"Quel est cet endroit ?"
Tiphaine pouvait sentir ses poumons se contracter. Elle avait du mal à respirer et encore plus à garder son calme. Ces bruits derrière la porte, qui cela pouvait être ? Malgré tout l'effort qu'elle put fournir, Tiphaine ne discerna que quelques formes sombres dans l'obscurité de la chambre, la lampe de chevet ne lui offrant qu'une faible visibilité. Elle ressentit une vive douleur au crâne. Sa chute dans la clairière lui revint. Elle avait dû perdre connaissance peu après, et avait gardé une bosse de cet incident.
Une secousse soudaine vint faire trembler toute la chambre. L'endroit n'avait pas l'air très stable, et paraissait même en équilibre. Mais quel était ce lieu ? Tiphaine tira sa couette et s'approcha de la grande fenêtre.
"Encore cette maudite forêt, comment un endroit pareil peut-il exister ?" pensait-elle
Les arbres défilaient et s'éloignaient d'elle. La fillette se figea en tentant de comprendre ce qu'elle avait en face d'elle. Cela paraissait impossible, était-ce sa chambre qui avançait ? Elle ne pensait à présent qu'à retrouver Ludivine et sortir de cet affreux endroit. Elle s'approcha alors de la porte et colla son oreille au bois. Il n'y avait plus aucun bruit. Il semblait n'y avoir personne au-delà de la porte. La fillette pouvait seulement voir la bande de lumière qui se faufilait sous la porte.
Depuis combien de temps était-elle ici ? Comment le savoir ? Il n'y avait pas de pendule ici et il lui était impossible même de savoir si c'était le jour ou la nuit. Elle avait lu dans un livre, que le jour venu, le soleil se levait.
Elle jeta un coup d'oeil en arrière, en direction de la forêt, toujours plongée dans l'obscurité. Serait-ce la nuit ? Et puis comment le savoir ? Elle n'avait jamais vu le soleil de toute façon. "A quoi bon se poser toutes ces questions !" pensa t-elle "Ça ne m'avance à rien ! Il faut...il faut que je sorte d'ici". Elle attrapa la poignée et cligna des yeux en s'apercevant de la drôle de forme de celle ci, plus longue et plus épaisse que ce à quoi elle pouvait s'attendre. Il y avait un creux en forme de "U" dans la pièce métallique. Tiphaine chassa de ses pensées une nouvelle vague de questions et entrouvrit la porte.
Une chaude lumière s'introduisit dans l'entrebâillement et Tiphaine regarda attentivement les lieux. Un plancher de bois s'étendait sur deux mètres en face d' elle, et se terminait au pied d'une rambarde. Les planches paraissaient vieilles de plusieurs décennies. Elle s'avança à quatre pattes sur le plancher grinçant et remarqua qu'elle se trouvait sur une passerelle. Elle regarda à sa droite et à sa gauche. Le plancher faisait le tour complet de la salle, laissant un espace vide en son centre. Mais qu'y avait t-il au centre de l'immense pièce ?
Tiphaine s'approcha lentement de la rambarde, et l'instant d'après, elle se figea et tendit son oreille. Des pas résonnaient, ils semblaient lointains, et paraissaient venir d'en-dessous. D'en-dessous ?
Quelques secondes s'écoulèrent et les bruits disparurent. Le danger semblait être passé. Tiphaine se dressa fébrilement sur ses deux jambes, tremblant des pieds à la tête. Aveuglée par le lustre suspendu quelques mètres au-dessus de sa tête, elle s'agrippa à la rambarde et se risqua à jeter un coup d’œil.
Ses pupilles se dilatèrent lorsqu'elle s'aperçut de la grandeur du lieu. Devant elle, un gouffre qui semblait sans fond aux parois de bois et de tapisserie. On pouvait apercevoir diverses portes, balcons, passerelles et escaliers greffés aux façade.
Combien de pièces pouvait t-il y avoir ici ? Combien d'habitants ? À l'idée que des personnes pouvaient vivre dans ces appartements, elle se rassit. À quoi pouvaient-ils ressembler ? Et que leurs voulaient-ils ? Pourquoi les avoir amenées jusque dans cette chambre ?
Tiphaine tenta de se calmer et réfléchit à une façon raisonnable de voir les choses. Elle se rappela alors de ce qui lui était arrivé avant qu'elle ne perde conscience dans la forêt. Serait-elle dans cette terrifiante bâtisse ?
