[Lumen]
Je devrai arriver à Ponyville dans une poignée de minutes au vu du rythme de marche paisible que je m’accorde. Du bon vieux rock dans les oreilles pour faire passer le temps durant le trajet.
L'air est un peu lourd… j'ai cru comprendre que les pégases prévoyaient de faire tomber une bonne rincée de pluie, dans la soirée il me semble.
Je relève la tête pour voir la ville un peu plus loin, du coin de l’oeil j'aperçois une grosse masse sombre un instant, juste avant qu'elle ne rentre en ville.
Ça devait être un chariot ou autre chose, peu importe, ça ne me regarde pas.
Mon baladeur s'éteint en plein milieu d'une musique. Zut ! j'ai oublié de le laisser sous la lumière du soleil ce matin, dommage. Bah, je le poserai sur la fenêtre de chez moi et le temps de quelques courses, il y aura de nouveau du jus.
Je me concentre sur le bruit de mes pas sur le chemin de terre et de gravillon. Pas de sirène, pas de coup de feu ou de rire sadique au loin. A la place, des bruits naturels, le vent et l'air pur.
Je vais finir par m'attacher à force...
Je passe sur le petit pont, juste avant de rentrer dans la ville elle-même.
Une jument surgit de derrière une maison, se dirigeant droit dans ma direction, m'appelant à l'instant ou elle me voit.
Je reconnais ce pelage crème et cette crinière pourpre avec des mèches plus claires, une rose au-dessus de l'oreille. Je ne suis pas certain, mais il me semble que c'est l'une des fleuristes. Répondant au nom de Rose... quelque chose... Roseluck ? Oui, ça doit être ça.
J’enlève mes écouteurs alors qu'elle arrive à ma hauteur, puis les roule et les range dans ma poche, pas le moins du monde préoccuper par son comportement.
Qu'est ce qu'elle peut bien me vouloir...
On m'a souvent prévenu qu'elle et ses amies dramatisent beaucoup de petites choses, j'ai souvent eu l'occasion de m'en rendre compte moi-même la dernière fois que je suis venu les aider dans leur boutique.
« C'est horrible, c'est horrible. On a besoin de toi sur la place Lumen, vite, c'est horrible. »
Je me retiens de pouffer « Qu'est ce qui se passe ? C'est ma coiffure qui choque à ce point ? »
Bah tiens, je me descends tout seul maintenant, de mieux en mieux.
Elle me regarde avec de grands yeux, elle a l'air vraiment affolée par quelque chose. Je risque de me faire avoir, mais bon, dans le doute autant être un peu plus attentif. Elle reprend. « Quoi ? Non enfin c’est pas ça, il y a...i-il y a... quelque chose sur la place. Ça te ressemble. »
Qu'est ce que....
Je perds le petit sourire que j'affiche pour avoir l'air sociable. « Je ne veux pas être méchant, mais les blagues de ce genre ne me font pas rire du tout Rose. Alors sois sympa, évite de le refaire à l'avenir s'il te plaît. » dis-je d'un ton de réprimande. Mais alors que je la fixe du regard, je commence à avoir un mauvais pressentiment.
« Ce n'est pas une plaisanterie, je voulais courir à la ferme sachant que tu étais là-bas, à l'instant où il a été vu. Il faut que tu viennes s'il te plaît, les poneys ont peur de lui. »
À ses mots, d'autres poneys arrivent et foncent sur moi pour me dire la même chose. Cette fois, la sonnette d'alarme retentit dans un coin de ma tête.
Un autre humain ?! Ici ? Vraiment ? Comment c'est possible ?
En un sens je devrais être content, mais en vérité, je suis vraiment inquiet maintenant. Moi seul suffit déjà comme menace potentielle. Que d'autres de mes semblables arrivent ne promet rien de bon pour ce monde, j'en ai la certitude.
J’acquiesce à l'attention des poneys autour de moi et les suis à pas soutenus pour retrouver l'objet de leur angoisse, comme de la mienne à présent. On passe plusieurs maisons et on se retrouve derrière le Sugar Cube Corner, la place en vue depuis le coin du mur.
