La tension était plus que palpable. Si cela marchait, nous aurions fait l'une des plus grandes découvertes archéologiques du siècle. Alors que les nombreux petits rouages tournaient les uns après les autres, mon amie Avery Salter et moi retenions notre souffle en attendant que quelque chose se passe. Soudainement et dans un fracas à surprendre un mort, les pierres se déplacèrent comme pour nous ouvrir un passage. Avery me regarda et m'annonça :
- Allons-y...
Malgré la puissance de nos lampes, nous peinions à y voir clairement. Je ne pense pas qu'il s'agît réellement d'un problème de luminosité. On aurait plutôt dit que le souterrain souhaitait nous empêcher de continuer. Cependant, je savais que si je faisais part de mes inquiétudes et de mes impressions, cela ne ferait que renforcer l'envie d'explorer de mon amie. Depuis que nous étions enfants, Avery était considérée comme le casse-cou de notre village. Sans vraiment savoir pourquoi, je m'étais attaché à elle et avait commencé à la suivre partout dans ses aventures. Même après le collège, je partis la rejoindre dans son école d'archéologie pour ne pas la perdre. Pour faire court, cette fille était de celle que l'on sait qu'elle ne nous apportera que des ennuis, mais que l'on suit quand même seulement pour voir de quelles façons elle allait s'en sortir. Perdus dans mes pensées, je ne m'étais même pas aperçu que nous venions d'atteindre une grande salle. N'ayant pas non plus vu que Avery s'était arrêté, je lui rentrai maladroitement dedans. Voulant me taquiner, elle me dit :
- Alors, Charles, on commence à être intéressé par ces ruines ?
- Aucune chance, répliquai-je. Je repensais seulement comment on en était arrivé là.
C'est vrai après tout. Pourquoi avions- nous décidé de partir dans ces souterrains. S'il y avait vraiment quelque chose, quelqu'un l'aurait forcement déjà trouvé avant nous. La jeune archéologue me rappela alors nos raisons :
- On nous a juste demandé de faire une fouille de vérification, rien de plus. Je ne suis pas aussi idiote que j'en ai l'air. Je me doute bien qu'il n'y ait plus grand-chose d'intéressant. Mais tu as vu comme moi ce passage caché. Ca ne t'excite pas de savoir qu'un endroit sous Londres n'a pas été exploré.
J'aurais bien pus répondre non, mais je n'étais pas d'humeur à débattre cette journée. Je commençai à faire mine d'observer la pièce dans laquelle nous étions. Large et haute, elle ressemblait à la nef d'une église romane. Je ne voyais de quel siècle cette construction pouvait bien dater. On aurait dit qu'elle avait été bâtie sur plusieurs siècles mais toutes les pierres utilisées semblaient provenir de la même carrière. De nombreux bas-relief ornait les murs et semblait raconter une histoire, mais ils étaient bien trop détériorés pour que l'on puisse les comprendre. Au bout de la salle se trouvait un autel. Grâce à toutes mes observations, j'en déduis que cet endroit était un lieu de culte. Mais adressé à qui ? Cette question restait en suspens. Je fis part de mes pensées à Avery qui me regarda l'air surprise :
- Tu as vraiment fait ça ? Toi que rien n'intéresse d'habitude. Tu es sûr que tout va bien ?
Comme d'habitude, je soupirais à ce genre de remarque avant de répondre :
- Je vais bien je te dis. Maintenant, on va sortir d'ici et prévenir le professeur Stephenson de notre découverte.
J'allais pour partir, mais Avery me retint. Elle me demanda :
- Tu n'es pas curieux ?
- De quoi tu parles ?
- Je te parle de cette salle. Tu as compris sa fonction d'un simple coup d'oeil, mais tu n'as pas saisi à qui elle était destinée. Et tu n'es pas curieux de résoudre cette énigme ?
- T'appelles cela une énigme ? Ridicule. Je peux te la résoudre en moins d'une heure.
- Eh bien. Alors, ne pense plus à rien sinon ça.
