Chapitre 4 : Le début des ennuis

Cela fait déjà une semaine. Une semaine où ma vie quotidienne a repris son cours, si l’on exclut le fait que je sois avec Luna. Dans la semaine, outre le fait que je continuais mes diverses expériences avec mes potions, la magie et l’exploration de la forêt ainsi que son étude, Luna me rendait parfois visite, le soir principalement et moi aussi je suis passé la voir à deux reprises au château. Mais c’est plus compliqué pour moi que pour elle et au vu des regards que l’on m’adresse, j’ai bien peur que les rumeurs ne se limitent plus aux gardes.

Cette semaine fut en tout cas merveilleuse. Je ne me suis jamais senti aussi bien depuis des années et la mélancolie qui me prenait a disparu totalement. Et je pense que c’est la même chose pour Luna. En tout cas, elle semble de plus en plus heureuse, je le vois dans son comportement. À moins qu’elle ne soit comme cela qu’avec moi mais j’en doute fort.

Mais je ne me fais pas d’illusion. La nature est sans cesse en équilibre, quel que soit le domaine. Je sais que tout ce bonheur que l’on ressent et que l’on partage elle et moi sera rééquilibré par les terribles lois de la nature. Je sais que tôt ou tard il n’y aura plus de simples rumeurs. Un jour, quelqu’un nous verra, nous entendra ou même que l’une des amies de Twilight sera trop indiscrète.

Ce jour-là, je ne sais pas ce qui va se passer. Peut-être voudrait-on me tuer par jalousie ? Peut-être voudrait-on m’interroger sur ma relation avec Luna ? Je m’imagine déjà ces centaines de milliers de journalistes affluer pour me poser toutes sortes de questions et parmi toutes ces personnes, j’en vois déjà cachant un poignard ou toutes autres sortes d’armes pour tenter de m’assassiner. C’est vraiment les deux pires craintes que j’ai en ce moment.

Autant je me désintéresse du passé, autant mon avenir me fait peur car je sais qu’il pourrait être tragique. Je ne sais pas comment Luna réagirait face au fait que l’on tente de me faire du mal. Elle pourrait devenir folle de rage. Dans le pire des cas, redevenir Nightmare Moon et en vouloir à son propre peuple. À vrai dire je ne préfère pas y penser.

C’est là que je sors de mes pensées justement. Devant cette fleur aux quatre pétales jaunes et aux étamines ainsi qu’au pistil blanc, son centre, là où se trouve le précieux nectar vert. Elle reflète magnifiquement la lumière du soleil en absorbant une partie pour n’y laisser percevoir que sa couleur jaune afin d’attirer les insectes. Que devais-je faire avec elle déjà ? Ha oui, la cueillir. Ses pétales contiennent une substance chimique intéressante pour mes potions. Peut-être que je devrais faire une sélection de ces fleurs pour en faire un joli bouquet à Luna. Ce serait un peu vieux jeu et niais mais cela lui ferait plaisir, j’en suis sûr.

Toute la journée je n’ai fait que cela. Cueillir des fleurs pour mes potions tout en pensant à Luna et cela m’a un peu fatigué de marcher toute la journée dans un terrain accidenté tel que la forêt d’Everfree. Un repos bien mérité m’attend chez moi.

Je soulève donc le rocher sensé boucher l’entrée de ma grotte et la camoufler, à l’aide de ma magie. Mais une fois celui-ci remis à sa place et ma demeure totalement refermée. J’entends une bien étrange voix s’élever.

« Vous voilà enfin, cela fait un moment que je vous attends. » Se réjouit-elle d’un air narquois.