Derrière moi demeurent Rose et les autres tandis que mes yeux se posent sur le large espace au centre du village. De l'autre côté, il y a le fameux intrus.
Un attroupement de poneys entoure une énorme masse noire près du magasin de fleurs.
Je suppose que c’est la même chose que j'ai crue voir avant d'arriver en ville.
« Restez à l’écart, on ne sait jamais » leur murmuré-je. Ils acquiescent tous en silence, tant mieux.
J'approche lentement, tâchant de profiter des bruits ambiants pour ne pas me faire remarquer par l’intrus me tournant le dos. J’entends des halètements et des cris d'horreur, l'individu soulève quelque chose.
J'éveille mon pouvoir mais tache de rester discret et silencieux en me rapprochant, profitant qu'il ne me voit pas encore pour l’observer sommairement.
Plus grand que moi et mon un mètre quatre-vingt, je lui arrive à peine aux épaules, il est... énorme. Il a l'air de porter une armure me rappelant de la chitine, bombée et en plusieurs couches flexibles se superposant, d'un noir intense, semblant absorber toutes formes de lumière lui tombant dessus. C'est ridiculement massif, à croire qu'il doit compenser. Mon œil saute sur sa main droite tenant une espèce de gros marteau de guerre tout aussi sombre, fixé sur un long manche de fer noir. Probablement fait pour être manié à deux mains, vue sa longueur et son épaisseur.
Il me fait penser à une caricature idiote de chevalier en armure, de film ou de jeux de bas étage. Genre le premier adversaire qui se présente à un héros, faisant croire qu'il est balaise alors qu'il suffit de le pousser pour qu'il tombe et soit inutile pour le reste de l'histoire.
C'est quoi ça ? Il vient du Moyen Âge ou quoi ?
Il n'a pas de casque, et un sentiment d'étrange familiarité me prend aux tripes, je ne sais pas pourquoi.
Je passe entre les poneys qui l'entourent, certains fuient, d'autres me laissent passer quand je constate ce que l'intrus fait : Il tient par la gorge un des gardes de Twilight, un pégase orange et à la crinière bleu, s'agitant encore mais faiblement, alors que l'emprise du colosse menace de lui briser le cou.
Toi, tu vas douiller méchamment.
Je me place derrière lui, serre le poing droit et prépare un gros coup, visant le flanc de la brute. Pas question de le ménager, tant mieux si je le tue sur le coup.
« Eh ! Le gros. » dis-je calmement, un “hum” alors qu'il se retourne pour savoir d’où ça vient, il ne m'a pas vu, j'aurais dû me taire, mais c’était trop tentant.
Ma main armée s'écrase contre son flanc dans un fracas métallique assourdissant, il se plie légèrement sur le côté et glisse sur le sol, relâchant le garde.
Il a tenu bon malgré le choc, ma main tremble, légèrement engourdie. Il est bâtit comme un tank ! et son armure n'a même pas une égratignure.
Il... il est sacrément résistant bon sang, j'ai eu l’impression de frapper une pierre de toutes mes forces à main nue.
Le pégase reste allongé par terre et reprend son souffle. Il était bien en train de se faire étrangler, je suis arrivé juste à temps on dirait. Mes yeux se posent sur l'intrus, pouvant enfin voir son visage : Des balafres à foison sur la face, le crane chauve, le teint pâle, des petits yeux creusés, un menton carré, il a vraiment une tête patibulaire.
Il ouvre la bouche, sa voix est grave et pleine de menaces « Eh bien... je ne pensais pas vous voir aussi vite. »
« T'es qui et tu veux quoi ? On se connaît ? » réponds-je aussitôt, jaugeant comment je pourrai le frapper et l'abattre au plus vite si ça se passe mal. Vu la carrure et ce qu'il trimbale, je dois être clairement plus rapide et plus agile que lui. Même s’il est bien protégé, je finirai par percer les défenses de ce mastodonte.
Mais en suis-je vraiment capable ? Il n'a même pas broncher alors que je l'aie pris par surprise.
Il me regarde, l'air étonné « Toi... Qui es tu vermine ? Où est-il ?! Tu n'as pas à être présent ! Cède lui ta place, tu n'es pas digne et ne le seras jamais ! »
Le sentiment de malaise me reprend, il veut dire quoi par là ?
