Durant les premiers mois, Philéas fut très chamboulé par l'absence de sa fille. Pas qu'il éprouvait une tristesse particulière due à cette séparation, mais le quotidien patiemment bâti avec elle semblait désormais instable, précaire. Et l'étalon détestait le déséquilibre. Par chance, les vieilles habitudes qui l'avaient fui depuis bien longtemps finirent par se manifester. Quoique rouillées, elle permirent à Philéas d'échafauder un nouveau train de vie étonnamment agréable, l'étalon n'ayant plus qu'à se soucier de lui même, de sa maison et de ses flocons.
Désormais, c'était un vieux pégase réjoui que les habitants de Cloudsdale voyaient voler à une allure réduite pendant les jours ensoleillés. Certains, inquiétés par son âge, lui demandaient où sa fille s'en était allé et pourquoi ne revenait-elle pas lui rendre visite. Chaque fois, il répondait la même chose : Alice disposait un talent rare que peu de pégases pouvaient comprendre, et sa nouvelle vie sur terre lui prenait tout son temps. Impossible donc pour elle de rendre visite à son cher père, une chose bien évidemment regrettable auquel il avait néanmoins consenti. Par chance, l'intéressée avait tenu sa promesse et n'était encore jamais remonté, sans quoi Philéas aurait eu à assumer de grossiers mensonges.
Il fallut attendre plusieurs années avant que la jeune Yearling se décide à contacter son paternel. Alors qu'il n'attendait plus rien d'elle, un petit colis était arrivé chez lui, le nom et le prénom de la ponette gravés sur son flanc. Pas d'adresse, pas de timbre remarquable, ce n'était qu'un simple emballage n'autorisant qu'une unique déduction : Sa fille ne l'avait pas oublié.
Il s'était alors dépêché de l'ouvrir avec la fébrilité propre aux poney de son âge et fut tout d'abord déçu par son contenu, en l’occurrence un simple manuscrit. N'aimant pas beaucoup lire, le météorologue mit plusieurs jours avant de se décider à entamer l'ouvrage, mais fut néanmoins agréablement surprit par son contenu.
L'histoire dextrement écrite à la première personne ne manquait pas d'intérêts et l'étalon se surprit à apprécier les expéditions palpitantes de Daring Do, bien que celles-ci semblaient forts peu réalistes. Sa lecture terminée, Philéas demeurait dans l'incompréhension. Quel était l'idée d'Alice en lui envoyant ce roman ? La réponse lui vint quelques saisons plus tard, quand un nouvel écrit lui parvint. Cette fois-ci, il était revêtu d'une sublime couverture où deux lettres suivies du nom de famille peu commun étaient inscrits : A. K. Yearling.
Le pégase blanc le lut d'une traite en ne ralentissant que sur les dernières pages. Ces dernières achevées, il les retourna pour parcourir une nouvelle fois la prose de son enfant.
… En cherchant à m'emprisonner, Ahuizoti avait oublié une chose essentielle : Quel que soit son âge, son sexe, ou son talent, jamais on ne peut enfermer un pégase. Pas une barrière, chaîne ou prison n'auraient pu me retenir, et le croire fut sa plus grande erreur. Pourtant, malgré cette volonté qui nous enveloppe, il existera toujours un moyen infaillible de nous capturer, et qui n'est autre que l'affection. Celle que l'on porte à sa famille, celle que l'on conserve pour ceux qu'on aime, celle que l'on ressent dans nos cœurs quand on voit un de nos semblables. C'est ce qui fait notre plus grande faiblesse, mais aussi notre plus belle qualité.
Depuis des années que je vis seule, Cette étincelle capable d'éclairer le plus ennuyeux des quotidiens n'est plus reparut dans mon cœur. Est-ce qu'elle me manque ? Bien sûr, mais c'est le prix de ma quête que je continuerais de payer jusqu'à son aboutissement. Oui ! Moi Daring Do, jamais je n'abandonnerai !
À ces mots, Philéas comprit qu'aux yeux de sa fille, il n'avait jamais cessé d'être son père. Et cela l'émut.
« Les aventures de Daring Do » furent un grand succès littéraire, si bien que le nom Yearling fut bien plus souvent associé à cette série romanesque qu'aux découvertes du vieux savant en météorologie. Celui-ci peinait à l'admettre, mais il était très fier de sa fille, lui qui n'avait pourtant jamais cru en elle et ses talents d'écrivain.
Un jour, alors qu'un nouveau tome lui était déjà parvenu quelques semaines plus tôt, l'étalon reçu à son grand étonnement une lettre d'Alice. Griffonnée à la hâte, elle contenait tout juste cinq lignes.