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"Ah...que l'air est bon..." se disait Ludivine, marchant tranquillement sur l'une des passerelles qui défiait le vide. L'air était bon, elle avait raison, et l'endroit baignait dans une douce et chaleureuse lumière orangée. Les lieux respiraient la magie, tout cela était si incroyable et pourtant si réel.
L'immense édifice tanguait lentement, s'étirant et se déformant sur toute sa hauteur, en remuant les lustres. Malgré l'aspect fragile des murs, celui-ci tenait bon et les escaliers, les salles, les couloirs, les passerelles qui se déformaient semblaient aussi flexibles qu'une feuille de papier.
Ludivine s'engagea alors dans l'un des multiples corridors qui creusaient leurs chemins dans l'énorme bâtiment. N'y avait-il donc personne dans cet étrange édifice ? L'étroit couloir était mal éclairé et à son plafond étaient suspendus d'innombrables toiles d'araignées. Baladant son regard sur le papier peint abimé des murs, elle aperçut quelques mètres plus loin un tableau.
Ludivine fit un premier pas et entama alors son exploration de ce lieu lugubre.
Elle croisa divers tableaux, dont la peinture effritée par le temps rendait les toiles difficilement visibles. La plupart arboraient des paysages qui lui étaient inconnus.
Les planches de bois gémissaient sous les pas de la petite, qui s'enfonçait petit à petit dans l'obscurité. Celle-ci, de plus en plus envahissante, noyait désormais la quasi-totalité du couloir. Elle en était à quelques minutes de marche seulement lorsque l'une des peintures attira son attention. Celle-ci présentait un convoi, c'était un train. Une vision plutôt morose ponctuée d'un titre : "L'Exode"
L'enthousiasme de Ludivine quant à ces lieux en prit un coup. Ce monde n'était peut-être pas aussi joyeux qu'elle l'avait cru. Le tableau suivant n'était guère mieux, représentant une ville recouverte par la neige, et Ludivine pouvait voir une pointe lumineuse sortir de la poudre blanche
Elle reconnaissait cette ville, sous le nom d'Empire Cristallin. Contrairement à de nombreuses toiles précédentes, celle ci était signée. "D.L - Equestria 1er jour"
Qu'est ce que cela signifiait? Il y avait encore beaucoup trop de questions qui lui restaient en tête. Mais elle avait désormais une certitude, elle savait où elle se trouvait. Du moins elle l'espérait plus que toute autre chose.
Il y avait cependant encore de nombreuses différences avec la vision qu'elle avait l'habitude d'avoir sur ce monde. Il paraissait plus terne qu'au travers de la série.
L'obscurité totale des lieux fit hésiter Ludivine à continuer sa marche. Ce couloir ne s'arrêterait donc jamais ? Il n'y avait plus qu'une seule petite bougie devant elle avant que le reste du corridor ne plonge dans les ténèbres. Malgré tout, elle s'avança encore, afin de regarder le dernier tableau visible. Comme pour les précédents, le temps avait fait son œuvre. Le cadre était vieux et des toiles d'araignées étaient suspendues autour. C'était une photographie. Elle avait perdu de ses couleurs mais on pouvait encore voir ce qui était présent dessus.
Intitulé "Harmonie - Le 3eme jour". C'était un arbre semblable à celui qui se trouvait dans la forêt. Mais celui-ci était déraciné, desséché et abattu au sol. L'arbre avait perdu la vie et gisait au fond d'une grotte.
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Combien de marches y avait-il ? Une centaine ? Non, ce serait encore trop peu. Tiphaine avait l'habitude de se poser des questions inutiles lors de ses moments de panique et de stress. En descendant les escaliers, elle faisait attention au moindre détail ou signe de danger. Entre le bois qui se plaignait et les murs qui se courbaient c'était le bâtiment tout entier qui semblait respirer.
Tiphaine essayait tant bien que mal de ne pas céder à une crise de panique. Elle s'arrêta net lorsqu'elle entendit des voix lui parvenir depuis un balcon au-dessus. Entre deux étages, elle s'assit sur l'escalier et se plaqua contre la rambarde. Elle pouvait entendre distinctement les voix.
-Mais qu'est ce que tu me racontes ?
-Je te dis que je les ai vues, Il les a montées dans leurs chambres il y a quelques heures !
-Cesse de raconter des bêtises, ça ne peut pas être possible.
-Hé vous autres, faites donc moins de bruits et venez plutôt vous coucher, vous allez réveiller toute l'auberge.