Je commence à stresser et mon cœur s’accélère pris par la panique et la peur. Mes oreilles se plaquent contre mon cou. C’est là que je la voie, la personne qui me parle et qui s’est introduite chez moi. Elle est allongée sur mon lit en plus et me fixe avec ses grands yeux verts qui luisent dans l’ombre. Je ne mets pas longtemps à la reconnaitre. C’est Chrysalis la reine des changelings. Je ne l’avais vu qu’à travers des dessins dans les livres et des descriptions mais en vrai elle est encore plus effrayante. Je commence à trembler. Je ne sais pas quoi faire face à elle, fuir ne servirait à rien, le temps que j’ouvre ma grotte elle m’aura mise à terre et je n’ai pas non plus envie de la contrarier. Alors ne sachant quoi faire je ne bouge pas.

Elle se lève et se dirige vers moi d’un pas assuré et un large sourire.

« Allons, allons mon cher, je sais que je suis impressionnante mais tu n’as nul besoin de te mettre dans de tels états. » Me dit-elle tout en souriant.

Pourquoi n’a-t-elle pas pris l’apparence de Luna ? Pourquoi ne pas avoir essayé de me duper ? Peut-être qu’elle pense que c’est inutile ou qu’elle a une autre idée en tête. Mais je pense qu’effectivement, même si elle avait pris l’apparence de mon amour j’aurais surement remarqué que quelque chose n’allait pas. Surtout que Luna me prévient quand elle va venir lorsque nous partageons le même rêve.

« Que faites-vous là ? Que voulez-vous ? » Parvins-je à formuler la voix tremblotante.

Elle se met à rire sadiquement.

« Que suis-je venu faire chez toi ? Cela semble évident. Je suis venu prendre l’amour que tu portes pour Luna. »

Je soupire, évidemment je le savais très bien. Je ne sais même pas pourquoi je lui ai posé la question.

« Comment savez-vous pour Luna et moi ? » Lui demandé-je.

Elle me regarde de haut tandis que j’ai la tête basse effrayée. Elle reprend son rire plein de malice, je n’aime pas du tout son rire et sa voix me casse les oreilles.

« Tu crois vraiment que je ne sais pas ce qui se passe dans le royaume ? Mes enfants sont dissimulés un peu partout ainsi, je sais tout ce qui se passe. L’un d’entre eux a remarqué ton amour pour elle. Je sais que vous êtes ensemble, je le sens. Tu es isolé dans cette forêt avec l’amour d’une princesse en toi. C’est comme si on m’offrait un délicieux gâteau. » Se réjouit-elle en se léchant les babines.

Je ne sais pas ce que cela fait de se faire absorber son amour par un changeling, mais je n’ai pas envie de le savoir. En plus, je préfère mourir que de ne plus être amoureux de ma princesse. Je m’oppose donc à elle, générant un bouclier dynamique pour l’empêcher de me toucher. Son sabot est donc stoppé par celui-ci lorsqu’elle tente d’attraper l’une de mes pattes.

« Oh allons, n’aies crainte. Si tu ne résistes pas, je feraif en sorte que ce soit le moins désagréable possible pour toi. » Tente-t-elle de me rassurer.

Je ne crois pas un mot de ce qu’elle dit. Je sais qu’elle va me faire souffrir. Je suis coincé et je doute que mon bouclier puisse la retenir bien longtemps. Malgré tout, désespéré, je le renforce le laissant apparent. C’est beaucoup plus dur de maintenir stable un sort comme celui-ci. Je vais vite m’épuiser je le sais très bien mais, que puis-je faire d’autres ? Utiliser la magie noire serait une très mauvaise idée, je sais que je perdrais le contrôle. Je serre les dents, je ne peux rien faire et cela m’est très frustrant malgré la peur qui m’habite.

Elle se met à rire, sans doute que cela l’amuse de voir sa proie lui résister.

