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Le Visiteur de Hearth's Warming Eve [...]

Une fiction écrite par LazyPencil.

Pas de retour en arrière

Dans le silence souterrain, on ne pouvait entendre que le bruit de mes sabots foulant la roche à allure modérée. Je parcourais ce long et étrange tunnel de pierre depuis un bon moment. Étrange parce qu'il était sinueux mais verticalement, c'était juste une succession de pentes et de cotes qui donnaient l'impression d'avoir été creusées par un ver géant particulièrement tortillant.

J'étais étonné d'y voir encore clair dans un endroit si cloisonné et exigu mais je remarquai rapidement que l'endroit était éclairé à la lumière d'une multitude de champignons fluorescents qui recouvraient par de nombreux endroits le pied des murs, les murs et même certains renfoncements dans le plafond. Je n'avais jamais rien vu de tel, je ne pensais même pas que ce genre de choses existait. Mais où avais-je pu atterrir ?

Arrivant au pied d'une nouvelle colline, je commençai à fatiguer. Combien de ces pentes pouvait-il y avoir ? Ce devait être ma dixième et elles semblaient devenir de plus en plus raides à mesure que j'avançais, juste pour être systématiquement suivies de longues descentes m'éloignant de la surface comme pour me narguer.

A ce point, j'étais presque obligé d'escalader ces fichues formations comme des falaises. Sans matériel. Avec ces sabots. Et ces courants d'air qui me déstabilisaient et me repoussaient vers le fond en grignotant mes forces à chaque tentative.

« C'est pas vrai ! C'est pas possible ! »

Je frappai le sabot contre le sol après être retombé une troisième fois. J'avais à peine réussi à escalader la moitié. Si ça avait continué comme ça, je n'aurais jamais réussi à sortir d'ici. Pourquoi est-ce que cela m'arrivait ? Pourquoi étais-je dans cette situation ?

En y réfléchissant, j'imaginais que d'une façon ou d'une autre, j'avais dû mettre en colère une sorte d'entité supérieure et qu'elle avait bien décidé de me le faire payer en m'envoyant ici, dans le froid et l'incompréhension, me laissant juste assez d'espoir pour me pousser à continuer à m’abîmer les sabots et le ventre sur la roche, en me faisant me convaincre à chaque obstacle que la sortie n'était plus si loin.

Je n'étais pas vraiment du genre à croire aux divinités et autres entités supérieures mais maintenant que j'étais un cheval qui parle dans le tunnel d'un ver géant, existait-il encore la moindre supposition absurde ? Et puis à ce moment, j'avais besoin de pouvoir blâmer quelqu'un ou quelque chose pour me défouler et m'occuper l'esprit.

Quelle que fut la raison, j'étais là, dans ce souterrain à essayer, réessayer sans relâche de gravir cet obstacle, mon moral s’effritant un peu plus à chaque nouvelle tentative. Mais je ne baissais pas les bras, du moins, pas tant que je n'avais pas entendu mon ventre produire un long gargouillement caverneux du plus profond de mon estomac...

C'est vrai que je n'avais rien mangé depuis… quinze heures ? Au fond, je n'avais pas la moindre idée de l'heure qu'il était. Tout ce que je savais était que ça devait faire une bonne heure que j'épuisais mes forces dans cette grotte. Combien de temps allais-je pouvoir tenir sans eau ni nourriture ?

J'aurais toujours pu rebrousser chemin pour aller boire de l'eau du lac mais pour ce qui était de manger ? Je n'allais tout de même pas avaler de ces champignons fluorescents radioactifs… Remarque, peut-être que je pouvais, sous cette forme. Est-ce qu'un cheval bleu pouvait manger de ces champignons bleus ?

Quand bien même c'était le cas, était-il encore possible de surmonter cet obstacle avec les forces qu'il me restait ? Finalement, était-il encore possible de sortir d'ici ? Je commençais à en douter…

J'étais en train de prendre du recul sur ce qui m'arrivait et les questions difficiles commençaient à m'envahir. Par exemple, même en supposant que j'allais réussir à sortir d'ici, où allais-je me retrouver ? Il n'y avait pas de cavernes comme ça près de chez moi, pas que je sache. Et il n'y faisait pas aussi froid. Si j'étais sorti d'ici pour me retrouver au pôle Sud, j'aurais été bien avancé…

Et comment serais-je rentré chez moi de toutes façons ? Je n'aurais pas pu me retrouver en public avec cette apparence. Et je n'aurais pas pu demander de l'aide même si j'en trouvais. Et puis, qu'auraient dit mes parents ? Comment auraient-ils réagi ?