La discussion des inconnus se clôtura et une porte par la même occasion. Le silence revint, les grincements de l'édifice continuaient. Qui étaient ces personnes ? Et de quoi parlaient-ils ... ?
Tiphaine trouvait tout cela terrifiant.
Elle reprit sa marche et continua de descendre une à une les marches de l'interminable escalier. Au bout d'une poignée de minutes, elle aperçut ce qu'elle identifia comme étant le rez-de-chaussée. Elle s'empressa de l'atteindre et de poser le pied sur un tapis se trouvant au bas des marches.
L'endroit était spacieux mais vide. Sur les murs qui encerclaient l'espace, plusieurs portes se dressaient, mais aucune d'entre elles ne donnait l'envie de s'en approcher. Le lustre, se trouvant un étage plus haut, abreuvait la pièce de sa chaude lumière, et se trouvant au centre du tapis, Tiphaine put voir toute l'immensité de l'auberge en levant les yeux.
Incroyable. Le plafond devait bien se trouver à une centaine de mètres plus haut. Les étages étaient alors plus visibles. L'escalier qui serpentait sur les façades desservait tous les étages du bâtiment. La construction, défiant tous les types d'architecture, était illuminée par trois grands lustres.
Sortant de ses pensées, Tiphaine chercha méticuleusement une sortie potentielle ou une quelconque trace de sa soeur. Il y avait tellement de portes, il était difficile de choisir. L'une d'entre elle se démarqua. Se tenant en contrebas, elle semblait mener encore un niveau en-dessous.
Tiphaine s'approcha et ouvrit la porte, non sans crainte. Il n'y avait pas de lumière et elle peinait à voir à plus d'un mètre.
Elle tâtonna du bout se son pied le sol en face d'elle. Encore des marches… Celles-ci tremblaient et grinçaient sans qu'elle n'eut encore marché dessus. Elle approchait de quelque chose, sans doute était-ce la base même de l'auberge.
Cette fois ci, les escaliers en colimaçon formaient un passage étroit et même Tiphaine, pourtant petite, rencontrait des difficultés pour se faufiler. Les secousses de la bâtisse paraissaient à présent plus violentes. La petite manqua une marche et trébucha sur quelques marches. La chance fit qu'elle s'en sortit sans aucune égratignure. Elle était maintenant au bas des escaliers. Il ne lui restait plus qu'une seule porte devant elle. Le tremblement soudain des poutres qui l'entouraient la brusqua, et elle s'empressa d'agripper la poignée, pressée d'en finir.
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Ludivine regagna la passerelle d'où elle venait, la tête encore occupée par toutes sortes de questions. Etait-ce vraiment ce qu'elle croyait ? Le symbole de l'harmonie était-il vraiment éteint ? Cet arbre duquel l'harmonie émanait avait disparu ? Si cela était bien réel, il y avait beaucoup à craindre quant à l'état de cet "Equestria". Il y avait bien quelque chose qui ne tournait pas rond, elle l'avait senti une première fois en découvrant cette immense forêt, mais ces tableaux lui firent ruminer des choses bien sombres sur ce "merveilleux" monde. Elle dévala les escaliers, bien décidée à trouver quelqu'un, n'importe-qui, pouvant lui apporter des réponses.
Un cri retentit et elle se figea.
Elle reconnut immédiatement cette voix.
Ludivine n'hésita pas un instant et se mit à descendre les marches deux à deux. Arrivant au rez-de-chaussée, elle bondit vers la porte en contrebas encore ouverte après le passage de sa soeur. Manquant de trébucher sur les dernières marches, elle termina sa course en atteignant une dernière porte. Elle s'arrêta au seuil. Elle avait atteint la sortie de l'auberge.
Stoppée sur le pas de la porte, son regard se porta d'abord sur sa soeur tombée au sol.
Tiphaine, les yeux écarquillés de peur, fixait une forme dans l'ombre de l'immense édifice. Une grande chose, haute de presque deux mètres. Des yeux blancs perçaient l'obscurité. Il s'avança et sortit quelque-peu de la zone d'ombre.
C'était un cheval. Encombré de lourdes et étranges pièces de métal.
Tiphaine se rapprocha de sa jumelle, et en agrippant sa robe de chambre, elle balbutia quelques mots à peine audibles.
-Il...il a...il a parlé.
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Me frustre un peu ton histoire. Beaucoup de questions et si peu de réponses. ^^
Ton auberge me fait beaucoup pensé au château de l'animé du Studio Ghibli, "Le Château Ambulant".