« Tu penses vraiment que t’enfermer dans ta bulle va te protéger de moi ? Ce n’est pas contre toi que je veux me nourrir de ton amour. Comprends-moi, je fais cela pour survivre, j’ai besoin de manger et ton amour que tu portes pour Princesse Luna va me permettre de vivre au moins un bon mois. D’ailleurs, je dois vous remercier, sans votre amour, je crierais famine. »

Sa corne se met à briller et elle commence à tirer des rayons de magie sur mon bouclier pour me faire céder. Chaque fois que mon bouclier en reçoit un, j’utilise une quantité phénoménale d’énergie pour le maintenir en place. Au bout d’une dizaine de coups je me retrouve, totalement épuisé, allongé sur le sol, réduisant la taille de mon bouclier pour économiser de l’énergie. Elle s’acharne, ne s’arrêtant pas jusqu’à que je cède. Riant en me voyant m’épuiser à force de lui résister.

Totalement épuisée et à bout de souffle, elle parvient à faire voler en éclat mon bouclier dont les morceaux se dissipent dans l’air. Je la regarde, recroquevillé au sol, les larmes aux yeux. Elle m’attrape avec sa magie pour m’allonger sur le dos, sur le lit. Elle s’allonge ensuite sur moi pour m’empêcher de bouger. Être contre elle me dégoute au plus haut point et je n’ai qu’une envie la repousser, mais je n’en ai pas la force et elle est beaucoup trop lourde pour moi.

« Allons, Allons, ne pleure pas, cela ne dure qu’un moment et ça ne fait pas mal. » Dit-elle d’un sourire carnassier.

Elle approche son visage près du mien que j’essaie de fuir en tournant la tête. Je vois sa corne briller, une énergie verte commence à sortir de ma corne pour rejoindre la sienne. C’est là que je la sens entrer dans mon esprit pour en absorber tout l’amour que je porte pour Luna. Un fulgurant mal de crâne me prend et je commence à hurler de douleur en gigotant, essayant de trouver une échappatoire en vain.

Au fur et à mesure qu’elle prend mon amour, je me sens de plus en plus vide, vide d’émotion, vide de bonheur. Ne me laissant plus que la tristesse et le désespoir gagner mon cœur. Cela dura près de cinq minutes. Cinq longues minutes qui m’ont semblé interminables. Une fois qu’elle a terminé, qu’elle m’a tout pris et s’est bien nourri de mon amour, elle recule légèrement la tête pour me voir sangloter, le visage en sueur et les joues pleines de larmes.

« Voilà, ce n’était pas si difficile, non ? Merci de m’avoir donné ce festin, je me sens bien mieux. » Se réjouit-elle avant de rire.

Elle se relève et descend du lit pour commencer à sortir. Je ne bouge pas fixant le plafond, le regard vide. Je ne ressens plus rien à part de la tristesse. Chrysalis se dirige vers l’entrée de ma grotte, déplaçant le rocher pour l’ouvrir et s’en aller.

« Pas de bêtise en mon absence. Je reviendrais très bientôt, j’espère que la prochaine fois tu seras plus coopératif. » Dit-elle avant de refermer ma demeure en riant de manière diabolique.

Ce qu’elle me dit raisonnait dans ma tête. Elle va revenir, elle va revenir et me faire souffrir encore une fois. Combien de temps cela va durer avant qu’elle ne soit rassasiée ? Sans doute jamais. Elle aura toujours besoin de se nourrir et je suis devenue sa réserve de nourriture. Je ne suis même pas sûr que Luna puisse m’aider. D’ailleurs, je ne sais même pas comment elle va réagir quand elle va l’apprendre. Sans doute qu’elle va devenir folle de rage. Mais lui cacher serait une mauvaise idée. Elle risque de m’en vouloir et n’aura plus confiance en moi.

Je me recroqueville sur moi-même en m’enroulant dans les draps, sanglotants. Heureusement que cet état ne dure pas. Le vide que je ressens en moi commence à se remplir de nouveau. Mes pensées pour Luna reviennent et la tristesse s’efface petit à petit. Au fur et à mesure du temps je finis par me calmer. Mon amour pour Luna me revient. Mais je ne bouge pas, épuisé mentalement par ce traumatisme. Je reste là, plusieurs heures, recroquevillé dans mon lit, mes draps souillés de larmes.