Il se met soudain à hurler « Tu n'es qu'un faible ! Disparais et laisse le revenir ! » Il me fonce droit dessus, les poneys qui nous entourent s’enfuient et vont se cacher.
Il balance son marteau sur le côté, il va probablement faire un swing et me frapper sur la droite. Je suis fort et très résistant grâce à mon pouvoir, je vais le bloquer et lui cogner le crane.
Ça suffira largement, il n'a pas d'armure à cet endroit.
Je place mes bras pliés sur le chemin de son arme, en me recroquevillant un peu pour être bien sur mes appuis.
Tant pis si je n'arrive pas à en apprendre plus, je vais le neutraliser au plus vite...
Je le bloque de mes bras, je sens le choc me secouer tout entier… Mais son arme continue sa course sans même prendre en compte le fait que je sois sur le chemin… me propulsant.
C'est... c'est quoi cette force de malade ?!
Je ne touche plus terre, son coup n'a même pas été ralenti par ma présence et il m'a envoyé comme une balle d'arme à feux m'écraser contre un mur... celui de la mairie.
Je...je ne sens plus mes bras, ils tremblent, ils sont engourdis.
Il me faut un long moment pour me remettre sur mes pieds, sonné malgré tout. Il se tient au milieu de la place, lève la tête et rit à gorge déployée.
« Regarde-toi, tu n'as rien de sa superbe, tu es faible et tes armes ne sont capables de rien comparer à lui. Tu es une insulte par ta seule existence. » dit-il l'air arrogant, la tête de son marteau contre le sol.
« Laisse le revenir, et enfin nous pourrons réaliser “l’œuvre”. » ajoute-t-il en me pointant du doigt de sa main libre. Son expression a presque l'air douce, suppliante.
Ça me fait froid dans le dos... mais discuter me donne le temps de récupérer du coup que j'ai pris, autant en profiter.
« De quelle “œuvre” tu parles ? Et de qui ? Je ne t'ai jamais vu. »
Il me fixe, il a l'air dément par le sourire et l’expression que ses yeux arborent. « L’œuvre du néant bien sûr. Tu n'aurais jamais du exister, disparais et laisse-moi admirer à nouveau... la beauté de mon seigneur. »
Le début de sa phrase résonne dans ma tête à la mention de “néant”, mais c'est la fin qui me choque le plus.
Qu'ai-je oublié ? Qu'ai-je fait avant d'arriver ici ? Pourquoi il me semble si… familier ?
Non... je m'en fiche ! Je suis dans ce monde et je n'ai pas l'intention de faire du mal à ses habitants. Je vais encore moins laisser faire un autre être humain des horreurs comme je les ai déjà connues trop souvent.
Je serre les poings, les mugissements de mes protections gagnent en intensité. L’esprit affûté, le corps réveillé, je commence à me rapprocher de lui au milieu de la place, pour l'affronter de face.
Pendant mon avancée vers lui, je vois une substance lui recouvrir le visage rapidement, puis prendre un aspect semblable au reste de son armure. Sa tête est maintenant protégée comme le reste par un casque intégral, rond, me faisant presque penser à une cloche fendue seulement par deux minces traits pour qu'il puisse y voir un minimum.
Concentre-toi, concentre-toi, il n’y à pas à hésiter, il faut le tuer. On apprendra rien de plus de lui de toute manière.
À l'instant où j'arrive à porter de son swing, il reprend son arme et la balance sur moi.
Tu es lent...
Je n’essaye pas de bloquer, impossible de lutter contre son arme de toute façon. Je m'abaisse pour passer en dessous, ma jambe gauche glisse en avant et fait pivot, son ventre est grand ouvert, j'arme le poing, prends de l'élan et frappe !
Il ne bouge pas...
Il ricane cet idiot, alors qu'il balance son marteau de l'autre côté. Je bondis en arrière pour éviter le coup, et reviens sur lui d'une autre impulsion pour lui abattre une deuxième fois mon poing en plein dans l'abdomen.
Du “hit and run”, rien de tel pour abattre un gros pataud comme lui.