J'étais sur qu'ils auraient fini par croire à mon histoire et qu'ils auraient fini par décider de continuer à s'occuper de moi, ils m'aimaient assez fort pour ça. Pourtant, même avec les meilleures attentions, il m'apparut que ma vie n'aurait plus jamais été la même.

Nous n'aurions pas pu cacher ça éternellement. Même si je restais enfermé toute la journée, quelqu'un aurait fini par se rendre compte que j'étais devenu ce... monstre et j'aurais fini dans un de ces laboratoire secrets pour être étudié jusqu'à la fin de mes jours. Avec mes parents et tous ceux qui auraient su, peut-être... À la réflexion, je n'étais plus très sûr de vouloir nous faire courir un tel risque.

Je ne savais plus vraiment quoi penser, en réalité. J'avais beau tourner le problème dans tous les sens, l'évidence était là et je ne pouvais pas y échapper. Il n'y avait plus rien à faire, je n'aurais plus jamais pu retrouver ma vie.

J'étais resté immobile un bon moment perdu dans mes pensées quand cette révélation produisit le choc qui me fit réagir. Je m'assis lourdement sur le sol rocailleux du tunnel et baissai lentement la tête. Mes yeux finirent par mouiller mes joues de leurs larmes en se fermant sur l'image de ces bras qui n'étaient pas les miens.

Plus rien n'était le mien, maintenant. Mes bras, mes jambes, mon corps, plus rien. Ce n'était pas moi qui courait dans ce tunnel depuis tout ce temps. Ça ne l'avait jamais été. Ce n'était pas ma vie, c'était celle de cette créature, de ce poney alien bleu. Ma vie, ma vraie vie, celle avec mes parents, mes amis, avec ma maison, ma chambre, toutes mes affaires, cette-là était terminée.

Je restai de longues minutes assis sans bouger, mes larmes s'effaçant immédiatement au passage du vent ou gelant sous mes paupières tandis que je macérais dans le flot amer des souvenirs de mon ancienne vie.

Mon père et ma mère me disaient qu'en 13 ans, on n'avait pas eu le temps de se créer assez de vrais souvenirs marquants pour le reste de la vie, qu'il restait beaucoup à découvrir. Je n'étais pas vraiment d'accord avec eux. Malgré tout, j'étais très proche de mes parents. Surtout de mon père. Je me souvins des moments de complicités que nous avions.

Surtout ces fois où nous nous retrouvions ensemble dans le grenier à rafistoler de vielles bricoles comme si il s'agissait de pièces d'un jeu de construction en essayant de leur trouver une nouvelle utilité. J'adorais ces moments.

Parfois, on échangeaient juste les pièces d'un vieux jeu de société avec les originales en essayant d'adapter les règles mais parfois, on s'y mettait sérieusement et on créait un réveil qui allumait une lampe torche au lieu d'une alarme quand l'heure était venue.

Mes souvenirs s'orientaient ensuite vers Griffon, mon chat adoré. Comment allait-il survivre sans mes caresses et surtout mes jambes pour dormir dessus quand je faisais mes devoirs ou que j'allais me coucher ? Il ne faisait que ça, dormir sur moi jusqu'à ce que l'odeur de pâtée ou de la cuisine de ma mère flotte dans l'air.

Il allait alors systématiquement la retrouver et se mettre à chanter une sérénade à en ce dandinant entre les jambes de ma mère qui n'aurait répondu à sa requête qu'après s'être assez amusée de la tête ahurie qu'il tirait quand elle secouait sa nourriture juste au dessus de son museau, le forçant à se tenir sur ces pattes arrières.

Elle ne faisait pas ça par malice, c'était plutôt un exercice pour le gros minet avec une récompense à la clé. Ma mère aimait beaucoup les chats. C'était justement elle qui avait récupéré Griffon dans une haie près de chez nous quand ce n'était qu'un chaton perdu miaulant à l'aide.

Maintenant, c'était moi qui avait besoin d'aide, de réconfort, de chaleur. Si j'étais avec mes amis, ils auraient été là à m'encourager à continuer et je les aurais encouragés en retour. Mais il n'y avait personne. Juste de la pierre, froide, inerte, déprimante. Stupide pierre. Stupide caverne et stupide sort qui m'était infligé.

Je frappai à nouveau mon sabot contre le sol avant de le passer devant mes yeux pour essuyer mes larmes.