Le sommeil finit par m’emporter. Me retrouvant de ce coin de paradis imaginaire que nous avions construit ma princesse et moi. Sauf que la fontaine est devenue plus agitée. Les fleurs sont toutes fermées et un orage a éclaté, faisant tomber des trombes d’eau et déchirant le ciel à l’aide de nombreux éclairs bourdonnants.

Sans surprise, lorsque Luna arrive, elle remarque tout de suite que quelque chose ne va pas. Elle éclaircit le ciel faisant cesser la rage de l’orage ainsi que la pluie. Elle pose délicatement son sabot sur mon épaule et je me retourne pour la regarder à l’aide d’un faux sourire.

« Que se passe-t-il mon amour ? » Demande-t-elle inquiète.

Je l’enlace, les larmes aux yeux, craignant sa réaction et ne voulant pas partager cette souffrance avec elle. Elle fait de même et me serre fort contre elle à l’aide de ses ailes.

« Dis-moi tout. » Continue-t-elle de plus en plus inquiète.

« Tu me promets de ne pas t’énerver ? » Lui demandé-je sans grand espoir.

« Promis, je resterais calme quoi que tu me dises. » Répond-elle en me gardant contre elle.

Je sais qu’elle va s’énerver, je sais que cela va lui faire du mal, mais je n’ai pas le choix, je dois lui dire.

« D’accords. C’est Chrysalis… Elle est passée me voir pour se nourrir de tout l’amour que j’ai pour toi. » Avoué-je tout bas.

Luna me lâche et s’écarte de moi pour se rendre au bord du bassin formé par la fontaine. En m’éloignant de moi, j’ai bien vu sur son visage que la rage montait en elle. Je me rapproche d’elle, m’inquiétant de sa réaction.

« Luna ? » l’appelé-je de plus en plus inquiet.

Le ciel s’assombrit rapidement, bientôt les éclairs déchirent le ciel et électrisent les arbres qui se mettent à brûler. Le vent se lève également.

« Je ne vais pas laisser cet insecte te faire du mal. » Dit-elle d’une voix plus grave.

Je recule légèrement de peur. Elle se retourne, ses yeux ont changé, ses pupilles sont devenues des fentes. Ses dents sont plus longues devenant des crocs acérés. Elle s’envole, prenant de la hauteur en me regardant. Des tornades finissent par se former emportant tout sur leurs passages.

« Tu entends ?! Elle ne te fera pas de mal ! Je vais l’arrêter, je vais la tuer ! Je vais lever mon armée contre son essaim, quel qu’en soit le prix ! » Me crie-t-elle folle de rage.

Je ne vais pas la laisser faire sur un coup de tête. Cela ne servirait à rien d’envoyer des poneys à la mort rien que pour moi, surtout qu’on ne sait même pas de quoi est capable Chrysalis. Et qu’en bien même je ne veux pas avoir le poids de millier de poneys mort sur mes épaules à cause d’une guerre inutile. En plus, c’est surement ce que cherche à faire Chrysalis, qui sait ?

« Non ! » M’opposé-je à elle en la regardant et en fronçant les sourcils.

« Si ! Elle a déjà attaqué lors du mariage de cadence voulant prendre le contrôle du royaume tout entier ! Je ne la laisserais pas faire souffrir d’autres poneys ! Je vais la détruire et en finir une bonne fois pour toutes avec elle ! » Continue-t-elle aveuglée par la haine.

« Luna ! Arrête ! » Lui ordonné-je en criant, me mettant sur mes gardes, comme si j’étais prêt à me battre contre elle pour la stopper.

Elle me regarde perdant son sourire de vengeance qu’elle s’imaginait. Je fronce les sourcils pour lui montrer mon sérieux et à quel point je ne suis pas d’accord avec ce qu’elle veut faire. Elle descend donc et se pose au sol.

Je m’approche d’elle, toujours énervé. Sa tête reste basse les yeux rivés sur le sol.

