demain, essaye d'avoir une bonne nuit... Il y a des anti-douleurs dans le tiroir de la table de chevet mais je ne sais pas si ils suffiront... »

Fit-elle simplement en me doublant, s'engouffrant dans le couloir et éteignant le feu par magie, à distance. Je la regardai, dubitative, et finie par la suivre, rejoignant ma chambre.

Une fois sur mon lit, le sommeil ne vint pas.

Mon ventre me faisait souffrir le martyr.