Voilà comment se concluaient la plupart de nos aventures. Je ne suis pas très curieux, mais je n'aime pas que les gens qui m'entourent pensent que je ne peux pas finir un truc. Avery l'avait bien compris et me manipulait toujours pour que je résolve les énigmes des lieux que nous explorions. Je ne pouvais pas l'avouer devant elle, mais j'appréciai en réalité explorer des ruines et résoudre des mystères. Je pense qu'elle l'avait très bien compris. Il me fallait donc trouver la solution à ce problème... Je marchai dans la salle pour l'examiner plus en détail. Je commençai par les bas-reliefs. Comme je l'avais déjà remarqué, ceux-ci étaient bien trop abimés pour que l'on comprenne ce qu'ils désignaient. Cependant, en regardant de plus près, on pouvait voir de nombreux petits trous, comme s'il s'agissait d'une aération. Je notai ce détail dans un coin de ma tête avant de passer à l'autel. Ce dernier était accolé au mur et était le seul objet en bois de la pièce. Je n'y vis pas grand-chose d'intéressant. Seul un calice se tenait encore dessus. Après un examen plus approfondis, je remarquai que l'autel pouvait être déplacé. Je tentai de le bouger pour découvrir ce qu'il pouvait y avoir derrière, mais je ne parvins pas à le bouger un tout petit peu. Je regardai alors en direction d'Avery, qui soutins mon regard, mais elle fit semblant de ne pas comprendre. J'insistai :
- T'es sûr que tu ne peux pas venir m'aider ?
Elle gloussa avant de venir tirer à son tour le meuble. Après avoir mis en commun nos efforts et déplacer le massif meuble de bois, nous découvrions une trappe. Je l'ouvris et descendis dans une autre pièce. Il y faisait encore plus noir que dans les salles précédentes, c'est dire... Heureusement, Avery trouva un système d'éclairage ancien. Il était composé d'une série de petits canaux remplis par ce qui semblait être de l'huile qui brûlât d'une douce lumière jaunâtre une fois que nous lançâmes une allumette dedans. Un ingénieux système pour créer de la vapeur apparue alors sous nos yeux. C'était une espèce de boule remplie d'eau bouillonnante, provenant surement d'une source d'eau souterraine. De cette boule partait une multitude de tuyaux. Je fis le lien avec les petits trous que j'avais vus sur les bas-reliefs. Après cela, je regardai autour de nous et vis une vanne que j'actionnai. Puis, nous remontâmes dans la salle principale. Nous remarquâmes qu'une fine brume était apparue. Pensant avoir toutes les informations nécessaires, j'annonçai à Avery que j'étais prêt à exposer ma théorie :
- Je t'écoute, acquiesça-t-elle. Voyons voir si ta réponse résout cette énigme.
- Je ne suis pas sûr de grand-chose, mais je pense que ce lieu est là où des personnes se recueillaient.
- Ca, je l'avais déjà compris. Tu n'as pas autre chose ?
- J'y viens. Il me semble que dans la mythologie celtique il y a une divinité ou un esprit lié à la brume, au secret, au mystère. Je pense que c'est ici que ce faisait les cultes.
- C'est vrai que ce serait logique, vu ce que l'on a trouvé en dessous. Bon, je pense que je peux accepter cette réponse. Bien joué. Maintenant, on sort d'ici et on prévient le professeur de notre découverte, d'accord ?
- C'est ce que je t'ai proposé tout à l'heure. Enfin, cet endroit commençait sérieusement à m'inquiéter de toute façon.
Nous prîmes le chemin de la sortie. Une fois à l'air libre, je pris une grande inspiration. Je n'aimais pas être sous terre. Peut-être étais-je un peu claustrophobe, mais je n'en avais pas vraiment grand-chose à faire. Le tout était que nous étions bien dehors. Nous fîmes notre rapport au professeur avant de rentrer à notre appartement. Avery avait décidé d'appeler nos amis pour fêter notre première grande découverte. Alors que la petite fête se déroulait sans accrocs, je fus pris d'un étrange malaise. Je me rendis dans ma chambre en racontant que j'étais fatigué, mais en entrant, je m'évanouis.
*****
J'ouvris lentement les yeux. Je me trouvais dans une pièce si blanche que j'eus du mal à habituer ma vision. Comme à chacun de mes réveils, un goût horrible habitait ma bouche. Je trouvai alors un verre d'eau par terre. Je regardai autour de moi pour chercher qui aurait bien pus le poser, mais je ne vis personne. Comme incité par quelque chose je bus le contenu du verre. L'eau contenue dans ce verre avait un goût affreux. Paradoxalement, l'arrière goût qu'elle laissait me donnait encore plus envie de la boire. Je bus donc tout d'une traite. Je poussai la grimace et j'entendis alors quelqu'un me féliciter :
- Eh bien... c'est rare de voir un humain boire de la Brume liquide aussi vite.
Je ne vous cache pas que j'étais pas mal apeuré à ce moment. La voix n'avait rien de diabolique, mais elle n'avait rien non plus d'amical, un peu comme si la personne qui s'était adressé à moi ne me portait pas tant d'intérêt que ça. Je ne pus m'empêcher de lâcher un ridicule « Qui est là ? ». La voix nimbée de mystère se mit à rire et résonnât partout dans la pièce, jusque dans les recoins de ma tête. Elle s'exprima :
- J'avais presque oublié que les humains s'attardaient beaucoup sur les présentations. Très bien, je vais te dire qui je suis.