« Comment vais-je faire alors pour te protéger ? » Me demande-t-elle attristée.

« Tu ne peux rien faire. Mais je ne compte pas la laisser se nourrir de mon amour, on trouvera une solution. » Tenté-je de la rassurer.

Les éclairs et les tornades disparaissent et le ciel commence à s’éclaircir de nouveau mettant fin à la transformation de ce rêve en cauchemar. Luna ferme les yeux et serre les dents. Je vois des larmes couler sur ses joues. Quelques secondes après elle me saute dessus, me renversant sur le sol et me serrant fort pour éclater en sanglots contre mon torse. Je sens ses chaudes larmes contre moi. C’est la première fois que je la vois dans un tel état et cela me brise le cœur.

« Je ne veux pas que notre amour te fasse souffrir. » Me dit-elle tristement.

« Cela m’a apporté bien plus de bonheur que de souffrance. » Tenté-je de la rassurer et de la calmer.

« T’a-t-elle fait du mal ? » Me demande-t-elle en me regardant.

« Non, elle ne m’a pas frappé, ni même blessé. Elle a juste pris ce dont elle voulait de moi avant de s’en aller. Mais cela reste une expérience très traumatisante. » Dis-je sincèrement.

Je passe mes sabots dans sa crinière et la caresse pour qu’elle se calme. Mon torse est trempé de ses larmes. Mais je la vois se calmer avec le temps.

« Je suis désolée, terriblement désolée. C’est entièrement de ma faute ce qui t’est arrivé. » Culpabilise-t-elle.

Je refuse qu’elle dise cela, c’est autant de ma faute que la sienne, on ne pouvait pas savoir. Je me doutais qu’être son amant allait m’entrainer dans un gouffre sans fond et j’ai quand même pris le risque parce que c’est ce que je veux, être avec elle et personne d’autre. Quoi qu’il en coute, même si ma vie est menacée, même si j’en meurs, je resterai aux côtés de Princesse Luna.

« Non, ne le sois pas, ne te sens pas coupable. Je savais très bien que j’aurais des problèmes en devenant ton amant, que ce ne serait pas facile, que de nombreux obstacles me barreraient la route. J’aurais pu en rester là cette nuit-là. Mais, j’ai décidé de m’engager dans cette relation, parce que je t’aime de tout mon cœur et je ne pense pas pouvoir aimer une autre jument. » Dis-je tendrement en prenant son sabot pour le mettre sur mon cœur.

Elle me regarde longuement remontant sa tête au niveau de la mienne. Je ne quitte pas son regard. Elle se remet à sangloter et quelques larmes tombent sur mes joues. Je sens ses sabots se faufiler dans mon dos.

« Alors, c’est mon devoir de tout mettre en œuvre pour te protéger, mon amour. » Dit-elle en sanglotant avant d’embrasser mon front.

Elle vient ensuite coller sa joue contre la mienne en caressant mon dos avec ses sabots. Elle reprend son calme et ferme les yeux. Je pose moi aussi mes sabots sur son dos et commence à la caresser pour la détendre. Au final, ce moment de tendresse finit par complètement nous calmer et nous détendre tous les deux. Ce n’est qu’au bout d’une dizaine de minutes qu’elle décide de briser le silence.

« Tu devras venir à Canterlot demain, à quatorze heures, juste après que ma sœur et moi aillons mangées. La réapparition de Chrysalis concerne tout le royaume. Surtout que tu la rends plus puissante. Peut-être a-t-elle un plan en tête. On ne peut pas la laisser faire et je ne peux pas te voir souffrir sans trouver une solution. » M’ordonne-t-elle.

« Très bien, je viendrais. » Acquiescé-je.

Le lendemains, je me rends donc à Canterlot en début d’après-midi. Cela me met toujours mal à l’aise que les gardes me laissent entrer sans problème dans le château, j’ai l’impression d’être privilégié et je n’aime pas cela. Je me rends donc à la salle du trône, là où Celestia et Luna m’attendent.