Il est quand même très résistant, il bouge à peine et les chocs me font sentir des vibrations dans tout le bras.
Sa main gauche lâche le manche de son arme après un autre swing et vient me coller un revers. Je m'en doutais, mon bras droit me sert de garde, je peux le bloquer, juste après j'ench–
Bon... sang… je ne sens plus le sol sous mes pieds de nouveau.
* * *
C'est donc pas juste avec son arme qu'il a autant d'impact...
Je l'apprends à mes dépens… Tout mon corps me fait mal alors que je m’extirpe comme je peux des décombres d'un des stands du marché, un peu plus loin de l'endroit où l’on s’affrontait.
Je vais trimballer de jolis bleus dans tout le dos un bon moment je sens... C'est moi ou je tombe que sur du mastoc qui trouve cool de me faire jouer à “Superman” à travers la ville ?
Je me relève et constate que : plutôt de foncer sur moi pendant que j’étais secoué, il m'attend calmement, toujours à la même place.
Ok, donc il est plus vif quand il lâche son arme, mais il est toujours bien plus fort et résistant que moi. Ça ne veut pas dire que je ne peux pas le transpercer à force de m'acharner sur le même point.
Mes yeux se fixent sur le but choisit, le ventre, c’est le plus facile à atteindre.
Je n'essaye plus de bloquer et je continue de frapper tout en évitant ses coups.
Je bondis droit sur lui, il essaye de m’accueillir en abattant son marteau à la verticale devant lui au même moment. Je suis bien trop rapide, il ne me touchera pas comme ça.
Concentre-toi !
Avant qu'il ne puisse finir son geste, je frappe à nouveau le ventre. L'impact métallique suraigu résonne à travers la place et me fait vibrer tout entier une fois encore.
Il prend son élan pour balancer son arme à nouveau sur moi, de la gauche vers la droite.
T'es plein d'ouvertures en plus d’être prévisible mon gros, voilà un autre coup.
J’esquive un autre swing allant à l'opposé une fois de plus et en profite pour lui infliger trois attaques par droite et gauche successives.
Il ne ricane plus et varie entre balancer son arme d'une main ou des deux, et tenter de m'asséner lui aussi des coups de poing. Nos échanges sont intenses, j'évite tout mais c'est usant de rester à ce point concentrer. Chaque coup pourrait m’être fatal si je les encaisse.
Je suis trop rapide pour lui, je ne peux pas frapper avec les jambes sinon il m'aura aussitôt car je ne pourrais plus aussi bien bouger. Mais mes attaques doivent commencer à faire effet, il réagit de façon de plus en plus désordonnée.
Courage, ne lâche rien, tu peux l'avoir à force.
Mon souffle commence à manquer, je sens la fatigue me gagner, je ne suis pas sûr du nombre de coups donner. Je ne tiendrais peut-être plus très longtemps à ce rythme. Je recule et m'éloigne de lui pour essayer de récupérer un peu.
À le voir, je ne lui ai pas encore porté de vrais coups on dirait, aucune trace visible sur son armure. J'ai l’impression d'être un moustique face à une montagne. Mes articulations sont douloureuses à force de frapper quelque chose d'aussi dur.
Même mon mental commence à accuser le coup, il faut vraiment que je réussisse à l'avoir rapidement.
« Arrête de bouger, petit insecte. » dit-il soudain.
On va le provoquer, histoire de voir l’effet que ça pourrait avoir. « Dit moi qui t'es et où je frappe pour t'avoir facilement. Je réfléchirais peut-être à ta demande si je me sens généreux. »
Il recommence à ricaner, que ça m’énerve...
« Je suis L'égide, seul mon seigneur avait la superbe et la puissance nécessaire pour percer ma carapace d'un seul coup. Maintenant laisse-moi t'écraser, je ferai ensuite de même pour ce monde, et l'offrirai au néant. »
Un long frémissement me parcours le dos… ça ne me dit rien, mais un coin de ma conscience est bouleversé, avec une seule certitude hurlante en mon sein.
Il faut le tuer, le plus vite possible, il est dangereux.