Papa
Je suis allée à Ponyville il y quelques jours pour voir une amie, et j'y ai retrouvé par hasard Scootaloo. Elle a dix ans, est heureuse avec ses amies, mais est toujours incapable de voler. Si dans un an, cette pouliche que TU a traumatisée dans sa jeunesse est toujours cloué au sol, tu en assumeras les conséquences auprès d'elle même et de ses parents. Sinon, je te le ferais payer d'un manière ou d'une autre.
Alice
Par chance, le docteur Yearling ne fut jamais inquiété, ni l'année suivante, ni pendant les autres qui suivirent. Il en déduisit donc que Scootaloo avait finalement reprit ses esprits, ou qu'Alice avait simplement oublié ses menaces.
Enfin, alors qu'il sentait son heure approcher à grand pas, le vieux poney à la crinière désormais aussi blanche que son pelage voulut faire le bilan. Il commença tout d'abord par retracer l'honorable vie professionnelle qu'il avait eu, ayant toujours fait sa fierté. Puis, sans sourciller, il reprit de zéro sa vie familiale avant de la remonter minutieusement, comme une immense pendule. L'opération effectué, il constata que l'existence qu'il s'était choisi n'aurait jamais pu le satisfaire. Égoïste, presque insensible à n'importe quelle forme d'amour, une vie en solitaire lui aurait certainement convenu d'avantage. Si on lui offrait une autre chance, il tâcherait de s'en souvenir.
Parmi toutes les pièces aussi froides que vides de sa maison, Philéas avait choisi son atelier comme décor final de son histoire. Suspendus dans leur chute par de minces ficelles raidies par le gel, des centaines de flocons forgés de ses propres sabots offraient un spectacle splendide au pégase sur le déclin. Pourtant, ce dernier n'en fut pas moins incommodé par leurs insolites silhouettes. Il n'y avait pas besoin de s'y connaître en météorologie pour savoir qu'un flocon adoptait par convention une forme hexagonale, et cela depuis la nuit des temps. Et pourtant, depuis le jour où Alice l'avait quitté, Philéas construisait et entreposait dans cette même chambre froide des cristaux n'ayant pas six, mais huit branches, toutes parfaitement alignées et imitant à la perfection la forme d'une rose des vents.
« Que je suis maladroit. » Soupira une énième fois le poney blanc.
Vous avez aimé ?
Coup de cœur
S'abonner à l'auteur
N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.
Les créations et histoires appartiennent à leurs auteurs respectifs, toute reproduction et/ou diffusion sans l'accord explicite de MLPFictions ou de l'auteur est interdite. Ce site n'est ni affilié à Hasbro ni à ses marques déposées. Les images sont la propriété exclusive d'Hasbro "©2017 Hasbro. Tous droits réservés." ©2017 MLPFictions, version 1.2.7. Création et code par Shining Paradox, maintien par Sevenn.
Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.
Tu as demandé à ce que je me focalise sur le scénario, les personnages et la cohérence.
Le scénario/cohérence: En soit l'histoire se suit facilement, le découpage situation initiale/péripétie/situation finale est bien maîtrisé (même si la situation finale est selon moi exposé un peu trop rapidement). J'ai néanmoins noté deux problèmes: la fin du passage avec le fromager, que s'est-il passé exactement? Je vois bien que tu as voulu le laisser sous entendre, mais pour le coup, le sous entendu n'as pas fonctionné. Et ensuite, le coup des papiers administratifs. J'ai l'impression qu'ils sortent de nulle part, que c'est juste une sorte de deus ex machina pour qu'Alice puisse résoudre la situation. Sinon pour le reste, le tout m'a l'air suffisamment cohérent pour être une histoire qui peut s'intégrer dans l'univers canonique (même si faut avouer qu'elle a du abuser des montages d’entraînements notre Daring Do pour réussir a faire ses exploits).
Et pour ce qui est des personnages, Scootaloo en bébé se comporte comme un bébé. Philéas est réellement antipathique tout en étant crédible dans son rôle de père surprotecteur, dommage par contre pour la fin, car je sens que tu souhaite un peu retourner notre point de vue pour qu'on le considère finalement comme victime des événement, mais là encore, le tout aurait mérité un peu plus de traitement. Pour ce qui est d'Alice, le personnage est dans l'ensemble assez bien traité, je n'ai pas relevé de chose gênante à son propos.
Voila donc ma critique, si jamais il y a un point sur lequel tu veut que je revienne ou bien d'autre demande, n'hésite pas^^