Lorsque j’entre, Celestia demande aux gardes et aux autres poneys, dont je ne connais pas la fonction, de sortir pour que nous soyons que tous les trois seuls. Elle ferme ensuite les portes. Mon amour descend alors les marches et me prend entre ses sabots. Je souris et viens poser ma tête contre son torse vu qu’elle est plus grande que moi.

« Je suis rassuré de voir que tu n’as rien, je m’attendais à te voir avec des blessures et des traces de coups. » M’avoue-t-elle.

Elle me regarde ensuite comme pour sonder mon esprit au travers de mes yeux avant de m’embrasser passionnément.

« Moi non plus, je ne m’attendais pas à ce que Chrysalis soit aussi clémente. » Me dit la princesse du soleil.

« Peut-être était-elle de bonne humeur. » Dis-je simplement.

Luna reste contre moi, prenant mon sabot avec le sien et passant l’une de ses ailes derrière mon dos. Je me plaque contre elle profitant du réconfort qu’elle me donne.

« Je ne pense pas honnêtement. Chrysalis est rusée, elle a bien failli prendre le contrôle de Canterlot une fois. Si elle ne t’a pas fait de mal c’est surement pour ne pas trop contrarier ma sœur et moi-même. J’ai peur que tout cela la rende très puissante et qu’elle tente d’attaquer Equestria une nouvelle fois. » S’inquiète-t-elle.

« Si cela arrive, ce serait ma faute. » Culpabilisé-je en baissant la tête.

« Non. » Me dit Celestia en fronçant les sourcils et en me regardant de haut.

Je relève la tête, surpris par la dirigeante solaire.

« Ce ne sera ni de ta faute, ni celle de Luna, ni la mienne. La seule responsable de ce qui arrive et arrivera est Chrysalis et personne d’autre, ai-je bien été claire ? » Me dit-elle d’un ton autoritaire.

Je baisse de nouveau la tête.

« Oui princesse. » Acquiescé-je.

Elle a le regard grave et sérieux. Elle a l’air d’être très préoccupée par la réapparition de Chrysalis. Luna a l’air plus inquiète, surement à mon égard et moi j’ai juste peur à l’idée que la reine des changelings vienne me voir de nouveau.

« Que comptez-vous faire contre elle princesse ? » Demandé-je à Celestia.

Elle soupire légèrement un peu désespéré.

« Il n’y a pas grand-chose que je puisse faire hélas. Si j’augmente le nombre de gardes dans le royaume ainsi que la sécurité, mes sujets vont s’inquiéter et cela finira par semer la discorde dans le royaume. Je ne connais pas non plus la force de son essaim. Il s’est sûrement agrandi depuis le temps. Je ne vais pas non plus envoyer mes gardes à la traque des changelings qui se dissimule parmi la population, cela pourrait semer le chaos également dans tout le royaume. » Me répond-elle en baissant un peu la tête.

Luna fronce les sourcils et baisse la tête elle aussi.

« En d’autres termes, nous sommes toutes les deux impuissantes face à elle. » Complète Luna d’un ton énervé.

Celestia se redresse et me regarde toujours aussi sérieusement.

« Mais je suis sûr qu’il existe une solution et nous la trouverons. Mais je pense que tu es le plus à même de la trouver Nagatsuki. Après tout, c’est toi qu’elle vient voir pour se nourrir et devenir plus puissante. Si tu trouves un moyen de la contrer alors, nous n’aurons plus rien à craindre d’elle. » Me dit-elle en souriant un peu.

Je la regarde un peu bouche bée. Est-elle en train de me dire que je suis le seul à pouvoir résoudre tout cela ? Qu’elle compte sur moi ?

« Je ne sais pas si je serais capable de trouver une solution. Chrysalis est beaucoup plus forte que moi, que ce soit physiquement ou avec la magie. Elle me dépasse totalement. Je ne vois pas comment la vaincre. » Je baissa la tête, désespéré.