Je fonce à nouveau au corps à corps, attendant chacun de ses gestes pour y répondre par les impacts résonnant de mes gantelets contre son armure.
Respire doucement, ne te précipite pas, garde tes forces juste pour l'instant où tu le frappes, mets y toutes tes tripes.
Notre confrontation gagne en intensité et est emprunt de violence. L'acier de son arme me frôle autant le corps à chaque passage que ses mains mon visage. Cette fois, chaque coup qu'il essaye de donner me donne l’impression qu'il pourrait me réduire en charpie. Après un balancement de gauche à droite, sa main lâche son arme pour tenter un autre revers, je l'évite de presque rien, je peux sentir à travers la sueur couvrant mon corps la froideur de son armure sombre.
La poussière et l'eau de mon corps, comme en suspension en l'air à force de mouvements dans cet affrontement terrible où le temps semble ralenti. Dans ce combat où ma vie se joue, mais aussi celle d’êtres innocents parmi lesquelles je vis aujourd’hui.
Je dois l’arrêter...
Une fois de plus, son abdomen est ouvert, je frappe encore malgré la douleur de mes muscles à force d'activité.
Notre échange dans des cris rageurs devient plus bref, mais bien plus intense encore.
Je ne dois pas le laisser faire...
* * *
Oui ! J'ai réussi ! À force de m'acharner et porter de nombreux autres frappes, j'ai réussi à faire craqueler la partie abdominale de sa protection.
Serre les dents et continue ! Ne lâche rien !
Je mets autant de force qu'il ne m'est possible dans les coups qui suivent, les fragments noirs de la chitine se brisent et volent autour de nous. Les fissures deviennent plus nombreuse et couvrent une surface de plus en plus grande, encore quelques coups et je pourrais l'atteindre directement, j'en ai la certitude.
« Espèce de petit... » grogne-t-il.
J'ai fait une grosse erreur, il a les bras écartés mais l'arme d'une seule main, l'autre est presque déjà sur moi. J'essaye de m'éloigner, mais il m'attrape par les cheveux et me soulève avant que je ne m'échappe.
Il ricane ce gros porc, je lui donne plusieurs coups de pied rapides sur la tête et dans le pli du coude, espérant le faire lâcher, mais il ne bouge pas d'un pouce.
Merde… lâche-moi salopard...
Il m’assène un coup de genoux dans la poitrine, tout l'air de mes poumons est vidée en une seule fois, j’ai le souffle coupé.
Un autre coup de genoux dans le visage... ma tête résonne du choc... je pourrais presque y voir des étoiles.
Non...
Ma vision est brouillée, ensanglantée, il me lâche après une petite impulsion vers le haut, et prépare un énorme swing pour me cueillir, il va me pulvériser si je ne fais rien.
Bouge... Il faut bouger... vite !
Je parviens à peine à avoir le réflexe de plier le bras gauche pour me protéger un minimum...
j'ai l’impression de me faire frapper par un trente-huit tonnes...
* * *
J'ai roulé sur le sol une bonne distance... toujours sur la place je crois, des morceaux de bois sur le sol devant mes yeux. J'entends rire alors que j'arrive à peine à pousser sur mes bras et me mettre péniblement à genoux… luttant pour avoir la moindre bouffée d'air... j'ai mal partout.
Je ne sens plus mon bras gauche, ou plutôt je le sens bien, mais il ne me répond pas. Un léger coup d’œil m'informe qu'il pendouille mollement à mon côté.
Il me l'a peut-être déboîté, c'est pas bon du tout.
Mon regard, malgré les éclairs rougeoyant de douleurs m'aveuglant, vient croiser la menace sombre... Il approche lentement de quelques pas après avoir dépassé une charrette à moitié détruite, puis s’arrête. Une dizaine de mètres nous sépare alors qu'il tient tranquillement son arme, certain de sa victoire au vu de son allure. Des fragments de son armure tombent en silence du centre de l'endroit où j'ai frappé à répétition.
Juste un coup… il en faudrait un de plus... pour le transpercer.
Je lutte autant que possible contre l'épuisement m'ayant gagné à cause des dégâts subis, ainsi que la douleur qui me paralyse pour le moment. Il ne peut normalement pas rivaliser avec ma vitesse, je n'ai qu'à reculer et l'éviter le temps de récupérer suffisamment pour l'achever.