Je n'allais quand même pas me laisser faire ? Me laisser mourir ici dans ce corps étranger juste pour le plaisir malade d'une créature sadique à qui je n'avais jamais rien fait de mal ? Ce n'était pas ce qu'on m'avait appris, ce n'était pas ce que mes parents auraient voulu. Il fallait que j'affronte les éléments hostiles, que je me batte. Et si la situation ne le permettait pas, je devais fuir, échapper au danger pour sauver ma vie.

Ma décision était prise, j'allais faire les deux. J'allais me battre et j'allais fuir. Peu importe mon état, peu importe mon apparence, peu importe si mes parents ou mes amis n'étaient plus là, j'allais sortir de cette satanée caverne, j'allais trouver de l'aide, un abri, de quoi manger, j'allais reconstruire ma vie. Pour tous ceux qui m'aimaient, j'allais survivre !

Fièrement redressé sur mes quatre pattes, je soufflai vigoureusement par les naseaux et bondis immédiatement contre la paroi.

Grâce à l'adrénaline qui inondait mon corps, je parvins à enfoncer mes sabots avant dans la roche. J'arrivais à grimper un peu plus haut. Je retombais encore mais maintenant, j'avais des prises pour recommencer plus facilement. J'avais progressé un peu plus chaque tentative et je n'étais plus qu'à quelques dizaines de centimètres du sommet. A ce moment, si j'étais parvenu à lever le bras et à agripper le bord de la paroi, j'aurais réussi.

Rassemblant toutes mes forces, ignorant la douleur de mon poitrail s’éraflant sur la roche et de mon bras qui s'étirait au plus long, j'étais parvenu à poser mon sabot au sommet de la pente et à agripper quelque chose de suffisamment solide. Dans un dernier effort, je poussai un grand cri et parvins à me hisser jusqu'en haut.

J'avançai de quelques mètres juste pour être sur de ne pas retomber bêtement et, épuisé par le subit effort, je m'assis de nouveau de tout mon poids sur le sol. Seulement cette fois, ce n'était pas pour me lamenter, vraiment pas. J'avais réussi, je l'avais fait !

Après juste quelques secondes, je me relevai et commençai à bondir d'enthousiasme de façon incontrôlée. Ce corps était génial ! D'où est-ce-que j'avais pu tirer une telle force ? D'abord mon impressionnante vitesse de course et maintenant, cette endurance et cette force dans mes mes bras qui me permettait même de briser la roche. J'étais stupéfait. Plus rien ne pouvait m'arrêter maintenant !

Je me relevai sans plus attendre. Mon état d'esprit était au plus haut, il fallait en profiter. Lorsque j'avais enfin arrêté de bondir partout par contrecoup de mon surplus d'adrénaline, je me retournai vers le reste du tunnel pour reprendre ma course, confiant comme jamais.

C'est alors que je réalisai qu'en fait... j'étais déjà dehors...

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Note de l'auteur

Deuxième chapitre posté peu après le premier, histoire que vous ayez suffisamment de matière à décider si l'intrigue vous plait ou non. :)

Je précise que cette histoire n'est pas d'un self-insert : en effet, aucun de mes quatre chats ne s'appelle Griffon :p

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LazyPencil
LazyPencil : #36902
@Toropicana

Ah. Ben tu vas pas aimer mon chapitre 3, c'est parti pour être aussi lent et avec moins de soumission par la force de roche souterraine à faire pâlir de jalousie Maud Pie. :sisi:

En fait, j'essaye de faire un HiE plus orienté vers l'adaptation à l'univers et aux coutumes que vers la rencontre des habitants. Faire plus de ressenti et moins d'interactions. Montrer qu'Equestria a ses cotés dangereux et même cruels même sans la présence d'un conflit de grande envergure.

Du coup, ouais, je conçois que pour certains, c'est aussi engageant qu'un épisode de Derrick. Surtout s'ils ne se retrouvent pas dans mon personnage.
Après, j'écarte pas de la liste des possibilités que j'ai mal fait ce que j'essayais d'accomplir. Ne serait-ce que la description de la fiction qui ne sous-entend pas un tel déroulement non plus.
Il y a 2 ans · Répondre
Toropicana
Toropicana : #36896
Waaa, un chapitre où on le voit juste grimper dans une caverne ? C'est en même temps très peu pour un chapitre comme beaucoup pour un seul acte. Après oui on apprend des choses sur le personnage, mais bon, essais d'en mettre plus la prochaine fois si on veut vraiment rentrer dans cette fic.
Il y a 2 ans · Répondre

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