Celestia pose son sabot contre mon torse en me regardant dans les yeux.

« Une bataille ne se joue pas forcément à la force physique, au nombre de poneys, ni même à la puissance magique que l’on engage dans la bataille. Je suis sûre que tu peux trouver une solution, il le faut. » Finit-elle d’un ton autoritaire.

Elle sait parler, il y a rien à dire là-dessus pour redonner de l’espoir. Mais bon, je ne me fais pas d’illusion.

« Je vais voir ce que je peux faire. » Dis-je sans enthousiasme.

Luna qui me tenait toujours contre elle avec son aile me regarde sans sourire semblant être un peu énervée.

« Même si cela ne me plait pas, je ne peux qu’être d’accord avec ma sœur. Tu es le seul à pouvoir trouver une solution à tout ça. Si cela ne tenait qu’à moi, je serais déjà en route avec toute une armée pour détruire son essaim. Mais ce n’est pas la meilleure solution, c’est même peut-être la pire de toutes, je le sais. » Finit-elle en passant à une expression plus désolée.

Je la regarde amenant doucement mon sabot sur sa joue pour la caresser.

« Excuse-moi pour cette nuit, je me suis emporté, je ne pensais pas vraiment ce que je disais. » Me dit-elle en fermant les yeux.

« Je sais Luna, ce n’est pas grave. »

Elle me prend entre ses sabots et me sert contre elle ce qui redonne le sourire à Celestia et le mien aussi. Je me blottis contre ma chérie en fermant les yeux, appréciant ce moment de tendresse.

« On ne pourra pas cacher votre amour éternellement. » Dit Celestia en baissant les yeux.

Même si je n’aime pas cette idée, c’est bien vrai. Un jour ou l’autre tout le royaume va finir par l’apprendre que ce soit volontaire ou non. Je regarde Celestia d’un air inquiet toujours collé contre mon amour.

« Je pense que l’on devra faire une annonce officielle dans quelques mois et dire au peuple ce qu’il en est entre vous deux. Je pense que c’est mieux que de le cacher et que vous vivez ensemble cachés. » Complète-t-elle en nous regardant.

Je serre un peu les dents en me projetant dans l’avenir. Que se passera-t-il quand tout le monde sera au courant ? Je vais gagner en popularité c’est sûr. Des tas de poneys vont surement me harceler de questions aussi. Certains s’aventureront surement dans la forêt à ma recherche. D’autres me traiteront peut-être comme un roi aussi. Mais, quelques poneys essayeront de m’intimider, me menacer où même pire me tuer. Je me cramponne à Luna à cette idée. Elle réagit assez rapidement en me voyant me crisper caressant mon crin avec son museau.

« Chuuuuut, Calme-toi mon amour. Ce sera toujours mieux que le peuple l’apprenne par lui-même ou que des rumeurs circulent. Je ne peux peut-être pas te protéger contre Chrysalis mais contre le peuple, je le peux et je le ferais. Fais-moi confiance. » Me dit-elle d’une voix réconfortante.

Je me détends grâce à ses paroles et ses caresses qu’elle me fait. Mais je sais que même si elle me protégera, il y a toujours un risque que quelqu’un tente de me faire du mal. Après, peut-être que je m’en fais trop et que personne ne s’en prendra à moi.

« Je te ferais toujours confiance. » Dis-je en lui souriant.

Luna me fait un grand sourire et embrasse ma corne ce qui me fait frissonner. Cela l’amuse d’ailleurs. Celestia nous regarde en souriant, je vois dans son regard d’ailleurs qu’elle nous envie un peu.

« Je pense que nous en avons terminé, Luna et moi avons du travail. On fera de notre mieux pour t’épauler contre Chrysalis, mais je ne promets rien hélas. »

Je regarde Luna d’un air triste, ne voulant pas la quitter. Elle me regarde souriante.