Un homme apparut sous mes yeux. Etrangement, je ne parvenais pas à dire s'il avait toujours été là ou s'il venait d'arriver. Il paraissait être habillé de la brume elle-même, quoique cela veuille dire. Je n'arrivais pas à être certain de quoi que ce soit cependant. Voyant mon air ahuri, il continua :
- Je suis ce que l'on appelle un esprit. Je suis censé gérer un des éléments de ce monde. Vois-tu, il y a des esprits pour tout et partout. Les foyers, il y a un esprit qui s'occupe d'eux. Les poissons, pareil. Je pourrais passer une année à tous te les présenter, mais on n'a pas vraiment le temps. Je suis l'esprit de la Brume, des mystères, des secrets et des énigmes. C'est mon temple que tu as trouvé cet après-midi. Je crois me souvenir que dans ton monde, on m'appelle Haze.
Je ne comprenais pas un mot de ce qu'il venait de me dire. Un esprit. Et puis quoi encore ? Des poneys roses qui parlent ? La seule chose que je voyais devant moi était un kidnappeur qui venait de me droguer. D'un coup je n'en étais plus si sûr que ça. Et s'il disait la vérité ? Impossible. Et pourtant je ne pouvais pas penser que cela pouvait être vrai. Il y avait un tel bazar dans ma tête à ce moment-là. Ce "Haze" me regardait fixement avant de m'avouer :
- Tu sais, c'est censé être le moment où tu te présentes.
Je parlai sans le vouloir vraiment :
- Je m'appelle Charles... Où... où suis-je ?
- Dans un de mes mondes. Plus particulièrement dans celui où je briefe les idiots dans ton genre avant de les envoyer accomplir une quête sacré à mon nom. Bref, comme d'habitude.
Ce type était définitivement fou, mais peut-être qu'il utilisait de l'ironie pour me mettre en situation :
- Non, ce n'est pas de l'ironie, m'annonça-t-il comme s'il lisait dans mes pensées. Et oui je peux lire dans tes pensées. Je te fais un rapide topo. Il y a quelqu'un - ou quelque chose je ne sais pas vraiment - qui m'a volé une grande partie de mes pouvoirs. Résultat la Brume - ce qui cause toutes les choses étranges - est maintenant hors de mon contrôle. Je vais donc t'envoyer dans un monde où tu seras chargé de retrouver le coupable.
- Mais pourquoi moi, je n'ai rien de spécial. Je pense que mon amie Avery fera bien mieux l'affaire que moi.
- Non, tu rigoles. Elle ? Elle n'est même pas capable de comprendre l'utilité du système qu'il y a sous mon temple. Mais toi tu dois avoir compris, non ?
De quoi voulait-il parler ? Je me souvenais que depuis la boule contenant l'eau bouillonnante des tuyaux partaient un peu dans tous les sens. Je crois même qu'ils relâchaient la vapeur dans la salle principale grâce à des aérations dans les murs. Je compris alors une chose :
- Cette vapeur, c'était de la Brume ?
- Exactement.
Une autre idée germa instantanément :
- Vous avez dit que la Brume était à l'origine de tous les événements étranges qui se produisent dans le monde n'est-ce pas ?
- Oui, parfaitement. Et donc ?
- Les gens qui venaient prier devaient voir la plupart de leurs souhaits se réaliser. J'ai raison ?
- Tout à fait. Avant, de nombreuses personnes désespérées trouvaient le chemin de mon temple et voyaient leur voeu le plus cher se réaliser.
- Mais ça voudrait dire que, tout à l'heure, moi et Avery... on a respiré cette Brume...
Il ne répondit pas. Il se contenta juste d'acquiescer et de m'expliquer que c'était pour cela que j'avais été choisi. Il s'approcha de moi, m'attrapa par les épaules et me prévint :
- Lorsque je claquerais des doigts, tu t'endormiras avant de te réveiller dans un monde nouveau. Tu finiras par t'y habituer et je suis sûr que tu accompliras ce que je t'ai demandé. Après cela, libre à toi de retourner ou non dans ta vie d'origine.
Il approcha sa main avant de se souvenir :
- Une dernière chose. Là-bas, on me connaît par les initiales PDB, je te laisse découvrir pourquoi. Allez. A plus.
Il claqua des doigts.
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(Et au passage, ce chapitre me met l'eau à la bouche. ça promet d'être intéressant.)