Il faut que je me relève... vite.
Sa voix me parvient « Je rendrai mille hommages à mon seigneur en détruisant tout ce qu'il y a dans ce monde. Rependant désespoir et douleur comme lui seul aurait su le faire, avant d'offrir ce monde au néant. Quant à toi, je ne prendrai pas de risque et vais t'y envoyer tout de suite. J'aurais tant voulu voir mon maître à l’œuvre encore une fois. Tu n'as rien de ses atours, tu es trop faible... quel gâchis. »
Ses mots s’imprègnent et s'incrustent en moi, trop de questions et pas assez de temps, mais je n'arrive pas à bouger pour le moment, mon souffle me vient encore trop difficilement, la brume me couvre encore partiellement, il me faut quelques secondes encore.
Il s'approche pour m'achever...
J'étais si près de l'avoir...
j'entends un cri, une masse orange et dorée fond sur mon adversaire, des bruits de sabots l’atteignant, ça ne lui fait rien, mais ça l'occupe.
« Éloigne-toi de moi, maudit volatile grotesque. » Le chevalier noir agite les bras ainsi que son arme. Il passe tout près, mais rate le garde pégase qu'il a failli tuer avant que je n’intervienne, c’est lui qui m'aide maintenant on dirait.
Merci mon vieux, je t'en dois une belle.
Il me fait gagner de précieuses secondes que je me dois de mettre à profit autant que possible, mon souffle revient enfin, je repense à ce qu'a dit ce monstre de métal sombre.
Non, je ne le laisserai pas faire.
… “Tu n'es plus seul”...
Ces mots... ils me viennent à l’esprit encore une fois, faisant grandir cette volonté en moi. La scène me fait comprendre quelque chose, un pégase risque sa vie pour m'aider à vaincre un ennemi commun.
Alors dans ce cas.... Il n'y a pas à hésiter.
Je sens la colère monter en moi tel un torrent. Quoi qu'il arrive, quelles que soient les choses que je doit faire, personne ne fera de mal aux créatures qui vivent dans ce monde.
Quitte à devenir un monstre... je vais... te tuer... petite chose insignifiante.
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[Flash Sentry]
J'avais fini ma journée et je voulais juste prendre un bouquet pour l'offrir à quelqu'un de spécial, et me voilà à faire face à un colosse noire qui ressemble à ce fameux Lumen.
Ses mains passent très près de moi, je ne peux pas prendre le risque de me faire attraper, je dois juste l'occuper un tout petit peu.
L'autre psychopathe en puissance pourra l'achever j'en suis sûr.
Je l'ai vu, quand il frappait telle une tornade blanche contre cette carapace qui commençait à voler en éclats, les étincelles volant et la terre soulever par les impacts. L'armure est maintenant parcourue de fissures sur toute la partie inférieur du torse jusqu'au dos, on peut l'avoir.
Je ne fais que gêner sa vue et lui donner des coups qui, bien que j'y mette de la force, ne le font même pas bouger. Je me fais plus mal aux sabots qu'autre chose.
« Hurg ! »
Il m'a attrapé alors que je passe devant lui... il me tient par la gorge... il serre de plus en plus fort.
« Je vais t'offrir avant bien d'autre la bénédiction... La paix véritable et éternelle… l’étreinte du néant. »
Il va me broyer... Non, je ne veux pas mourir, pas comme ça, pas avant de “lui” avoir dit ce que je ressens.
Je fige son image dans mon esprit, ses yeux... sa crinière... sa personnalité... Je voulais tant lui en parler... L'ombre pose son voile sur moi... je me sens partir.
C'est injuste...
Des mots retentissent, emprunt d'un calme qui ne cache en vérité qu'une colère terrifiante.
« Lâche le... »
Une grande secousse parcours notre ennemi et un bruit assourdissant me vrille les tympans, je n'entends plus qu'un sifflement persistant après un tel choc.
Le colosse d'acier me lâche après quelques instants, je tombe à terre.