« Celestia à raison, nous avons du travail, des petits poneys comme toi ont besoin de nous et ont de nombreuses réclamations et je dois l’aider à gérer les affaires du royaume. Ne t’en fais pas, je passerais te voir. » Dit-elle toujours en me souriant.

Je regagne le sourire. J’ai hâte que l’on passe une journée ensemble ou, une soirée, voir les deux. J’aimerais tellement être à ses côtés et la suivre partout. Mais bon, je ne veux pas la gêner dans son devoir.

Elle s’écarte de moi et me libère de son étreinte chaleureuse. À chaque fois que je m’écarte d’elle comme cela, j’ai l’impression de ne plus être libre, alors que justement elle me libère de son emprisonnement fait par ses sabots et ses ailes. Mais c’est pour moi la seule vraie liberté, une prison d’amour et de chaleur où l’on s’y sent toujours plongé dans le bonheur.

Ma princesse se penche pour m’embrasser et je ne me fais pas prier, venant à la rencontre de ses lèvres. Un long baisé d’adieu, plein d’amour et de tendresse. Je me tourne ensuite vers Celestia me sentant un peu gêné d’embrasser sa sœur devant elle. Mais elle semble plutôt contente de nous voir ensemble.

« Oh, j’y pense, j’ai quelque chose qui pourrait t’aider contre Chrysalis et les changelings en général. » Se souvient-elle commençant à faire briller sa corne.

L’instant d’après elle fait apparaitre un livre, sûrement qu’elle a téléporté depuis la bibliothèque du château. Il faut une grande connaissance de la magie pour faire cela et aussi une idée précise de là où est l’objet que l’on souhaite téléporter sans le regarder. Cela m’impressionne, mais rien d’étonnant pour une princesse.

Le livre est vert avec des nuances de vert fluo dans des sillons tracés par le cuir censés protéger les bords de la page de couverture. Celestia me l’apporte et j’interfère avec sa magie pour le prendre. Il n’y a pas de titre, mais un symbole, un symbole rappelant les changelings.

« Ce livre a été écrit par Tourbillon étoile le barbu. Il a ensuite été complété par les plus grands chercheurs d’Equestria après la disparition de notre plus grand magicien. Lis-le, il te renseignera au mieux sur les changelings car il contient tout ce que nous savons d’eux. Cela t’aidera peut-être à trouver une solution contre Chrysalis. » Me dit-elle d’un air sérieux.

Le livre à l’air épais, je vais en avoir de la lecture. C’est sûr, cela va être l’occasion pour moi de connaitre les changelings presque par cœur. Cela tombe bien, j’aime bien apprendre des choses.

« Oui Princesse, je le lirais attentivement. » Dis-je avec enthousiasme.

« Très bien alors rentre chez toi et ne perd pas une seconde pour l’ouvrir. » Sourit-elle en agitant son sabot pour me dire de rentrer chez moi.

« Je viendrais te voir dès que je peux mon amour, je te le promets » m’adresse Luna en me faisant un signe du sabot pour me dire au revoir.

J’acquiesce d’un mouvement de tête tandis que les portes qui donnent sur le long couloir s’ouvrent pour me laisser sortir de la salle du trône.

« Au revoir Princesse Celestia, au revoir Luna à très bientôt je l’espère. » Signé-je mes adieux en m’inclinant.

Je me retourne ensuite et m’engage dans ce long couloir pour finalement sortir du château. Une fois dehors je m’empresse de sortir de la ville pour rentrer chez moi accompagné de ce précieux livre. À en juger par la décoration, c’est surement l’original et le seul exemplaire que possède Celestia. La princesse du soleil me fait vraiment trop confiance. Je me demande bien pourquoi.

Comme elle me l’a demandé, une fois chez moi, je m’empresse de le lire à la lueur de ma corne et c’est ce que je fais tout le reste de l’après-midi et de la soirée. Absorbé par celui-ci.