La lumière parvient à nouveau à mes yeux, je vois alors une scène qui me laisse ébahi sur le moment alors que je lutte pour inspirer de l'air.
J'entends le râle de douleur et d'agonie venant de la chose en armure, alors qu'elle a les bras écartés et la tête basse, fixant quelque chose.
Lumen est collé à lui pendant que son adversaire s'agite, je me relève et me mets lentement de profil. Je comprends enfin ce qui est arrivé : Lumen l'a littéralement traversé de sa main, les doigts mis comme si c'était une patte griffue, recouvert du sang et des viscères de sa victime, le bras enfoncé en lui jusqu'à l'épaule. Le membre gauche quant à lui pend et ne semble plus lui répondre.
Le visage de Lumen est couvert de sang s'écoulant de son front, son expression inspire la violence et le désir de meurtre, révélant la nature carnassière de ses dents.
Après plusieurs inspirations difficiles de la masse sombre, elle tombe à la renverse sur le dos. Elle est suivie de Lumen qui reste dans sa position première, même lorsque sa cible est au sol. Ne se relevant et ne sortant son bras des fondements de la créature encore vivante qu’après de longues secondes, debout sur le vaincu, le dominant.
J'entends le guerrier parler difficilement. « Haaa... haaa... haaa... C'est inutile, ils viendront et tu ne pourras rien faire. J'offre volontiers le néant de mon âme à mon seigneur. Il le nourrira et il reviendra plus fort que jamais. Tu lui céderas et enfin notre œuvre s’accomplira, je le sais... je le vois à tes yeux. »
Malgré son agonie, il se met à rire de façon démente, la protection qui lui couvre le visage s'effrite et le révèle.
Dans un hurlement de rage, Lumen lui assène un coup au niveau de la tête, le faisant taire à jamais dans un éclaboussement de liquide vermillon et un abominable bruit d’éclatement.
J'entends le cri d'une jument quelque part, sans doute a-t-elle vu la scène comme moi... comme nous tous.
« Personne... » dit-il doucement. « Je ne laisserai personne faire de mal aux gens de ce monde, quoi qu'il m'en coûte... » Un sourire orne son visage marqué et ensanglanté à cause son combat.
Je frémis à ses mots, j'ai du mal à croire qu'un être aussi dangereux puisse être un allié pour nous, mais force est de croire que sans lui, nous n'aurions pas pu arrêter ce colosse.
Mais ce qu'il s'est dit c'est dernières minutes m'angoisse.
Pourquoi ce monstre avait-il l’air de connaître Lumen mieux qu'il ne se connaît lui-même ?
Cette réflexion ainsi que d'autres me viennent en tête alors que je vois notre “allié” porter sa main couverte de sang à la bouche, léchant le bout de ses doigts recouverts de brume d'un air satisfait malgré son état d'épuisement évident.
Je déglutis, pris d'un haut le cœur en pensant à ce qu'il pourrait faire.
C'est un monstre lui aussi, il est capable de tout.
Il murmure finalement.
« Ça me rappelle la maison... »
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J'ai l'impression qu'avec ton terminator d'avoir un héraut de Galactus. Il ne manque qu'un X-men, ton Lumen a un côté Nathan Summer/Cable teinté de Wolverine. Un passé torturé, un caractère de cochon, un mépris pour les conventions, un instinct de survie à fleur de peau et un goût certain pour la violence.
T- c'est pas faux.
normal, c'est une mise à jour du chapitre. du coup notre ancien comme a été éffacé
T- Ha ok
Le chapitre est déroutant sur plusieur aspect (si on fait attention aux détail) la suite auras encore beaucoup de drama et demeurera fort en émotion et événement qui je l’espère te plairont. ^^
L'alcool y en auras bientôt, le sexe lui... j'ai dit ne rêver pas ! ^^ (bon aller si vous êtes gentil je ferais un chapitre spécial peut être "mais peut être que je vous troll encore ?") ^^
a très bientôt en tout cas ^^
Sache que tes crises d'angoisse ne doivent pas te freiner tes chapitres précédents étaient tous bons. Personne ne peut faire quelque chose de parfait. Et c'est mieux ainsi.
Courage force et honneur Jurkyn